L’actualité de la crise : La Grande Crise, par François Leclerc

Billet invité.

LA GRANDE CRISE

La crise de la dette publique va toucher les uns après les autres et sans distinctions tous les pays occidentaux, (« ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » – Jean de la Fontaine). La Grèce a eu l’honneur, dont elle se serait bien passé, d’en faire la première les frais. Les pays membres de la zone euro en sont déjà la victime, pour ne pas vouloir y faire face, succombant à la tentation de s’y dérober, et cela ne peut que se poursuivre ainsi, selon une lente et inexorable montée vers un on ne sait quoi. Quant au sort des Britanniques et des Américains, ils sont appelés à rejoindre le bal des vampires, selon de plus en plus nombreux Cassandre (jamais crue mais ayant toujours raison, selon la légende). En attendant, la crise financière, devenue économique puis politique, acquiert progressivement toute sa douloureuse dimension sociale, dans une Europe qui était encore épargnée par rapport aux Etats-Unis.

En raison de l’énormité des déficits actuels et à venir et de la politique suivie pour y faire face, nous sommes entrés – avec des variantes, mais pas davantage – dans une longue période faite d’une stagnation économique qui ne dit pas son nom et d’un surenchérissement progressif et irrésistible du marché obligataire. Celui-ci accroissant encore le coût de la dette et réduisant les marges de manoeuvre budgétaires. La croissance, condition supposée de la sortie de crise dont on ne parle d’ailleurs plus, n’a dans cet environnement aucune chance d’être au rendez-vous.

Car quel pourrait bien être son moteur ? Une relance par le crédit privé n’est pas vraisemblable, car les banques n’en ont pas les moyens et ne veulent pas en prendre le risque, dans une période de crise atteignant les entreprises et les particuliers. Par la dépense publique ? il n’en est plus question autrement qu’à la marge, en raison de la pression maximum qui s’exerce sur les Etats, afin qu’elle soit au contraire diminuée. Enfin, la voie de la création monétaire est déjà très abondamment utilisée, à considérer l’augmentation faramineuse de la taille des bilans des banques centrales (telles des bad banks n’osant pas dire leur nom, dont on serait curieux de connaître la valorisation des actifs pris en pension). Elle suscite de vives réactions des milieux financiers qui agitent l’épouvantail de l’inflation, sans s’apercevoir que le film a changé. Quant à la perspective d’une relance s’appuyant sur la croissance des pays émergents et entraînant le monde occidental dans son sillage, aucun signe tangible n’en l’accrédite la venue.

Le spectre d’une relance en « W » est réapparu, alors qu’en réalité c’est plutôt celui d’une relance en « L » – qui n’en est donc pas vraiment une – qui devrait être évoqué. Si cette hypothèse devait comme c’est prévisible se confirmer, c’est le pire facteur possible de poursuite de la crise qui s’installerait alors, probablement pour longtemps. Amenant dans l’impasse – et nous avec – ceux qui ont fondé leurs espoirs dans la perspective d’une croissance retrouvée, avec pour objectif d’évacuer progressivement les miasmes de la crise. Car une situation où seule l’activité financière serait florissante alors que l’économie resterait en détresse serait-elle tenable longtemps  ?

Les gouvernements et les banques centrales ont effectué un pari. Celui de concentrer l’essentiel de leurs moyens sur un objectif prioritaire : sauver un système financier en chute libre (ce sont leurs propres termes), afin d’être à leur tour sauvés. Hélas, ils sont sommés – au nom des intérêts de ce même système – de résorber sans attendre une dette publique qui est la conséquence directe de leur choix de départ, leur interdisant de renouveler leurs programmes de relance de l’économie. Sans que le système financier soit pour autant véritablement assaini, et donc susceptible – comme selon leurs calculs initiaux – de prendre le relais. Leur pari semble avoir été perdu, la grenouille ayant voulu se faire aussi grosse que le boeuf (encore Jean de la Fontaine). En conséquence, nous sommes plantés en plein milieu du gué.

Quelle que soit la direction vers laquelle l’on se tourne, des signaux alarmants sont visibles. En premier lieu, l’épée de Damoclès des marchés hypothécaires résidentiel et commercial américain, qu’il est superflu ici de rappeler. Si l’on se tourne vers l’autre point particulièrement faible de la zone euro, l’Espagne, c’est également son marché hypothécaire qui est menaçant pour son réseau de caisses d’épargne : 70 milliards d’euros de pertes seraient déjà enregistrés, alors que le taux de défaut des ménages continue de grimper sans qu’il soit possible de l’arrêter, dans un contexte de chômage et de crise économique. Si l’on revient aux Etats-Unis, on voit venir la crise budgétaire de nombreux Etats (on parle de 180 milliards de dollars de trou pour l’année fiscale 2011), induisant des coupes budgétaires très sévères dans les programmes sociaux et des licenciements massifs. Au Japon, l’endettement du gouvernement est annoncé comme devant atteindre 226,2% du PIB fin 2010, alors que les banques sont déjà gorgées d’obligations de la dette publique, financées à tire larigot par la Bank of Japan. Ce ne sont que quelques exemple de ce qui serait sans cela une longue litanie. L’apurement du passé est loin d’être terminé. Il s’accompagne de son cortège de malheurs, pour les banques et les budgets publics en premier lieu, pour les particuliers aussi, en dernière instance.

Pour entrer en résonance avec La Grande Guerre, celle de 14-18, on devrait désormais appeler La Grande Crise celle que nous connaissons actuellement. D’évidence, ce ne sont pas les bricolages concoctés dans l’improvisation qui préfigurent les solutions qui vont devoir être trouvées pour faire face à la nouvelle dimension que La Grande Crise est en train d’acquérir. Surtout lorsqu’ils s’accompagnent de replis sur soi illusoires.

Les Européens vont soit devoir se résoudre à un éclatement de la zone euro, dont aucun pays ne sortira renforcé, soit s’engager sur la voie de son renforcement, ce qui supposera dans un premier temps de mettre au point un mécanisme de sauvegarde destiné à ses membres. Dans l’épreuve, ils pourront avoir au moins cet avantage par rapport aux Américains, aux Japonais et aux Britanniques : ne pas être seuls s’ils le décident. Mais même cela n’y suffira pas, s’ils parviennent à le maintenir. Un autre verrou devra immanquablement sauter, afin de financer une dette publique qui ne pourra pas l’être sous les auspices de la seule rigueur budgétaire, la croissance n’y contribuant pas. Puis, pour sortir de la Grande Crise, il faudra aussi croiser le fer avec le système bancaire, pour qu’il prenne toute sa part des dégâts. Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés…

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99 réponses à “L’actualité de la crise : La Grande Crise, par François Leclerc”

  1. Avatar de pierrot123
    pierrot123

    « Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… »

    Aidés par qui, en fait? Puisqu’il semble acquis que les milieux financiers ne feront aucun effort dans ce sens…Et qu’il est évident que la simple sagesse ne peut pas avoir sa place dans ce débat (ça se saurait depuis longtemps!)…

    Les militaires ? (on n’a pas oublié la Grèce des colonels).
    Une brusque détérioration des relations internationales?
    Une hypothétique révolte des populations?

    C’est quand rien n’est possible, que tout devient d’un coup possible…(Levinas, sur un autre sujet, parlait du « possible de l’impossible ».)

  2. Avatar de Joan
    Joan

    Ce qui me fascine c’est qu’il y ait tant de gens individuellement intelligents, conscients que la situation est grave, mais que collectivement nos comportements soient d’une stupidité confondante. L’être humain atteint-il en ce début de 21ième siècle ses limites, face à une complexité qu’il a en grande partie engendré et qui maintenant le dépasse au risque
    d’amener l’espèce à sa perte.

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Attendez de voir la faillite des assurances vies et certains qui se croyaient à l’abri comprendront trop tard.

    2. Avatar de communisation
      communisation

      « L’être humain » n’existe que dans l’Idée, pratiquement ce sont les classes qui déterminent, et sur-déterminent qui est qui.
      Pareil pour les femmes, n’existent que comme construction-assignation sociale.
      Les hommes sont leurs rapports sociaux.
      Il n’y pas l’homme dans une société de classes, une société scindée. Il y règne la séparation réelle entre les producteurs et leurs produits, la subsumation d’un pôle du rapport d’exploitation par l’autre, implication réciproque des deux classes ici et maintenant en présence. Le produit, c’est-à-dire la société elle-même dicte sa loi (l’économie, la lutte de classes, la valeur) aux producteurs du rapport social, c’est l’auto-présupposition. Les deux pôles sont également aliénés, mais la classe capitaliste exploite l’ensemble de la classe prolétarienne à son profit, c’est sa spécificité.

    3. Avatar de Pascal Bloch-Eisenstein
      Pascal Bloch-Eisenstein

      Ne vous inquiétez, si je peux parler en ces termes, les effets reels sur la population, ils vont très bientôt se faire sentir : chômage, baisse des patrimoines financiers et immobiliers pour ceux qui en possèdent etc…une fois la confrontation avec la réalité réelle (et pas seulement la réalité abstraite, C.A.D l’analyse que la crise est là) çà peut allez très vite. Maintenant on peut faire comme le Docteur House, et rappeler ironiquement, en écrivant sur un tableau, les différents étapes du processus de deuil (refus, marchandage, colère, acceptation….), mais je suis prêt à parier que concernant l’argent et les conditions matérielles qui nous touchent tous directement, ce processus va aller très vite. Quel scenario ensuite ? çà je suis incapable de le dire, ni même, peut-être, incapable de l’entendre, mais çà ne pourra être difficilement autre chose qu’un scenario de type création monétaire (inflation pour résorber la dette), ou bien une forme de guerre, l’un n’excluant pas l’autre.

  3. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    Oui, sans être économiste, j’ai vraiment l’impression d’une croissance en L, c’est à dire pas de croissance du tout. Ce modèle de société est en train de disparaître lentement mais sûrement. Etant chômeur, je vois depuis un an la courbe des offres d’emplois chuter vers zéro et quand je dis offre d’emploi, j’y inclus les CDD, l’intérim et même les emplois aidés, ce qui veut dire que tout chômeur à venir ne fera que grossir cette « armée de réserve » sans utilité aucune, la sortie ne se faisant que par le bas soit par découragement soit par fin de l’indemnisation. Remarquez, cela va nous laisser le temps de réfléchir à un autre type de société, même beaucoup de temps. Jorion, dans un précédent billet, évoquait l’optimisme des gens, eh bien, il va en falloir beaucoup. Pour les russes, la différence entre l’optimiste et le pessimiste tient à ce que le pessimiste pense qu’on ne peut pas aller plus bas, alors que l’optimiste pense le contraire…
    Cela dit, c’est sur les ruine du vieux monde que l’on bâtit un autre monde, malheureusement, cela va prendre probablement beaucoup de temps…

    1. Avatar de communisation
      communisation

      … »tout chômeur à venir ne fera que grossir cette « armée de réserve » sans utilité aucune,… »
      L’utilité de l’armée de réserve : la diminution de la part salariale.
      La crise présente s’annonce comme crise du rapport salarial :crise (jugement) du rapport de production social capitaliste, crise de la valeur.
      « C’est quand rien n’est possible, que tout devient d’un coup possible… » c’est-à-dire : » comment une classe (le prolétariat) du mode de production actuel peut sur les bases de ce qu’elle est (une classe du mode de production capitaliste) abolir les classes en s’abolissant elle même : auto-négation dans la communisation.

  4. Avatar de Cécile
    Cécile

    sur l’éclatement de la zone €
    cette interview de Jacques Sapir sur « j’ai dû louper un épisode »

    « Aujourd’hui deuxième partie de l’entretien réalisé le 12 janvier avec Jacques Sapir, directeur de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

    Je vous rappelle le contexte, j’étais allée voir Jacques Sapir, un an après notre entretien précédent pour faire le point sur la crise, et j’avais orienté notre conversation, à la fin de cette première partie, sur le chômage. Peut-être vous souvenez-vous des dernières paroles alors de Jacques Sapir : «  Tout parti qui se bat pour le maintien du libre échange et pour le maintien de la politique monétaire telle qu’elle est aujourd’hui est en contradiction avec l’objectif du plein-emploi ». Eh bien, c’est sur cette question du plein- emploi que je l’ai relancé, un peu candidement sans doute. Et ça nous amène, vous le verrez, à l’Union Européenne, à la perspective de l’éclatement de la zone euro, au questionnement sur l’éventualité de la sortie de la France de celle-ci, et au Front National. Bonne écoute !

    Pascale Fourier : Est-ce qu’il y a eu un renoncement au plein-emploi pendant un certain temps par les politiques ? Et avec à ce moment-là quelle vision de l’architecture économique internationale ? Je n’ai jamais trop bien compris…
    1983 : le choix politique du chômage de masse, transitoire, espérait-on…

    Jacques Sapir : Il n’y a pas de cohérence, mais il est clair que, en 1983, une partie du gouvernement français fait le choix du chômage de masse, en considérant que ceci est un épisode, que l’on espère transitoire à l’époque – personne ne pensait que ce chômage de masse durerait 25 ans -, que l’on espère à l’époque limité afin de provoquer un phénomène de désinflation en France. On va parler de « résignation au chômage »… Mais ce n’est pas du tout une résignation ! C’est une volonté délibérée de provoquer du chômage dans la société française. Il n’y a aucune résignation, il y a bien une politique. Mais cette politique visait un certain objectif, et de ce point de vue-là avait une cohérence. Je ne dis pas cela pour excuser les gens, mais je dis qu’ils étaient cohérents avec eux-mêmes: ils avaient fait de la désinflation le principal axe de leur politique, et donc pour cela ils devaient passer par le chômage.

    Le problème, c’est que cette politique est devenue structurelle. Ce qui aurait dû être grosso modo un mauvais moment à passer de quelques années s’est transformé aujourd’hui en une politique structurelle, car on voit bien que, de désinflation en désinflation, nous sommes entrés dans la zone euro, et dans la zone euro nous sommes entrés dans une logique de basse pression économique généralisée.

    La zone euro: une zone de basse pression économique généralisée.

    Par rapport à cela, il y a toujours des arguments. On va dire que si le franc était resté en dehors de la zone euro, nous aurions été obligé de payer au marché une surprime en termes de taux d’intérêt par rapport à l’Allemagne et par rapport à la zone euro. C’est absolument incontestable. C’est absolument vrai. Mais le vrai problème, c’est la question de savoir pourquoi on a ouvert l’économie française aux marchés financiers ? Pourquoi n’est-on pas resté dans le système de marchés segmentés et extrêmement contrôlés que nous avions dans les années 70 dans la mesure où la France n’a pas besoin de capitaux étrangers puisqu’elle est exportatrice de capitaux. La balance nette des investissements français est positive politiquement; elle est négative économiquement, c’est-à-dire que il y a plus d’argent qui sort que d’argent qui rentre, et donc cela veut bien dire que nous n’avons pas besoin de l’argent étranger. Il y a des pays qui, eux, en ont besoin ! Et là d’une certaine manière, ils n’ont pas d’autre choix que d’entrer dans cette logique des marchés financiers, mais ce n’était pas le cas de la France. Et ça, c’est bien une responsabilité qui a été prise de nous faire entrer dans la zone euro… On peut toujours justifier avec cette « histoire des taux d’intérêt », mais qui elle-même est liée à l’ouverture de l’économie française au marchés financiers.

    La zone euro se caractérise aujourd’hui par une politique monétaire extrêmement récessive en réalité, et puisque l’on sait que, dans la charte de la Banque Centrale Européenne, on a fixé comme objectif 2% d’inflation, je signale qu’il n’y a aucun objectif d’inflation qu’il soit nommément fixé aux États-Unis et que la banque centrale des États-Unis, la Réserve Fédérale, se fixe des objectifs en fonction de la situation. Et deuxièmement, nous avons surtout une clause de non-secours mutuel, ce qu’on appelle la « no bail out », clause de non-secours mutuel qui veut dire que chaque pays doit affronter ces problèmes budgétaires seul. D’abord, c’est d’une incohérence totale par rapport à une zone monétaire comme la zone euro et d’une stupidité absolue dont on comprend quand même les racines: grosso modo, les Allemands ne voulaient pas payer pour les autres… Mais fondamentalement, ce problème vient du fait que l’on a fait entrer dans la zone euro des pays qui n’étaient pas prêts et des pays qui étaient hétérogènes d’un point de vue économique. Alors soit en prend ça en compte et l’on dit: « Oui, il doit y avoir une clause de secours mutuel », soit in fine ce problème porte en lui l’éclatement à terme de la zone euro.

    Mais concrètement aujourd’hui la zone euro est bien la cause d’une tendance à la dépression globale, et en fait on voit bien que depuis 1999 les pays européens qui ne sont pas entrés dans la zone euro ont crû plus vite que l’économie de la zone euro, et que l’économie américaines a crue elle-même plus vite que celle de la zone euro, sans parler de l’économie japonaise etc. etc. Donc aujourd’hui la zone euro est très certainement l’un des facteurs de récession et de dépression les plus importants en Europe.

    Pascale Fourier : Sans qu’il y ait d’espoir que cela change ?…

    Vers la crise de la zone euro

    Jacques Sapir : Vous savez personne ne sait ce dont le futur sera fait. Nous allons très certainement affronter une crise grave de la zone euro vers la fin de 2010 ou le début de 2011. Nous en voyons d’ores et déjà les prémices avec le cas de la Grèce, le cas de l’Irlande, le cas de l’Italie. Ces situations locales ne feront que s’aggraver et nous serons face à une vraie crise de la zone euro. Je pense qu’il est raisonnable de se donner comme horizon le printemps de 2011, même si on ne peut pas exclure que cette crise arrive plus vite ou qu’elle arrive à la fin de 2011. Si vous voulez, je ne prends pas de paris sur les dates précises. Par contre, la question de cette crise est absolument indubitable. À ce moment-là il y a deux solutions. Soit on décide de réformer la zone euro et cette crise peut servir à quelque chose – mais concrètement aujourd’hui on ne voit pas se dégager entre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne un consensus qui soit réellement efficace pour réformer la zone euro. Soit cette crise sera le début de la fin de la zone euro.

    Et là je pense qu’il est important de comprendre que, d’une certaine manière, ça pèsera sur l’élection présidentielle française. Nous serons à ce moment-là très probablement confrontés au choix suivant : soit accepter une nouvelle vague de politique d’austérité qu’impliquera la politique monétaire européenne, soit prendre la décision politique de sortir de la zone euro.

    Le maintien ou non de la France dans la zone euro

    Et j’ai très peur que face à ce choix le conservatisme l’emporte et que vous ayez des discours du genre : « Oui, la zone euro, ce n’est effectivement pas très confortable, mais nous serions dans une situation encore plus délicate si nous étions dehors ». Chose que je conteste absolument ! Je conteste ça absolument: je pense que si nous étions hors de la zone euro, mais évidemment avec des conditions financières un petit peu différentes de celles que nous avons aujourd’hui et en particulier une convertibilité réduite à la convertibilité dite « en compte courant » ( c’est une convertibilité uniquement basée sur les importations et les exportations et pas sur les mouvements de capitaux), nous aurions traversé cette crise dans des conditions qui n’auraient pas été plus mauvaises et qui aurait été globalement meilleures que les conditions dans lesquelles nous l’avons réellement traversée. Je crois donc que le maintien ou pas de la France dans la zone euro sera l’un des thèmes importants de la campagne présidentielle de 2012.

    Pascale Fourier : Parfois, dans les moments fort peu gais que je peux avoir en pensant à l’économie, j’ai impression qu’à long terme on ne pourra avoir qu’un déclassement définitif de l’Europe par rapport aux autres grandes zones régionales…

    Le rééquilibrage de l’économie mondiale

    Jacques Sapir : Ce n’est pas un déclassement, mais c’est d’une certaine manière un rééquilibrage. Si nous raisonnons sur le très long terme, il faut savoir qu’au XVIIe et au XVIIIe siècle, l’Europe qui est d’une certaine manière pour nous l’horizon dans lequel nous raisonnons, même si cet horizon ne correspond pas à l’Europe institutionnelle – ça veut dire avec la Russie, avec l’empire ottoman, etc. – ne représentait qu’une part relativement réduite de la production mondiale parce que la Chine et l’Inde représentaient des parts extrêmement importantes à l’époque. Ce qui a été anormal, c’est que, dans le courant du milieu du XXe siècle, des pays comme la Chine, comme l’Inde soient tombés aussi bas dans leur part du PIB mondial. Aujourd’hui, ils sont en train de remonter; autrement dit, il y a un rééquilibrage qui se fait et ce rééquilibrage est normal.

    L’autre problème, c’est de savoir si ces pays sont en train effectivement de nous rattraper d’un point de vue technique et technologique ? Oui, dans un certain nombre de domaines, ce qui pose d’ailleurs le problème de la concurrence faussée. La Chine et l’Inde disposent de réservoirs de manœuvre extrêmement importants, et il en sera ainsi pour environ une génération, grosso modo sur 25, voire 30 ans, ce qui va maintenir les salaires à un niveau relativement faible et, en même temps, ils sont en train de nous rattraper du point de vue de leur capacité à maîtriser les techniques de production, ce qui veut dire qu’ils vont pouvoir produire à peu de choses près les mêmes produits que nous, mais à des coûts qui vont être très sensiblement inférieurs.

    Prédateur du commerce international…

    Et c’est là où il faut dire: « Ecoutez, ceci n’est pas possible. Ou plus exactement vous ne pouvez pas vous constituer en prédateur du commerce international de manière durable ». Un pays comme la Chine doit normalement avoir une balance commerciale équilibrée, c’est-à-dire qu’il doit importer autant, à peu de chose près, que ce qu’il exporte. Et ça, c’est une évidence quand on voit la taille du pays. Même chose pour l’Inde. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous avez là encore une dimension de concurrence injuste qui joue massivement en faveur de ces pays.

    De la nécessité d’un protectionnisme européen…

    C’est bien pour ça que je dis qu’il va falloir mettre des droits de douanes et des droits de douanes relativement importants, en comprenant aussi que les pays du cœur de l’Europe, les pays du cœur historique, peuvent très bien fonctionner d’une certaine manière en circuit fermé. Nous avons peu de choses à exporter vers le reste du monde, sauf peut-être évidemment des avions, et encore, parce que nous sommes aussi un gros consommateur de mode de transport etc. Donc je pense qu’il faut abandonner cette attitude où l’on dit: « Mais si l’on met les droits de douane, alors nous n’exporterons plus vers la Chine ». Oui, bien sûr, nos exportations vont baisser, mais elles vont baisser de toutes les manières. Il vaut mieux anticiper ce phénomène et se donner comme objectif une consolidation et une reconstruction de nos industries dans le pays du cœur de l’Europe.

    Cette reconstruction de toutes les manières est nécessaire dans la mesure où il s’agit bien de définir aujourd’hui un nouveau paradigme dans l’usage des ressources. Et il est clair qu’il va falloir passer progressivement à des processus de production dont l’impact technologique global, que ce soit en termes de carburant, que ce soit en termes de déchets, etc., sera plus réduit. Là encore, il est clair que c’est des choses qui vous coûter de l’argent, et si l’on veut réellement passer à cette industrie d’un nouveau type, il faut protéger le marché intérieur européen.

    …passant par l’éventualité d’un protectionnisme unilatéral de la France…

    C’est pour cela, si vous voulez, que je suis un ferme partisan d’un protectionnisme européen. Maintenant, concrètement, il faut comprendre que chaque pays va, d’une certaine manière, voir midi à sa porte, qu’un certain nombre de pays d’Europe va dire: «Non, il n’est pas possible de passer au protectionnisme », ou « Vous vous avez peut-être des problèmes, mais pas nous » – pour l’instant… , ils en auront peut-être d’ici quatre ou cinq ans… Dans ce type de situation, il y a un vieux principe que connaissent bien les juristes : il vaut toujours mieux « plaider saisi », autrement dit plaider en ayant le contrôle de la situation. Et c’est pour cela que je dis qu’il n’est pas du tout impossible que nous soyons obligés de mettre en place des droits de douane au niveau français pour obliger les autres pays à se poser le problème du protectionnisme européen. Parce qu’une fois que nous aurons des droits de douane au niveau français, ça va pas poser de tels problèmes à nos voisins qu’ils seront obligés de rentrer dans une négociation avec nous. Très concrètement, si nous mettons aujourd’hui des droits de douane de 20 ou de 30 % sur tous les produits qui viennent de l’étranger, c’est une catastrophe pour l’Allemagne. Évidemment, les Allemands vont protester très violemment. Et là, ou vous êtes sur une position de libre-échange fondamentaliste, eh bien vous restez dans le libre-échange – nous ne le sommes pas, vous vous l’êtes, tant pis ! -, ou vous menacez de mettre des droits de douane en rétorsion – et cela veut dire que vous n’êtes plus sur une position de libre-échange fondamentaliste: alors très bien, mettons des droits de douane coordonnés au niveau des pays peut-être du cœur de l’Europe et puis progressivement au niveau de la totalité de l’Europe !

    Il y a là un argument politique d’une très grande force. Le problème évidemment, c’est que ça va passer par un moment d’affrontement. Mais c’est pour cela que, là encore, je pense que l’élection présidentielle de 2012 sera probablement décisive de ce point de vue-là.

    Pascale Fourier : Vouloir mettre en place des droits de douane suppose qu’on a – je vais le dire d’une façon un peu bête… – quelque intérêt pour les gens… Vous savez comme moi que vous êtes singulier dans le paysage des économistes et fort peu repris par les politiques… Si les politiques cherchent plus l’intérêt – c’est peut-être un petit peu caricatural – des multinationales ou les intérêts des grandes forces financières plutôt que du salarié qui a besoin d’un travail (et donc on a besoin d’avoir le plein-emploi !), il n’y aura jamais de mesures protectionnistes qui pourtant effectivement me semblent logiquement nécessaires…

    Jacques Sapir : Si vous voulez, comme je suis quelqu’un qui croit en la démocratie, je continue d’espérer dans le fait que les gens qui votent se rendront compte où se trouve leur intérêt, se rendront compte que leur intérêt se trouve dans le protectionniste, du moins pour une majorité des français.

    La « classe de loisir », dominante, est la seule à ne pas avoir besoin du protectionnisme

    Bien sûr il y aura toujours des Français qui n’ont pas intérêt au protectionnisme, et pas simplement les multinationales. Il y a une couche ou une classe de gens – je ne sais pas si on peut parler de « classe », peut-être…. -, mais il y a une classe de gens qui correspond grosso modo à ce que Veblen appelait la « classe de loisir » et qui, elle, n’a absolument pas besoin de protectionnisme. Au contraire, elle a besoin du libre-échange, elle a besoin d’un euro fort, etc. Ça représente quoi? Ca représente 15 %, 20 % de la population au grand maximum, probablement moins. Et il est très frappant que, idéologiquement, c’est cette classe qui a hégémonisé le débat. Il faut aujourd’hui briser cette situation qui est non-démocratique en redonnant la parole, d’une certaine manière, à la majorité des salariés.

    Le risque Front National

    Et il faut savoir une chose, c’est un phénomène qui aura lieu qu’on le veuille ou non, mais il peut prendre des formes extrêmement déplaisantes… Une chose serait effectivement d’avoir une politique économique cohérente qui soit réellement conçue en fonction des intérêts du salarié, etc., et une autre chose, c’est d’avoir une politique xénophobe. Aujourd’hui, si les forces de gauche ne préemptent pas cette question rapidement, à la fois sur la question du protectionnisme et sur la question de la monnaie, il est à craindre, non pas en 2012, mais peut-être en 2017, que ce soit le Front National qui le fasse. De ce point de vue-là, je n’ai jamais cru dans l’histoire de la mort du Front National, ou plus exactement la mort du Front National s’est comme celle de Marc Twain- « la nouvelle de ma mort est quelque peu exagérée ». Le Front National continue d’être un acteur politique en France, et cet acteur verra s’ouvrir politiquement devant lui une avenue, et peut-être même plus qu’une avenue, si en 2012 nous ne sommes pas capables d’intégrer ces dimensions de protectionnisme et la dimension monétaire dans le cadre d’une politique de gauche.

    Ça, il faut être très très clair aujourd’hui. D’ores et déjà on voit que le discours de l’UMP sarkoziste est en train de perdre de sa crédibilité très rapidement. Il va y avoir un retour de balancier vers les socialistes et tout dépendra de la nature du discours qu’ils tiendront. S’ils continuent à développer un discours lénifiant sur l’Europe, qui présente l’Europe en fait comme la somme des bonnes volontés et non pas comme un combat, et parfois un combat violent du point de vue de la construction des institutions, alors, d’une certaine manière, ils vont eux ouvrir ce véritable boulevard au Front National. Nous sommes dans une situation qui est assez complexe, qui est assez préoccupante, et c’est pour cela que je dis que les enjeux politiques de l’élection de 2012 me semblent tout à fait considérables…

    Pascale Fourier : Et voilà, c’était la deuxième partie de l’entretien réalisé le 12 janvier avec Jacques Sapir qui est directeur de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. À bientôt ! « 

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Le protectionnisme n’est pas du tout la solution même si le reste de l’article est OK. Disons que c’est une solution totalement myope, qui ne rendra à aucun pays sur la terre un marché d’exportation.

      C’est ici que nos chemins se séparent.

      Si nous n’achetons pas chinois, cela ne nous créera pas un marché supplémentaire. La vérité est ailleurs

    2. Avatar de Crapounet
      Crapounet

      @ Lisztfr

      Je ne vois pas en quoi appliquer des droits de douanes vis-à vis de certain pays seraient une solution myope?

  5. Avatar de Karluss

    lorsque vos colonnes, monsieur Leclerc, quittent les voies de la béatitude, nous sommes face à la Vérité de notre monde à l’agonie. Ce billet répond à une précédente question sur l’euro, merci de porter brillamment la lumière sur nos écrans.

  6. Avatar de kerema29
    kerema29

    Monsieur leclerc, je ne comprend la fin de votre billet ; quel est ce second verrou qu’il faut faire sauter ? et qui peut aider les gouvernements de la zone euros ? Est ce de la BCE qu’il s’agit ? merci de bien vouloir éclairer ma lanterne svp

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Je n’avais pas l’intention d’être énigmatique, mais plutôt de solliciter des réponses. Les miennes n’étonneront pas.

      J’aurai pu écrire « ferment pousser » au lieu de « d’aider » les gouvernements à avancer ! Et faire état, concernant le verrou qu’il faut faire sauter, de la capacité qu’à la BCE – au statut près – de prêter aux Etats au même taux qu’elle le fait aux banques. Le verrou, c’est donc le statut, fruit d’une décision politique sur laquelle il peut être revenu.

      Pas besoin, comme vous le constatez, d’employer des grands mots pour dire des choses très simples, qu’il suffit de faire partager.

  7. Avatar de Loredana
    Loredana

    une partie des libéraux pur jus (type the market ticker) suggèrent de laisser faire faillite aux établissements too big to fail, quitte à supporter une crise systémique: est-ce que aujourd’hui on a le choix? les états ne peuvent plus sauver un système bancaire qui se tient seulement grâce au truquage des bilans: le pb de Enron est devenu le pb global de l’économie, même une stagnation me semble une perspective optimiste maintenant.

    par contre, ce qui pestent contre les « keynesiens » (types Loïc Abadie) oublient que la relance par la dette chez Keynes était censée soutenir des politiques de la demande, pas le sauvetage des banques, ne les politiques de l’offre qu’on continue à nous administrer depuis 30 ans, et que depuis 30 ans ne marchent pas.

    il faut une refonte du système globale, les suggestion de Paul Jorion et F. Lordon, sont intéressantes, mais ne suffiront pas; relire Marx peut aider, peut-être (dit par une ancienne et convaincue anti-marxiste)

  8. Avatar de Vincent
    Vincent

    Je me répète encore une fois, ne payons pas cette dette, faisons immédiatement défaut sur le paiement. Quels sont véritablement les risques de cette option, l’Europe n’est pas l’Argentine, la déflagration serait dévastatrice et radicale. Où est le problème ? (à part bien entendu que cette idée a autant de chance de voir le jour dans la réalité que de trouver de l’eau liquide sur le soleil)

    1. Avatar de liervol
      liervol

      La dette de la France, elle se trouve en grande partie dans les fonds euro des heureux et inconscients détenteurs d’assurances vies, vous savez les 4% de rendements annuel, c’est ça. D’ailleurs si les taux remontent, il y en a qui vont avoir du soucis. Des tas de bons à 3, 4% qui vont automatiquement perdre de valeur si les taux sont à 5 ou 6% sur les prochains…

  9. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    Je lis cet article comme un appel fait aux Etats pour refuser de payer les intérêts de la dette, ou même len totalité.
    Y a-t-il un exemple récent où des états ont fait couler des banques volontairement afin de se prémunir des velléités du monde de la finance ? Après tout, et si l’une des solutions de la crise, ce n’était pas de faire couler Goldman Sachs, Morgan Stanley and cie ?

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Il ne s’agit pas de faire couler les banques dans ce cas là, on fait couler tous le système les petits épargnants en fond euro avec…. ce n’est malheureusement pas si simple. c’est refaire aux détenteurs d’assurances vies le coup de l’emprunt russe, ni plus ni moins.
      Mais on y viendra car je ne vois pas d’autre solution peut être pas tout mais une belle partie quand même.

    2. Avatar de Mortimer
      Mortimer

      Il faut se résoudre à accepter que nous serons globalement moins riches dans quelques année. La question est comment répartir cet appauvrissement entre les détenteurs d’obligations d’Etat, les salariés, les rentiers (retraités), les détenteurs d’assurance vie et…..les institutions financières. Vincent a écrit un post très intéressant sur le sujet il y a quelque jours.

  10. Avatar de laurence
    laurence

    C’est formidable.
    C’est une occasion sans précédent de TOUT changer.

  11. Avatar de ervita
    ervita

    J’ai le sentiment que la dernière phrase de votre billet nous laisse elles aussi au milieu du gué.Comme je ne peux imaginer ( et vous le dites dans votre articles ) que vous songiez à une aide du système financier, il ne reste que celle …….des citoyens !!! Je ne vois pas comment vous la concevez dans la mesure ou toutes les castes politiques européennes considèrent depuis bien longtemps la démocratie comme une contrainte dont il faut s’affranchir du mieux possible (à rapprocher du contournement des lois par le système financier ). Est ce à dire que vous prôner un soutient massifs des administrés à leur gouvernant (supposant pardon et abnégation des peuples) dans cette période difficile. Car je ne vois pas bien ce que nous pourrions apporter d’autre à nos gouvernant.

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Voir plus haut !

  12. Avatar de jeannot14
    jeannot14

    Les aidés NON et NON, les contraindre OUI….OUI….OUI par la volonté Populaire qui sera souveraine, dans le calme froid d’une colère sourde canalisée, la démocratie doit avoir le dernier mot.
    Répudions les banquiers et leurs intérêts.

  13. Avatar de badrée badiouesque
    badrée badiouesque

    « Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… »

    mais à époque médiocre ,homme politique médiocre …

  14. Avatar de yvan
    yvan

    Excellente analyse. Mais cela montre que les Européens devront encore mouiller la chemise.

    Soit 2 (deux) choix. (note, choix, c’est à partir de deux)

    Plier ou faire plier.

    Pour ce qui est de tuer du banquier, je suis complètement volontaire. Par contre, devenir hipocrito-américain, là, je ne peux. Désolé. Pour tout l’or du monde.

  15. Avatar de BA
    BA

    Le ministre grec des Finances compare la Grèce au Titanic !

    C’est une comparaison osée, mais lucide !

    Lisez cet article :

    Face aux appels de ses homologues, le ministre grec des Finances George Papaconstantinou a prévenu qu’il ne fallait pas demander à son gouvernement, qui doit faire face à d’importantes résistances sociales, des résultats trop vite trop tôt.
    « Nous cherchons à changer la trajectoire du Titanic. Cela ne peut pas se faire en une journée », a-t-il dit.
    « Si des mesures supplémentaires sont nécessaires, nous les prendrons. Aujourd’hui c’est la Grèce, demain cela pourrait être un autre pays. N’importe quel pays européen peut être en proie aux forces spéculatives », a-t-il poursuivi.

    Reuters

  16. Avatar de E. Quilgars

    Il n’y a aucune raison d’être optimiste. Et pourquoi l’être ? Il y a encore tant à faire pour parachever la révolution néolibérale ! Trop de services publics, de fonctionnaires, etc.
    Sur son blog aujourd’hui, Evans-Pritchard, qui s’inquiète des taux des Gilts (en hausse), appelle à réformer le NHS (le service de santé britannique, étatisé), « à la machette », et à réfléchir sur les fonctions de l’Etat… Intéressant, quand on sait que le NHS est l’un des derniers vestiges de l’Etat-Providence au Royaume-Uni, et que les dépenses de santé dans ce pays sont parmi les plus basses des pays de l’OCDE (bien en dessous de la France, par exemple).
    Conclusion : dans tous les pays d’Europe, il y a encore du boulot pour les héritiers de Thatcher-Reagan !

  17. Avatar de Jimmy
    Jimmy

    Nous sommes probablement dans un cycle de déflation et de surproduction depuis déjà qq années: les masses monétaires en circulation n’empêchent pas la stagnation des prix, hormis les bulles sporadiques et manipulées. L’hypothèse qui se fait jour, est que seule l’inflation pourrait maintenant sortir les Etats de leur endettement, mais au prix d’un redoutable krach obligataire qui affaisserait fortement l’épargne (notamment en assurance-vie).
    Peut-être l’avant-dernière cartouche, est-elle la nationalisation du sytème bancaire, et la réalisation des mesures de séparation des activités proposées par M.Allais, il y a 10 ans; de façon concomitante, l’élévation de barrières douanières pour défendre à minima l’industrie et ses employés.

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Pour les assurances vies le compte à rebours est déjà en marche, pourquoi croyez vous qu’il y a une tentative de diversification sur les unités de comptes.
      Et n’oubliez pas on vient de vieux bons à 17% vers 3% actuellement, et on repart à la hausse, quand ? c’est juste une question de timing mais plus on traine plus on accumule des 3% en fond euro qui ne vaudront plus grand chose et plus ils seront nombreux plus ça va faire mal.

  18. Avatar de dico
    dico

    Et ce sera pire pour l’Europe si la Fed décide de ré-augmenter son taux directeur, ce qui ne devrait tarder.
    Je me demande juste si les Américains augmenteront leurs taux aussi dans le but de lapider l’Euro et ainsi de permettre au dollar de conserver son statut de monnaie de référence !

  19. Avatar de laurence
    laurence

    @ Joan,

    avez-vous une proposition, au niveau collectif ??
    Je ne demande que cela….

  20. Avatar de liervol
    liervol

    Qui a lu Raymond Philippe : le drame financier de 1924 1928. il avait fait un sort aux spéculateurs juste pour servir d’exemple en février et mars 1924.

  21. Avatar de liervol
    liervol

    Les dangers du statu quo actuellement en deux phrases :

    Après vous mon cher Alphonse,
    Pas du tout mon cher Gaston, après vous…

  22. Avatar de laurence
    laurence

    reprenons :

    -pousser fermement les Etats à modifier le statut de la BCE pour que celle-ci prête aux dits Etats au même taux qu’elle prête aux banques.
    Tout ca pour rembourser LA DETTE.

    ou

    -répudier la dette et les banquiers-escrocs.

  23. Avatar de charles
    charles

    Lisant votre billet, je pense à cette formule de Guy Verhostadt, début 2009, sur laquelle il a construit son livre: 27 pays, 27 plans différents ( Sortir de crise; comment l’Europe peut sauver le monde, janvier 2009, traduction francaise juin 2009, Actes Sud ) , Guy Verhofstadt qui a renoncé à briguer le mandat, malgré le soutien du gouvernement allemand, sans doute à cause de la réélection de Sieur Barroso, plus vraisemblablement dans le sentiment que, vu les
    forces en présence, la bataille ne pourrait etre gagnée. La crise grecque est un test et un tournant dans l’histoire de l’UE: réforme forcée ou implosion ?

    Albert Edwards penche pour un éclatement inévitable ( Greece debt bailout leaders split over euro-crisis ), j’ ai traduit hier l’analyse de David Rosenberg qui évalue à 2 trillions de $ la restructuration de la dette souveraine des pays européens, qui font face, comme vous le soulignez justement à une crise monétaire et à une crise économique, le Financial Times Allemagne rapporte que l’UE cherche un moyen de lutter contre les spéculateurs…
    Un plan de sauvetage de 200 mds d’euros, 100 mds pour couvrir la crise monétaire, et 100 mds pour des plans pour l’emploi, 27 + 1 banques centrales, contre 2 trillions de $ comme épée de Damoclès….

  24. Avatar de zébu
    zébu

    Je ne vois pas bien comment faire sauter le verrou. Sauf à mettre en place une procédure de révision du traité de Lisbonne … lui-même dépendant du Conseil européen (unanimité et/ou ratification). Un ou d’autres verrous, plus gros encore.

    1. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Très juste !

      Où l’on voit l’intelligence de tous ceux qui ont défendu le traité constitutionnel et ensuite voté ou laissé voter le traité de Lisbonne…

      L’Union européenne est l’organisation politique au monde la plus acharnée dans la libre concurrence, elle a donné deux directeurs du FMI, plus libéraux l’un que l’autre et un directeur de l’OMC qui ne connaît que la concurrence libre (non faussée, il ne sait pas ce que cela veut dire !).

      C’est le rêve réalisé de Reagan et de Thatcher réunis.

  25. Avatar de laurence
    laurence

    @ Sophie : merci!

    Le compte-rendu de Sophie d’une interview de Jacques Sapir (voir plus haut) est vraiment intéressant…

  26. Avatar de daniel
    daniel

    Magnifique billet , et pessimiste : nous allons souffrir;
    les choix positifs ou contraints seront couteux.
    La dernière phrase est réaliste et mystérieuse:
     » Vaste programme par rapport auquel les gouvernements européens
    ne semblent pas excessivement taillés pour le décider et
    le mener à bien, s’ils ne sont pas aidés… ».
    Qui pourraient « aidés » les gouvernement européens ?
    Il n’y a pas d’organisme à côté , ou au-dessus d’eux, qui pourraient
    venir en aide à des gouvernements bien vélléitaires,
    sans énergie et sans imagination.
    deux idées:
    organismes internationaux:
    Il n’ y a rien à attendre d’organismes tels le FMI.
    D’ abord, ses moyens sont insuffisants, et de loin.
    Une opinion publique enfin éveillée ?
    C ‘est du rêve.

  27. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Lundi soir, au sortir de la réunion de l’Eurogroup, son chef de file Jean-Claude Junker a annoncé les prévisions de croissance de la zone pour 2010 : fragile, selon ses propres termes, celle-ci devrait être positive autour de 1%. On a connu plus d’enthousiasme.

    Il a également précisé qu’il avait été décidé, probablement à la suite d’un débat acharné – étant donné les déclarations contradictoires rendues publiques ces derniers jours – de ne demander à la Grèce des mesures complémentaires de rigueur, qu’en mars prochain lors de son prochain examen de passage, « si des risques devaient se matérialiser » (que les objectifs de réduction des déficits ne soient pas atteints).

    A propos d’éventuelles mesures d’aide financière, sur lesquelles les désaccords se sont exprimés publiquement et avec virulence ces derniers jours, Jean-Claude Junker s’est réfugié pour les masquer derrière un argument systématiquement utilisé depuis le sommet de Bruxelles : il ne serait pas « sage » de les détailler publiquement (donnant des armes aux spéculateurs). On peut douter, tout simplement, que quoi que ce soit ait été mis au point et décidé.

  28. Avatar de Otto Di Dacte.
    Otto Di Dacte.

    Le verrou de la monétisation sautera, la Grandt Allemagne n’aura pas envie de se retrouver toute seule avec un deutchmark ûber alles et des exportations hors de prix.

    D’ailleurs, comme il n’y aura jamais de « reprise », même l’Allemagne aura un mal terrible à rentrer dans les clous budgétaires, elle finira donc elle aussi par voir qu’il est dans son intérêt de faire gentiment tourner la planche à billet pour s’acheter un minimum de paix sociale. Et cela ne déclenchera pas d’inflation, la classe de Mr Buffet a bel et bien gagné la guerre.

    Ce que ni vous ni LEAP n’avez compris c’est que personne ne veut d’un grand soir, surtout pas les asiatiques qui découvrent les joies de l’Ipod. Lorsque les occidentaux monétiseront à tour de bras, les asiatiques aboieront par principe mais ne feront rien (ce qui fait d’ailleurs déja la Chine avec les USA tout en gardant sa monnaie arrimée).

    Ils se foutent pas mal de leurs « épargne » en devises occidentales, au final ce qui les intéresse ce sont les technologies.

    Les banques centrales ne retireront jamais les liquidités et les taux resteront au plancher pendant des années, pendant ce temps la feue la classe moyenne qui se contentera de crier à cause des mesures d’austérités. Elle ne réélira pas Sarkozy en France et cela ne changera rien, les politiques ne tirent plus les ficelles.

    Et puis un jour le « decoupling » des émergeants tant vanté à l’époque arrivera, ils se mettront à croitre sans nous.

  29. Avatar de zébu
    zébu

    @ F. Leclerc :

    J’ai une idée ‘bouffonne’, sur le « sautage de verrou » (nouvelle activité, homologuée par le CIO des jeux divers).
    Il me semble que faire sauter le verrou de l’accès par les états membres au crédit de la BCE est juridiquement impossible et politiquement très restreint, pour des raisons liés aux verrous posés par le traité de Lisbonne lui-même : révision par le Conseil européen (unanimité) et ratification par les 27 pays membres. J’en rigole d’avance. A moins d’une révolution, ce qui reste toujours envisageable.
    Bien. ça, c’est fait.

    Par contre, rien n’interdit à ce qu’un état ne propose des obligations pour sa dette. C’est ce qu’il fait tous les jours.
    En particulier auprès d’autres institutionnels mais surtout de banques d’investissements, notamment.
    Concernant des obligations pour des personnes physiques, la chose est plutôt rare. La dernière était l’emprunt Balladur et le prochain, celui de Sarkozy.
    Le gros problème avec ce type d’emprunt, c’est qu’il faut un taux d’intérêt élevé pour intéresser les français, ce qui induit des coûts importants pour l’Etat, plus importants en tout cas que d’emprunter sur le marché à court terme (durée moins longue que les emprunts d’état, de plusieurs années et aux taux moins élevé).
    Il faudrait donc réaliser un emprunt national comme si l’Etat empruntait à la BCE, à taux quasi nul ou nul, afin :
    – de rembourser immédiatement le capital restant dû,
    – réduire le service de la dette,
    – éviter le danger menaçant de l’augmentation des taux d’intérêts, qui feraient exploser ce service de la dette,
    – en finir avec cette dette à un terme échu (disons à moyen terme, 20 ans), libérant ainsi les générations futures du poids de cette dette.
    Mais pour ce faire, deux problèmes :
    – attirer les français avec un taux à 0%,
    – emprunter 1350 milliards d’euros (rien que ça).

    Le premier point est complètement délirant mais bon, je vais tenter :
    OAT à taux fixe (0%), avec un coupon annuel à date d’échéance de la déclaration d’impôt sur les revenus, car le dit coupon serait un crédit d’impôt sur le revenu à taux fixe (‘x’ %), portant sur le montant acquis de l’OAT (valeur faciale). Exemple : si M. ‘Z’ possède 10 OAT de 10€ en valeur faciale et de 15% de crédit d’impôt, il pourra faire valoir 15€ chaque année de crédit d’impôt sur sa déclaration d’impôt sur les revenus.
    L’acquéreur de ces OAT d’un style particulier fonde donc son intérêt sur :
    – le remboursement, à 20 ans disons, de son capital intégralement,
    – d’un crédit d’impôt, valable à chaque échéance annuelle, en même temps que sa déclaration d’impôts.
    Ce type de fonctionnement permettrait « d’économiser » plus de 44 milliards d’euros (chiffre 2009) rien que pour les intérêts versés par l’Etat sur sa dette (le capital étant ‘remboursé’ par l’emprunt national).
    Ces 44 milliards d’euros seraient alors réinjectés, chaque année, dans l’économie, sous forme :
    – d’investissements,
    – d’allocations,
    – de soutien à l’activité économique.
    Cette réinjection permettrait de générer des recettes (fiscales, cotisations, taxes, etc.) qui financeront les crédits d’impôts liés aux OAT chaque année, en parallèle à une ‘optimisation’ des recettes fiscales, par une réduction des niches fiscales financières.
    L’avantage de ce système est de replacer la fiscalité directe progressive au centre du fonctionnement économique, financier et démocratique, les OAT ne pouvant être détenues que par des contribuables, personnes physiques, fiscalisés en France sur leurs revenus Il n’est d’ailleurs pas exclu non plus de pourvoir lors du lancement de cet emprunt national (du siècle) une partie de ces OAT gratuitement à certains contribuables (critères et nombre d’OAT à déterminer), avec un nombre d’OAT gratuites dégressives selon les revenus (‘gratuité’ du crédit d’impôt dégressif).
    Pour tous les autres contribuables, la possibilité d’acheter les OAT à prix fixe lors du lancement leur permettra de payer moins d’impôts sur leurs revenus pendant 20 ans (par exemple). Enfin, un marché secondaire de revente d’OAT après le lancement pourra être mis en place, avec un prix plancher fixe de vente minimal (celui de la mise sur le marché), pour que ceux qui ont reçus des OAT ‘gratuits’ puissent les revendre selon la demande avant chaque échéance.
    Ces OAT pourraient aussi être intégrées aux OPVCM pour ‘liquidifier’ le marché, notamment par les contrats d’assurances vie.

    Le gros souci, c’est le montant de ce type d’emprunt : colossal (1350 milliards) !!
    Quasiment la moitié des actifs financiers détenus par les ménages français en 2005 (source INSSE) …
    D’où la nécessité « d’ouvrir » ce type d’emprunt aux personnes morales domiciliées et fiscalisées en France, qui paieraient notamment l’impôt sur les sociétés, afin d’orienter l’épargne disponible sur ce type d’emprunt national, en évitant très soigneusement de permettre aux personnes morales non domiciliées et non fiscalisées en France :
    – d’en acheter,
    – pour celles qui les possèdent, de les revendre autrement que sur le marché secondaire spécifique créé pour cette occasion, en France.

    En contre-partie, l’Etat fera voter une révision constitutionnelle qui interdira de produire un budget en déficit tant qu’un emprunt national sera en cours, permettant aux épargnants de garantir que leurs crédits d’impôts ne seront pas grignotés par le services d’autres dettes dans le futur. Un accord moral en quelque sorte entre l’Etat et ses citoyens sur le financement du fonctionnement de l’Etat et des services que l’Etat rend à ses citoyens, en contre-partie de l’investissement financier de ceux-ci (qui peuvent aussi le faire pour la génération future, afin d’éviter qu’ils aient à payer ‘leurs’ dettes dans 20 ans).

    Qu’en pensez-vous ? (prière de pas trop rigoler, vu que ‘vous sollicitez des réponses’).

    PS : à titre d’info, l’impôt sur le revenu net a ‘rapporté’ 51 milliards d’euros à l’Etat en 2008. A comparer aux 44 milliards d’euros d’intérêts versés pour le service de la dette.

    1. Avatar de Mortimer
      Mortimer

      Belle tentative pour trouver une solution à la crise hors de l’économiquement correct!

    2. Avatar de zébu
      zébu

      Alain Lambert, ex-ministre du budget (gouvernement de droite) y a fait référence, avec il est vrai d’autres postulats et d’autres mécanismes (exonération de droits de succession, durée de 5 ans) :

      Bien que l’objet et le fonctionnement soient différents, ce type d’idée a quand même été ‘effleurée’ par certains.
      Le ‘lobby’ de Bercy avait cependant fait son poids :
      « Je conserve le souvenir de discussions homériques avec le corps incroyablement expert des hauts fonctionnaires de Bercy qui m’instruisaient du caractère désuet et contraire au droit européen de mon idée. »

      Si on reprenait cette idée mais orientée très clairement pour réformer la fiscalité et augmenter les recettes (et non, évidemment, comme l’écrit A. Lambert, pour réduire les dépenses), il me semble que ce pourrait être une solution à la crise de la dette hors effectivement de l’économiquement correct.

    3. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      C’est à discuter certainement !

      Mais je poserais en préalable, un nettoyage de la dette : il y a des emprunts dont on a certainement déjà payé en intérêts beaucoup plus que le capital emprunté…
      Ceci est usuraire et il faut déclarer ces emprunts éteints !

      D’autre part, les budgets de l’Etat, sur la longue période et sans le service de la dette, sont à l’équilibre… Ce qui les déséquilibre systématiquement c’est le fait que l’Etat ne puisse pas monétiser ses dettes ou emprunter à la BCE…

      Après cela je veux bien regarder votre proposition !

  30. Avatar de brunoo
    brunoo

    En Europe, les actifs le plus sujets à des craintes majeures dans le compte des banques sont les obligations d’états à l’exception de l’Espagne (sic) qui cumule le tout explosif …Oui, il reste encore une étape car la BCE va engager en catimini la « monétisation rampante ». Bien sur cela est encore un peu tôt mais je fais confiance à nos chers politiques pour mettre le feu aux poudres avant le printemps, et mains dans les mains bulle après bulles ils pourront crier haut et fort que la crise est finie !!… Alors, à l’image de la FED et sous couvert de « l’intérêt d’état et celui des banques » ces sauvetages resteront secrets banques, assurances la grande orgie est à venir …

    L’objectif est clair, reprendre en catimini et de façon non transparente des obligations espagnoles, voire allemandes à l’actif des banques et en contrepartie, leur octroyer des prêts à taux ZERO qu’elles pourraient à leur tour refiler aux grecs, espagnols, permettant ainsi à ces pays de s’en tirer avec des plans de rigueur plutôt softs. Ce jeu d’écriture pourri et non transparent permet aussi à la banque techniquement en faillite de tenir ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. Après bonus, augmentations de salaires et stock options la banque pourrie peut de nouveaux « faire mumuse » et provoquer des bulles euphorisantes sur les actions du CAC comme celle que nous venons de vivre entre mars et décembre 2009 créant ainsi l’illusion de la tout cela pour le bon plaisir du peuple accro à la dette Bon évidement, le petit épargnant, et le gestionnaire de fonds indépendant, qui ignorent tout de la supercherie risquent bel est bien de passer à la trappe mais bon en attendant ils se gavent sur le FOREX

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