Ouvert aux commentaires.
Voilà trente ans que les politiques climatiques sont un échec. Dès son second rapport datant de 1995, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) était clair : la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique est avérée et il faut que les États s’engagent à réduire leurs émissions en carbone si nous souhaitons éviter des désastres écologiques. Malgré les nombreuses alertes lancées par la communauté scientifique, toutes les tentatives d’accords internationaux se sont avérées des échecs en raison de leurs ambitions trop modestes ou alors de leur inapplication. Il a fallu 25 ans pour que les États du monde, avec les accords de Paris en 2015, aboutissent à l’objectif de limiter l’augmentation moyenne de la température à la surface de la terre à 2°C par rapport à l’âge préindustriel, voire 1,5°C.
Malgré cet accord réaliste en termes d’objectif global, nous sommes loin du compte. Déjà, les engagements individuels des États pris à l’occasion de la COP21 nous amènent plutôt sur la trajectoire d’une augmentation de la température moyenne de 3 à 4°C. Mais même ces engagements ne sont pas pour l’instant tenus. Le Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment a publié un rapport en octobre 2018 montrant que sur les 197 États signataires des accords de Paris, 58 ont transcrit leurs objectifs de réduction des émissions de carbone dans la loi nationale et seulement 16 ont véritablement mis en œuvre des politiques publiques à la hauteur de leurs objectifs. La France, elle, a dépassé son budget carbone de 3,6% en 2016 et de 6,7% en 2017 par rapport à sa Stratégie nationale bas carbone. « La France continue d’avoir des objectifs de long terme intéressants, mais elle rate toutes ses échéances intermédiaires » affirme Jean-François Julliard. Selon une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) en octobre 2018, il faudrait « multiplier par quatre le rythme de l’amélioration de l’efficacité énergétique et par trois celui de la baisse de consommation d’énergies primaires fossiles ».
Si maintenant la France milite pour l’objectif de neutralité carbone au sein de l’Union européenne avant 2050 ce n’est là qu’une fuite en avant : discuter indéfiniment de nouveaux objectifs permet de repousser les efforts à plus tard. Entre-temps, les émissions françaises augmentent inexorablement et les politiques climatiques demeurent incohérentes. À titre d’exemple, Nicolas Hulot, alors qu’il était ministre de la Transition écologique et solidaire, avait annoncé la fin de la vente des véhicules à essence et diesel pour 2040, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de persister à accorder une place centrale à la voiture individuelle, notamment en autorisant de nouveaux projets autoroutiers. Par ailleurs, le Parlement a voté une loi interdisant tout nouveau projet de forage d’hydrocarbures alors que le gouvernement continue à renouveler les anciens permis.
Comment expliquer cette inaction climatique ? Comment comprendre ces incohérences ? La réponse est simple : la pression sur les gouvernements actuels est insuffisante pour les pousser à des politiques ambitieuses. Les conclusions de la communauté scientifique, aussi alarmistes soient-elles, ne suffisent pas pour être entendues. Les lobbies économiques minimisent ces conclusions et apportent des voix dissonantes, ce qui décourage les États d’agir. Pour les contrecarrer, il faut une pression supplémentaire et massive émanant des citoyens.
Laisser un commentaire