Le « point monétaire d’épargne », par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité. Réponse à La prime à la vertu, par Zébu.

Merci à Zébu de ce dépliage de la compensation universelle réciproque des primes de crédit. Voici quelques commentaires argumentatifs à partir de son texte.

En second lieu, il pourrait être pertinent que les dits sociétaires puissent aussi promouvoir une politique de solidarité et de réciprocité active et immédiate, en mettant en œuvre un programme « prime de crédit contre points » pour les épargnants.

L’infrastructure technique de la politique de solidarité et de réciprocité existe déjà complètement mais elle est maintenue fragmentée donc inopérationnelle par la dictature religieuse de l’ultra-libéralisme. Si les périmètres des compensations interbancaires actuelles sont ramenées aux dimensions des souverainetés nationales titrisées par des unités monétaires distinctes, alors les épargnants dans une monnaie donnée deviennent mécaniquement solidaires des débiteurs. Le périmètre de consolidation des dépôts par les crédits n’est plus alors comme aujourd’hui la société des actionnaires dirigeants de chaque groupe bancaire mais la société politique incarnée par l’état de droit souverain dans sa responsabilité gouvernementale. Concrètement la gestion formelle du risque de crédit est restitué à la démocratie et les établissements de crédit n’ont de responsabilité effective que dans la gestion matérielle du risque de crédit. Le principe de la compensation séparée du crédit et du risque de crédit est que le risque de crédit est rendu mesurable par l’application publique de l’équité devant le crédit laquelle est arbitrée par la responsabilité politique et non par des prêtres financiers avec des entrailles de poulet numériques que sont les matrices mathématiques de notation des risques.

Là où il est devenu nécessaire d’accomplir un saut quantique dans la représentation des règles de la compensation, c’est dans la généralisation de la souveraineté nationale à tous les degrés de société humaine. A la nationalité juridique dont les obligations fiscales ne sont appliquées qu’aux gentils citoyens enfermés par le nominalisme monétaire des banquiers, il faut ajouter et fiscaliser les nationalités culturelles, économiques et humanitaires qui se sont affranchies des cadres nationaux traditionnels. Il faut des États nations à l’échelle des collectivités locales et des entreprises et il faut des États nations à l’échelle des associations et regroupements des actuels états nationaux.

Ainsi devient-il possible d’adosser les primes de crédit à la distribution des points monétaires aux épargnants. Le « point monétaire d’épargne » ne doit pas être attribuable par le banquier qui fait crédit mais par une autorité démocratique indépendante du calcul du prix des crédits. En réalité financière, le prix du crédit se calcule en capital et en travail. Le capital n’est plus une numération abstraite d’une réalité spéculative privative mais le prix de réalisation du bien commun dans le bien particulier réel de chaque citoyen égal en droit à tout autre. Le « point monétaire d’épargne » est du capital sous condition de couverture par une société nationale réelle identifiée au niveau du local, de la nationalité internationale – comme l’UE actuelle -, ou du monde – comme l’ONU, l’OMC, le FMI ou Goldman Sachs -.

Ce qui assure la réalité du capital dans la nationalité formelle doit être le travail dans la nationalité matérielle, nationalité par laquelle la matière économique est effectivement transformée au service d’un consommateur citoyen. Par travail, il faut entendre toute activité de transformation du réel par soi-même. Être par soi-même réellement, c’est être reconnu dans son droit simple à l’existence par une société qui assure les conditions de la vie concrète dans un capital mutualisé de travail dû au service des communs biens. Dire cela, c’est former un marché du travail à toutes les échelles de la nationalité afin que l’émission monétaire soit indexée sur le travail effectif de transformation des réalités personnelles dans la démocratie.

Le « point monétaire d’épargne » est dans la compensation interbancaire l’adossement des points de droit politique aux points de capital ; l’adossement des points de capital aux points de crédit-épargne ; l’adossement des points de crédit aux points de travail ; enfin, l’endossement des points politiques de droit de travailler dans les unités d’œuvre des différents métiers nécessaires à l’existence des biens. Les systèmes d’information entrepreneuriaux et les réseaux sociaux ont déjà toute la puissance requise pour réduire la complexité d’un marché monétaire complet du travail.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. « Je m’efforcerais d’avoir un dialogue honnête et de rester fidèle à mes principes.  » kr kr kr

  2. L’ambigüité des intellos, ravis ou pas de faire sécession d’avec la pâte humaine mafflue et charnue … ?

  3. MARGARET ATWOOD (réfléchissant) C’est une vision charmante. Mais sa réalisation nécessitera une extrême prudence et prévoyance. Nous devons être des…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta