Développement durable et pragmatisme

Nous nous connaissons Serge Latouche et moi depuis vingt ans. J’ai toujours eu un très grand respect pour ses thèses. La chose qui nous sépare, c’est la croissance : il est – comme vous le savez – contre, alors que je suis sur ce plan agnostique, ni pour ni contre. Il me tance aujourd’hui gentiment à propos d’un de mes billets récents : Comment assurer le développement durable, me renvoyant à l’un de ses textes intitulé Y aura-t-il un après-développement ?, à paraître dans la revue Agir. Il y défend la décroissance ou l’« a-croissance » comme il préfère l’appeler : « Quand, pour faire court, nous évoquons la nécessité de sortir du développement et de la croissance, c’est d’un rejet de l’imaginaire de la société de croissance et de la religion du développement économique illimité qu’il s’agit ». Ce que je peux très bien concevoir. Il critique cependant le développement durable à l’aide d’arguments qui ne sont pas tous aussi sérieux, comme quand il cite un ancien directeur général de Nestlé, Mr. Peter Brabeck-Letmathe, qui aurait un jour déclaré que « Le développement durable est facile à définir : si votre arrière-grand-père, votre grand-père et vos enfants restent des consommateurs fidèles de Nestlé, alors nous avons travaillé de façon durable. Ce qui est le cas de plus de 5 milliards de personnes dans le monde… ».

J’ai répondu à Serge Latouche dans les termes suivants :

Serge,

Si le développement durable consiste [selon l’expression que tu utilises] à « changer le pansement plutôt que de penser le changement », il ne mérite en effet pas de retenir l’attention. S’il signifie « extraction zéro de matières premières non-renouvelables ; zéro-déchets ; impact zéro sur l’environnement » et s’il est possible d’y convertir les entreprises (ce qui n’est pas certain – j’en conviens), il s’agit alors pour moi d’une voie qui mérite d’être explorée.

Je me suis rendu hier matin au siège [des services financiers d’une grande compagnie automobile] (USA) pour faire un exposé sur une nouvelle approche du financement des véhicules dans un cadre de développement durable (rapport écrit en collaboration avec Jean–Paul Vignal). Comme j’y ai fait allusion dans le papier que [Contre Info et] La Revue du MAUSS permanente [ont] repris, Comment assurer le développement durable, si j’avais dû défendre la décroissance ou l’a-croissance, j’aurais plutôt décidé de rester chez moi. On peut penser bien entendu qu’on perd son temps en allant s’adresser à [une compagnie automobile]. Personnellement, je ne le crois pas, parce que ce qui sous–tend cette nouvelle approche du financement, c’est un modèle de société auquel nous souscrivons toi et moi, et si je peux convaincre [cette compagnie automobile] de le vendre à ma place…

Mon raisonnement est celui–ci. Les consommateurs à qui nous pensons et à qui ce nouveau type de financement participatif serait proposé sont ceux que nous décrivons dans notre plaquette comme « Des individus conscients des questions de l’environnement, considérant la voiture comme un outil et qui sont prêts à s’investir dans de nouvelles formules qui leur procurent un service de première classe tout en s’accordant à leurs convictions ».

Ce n’est pas révolutionnaire et ça ne prétend pas l’être, ce que cela essaie de faire, c’est appliquer le programme que je définissais de la manière suivante dans Un nouveau paradigme doit être en prise avec le monde tel qu’il est :

Alors que faire ? Il faut tirer les leçons du Tai-Chi : faire du donné, sa propre force. Rediriger le monde à partir de ce qu’il est : transformer le torrent qu’un barrage ne pourra jamais contenir en une rivière qui ira irriguer la vallée. Faire de l’élan de l’adversaire prêt à vous pulvériser, ce qui causera en réalité sa propre perte, et ceci d’une chiquenaude. Le nouveau paradigme, c’est la chiquenaude. Mais pour qu’il puisse exercer son pouvoir il faut qu’il soit en prise avec le monde tel qu’il est aujourd’hui et non tel qu’il serait s’il était déjà changé.

Et dans sa propre réponse à Serge Latouche, Jean–Paul Vignal a très justement ajouté :

Même si son Conseil d’Administration et ses banquiers en étaient d’accord, un grand groupe automobile ne peut pas décider de se saborder par pureté révolutionnaire, ne serait-ce que pour des raisons sociales. Il lui faut explorer des voies qui permettent une transition ou une extinction aussi indolore que possible. Les ruptures révolutionnaires sont rarement porteuses des lendemains qui chantent qu’elles promettent, particulièrement pour les plus faibles. Je crois que c’est une réalité qu’il est difficile d’ignorer.

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8 réponses à “Développement durable et pragmatisme”

  1. Avatar de karluss
    karluss

    Si le chêne finit par casser, c’est pour briser des chaînes insoutenables. Car si après le stade de l’écœurement, le syndrome régulièrement décrit sur ce blog se perpétue et sait renaître de ses cendres, il devient difficile d’échapper aux révolutions qui tournent mal, c’est récurrent. Je ne connais pas d’entreprises indifférentes à la rentabilité immédiate, l’unique moteur, sinon c’est l’extinction. Leur credo, combattre pour vivre ; pour survivre c’est une autre affaire ! à chaque cycle peut-on espérer des améliorations, mais le temps nous manque… nous sommes dans l’urgence !

  2. Avatar de A-J Holbecq (Stilgar)

    Je ne doute pas qu’ici où là une entreprise commerciale puisse s’orienter vers le « développement durable » afin de survivre (son image de marque ou son marché en patirait si elle ne le faisait pas), mais je pense que « globalement » (mondialement) c’est un rêve: le monde ne rêve qu’à croître et à se développer parce que au moins 5 milliards d’humains n’ont pas encore le confort qu’ils souhaitent.

    La question de base est de savoir pour combien d’habitants l’empreinte écologique permet d’équilibrer « dépenses et recettes » en prolongeant au maximum les non renouvelables en les réservant à des usages indispensables ?

    Ca dépend évidemment du niveau de « consommation moyenne » souhaitée.

    Personnellement, je ne me sens pas de vivre comme un paysan africain ou indien ou chinois… par contre, si toute l’humanité actuelle souhaitait vivre comme la moyenne des nord américains, il faudrait près de 7 planètes et 3,5 planètes pour que l’humanité vive comme la moyenne des européens : [ http://www.agir21.org/flash/empreinteecoweb/loadcheckplugin.html ]

    et

    http://www.societal.org/docs/cdr2/M30-1.png

    A combien pouvons nous vivre avec des conditions de confort et de consommation « raisonnables » (disons de celles que la moyenne de la population européenne disposait en 1970) pour tous sur cette planète sans la « pourrir » pour les générations futures ? Je n’ai jamais trouvé d’analyse sérieuse sur le sujet mais toutes mes lectures m’engagent à penser que ce serait entre 2 et 2,5 milliards (pour le moment et en attendant d’éventuelles découvertes scientifiques).

    Ceci dit, je crois que l’accès à l’eau, à la médecine « minimale », à l’éducation, disons aux besoins « basiques », et s’il était soutenu par une garantie de « retraite » mondiale pour chaque habitant (revenu minimum de survie) aurait pour effet de faire rapidement diminuer la natalité dans la majorité des pays pauvres, car les enfants sont l’assurance pour la vieillesse…

    Il faudrait ajouter à cela un « Plan Marshall » mondial, une interdiction de la publicité sous toutes ses formes et des « allocations familiales inverses ».

    Je ne dis pas qu’il faut faire comme en Chine, mais l’estimation la plus courante est que si ceux ci n’avaient pas mis en oeuvre leur plan de limitation des naissances, ils seraient déjà 300 millions de plus…

  3. Avatar de W1
    W1

    Les décisions ont toujours été prises par le pouvoir, même en démocratie oû l’on fait habilement croire que le pouvoir est entre les mains du peuple alors que le gouvernement ne cesse de forniquer en douce avec le capitalisme pendant que son discours officiel fait l’apologie de l’humanisme. Je suis très pessimiste quant à l’avenir de l’homme et je crois que cela finira par une oligarchie ploutocratique mais de la façon dont nous agissons principalement en matière de consommation méritons-nous autre chose ?

    Le développement durable comme la décroissance est un rêve, le rêve d’une humanité qui veut s’accrocher à son style de vie décadent, quand la société vacillera, le capitalisme sauvage sera de retour.

    Il n’y a qu’à constater l’état de l’humanité pour s’apercevoir qu’avec des moyens énormes ‘énergie relativement bon marché’ la plupart des êtres humains ont toujours une vie misérable et cette vie devrait bientôt se propager à la classe moyenne des pays riches.

  4. Avatar de TL
    TL

    Tout à fait d’accord avec Stilgar pour un revenu minimum de survie. Mais devrait-il évoluer en étant indexé sur les prix alimentaires et/ou immobiliers ? (Je pense que oui, mais le mieux serait encore préalablement de régir ces prix lorsqu’aucune donnée fondamentale n’en commande la variation, par dispositif incitatif auprès des entreprises pour éviter le recours à la fixation de prix autoritaire).

    L’interdiction de la publicité c’est pas mal, c’est ce qu’on fait sur la télé publique. Mais il faut en contrepartie, un système d’information officiel sérieux et éventuellement contradictoire (au bon sens du terme, i.e. basé sur des points de vue éventuellement divergents, tout en précisant les fondements de ces divergences).

    Une baisse de niveau de vie est à accepter, mais ce n’est pas comparable avec une époque passée.
    Il y a des choses qu’on avait en 1970 que l’on ne pourra plus avoir ou faire. La voiture individuelle n’est pas généralisable. Assez d’électricité peut-être, mais il faut construire ces voitures.

    On a aussi inventé depuis 1970 des choses, ou fait des découvertes intellectuelles, qui pourront être conservées plus tard, car non consommatrices de matières premières ou actif irreproductible en général.

    C’est complexe, comme un vecteur à plusieurs dimensions, il y a des avancées et des reculs à prévoir en matière de niveau de vie. A nous d’adapter nos exigences avec la réalité « naturelle ».

    Le PIB est un agrégat tellement idiot qu’en souhaiter la hausse comme la baisse ne rime à rien. Rouvrons les mines de charbon, le PIB réel baissera en payant moins les gens (en salaire réel toujours), et on polluera pourtant comme des fous !

    Il faut être honnête : la simple présence de l’espèce humaine à cette échelle entraînera encore un moment une forme ou une autre de pollution. Alors soit on prend nos machettes pour éradiquer 90% de l’humanité en priant pour faire partie des survivants, soit on met progressivement de la bonne volonté dans nos habitudes de vie (travail et loisirs) pour cohabiter sans trop s’étouffer mutuellement. Il y a de toute façon du business à faire dans le développement durable, et ce n’est pas plus mal, tant que l’Etat régule.

  5. Avatar de franck marsal
    franck marsal

    @ TL,

    Jusqu’ici, à part quelques gouvernements très minoritaires à l’échelle mondiale (je pense à Fidel Castro, qui le premier a défendu l’agriculture contre les « agrocarburants », par exemple), les états régulent surtout le fait que le «  »développement durable » » ne fasse pas de tort au business. Entre le Grenelle de l’environnement et les vacances sur le yacht, Sarko a choisi. Ses collègues « cardinaux en costumes » selon la très belle formule de Cabrel font de même dans la plupart des pays.

    Alors, croissance, décroissance … de quoi ?

    Ce qui me semble un point de départ solide est que la production et la circulation des biens physiques doit tendre vers un déroulement parfaitement cyclique. La taille de la présence humaine sur la planète ne permet plus d’exploiter des ressources qu’on ne sait pas renouveler (qu’il s’agisse de pétrole ou de poisson !!) ni d’accumuler des déchets que l’on ne sait pas retraiter (qu’il s’agisse de déchets nucléaires, des poubelles de Naples ou de munitions imergées).

    Mais quel est le système économique qui correspond à une économie cyclique ?

    La croissance économique de nos sociétés actuelles supporte deux piliers fondamentaux de la société :

    1) un message politique : peu importe si le gâteau est mal réparti car, grâce à la croissance, il grandit et donc on peut « promettre » à chacun que sa part va grandir (ainsi la réponse au chômage fut « c’est la croissance qui crée des emplois » et la réponse à l’inflation est « c’est la croissance qui va permettre d’améliorer le pouvoir d’achat », le fameux « travailler plus pour gagner plus »

    2) un message économique et financier, 1 € investi aujourd’hui dans un projet économique doit avoir un TRI de 15 % (par exemple, mais ce niveau est malheureusement fréquent) donc « croître » de 15 % par an, c’est à dire doubler en moins de 6 ans.

    J’en tire deux conclusions :

    1) les inégalités actuelles et leur accroissement constant depuis plus de 30 ans est « insoutenable ». Plus généralement, ce qui « légitime » (au sens politique) l’existence d’une classe de propriétaires non travailleurs (l’accroissement du capital) n’a plus de sens dans une économie cyclique

    2) Je ne vois pas, mais vraiment pas, ce que peut représenter un capital financier ou monétaire en croissance exponentielle dans une économie finie.

    Concernant la taille de la population, je fais confiance aux experts qui disent que la planète saurait nourrir 9 milliards d’indivdus, … si notre agriculture était durable. Or, nous avons considérablement régressé sur ce plan depuis 1945. L’agriculture actuelle « consomme » les sols et dépend d’énergies non renouvelables, alors même que le reste de l’économie sape ses bases climatiques. C’est pourquoi je suis fermement opposé aux mesures anti-natalistes coercitives à la chinoise, et ce pour les raisons suivantes :

    1) soit nous résolvons nos problèmes et nous savons que, l’accès des femmes à l’information et à la contraception, les conditions sanitaires et sociales mènent naturellement la natalité à un taux stabilisant la population ; soit nous n’y parvenons pas et c’est malheureusement par la mortalité que la population sera régulée. il est tout à fait possible alors que nous ayons besoin d’une bonne natalité pour préserver l’espèce humaine de l’extinction,

    2) plus important, ma conviction est que les être humains ont les ressources nécessaires collectivement pour faire face aux défis qu’ils rencontrent. La seule condition est de nous libérer du système de répression / intimidation dans lequel on nous enferme de plus en plus et non d’en rajouter.

    Je crois que, comme toujours, les idées malthusiennes n’ont pour autre but que d’éluder les vrais questions de la répartition et de faire peur. C’est pourquoi il est important de les combattre.

    En conclusion, pour la décroissance :

    1) notre économie est fondée depuis des décennies sur une productivité qui est un leurre car elle consomme le « capital » planétaire sans le renouveler. Comme un propriétaire immobilier qui aurait des revenus confortables parce qu’il n’entretiendrait pas ses batiments, les réveils seront douloureux. Le choc aura l’apparence d’une déproductivité massive car nous allons devoir compter en productivité réelle et non plus fictive. En ce sens, la décroissance a toutes les chances de commencer par une récession imposée.

    2) Pour ce qu’il restera de l’économie, ou pour ce qu’on est encore capable de préparer, le véritable sens du mot d’ordre de décroissance ne peut donc être que la décroissance de l’exploitation, en premier lieu, la décroissance du temps de travail.

    A ce titre, une première mesure, très symbolique, pourrait être le passage à la semaine de 4 jours, qui permet à lui seul de réduire d’environ 20 % les déplacements domicile travail. Evidemment, il ne s’agit que du premier fil à tirer dans la pelote de la reconstruction d’un système économique et financier véritablement « durable ».

  6. Avatar de TL
    TL

    @ frank marsal

    Le système économique qui correspond à une économie cyclique a été magistralement étudié par Piero Sraffa dans son ouvrage Production de Marchandises par des Marchandises, d’ailleurs traduit en français en 1970 par Serge Latouche.

    On peut déduire de cette lecture (ou d’une réflexion sérieuse) que le système de prix « justes » serait tel que les coûts de dépollution, de recyclage et de reproduction seraient intégrés dans les coûts de production des marchandises concernées.

    Ceci, mathématiquement, mène à des prix infinis pour les marchandises que l’on ne sait pas du tout reproduire, ou pas assez vite par rapport à notre rythme de consommation.

    La croissance exponentielle du capital monétaire et financier (le financier comprend le monétaire, de mon point de vue) ne pose pas de problème, c’est une question de conventions entre agents financiers. Cela peut même être la solution à de nombreux problèmes de « désirs d’avoirs », un échappatoire.

    Le capital monétaire représente en effet un enjeu psychologique, par la sécurité qu’il apporte, même si celle-ci est illusoire en cas de catastrophe majeure (ce que la crise des subprimes n’est pas).
    On peut, dans une certaine mesure « acheter » aux gens le fait qu’ils fassent moins de voiture et autres activités polluantes. Etant entendu que la monnaie est créée à la Banque Centrale pour un coût quasi-nul.

    La croissance, définie sur un agrégat moins idiot que le PIB, disons un PIN amélioré (PIN vert si l’on veut), est envisageable via l’aspect intellectuel et spirituel de la production. La production d’idées permet un accroissement de richesse, certes immatérielle. La décroissance globale n’a rien d’obligatoire, c’est une décroissance de certains secteurs à laquelle il faut se préparer, et d’autres secteurs peuvent croitre considérablement en contrepartie (les moins polluants).

    Enfin, je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’à terme la décroissance du temps de travail est un but à rechercher. L’asséner à tout le monde brutalement serait cependant une erreur grave, car il existe des choses à faire en matière de dépollution et de recherche d’alternatives moins polluantes, qui nécessitent du temps et de l’effort.

    Le problème spécifique du déplacement domicile-travail peut être partiellement résolu en développant le travail à domicile ou proche de chez soi, grâce à internet notamment, dès que cela est possible (pas de besoin d’être sur le lieu de production), et pour le reste, je ne vois pas grand chose d’autre qu’une meilleure organisation géographique du logement et des transports…

  7. Avatar de Jean
    Jean

    Le cerveau qui a fait la force de l’homme sera probablement celui qui l’entraînera dans sa chute, ce monde n’est qu’une possibilité celle des grands argentiers de la planète mais un monde bâti sur le mensonge et l’hypocrisie finira par s’écrouler.

  8. Avatar de fabien
    fabien

    Un aphorisme de Michael Singleton à Québec en Novembre 2007 : il ne s’agit pas de parler de développement durable, mais de dire que le développement, ça a assez duré.

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