Augmenter les salaires en Europe, le plus rapidement possible

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je me pose deux questions ce matin. La première, c’est celle-ci : la hausse récente des taux longs américains (3,53 % pour le 10 ans qui décolle, contre 0,95 % pour le 2 ans) signifie-t-elle que « les marchés » (= ceux qui achètent et vendent des Bons du Trésor) anticipent une reprise solide de l’économie justifiant une rémunération bonifiée des investisseurs, ou bien est-ce la prime de risque comprise dans un taux qui fait que les taux longs grimpent, les investisseurs anticipant une rétrogradation de la notation du risque de crédit de l’État américain ?

La réponse à cette première question est simple : la seconde hypothèse est la bonne.

La deuxième question, c’est la semi-nationalisation aujourd’hui de General Motors qui oblige à la poser (60 % pour le gouvernement US, 17,5 % pour le fonds de gestion syndical des employés, 12 % pour l’État canadien et la province d’Ontario). J’écris « semi-nationalisation » puisqu’on l’a compris, jusqu’à nouvel ordre, les US ne nationaliseront rien, continuant de communiquer au monde le message TINA (There Is No Alternative) : ceux qui sont à l’origine du problème demeurent les plus qualifiés à les résoudre. Pourquoi maintient-on en place une équipe qui perd ? parce qu’il n’y en a pas d’autre, mon bon Monsieur ! La question, c’est celle-ci : assiste-t-on – simplement – à la fin de l’empire américain ou – plus dramatiquement – à la fin du capitalisme ? la deuxième branche de l’alternative ayant pour conséquence qu’un corollaire habituel resterait d’application : quand l’Amérique est malade, le temps d’incubation de l’Europe est de six mois environ.

Là aussi, sur la deuxième question, si rien n’est fait, je penche pour la seconde hypothèse. On a cru un instant, il y a un an ou deux, que la finance d’Europe de l’Est s’en tirerait mieux d’affaire que celle d’Europe Occidentale, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il s’agissait simplement d’une question de temps de latence. Il en sera de même pour l’Europe par rapport aux États–Unis. Ceci dit, la meilleure couverture sociale des ménages européens amortira mieux le choc qu’en Amérique, et ça c’est une excellente nouvelle pour les Européens.

Autre aspect de la question : si les États–Unis devaient redémarrer rapidement (on le leur souhaite de tout cœur, même si rien ne porte à le croire), ce serait à nouveau sur le mode de la bulle financière : parce que les consommateurs s’endetteraient à nouveau comme des bêtes, dans le même contexte de salaires déprimés qui a conduit à la crise. Ce qui suggère, sinon une solution à la crise (le système est très, très fatigué !) en tout cas un moyen excellent de la contenir (c’est la raison de mon « si rien n’est fait », un peu plus haut) : augmenter les salaires le plus rapidement possible.

Comme vous le voyez, je ne suis pas partisan de la politique du pire : je suggère de manière constructive le moyen pour le système capitaliste de retrouver un second souffle. Je suis certain que ceux qui ont à cœur sa survie entendront mon appel. À moins bien sûr qu’ils ne croient vraiment qu’il n’existe pas d’alternative. Je veux dire en leur for intérieur et pas uniquement à des fins de propagande.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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159 réponses à “Augmenter les salaires en Europe, le plus rapidement possible”

  1. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    « De la même manière que l’on peut s’interroger sur la meilleure manière de mesurer la richesse (traditionnellement, par le PIB), il devient de plus en plus nécessaire de s’interroger sur la finalité de la production de biens et de services. Ce qui ouvre la voie à une interrogation sur ce que pourrait être la “bonne gouvernance” qui en déciderait. »

    F.Leclerc, vous avez le don pour exprimer systématiquement l’essentiel.

    Finalité de la production de biens et de services……qui en déciderait ?

    Le mot « protectionnisme » est devenu ordurier, le mot « concurrence » semble recouvrir un idéal indépassable.

    Une « bonne gouvernance » devrait dans l’idéal décider à la place du marché (ou plutôt en encadrement du marché qui constitue un mécanisme efficace) de la hiérarchisation des biens produits en fonction de critères eux même hiérarchisés (et par qui ? et comment?).

    J’imagine bien que la concurrence « non faussée » soit obtenue par de mesures fiscales intérieures aux états et des tarifs douaniers ad hoc entre états.

    L’énergie grise contenu dans chaque production pourrait être prise en compte comme l’obsolescence d’un bien par rapport à son « concurrent »….

    Mais qui est (ou pourrait se trouver) en mesure d’imposer cette « bonne gouvernance », et où ? Dans un pays, un groupe de pays?????

    N’est il pas à craindre que seule « nécessité fait loi » ? Ne faudra-t-il pas attendre un écrasement au sol de parachutistes sans parachutes ?

  2. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ Mikael EON

     » L’énergie grise contenu dans chaque production pourrait être prise en compte comme l’obsolescence d’un bien par rapport à son “concurrent”….  »

    si énergie grise = matière grise
    alors
    je pense qu’on le vit déjà pleinement : c’est la concurrence que se livre les pays ayant atteint un même stade de développement *

    * même si la démonstration de cette matière grise des pays riches a été de beaucoup délocaliser, d’un autre côté cela à permis l’essor de métiers dans le tertiaire inconnus jusqu’alors (ou peu développés)

  3. Avatar de Paul Jorion

    Pauvre Citigroup !

    GM, Citigroup Replaced in Dow by Cisco, Travelers (Update1)

    By Elizabeth Stanton

    June 1 (Bloomberg) — General Motors Corp. and Citigroup Inc., crippled by the first global recession since World War II, were removed from the Dow Jones Industrial Average and replaced by Cisco Systems Inc. and Travelers Cos.

  4. Avatar de Auguste
    Auguste

    Q1 : « les marchés » anticipent une reprise solide de l’économie justifiant une rémunération bonifiée des investisseurs,
    ou bien est-ce la prime de risque comprise dans un taux qui fait que les taux longs grimpent,
    les investisseurs anticipant une rétrogradation de la notation du risque de crédit de l’État américain ?
    Q2: Pourquoi maintient-on en place une équipe qui perd ? (…)
    Q3 : Assiste-t-on – simplement – à la fin de l’empire américain ou – plus dramatiquement – à la fin du capitalisme ?
    Q4: la meilleure couverture sociale des ménages européens (…)
    Q5: (…) augmenter les salaires le plus rapidement possible.

    R1
    Vous penchez pour la 2e hypothèse. Je penche pour une 3e option :
    les toptopHyperfortunes ne voient plus grand chose d’autre, pertinent et sûr, à acheter.
    vu, de surcroît, que les vieux pays endettés (…)
    R2
    Vous penchez pour la 2e hypothèse. Je penche pour une 3e option :
    WallStreet et 33Lib Street sont aussi satisfaits avec Obama qu’avec Clinton.
    R3
    Vous penchez pour la 2e hypothèse. Je penche pour une 3e option :
    La fin des « lamas, moutons et pigeons » de l’onshore américain
    est nullement la fin du « capitalisme » : la guerre financière, parfaitement maîtrisée aura des gagnants.
    Quant au temps d’incubation de l’Europe, le moment venu, il ne sera pas de 6 mois. Ce sera un ouragan.
    R4
    Et une fois les indemnités de chômage payées et consommées que se passe t-il ?
    R5
    A supposer que les millions de chômeurs soient maintenus en survie (en prend t-on le chemin ?)
    avec quelle nouvelle cavalerie ou pyramide ces augmentations de salaires seraient-elles budgétées puis payées ?

  5. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Les taux hypothécaires américains suivent les taux longs et grimpent, ce qui rendra encore plus problématique une reprise du marché immobilier.

    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aVFzeF0dZ1Bo&refer=home

  6. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    @Yield _vs_ Greed

    « L’énergie grise correspond à la somme de toutes les énergies nécessaires à la production, à la fabrication, à l’utilisation et enfin au recyclage des matériaux ou des produits industriels. »

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_grise

  7. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Paul Jorion

    Bon, c’est l’histoire de l’oeuf et de la poule. La hausse des taux longs est due en large partie à l’absence des add-ons. Comme la présence de ces derniers atténuait la hausse des taux, la prime de risque était en fait déjà présente, mais ne « s’extériorisait » pas. Tant que les adjudications se déroulent de façon satisfaisante – pas comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne – on ne peut prétendre que les investisseurs institutionnels redoutent un dérapage. Pour moi, la hausse de la prime reste pour l’instant mécanique. Le Trésor américain n’aura plus cette facilité d’adapter ses adjudications en fonction des offres non-compétitives qu’il recevait. Dès que l’échelle des taux d’intérêt US commencera à se raidir sur le long terme, alors, oui, on pourra affirmer que la prime augmente substantiellement.

    Tout cela n’est qu’une question de point de vue, bien sûr ;o)

    @ Yield-vs-greed

    Je ne saisis pas bien la question. Les offres non-comptétitives ou add-ons sont des offres d’institutionnels reconnus par le Trésor US. S’ils sont américains, ces derniers ont le choix : faire une offre compétitive ou pas. Leur risque alors est de ne pas récolter les titres qu’ils envisageaient recevoir. La part des add-ons diffère à chaque adjudication et diffère aussi selon le type de bons alloué.

    Ainsi, pour les bons à 10 ans, il y en avait pour 25,9 milliards d’adjugés début mai, dont 4,1 d’add-ons, soit 15,8% du total. Par contre, des 26,9 milliards de bons à 7 ans adjugés le mois dernier, 0,9 était des add-ons, soit à peine 3,3% du total. Ces données sont disponibles sur le site du Trésor américain (TreasuryDirect)

  8. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Jusqu’où devront-ils se résoudre à aller, forcés et contraints, pour juguler la crise, si elle devait se poursuivre et pire rebondir ? Cette hypothèse reste pour l’instant d’école, rien ne vient pour l’instant l’accréditer.

    Nous avons d’abord connu une phase de déni, puis une autre, dont nous ne sommes pas encore sortis, où est cultivé un soulagement affecté, succédant à une grosse frayeur a demi avouée.

    Vont-ils donc se faire au bout du compte violence, s’il se confirme l’absence d’un moteur de la relance, et pire de nouveaux soubresauts financiers ? Et comment ? Nous sommes à notre tour dans l’attente de”pousses vertes”, non pas celles de la relance mais celles de mesures de la dernière chance.

    Ce que l’on sait des mesures de régulation et de surveillance en cours d’élaboration des deux côtés de l’Atlantique laisse circonspect. Un rendez-vous international au plus haut niveau, en juin à l’ONU, a été repoussé à l’ONU; Il aurait permis un point d’étape. Va-t-il falloir attendre maintenant septembre prochain, à l’occasion du prochain G20 de Pittsburgh, pour en savoir plus sur cette détermination qui était sans faille et paraît avoir déjà tant faibli ?

    Ce que l’on perçoit de l’application des mesures du précédent G20, à propos des moyens financiers qui devaient être accordés au FMI, afin qu’il puisse jouer un rôle central dans le dispositif de relance économique mondial, n’incite pas d’avantage à l’optimisme.

    Tout au contraire, on observe un monde financier qui relève la tête et s’oppose en coulisses à de timides velléités de réforme.

    Qu’il n’y ait pas d’alternative au capitalisme financier en crise, ni dans ses cartons, ni dans ceux qui voudraient bien lui trouver une succession, ne signifie pas qu’il ne va pas par tous les moyens s’efforcer de perdurer. C’est aussi inquiétant que s’il devait s’effondrer, à tout bien considérer.

  9. Avatar de jean
    jean

    Plutôt que l’augmentation des salaires, il vaut mieux une augmentation des prix, en clair un redémarrage de l’inflation qui permettrait de restaurer les profits et l’emploi.

  10. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ François L.

    « Qu’il n’y ait pas d’alternative au capitalisme financier en crise, ni dans ses cartons, ni dans ceux qui voudraient bien lui trouver une succession, ne signifie pas qu’il ne va pas par tous les moyens s’efforcer de perdurer. C’est aussi inquiétant que s’il devait s’effondrer, à tout bien considérer. »

    concernant la première phrase : je suis en ligne avec votre réflexion
    concernant la seconde : si vous souhaitez un changement de système il va falloir accepter de passer par une crise sociale profonde (j’imagine que personne ici bas ne s’en réjouit)

    Autrement dit : souhaiter le changement mais s’inquiéter de sa genèse voici une position originale (sourire)

    @ Jean-Pierre
    Comme je l’indiquais plus haut, j’aurais également tendance à vous rejoindre sur l’analyse de la hausse actuelle des taux TBonds

    sinon merci vous avez répondu à « ma question imprécise »

  11. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Et j’entendis quelque chose qui venait du ciel et non plus d’en bas une autre voix, oui une autre voix et qui disait: Sortons, sortons du milieu d’elle les ami(e)s, nous autres qui en sommes déjà si touchés et affligés les premiers par tous ces maux, afin que nous participions moins à répandre ces fléaux sur d’autres encore et encore. [5]

    Car tous les travers de Babylone de tous ces financiers et politiciens et banquiers véreux se sont maintenant accumulés jusqu’au ciel, et le très haut s’est souvenu de leurs iniquités sans nombre. [6] Pourront-ils toujours ainsi payé et prendre au double selon leur bon plaisir sans fin sans cesse ? [7] Autant ils se sont glorifiés et plongés dans le luxe, la fange, le pouvoir, la mondanité, voitures et belles villas de plus, Ray ban et montres de luxes, autant ils leur seront donné prochainement beaucoup de tourment et de deuil. Parce qu’ils disent en leur cœur: Notre si belle civilisation matérialiste et commerciale est encore assise en reine, elle n’est point veuve, elle a encore beaucoup de dévots qui soutiennent sa cause, de sa prostitution, c’est sur nous verrons jamais davantage le deuil avec elle ! [8] A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine et elle sera consumée par le feu, par toutes ces armes de plus, marchands d’armes et autres. [9] Et tous les rois, les boucs et les sangliers de la terre, qui se sont livrés avec elle à l’impudicité et au luxe, pleureront et se lamenteront à cause d’elle, quand ils verront la fumée de son embrasement.

  12. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    Augmenter les salaires dans le contexte de lois actuelles c’est dire aux entreprises de délocaliser encore plus vite. Il y a de grandes chances que cela arrive donc car cela permet au gouvernement d’etre bien vu par les votants, tout en donnant une bonne excuse aux entreprises pour délocaliser. C’est coup double pour ces gens la qui vont main dans la main. Tant que les politiques europeens et US seront des amis/collaborateurs des multinationales, rien ne changera. Les gouvernements sont l’église d’avant, ce sont les gardiens du dogme, bruxelles est le vatican moderne, s’occupant des miséreux afin qu’ils ne prennent pas la mouche. Les grosses entreprises sont l’éxécutif, faisant les guerres (économiques de nos jours) de conquètes (des marchés). Les salariés sont la pietailles de ces guerres, les morts (rmistes et autres) sont sans importance, sans valeur. La collusion gouvernants(vatican) mutinationales(exécutif/armées) est établie depuis bien longtemps (berlusconi, sarko etc …). Face à eux il y a un immense tiers état. A peu près 5 milliards de personnes. Il est impossible d’organiser cette masse. L’internet va etre vérouillé (loi lopssi) tous les internautes surveillés automatiquement. Donc pas de révolution possible. Reste la Sécession, l’autre manière de faire la révolution. Consommer le moins possible. Acheter le moins possible de ce qui n’est pas fabriquer en France. Bosser le minimum, de toute façon tot ou tard nous serons virés et des esclaves feront notre boulot, donc pas la peine de bosser. Faites marcher la sécu, les arrets maladies etc…. Achetez le plus possible directement au petit qui fabrique à cote de chez vous. Supprimez tout ce qui n’est pas vital maintenant et économisez le plus possible car dans quelques temps vous aurez à peine de quoi survivre. Et surtout ne votez plus. ça sert juste a rendre légitime des esclavagistes. Aucun de ceux pour qui vous voterez ne pense à vous. Aucun.
    La seule action politique efficace actuellement est la Sécession (du nouveau tiers état) vis à vis de l’église moderne(bruxelles et son dogme) et des rois(mutinationales).

  13. Avatar de Philémon
    Philémon

    La question, c’est celle-ci : assiste-t-on – simplement – à la fin de l’empire américain ou – plus dramatiquement – à la fin du capitalisme ?
    Quelques citations de Paul Valéry , pour changer un peu :
    « Aucune nation n’aime à considérer ses malheurs comme ses enfants légitimes »
    « Nous autres , civilisations , savons que nous sommes mortelles »
    « Le temps du monde fini commence »
    « La fin du monde…Dieu se retourne et dit : J’ai fait un rêve . »

  14. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    Je vous laisse lire l’article suivant : « Ni Friedman, ni Keynes – Les Trente Glorieuses, oubliez les ! »

    http://www.causeur.fr/ni-friedman-ni-keynes,2499

    Auteur : Gil Mihaely

  15. Avatar de Michel B
    Michel B

    @Jean
    donc en fait une diminution des salaires.
    Je crains que ce ne soit la seule solution.
    Probablement une décroissance pas trop brutale mais trés longue en attendant un nouvel équilibre peut-être plus respectueux des ressources non-renouvelables. Ce serait un moindre mal.
    Michel

  16. Avatar de François
    François

    Je ne peux qu’en remettre une couche sur cette intervention de Scaringella après avoir lu ceci sur contreinfo: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2748

    « Nous devrions cesser d’avoir la nostalgie de l’époque où des millions d’américains boulonnaient et soudaient ce qui passait sur les lignes de montage. Ces temps sont révolus. Et cessons de blâmer les pays pauvres où les travailleurs reçoivent des salaires très bas. Bien sûr, leurs salaires sont bas, puisque ce sont des pays pauvres. Ils ne peuvent devenir plus prospères qu’en exportant vers les pays riches. Quand l’Amérique bloque leurs exportations par des droits de douanes et des subventions de nos industries nationales, nous les empêchons de progresser. Aider à ce que les pays pauvres deviennent plus prospères va non seulement dans l’intérêt de l’humanité, mais c’est également sage, car cela réduit l’instabilité mondiale. »

    Parce que les connard(e)s juste bons à offrir leurs sourires aux consommateurs qui prennent l’ascenseur, dégustent leur homard, ou prennent leur cardio-aspirine en hopital, je ne sais pas s’il faudra attendre la proportion insuffisante de 1/4 selon Yield_vs_Greed ou si la simple anticipation de ce quart sur ce que sera leur avenir ou l’avenir de leurs enfants ne pourraient pas suffisant pour faire exploser la bombe, et ceci malgré le secours de la surveillance cybernétique.

    En son temps, PJ avait préféré, pour sauver son blog en accord avec plusieurs assidus (j’imagine) d’un danger imaginaire, (en tous cas ni avéré ni dangereux puisque ce site anar espagnol est toujours en ligne), censuré un lien que j’avais fourni. Mais bon … les souscriptions ça marche pas trop, sans doute c’est plus rentable de faire semblant de contrarier Jacques Attali à la télé???

  17. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    La hausse des taux longs va dans le sens contraire à celui voulu par l’équipe Obama. Elle entraîne les taux hypothécaires à la hausse et elle va augmenter le service de l’énorme dette. Les spécialistes estiment que sur les bons à 10 ans, les taux doivent monter à 4-5% pour redevenir attractifs.

    http://finance.yahoo.com/news/As-Stocks-Surge-US-Treasurys-cnbc-15401866.html?sec=topStories&pos=1&asset=&ccode=

  18. Avatar de joelle
    joelle

    « Augmenter les salaires en Europe, le plus rapidement possible »

    quand j’ai lu le tire j’ai cru que c’était une blague ! en tout cas la proposition déclenche les réactions de tous bords, jusqu’au plus irrationnelles .
    je viens de m’arrêter à peu près aux 2/3 de la lecture des posts . Et je n’ai toujours pas de conviction quand au réalisme de la proposition.

    bref… sans doute la synthèse de tout cela dans quelques temps.
    salut et merci.
    Moi qui vit dans une île de soleil, je vais à la plage, le lundi de pentecôte commence tout juste ici. Moi qui vit dans une île de soleil, je vais à la plage, tant que je peux encore le faire sans soucis

  19. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Auguste

    Auriez-vous déjà oublié vos pièces cruciales encore inconnues ? 😉

    Je pensais que l’argent se trouvait off shore ou à la BRI et que vous aviez dans l’idée que cet argent
    pourrait être récupéré. Et maintenant vous nous dites qu’il est impossible d’augmenter les salaires.
    Le « morphing » aurait-il du plomb dans l’aile ? Seriez-vous désormais si désespéré que vous vous contenteriez désormais de nous faire la chronique de la victoire annoncée des « top riches » ?

    Vous faites un mauvais procès à Paul en n’inscrivant pas son présent billet dans la longue série des billets relatifs à la façon dont il faudrait procéder pour recouvrer une économie viable et vivable. (ce qui évidemment implique que les problèmes soient envisagés au niveau politique, au delà de leurs aspects purement techniques.)

    Il est bien évident qu’une augmentation des salaires doit aller de pair avec une répartition plus équitable de la masse salariale ainsi qu’une meilleure allocation des revenus du travail ce qui implique des marges bénéficiaires réduites pour les entreprises et pour les revenus boursiers, comme le précise le commentaire additionnel de Paul. De même cela suppose des mesures pour contrer le dumping social. Toutes choses déjà soulignées par Paul et Fançois Leclerc.

    J’apprécie vos éclairages sur les faces nord et sud de la finance, de même que les indications sur les opérations « opaq-voiles. »
    Ne voyez donc pas dans mes critiques un procès d’intention vous concernant, simplement, je m’interroge sur les limites de votre cadre d’analyse. Vous nous parlez sans arrêt des rapines des top riches. Il existent bien entendu et ont beaucoup de pouvoir. Mais ces top riches que sont-il sans tous les riches et les moyens riches, ainsi que les classes moyennes ?

    Supposons qu’il soit trouvé un moyen de siphonner tout l’argent du off shore, après, que fait-on ? C’est évidemment souhaitable et même indispensable de faire en sorte que l’argent aille là où il devrait s’investir le plus utilement, mais ne faudrait-il pas d’urgence penser — aussi et dans le même temps — aux nouveaux dispositifs qui doivent permettre d’encadrer la production des richesses dans un cadre macro-économique et micro-économique renouvelé ? Ne faut-il pas aussi considérer les problèmes en débordant l’analyse purement quantitative en termes de masses monétaires.

    Pendre le problème au niveau des rapports de production — les rapports entrepreneurs-investisseurs-salariés — vous semble-t-il totalement superflu ? Reconsidérer les moyens et fins de la production n’est-ce pas déjà une partie de la solution ?

    Bref, j’ai trois questions à vous poser :

    Q1 Oui ou non est-il envisageable de récupérer l’argent soustrait au « on shore » ?

    Q2 Ne faut-il rien entreprendre avant que cet argent n’ait été récupéré ?

    Q3 Sous quelles conditions doit-on pouvoir augmenter les salaires ? Les pauvres et moins pauvres doivent-ils attendre « sagement » l’hypothétique issue de la crise ? (Il n’est évidemment pas question d’augmenter les salaires de tout le monde dans une même proportion. Les riches sont suffisamment riches même si à Wall street l’inflation salariale repart déjà de plus belle !)

    Q4 Le temps n’est-il pas venu de reconsidérer nos modes de vie dispendieux en énergie, matières non renouvelables, non locales ? Ce qui serait une réponse — en amont — au problème du off shore ? Autrement dit la mondialisation néo-libérale et les mouvements de capitaux sans entraves n’auraient plus de prise sur une « nouvelle économie » dès lors que les modes de productions et de vie seraient ici transformés. (pas en un jour évidemment, mais n’est-ce pas le cap qu’il faut désormais pointer ?)

  20. Avatar de BA
    BA

    En 2009, de plus en plus d’entreprises ferment leurs usines en France, et elles ouvrent des nouvelles usines dans d’autres pays de l’Union Européenne : la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie, etc.

    Pourquoi y a-t-il de plus en plus de délocalisations vers les pays de l’est de l’Union Européenne ?

    Parce qu’un ouvrier français payé au SMIC coûte 8,71 euros par heure, alors qu’un ouvrier bulgare coûte 12 fois moins cher (71 centimes par heure).

    Parce qu’un ouvrier français payé au SMIC coûte 8,71 euros par heure, alors qu’un ouvrier roumain coûte 9 fois moins cher (96 centimes par heure).

    Parce qu’un ouvrier français payé au SMIC coûte 8,71 euros par heure, alors qu’un ouvrier lituanien coûte 6 fois moins cher (1,40 euro par heure).

    Vous pouvez voir le salaire minimum dans les pays de l’Union Européenne à la page 2 :

    http://jean-jaures.org/NL/345/SMIC.pdf

    L’Union Européenne met en concurrence directe les ouvriers français et les ouvriers bulgares. L’Union Européenne met en concurrence directe les ouvriers français et les ouvriers roumains. L’Union Européenne tire les salaires vers le bas.

    La France doit ré-introduire un protectionnisme national. La France doit ré-introduire des taxes sur les produits qu’elle importe.

    Sinon les délocalisations vont continuer.

    Sinon la désindustrialisation de la France va continuer.

    Sinon l’appauvrissement généralisé du peuple français va continuer.

  21. Avatar de JCL
    JCL

    Sur la TVA sociale

    La TVA sociale n’a de sociale que le nom. Tout impot indirect est fondamentalement injuste car non redistributif.
    Or le problème est plus fondamentalement l’accroissement des inégalités et effectivement la baisse des salaires et le vivre à crédit qui en est le corollaire.
    La redistribution peut se faire par l’impot sur le revenu et le patrimoine.

    Autre aspect du problème : le transfert, en des quantités gigantesques, de la dette privée vers la dette publique, dans le contexte néo libéral toujours actuel, va pousser « l’élite qui ne se trompe jamais » à redoubler les restrictions budgétaires des politiques publiques autres que celle épongeant la dette.
    Marges réduites en conséquence pour tout ce qui est investissement public, environnemental, social…

    Cette dette publique qui gonfle comme une nouvelle bulle va faire le bonheur des rentiers qui vivent déjà grassement dessus. Tout ceci ne va pas dans le sens de la réduction des inégalités.

    A moins que le peuple souverain raie d’un trait de plume cette dette encombrant l’avenir. Ce serait comme on dit une mesure non conventionnelle

  22. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    petite précision : le fameux 1/4 de working poors a été initialement rapporté par François Leclerc
    ce chiffre étant issu d’un « think tank » (Mobility Agenda)

    si ce chiffre est bien le reflet de la réalité, j’ajoutais par pure déduction : 25% ne sont pas suffisants pour changer de paradigme (sic)

    A tous ceux qui pensent que nous sommes proches d’un nouveau modèle économique, je pense que c’est loin d’être acquis :
    en partant du principe que si changement il y a, il viendra des pays démocratiques plutôt riches et importants (en terme de PIB mondial par exemple) qui verront leur situations devenir intenables socialement
    or je ne pense pas que les pauvres de ces pays riches soient assez pauvres (ni assez nombreux) pour faire basculer notre modèle en poussant les politiques à revoir leurs copies
    or la situation s’auto-entretient d’elle même: ce sont les émergents qui en achetant la dette des pays riches entretiennent notre système social et donc permettent à nos pauvres de ne pas l’être vraiment…

    Que les émergents n’achètent plus les dettes des pays riches et là on l’aura notre changement de paradigme !!
    Sauf que les dirigeants des émergents se trouvent bien où ils sont et que c’est le système actuel :
    – qui les y a placés
    – dont ils profitent à plein régime (à ce jour)
    Leur middle class en profitant aussi mais c’est bien le seul avantage à la situation actuelle (leurs riches l’étaient déjà suffisamment avant…)

  23. Avatar de Paul Jorion

    @ certains

    Vous n’êtes pas avares de commentaires quand il s’agit de parler des patrons, des banquiers, des topRiches. Mais il suffit que je dise : « Augmentons les salaires », pour que vous les oubliiez soudain et que vous ne parliez plus que des ouvriers bulgares et que vous vous écriiez : « Fermons les frontières ! »

    Ignorez les chiffons rouges qu’on agite sous vos yeux. Ignorez les diversions : quand on vous dit « Il faudrait peut-être réintroduire une dose de protectionnisme », c’est pour attirer votre attention ailleurs : le problème, c’est la concentration des richesses.

  24. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @BA

    rapport instructif et surprenant à la fois.

    L’auteur : Thorsten Schulten…
    … is senior researcher at the Wirtschats- und Sozialwissenschat- liches Institut (WSI) within the Hans Böckler Foundation,
    Germany

    et aucune statistique sur l’Allemagne ni sur l’Italie ! Très sérieuse l’étude quand on connait le poids de ces 2 mastodontes dans les politiques économiques européennes !!

    A l’assertion « L’Union Européenne tire les salaires vers le bas. » : et moi qui pensais que le SMIC était revu à la hausse tous les ans…
    Note : que son montant nominal ou que son augmentation annuelle ne soient tous 2 insuffisants est un autre débat (à mes yeux)

  25. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Yield_vs_Greed

    Nous sortons d’une problématique pour entrer dans une autre. Nous quittons l’analyse du déroulement de cette crise financière et économique et de ses causes pour aborder celle des conditions qui devraient être remplies pour défaire le système capitaliste, et le remplacer par un autre dont on ne connait pas trop les contours, mais qui devrait alors exprimer une rupture.

    Tout dépendra d’abord de la capacité dont va faire preuve le capitalisme financier à régler, ou non, ses propres problèmes et impasses, ne serait-ce que provisoirement.

    Il est tout autant difficile, par ailleurs, d’anticiper sur les mouvements sociaux, et leurs conséquences politiques, qui pourraient résulter d’une longue récession économique, une hypothèse que l’on ne peut pas écarter.

    Peut-être que le principal obstacle à un changement radical se révélera être la taille de l’enjambée qu’il faudrait accomplir pour y parvenir, comme une sorte de saut dans l’inconnu, devant aussi affronter de très sérieuses résistances.

    Nous sommes sortis du modèle du grand soir, sommes en train de contourner le repoussoir qu’a représenté le socialisme dévoyé, mais restons-là encore hésitants, debouts et immobiles sur la grêve dans le petit matin.

  26. Avatar de Moi
    Moi

    @Paul Jorion: Oui, en répartissant les richesses, le débat ne se poserait pas. Néanmoins, c’est lorsqu’il n’y a plus de protectionnisme que les richesses se concentrent le mieux. Autrement dit, le libre-échange est tout de même un fameux coup de pouce à l’accroissement des inégalités.
    Plus de protectionnisme renforcerait les couches ouvrières, ce qui au passage permet de demander une meilleure répartition des richesses. Par contre, en affaiblissant ces couches ouvrières, je ne vois pas comment on pourrait atteindre cette meilleure répartition.

  27. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ Paul Jorion

    Anne J. parlait déjà de cette concentration dans un des tous premiers posts.
    Elle annonçait en autre : « le seul moyen (…) est de transférer, par la fiscalité, le “beaucoup” des uns vers le “pas assez” des autres

    Ce à quoi j’ai répondu :

    il serait intéressant de pouvoir chiffrer ce “beaucoup”
    “beaucoup” : de qui ?
    d’ailleurs “beaucoup” c’est au delà de combien ?
    s’agissant de la redistribution : pour qui ?
    on aurait une bonne idée de la justesse de la mesure.
    Question Bonus : la mesure devrait s’appliquer à quelle province de notre monde globalisé ?
    La France semble avoir pas mal d’avance sur cette thématique, si elle n’est pas rejointe ce n’est pas par hasard.

    Personne n’a rebondi sur ces questions (mal posées ou décalées peut être)

    Paul,
    concernant cette concentration des richesses qui d’après votre analyse semble être l’un des nœuds du problème que nous traversons et afin de bien cerner l’état de la situation avez vous la possibilité de répondre à 2 questions :
    Qu’appellez vous richesse ?
    A partir de quelle méthode estimez vous qu’elle est trop concentrée ?
    (accaparée par un nombre d’acteurs trop peu nombreux j’imagine)

  28. Avatar de clive
    clive

    extension du domaine de « l’abus de bien social »…
    …aux dividendes

  29. Avatar de Michel B
    Michel B

    oui difficile de faire la part entre une richesse justement gagnée et du vol à moin de croire que la propriété c’est le vol.
    C’est bien d’énoncer des idées générales et généreuse mais il faut être plus précis.

  30. Avatar de Cécile
    Cécile

    C’est peut-être mal, mais …
    en attendant , non pas Godo, mais d’augmenter ou pas les salaires, …
    je serais pour une baisse des loyers, …

    En 1930, le coût d’un logement correct pour une famille avec deux enfants, représentait dans les 10% d’un seul salaire correct, aujourd’hui c’est entre les 30, 40 à 50 % d’un seul salaire correct pour un logement correct ….

    Je veux bien que personne ne parle de l’éxubérance de l’augmentation des loyers, à un rythme de 4 % par an, depuis un sacré sacré paquet de temps,
    même si la crise est comme par hasard, comme un hasard des hasards : de l’immobilier…
    que -encore et déjà les Jeudis Noirs, dénoncent les loyers, -encore et déjà, les Donchichottes, visibilisent les sans-toits… et j’en passe des vertes et des pas mûres genre celle de la déduction de l’assurance pour les loyers impayés des revenus fonciers…
    mais de cet effacement, cette gomme, cette autocensure … dès fois je me demande ?

    (PS : la « TVA sociale », c’est comme la « taxe carbone », perso : j’encadre pas )

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