Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quelle leçon tirer à chaud des résultats du premier tour des élections présidentielles françaises ? Qu’il n’y a aucun bénéfice à tourner autour du pot, à rester évasif, à faire semblant qu’aucune question sérieuse ne se pose. Pourquoi ? Parce que la réponse est là : quiconque – et je dis bien quiconque – viendra affirmer avec force qu’il y a feu en la demeure, et qu’un ou plusieurs Nérons jouent de la lyre pendant que les flammes s’élèvent vers le ciel et viennent même lécher le balcon où ils se trouvent, sera écouté. Et plus les explications seront simples, voire simplistes, de ce qui est en train de se passer, plus elles seront faciles à entendre.
Triste consolation pour moi : que tout cela, je l’ai déjà écrit dans ma chronique à paraître demain dans Le Monde-Économie, édition bouclée dès mercredi soir.
Il n’y a plus grand mérite à être prophète aujourd’hui, c’est désormais hélas à la portée de tout le monde.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
557 réponses à “UN AVENIR DE PLUS EN PLUS FACILE À PRÉVOIR”
Kerkoz
Sur la nécessité de réduire la voilure question consommation et même de changer complètement de cap, de changer d’outils, de structure(s) pour sortir du cadre de notre civilisation matérielle destructrice, je suis en plein accord avec vous … depuis le début de nos échanges.
Concernant l’individu, je crois que depuis que j’écris sur ce blog je n’ai jamais manqué de le comprendre dans sa relation aux structures. Ce n’est pas parce que tantôt j’évoque l’individu que la structure n’est pas impliquée dans ma réflexion et inversement pour la structure. Concernant par exemple la morale, elle concerne nécessairement la collectivité, l’éthique concernant l’individu.
Pour autant, l’individu est concerné par la question qui nous intéresse, pas seulement l’état des structures. L’individu dans sa dimension à la fois subjective et objective est concerné et doit l’être sinon à quoi bon la survie de l’espèce, si le problème n’est abordé que sur le seul plan du groupe et du biologique ? C’est tout le même le bonheur de chaque individu en particulier ce dont il s’agit sur ce blog, pas celui de groupes pris dans leur abstraction.
Si j’ai pris le contrepied sur ce thème de la croissance c’est pas pour défendre un modèle indéfendable, c’est seulement pour essayer de vous montrer — apparemment je n’y suis pas tout à fait parvenu 😉 — que l’on peut aborder ce thème selon une perspective non linéaire par le biais de l’épistémologie et de la philosophie.
Je vous parle de ce qu’évoque pour moi l’idée de croissance et vous me ramenez aussitôt aux ornières dans lesquelles se trouve la civilisation actuelle. Je dis simplement que prendre acte des problèmes graves, vitaux, que nous devons résoudre, ne suffit pas, sans quoi on se met en situation de résoudre ces problèmes en restant à l’intérieur d’un cadre conceptuel inchangé, l’effort se portant essentiellement sur la seule question des restrictions.
Bien sur que sur certains postes, énergétiques, d’exploitation des ressources naturelles, fossiles, il faudra des restrictions drastiques, et d’ailleurs elles s’imposeront d’elles-mêmes. Sur ce point, et ce n’est pas pour vous faire plaisir, je suis sur la même ligne que vous.
Ce que je conteste c’est qu’il faille concentrer notre réflexion sur cet effort d’ajustement quantitatif alors que c’est surtout d’un changement de paradigme dont nous avons besoin car cet effort là nécessite qu’on se creuse un peu plus la cervelle. Vous me parlez de gestion au début de notre échange, je vous renvoie le compliment. On gère la pénurie, on crée l’abondance. Bref, quand on a géré la pénurie on a pas beaucoup avancé, et surtout on risque de se retrouver en situation de faire des politiques coercitives une seconde nature.
Je n’ai rien contre les communautés humaines restreintes, mais assigner a priori l’humanité ce type de structure comme modèle optimal, pas d’accord.
Je retiens des commentaires de ce texte :
– les normes imposées par la force (des arguments, de l’argent, de la science, etc…. ) désintègrent les sociétés et les identités qui vont avec
– les normes imposent une croissance infinie à tous et dans tous les domaines. Elle est intenable.
– ceux qui ne peuvent pas suivre ou qui sont rejetés par le système des normes sont exclus, niés, désintégrés et pire encore
– le FN est le seul parti qui s’oppose à ça. Il offre une identité à ses membres. Il occupe le terrain des détruits, des méprisés. Il occupe un champ de ruines.
– le FN fait très peur. Il réintroduit une identité hors modernité et il dispose d’un pouvoir gigantesque sur ses adeptes car ils sont en miettes.
J’en retire l’idée d’une mise en doute de tout ce que la Raison a introduit depuis plusieurs siècles.