Billet invité
Après mon précédent billet « Compétitivité et coût du travail : le mauvais débat », je vous communique quelques graphiques (1) explicites, directement issus du résumé du dernier Rapport mondial sur les salaires de l’Organisation Internationale du Travail, un repère de dangereux marxistes, comme chacun le sait.
Au risque de vous paraître un tantinet trivial, je vous présente dans la famille « Bosse et ferme là ! » le père :
Et maintenant la mère :
Ces graphiques sont si éloquents que tout commentaire paraîtrait presque superflu.
Toutefois, reconnaissons une certaine lucidité aux rédacteurs de ce rapport quand ils osent écrire – enfer et damnation ! – « la baisse de la part du travail est due au progrès technologique, à la mondialisation des échanges commerciaux, à l’expansion des marchés financiers et à la baisse du taux de syndicalisation, autant de facteurs qui ont miné le pouvoir de négociation des travailleurs. La mondialisation financière, en particulier, a peut-être joué un rôle plus important qu’on ne le pensait auparavant. » Vous noterez au passage le « peut-être » qui laisse planer un doute et offre une porte de sortie honorable aux distingués membres de cette noble institution, laquelle consciente des risques d’énervement de nos chères élites précise en fin de document que « Ce résumé ne constitue pas un document officiel de l’Organisation internationale du Travail. Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de l’OIT. » Bizarre ! Bizarre ! aurait dit notre cher Jouvet s’il avait vu que ce document est téléchargeable sur le propre site de l’OIT. Passons.
À leur décharge, reconnaissons que d’autres remarques sont tout aussi explosives comme celles-ci : « ils [les pouvoirs publics] devraient mettre en œuvre des politiques qui facilitent une relation étroite entre la croissance de la productivité du travail et la croissance de la rémunération des travailleurs. », ou bien « Le “rééquilibrage interne” peut commencer par un renforcement des institutions servant à fixer les salaires. Comme il est difficile d’organiser les travailleurs, en particulier dans le contexte d’une segmentation croissante du marché du travail et d’une évolution rapide des technologies, il faut créer des environnements plus favorables et facilitateurs pour la négociation collective. ». Et j’en passe d’autres comme celles sur l’équilibre entre la taxation des revenus du capital et ceux du travail, l’inanité des politiques d’austérité et la nécessaire régulation des marchés financiers.
Un esprit révolutionnaire serait-il en train de planer sur nos plus hautes instances internationales ? Espérons que Mme Parisot entendra cet appel désespéré.
Wait and see…
(1) 2 seulement. Il en existe un 3ème tout aussi intéressant établissant un comparatif de la rémunération directe horaire du temps travaillé dans le secteur manufacturier entre les pays, mais il semblerait que les cotisations sociales n’aient pas été prises en compte ce qui relativise la comparaison.
252 réponses à “COÛT DU TRAVAIL : ENFONÇONS LE CLOU !, par FOD”