Billet invité.
Nos démocraties modernes sont filles des Lumières, dit-on souvent avec raison. La raison, justement, était invoquée avec ferveur par les penseurs de l’époque comme la panacée face à l’obscurantisme. Nos structures sociales modernes sont toutes peu ou prou subordonnées à cette idée simple : les individus et les peuples, à condition d’être convenablement éduqués, sont tous accessibles à la raison, sensibles à ses arguments, susceptibles d’en tirer l’amour pour ce système qui les élève et les responsabilise, finalement à même d’en devenir les plus ardents défenseurs.
Naturellement, nos Diderot, Montesquieu et autres grands penseurs n’étaient pas naïfs. Ils savaient que l’homme étant ce qu’il est, certaines conditions étaient nécessaires pour maintenir un système démocratique. Montesquieu érigeait la vertu en véritable socle de la république. Elle était pour lui synonyme d’amour de la république, de l’égalité, de la frugalité enfin. Développant son propos, il arrive au principe fondateur de la séparation des pouvoirs, aujourd’hui si mis à mal. Le subtil équilibre nécessaire à la prospérité de la démocratie est ainsi tissé, décrit, analysé. Nos institutions actuelles en sont la traduction plus ou moins fidèle.
Pourtant, quelque chose a mal tourné. L’équilibre aujourd’hui est rompu, l’égalité foulée aux pieds, la frugalité ignorée, l’amour de la république ânonnée ad nauseam pour mieux être vidée de son sens. Nous assistons sur ce blog à une chronique de ce délitement, jour après jour. Paul Jorion et François Leclerc en décortiquent les différentes phases. On peut cependant se demander ce qui a rendu les mécanismes de défense de nos sociétés inopérants, la cause première qui fit dérailler la belle mécanique de nos ancêtres. Où l’appel à la raison a-t-il failli ?
Dans un billet récent, Paul Jorion nous a régalés d’un panorama non exhaustif de sa carrière, expliquant comment on devient « l’anthropologue de la crise ». L’un des passages les plus commentés concernait ses expériences à la lisière du club très fermé des « décideurs » dans les différentes entreprises où il a pu travailler :
Les décideurs aiment caractériser le critère d’appartenance à leur club en termes de compétence, mon expérience de dix-huit ans m’a cependant convaincu que ce critère était en réalité d’un autre ordre : la tolérance personnelle à la fraude.
S’ensuit une description saisissante de diverses fraudes et malversations découvertes par Paul et qui toutes entraînèrent son licenciement. Les gens au pouvoir n’aiment pas les empêcheurs de trafiquer en rond et ont les moyens de les écarter… Au-delà du simple constat de la corruption généralisée qui règne chez les « décideurs », il pose de façon intéressante la question de l’accession à cette nomenklatura. D’après son expérience les impétrants sont ainsi « testés », leur capacité à supporter, puis à participer à la fraude devenant condition sine qua non à leur ascension.
Ce renversement de perspective m’a particulièrement frappé. Au lieu de considérer la capacité de corruption du pouvoir, il indique plutôt qu’il faut pour y accéder déjà présenter une prédisposition à la corruption, voire aux comportements sociopathes.
En effet, posé en termes d’avantage compétitif, le comportement sociopathe est incontestablement un atout majeur. L’indifférence (mais pas l’incompréhension) vis-à-vis des émotions et des droits des autres, l’absence de culpabilité, sont de puissants moteurs pour s’imposer ! Lorsqu’elles se trouvent mêlées à une certaine intelligence, ces caractéristiques font d’un tel individu quelqu’un de redoutablement bien armé pour grimper dans la hiérarchie.
Il est donc logique de trouver en haut de la pyramide sociale une proportion non négligeable d’individus présentant ces travers. Nul besoin de faire appel à quelque délirante théorie du complot pour cela. Il suffit d’observer que ces individus sont les mieux adaptés à la conquête du pouvoir ! Ils ne forment pas pour autant un ensemble cohérent, une société poursuivant un but commun, mais présentent une homogénéité de caractère, individualistes forcenés, prêts à tout pour accroître leur domination.
Que se passe-t-il lorsqu’une concentration suffisante de tels déviants accède aux commandes ? C’est là qu’intervient le mécanisme décrit par Paul. Etant en position de choisir leurs pairs, les déviants vont naturellement incliner soit vers des individus « normaux » mais qu’ils pourront contrôler ou corrompre, soit à défaut vers des individus de leur espèce. Dans ce dernier cas, ils introduisent certes un concurrent, mais au moins jouent-ils au même jeu : s’accaparer les ressources, les honneurs et le pouvoir. Un individu conscient de leur nature et qui chercherait le bien commun serait autrement plus dangereux pour eux ! La disparition des profils « normaux »des postes de pouvoir consistera donc un objectif commun naturel, sans même qu’il existe une concertation de leur part.
Quid de l’exercice du pouvoir à proprement parler ? Les qualités nécessaires au bon exercice du pouvoir étant distinctes et même radicalement opposées à celles leur ayant permis d’y parvenir, ils détournent à leur profit les outils dévolus normalement au bien commun. La recherche du bien commun est une notion sans intérêt pour eux et ne servira que de couverture à l’accaparement des richesses de ce monde. On observe donc un transfert de plus en plus rapide des biens sociaux vers une minorité d’individus.
C’est une constante dans toutes les sociétés (et pas uniquement les démocraties) car liée à la nature de l’homme plus qu’à celle des sociétés en question. Elles courent ainsi quasi-inéluctablement vers leur effondrement. Après la catastrophe on incrimine telle ou telle idéologie, telle ou telle tendance politique, mais au final, n’est-ce pas un comportement humain qui est à la base de tout ? Par exemple, l’incapacité des systèmes communistes à empêcher la formation de telles « élites » perverties n’a-t-elle pas joué un rôle dans leur chute ? Le gâchis des luttes intestines, le détournement à des fins personnelles des instruments de l’État n’y sont ils pour rien ? Certes, on peut trouver de nombreuses autres failles dans les sociétés basées sur le communisme, mais oublier l’existence de la perversion de certains humains ne représente-t-il pas une erreur fondamentale ?
L’effondrement d’un système est un phénomène complexe, qu’on ne peut faire remonter à une seule cause initiale. Toutefois, ne tenons-nous pas là une paille dans la belle construction de nos ancêtres ? La raison et l’humanisme n’ayant pas prise sur les individus qui forment nos élites, un système qui prend ces valeurs pour fondements ne peut perdurer. Il me semble donc qu’il nous faut nous prémunir contre ce risque, sans quoi toute construction sociale que nous pourrions inventer connaîtra le même funeste sort.
Ne devrions-nous pas travailler là dessus en préalable à tout projet de société ?
Comment éviter que les sociopathes soient les mieux adaptés aux postes de pouvoir?
Comment immuniser nos systèmes politiques, économiques et sociaux à ce cancer redoutable ?
Envisager le problème sous cet angle a une conséquence des plus heureuses : si le pouvoir corrompt tout le monde, il n’y a pas de solution, aucun système n’est à l’épreuve de ce vice de fabrication. Si en revanche il attire de façon privilégiée les individus corrompus, mais qu’un individu normal peut conserver le sens du bien commun en exerçant ce pouvoir, alors il nous sera peut-être possible de séparer le bon grain de l’ivraie en amont et garder un espoir pour l’avenir !
144 réponses à “Pouvoir et corruption, par Tchita”
La perversité fondamentale de ces individus n’empêche pas l’intelligence et le savoir faire. Dans le monde des multinationales et dans la politique le profil du « tueur » est bien souvent celui qui est respecté de ses pairs et craint de ses subordonnés.
C’est la soif inextinguible d’encore « plus » de pouvoir qui les amène à prendre des risques insensés dont l’échec constitue une faille systémique.
Vérifier que ce profil existe est aisé quand il s’exprime dans l’exercice du pouvoir. Mais comment le déceler dans son ascension, quand ces futurs « tueurs » ne sont encore reconnus que comme « ambitieux » ?
Ou comment éviter que les postes de pouvoir soient adaptés aux sociopathes ?
Séparer le bon grain de l’ivraie, Mr Jorion.? oui ce serait plus que nécessire et même vital pour la démocratie. Mais voilà, le problème de l’humanité c’est qu’il y a des hommes et que même au confin des origines de cette humaninité, la corruption avait dèjà commencé, Cain n’a-t-pas vendu son frère contre un plat de « lentilles »? Telle est la génèse de notre histoire de l’humanité!!!! Et pour moi qui suis athé vous imaginez ce que je pense de la classe politique en particulier qui dirige la classe financière en finale.
Caïn a tué son frère.
Joseph a été vendu par sa famille.
J’ai oublié les noms. Mais il s’agissait de vendre un droit d’ainesse pour un plat de lentilles.
Vous avez ces éléments dans le désordre.
Les lentilles c’est Esaü qui a vendu son droit d’ainesse contre un plat de lentilles
Merci Louise.
« Séparer le bon grain de l’ivraie »
Voila une expression qui sous des dehors bibliques plein de bonnes intentions (les mêmes qui pavent l’enfer), porte en lui la semence d’une idée terrible : l’extraction de la mauvaise herbe.
Idée qui a menée des milliers d’hommes aux camps de rééducation, de reconditionnement, voir d’extermination.
Même si le raisonnement de l’auteur à propos d’une sélection naturelle des profils les plus durs et pas forcément des plus compétents (à me moins que, comme le souligne Paul, ce soit là leur « compétence » ?) est très juste et nécessaire, les conclusions que l’on peut en tirer peuvent s’avérer dangereuses. Sur un terrain aussi glissant, le débat peut facilement échapper des mains de personnes biens avisées, pour passer entre celles de personnes qui le sont beaucoup moins, en particulier de personnes haineuses.
Comme le dit l’auteur, le travail doit plus porter sur une redéfinition des règles du jeu, afin que les critères de sélection naturelle des décideurs soient des critères de reconnaissance de l’aptitude à la bonne gouvernance, que sur la mise en place de mécanismes de mise à l’écart de soi-disant « Sociopathes » ou autres « déviants ».
Ne perdons pas le Nord.
Dans le texte original, « séparer le bon grain de l’ivraie » se fait au moment de la moisson. Il est hors de question de le faire avant car cela pourrait abîmer un bon grain. Au moment de la moisson, le bon grain est mis dans le grenier et l’ivraie est brûlée.
Mon interprétation est que le bon grain et l’ivraie doivent vivre côte-à-côte. Le moment de la moisson est la mort. Le bon grain va au paradis et l’ivraie en enfer. Il faut des ouvriers pour cette moisson. Je ne vois pas comment interpréter ces derniers.
Dans le texte original, il n’y a ni camp de concentration, ni rééducation. Ils sont exclus par l’idée que le bon grain et l’ivraie doivent cohabiter.
On économiserait un temps fou si on cessait de parler d’individus quand on décrit des phénomènes sociaux collectifs dans lesquels les caractéristiques individuelles jouent si peu. Comment un système sociopathe pourrait-il tolérer autre chose qu’un fonctionnement sociopathe ? Dans un système pyramidal, les parties basses sont écrasées par les parties plus hautes.
Avec l’idée de députation, on peut à la rigueur penser à une représentation sans privilèges. Mais dans notre société, il n’y a plus aucune ambiguïté. L’inégalité s’oppose logiquement à la liberté politique. Notre système monarchique, autoritaire et inégalitaire, est une concession faite par les forces républicaines, libérales, égalitaires et universelles, à la nécessité de l’unité nationale.
Nous pouvons être jugé, et privé de liberté, par des jurés tirés au sort. Pourquoi ne pas faire de même pour ceux qui nous gouvernent?
Pourquoi pas ? Cela n’aurait rien d’absurde, et cela a été, autrefois, l’usage pour désigner l’exécutif au sein de la Generalitat de Catalunya, chez mes voisins d’outre-Pyrénées. L’important est que les représentés puissent facilement retirer son mandat au représentant dès lors qu’ils n’ont plus confiance en lui.
Le principe du tirage au sort pour les fonctions publiques était même au coeur de la démocratie Athénienne…
En politique, par exemple, se posent les problèmes de la « carrière politique », de la rémunération, des cumuls de mandats, de la représentation de toutes les catégories socio-professionnelles
http://www.assemblee-nationale.fr/13/tribun/xml/cat_soc_prof.asp
des retraites des élus, etc….
Merci Tchita pour cette merveilleuse réflexion!
Je m’interroge depuis longtemps sur l’application à long terme et à grande échelle du système zapatiste.
Votre constat est indubitable. Et je vous suis … jusqu’à la dernière moitié du dernier paragraphe.
Le mieux est l’ennemi du bien, certes! Mais quand même!
Le pouvoir est une chose, l’argent en est une autre, ne se peut-on penser la séparation non pas de l’église et de l’état, ni peut-être non plus celle de la séparation du marché et de l’état, mais quelque chose qui décourageraient les cupides de l’ambition de tenir les rennes du pouvoir ??? …
peut-être que si les peuples votaient les budgets ?? …
puisque finalement, c’est bien à la mesure de la concentration des richesses, l’extase de quelques uns, que la paupérisation du plus grand nombre, d’où la stase de l’économie, prospère, se développe, puis s’emballe jusqu’à la crise …
(ce n’est pas non plus aussi simple,
puisque par exemple, les nouvelles connaissances ouvrent de nouveaux marchés, ne nous a-t-on point cette dernière décénie, entreprit de nous vendre les ondes de notre propre ciel ??? ..
cependant qu’aujourd’hui, toujours sur ce sujet de l’air, bien qu’elle s’opérerait dans le sens contraire, n’est-il point dans l’air de nous facturer une taxe carbone ??? ..)
Enfin baste, de ma place, je ne vois pas que la crise soit finie, et j’en dirais même plus, comme c’est toujours la grande braderie, je ne vois vraiment pas comment cela pourrait s’avérer tel que ce qui nous en est médiatiquement prétendu, c-a-d de bonne augure …
je ne suis pas non plus si pessimiste, mais …
@Cécile
« si les peuples votaient les budgets ? »
Le gouverneur de Californie, il y a un an ou deux, a soumis au vote populaire un projet de budget visant à réduire le déficit de cet Etat. Il me semble que « le peuple » a voté contre l’augmentation des impôts, d’où la réduction drastique actuelle des services publics et sociaux. Mais ma mémoire est peut être défaillante. En outre, je n’en sais que ce que les médias d’ici en ont dit….. La réalité est sans doute plus compexe (comment a été menée la campagne ? quels étaient les termes exact du projet ? quelles alternatives ?)
Excellent billet, merci 🙂
Je ne suis pas d’accord en revanche sur une partie de la conclusion: « si le pouvoir corrompt tout le monde, il n’y a pas de solution, aucun système n’est à l’épreuve de ce vice de fabrication. »
Je mettrais un bémol car si le pouvoir corrompt tout le monde, mais sur la durée, alors une des solutions est de limiter la durée de l’exercice du pouvoir.
Des interrogations intéressantes sur cette fameuse nature humaine en société. La société corrompt-elle l’Homme si pure de Rousseau à l’état de nature, et serait ce alors la cause » naturelle » de telles dérives ?
Je ne crois pas personnellement que l’essentiel ici se trouve dans l’approfondissement de cette réflexion sur l’individu, avec une approche quasi-manichéenne de la chose entre les prétendants au pouvoir, mauvais par nature qu’il faudrait corriger, et les autres dociles, gentils, exclus du pouvoir qu’il faudrait promouvoir en leur annihilant toute tentation corruptive. Je crois même cette approche stigmatisante plus dangereuse que salvatrice.
Tout comme le bon fonctionnement d’une société juste et démocratique ne peut pas reposer qu’essentiellement sur des valeurs morales et son déclin sur leurs faillites, supposées ou non.
J’ai le sentiment en vous lisant que vous souhaiteriez trouver une manière de pérenniser un système » viable « , « immunisé » de toute corruption.
Seulement, un système pérenne a t’il la capacité de se préserver de la corruption et de l’exaspération de pouvoirs de ses classes dirigeantes et les plus puissantes ?
Il est normal que tout système tend à chercher une stabilité par ses institutions, us et culture de gouvernement.
Mais comme le disait ce cher Jefferson, véritable visionnaire, il est à craindre ainsi que le déchainement des forces réactionnaires viendrait s’y engouffrer pour y faire triompher les travers de la nature humaine, des corporations et de l’individualisme. » Whether one generation of men has a right to bind another « .
Dès qu’une systémique se met en place, elle aura consciemment et inconsciemment pour but de se préserver par tous les outils qu’elle aura à sa disposition.
L’un des plus efficaces d’entre eux est ce que j’appelle la culture de l’Ignorance Constitutionnalisée. Il s’agit de faire comprendre dès l’école que le système est tel qu’il est, et qu’il ne peut être fondamentalement changé dans ses institutions car celles-ci scellent la base nécessaire au développement de leur » savoir » et de leur bien être.
Aucune remise en cause ou interrogation sur le contrat social n’est possible, car elles sont le plus souvent délibérément, ou inconsciemment pour les plus candides, non étudiées. (à l’exception des formations en droit constitutionnel bien entendu).
La raison accessible à tous est alors aussi fantasmagorique que celle de la concurrence pure et parfaite de nos chers inquisiteurs économiques à la tête de l’UE.
Mais pour autant, comme vous le dites si bien dans votre premier paragraphe, cela n’empêche pas que « les individus et les peuples » ne finissent pas » susceptibles d’en tirer l’amour pour ce système qui les élève et les responsabilise, finalement à même d’en devenir les plus ardents défenseurs. »
Je ne crois pas qu’un système véritablement démocratique a vocation à être maintenu dans la durée, cela ne fait pas parti de sa nature.
C’est également oublier la théorie de l’anacyclose de Polybe.
Doit on alors craindre un effondrement du système institutionnel dans son ensemble si celui-ci s’avère une résultante naturelle de tout système ?
L’avènement de la Prospérité amène t’il au début du délitement d’une Société ?
La Démocratie, est elle alors l’apanage d’une société frugale et vertueuse par des principes moraux puissants comme l’étaient des sociétés comme celle du Massachusetts de John Adams ?
Le billet de Paul Jorion ne m’avais pas du tout étonné : Même à petite échelle, dans un village, ou quand on intègre n’importe quelle structure, la question vous est posée presque systématiquement :
Voulez vous en croquer avec nous ?
Et la question suivante se pose donc ici : Avec qui allons réformer ? (une façon de penser).
Le dernier entretien d’embauche que j’ai passé, la DRH m’a demandé si les boites pour lesquelles j’avais travaillé respectaient la loi et les normes, je lui ai répondu aucune (c’est la vérité), sauf une entreprise publique, mais les normes et lois sont plus arrangeantes pour elle.
Elle m’a demandé si ça me dérangeait et j’ai hésité à lui répondre non, car c’était un mensonge, mais je savais que si je voulais bosser, il fallait que j’accepte de fermer les yeux. Cette boite bien entendu ne respectais pas la loi. Je me suis bien gardé de lui dire qu’il m’était pratiquement impossible de respecter quelqu’un (même une entreprise) qui n’avait pas de respect.
Développer la connaissance de ces mécanismes peut aider dans cette tentative de sélection de chefs plus « vertueux ». Christophe Dejours, dans « souffrance en France », parle de banalisation du mal. Qu’est ce qui fait que la plupart de gens s’accomodent de cette situation. La peur d’exclusion du groupe est un bout d’explication. L’ignorance en est un autre. L’idée de ne pas porter atteinte à l’intégrité rassurante d’un groupe aussi. Dans les années 70, l’ergonomie était à la mode et un de ses volets traitait des conditions de travail en profondeur, donnant ainsi un certain pouvoir aux exécutants. Ergonomie, aujourd’hui ne signifie plus rien de ce point de vue.
Je ne suis pas certain que la « tolérance personnelle à la fraude » soit l’apanage des plus hauts dirigeants. De même, l’homme n’est pas foncièrement « mauvais ». J’observe que c’est toujours l’autre qui est « déviant » ou corrompu.
Je ne fais pas partie de la catégorie des cadres dirigeants, mais j’ose espérer que les « pervertis » ne représentent pas la majorité des individus qui la composent.
Je ne suis même pas certain que l’homme en général réalise à quel point il participe à ce système de croissance néfaste. Non, il préfère le critiquer comme s’il n’était pas impliqué. Mais je pense que nous sommes tous, de près ou de loin, impliqués (au moins dans les pays dits développés).
Nous avons tous été plus ou moins « formatés » et conditionnés pour avancer aveuglément au sein d’une société où nous trouvions notre compte quelque part… jusqu’au jour où la crise a mis en lumière les dérèglements du système états-uniens basé sur le surrendettement. Et puis (stupeurs et tremblements), nous avons découvert que nous étions mouillés (le plus souvent à notre insu).
Je pense « qu’un individu normal peut conserver le sens du bien commun en exerçant le pouvoir », c’est même un devoir. Certains y parviennent, refusant de dire « mais que veux-tu, c’est comme ça ! ». Commençons par réformer le système pour en supprimer ses aberrations les plus visibles.
« De même, l’homme n’est pas foncièrement « mauvais ». »
De quel « homme » parlez-vous ?
J’avais déjà évoqué ici la réflexion d’un psychologue (ou psychiatre), spécialiste des tueurs en série (c’est lui qui est à l’origine d’un test permettant d’évaluer si une personnalité est psychopathe) et qui avait dit que si il n’avait pas pu travailler dans les prisons, il aurait pu exercer son art dans les conseils d’administration.
Il disait aussi qu’il y avait 2 sortes de psychopathes : les violents (qui se retrouvent en prison) et les non violents, parfaitement insérés dans la société.
Donc, je suis tout à fait en phase avec le sens de ce billet, cela rencontre exactement mon analyse des choses.
La question est donc : comment neutraliser ce % de la population que sont les psychopathes et les empêcher d’accéder au pouvoir ?
Ce psy s’appelle Robert Hare
Il y a un papier ici qui parle de lui
http://www.fastcompany.com/magazine/96/open_boss.html
Saluons donc les exceptions à la règle. Il n’est pas douteux qu’elles existent. J’en connais aussi.
Mais ce billet reste très pertinent : il y a un mécanisme sociologique à l’oeuvre, qui sélectionne dans les structures de pouvoir ceux pour qui l’intérêt public compte le moins.
On peut même dire que ce mécanisme a produit une sorte de morale perverse, qui conduit à affirmer que l’égoïsme est bon en soi, puisqu’il est le moteur du dynamisme, lequel conditionne le succès, qui est en définitive le seul critère qui vaille. On se fait élire, ouvertement, sur ce socle idéologique « décomplexé »…
L’ultra libéralisme économique prétend que l’égoïsme est efficace. Il se forme aussi, sous nos yeux, une idéologie qui suggère qu’il est même moral.
Les comportements évoqués ici et dans l’article de Paul Jorion rappellent beaucoup les livres d’Alexandre Zinoviev, qui décrivait lui la société de l’URSS finissante. C’est dommage que cet auteur soit maintenant complètement oublié.
Totalement d’accord.
Un peu manichéen, c’est vrai, et il serait trop simple que la solution soit dans le repérage d’un certain type de caractère, souvent d’ailleurs non-encore révélé à beaucoup de ces individus eux même. Et qu’est-ce que l’honnêteté absolue dans ce cas ?
Cela dit, la sélection par les circonstances existe. Elle s’appelle la sélection naturelle, et donc pour une autre sélection, changez les circonstances.
Si politique, économique appellent tant au secret, c’est bien parce que celui-ci sert au mieux la défense de privilèges.
Prenez vos semblables gros méchants, et exposez toutes leurs actions quotidiennes à la lumière. Ca m’étonnerait qu’ils ne deviennent pas presque tous extrêmement vertueux, sauf à se suffire de vivre par des idées non-influencées, fruit de leur esprit sclérosé.
« C’est une constante dans toutes les sociétés (et pas uniquement les démocraties) car liée à la nature de l’homme plus qu’à celle des sociétés en question. […] Certes, on peut trouver de nombreuses autres failles dans les sociétés basées sur le communisme, mais oublier l’existence de la perversion de certains humains ne représente-t-il pas une erreur fondamentale ? »
On en revient toujours à cette question centrale de la nature de l’Homme! Si ce n’est pas une question anthropologique, alors je n’y comprends rien à l’anthropologie…Ce qui me ramène à un commentaire que j’avais déjà fait en citant A.Orlean: il n’y a pas de théorie économique sans hypothèse anthropologique.
Par ailleurs, penser que certains humains manifesteraient une perversion particulière dont d’autres seraient exempts me semble perpétrer une erreur récurrente consistant à expliquer nos malheurs par la faute des autres; personne ne peut s’absoudre de quelque péché que ce soit car nous sommes faits de la même pâte (nature humaine). Certes certains seront plus pervers que d’autres, mais la question me parait plutôt être: qu’est ce qui les pousse à la perversion ?
Dans le film « Tanguy » cela se passe en France, l’enfant est un tyran tant qu’il fait une thèse sur l’émergence du concept de subjectivité en Chine. Il ne s’en sort qu’en épousant une chinoise et en partant à Pékin pour fonder une famille.
Dans le film « Spanglish » Cela se passe aux USA, C’est une mère américaine qui tyrannise son entourage, et la servante hispanique (dont l’époux est tombé amoureux) finit par être chassée bien qu’elle soit aimée par le père (elle est donc attirante), et elle perd son boulot.
Le dénouement varie selon la langue maternelle.
L’intérêt du blog de Paul Jorion vient du fait qu’il est intraduisible !
La langue maternelle, permet ou ne permet pas le dénouement … car dans certains cas elle permet par le signe, l’apparition d’un signifiant qui coupe, sectionne la ou il faut pour que cela se passe bien … car la seule recherche d’une signification stérilise toute communication. Seul le sens (au sens premier de direction) est fertile.
Vive la nation des fromages !
Bonjour,
Pour moi, tous ceux qui recherchent toujours plus de pouvoir ou d’argent sont des gens immatures et resteront des arriérés mentaux dont le développement intellectuel est incomplet.
Avec le peu de temps qui nous est imparti sur cette planète, il y a certainement beaucoup mieux à faire.
Cordialement.
Quelques remarques pour compléter ce billet très bien venu :
– Les carrières politiques : si quidam « entre en politique », et réussit à se faire élire, il y a de fortes chances pour que vous voyez ensuite la tête de quidam à la télé jusqu’à la fin de vos jours! Et ceci, dans une large mesure, quoi qu’il fasse et quoi que vous votiez…
– Les sociopathes chassent aussi en meute. Le noyautage des structures (partis, syndicats, associations…) est une plaie trop bien illustrée en France en ce moment.
Soyons concrets : Dans le cadre de la démocratie par délégation, il y a des mesures immédiates, en amont, auxquelles la classe politique, dans son ensemble, a toujours résisté bec et ongles, mais qui seraient à la portée d’un référendum d’initiative populaire :
1 – Mandat unique strict, de durée raisonnable pour ne pas nuire à l’efficacité.
2 – Non cumul strict.
Et une petite originalité, sans doute critiquable, mais qui pourrait un peu favoriser la vertu :
3 – Vote d’évaluation systématique en fin de mandat.
3 – Vote d’évaluation systématique chaque année de la mandature, sur présentation d’un bilan d’exercice (législatif, exécutif)
Marc,
Les quelques règles que vous énoncez ont été adoptées par les partis écologistes au début des années 1980. Elles ont permis du bon travail par des fous (nommés idéalistes) pendant une bonne vingtaine d’années. Aujourd’hui, au nom de l’efficacité, ces règles commencent à être adoucies ou abandonnées. Il faudra peut-être que se recrée une nouvelle mouvance pour que ces règles soient remises au goût du jour (dans les institutions religieuses, cela se fait régulièrement au nom de réformes qui tendent au retour vers la pureté des origines).
Sans rien inventer (cela se retrouve un peu en désordre dans les 109 réactions que j’ai lues), nous pouvons donc dire qu’il faut non pas vouloir changer les individus mais mettre en place quelques règles qui écartent les personnalités malades et destructrices:
– interdiction du cumul des mandats;
– limitation dans le temps de la durée du mandat et surtout limitation des reconductions possibles;
– recherche et élimination des conflits d’intérêts (depuis le népotisme jusqu’au contrats passés avec les copains/coquins);
– transparence maximale de la prise de décision (compte rendus par des personnes extérieures, limitation des lieux à huis-clos);
– existence d’une presse indépendante et critique non muselée par les pouvoirs d’argent et la pub.
Ce sont des règles que l’on peut instaurer progressivement, aussi bien dans les conseils d’administration des entreprises privées que dans les assemblées publiques de la démocratie représentative ou dans les lieux de décision des associations.
Pour la démocratie représentative, il reste aussi la très bonne vieille alternance du pouvoir qui empêche les magouilleurs de mettre en place leur système (cela prend du temps de trouver les corruptibles et des les corrompre…). Mais cela, cela reste du ressort de l’électeur qui oublie trop souvent le pouvoir dont il dispose…
@Tchita
Vous posez une très bonne question, qui tranche avec les traditionnelles analyses menées en termes d’intérêts sociaux et qui me semblent totalement dépassées.
Elle est d’autant plus intéressante qu’elle renoue avec la tradition de la philosophie politique européenne : car c’est effectivement ce thème de la corruption des gouvernants qui a permis ( ou été la cause de ) la construction des institutions républicaines et/ou libérales (c’est la même chose). C’est effectivement ainsi qu’il convient de procédér : reprendre le débat Là où « nos ancêtres » l’ont laissé , avec succès .. à l’époque. Pour cela et ne pouvant faire une contribution plus avancée avant un moment, je voudrais noter deux points
– cette question de la corruption est plus faiblement traitée dans la tradition française ( Voltaire, Diderot) que dans les pays du Nord pour des raisons religieuses : la pensée française de l’époque a quand même « zappé » la réforme et l’apport du protestantisme, lequel s’est crée contre la corruption de l’Eglise
– de plus il ne faut pas oublier que les institutions occidentales font de la corruptibilité de l’homme une donnée de base , et qu’elles sont organisées pour y faire face , et le fait est qu’en matière politique , elles y ont réussi .
Pourquoi donc ce sentiment de perte de l’intérêt général 😕 je crois plutôt qu’il faut chercher du côté de l’espace public et du rôle qu’y joue la communication moderne : l’élu est désormais un professionnel de la campagne électorale , et cela devient contradictoire avec le fait ed gouverner
En ce qui concerne la vie professionnelle, la chose est plsu compliquée : la corruption accompagne en fait la dérive des outils de mesure économique plus qu’elle ne l’explique, mais je reviendrai sur ce point un autre jour
amitiés et encore bravo
Bravo pour cette réflexion. Vous dites:
[]on incrimine telle ou telle idéologie, telle ou telle tendance politique, mais au final, n’est-ce pas un comportement humain qui est à la base de tout ?
Krishnamurti (De l’éducation) aurait pu répondre:
«C’est parce que nous sommes si desséchés nous-mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements de s’emparer de l’éducation de nos enfants et de la direction de nos vies.»
Merci pour ce texte qui me donne l’occasion d’évoquer ceci :
Samedi, je suis allé à une conférence à laquelle était projeté un film documentaire sur l’aventure humaine qu’avait constitué la construction de maisons de « castors » dans les années 50, dans les environs d’Angoulême/Grand-Pontouvre en Charente.
Après la seconde guerre mondiale, et pour faire face aux besoins urgents de logements, les « castors » ont proposé un système d’autoconstruction coopérative dans lequel des familles se rassemblaient (surtout les hommes) et unissaient leur force de travail après leur semaine de labeur, (le samedi, le dimanche et pendant les congés sur une durée de 5 à 8 ans) pour construire leurs maisons.
Selon les villes où ce système a pu se mettre en place, le fonctionnement a connu plus ou moins de succès, l’énergie, la solidarité et l’esprit de coopération ne résistant pas toujours à l’épreuve du temps.
Dans l’exemple qui a été présenté , j’ai été marqué par le fait que l’ensemble des personnes interviewées, et qui étaient le plus souvent d’origine sociale modeste (ouvriers, cheminots, etc..), étaient unanimes pour dire que si le chantier auquel ils avaient participé avait été mené jusqu’au bout, c’est que le chef du chantier, lui aussi castor, avait eu un comportement exemplaire.
Il avait pu ainsi conserver l’autorité et le respect de chacun.
En effet, celui-ci, ingénieur des travaux public de l’Etat, s’était attribué sa propre maison le dernier.
Il me semble que cet Exemple (avec un grand « E ») soit à méditer dans un monde qui a perdu tout sens de l’honneur.
Excellent exemple d’une alternative réaliste, qui a sans doute ses défauts.
Cela fait quelques temps que ce système de « castors » m’est revenu à l’esprit car il était pratiqué également dans ma région dans les années 60. A ce jour je pense qu’il se pratique encore mais sous une forme moins structurée entre individus en réseaux (copains, collègues). Les 35h00 encouragent ce type de fonctionnement, le chômage y contraint mais aussi tout simplement la rentabilité personnelle.
En comparant des parcours professionnels différents concrets, on peut se demander quelle est la meilleure trajectoire :
. consacrer toute son énergie à son job avec à l’arrivée un résultat moyen car vous contribuer un maximum à la collecte de l’impôt
. travailler en 3 tiers : 1/3 salarié pour assurer des besoins incontournables (couverture sociale, retraite minimum, salaire modeste), 1/3 pour travailler pour soi ou des amis, 1/3 loisirs. Ainsi pour l’habitat par exemple on peut acheter les fondations avec un emprunt minimum, outils & matériaux petit à petit et travailler pour soi et/ou ses amis et ainsi capitaliser pour son propre compte.
Seule une justice sociale & fiscale infaillibles dans une société solidaire est déterminante dans notre choix objectif.
En termes d’efficacité globale et d’intérêt général j’ai une préférence pour la première trajectoire, mais ?
Avez-vous vu ces films sur (ou avec) les Amish où on voit l’ensemble de la communauté construire une maison pour l’un d’eux en une ou deux journées? Et les femmes sont bien présentes, et aussi actives que les mecs, pas pour planter les clous mais pour nourrir, abreuver et câliner ces grands gamins qui en plus s’amusent come des fous…
Merci pour ce pertinent commentaire faisant suite à celui de Paul Jorion :
« Les décideurs aiment caractériser le critère d’appartenance à leur club en termes de compétence, mon expérience de dix-huit ans m’a cependant convaincu que ce critère était en réalité d’un autre ordre : la tolérance personnelle à la fraude. »
Cela me rappelle une anecdote : des membres de ma famille, embrigadés dans la secte de « Raël », ont du, pour gravir des échelons de responsabilité importants au sein de cette secte, passer ce qu’ils nomment dans leur jargon le « test de Satan » : dans une certaine mise en scène, des guides leur révèlent que leur « prophète Raël » est un imposteur. Choc assuré pour ces croyants enthousiastes et naïfs. Généralement, ils maintiennent leur indéfectible foi (le coût psychologique et affectif serait autrement trop douloureux) et les voilà bientôt rassurés : tout cela n’était qu’une blague, une épreuve pour tester leur foi… Les voilà désormais « blindés » face à l’adversité des détracteurs, et les plus tolérants aux combines grimperont logiquement le plus haut dans la hiérarchie…
Tchita parle de comportements sociopathes : dans une secte, les comportements pathologiques, notamment du gourou en chef, sont légion… On ne peut bien sûr pas comparer le fonctionnement du pouvoir dans une secte et en démocratie ou au sein d’une grande entreprise, ou encore au sein d’une famille, d’une « mafia » quelconque, mais d’intéressants parallèles et réflexions peuvent toujours jaillir de l’observation de tous leurs dysfonctionnements : soumission à un leader, à une idéologie, acceptation non-dite et refoulée de situations innaceptables par une certaine forme de pression ou violence psychologique, expulsion ou exclusion discrète (ou auto-expulsion) des membres trop indépendants d’esprit, trop critiques ou trop… honnêtes !
Il y a, dans le partage entre « copains » d’un gain financier extorqué un plaisir bien particulier, une exultation, comparable à ce que procure le gain à un jeu d’argent.
Les émissions de télé montrant les gesticulations hurlantes de ceux « qui ont gagné » banalisent ces comportements.
C’est très humain, tout simplement, et c’est pourquoi il ne sera pas facile de répandre « la capacité de résistance à la corruption ».
Il y faudrait des années d’éducation civique…Terme qui sonne aujourd’hui comme la dernière des ringardises.
@ tchita
les psychothérapeutes ont « obligation » d’être en « contrôle » (cad : remettre en question « leurs méthodes » de travail (pour le dire vite) avec un tiers « compétent »).
le modèle de « l’analyse institutionnelle » appliqué au monde de la finance et de la politique me semblerait un prototype intéressant de ce que pourrait être une organisation sociale qui régule « au préalable » l’investissement éventuellement « pathologique » d’ individus appartenant à un groupe auquel est confié de lourdes responsabilités collectives.
comme vous le remarquerez dans d’autres commentaires que j’ai pu « commettre » avant içi, il me semble impossible de ne plus intégrer les facteurs psychologiques (humains , si vous voulez) dans l’organisation des superstructures sociales , comme on l’a fait jusqu’à présent , hélas au détriment de « presque » tous.
A Marc Peltier et Claude Roche
Dès l’apparition de l’Etat (cf Pierre Clastre) il ya corruption puisque ce dernier est résultat d’un coup d’Etat fondant l’Etat lui même. C’est la raison pour laquelle notre démocratie est à revoir fondamentalement: il n’existe pas un intérêt général que l’on pourrait approcher par des élections…qui de fait font émerger une profession, celle du « marchand d’intérêt général ».
C’est la raison pour laquelle il faut au minimum mettre en avant les propositions de Marc Peltier: mandat unique dans l’espace et dans le temps. Maintenant il faudrait aussi réfléchir à la logique du tirage au sort qui permet des solutions et pose sans doute de nouveaux problèmes. Je suis de plus en plus intéressé par ces questions dans le cadre de ce que Paul Jorion appelle une constitution pour l’économie.
La république délègue une partie de sa Justice au Juré Populaire, tiré au sort. Pourquoi ne pas mettre se principe pour notre représentation politique (art de conduire les affaires du pays et de se projeter dans l’avenir) par tirage au
sort sous le regard bienveillant d’un comité des sages (magistrats).
Quelle belle façon de remettre du corps social à notre République.
le problème posé au niveau anthropologique, il faut encore essayer de le poser en termes politiques, voire juridiques.
Comme l’avait déjà très bien compris Aristote la démocratie a une fâcheuse tendance à se transformer en tyrannie, et, on observe aisément le sournois déplacement assis sur une propagande efficace (la dictature est un « régime où tous les pouvoirs sont réunis dans les mains d’une seule personne » (Larousse). Que cela corresponde à la réalité présente n’est plus à démontrer: gouvernement fantoche, parlement à la botte -et/ou on peut légiférer par décret ou même avant son vote-, pouvoir judiciaire apprivoisé -affaire de l’accident de scooter du successeur désigné Jean, suppression du juges d’instruction-, mainmise sur les médias grand public.)
Où est le problème? pourquoi les limites imaginées par les théoriciens de la démocratie classique ne marchent pas?
amha,1) c’est un problème de « représentation politique »: on élit des représentant que ne représentent qu’eux-mêmes, la souveraineté déléguée, est perdue; 2) un pb de manipulation de l’information, et encore plus de manipulation du système de valeurs qui sont sous-entendus par la pub ou par les exemples proposés à l’individu par les médias et l’éducation (qui vire au dressage de la maternelle au grands écoles).
Cette « crise de la représentation politique » est analysée par la science politique (hors grandes écoles) depuis au moins 30 ans, ayant bien vu que l’ élection de représentants ne garanti en rien la démocratie: le pouvoir délégué n’appartient malheureusement plus au peuple; le bipartisme (ou ce qui y tend) revient à bonnet blanc et blanc bonnet, le suffrage universel ne fait que mobiliser des masses d’indifférents qui votent essentiellement pour celui qu’ils voient plus souvent à la télé, ou celui (ou celle) qui passe mieux, qu’importe le contenu de son discours, l’image frappe plus que le logos (qui demande l’effort de raisonnement).
La seule solution qui me semble aujourd’hui envisageable est celle explorée par Hannah Arendt: la démocratie directe (« la crise de la culture » ou « essai sur la revolution »).
A son époque (elle est morte en 75) c’était pratiquement inexploitable, mais aujourd’hui avec internet, il est pratiquement possible d’envisager un système sans parlement, sans représentation, de votation directe des lois par le peuple: le parlement pourrait se transformer dans une assemblée consultative de techniciens préposés à la rédaction des lois, mais pas à la décision.
J’imagine que tout le monde ne pourrait pas s’occuper d’étudier toutes les lois, et que donc chacun ne s’occuperait que des lois qui le concernent et pour lesquelles il serait qualifié et son jugement pertinent. Un système de ce type serait donc fondé sur l’auto-sélection (chacun vote les lois qui l’intéressent selon son propre jugement), et moins sensible à la propagande, car chaque votant serait plus compétent dans son secteur.
C’est bien évidemment un système à ré-élaborer de fond en comble, mais je ne vois pas d’autre moyen de sauver la démocratie qui se délite en oligarchie et s’autodétruit devant nos yeux.
Au début dans la guerre des étoiles le sénateur Palpatine se présente comme un très habile sénateur humaniste pour la République, et envers la très jeune Reine de Naboo, mais c’est hélas après que les choses se gâtent et une fois mis au pouvoir, rassurons les petits Dark Sidious n’est qu’un personnage de pure fiction cinématographique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Palpatine
Je me demande de quelle manière s’y prendra le prochain, qu’il soit d’ailleurs plus ou moins capitaliste ou socialiste, que ne dirait-on pas aux gens de nos jours pour obtenir de nouveau le pouvoir d’agir comme bon nous semble sur autrui sur les habitants de la terre.
Viva Tchita !
François parle du système zapatiste, voici un prolongement.
Saratoga dit « L’un des plus efficaces d’entre eux est ce que j’appelle la culture de l’Ignorance Constitutionnalisée. Il s’agit de faire comprendre dès l’école que le système est tel qu’il est, et qu’il ne peut être fondamentalement changé dans ses institutions car celles-ci scellent la base nécessaire au développement de leur » savoir » et de leur bien être. » : d’accord.
Cela dit, votre article, Tchita, sent bon l’espoir car il élargit les perspectives : il nous pousse à ne plus regarder uniquement l’aspect économique de la crise actuelle. C’est une bonne chose.
« Ne devrions-nous pas travailler là dessus en préalable à tout projet de société ? » : SI.
« Comment éviter que les sociopathes soient les mieux adaptés aux postes de pouvoir? », « Comment immuniser nos systèmes politiques, économiques et sociaux à ce cancer redoutable ? » : le lien que j’ai mis sur Ghandi ouvre une voie à cette réflexion que j’aimerais voire se poursuivre.
A suivre donc.
En marge, humour quand tu nous tiens : ce matin, les infos de France Inter à 7h00, dans l’ordre : l’annonce sur Total, ses intentions de licencier en France et son chiffre d’affaire, suivie de la visite du président du Turkménistan à l’Elysée, avec entre autres commentaires le non(total…)-respect des droits de l’homme dans ce pays aux richesses (gaz il me semble) énormément convoitées 🙂 ! A tous les coups c’est Total qui va remporter le marché : « la France » ayant assuré qu’elle serait ferme sur cette question des droits de l’homme, l’expérience et les résultats (financiers et droits-de-l’hommistes 🙂 ) de Total en Birmanie la mettent en pôle position !!!
@Tchita
« Comment immuniser nos systèmes politiques, économiques et sociaux à ce cancer redoutable ? »
Un bout de la solution vient de l’utopie, soit un changement de paradigme pour chasser l’intérêt :
1/ Aucune économie productiviste basée sur l’exploitation d’une énergie non renouvelable ne peut préserver une classe de capitaliste si l’énergie exploitée et partagée par tous devient libre, abondante et gratuite.
2/ Aucune forme de monnaie qui légitime le cumul des intérêts destinée à une classe de capitaliste ne peut résister à l’adoption d’une énergie libre, gratuite et partagée par tous. Parce que l’énergie est un pré-requis indispensable à toutes productions de richesses et à son corollaire, la monnaie.
3/ Alors, aucun système économique basé sur l’exploitation du salaire d’autrui contribuant à produire quantité de marchandises et de services aux coûts sans cesse croissants (à cause du cumul des intérêts), ne pourra résister à la propagation de cette nouvelle énergie.
4/ Aucune forme de gouvernance ou de gouvernement ne peut prétendre s’institutionnaliser et perdurer s’il fait l’économie d’une recherche sur les lois de la nature : Il existe une énergie libre, abondante et gratuite qui régit les lois du cosmos. De part sa nature, cette énergie n’est plus appréciable par un coût libellé en euros ou dollars et devient incompatible avec la création d’un intérêt destiné à quelques uns au détriment de tous. Comment raréfier ce qui est abondant ? En restant capitaliste !
5/ Aucune forme de démocratie ne peut survivre sans l’énergie nécessaire à la création de biens matériels et de services pour rendre la vie des citoyens plus heureuse et supportable. La création de l’intérêt monétaire lors de l’exploitation d’une énergie abondante et renouvelable s’apparenterait à du vol. Les capitalistes ont besoin d’une énergie non renouvelable sinon ils auraient d’ores et déjà disparus.
Je fait une petite digression…
En VALEUR :
1) Production = salaires + profits
Explication : la production ne peut qu’être absorbée par les salaires et les profits, pour reprendre ces termes du partage de la VA. Une partie des salaires va à l’impôt, mais l’Etat reverse à l’économie intérieure, peut-on espérer.
Avant la crise, nous avions :
2) Production = salaires + profits + *emprunts*
L’emprunt étant nécessaire puisque sinon, il ne reste pour absorber la production que la masse salariale en gros, diminuée de l’épargne, le profit étant essentiellement thésaurisé ou allant vers la spéculation…
Quelle est la part du cout salarial actuellement dans la valeur produite ? 60 % en moyenne ?
Pourquoi ce calcul ? pour estimer la vitesse de la chute de l’économie.
J’estime donc, à la louche, très grossièrement, qu’au maximum 50% de ce qui est produit peut-être effectivement absorbé par le marché, en faisant abstraction des derniers plans d’aide publique à la consommation.
En dehors d’une aide publique massive, chaque année les entreprises pourraient en théorie se débarrasser de 50% de leurs salariés. Lorsqu’il n’y aura plus d’aide sous forme d’argent publique pris sur la dette des Etats, je ne vois pas comment contredire cette estimation.
Je rajouterais:
Production = salaires + profits + Cout environnemental
Lettre à Paul Jorion, 1/1/10
« Comprendre ce qui se passe n’est pas facile, et quand on manque de données il est toujours plus facile de croire que quelqu’un nous les cache plutôt qu’on est soi-même incapable de les trouver.
Il ne faut pas chercher des complots, quelque-chose d’organisé, la ou une explication plus basique couvre mieux tout le spectre des phénomènes qui se manifestent. Le capitalisme n’est pas un système cohérent organisé, mais une concurrence ouverte entre méthodes d’optimisation qui se perfectionnent sur le tas. Des méthodes conçues pour maximiser la performance, en sacrifiant la logique et l’éthique s’il le faut… et du moment qu’un s’y met… on ne reste compétitif qu’en suivant.
Les complots qu’on croit voir ne sont qu’imaginaires, car l’intention n’est pas dans les causes mais dans les effets. Du point de vue d’un observateur logique et éthique, la ou il n’y à qu’optimisation de méthodes et concentration libre sur celles qui s’avèrent les plus performantes, l’observateur ne conçoit pas d’autre mécanisme qu’un développement de celles-ci par le bias d’une concertation complice… et donc d’un complot organisé contre les citoyens logiques et éthiques.
Dans tous les analyses dont j’ai pu prendre connaissance jusqu’à maintenant, les vôtres [ceux de Paul Jorion] inclus, il manque un élément… la motivation ultime et basique qui pousse les personnes à agir comme ils le font et pas autrement. Une personne toute seule peut faire ce qu’elle veut, librement. Une personne dans un certain contexte, avec d’autres personnes, ne peut pas faire moins que le minimum nécessaire pour survivre. Si tricher est plus rentable qu’être honnête, et la logique nous dit que statistiquement il est impossible que tous les autres s’en privent, alors on doit tricher, et en plus mentir si les résultats en dépendent. Une fois engagé dans cette course, on ne peut plus faire
marche arrière. D’abord, parce-que si on abandonne la course on est sur de ne pas la gagner. En suite… parce-qu’ils ont commis tant de trahisons dans le sens logique et éthique le temps que cette course folle dure déjà, qu’ils ne peuvent échapper à la guillotine s’ils laissent entrevoir aux spectateurs qui n’y comprennent toujours rien quelle est la nature de la course et quels abus ils ont commis pour rester dedans et compétitifs jusqu’ici.
Connaissant les contraintes… on peut anticiper leur comportement. La course qui fonce droit dans le mur en accélérant est sacrée tant que la guillotine sera moins loin dans l’avenir que le mur.
La seule solution… arrêter la course de l’extérieur, en se rendant compte de sa nature et en appliquant des atténuants (maladies mentales transitoires, contraintes logiques insurmontables, c’est à dire… ils ne sont pas volontairement criminels, mais logiquement malades) pour éviter les guillotines. Il faut les convaincre qu’on peut s’arrêter
avant la guillotine et avant le mur, et sans que aucun franchise la ligne d’arrivée, donc sans perdants par manque de vainqueur.
Ceci n’est donc pas ma « Théorie du Complot », juste ce qui devait être par la force des choses quand on n’anticipe pas les dommages collatéraux futurs des stratégies de survie qu’on met en marche, ou quand, même en anticipant on ne peut se priver des avantages immédiats sans rester derrière dans la course parce-que on anticipe aussi que d’autres peuvent trouver la même stratégie et ne pas se priver, eux.
Seuls ceux qui ne savent pas qu’arrêter la course folle est impossible, peuvent essayer et éventuellement réussir.
Dans la toile d’araignée que je tisse moi-même comme modèle de notre civilisation, tous les événements connus trouvent logiquement leur place, sans besoin de relire la moitié de la bibliothèque pour essayer de comprendre. Je n’ai même pas lu un seul de vos livres (manque d’argent, mais aussi de temps pour lire tout ce qui pourrait être
intéressant).
Libre à vous de croire qu’Étienne est plutôt un caillou dans votre soulier. Il essaie de comprendre et cela lui prends trop de temps parce-que il s’égare par manque de critères objectifs sur lesquels se concentrer dans ces analyses. Il ne comprends pas, tout comme vous, pourquoi quelques-uns se manifestent sur son blog et forum en opposition
acharnée aux critères et faits qu’il à accepté lui comme inamovibles.
Et vous, qu’est-ce que vous savez qui vous éloigne des complots? »
C’était donc ma lettre à Paul il y à un mois.
Basiquement, ce que je dis c’est que depuis que l’homme s’est développé une intelligence et un savoir anticiper ces nécessités il à développé aussi deux stratégies distinctes de survie… a) créer des communautés autosiffisantes surplace ou tout le monde s’entraide pour incrémenter les ressources disponibles, et b) partir comme explorateur dans l’espoir de trouver quelquepart des concentrations de ressources plus abondantes. Ces deux alternatives semblaient également équitables et honnêtes au départ… parce-que les décisions furent prises à un moment dans notre histoire ou il y avait plein d’espace vierge ou s’aventurer, mais l’existence de la seconde alternative s’est avéré être un piège logique duquel on ne sait plus s’en sortir.
En effet, différents explorateurs trouvèrent des ressources abondantes… et bâtirent des empires. Mais vint le moment ou l’espace libre d’expansion se termina, et ces empires glissèrent « naturellement » vers un nouveau paradigme existentiel. Si dans un premier temps les besoins à couvrir étaient linéaires et limités… couvrir les besoins de logement et manutention des individus, à un certain point on se rendit compte que le pire ennemi de cela n’était plus la nature… mais un autre empire qui cherchait à obtenir le même but pour ces individus, et on passa sans trop s’en apercevoir d’une logique de besoins linéaires à une logique de besoins relative. Relative, parce-que il ne s’agit plus d’avoir un toit et de quoi manger tous les jours, ce qui demande une quantité de ressources finite, mais d’avoir assez pour défendre les acquis d’un groupe et même de les accroitre, contre les intentions d’un autre groupe (existant ou imaginaire) qui ferait de même. On cesse donc d’avoir besoin de la certitude d’avoir assez à manger… et on passe psychologiquement à l’incertitude la plus absolue et permanente sur le fait d’avoir assez pour résister à l’assaut d’un autre groupe (existant ou imaginaire) cherchant à accroitre ces ressources.
C’est la qu’on devient paranoïde… une fois qu’on est dans le piège d’une telle logique (et il n’y à point besoin de l’existence d’une conspiration pour arriver logiquement à ce point de non-retour), si l’on se procure 5 têtes nucléaires… on s’imagine que l’opposant en fabriquera tôt ou tard 10… et on prévoit déjà le besoin d’en avoir 50 (pour le moment, après on verra). A ce moment la, ce n’est pas encore une conspiration, tout est développement logique.
Mais arrive le moment ou ceux qui prennent les rennes dans la défense de leurs peuples doivent faire des choix difficiles… on peut construire plus de têtes nucléaires, et ainsi mieux se préparer pour défendre le peuple… en détournant des ressources de la satisfaction des besoins ordinaires des peuples eux-mêmes. C’est une décision qu’il faut mieux prendre entre initiées (aux besoins de défense) sans demander au peuple son consentement. La, on développe une caste d’initiées et au même temps de traitres qui ne trouvent cependant aucune échappatoire à leur logique implacable… il le faut, parce-que si on envisage la possibilité… c’est que « des autres » doivent l’envisager aussi, et que ne pas prendre la décision la plus garantiste (comme l’autre peut décider de le faire on ne reste compétitifs qu’en le faisant apriori).
C’est une fois prises ces décisions implacables que le peuple ne peut pas comprendre… qu’on devient une caste avec des intérêts communs… pris entre le mur d’une logique suicidaire et la guillotine de la colère des peuples… ils ne peuvent décider de risquer la guillotine sure aujourd’hui, ils aiment leurs vies tout autant que nous et ils préfèrent le mur à un date prochaine mais incertaine.
Ils n’en dorment plus, et ils doivent se consoler en s’attribuant des ressources pour bien vivre une vie matérielle car autrement dépourvue de profondeur psychologique.
Si vous voulez explorer ce scénario existentiel avec plus d’amplitude, il vous faut lire « Emphyrio » de Jack Vance (de la science fiction, autrement nommé en français de l’anticipation).
Si je comprends votre idée, les autorités d’un groupe humain se retrouvent avec un problème de concurrence. Il s’agit d’assurer la survie du groupe dont ils ont la charge. Ce groupe est automatiquement menacé par les autres groupes. D’autre part, les ressources disponibles ne suffisent pas à satisfaire les besoins de la population et la sécurité (militaire) de cette même population. Le second problème est une question de survie et justifie donc des sacrifices pour affronter le premier problème. C’est une recette pour le désastre. Votre idée revient à dire que les groupes en concurrence ne peuvent que s’affronter et tout le monde s’anéantira à cause de cette concurrence.
Si je vous ai bien compris, alors vous avez là une excellente idée. Elle résume la problématique affrontée par nos autorités. Elles ne peuvent pas négliger la sécurité et doivent également gérer leurs demandes de sacrifices à la population pour préserver un statut quo. Vous avez découvert, à mon avis, un aspect important des relations de concurrence.
Dans cette logique, un pervers est à l’aise. Si je comprends ce qu’est un pervers, alors il sait demander des sacrifices aux autres. Il sait mener une attaque contre un adversaire plus ou moins réel. Il sait réagir à une attaque sans s’embarrasser de morale. Il sait s’assurer d’une position dominante. Il a en lui des qualités essentielles à la survie de son groupe. Si en plus, il identifie ses intérêts à celui de groupe, son engagement sera total et je retrouve la théorie ubuesque des « vices privés, vertus publiques ».
En prime, vous me donnez une issue à cette condamnation « L’homme est un loup pour l’homme ».
Remarquable. L’idée de départ est l’existence d’une quantité limitée de ressources pour des besoins illimités. Vous en tirez des conclusions, que je peux appliquer au monde qui m’entoure, sans voir en l’être humain un monstre à dénoncer, juste un humain avec un problème délirant.
En passant, et cela me plaît, vous mettez à terre l’idée de concurrence et son efficacité supposée indépassable.
Mes félicitations.
simplesanstête,
Pour moi, le Dr Folamour est le personnage central d’un film de Kubrick interprétée magistralement par Peter Seller. Ce personnage assure la sécurité des USA avec quelques autres huluberlus de très haut vol. J’aime aussi beaucoup le général et le pilote du bombardier qui fait du rodéo sur sa bombe atomique. Ils se retrouvent dans une situation insensée parce que le général se met à délirer et qu’il déclenche une guerre nucléaire.
Si votre remarque revient à considérer les membres de cette « élite » comme des analogues du personnage de Peter Sellers, je suis d’accord. Ils ont un problème tout à fait analogue.
Cela revient presque à dire que la course aux armements est une autre façon de pratiquer la concurrence au niveau mondial. C’était une autre forme de mondialisation. Elle a cessé par fusion-acquisition, ou faillite, de l’un des acteurs de ce mouvement.
Bonjour à tous
La seule façon de gérer un pervers c’est impérativement de ne pas rentrer dans son jeu: celà implique jusqu’au refus de tout contact avec lui.
Sur le long terme la seule solution c’est de le soigner avec son consentement.
Tout ce que je lis içi comme mesures à appliquer est certes judicieux mais se heurte à la réalité: les pervers sont au pouvoir: ceci implique que ce sont eux qui sont en mesure de modifier les régles à leur gré et de les imposer soit par la force soit par la propagande longuement appliquée par les média et autres courroies de transmission modernes.
User de la force alors? Vous retombez dans la genèse de la dictature et recommencez le cycle!
Toute solution du type: LES empêcher de… implique les questions suivantes:
Seule la transformation intérieure de chacun – celà prend au minimum 20 ans de cheminement ardu- à partir des grands textes de l’espérance – présents dans toutes les grandes civilisations- peut apporter une solution perenne : il s’agit tout bonnement de passer de l’anthropoïde à l’humain: les dinosaures ont été présents et dominants pendant 80 millions d’années; l’homme est extrêmement récent il nous faut du temps: encore quelques milliers de générations appliquées au chemin!
Bonne nouvelle: l’internet est un bon accélérateur de prise de conscience.
« La seule façon de gérer un pervers c’est impérativement de ne pas rentrer dans son jeu: celà implique jusqu’au refus de tout contact avec lui. »
Oui, je suis d’accord avec cela.
« Sur le long terme la seule solution c’est de le soigner avec son consentement. »
Et là, pas d’accord du tout ! Ils sont impossibles à soigner en thérapie.
Demandez l’avis des psy, un pervers ne se soigne pas. Il fera peut-être semblant de jouer le jeu, mais ce sera pour en tirer des avantages.
Attention à ne pas tomber dans ce piège !
Merci pour ce billet important, Tchita, nous entrons au coeur du problème.
D’un côté, la majorité des votants a désigné un homme pour lequel la gratification suprême est de faire briller une rolex sur le pont du yacht de monsieur Bolloré tout en ajoutant une loi inapplicable à la suite de chaque fait divers. Pour la majorité actuelle, l’accession à ce mode de vie (si on peut appeler cela vivre) ressemble à l’accession au bonheur terrestre.
Personne n’a voté pour Diogène ou Socrate, d’ailleurs ils ne sont pas pas présentés à cette fonction.
Il faudrait donc élire ceux qui ont en horreur de diriger les autres et ceux qui doutent d’avoir des solutions toutes faites. Je suis pour, mais ça va prendre un certain temps.
Par deux fois au cours de mon existence, on m’a proposé un pouvoir de direction, et j’ai refusé. J’avais bien trop peur de prendre goût à user et abuser de ce pouvoir. Je sentais qu’une fois lancé dans cette compétition, il m’en faudrait de plus en plus, et ce jusqu’à épuisement. Et j’ai préféré le repos à l’agitation.
Il est évident que les sociopathes sont attirés par la dominance, mais il est tout aussi vrai que le pouvoir transforme les mieux avertis…
Tentons de remplacer les échelles de dominance – pyramidales/verticales – par des structures horizontales (à inventer). Augmentons les prises de décisions collégiales. Expliquons aux enfants la façon dont leur cerveau fonctionne, développons leur néo-cortex par l’apprentissage des arts, sciences, philosophies, etc. N’encourageons plus la compétition, les instincts primaires, mais le plaisir de la découverte, de l’imagination, la créativité. Glorifions et rémunérons davantage les gens en fonction de la paix qu’ils procurent à ceux qu’ils rencontrent, …
Henri Laborit: « Ce n’est pas l’utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance. »
Il s’agit d’inventer un système qui réduise le pouvoir qu’est tenté d’exercer sur les autres chacun d’entre nous.
» Par deux fois au cours de mon existence, on m’a proposé un pouvoir de direction, et j’ai refusé. J’avais bien trop peur de prendre goût à user et abuser de ce pouvoir. »
Je vous tire mon chapeau, si seulement nos élites pouvaient prendre davantage exemple sur vous. Il s’agit surtout de mettre aux hommes des enfants un peu moins gâtés et déformés par les seules valeurs actuelles.
Prendre conscience de sa propre capacité de nuisance est une première étape, fondamentale, me semble-t-il…
« …Par deux fois au cours de mon existence, on m’a proposé un pouvoir de direction, et j’ai refusé…. »
moi , aussi …
il s’agissait d’un poste de chef de service (secteur santé hospitalier)
plus grave , je « croyais » à l’époque en la réforme proposée par Jack Ralite…qui proposait un fonctionnement collégial des services hospitaliers..donc suppression des « chefferies »…
les mandarins ont repris rapidement le pouvoir dans « leurs services » avec la victoire de Chirac en 86 et la première « cohabitation »
il semble que notre société eut de bonnes idées qui n’ont pas résisté aux « Robert Macaire »
« prendre conscience de sa propre capacité de nuisance…. » certes mais pour ce qui concerne les sociopathes, les pervers c’est justement la connaissance de leurs capacités à nuire, à faire le mal, à nier les droits de(s) autre(s) qui est le moteur de leur vie, je dirai même l’essence de leur vie, leur jouissance suprême ! Ce sont de grands malades mais aussi souvent des êtres particulièrement intelligents, alors ne comptez pas sur un changement de leur part, ils ne peuvent pas changer, leur structure mentale est ainsi faite et pour eux le « pouvoir » sur autrui est le but …… Le seul moyen de les empêcher de nuire c’est de leur enlever leurs pouvoirs, les ignorer, les oublier et là ils s’effondreront.
@ Brigitte
Je parlais de la conscience de ma propre capacité potentielle de nuisance: je refuse obstinément le pouvoir, de peur de m’en servir…
Etant persuadé que je fonctionne (à peu près) comme la plupart (certains nuiront peu, d’autres seront de véritables tyrans au contact du pouvoir), une piste de réflexion se situe, me semble-t-il, du côté de la répartition/équilibre du pouvoir/contre-pouvoir, de l’instauration de décisions collectives, etc…
Je remarque que vous êtes optimiste quant au traitement des sociopathes! 😉
Bien cordialement
Bonjour à tous
La seule façon de gérer un pervers c’est impérativement de ne pas rentrer dans son jeu: celà implique jusqu’au refus de tout contact avec lui:
au niveau politique : implique 100% d’abstentions aux élections, désobéissance civile totale, refus de participer à toute action empreinte de corruption
au niveau économique: démissionner immédiatement de toute entreprise au comportement pervers! refus de chacun de toute compromission à quelque niveau que ce soit
Combien d’entre nous ont appris à se libérer de leurs peurs afin de pouvoir agir ainsi sans faiblir?
Sur le long terme la seule solution pour ne pas subir un pervers c’est qu’il se soigne! avec l’aide de tous!
Tout ce que je lis içi comme mesures à appliquer est certes judicieux mais se heurte à la réalité suivante: les pervers sont au pouvoir; ceci implique que ce sont EUX qui sont en mesure de modifier les régles à leur gré et de les imposer soit par la force soit par la propagande longuement et minutieusement appliquée par les média et autres courroies de transmission modernes. ( A propos: Combien d’entre vous ont lu le » Petit traité d’autodéfense intellectuel » de Norman Baillargeon; qui sait qui fut E. Berneys ?)
User de la force alors? Vous retombez dans la genèse de la dictature et recommencez le cycle!
Toute solution du type: Ya Ka LES empêcher de… implique les questions suivantes:
QUI nomme QUI, de quel droit, de quel LIEU, pour décider QUOI avec quels moyens et en vertu de quels principes moraux par définition caduques ? Qui décide qui sont les LEs à empêcher absolument?
Seule la transformation intérieure de chacun – celà prend au minimum 20 ans de cheminement ardu- à partir des grands textes de l’espérance – présents dans toutes les grandes civilisations- peut apporter une solution perenne : il s’agit tout bonnement de passer de l’anthropoïde à l’humain: les dinosaures ont été présents et dominants pendant 80 millions d’années; l’homme est extrêmement récent il nous faut du temps: encore quelques milliers de générations appliquées au chemin!
Bonne nouvelle: l’internet est un bon accélérateur de prise de conscience.
Cordialement.
» Petit traité d’autodéfense intellectuel » : très bon bouquin, que je conseille à tous…
– comment faire : la seule voie acceptable est l’introduction de ces mesures dans un programme politique, donc cela peut effectivement prendre du temps. Ceci dit, les bonnes idées vont vite, surtout dans une période où tout le monde sent bien qu’il y a un très grave problème. Je pense que si l’un des partis politiques actuels s’en mêle, les autres devront suivre.
Les solutions: réduction des durées de mandat et tirage au sort des postes dirigeants.
Si les sociopathes, les pervers, les cupides, les déviants sont les maffieux qui nous gouvernent et organisent la société, c’est sûr, ça marchera beaucoup moins bien. Et de fait ça marche pas si bien que ça.
Alors que faire? Le camp de rééducation pour tous ceux auxquels on pense? Amusant de voir défiler les » impétrants » en tenue rayée, boulet au pied à l’heure de la distribution du pain sec et du quart d’eau croupie. Tiens ! Il me semble reconnaitre là le petit arrogant et derrière lui le grand argentier. La tenue leur va bien, je trouve. C’est drôle comme une barbe de quelques jours et un bob à rayures peut transformer un visage. Ah! Les apparences. Elles sont trompeuses! Oubliés les limousines de fonction, les gyrophares et les portes qui claquent, tapis rouge, haies d’honneur et crépitement de flashs. Faudrait pouvoir instaurer les bagnes de la République à l’intention de ceux qui nous gouvernent, une trappe pour les pères Ubu en quelque sorte. Allez ! On vote ?
Il semble effectivement que nous soyons entrés dans une nouvelle ère anthropolgique avec l’apparition de » l’homme nouveau ». Finis le juge intègre, l’instituteur dévoué, le médecin humaniste et l’honnête artisan plombier, place au mafieux. Je ne peux que rejoindre Helios faisant allusion à l’homo sovieticus finement décrit par Alexandre Zinoviev. Je voudrais rappeler que dans la pratique militante « communiste » du « centralisme démocratique » il était de règle de faire appliquer une décision prise par le « comité central » par celui qui s’y était le plus opposé dans le cours de la délibération. D’autre part dans le système mafieux il faut, bien sur, s’assurer de « l’indéfectible fidélité » du soldat de base en lui faisant exécuter un crime « gratuit » qui , non seulement signera son intégration dans la « famille » mais le tiendra aussi à vie… C’est cela aujourd’hui qui est à l’oeuvre pour faire partie du « club » des décideurs. Seuls ceux qui ont victorieusement passé ce rite de passage prendront part au banquet, les autres pourront disparaître ou retourner à une condition d’Esclave Postmoderne. Nous avons assisté à une autre « Grande Transformation »
Pour reprendre l’assertion de Paul sur la »tolérance à la fraude », mon expérience professionnelle, dans le milieu publicitaire, m’autorise à confirmer la place massive voire incontournable de cette « tolérance » dans la pratique de base de cette activité. La « simple » rétrocession commerciale est une pratique largement dépassée… Il ne s’agit plus de corruption d’individus, « brebis égarées », « dysfonctionnement local du système », au contraire la fraude en est littéralement constitutive. Il s’agit de l’organiser institutionnellement, « l’optimisation fiscale », la sur ou sous-facturation délibérée (il est bien connu qu’au royaume du talent ou du mérite on ne compte pas…) la double comptabilité à tiroir de filiales toujours installées offshore…. La mondialisation est particulièrement bénéfique…
Imaginons une multinationale (un peu nord-américaine sur les bords) qui passe un contrat (quelques centaines de millions d’euros) pour sa communication publicitaire mondiale avec une agence elle aussi mondiale (mais plutôt germanique sur les bords). Il est très important (bien plus que la compétence réelle) dans le choix du partenaire qu’il n’y ait pas connexion directe entre les institutions de contrôle (juridiques, fiscales, normes comptables, etc…) des sociétés en question. C’est là que réside la nécessité de conserver un minimum de « souveraineté nationale ». Le contrat en question portera sur l’ensemble des marchés où les produits de la multinationale sont vendus (Amérique, Europe, Asie et bien sur et surtout les marchés « émergents », Russie et Chine). Et là miracle des services juridico-financiers des deux firmes, la majeure partie des transactions effectuées le seront pour l’Europe par la filiale russe (en fait détenue par une holding de juridiction lituanienne, donc hors zone euro (y a bon l’Union Européenne) ayant ses comptes aux Iles caïman), la partie congrue, je veux dire propre… suivra un canal normal. Les mêmes activités sur le marché asiatique (surtout chinois ) devront, bien sur, passer par le Sultanat de Brunei… (Toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite)
Merveille de l’ingénierie financière…
Après nous pourrons reparler du déficit, ou plutôt, du besoin de financement de la sécurité sociale, et de « l’allocation optimale des ressources ».
Pour conclure, très provisoirement, il me semble que l’opération « Mains Propres » nécessaire pour tenter de faire surgir un monde débarrassé de cette « pieuvre » a besoin, pour avoir un début de commencement, d’un engagement personnel, au sens fort, du même ordre et avec peut-être les mêmes conséquences « vitales » ou mortelles », c’est selon, que celui qui a fait se lever les parisiens qui ont pris la Bastille ou les étudiants allemands de la « Rose blanche » morts décapités.
En sommes-nous proches?
L’homme est ce qu’il est et il faut faire avec.
C’est donc le système qu’il faut améliorer.
Pour améliorer notre démocratie = + de transparence et surtout + de contre-pouvoir (y compris en interne, pourquoi ne pas avoir des observateurs de l’opposition dans tout organe décisionnel : gouvernement, conseil régional, etc. avec un accès direct aux dossiers).
Cela limiterait déjà fortement les abus, arrangements et dérives.
Pour le mandat unique et non cumulable strict : Cincinnatus.
Lucius Quinctius Cincinnatus
+ 1, règle indispensable à la démocratie!
Une action qui pourrait prendre serait d’organiser une grande marche blanche sur le modèle de celle qui a eu lieu en Belgique…
une « Action pour l’Interêt Général » (non AIG, déjà pris…)
ou un « Pique-Nique Anti-Corruption » (pas glop non plus…)
« Evinçons les Valets des Oligarchies » (…?)
non, sans slogan, finalement.
Hasard des circonstances ou prédestination, il y a sans doute des deux, j’ai été amené à côtoyer de près la nomenklatura des décideurs, et même à en faire modestement parti pendant quelques années. Cela a été l’occasion d’effectuer une passionnante exploration de ce territoire, où l’on ne pénètre pas sans montrer patte blanche, non sans être parrainé et avoir été adoubé.
Elle m’a permis de connaître et de pratiquer les singuliers codes et règles qui en régissent le fonctionnement. Je m’y suis appliqué à passer inaperçu, calquant mon comportement sur celui des autres, ayant saisi que les déviances n’étaient admises dans ce monde que si l’on était pourvu d’un solide pedigree, ou que l’on bénéficiait d’une protection clanique à toute épreuve. Celle-là même qui permettait, d’échecs en échecs, de construire une brillante carrière.
Ceux-ci me faisant défaut, étant atypique, après avoir fait mon métier du mieux que je pouvais, j’ai quitté ce monde comme j’y suis rentré : sur la pointe des pieds. Mon bagage professionnel mieux garni, ma carrière interrompue sans regrets sur sa lancée prometteuse. Ne voulant pas m’accrocher, ayant déjà beaucoup appris, j’ai préféré prendre le large où je suis depuis.
J’en ai conservé des clés qui me servent souvent lorsque je cherche à décrypter l’actualité, en y décelant des logiques de pouvoir et de carrière, en y repérant des ressorts inavoués. N’ayant pas oublié que le principal savoir faire de ce monde fermé est la conquête du pouvoir. Chacun s’y essayant, sous le parapluie d’un clan d’abord vénéré, ensuite respecté et enfin protégé. Qu’il se prolongeait d’un autre, acquis au cours de l’apprentissage intensif qui suivait l’accession au pouvoir: celui de son exercice. Le carnet d’adresses étant le plus important des viatiques.
Et que, pour le reste, c’est à dire la manière dont les décideurs prenaient les décisions essentielles, ainsi que les raisons véritables qui les animaient, ou bien les critères qu’ils utilisaient, il y avait souvent de quoi être atterré, mais il était conseillé de le masquer !
Pour en avoir partagé l’intimité, je sais que la compétence et le mérite sont des vertus peu partagées dans la nomenklatura.
« Pour réussir, il faut mettre de l’eau dans son vin jusqu’à-ce qu’il n’y ait plus de vin ». (Jules Renard)
Avez vous vu passer le livre de G. Soros « Mes solutions pour la crise » (Je cite le titre de mémoire) ?
Dans ce que vous dites, il y a un écho de ce que Soros dit. C’est quelque chose comme « Un homme politique cherche à garder le pouvoir ». Il ne cherche pas du tout la vérité. Cela rend l’analyse de type scientifique (cf Popper) inadéquate aux relations politiques. Cela crée, selon ma compréhension, un monde où les « opinions sont des faits » ou des réalités. Une interaction entre humains devient incertaine. Les opinions peuvent changer. Ce monde va donc changer et la décision rationnelle devient un délire.
Ce n’est pas tous les jours que vous vous confiez, mais quand vous le faites c’est comme lorsque vous écrivez des billets sur la crise, cela m’interpelle,
Vous semblez nous dire que cela touche la plupart des membres de la nomenkatura c’est bien cela, mais encore que voulez-vous dire à certains passages de votre commentaire :
» Elle m’a permis de connaître et de pratiquer les singuliers codes et règles qui en régissent le fonctionnement. »
Faites vous allusion à des signes particuliers et secrets de reconnaissance entre-eux, comme par exemple avec les gens de la FM ou de manière générale à une certaine manière d’être que l’on vous suggère plutôt de suivre car de toutes façons il en sera toujours ainsi porter des masques.
Décidément tout cela sent de plus en plus mauvais je trouve …
Exact, analyse pertinente.
Monsieur Leclerc,
Je ne sais pas à quelle nomenklatura des décideurs vous faites allusion ni à quels codes et règles vous faites référence, mais à mon humble niveau quelques étages en dessous, je vis encore actuellement la même chose mais en pire. Parfois j’ai l’impression désagréable d’être un chien dans une meute, parmi d’autres meutes. Il faut plaire, montrer les dents, opérer des alliances, trahir, aider, flatter, bref construire son tissu de relations pour protéger son arrière train ou étendre sa propre emprise ridicule. Faire son métier du mieux qu’on peut passe malheureusement pour moi par l’acceptation de ce cirque grotesque. S’en écarter c’est impitoyablement finir par être mordu, blessé et dévoré.
Les hommes politiques du niveau dans dessous dont la trombine s’étale depuis des années sur les murs et les poteaux ErdF, des villes et campagnes sont tout aussi veules, lâches et occupés à leur propres intérêts que ceux d’en dessus. La moindre parcelle de pouvoir dans n’importe quel bureau de n’importe quel service public ou privé est un cloaque puant coulant d’abus et de fraudes.
Purée des courbettes et des salamaleks j’en ai fait et j’en fait encore, tellement que je n’ai même plus mal à l’orifice c’est vous dire ! Pourtant ce n’était pas tous des « grands » décideurs, ou de « grands » politiques, non juste dans mon expérience d’un homme ordinaire, d’une vie ordinaire avec des gens ordinaires.
Des chiens monsieur Leclerc, et tous ça pour une gamelle, une place dans la niche, une femelle en chaleur, des chiens qui me refilent leurs tiques que je finis par gratter avec mes pattes.
Je vous laisse on me siffle.
@François Leclerc: des fois je me demande comment des gens comme vous, que je juge admirables, sont possibles. La nomenklatura que vous décrivez est celle de tous les temps et tous les lieux. En somme, elle est normale. Tout comme Vincent, je sais que les choses ne sont souvent pas bien différentes aux échelons du dessous. Donc, comment se fait-il que des gens refusent ce qui n’est finalement que le fonctionnement normal de la machinerie sociale? Je dois vous dire que je suis moi-même ainsi, ayant sacrifié une éventuelle carrière à des valeurs que je considérais prioritaires, mais parfois je me demande d’où me vient ce refus intérieur de ce que sont réellement les conventions sociales. Une haute conception de la morale? (anormale?) L’influence d’une idéologie? (laquelle?) Autre chose de moins avouable? Y avez-vous déjà réfléchi?
Les dissidents, hier en URSS et dans les pays de l’Est et aujourd’hui en Chine, se sont-ils jamais posé la question ?
J’ai eu le privilège de connaître certains d’entre eux, et ils m’ont toujours beaucoup impressionné par leur force de caractère et de conviction. Quant on a serré la main d’Elena Bonner, la veuve d’Andreï Sakharov, on a compris qu’il y a des gens dont il vaut mieux ne pas être leur ennemi : devant l’inacceptable, ils ne cèdent pas. Une génération de gens indomptables enfantés par le système qu’ils rejetaient.
Avez-vous lu « Les hauteurs béantes » d’Alexandre Zinoviev ?
@François Leclerc : Pendant leur combat, je doute effectivement qu’ils se soient posés des questions, sans quoi ils n’auraient pas combattu beaucoup. Mais en lisant ce qui est dit sur Zinoviev dans wikipedia, je crois comprendre que cela n’est pas impossible après-coup: « Dans les années suivant la disparition de l’URSS, Alexandre Zinoviev a dénoncé le totalitarisme qu’engendreraient, selon lui, l’Occident et la mondialisation libérale. Il a développé une violente critique du monde postsoviétique, allant jusqu’à déclarer que, s’il ne reniait pas ses critiques envers le régime précédent, il les aurait cependant tues s’il avait pu prévoir ce qu’il adviendrait après sa chute. »
Je vais de ce pas me procurer ce bouquin de Zinoviev, qui m’a l’air d’être quelqu’un d’exceptionnellement lucide et intègre.
Mis à part cela, dois-je comprendre que votre réponse à ma question sur la motivation à cette résistance au fonctionnement « normal » de la société est: la foi (en certaines valeurs)? (vous parlez de conviction, mais c’est idem)
Sans vouloir esquiver, est si cela allait tout simplement de soi, comme une certitude, l’une des rares que l’on puisse avoir, à laquelle on tient tout particulièrement ?
@Cécile @ arkao
« si les peuples votaient les budgets ? »
Une brésilienne m’a dit qu’au Brésil aussi la population a voté pour des choix budgétaires d’un plan d’austérité. C’est d’une hypocrisie sans nom, car l’austérité était présentée comme base indiscutable et la population est ainsi obligée de participer à son propre apauvrissement, la politicaille ayant beau jeu de dire qu’elle n’est pas responsable puisque c’était un choix de la population.
Peut être que François Leclerc pourrait nous en dire plus ?
Malheureusement non, car je ne vois pas à quelle consultation votre interlocutrice faisait référence.
Fatalitas dit :
1 février 2010 à 09:42
« Bonjour,
Pour moi, tous ceux qui recherchent toujours plus de pouvoir ou d’argent sont des gens immatures et resteront des arriérés mentaux dont le développement intellectuel est incomplet.
Avec le peu de temps qui nous est imparti sur cette planète, il y a certainement beaucoup mieux à faire.
Cordialement. »
Dans l’histoire de France ou d’autres pays les gens n’ont pas toujours étaient dirigés de la sorte, il y a certainement des gens plus intelligents, plus sages, plus différents de nos jours dans nos sociétés.
Faut-il être déjà profondément corrompu pour vouloir accéder à l’exercice du pouvoir ?
Que recherche-t-il à prouver celui qui recherche continuellement plus de pouvoir sur autrui ?
Que cela amène davantage le bien au monde à une société ?
Tchita,
Vous expliquez remarquablement bien comment la nomenklatura se reproduit. Paul Jorion donne un puissant motif de fermeture de cette oligarchie sur elle même : la fraude.
Une façon de comprendre pourquoi notre société est sans défense face à cette nomenklatura est donnée par Michea dans « L’empire du moindre mal » et ses autres livres. Il ramène, selon ma compréhension de ses idées, ce problème aux Lumières. À ce moment, l’idée est que les hommes ne peuvent pas vivre ensemble sur la base des religions. Il faut donc un mode de vie en commun indépendant de toute morale, de tout dogmatisme, de toute religion, etc…. Ce mode de vie est basé sur une liberté des individus aussi totale que possible.
Comme il y a des interactions, il faut les réguler en évitant tout ce qui ressemble de près ou de loin à une morale commune. Pour cela, il y a l’économie et la politique. En théorie, avec un peu d’efforts et de bonne volonté, il devient possible de rendre ces deux branches des relations humaines scientifiques. Il y a donc des sciences économiques et des sciences politiques. Je crois que Hobbs est considéré comme l’ancêtre et le fondateur de la science politique. Après, cela a donné tous les systèmes plus ou moins bien formés devant créer des hommes nouveaux ou des méthodes pour forcer les humains à se comporter décemment. En pratique, cela exclut toute référence à un bien commun, à la bienséance, au respect de l’autre, à la volonté de partage etc.. Ce seraient tous des dogmes inadmissibles. Seules les relations rationnelles deviennent admissibles.
L’économie avec l’argent permet de fournir un cadre rationnel à tous les échanges. La politique ne s’occupe que de maximiser la liberté de chacun en fonction des relations de pouvoir. Le plus puissant a le plus de liberté. En théorie, il faut renégocier sans cesse tous les rapports contractuels. Comme le respect de la vérité ne fait pas partie de la relation, le manipulateur a un énorme avantage. Comme la liberté est un absolu, il est interdit d’interdire au menteur de parler. Les mensonges sont plus rapides, plus adaptables, d’une productivité plus grande que la vérité. Le sociopathe est libre.
C’est une idée pour comprendre comment les sociopathes peuvent monter en grade. C’est une idée pour comprendre ce qui nous désarme face à ces gens. Je trouve cette idée encore floue, mais je pense être sur le chemin.
Michea parle de ces gens. Il les a vus à l’oeuvre partout. Il les nomme les « Robert Macaire ».
Aujourd’hui, les « Robert Macaire » sont au pouvoir.
Les lumières ont-elles vraiment bien apportées la lumière à l’homme ? Pourquoi tant d’aveuglement de nos jours ?
A vous lire, il semblerait donc que l’abandon de l’idée de religion a eu plus de désavantages que d’avantages… Certes, les obscurantismes, dogmatismes, et autres soumissions à « l’ordre établi » ne sont certainement pas à regretter, toutefois, les idées des « Lumières » ont leur éclat désormais terriblement terni ! Le ver était-il à l’origine dans le fruit ? Toute société a besoin de liens (avec les autres, la nature, le cosmos…) de respect mutuel et de considération : l’autre doit être autant « sacré » que soi-même. Sacraliser aujourd’hui à ce point la seule « liberté individuelle » est à mon sens une forme très illusoire de croyance qui nous amène collectivement au gouffre. Une authentique liberté s’acquiert par l’observation de notre propre fonctionnement, qui nous permet de nous détacher peu à peu de nos peurs, attachements, culte de l’égo… Comprendre et sentir que tout est interdépendant, que nous sommes tous reliés… Autrement, nous croyons être « libres », fièrement et farouchement « indépendants » mais nous sommes dans l’illusion : nous ne sommes que le jouet de nos désirs, envies, sans recul d’aucune sorte. Ce qui ne résout pas le problème : comment nous libérer en même temps et rapidement des contraintes économiques, écologiques et autres urgences imposées par l’inconscience et l’avidité de pas mal de ceux qui nous gouvernent ? Une observation juste de ce qui se passe permettra-t-elle de mettre clairement à jour une certaine forme de folie (la norme actuelle de la course au profit, de l’exploitation des hommes et des ressources…) ? Est-ce que le fait de voir collectivement cela n’enlève pas de facto une grand part de ce pouvoir ? N’est-ce pas notre propre aveuglement qui donne pour l’instant encore du pouvoir à ce système moribond ?
D’après ce que je vois autour de moi et dans les informations. Je doute des Lumières. Pour laisser la liberté maximale aux individus, Elles ont éliminé les devoirs réciproques de l’histoire. Il ne reste que des relations d’argent, de pouvoir et de tribunaux (C’est un mot de Michea que je cite ici de mémoire et que je crois pertinent). C’est la méthode actuelle de renégociation des rapports entre humains. Il manque cruellement un critère de qualité pour savoir ce qui est mieux. L’argent fournit une méthode de mesure. Ce qui rapporte est bon. Ce qui coûte et mal. L’argent permet également et très facilement de comparer deux bonnes ou mauvaises méthodes. La force est aussi une méthode de mesure. Le plus fort gagne. C’est une réalité expérimentale. Le monde de la concurrence permet de laisser ce critère de « qualité » s’exprimer. Je parie avec n’importe qui que je perd un combat de boxe contre le champion du monde. Quand il y a un point de procédure ou un contrat à régler, le tribunal permet de trancher. Le meilleur avocat décide du jugement. J’aime aussi beaucoup les « lobbyistes » et les « think tanks ». Ces gens manipulent les élus pour qu’ils produisent les lois désirées par leurs clients. Ces gens font écrire les lois régissant les tribunaux. Le péquin de mon acabit, dans cette situation, représente au mieux un paquet de viande chaude ou un porte-monnaie pas trop rempli. Bref, un pas grand-chose ou un moins que rien.
Le paysan de l’Ancien Régime ne valait rien. Je crois que nous y retournons à très grands pas. Les Lumières s’éteignent.
Il manque un critère de qualité hors argent, force et texte légal. Il manque une règle de vie en commun hors des règles. Il manque un critère de qualité permettant de dire à son voisin « Après Vous! »
@ Didier,
Oui, il fait souvent défaut ce critère de « très belle qualité » qui devrait passer avant tout les autres. Il est difficile à nommer, à décrire, il conduit à des comportements vertueux, mais pas de manière contrainte. Il amène de la moralité mais n’est pas moralisant. Dans l’idéal, il est naturel, il va de soi… Il ne peut pas se mesurer, se comparer, c’est pourquoi les esprits étriqués, compétitifs, enfermés dans leurs croyances aux chimères « rationnelles » chiffrées peinent tant à s’en imprégner. Vous mettez l’accent sur une chose fondamentale en notant que l’argent, la force, tout facteur mesurable et chiffrable devient le seul critère de valeur, de reconnaissance, d’évolution. Se faisant, en acceptant de s’engluer dans ces limites chiffrées et comparées, l’homme perd une part énorme de sa liberté fondamentale, de sa créativité, de son aptitude au bonheur et au partage.
Je doute avec vous du résultat actuel de l’esprit des Lumières, mais je crois que la lumière est toujours à l’oeuvre 🙂 Elle est manifeste par exemple dans la qualité des personnes et des textes et commentaires qui s’expriment sur ce blog.
Je crois que Jean-Claude Michéa avait bien cerné ce type de phénomène dans son livre « L’Empire du moindre mal ».. Ce sont ces quelques pourcents de « Robert Macaire » qui pourrissent inévitablement tout système dans lequel il se trouvent.
À partir du moment où l’on a envoyé ballader à peu près toute référence transcendante extérieure à soi-même, Dieu et une quelconque représentation de Celui-ci, ce qui est le résultat des philosophies dites des lumières qui placèrent l’ « Homme » au centre de l’univers comme « cause » de lui- même, il apparaît à présent que cette « situation » est impossible à assumer. Sauf à risquer un genre de suicide collectif non dit mais qui peut devenir réel… L’ « Homme » (qui aurait pu respecter leS autreS hommeS) s’estima donc cause de lui-même et n’avait plus besoin de ces références obsolètes et paralysantes à commencer historiquement par le Trône et l’Autel à renverser en priorité, ce qui fut fait. Mammon n’en pouvait plus d’impatience de monter sur son trône à lui et qu’on lui dresse ses autels à lui. Désormais, en résumé, on peut dire que la proposition principale aura été celle qu’on peut résumer ainsi, en particulier celle des anglo-saxons s’adressant dans leur agressivité commerciale bien connue au « reste du monde »: « notre business sera votre développement ». Donc c’est à prendre ou à laisser, avec nous les « compétiteurs », vous êtes de toutes façons coincés…
Plus de convivialité possible. Convivialité qui était induites par les instances intermédiaires traditionnelles et presque disparues aujourd’hui: Enseignement, Armée, Église, agriculture régionale, les corporations, les apprentissages traditionnels, etc.
Personne ne semble s’être rendu compte à travers la « Révolution » libératrice (?) du joug des anciennes tutelles devenue « insupportables », de la lente, puis rapide et inexorable descente, ou redescente vers les déterminismes biologiques et socio-culturels les plus abrupts et régréssifs, récupérant l’intelligence pour les buts anciens les plus connus: concurrence, compétition, dominance, etc. Autant d’ « instances humaines » implacables, mais surtout régréssives, que des siècles laborieux, soumis, mais tout de même collectivement créateurs, avaient très lentement canalisés, par des rites, des principes, des étiquettes, qui, on s’en aperçoit maintenant, permettaient, malgré l’injustice figée, d’identifier au moins – tous – les acteurs sociaux. Un sens achevé de la Vie existait ainsi (1). Tel fut l’emprise du christianisme, au moins en Occident. Christianisme aujourd’hui partout renié ouvertement (enfin presque partout), tel une apostasie déferlante, matérialiste et dominatrice comme s’il s’agissait d’un « progrès ». Progrès matériel oui, mais distribué dans l’injustice la plus criante: pas de démocratie économique; rien n’est moins démocratique que l’argent. C’est là comme un traumatisme interne à une civilisation qui a coupé les ponts derrière elle et qui découvre avec effroi qu’elle est prisonnière dans des impasses généralisée: énergie non durable, finances entièrement frelatées, destruction environnementale (mais des cycles naturels faisant synergie avec les déprédations dues aux activités humaines sont tout à fait possibles aussi), l’écosytème étant mis lui aussi en grave danger. C’est une crise de civilisation, une crise eschatologique. Cette civilisation est, au final, celle du docteur Faust pris à son propre piège!
En effet, cette « liberté » acquise grâce à la puissance industrielle qui fait l’homme se donner le sentiment de toute puissance aux prétentions « démiurgique », doublée de la satisfaction artificielle de la « liberté chérie » acquise « définitivement » (dans le monde pour 1 homme sur 4, et encore avec quelles hypothèques!!), masquait en réalité la sujétion à la nature, par l’accumulation encore jamais atteinte de moyens techniques se surpassant constamment et de plus en plus rapidement. Telle est, entre autres, la sujétion de l’Homme prétendant dominer en se croyant « séparé » de la nature avec laquelle il est pourtant marié avec en un contrat non écrit indissoluble.
L’ « Homme », toujours lui, ayant chassé Dieu, cherche fatalement à chasser l’homme… « Il s’est conçu libre, dans ce mode déterminé, dont il découvrait pas à pas l’implacable rigueur et l’organisation cosmique, et puisqu’il était capable de le comprendre, il devait être aussi capable de le diriger. C’est alors qu’il s’est aperçu qu’une chose cependant lui échappait, à savoir l’organisation de l’espace immédiatement compris entre les hommes, en d’autres termes l’organisation de l’espace social, celui au sein duquel s’établissent les rapports inter-humains. Sa science toute fraîche, toute pleine du principe simple de causalité, lui fit croire qu’en changeant cet espace social, cela suffirait à restituer à l’individu la qualité première, cette « donnée immédiate de la conscience », sa liberté. Ayant appris à commander à la nature, il devait parachever son œuvre en apprenant à ordonner son espace social, dernier repaire de son aliénation.
Or, il s’aperçoit au bout de cette longue histoire de conquêtes que la conquête la plus difficile, alors qu’elle paraît être la plus simple, puisqu’elle est en lui, c’est la connaissance de ce qu’il est. Les regards toujours tournés vers l’extérieur il a jusqu’ici ignoré son intérieur, ou du moins, considérant que cet intérieur était d’une autre nature que l’extérieur, il a voulu le traiter différemment ».
Je viens de citer ce passage de Henri Laborit au tout début de son livre: « L’Agressivité détournée », pour, enfin faire un saut dans la contingence répandue aujourd’hui comme hier dans le monde, peut-être plus qu’hier, et qui marque tellement le monde dit « moderne ». D’autant plus qu’on prétend la maîtriser, alors que la contingence se développe toujours plus de façon implacable malgré les progrès tehniques en constante progression pour résoudre quantités de contingence justement car la – PRODUCTION du progrès – ne se reflète pas dans la – DISTRIBUTION – du progrès. En tout premier lieu à cause du système financier qu’on a mis sur pieds qui dépouille tout le monde au lieu que le monde puisse s’enrichir par son propre travail. Et ceci, en particulier, toujours comme l’écrit Henri Laborit qui fait le lien entre la neuro-physio-biologie moderne éclairant les notions de conscience, de justice sociale, d’agressivité, de vieillissement et de mort car les vagues profondes de l’ère secondaire et tertiaire déferlent encore sur l’activité inconsciente du sytème nerveux de l’ « Homme moderne ». Enfin cette citation qui n’est pas de moi, mais d’un autre auteur qui n’est pas Henri Labori et sur lequel, selon les possibilités, je reviendrai, un auteur à la lucidité exceptionnelle et native en économie politique:
« » La nation, économiquement parlant, est le surplus, ou la différence entre le crédit qu’un peuple possède comme ensemble, et la somme des petits crédits que possèdent ses membres. C’est actuellement une différence énorme. C’est sur ce surplus que les gouvernements jouent. C’est là que se trouve leur pouvoir. Et c’est précisément là qu’ils deviennent de plus en plus irresponsables, deviennent de plus en plus des financiers. Et c’est avec ce surplus que les financiers nous exploitent.
La féodalité, elle, reconnaissait qu’un homme était une valeur pour son seigneur; mais les gouvernements modernes ne reconnaissent pas cela. On doit vraiment payer l’homme pour être citoyen; être citoyen romain était un privilège, être citoyen moderne est une calamité.
« L’État doit prêter, non pas emprunter; à cet égard comme aux autres, les capitalistes ont usurpé les fonctions de l’État. » « »
Le billet de Tchita est révélateur de la question des rapports et des relations inter-humaines, qui, sur le devant de la scène, et sans jamais d’entr’act, est une approche (non dite) de la recherche ravageuse de la dominance, cultivée par le monde financier, phagocytant les gouvernements trop biens récompensés pour se laisser confortablement faire pour cela (tant qu’ils servent!), et réduisant progressivement et ineluctablement, sans être obligé de le dire, les hommes en esclavage. L’actualité mondiale, en particulier celle des pays pauvres, assassinés par les dettes, remboursant sans fin, par USURE, non seulement les intérêts composés sans fin, mais plusieurs fois, donc, le capital, et ceci par des dettes dans lesquelles on les a poussé littéralement pour leur perte.
(1) avant l’arrivée des machines, c’est à dire du temps où il n’y avait que la traction animale et humaine et, ici et là, un peu de force hydraulique et éolienne là où on pouvait la capter avec les moyens de l’époque
Bien des gens de nos jours veulent changer de monde, de politique, de régime, de dictat, pour une place, un salaire, une position, une revanche, un parti, mais denrée rare que la personne capable de réelles pensées d’amour, de fraternité, de noblesse d’esprit et de bien envers l’autre.
Rumbo,
Merci.
Fance2 a passé hier soir un film biographie de John Nash.
C’est un matheux prix Nobel d’économie 1994.
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Forbes_Nash
« John Forbes Nash Jr (né le 13 juin 1928) est un économiste et un mathématicien américain qui a travaillé sur la théorie des jeux, la géométrie différentielle, et les équations aux dérivées partielles. Il a partagé le prix Nobel d’économie en 1994 avec Reinhard Selten et John Harsanyi pour leurs travaux en théorie des jeux. »
Les sociopathes qui nous gouvernent obéissent entre eux aux mêmes règles qui les ont portés au pouvoir dans la société des moins pervers qu’eux.
Ils deviennent puissants et ont tendance à traiter entre pairs.
A Davos, Bilderberg ou Trilatérale et autres goupes diabolisés comme le CFR…etc.
Il me semble que le pouvoir est pyramidal.
Il y a sans doute des chefs qui acceptent d’être sous la coupe d’autres chefs , par exemple les chefs nationaux acceptent la dominance de chefs d’influence internationale.
Les militaires et les sociétés transnationales connaissent cette pyramide.
Les politiques aussi, or nous voyons bien qu’ils sont mis en place par des lobbies de moins en moins discrets, vu que l’eau dans le bocal de la grenouille monte en température.
Je reconnais que ce schéma est complotiste.
Mais comment faire autrement?
Quelques questions visant à approfondir le débat politico-économique : http://www.solution-simple.com/fr/quelques_questions.html
Aussi longtemps que fonctionne l’illusion sur laquelle repose le pouvoir…
Je vous conseille de lire René Guénon, notamment « La crise du monde moderne » écrit il y a près d’un siècle. Cela permettrait d’éclairer des questions qui sont récurrentes et sans vrai intérêt. On remarquera aussi que la population mondiale a été x par 5 en un siècle; phénomène aberrant qui conduit sans cesse au massacre des autres espèces et de la nature, phénomène totalement occulté par les discours économiques, alors que le facteur démographique est le plus décisif. Lorsque l’on lit dans la Bible le « croissez et multipliez », on comprend que cet « ouvrage » a été écrit par un être humain et non par le créateur, s’il existe : cette assertion est grotesque, elle a été évidemment ensuite appropriée par certains peuples à des fins disons suicidaires.
Il y a plusieurs manières de croître et de multipliez en société, la première celle de vouloir tous vivre comme la norme pour ces vaines valeurs actuelles, pour nos élites pleines de contradictions et d’intérêts, pour la seule croissance matérielle des choses, la seconde d’essayer de croître réellement et non superficiellement en humanité et de multipliez un autre mode de vie différent, moins dangereux, plus sain, pas évident je dois reconnaitre, car les plus » ok » de ce monde ne laisseront jamais faire cela, ils sont aux commandes du train fou le monde leur appartient.
A propos de Nash, le dilemme du prisonnier en dehors de l’utilisation financière qu’il en était fait, démontre aussi qu’il est facile d’identifier ce qui ne va pas mais combien plus ardu de fédérer les peuples pour que cela change.
bonsoir,
En France, 100 personnes environ ont la totalités des sièges aux conseils d’administration des plus grandes entreprises. Ils sont issus de 2 branches: Les grandes écoles (mais avec co optation s’il vous plaît), et les héritiers. Ce n’est donc pas (seulement) un problème de profil psychologique, mais aussi simplement de « consanguinité ». Nous libérer de ces gens là, nationaliser les structure de bien public, n’est pas si difficile que ça; c’est notre volonté d’envisager cette solution radicale et de la mettre en oeuvre qui est le vrai souci.
Ne seraient-ils pas immédiatement remplacés par cent clones ? A mon humble avis, la solution passe par un changement du système qui permet cet état de fait, pas par un changement d’hommes.
« Ils ne forment pas pour autant un ensemble cohérent… »
Bien au contraire :Ils sont une fraction de l’ensemble cohérent -qui ne signifie pas dépourvu d’intérêt conflictuel- de la classe des détenteurs de capitaux, acheteurs de la force de travail, propriétaire des moyens de la production, de la circulation et du marché global. Ce sont les exploiteurs, et se sont aussi les éleveurs, tout à la fois les bergers de ce parc humain, de la classe qu’il doivent exploiter, pour se maintenir, en tant que classe exploitante.
Toute société dans la quelle règnent l’exploitation et la domination d’une classe sur l’autre se présente comme élevage et parc humain : le but de tout élevage, de toute exploitation, de toute domination, de toute construction genrée (rôle sociaux des êtres humains, division sociale, construite) est sa propre reproduction.
Ainsi le mode de production capitaliste n’est pas un système mais un rapport social, son but est lui-même. Ce rapport social a une histoire, cette histoire une fin.
Qui surveillera le surveillant ?
disait Marx
Je n’ai jamais beaucoup aimé lire Karl Marx, à vrai dire il n’est pas du tout ma tasse de thé, mais il y a bien une chose que je dois reconnaître, c’est que nos rapports humains en société n’ont guère mieux progressés depuis que le monde n’a jamais été aussi marchand et mercantil sur terre, comme quoi je me demande qu’est-ce qu’on échange vraiment de plus de nos jours ? La liberté ou le chantage de plus dans son rapport à l’autre ?
Beaux échanges, que je découvre sur ce blog… J’ai tenté de montrer à ma façon, dans « L’Humanité disparaîtra, bon débarras ! », que l’homme est un animal territorial et hiérarchique comme les autres, dont les pulsions sont exaltées par une intelligence et une conscience hypertrophiées. D’où un perpétuel renforcement du désir d’appropriation, et une exacerbation de l’égoïsme destructeur, qui mènent à cette réalité calamiteuse : aujourd’hui, les 500 personnes les plus riches du monde possèdent la même fortune que les 500 000 000 les plus pauvres. Un super-nanti égale 1 million de miséreux. Jamais, dans l’Histoire humaine, y compris aux pires années de l’aristocratie, les inégalités n’ont été aussi prononcées… Cette béance sociale me semble une plaie mortelle pour l’Homo sapiens. http://www.yves-paccalet.fr
M. Paccalet, vous allez un peu vite en besogne : la plaie mortelle n’est pas pour l’homo sapiens sapiens, mais pour cette civilisation.
Quoi qu’il se passe, il y aura des survivants, avec des souvenirs, donc avec l’espoir que quelque chose soit retenu de cet épisode et qu’on fasse moins mal la prochaine fois, avec une avancée vers plus d’Humanité digne de ce nom.
La biosphère a besoin d’une espèce capable de haute technologie pour la protéger de certains évènements désagréables : astéroïdes, glaciations…. et in fine, dans quelques centaines de millions d’années « seulement », d’un excès de rayonnement solaire qui fera disparaître toute vie en l’absence d’un « parasol » (l’activité du Soleil croît très lentement mais régulièrement de 1% tous les 100 à 200 millions d’années – rien à voir avec le cycle de 11 ans).
Autant que ce soit nos descendants qui s’en chargent, ça éviterait de repartir de zéro avec une autre espèce.
Bonjour Yves, et merci de votre passage…
Quand Jung écrit « La faute, tragique, est de ne pas être conscient », ne pensez-vous pas que cette conscience-là peut nous éclairer précisément sur la façon dont nous agissons et par conséquent d’être ensuite capables de nous imposer à nous-mêmes, par l’éthique, la morale, d’autres comportements ?
Henri Laborit proposait d’informer, d’éduquer l’homme sur le fonctionnement de son cerveau, de tenter d’éclairer les motivations qui nous poussent de façon inconsciente, d’une certaine manière d’approfondir la portion consciente de nos actes.
Ensuite bien évidemment, de créer une société d’hommes qui ne serait plus basée exclusivement sur la compétition, étant « consciente » que le sort de l’humanité dépend notamment de l’abandon de cette « exacerbation de l’égoïsme destructeur » ?
Il me semble malgré tout que de plus en plus de gens se rendent compte que nous sommes dans une impasse et qu’il faudra, bon gré mal gré, réfréner nos instincts les plus primaires, et empêcher les plus voraces de continuer à se goinfrer.
Après tout, une certaine forme de frugalité, une fois « enseignée, goûtée » apporte plus de plaisir que l’amoncellement d’objets divers.
Certes, l’évolution est lente et le temps presse…
@ Herrmis
Vous êtes très amusant … ou scientiste : c’est plus grave.
C’est tout juste si votre commentaire ne dit pas que l’Homme a créé la Terre.
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin : Pourquoi pas l’Univers tant que vous y êtes.
Jamais dans l’Histoire géologique une espèce n’a été aussi fragilisée que ne l’ai Homo sapiens aujourd’hui. Cela d’autant plus que nous détruisons systématiquement notre environnement.
Personnellement, je ne voudrais pas être un de vos « survivant ».
Mais j’aimerais bien savoir ce que pensera le dernier Humain.
Un géologue
@pseudo-Tchita qui a écrit :
« S’ensuit une description saisissante de diverses fraudes et malversations découvertes par Paul et qui toutes entraînèrent son licenciement. Les gens au pouvoir n’aiment pas les empêcheurs de trafiquer en rond et ont les moyens de les écarter… Au-delà du simple constat de la corruption généralisée qui règne chez les « décideurs », il pose de façon intéressante la question de l’accession à cette nomenklatura. D’après son expérience les impétrants sont ainsi « testés », leur capacité à supporter, puis à participer à la fraude devenant condition sine qua non à leur ascension. »
Au-delà du – très intéressant – constat appliqué à des structures dont on résumera la fonction par « bourgeoise » au sens où leur raison d’être s’inscrit tellement dans la perduration du système capitaliste qu’elles peuvent être décrites comme partie prenante de cette perduration, il est possible de faire le constat que le « modèle stalinien » est d’hors et déjà à l’oeuvre à l’Ouest.
Jusqu’à l’année 1999, je considérais, comme tout un chacun, Albert Einstein comme le « Génie » par excellence.
Sa biographie par Banesh Hoffmann était l’un de mes livres de chevet.
C’est donc à l’âge de 45 que je devins un hérétique.
Et je vis ma « capacité à supporter, puis à participer à la fraude devenant condition sine qua non à »mon droit à l’expression libre au sein des « mouvements progressistes » .
Je perdis ce droit et du subir toutes sortes de crachats de la part des « matérialistes einsteinistes ».
J’avais, pour mon malheur (mon bonheur) fini par comprendre que la Relativité – restreinte et générale – était intellectuellement incompatible avec les thèses du Lénine philosophe de « Matérialisme et empiriocriticisme ».
Crachats sur les forums de Usenet physique et astrophysique.
Crachats de la part des « matérialistes » « militants » du forum LCR (puis NPA) revolution celeonet.
Il ne fallait pas mettre sous la lumière l’escroquerie de Eddington en 1919 (les fausses preuves de la Relativité Générale). Malgré l’aveu de Stephen J hawkins.
Il ne fallait pas dire que Newton et ses vitesses absolues étaient la science, étaient l’héritage matérialiste du 18° siècle que les imposteurs avaient jeté à la poubelle.
Je vous invite à lire « La science du disque monde » où la plupart des découvertes et théories scientifiques y sont démystifiés.
(Quoi, comment ça je vous soule avec terry pratchett :D)
@David
Je cherche sur Wikipédia et lis ceci :
« Il s’agit de sa série la plus connue. Les Annales du Disque-monde présentent un univers de fantasy burlesque et parodique où l’action se déroule sur un monde en forme de disque, supporté par quatre éléphants reposant eux-mêmes sur le dos de la tortue géante A’Tuin qui voyage sans fin à travers le cosmos. Comme on peut s’en douter en voyant la description du disque-monde, la série est assez profondément délirante, avec un humour typiquement anglais, un certain « nonsense » : Ce monde étant quelque peu irréel, la Mort (et son apprenti Mortimer), globalement plus réels que les murs présents sur le monde, peuvent traverser lesdits murs… Il arrive à la Mort de prendre des vacances, générant un certain nombre de non-vivants mais pas encore morts (banshees, zombies, croque-mitaines…). »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Terry_Pratchett
Je vois assez mal le lien entre le retour au matérialisme de Newton, à sa critique des « vitesses relatives » de René Descartes, le lien entre le fait que cette critique du jeune Newton était précurseur d’une critique radicale de la Relativité qu’elle soit restreinte ou générale…. et le dos de la tortue géante.
Vous seriez aimable d’indiquer ici – ou sur mon blog – les citations complètes qui indiqueraient que Terry Pratchett serait partisan d’un retour à Democritos, à Epicuros, à Titus Lucretius, à Isaac Newton, à Friedrich Engels et/ou à VI Lénine.
Merci d’avance
La réponse : le site d’Étienne Chouard
@Candide
bonjour
Le lien est 404
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Celui-ci fonctionne.
Sur le fond du débat, il me semble qu’il est fondamental que les membres de la formoisie acceptent – pour son avant-garde éclairée – de considérer que son train de vie est basé sur le pillage et l’oppression néo-coloniale de plusieurs millards d’humains.
La lucidité des classes exploiteuses opprimées par la classes exploiteuse bourgeoise (dans ses composantes industrielles, financères et « colonoises ») doit passer par ce terrible constat : Les Trente Glorieuses furent construites sur la trahison des syndicats du Sud, des syndicats de Chine.
Les obligations étasuniennes sont le résultat direct de l’inorganisation politique et syndicale des Min Gong de Chine, le résultat de leur oppression.
Qu’une force politique émerge parmi donnant une lumière, un éclairage sur leur statut et … le mouvement révolisationnaire qui émergera soudainement privera – ipso facto – le gouvernement chinois des milliards de dollars qu’ils s’autorisent à « investir » aux Etats-Unis.
La lucidité doit toujours passer par le fait de balayer devant sa porte.
Le « cancer » qui ronge la société est principalement le manque de lucidité des membres des classes formoises et innovoises.
« séparer le bon grain de etc…et reblabla bling bling!
Sarko veut détecter dès le berceau « l’enfant potentiellement voyou »…
… »on m’empêchera pas de penser que c’est dans les gènes » a-t-on entendu !
Non, les « bonnes élites » n’existent pas, car la notion même d’élite est une insulte au genre humain.
Il y a une humanité qui tente de traverser les murs qui s’interposent entre son meilleur devenir possible et sa condition présente. les « avancées » sont certes dues à des figures de l’humanité dont on peut penser « à postériori » qu’elles constituent dans la collection des histoires individuelles « les plus chers trésors »…
Seuls les actes accomplis prouvent les valeurs humaines.
Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux : il s’agit pour une société se voulant « humaine dans le plein sens du terme », de battre suffisamment les cartes des « pouvoirs que les humains veulent exercer sur leur destin commun »:
Le jeu de la « république universelle » peut se jouer différemment « selon les époques », mais ce qui pose réellement problème aujourd’hui, ce n’est pas l’accumulation d’injustices et d’imperfections, c’est qu’on ne joue plus du tout ce jeu:
« la récréation démocratique est finie », et il n’y a même plus « émergence d’élites plus roublardes que par le passé », il y a régression barbare brutale , recul de civilisation, voire grande revanche des réels perdants de Stalingrad:
cette fois, le ventre est mou et « on » peut y croquer sans craindre « un peuple soviétique quelconque »!
Le meileur signe (meilleur si l’on peut dire) de cela, c’est l’aveu de Tony BLAIR:
il s’agit d’un acte historique: « même sans mon mensonge, j’aurais choisi de violer la charte de l’ONU » ! Cette phrase est la marque de notre « nouvelle ère ».
Théorie.
Pour tout responsable (politique, entreprise, association) plus élevée est sa responsabilité plus les qualités qui sont fondamentales et incontournables : intégrité, probité, sincérité, équité, sens de la justice et de l’intérêt de tout un chacun se doivent d’être prépondérantes.
Tout manquement flagrant et intentionnel, calculé, doit être relevé et dénoncé publiquement.
En général les qualités requises et les défauts prohibés sont connus pas les pairs.
Il faut que les sanctions soient sévères si les faits sont patents. Attention tout de même : l’erreur est humaine.
Peut on concilier ambition et pouvoir avec intégrité, honnêteté ?
J’ai toujours observé que les hommes remarquables cultivaient plutôt la modestie et n’étaient pas avides de pouvoir, ce dernier étant plus l’apanage des hommes ambitieux et dominants.
Je rejoins tout à fait « Moi dit » sur la réduction de la durée des mandats, il me semble que cela se pratique à différents niveaux de responsabilité dans la fonction publique (préfets, police, armée), en politique et aussi dans les grandes entreprises à des postes d’encadrement, dans les directions lors des conseils d’administration. Mesure simple et efficace.
En fait nul ne doit être investi d’un pouvoir suprême et toujours être sous le contrôle de la base.
Autres règles essentielles :
transparence, séparation des pouvoirs
secret défense partagé par les grandes tendances politiques sous réserve de discrétion
éviter les mégas structures (banques, CAC40)
ne pas mettre trop de manettes dans une seule main
pour les fonctions les plus sensibles prévoir une collégialité basée sur les faits que nul n’est irremplaçable et que chacun est mortel.
Je rejoins ainsi l’excellente proposition de « Jean Emmanuel ==> disposer d’observateurs de l’opposition dans tout organe décisionnel ». Plus facile à dire qu’à mettre en oeuvre, mais qui veut, peut.
Il m’est arrivé de suivre à la TV une partie des travaux en commissions où les problèmes et solutions sont traités en binôme ou trinôme. Encore faut il s’appuyer sur les résultats de ces travaux.
Je relis les « métalogues », de Gregory Bateson :
Un métalogue est une conversation sur des matières problématiques ; La structure doit être relevante pour le fond…
Pourquoi les choses ont-elles des contours ?
La fille : Papa, pourquoi les choses ont-elles des contours ?
Le père : En ont-elles ? je n’en suis pas si sûr. Et puis, de quelles choses parles-tu ?
la fille : Je veux dire, quand je dessine des choses : pourquoi ont-elles des contours ?
le père : Ah bon, c’est ça, et de quelles autres choses encore ? Un troupeau de moutons ou une conversation ? Est-ce que ça a des contours ?
la fille : Ne sois pas stupide. Je ne peux pas dessiner une conversation. Je parle de /choses/. (italique)
le père : D’accord. J’essaie juste de voir ce que tu entends par là. Est-ce que tu veux dire que nous donnons des contours aux choses lorsque nous les dessinons, ou bien que les choses mêmes ont des contours, que nous les dessinions ou pas ?
la fille : Je n’en sait rien. Dis-le moi, toi.
le père : Je ne sais pas non plus, ma chérie. Il y avait une fois un artiste courroucé, qui gribouillait toutes sortes de choses; quand, après sa mort on a examiné ses papiers, on a trouvé écrit quelque part: « Les sages voient des contours et, par conséquent, ils les dessinent. » Mais, à un autre endroit, il avait écrit : » Les fous voient des contours et ils les dessinent. »
la fille : Mais, laquelle de ces propositions était vraie pour lui ? je ne comprends pas.
le père : Eh bien, William Blake – car c’est de lui que je parle – était à la fois un grand artiste et un homme fort courroucé. Parfois, il notait ses idées sur des bouts de papier, et il en faisait des boulettes qu’il lançait sur les gens.
la fille : Mais qu’est-ce qui le rendait si fou ?
le père : Qu’est-ce qui le rendait si fou ? Tu veux dire « courroucé », fou de rage ? Si nous voulons parler de Blake, il ne faudra pas confondre les deux sens du mot « fou »; beaucoup de gens pensaient que Blake était fou, vraiment fou : malade. Et ça, c’est justement une des chose qui le rendait fou de rage. Ca, et puis certains artistes qui peignaient comme si les choses n’avaient pas de contours. Il les appelait « l’école des baveux. »
la fille : il n’était pas très tolérant n’est-ce pas ?
le père : Tolérant ? … je vois. C’est ce qu’on vous tambourine à l’école ! Eh bien, non, Blake n’était pas très tolérant et il ne pensait même pas que la tolérance soit quelque chose de bien ; pour lui, la tolérance rend les choses baveuses. Elle estompe les contours et embrouille tout; autrement dit elle rend tous les chats gris et, à cause d’elle, plus personne ne peut voir clairement et distinctement.
la fille : Oui papa…
le père : Ah non ! Ca n’est pas une réponse, « oui, papa ». Ca prouve tout juste que tu n’as pas d’opinion, que tu te fous éperdument de ce que je dis ou de ce que disait Blake, et que l’école t’a tellement enfumé la tête, avec ses discours de la tolérance, que tu n’es même pas capable de voir la différence entre deux choses.
la fille :(pleurs).
le père : je suis navré, j’étais en rogne. Pas tellement contre toi; plutôt contre le cafouillage de ceux qui prêchent la confusion et appellent ça la tolérance.
la fille : Mais, papa…
le père : Quoi ?
la fille: Je ne sais pas. je n’arrive pas à bien penser. Tout s’embrouille.
le père : excuses-moi, je n’aurais pas du me mettre en colère.
la fille : Pourquoi y avait-il dans tout ça de quoi se mettre en colère ?
le père : c’est-à dire ?
la fille : A propos des contours des choses. Tu disais que ça mettait William Blake en colère; et puis toi aussi, tu t’es mis en colère. Alors, pourquoi ?
le père : En effet, je crois que, d’une certaine façon, il y a là de quoi se mettre en colère. Je crois que ça a de l’importance; peut-être même en un certain sens, c’est /la/ chose importante. Et les autres choses ne comptent que parce qu’elles en font partie.
la fille : Tu veux dire ?
le père : Je veux dire…, revenons à la tolérance. Lorsque les Gentils maltraitent les Juifs parce qu’ils ont tués le Christ, ça me rend intolérant. Je crois que les Gentils se trompent et qu’ils brouillent tous les contours; parce que ce ne sont pas les Juifs qui ont tué le Christ, mais ce sont les Italiens !
le fille : Ah !
le père : Oui, sauf qu’aujourd’hui on appelle ceux de ce temps là les Romains et que nous désignons de cet autre nom (italiens) leurs descendants. Comme tu vois, il y a là deux embrouilles; et la seconde, je l’ai mise en évidence expressément pour que tu puisses la saisir. La première consiste à fausser l’histoire et à dire que ce sont les Juifs qui ont tués le Christ; la seconde, à rendre les descendants responsables de ce que leurs ancêtres n’ont jamais fait. Bel embrouillamini !
la fill : Ca oui, papa.
(suite une autre fois. ce n’était pas le passage que je cherchais…)
« Nos structures sociales modernes sont toutes peu ou prou subordonnées à cette idée simple : les individus et les peuples, à condition d’être convenablement éduqués, sont tous accessibles à la raison, sensibles à ses arguments, susceptibles d’en tirer l’amour pour ce système qui les élève et les responsabilise, finalement à même d’en devenir les plus ardents défenseurs. »
Une partie de la clef se trouve là aussi, dans la condition « d’être convenablement éduqués ».
Eduqué à quoi ?
Aujourd’hui le champ de l’instruction est si vaste que le découpage en « catégories » de savoir se fait tôt, dès 15-16 ans dans ce qui est appelé souvent « la filière normale » (comprendre collège et lycée, et pas lycée professionnel). Deux grandes catégories se découpent très tôt : littéraire et scientifique, à l’échelon du lycée, la technique est en générale méprisée, elle ne retrouve de la valeur socialement que si les personnes deviennent ingénieures.
Ceux qui choisissent une filière scientifique (ou technique) approfondissent les math, la physique et la biologie, ils délaissent le français, la philo et l’histoire géographie, ils n’entendront jamais parlé de sciences humaines autre que la géographie présentée comme indispensable et suffisante pour comprendre le monde. Au niveau litéraire, ils n’approfondiront que les langues dans un but utilitaire.
Ceux qui choisissent une filière litéraire approfondiront à l’inverse le français, la philo, les langues, l’histoire géographie et, peut être, pour certaines filières, un peu de sciences humaines. Les maths ont un horaire léger, voir très léger, la physique ou la technique sont inexistantes.
Une partie de ce monde là ira à l’université et sortira avec des diplômes. Dans notre société technologique et promouvant l’entreprise avec le travail rentable, vous le savez, ceux qui ont fait un cursus « scientifique » ou « technique » sont les grands gagnant avec les meilleurs salaires et l’accès à une forme de pouvoir, les autres sont en grande partie exclue de ces cercles là.
Donc, les personnes qui ont accès aux cercles de pouvoir ont passés des années à brasser des chiffres ou des abstractions et elles n’ont reçu aucune éducation en sciences humaines ou en philosophie, matières où se pose la question de la place de l’autre et de sa propre place.
Force est de constaté que les entreprises souffrent aussi de ce déficit d’éducation, cela transparait à travers de longue liste des offres de formation à l’animation de groupe (présenté sous une forme ou sous une autre) et également à travers l’offre de formation en management qui donne un vernis de sciences humaines (économie surtout) dispensés de manière tronqués selon ce qui est jugé nécessaire pour évoluer dans le monde des grandes entreprises.
Plus globalement par rapport à l’ensemble du message, j’ajouterai que l’éducation participe aussi à la dynamique des « sociopathes au pouvoir », par choix de notre société aussi.
Il faut absolument que vous regardiez « The corporation »
http://www.thecorporation.com/
http://www.youtube.com/watch?v=Pin8fbdGV9Y
C’est un autre angle d’approche sur la fraude et pourquoi elle s’est érigée en système !!!
Ce documentaire est une vraie perle.
Tchita pour quelles raisons proposer vous de jeter les fondements ( Raison et Humanisme ) de nos démocraties ce que le cerveau collectif de notre Histoire a pensé de plus beau pour le bien commun y compris pour les sociétés non démocratiques ?
L’humanisme c’est la reconnaissance de droits fondamentaux universels de l’espèce humaine nue débarrassée de ses attributs cela vaut tant pour les libertés individuelles que pour la Nation en tant qu’individu collectif, fondement de l’ONU.
La raison c’est le pragmatisme de la géographie de chaque personne et de celle de chaque Nation qui s’oppose à un modèle uniforme de développement socio-économique.
Ne souffrez vous pas des mêmes maux que les élites que vous dénoncez, la fuite en avant à tout prix sans rétroviseur sans point mort sans jamais reconnaître ses erreurs et avant même de penser l’avenir au moins à l’échelle N+2 ?
Leur outrecuidance les pousse même à utiliser le terme de développement durable, des élites qui pensent le bien commun, pensent développement vital à N+2.
Du capital pour créer du capital sans créer de travail donc de survie et de vie est du capital tueur et à ce jeu de tueurs, le capitalisme d’Etat est en train de l’emporter sur nos élites qui ont développé un modèle contraire aux fondamentaux de leurs propres sociétés à savoir croire à un modèle socio économique global alors qu’il n’y a pas de géographie globale et déréguler
à l’extrême. Or c’est le Droit des démocraties qui préserve les libertés.
Le modèle néolibéral poussé à l’extrême est un modèle égalitariste par le bas du point de vue économique et finalement liberticide. Il est donc normal qu’il prospère désormais dans les sociétés les moins flamboyantes en termes de démocratie.
Les gueux ne sont pas tous des innocents mais ils ne portent jamais la responsabilité de la disparition de leur civilisation.
Quant aux questions démographiques, il est évident qu’il faudrait combattre l’obscurantisme des trois monothéismes concernant le mythe d’Eve instigatrice du pêché de procréation. Ce sont principalement les hommes qui ont eu intérêt à souhaiter une descendance pour transmettre leur territoire et leurs biens. Dans une grande partie de l’histoire pour les femmes la procréation est une affaire subie et quand elle n’est plus subie, il faut tout de même que le désir d’enfant transcende la peur d’y laisser sa propre vie car le risque zéro n’existe pas.
« Quant aux questions démographiques, il est évident qu’il faudrait combattre l’obscurantisme des trois monothéismes concernant le mythe d’Eve instigatrice du pêché de procréation. »
Beaucoup de femmes dans l’histoire ont également souhaitées donner un enfant à leur mari et non de manière subite mais avec amour et concertation. Pardonnez nos veilles outres religieuses elles ont encore beaucoup de blocage à l’égard des femmes, pourquoi n’y voir dans l’acte de procréation le pêché de concupiscence comme le pape, tout cela n’est due qu’à l’esprit mal tourné des chefs religieux qui ne peuvent s’empêcher encore aujourd’hui de reléguer la femme au second plan, responsable de tout à cause d’Eve qui fut séduite par le serpent, la bible n’est pas toujours à lire au sens littéral comme nos vieilles outres religieuses, n’y voir que des miracles pour épater les foules. Redoutant encore aujourd’hui de se souiller avec des femmes, il n’y a rien au contraire de plus beau que l’union et l’amour entre deux êtres, pourquoi vous sentir encore coupable d’une faute, celle d’être née femme. Je vous le dis connaissant leur affaire, ils n’enseignent pas toujours correctement les écritures à leurs ouailles, la preuve ils ont bien réussis à en écarter un très grand nombre des choses de la foi depuis des siècles c’est pour vous dire, semblant même davantage se soucier de commerce et d’économie au Vatican que du salut des Âmes, par exemple dans la religion orthodoxe la femme n’est pas du tout traité de la même manière bien au contraire, ce n’est évidemment pas toujours la femme le grand piège de l’homme, mais parfois l’excès de zèle religieux et de pouvoir des grands prêtres de notre histoire.
Le modèle néosocialiste poussé à l’extrême contraire du néolibéralisme ne serait pas mieux non plus à voir les excès n’entrainent que les excès, tout n’est pas bon à jeter dans le libéralisme comme tout n’est pas bon à garder dans le socialisme, en espérant qu’un jour davantage de gens puissent le comprendre avant que les mêmes choses se reproduisent de nouveau par antagonisme.
Surtout qu’en plus, si on lit bien le texte avec le serpent qui donne la pomme à Eve, il est évident qu’Adam est là, juste derrière Eve, et qu’il est tout à fait consentant quant à prendre cette satanée pomme ou pas.
En tout cas, c’est ce que j’ai vu quand j’ai lu ce passage de la Bible.
Sinon, Jeremie, vous avez l’air de vous y connaitre en religion.
Pourriez-vous me dire pourquoi la bible punit ainsi Eve pour avoir voulu goûter à la connaissance (via la pomme) ?
N’est-ce pas bizarre une religion / un dieu qui demande à ses adeptes de rester ignorants et les punit pour avoir voulu exercer leur esprit ?
J’avoue que plus le temps passe et plus cette question me taraude (et comme je n’ai jamais fait ma première communion, je suis plutôt ignorante sur les justifications de l’église catholique à ce sujet).
Merci pour le cas où vous prendriez le temps de me répondre.
@ Flo
Vous savez je n’ai pas une très bonne mémoire, comme une très bonne culture religieuse à vrai dire je ne sais pas grand chose.
« Pourriez-vous me dire pourquoi la bible punit ainsi Eve pour avoir voulu goûter à la connaissance (via la pomme) ? N’est-ce pas bizarre une religion / un dieu qui demande à ses adeptes de rester ignorants et les punit pour avoir voulu exercer leur esprit ? »
Excellente question Flo, à méditer. Vous savez il existe parfois des domaines, des centres d’intérêts qui nous passionnent et nous occupent tellement l’esprit dans la vie et au quotidien, quand bien même ce serait la pomme, la poire ou le citron que nous en perdons parfois le temps et le premier devoir dans notre vie de mieux nous connaître sur le fond. Dieu ne cherche pas du tout à nous punir, à nous tromper, ou encore à nous obliger, ils recherchent continuellement au contraire à nous aimer, à nous prévenir, à nous mettre en garde des choses de l’existence, hélas les hommes veulent souvent n’en faire qu’à leur tête aussi bien à l’égard de Dieu, que des bons conseils venant des sages, d’hier comme d’aujourd’hui. Je suis sur que plus le temps passera et moins cette question vous taraudera l’esprit, à vrai dire je préfère voir plus d’églises qui se vident, que de voir davantage de gens soupirer et dormir après un autre prèche de plus sur Adam et Eve amen.
Les cathos d’aujourd’hui ne sont bien sur aucunement semblables aux premiers chrétiens. En vous remerciant de vous intéresser aux choses de la foi sans vous en moquer ou prendre cela au ridicule denrée rare de nos jours, mais bon ça m’est bien égal maintenant et si demain le monde préfère davantage se détourner des choses de la foi, d’ailleurs personne ne pourra l’empêcher pas même le Pape surtout si c’est dans le cours des choses, et des événements qui doivent se produire. Bien à vous Flo
Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
Même si vous n’avez pas vraiment répondu à ma question … En fait, vous me plongez encore plus dans le doute.
Ce que j’en retiens, mais je pensais déjà cela auparavant, c’est qu’il faut faire la différence entre Dieu et la religion et les écrits des hommes d’église (qui ont peut-être inventé cette histoire pour s’assurer un pouvoir plus fort sur les hommes).
Personnellement, je serais incapable d’imaginer, comme vous le faites, ce que Dieu cherche à nous faire: nous aimer, nous guider …
Ce que je pressens, c’est plutôt ce que nous lui demandons 🙂
Ce que je sais, c’est qu’en ces temps troublés, je m’adresse parfois à Déesse (je sens plus de profondeur dans une communication avec une essence féminine que ce dieu barbu dont on nous rebat les oreilles et qui a été trop utilisé par les églises) et que je me sens si petite.
PS : j’ai bien aimé le texte que vous avez partiellement cité, en commentaire d’un post précédent.
Au début de l’an mille après l’an mille … je ne sais pas s’il est vrai, mais c’est un texte qui m’a donné de l’espoir.
Bien à vous.
@ Flo
Vous savez il est souvent très difficile de satisfaire et d’étancher la soif de connaissance de l’autre que ce soit au sujet d’Adam et Eve au paradis ou alors au coin du bar avec Dédé au sujet de la crise.
Si ça se trouve ce n’est pas seulement un manque de connaissance sur le libéralisme et le socialisme qui nous y a conduit tout droit, mais peut-être bien notre continuelle soif de connaissance et de pouvoir devenir l’égal des dieux à tous prix.
Hélas la tête des gens à beau être pleine de savoir de nos jours, nous voyons bien après avoir ouvert les yeux que nous n’arrivons guère mieux à changer les choses, à éviter le pire.
J’appelle » bien » tout ce qui me plait de voir et » mal » tout le reste, il est bien évidemment normal pour l’homme de vouloir ouvrir les yeux mais ne pas oublier de se dire que la lettre tue continuellement l’esprit,
quand bien même l’arbre de connaissance du monde moderne serait de plus en plus bon et séduisant à manger, la tradition des hommes.
Malheureusement lorsque l’heure de la grande épreuve climatique surviendra sur le monde nous nous apercevrons alors que nous en sommes toujours au même stade, le monde connaitra alors que nous sommes toujours aussi nus comme auparavant avec Adam et Eve dans le jardin d’Eden.
« Ce que j’en retiens, mais je pensais déjà cela auparavant, c’est qu’il faut faire la différence entre Dieu et la religion et les écrits des hommes d’église (qui ont peut-être inventé cette histoire pour s’assurer un pouvoir plus fort sur les hommes). »
Vous savez un homme ayant réellement la foi ou un rapport à la vie moins religieux qu’un autre comme par exemple le bouddha, ne recherche aucunement le pouvoir sur autrui.
« Ce que je sais, c’est qu’en ces temps troublés, je m’adresse parfois à Déesse (je sens plus de profondeur dans une communication avec une essence féminine que ce dieu barbu dont on nous rebat les oreilles et qui a été trop utilisé par les églises)
J’espère au moins que ce n’est pas avec la déesse Europe sur son taureau 🙂
Dans la sidérurgie aussi, la fraude en bande paye bien :
http://www.lesmotsontunsens.com/cartel-siderurgie-patrons-voyous-crise-economique-6952
Un parcours en survol des commentaires précédents montre un peu la même façon d’aborder les choses et d’en débattre.
Pour reprendre un terme utilisé ci-dessus, ça manque de contour ! Mais simultanément ça manque aussi d’articulation !
Avez-vous déjà réfléchi au rapport dialectique de la modulation et de l’articulation ? En art par exemple ?
Est modulation toute variation continue d’une forme qui se dissout par variation de couleur, ou toute variation de forme qui dissout la variation de couleur (voir Soulages et son travail sur le noir).
Est articulation en revanche tout ce qui sépare, segmente mais aussi qui lie : les membres au corps…
Tout artiste se trouve confronté dans la représentation (mais c’est pareil dans l’abstraction !) aux rapports de la modulation et de l’articulation, l’artiste qui a certainement le plus travaillé sur cette contradiction insoluble est Picasso, pas un de ses tableaux qui échappe à ce conflit et qui ne le pousse au bout ! Soit en désarticulant son modèle, soit en le fusionnant, le modulant, jusqu’à le dissoudre.
Quel rapport avec le thème du jour ? Eh bien qu’il en est de même dans les rapports contradictoires entre les humains et les institutions, leurs institutions ! Tout un pan de la psychologie dite institutionnelle, bien oublié depuis l’émergence des neurosciences, s’est intéressé à ce rapport et en a dit des choses utiles.
Par exemple que toute institution s’inscrivait dans les rapports sociaux de production d’une époque donnée et pouvait entrer en contradiction avec eux… Que toute institution sélectionne les membres dirigeants les plus à même de la perpétuer dans ses buts réels (qui ne sont pas forcément les buts énoncés !).
Que tout humain a une ascension dans la hiérarchie de l’institution à condition d’en garantir la pérennité par son comportement… Que tout opposant dans l’institution vient soit la conforter en rappelant ses buts réels, soit la contrebattre en montrant qu’elle est en contradiction avec ses buts énoncés… etc.
La question est donc bien double, direz-vous : il faut avoir des humains bien éduqués et des institutions qui respectent leurs buts énoncés ! Voilà comment une entourloupe théorique permet de résoudre tous les problèmes avec des mots, car nous nous trouvons dans une variante du problème de la poule et de l’œuf ! Les bonnes institutions doivent bien éduquer les humains, les humains bien éduqués doivent faire vivre les bonnes institutions…
Et les rapports sociaux de production ne devraient pas changer ? Il sera toujours légal et légitime de pouvoir exploiter les salariés ? Ceux qui auront le pouvoir seront toujours ceux qui ont le droit d’exploiter les salariés ? Alors que ces dirigeants soient tirés au sort ou désignés par des élections pipées par une presse aux mains de ces mêmes dirigeants importe peu : préférez-vous être pendu ou fusillé ? Du moment que leur droit d’exploitation est toujours défendu, qu’ils soient dirigeants héréditaires, cooptés ou « élus » peu importe, ils pérennisent les institutions par lesquelles leur droit d’exploiter perdurera.
Voilà l’essentiel dont il faudra bien qu’un jour, il soit sérieusement question sur ce blog et surtout ailleurs !
Dans son dernier ouvrage, « La cité perverse », le philosophe Robert-Dany Dufour affirme que le concept de corruption (pas seulement les faits de corruption) est constitutif du libéralisme dès l’origine. Il considère que la formule célèbre de Mandeville, « Les vices privés font les vertus publiques » constitue le sésame ou la boîte de Pandore du libéralisme.
Cette formule, concoctée par le médecin et libertin Mandeville faisait trop directement allusion aux passions humaines (et à la corruption), aussi le théologien Adam Smith a substitué à la notion de « vice » , celle plus convenable et policée « d’intérêt » tout en gardant le principe de contribution harmonieuse des vices (ou des intérêts), déjà présente chez Mandeville (et même chez Pascal et Nicole). Il n’en reste pas moins, que « vice » est l’autre face, obscure et non avouée, de la notion d’intérêt.
« Les vices privés font les vertus publiques »
Si seulement c’était partout le cas, hélas j’en vois guère peu la vertu multiplié dans le privé. Surtout qu’un vice est un vice et non une vertu quand bien même je la présenterais sous une telle maxime dans le privé.
Si je suis d’accord pour admettre ce genre de maxime, je puis être aussi d’accord pour admettre que les vices publiques font les vertus du privés,
Tout libéral comme tout socialiste, n’est bien évidemment pas exempts de vertus comme de vices en lui arrêtons de raconter plus longtemps des histoires aux hommes surtout en ce moment.
Comme le suggère Bertrand Donnot le tirage au sort devrait permettre de corriger bien des défauts de la démocratie représentative.
L’article d’Etienne Chouard Tirage au sort ou élection – Démocratie ou aristocratie mérite d’être relu.
« 1. D’un côté, chacun constate que le suffrage universel ne tient pas ses promesses d’émancipation : l’élection induit mécaniquement une aristocratie élective, avec son cortège de malhonnêtetés et d’abus de pouvoir.
….
2. D’un autre côté, chacun devrait apprendre (à l’école ?) que le tirage au sort a longtemps été reconnu, d’Athènes à Montesquieu, d’Aristote à Rousseau, comme la modalité principale, incontournable, des valeurs d’égalité et de liberté. Il a sombré dans l’oubli sous d’injustes critiques : il ne pose aucun problème insurmontable.
….
3. Concrètement, on pourrait imaginer des systèmes mixtes, prenant le meilleur des deux idées en les combinant astucieusement. «
@ Ton vieux copain Michel :
» Il n’en reste pas moins, que « vice » est l’autre face, obscure et non avouée, de la notion d’intérêt. »
Ce que raconte Robert-Dany Dufour est d’autant plus vrai lorsqu’on pense au personnel politique qui aura accompagné et légalisé la civilisation libérale. Comme cité plus haut par un intervenant, il suffit d’un Robert Macaire dans les équipes en place pour passer outre la fraude caractérisée, surtout quand le politique laisse libre court au tout économique. Il suffit d’un couard, d’un pleutre, et le bien commun est sacrifié par l’individualiste. S’il nous reste encore des institutions, c’est parce que leur promoteurs ont été élevés et éduqués dans un autre temps. Un temps pas si ancien où le corollaire à notre civilisation ne disposait pas encore des médias pour populariser un certains style de vie : la société du spectacle. Tant que les projecteurs sont allumés tout va bien, le personnel politique exulte, il est réélu, ensuite la crise survient pour les spectateurs assis sur les strapontins, on ne leur avait pas lu le scénario.
Ce post me rappelle une interview des éditeurs de Lobaczewski à propos de son livre « Ponérologie Politique ». C’est clair, limpide, ça coule comme de l’eau de roche, genre Bigard et le 9/11 non? Je trolle un peu mais ça parait tellement gros…
Dans tous les cas, si c’est vrai, si nos politiques/oligarques sont tous des psychopathes, innés ou acquis, ben c’est pas la peine de trop réfléchir à une constitution pour l’économie, il y a quand même peu de chances de la faire passer… Déjà qu’en supposant qu’ils sont « normaux »…
On ne comptait pas tellement sur les politiques pour faire passer une constitution pour l’économie, à vrai dire… Autant compter sur un roi absolu pour promulguer le suffrage universel. Pourtant, on y est bien arrivé au suffrage universel, non? 🙂
Ce qui m’étonne beaucoup à la lecture de ces commentaires, c’est que personne ne vienne contester le fait que nous soyons dirigés par des sociopathes . C’est incroyable quand on y pense ! Quelle est l’avis des sociopathes en question ?
« Quelle est l’avis des sociopathes en question ? »
Ils viendront nier l’existence d’un tel concept (la sociopathie), et ramèneront la discussion sur le fait que la domination existe et a toujours existé.
De même, ils viendront louer le fait que l’avidité de chacun est bonne pour le tout, en occultant complètement l’empathie qui existe en chacun de nous (mais pas chez eux) et qui est une limite naturelle à cette avidité.
En fait on le savait depuis longtemps.
Mais même en le disant on n’osait pas se l’avouer.
Ce sont des expressions : « tous des vendus », « tous pourris », tous des voleurs » etc,etc
On a tous dit çà un jour ou l’autre, sans nous rendre compte que c’est vrai !
On le disait sans vouloir le croire vraiment.
Henri Laborit:
« Nous avons écrit qu’il nous semblait que la finalité de l’individu était aussi celle de l’espèce, survivre, mais qu’entre les deux s’interposait celle des groupes, ayant comme seule finalité la survie du groupe, que celui-ci croyait ne pouvoir réaliser que par l’établissement de sa dominance sur les autres groupes. Or un groupe est constitué d’individus, mais ce qui en établit la cohésion, à ce nouveau niveau d’organisation, c’est un ensemble de relations entre les individus et nous avons montré comment et pourquoi ces relations s’étaient toujours établies, depuis le début du néolithique en particulier, sur une échelle hiérarchique de dominance. C’est ainsi que l’individu ne réalisa sa survie qu’en se soumettant à cette échelle hiérarchique, en d’autres termes, en défendant la cohésion du groupe par soumission à ses échelles hiérarchiques de dominance, permettant l’établissement de la dominance du groupe sur les autres groupes humains.
Or ces échelles hiérarchiques de dominance ente les individus, entre les groupes d’individus, les Etats résultent elles-mêmes de comportements, émanant d’un niveau d’organisation biologique terriblement simpliste et mécaniste. Mais malheureusement, chez l’homme, on fait appel à la « pensée » pour s’affubler d’une défroque langagière prétendument logique, sûre de son bon droit, de ses jugements de valeur, sûre de l’exactitude de ses préjugés. Il s’agit d’une bouillie de pensées dites élaborées, ne traitant que d’un aspect, intéressé toujours, d’un sous-ensemble de sous-ensembles, et l’élevant au rang de vérité première. L’inconscience des discours politiques et de ceux qui les prononcent mène à cet égard à des réalisations parfaitement réussies. Il n’y a pas que les discours politiques dans ce cas sans doute, ceux concernant l’éthique, la morale (comme s’il n’existait que celle de qui en parle), la santé, la génétique, l’amour des autres… et de la patrie, qui ne comprend pas celle d’à côté, sont évidemment du même acabit. »
Nous comprenons alors que si nous sommes distincts c’est que nous nous attachons à un seul niveau d‘organisation, celui qui nous « intéresse » le plus du fait de notre histoire personnelle, inscrite dans celle de notre culture. Je me méfie aussi de certains langages qui à partir de la notion de niveaux d’organisation admettent que le niveau « supérieur » commande à l’ « inférieur » et assurent que l’individu ne fait qu’exprimer la conscience de l’humanité. Pauvre conscience de l’humanité qui s’exprime alors par la peur, la jalousie, la haine, par le génocide et le meurtre d’une partie d’elle-même. Je pense au contraire que c’est la conscience parcellisée, en petits morceaux, de l’individu, qui aboutit à la conscience elle-même parcellisée de l’espèce et interdit à celle-ci de se totaliser. » in « Dieu ne joue pas aux dés » (Dieu ne joue pas au dés: éditions Grasset & Fasquelle).
Laborit et Resnais:
http://www.dailymotion.com/video/x3emds_leloge-de-la-fuite-1_shortfilms
http://www.dailymotion.com/video/x3em3l_leloge-de-la-fuite-2_shortfilms
Les démocraties sont filles des lumières
Mais, de quelles lumières parle t on ?
Celles de LUCIFER ( traduction : porteur de lumière ) alias satan ?
L’ange déchu , ennemi du genre humain de part son « » non serviam « »
Les hommes peuvent ils faire confiance à leur ennemi ?
Ne croyez vous pas que ce « »porteur de lumière « » nous entraine plutôt vers les ténèbres ?
Dans sa dernière intervention vidéo, Paul Jorion est extrèmement pessimiste sur nos chances à sortir de la crise
Les amis du porteur de lumière sont à l’oeuvre : ils mentent , ils volent ,ils pillent ,détruisent la création et trucident les créatures pour s’approprier leurs dépouilles
Chaque fois qu’ils proposent un progrès, c’est pour mieux nous asservir et nous entrainer vers l’abîme
Regardez bien , ce sont ceux qui nous ont mis dans la « »purée « » qui se proposeront de nous en sortir avec de nouvelles solutions encore plus infâmes
Pour comprendre tout cela , il faudra que le genre humain subisse un exode dramatique suivi d’une traversée sans fin du désert
» Mais, de quelles lumières parle t on ? »
Les lumières du libéralisme ou du socialisme qui préfèrent d’abord me parler des défauts chez les autres, n’amènent peut-être pas toujours mieux une meilleure conscience de vie et de changement en société.
Le mal change souvent de forme dans l’histoire lorsque ce n’est plus possible de faire autant de mal sous
sa première forme, le faux porteur de lumière n’apporte jamais une meilleure conscience à l’homme.
Un mal peut très bien cacher un autre mal,
Vous touchez là le coeur du problème des sociétés humaines. Que l’accession au pouvoir se fasse par la violence – complots – assassinats – coups d’état – ou par un processus électif – universel ou censitaire – le résultat est finalement le même : Le pouvoir est conquis par ceux qui le désire le plus, et ceux là sont souvent atteint de mégalomanie et autres maladies psychiques pathogènes. Ces hommes (et femmes bien sûr) sont capables de tout ou presque pour satisfaire leurs ambitions démesurées et leur marche vers les sommets aggrave encore leur maladie : clientélisme – chantage – menace – corruption – mensonge – populisme – démagogie – crimes etc..
La conclusion logique est que la désignation des représentants du peuple devrait être laissée au hasard. Il existe déjà des listes sur lesquelles sont désignés les jurés des cours d’assise a qui la société demande de juger en leur âme et conscience. Tirons au sort dans ces listes nos représentants locaux, régionaux et nationaux pour un seul et unique mandat. L’exécutif ne serait que l’exécutif, c’est à dire l’exécution de ce que décideraient les assemblées législatives. La justice retrouverait toute sa place et toute son indépendance.
excellent article.
«Il n’est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n’aient été forcés de conquérir de siècle en siècle, au prix de leur sang, par l’insurrection.»
Eugène Sue. (texte de 1830 environ)