Paul Jorion pense tout haut le 24 septembre 2014 à 8h39 (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 19 septembre 2014. Merci à Olivier Brouwer.

Bonjour, on est le 24 septembre 2014 et il est 8h 39.

Et si j’annonce l’heure, c’est parce qu’on est dans la série où je pense tout haut : ces réflexions que je me fais sans me dire a priori que je vais aboutir à une conclusion, ou que je sais d’avance qu’il n’y aura pas de conclusion, mais où je voudrais quand même vous parler de quelque chose.

Et ce qui m’a conduit à cela, c’est d’avoir reçu hier le manuscrit, enfin les épreuves, d’un livre qui va paraître dans les quinze jours à venir, et c’est pour ça que je ne dis pas exactement son titre ni l’auteur, puisqu’on va attendre qu’il sorte pour en parler officiellement, mais on m’a envoyé ce livre pour me demander de participer à un événement que j’annoncerai aussi quand les choses seront plus claires, quand les invités qui ont été approchés, abordés, auront dit oui ou non s’ils viennent.

Mais pourquoi je vous parle de ça ? C’est d’abord parce que, bon, c’est un livre qui est consacré à la corruption, ça je peux le dire, et c’est un livre où je suis abondamment cité, alors que, vous le savez bien, le combat contre la corruption n’est pas quelque chose à quoi je me consacre… Ce n’est pas ma spécialité, ce n’est pas une chose dont je parle souvent, j’y fais allusion de temps à autre, en particulier dans un papier qui s’appelait « Comment on devient ‘l’anthropologue de la crise’ », entre guillemets, où je parlais un petit peu des milieux financiers et où je faisais allusion à la corruption. Et j’en parle évidemment dans le blog quand l’occasion se présente.

Mais alors, ce qui a attiré mon attention, c’est le fait que me sont adressés des remerciements que je juge excessifs pour mon rôle joué dans ce domaine. Parce que, comme je le dis, c’est quelque chose de relativement périphérique dans mes préoccupations, dans les choses que j’ai dites.

Et alors, bon, ce n’est pas pour vous dire ça que je le dis, mais c’est parce que je me retrouve, dans ces remerciements, en compagnie d’un certain nombre de noms qui vous sont familiers : on trouve là Emmanuel Todd, Frédéric Lordon, Jean-François Gayraud, Susan George, Edwy Plenel, Jean-Claude Michéa, Bernard Stiegler, enfin des noms que vous reconnaîtrez… Cynthia Fleury… Et là aussi, dans cette liste de gens, la plupart que je viens de dire, ce sont des gens qui, comme moi, ne font pas du combat contre la corruption leur préoccupation évidente, principale, cruciale, essentielle.

Mais pourquoi est-ce que nous nous retrouvons là, tous ces noms que vous connaissez ? Eh bien je crois que c’est parce qu’on nous rassemble, on nous prête, je dirais, sans doute davantage, parce qu’on nous reconnaît (et aussi les époux Pinçon-Charlot, il y a un certain nombre de noms qui vont me revenir comme ça), nous nous retrouvons je dirais, peut-être comme une référence obligée quand on parle d’une critique du système tel qu’il est en ce moment, comme les porte-drapeau d’une contestation de la manière dont les choses se font. Et alors, du coup, nous nous retrouvons rassemblés ainsi, même si le sujet qui est évoqué n’est pas le sujet qui est notre sujet de prédilection auquel nous consacrons la plus grande part de notre activité.

Et c’est là que ma réflexion, évidemment, démarre, parce que je parle à la plupart de ces gens : il y en a quelques-uns dans la liste que je ne connais pas, que je n’ai jamais rencontrés, la plupart je les connais, certains, je les connais même très bien, et quand nous parlons entre [nous] et qu’on se dit : « Et qu’est-ce qu’il faudrait faire exactement maintenant ? », je veux dire en plus de ce que nous faisons déjà, eh bien nous ne savons pas. Nous ne savons pas quoi de plus nous pourrions faire.

Alors nous sommes peut-être en fait dans le rôle qui nous convient, c’est-à-dire de réfléchir tout haut, c’est peut-être ça que nous pouvons faire de mieux en ce moment, sans nécessairement unir nos efforts puisque, en fait, voilà, quand il s’agit de faire une liste des gens qui vont dans la bonne direction – et c’est très flatteur, ça fait plaisir, ça montre que, effectivement, eh bien, on ne perd pas entièrement son temps dans la réflexion qu’on porte – eh bien nous ne savons pas exactement ce qu’il faudrait faire… Mais ce que nous faisons est peut-être la chose qu’il faut faire effectivement.

Alors voilà, comme je l’avais dit, je ne déboucherai peut-être pas sur une conclusion et c’est une absence de conclusion que je vous propose, mais il n’est peut-être pas mauvais quand même de réfléchir là-dessus, je vais en tout cas continuer à le faire de mon côté.

Voilà. A bientôt !

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