L’envie de découvrir comment cela fonctionne vraiment, par Boris Verhaegen

Juste une petite remarque suite à la vidéo du Temps qu’il fait du 13 décembre 2013 concernant le milieu scientifique que Hugh Everett a quitté, dégoûté du sort que l’on faisait à sa théorie. Il se fait qu’il n’est pas le seul à avoir tenté d’expliquer les superpositions d’états surprenantes que l’on peut observer dans le monde de l’infiniment petit.

Si les reproches qu’on fait à sa théorie sont légitimes – c’est-à-dire pour l’essentiel sa construction qui par essence ne permet pas de le placer dans le cadre du falsificationnisme popperien -, d’autres théories tout aussi originales mais plus pragmatiques ont subi le même sort. La théorie d’Everett n’est cependant pas la plus plausible pour expliquer les superpositions d’états car d’autres y arrivent avec moins de subterfuges. Comme on le suppose dans le milieu, plus une théorie explique les choses de manière simple, et plus elle a de chance d’exprimer une réalité concrète – ce qui rend si beau l’égalité d’Einstein E=mc2. Ainsi, une autre théorie résout la plupart des incohérences avec un seul univers supplémentaire, un univers gémellaire : jumeau.

Un dogme s’est érigé autour de cette discipline (et plus largement autour de la physique toute entière, avec ses fameux trous noirs que les astronomes et autres astrophysiciens tentent vainement de trouver) et toute personne allant à contre courant aujourd’hui de la théorie de « l’énergie sombre et la matière noire » en astrophysique, inobservables par nature, ou encore de la théorie des « supercordes » de la mécanique quantique se verra automatiquement mise de côté, coupée de tout crédit de recherche.

La théorie des « supercordes » (celle en opposition directe à la théorie des univers parallèles de Hugh Everett) a ceci de superbe que non seulement elle explique tout sans rien expliquer du tout (inventer des axiomes à l’infini est un jeu amusant mais pas très fécond), mais de plus aucun scientifique n’y comprend quoi que ce soit : les particules sont d’abord devenues des ondes avant de devenir des vibrations puis des cordes vibrantes dans des dimensions inapprochables et inobservables par nature. Pour aller un cran plus loin, cette théorie que le courant dominant met sur un piédestal n’a absolument rien pu prédire à ce jour : aucun comportement observable ni aucun comportement probable que l’expérience pourrait confirmer ou infirmer. En d’autres termes, elle n’est pas plus falsifiable que la théorie des univers parallèles… Mais les scientifiques espèrent qu’un jour elle se décoincera d’elle-même pour nous apporter le saint graal : la théorie unificatrice entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Une telle foi est admirable.

Bref, il est assez frappant de noter les similitudes avec la science économique. On pourrait aller jusqu’à dire que la théorie des supercordes est à la physique quantique ce que la science économique est à l’économie.

On dirait que le monde de la « science » a perdu l’un de ses éléments essentiels « fondateurs » à l’émergence d’une connaissance : l’envie de découvrir comment cela fonctionne vraiment.

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