Nous nions la réalité, par Vincent Burnand-Galpin

Ouvert aux commentaires.

Le déni de la réalité débute par une grande méconnaissance des scénarios à venir. Certes, le moment de la publication des rapports du GIEC ou des « COP » (conférences des parties), sont des grandes messes internationales, mais il s’agit là en fin de compte de conclusions qui restent confinées dans des discussions entre experts. Les COP sont des débats hors-sol à huis clos où l’on débat avant tout la forme en négligeant le fond. Les négociateurs ne sont pas des climatologues mais des juristes et des diplomates.

Mais même en ayant une certaine idée des enjeux, la tendance naturelle d’un individu de l’espèce humaine est le déni de la réalité : « C’est trop gros pour être vrai ! ». Pour prendre un exemple historique, dès le début des opérations d’extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale par le nazisme, le gouvernement britannique et la presse britannique étaient bien au courant. Dans son numéro du 25 juin 1942, le Daily Telegraph de Londres écrit déjà : « Plus de 700.000 Juifs polonais ont été exterminés par les Allemands dans le plus grand massacre de tous les temps ». Même Anne Frank, 13 ans à l’époque, savait, cachée dans un appartement à Amsterdam. Elle écrit dans son Journal le 9 octobre 1942 : « Nous n’ignorons pas que ces pauvres gens [les Juifs capturés par les nazis] seront massacrés. La radio anglaise parle de chambre à gaz. Peut-être est-ce encore le meilleur moyen de mourir rapidement. J’en suis malade… ». Mais la population ne pouvant pas y croire, longtemps après la guerre, ce crime sans commune mesure fut effacé des mémoires collectives. Jean-Paul Sartre, dans son essai Réflexions sur la question juive, publié en 1946, ne cite pas une seule fois la Shoah. Il faudra attendre le procès d’Adolf Eichmann, un des principaux responsables de la logistique de la « solution finale », à Tel Aviv en 1961, pour que la vérité refasse progressivement surface.

Nous sommes aujourd’hui dans un processus de déni similaire. C’est celui de la « dissonance cognitive ». Natacha Calestrémé, dans Ouvrir les yeux devant les évidences, note que « lorsque nous apprenons une très mauvaise nouvelle, et que nos certitudes s’effondrent devant l’inimaginable, nous entrons dans un phénomène que [le psychologue Léon Festinger] a appelé la dissonance cognitive. Nous ne voyons de la réalité que les détails qui sont acceptables, ceux qui renforcent nos convictions. Tous les autres éléments sont occultés. Nous côtoyons uniquement les personnes qui pensent comme nous, et rejetons les autres. […] Parce que la situation est si grave qu’elle devient impensable. En termes de réchauffement climatique, nous sommes aujourd’hui dans cette situation où l’impensable se produit ».

L’impréparation des pouvoirs publics aujourd’hui en est symptomatique. Sans parler de la lutte contre le réchauffement climatique, les politiques publiques sont en retard dans l’adaptation des territoires aux conséquences déjà perceptibles du changement climatique. Un rapport de la délégation à la prospective du Sénat en France datant du 16 mai 2019, Adapter la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 : urgence déclarée, s’alarme de l’impréparation manifeste du législateur au choc climatique inévitable en France.

D’autre part, l’acharnement contre la jeune militante écologiste, Greta Thunberg, est aussi un exemple de cette dénégation devant les enjeux climatique d’une part importante de l’opinion publique. Un certain nombre d’auto-proclamés « intellectuels » assènent une violence verbale inouïe contre la jeune Suédoise de 16 ans. Nombreux sont ceux s’attaquant à son âge (« tyran de 16 ans »), d’autres s’en prennent à son intelligence atypique due à son syndrome d’Asperger : elle souffrirait de « troubles obsessionnels compulsifs et d’une dépression infantile » selon docteur Laurent Alexandre… Michel Onfray la compare à un « cyborg » qui « ignore l’émotion ». Certains l’accusent d’être manipulée par les agents du capitalisme, et d’autres… par les anticapitalistes ! Enfin, on la traite de « charlatan de l’écologie » en Une de Valeurs Actuelles, faisant partie du « totalitarisme vert ». C’est bien connu : on s’attaque plus facilement au messager qu’au message lui-même.

Pour expliquer le fait que nous nions la réalité, on peut également concevoir notre psyché en deux cerveaux : le cerveau « rationnel » et le cerveau « émotionnel ». Les risques du changement climatique ne sont perçus uniquement par notre rationalité : on nous expose de nombreux chiffres et tableaux allant dans ce sens. Mais le risque se perçoit également par l’émotionnel. Par exemple, les risques liés au terrorisme, ou aux accidents d’avion, sont avant tout ressentis par les individus avant d’être véritablement calculés. Nous l’avons déjà dit, nous aurions 4.000 fois plus de chance, à titre individuel, de mourir d’une extinction de masse que d’un accident d’avion, c’est le même ordre de grandeur pour les attaques terroristes. Et pourtant, nous sommes psychologiquement plus affectés par le risque d’attaque terroriste car le danger est tangible, local et imminent. Des images claires sont rattachées au terrorisme, tout comme des groupes d’individus aux intentions claires. On ne rattache en revanche aucune image, aucun individu identifiable, aucune intention aux risques existentiels comme le dérèglement climatique en cours.

Même chez ceux revendiquant une conscience des enjeux, demeure un certain détachement émotionnel avec la réalité à venir : nous continuons à vivre normalement, nous continuons à mener nos activités quotidiennes comme si de rien n’était alors que nous devrions être en panique et préoccupés uniquement par l’effondrement imminent si nous étions vraiment conscients de la menace. C’est Greta Thunberg qui fait remarquer ce paradoxe dans un de ses textes les plus partagés sur internet :

« Comment suis-je censée me sentir en sécurité alors que nous affrontons la plus grave crise de l’histoire de l’humanité ? Quand je sais que si nous n’agissons pas maintenant, tout sera bientôt trop tard ? La première fois que j’ai entendu parler du réchauffement climatique, j’ai pensé que ça ne pouvait pas être exact, qu’il ne pouvait pas y avoir quelque chose d’aussi grave qui menace notre existence. Parce que sinon, nous ne parlerions pas d’autre chose. Aussitôt que nous allumerions la télé, tout serait consacré à ce sujet. La radio, les journaux, nous ne pourrions rien lire ou entendre qui ne soit pas consacré à ce phénomène. Comme si une guerre faisait rage. » (Greta Thunberg)

C’est peut-être une des raisons qui explique le déversement de haine contre Greta Thunberg. Greta semble, elle, bien consciente des enjeux, que ce soit rationnellement (elle ne cesse de citer les conclusions du GIEC) et émotionnellement (« vous avez volé mes rêves »). Les commentateurs font souvent remarquer qu’elle ne sourit pas, qu’elle pleure en faisant ses discours de manière « infantile » devant la communauté internationale. Ce déversement de haine serait-il dû au fait que cette prise de conscience réelle des enjeux chez Greta Thunberg nous fait peur ? Avons-nous peur d’être aussi conscients qu’elle des enjeux ? Craignons-nous de ne pas pouvoir en dormir la nuit ? On cherche alors tous les prétextes pour décrédibiliser sa parole, l’étiqueter comme « anormale » pour ne pas à avoir de l’écouter sérieusement. 

Une des implications de cette conscience à deux dimensions est donc que pour faire des enjeux climatiques une préoccupation première des populations et des politiques publiques, il est nécessaire d’avoir un débat passionné sur le sujet. Comment faire pour « donner à voir » la crise climatique ? Comment faire pour que nous nous rendions compte des dangers véritablement à l’œuvre ? Attendre que l’effondrement débute ? Non, il sera déjà trop tard. Nous proposons une autre approche : celle de la visualisation par la cinématographie, et l’art plus généralement.

Partager :

22 réponses à “Nous nions la réalité, par Vincent Burnand-Galpin”

  1. Avatar de Decoret Lucas
    Decoret Lucas

    C’est très sympa de pouvoir suivre au fur et à mesure le contenu d’un futur ouvrage. Merci

  2. Avatar de Juillot Pierre
    Juillot Pierre

    Comment faire visualiser au plus grand, développer artistiquement un concept, qui souligne la part du fantasme à distinguer de la peur qui existe actuellement en France, au sujet des retraites, animant tous les débats passionnés, historisés au sujet d’irrationalités (« privilèges », « justices, équités » promises)… jusqu’à celles irrationalités (j’hésite à parler d’irresponsabilité collective) niant par exemple, le recul de l’espérance de vie en bonne santé, arrivés à l’âge de la retraite, des 30% des « bénéficiaires du RSA » (NON RECOURS) qui ne touchant aucune « pognon de dingue mis dans les minimas sociaux, qui fait que les pauvres le restent et se déresponsabilisent » n’auront quasiment aucunes couvertures vieillesses (notant aussi que ce public subit par ailleurs les discriminations impunies à l’accès aux logements, à l’embauches, des les brutalités policières commises lors des contrôles aux faciès et « manifestations interdites »)… et cynisme de la cerise sur le « gâteau » (dépense constante de 14% du BIP dédiés aux retraites, malgré la croissance démographique, le baby-boom, la raréfaction de l’emploi et du travail – « ordinissisé, ubérisé » et défiscalisé, désocialisé…)… « l’abstentionnisme » de reconnaissance du statut de victimes de politique publique de « l’exterminisme », ou même « d’héroïsme » sacrificiel, pour retarder, mais en vain, l’extinction totale des espèces, dont la notre… ?

    1. Avatar de Juillot Pierre
      Juillot Pierre

      Pardon de me rectifier, mais il semble que le problème n’est pas que de s’adresser qu »au plus grand », mais au plus grand nombre.

  3. Avatar de PASQUET Régis
    PASQUET Régis

    Nous disposons de dizaines d’exemples pour apporter la preuve que les gouvernements ne  »profitent » pas des premiers signes de l’effondrement pour aider leurs peuples à développer dès à présent la résilience ( canicules, crues,… ) , pour aider leurs concitoyens à réparer ce qui doit l’être, à renoncer à des milliers de projets devenus inutiles en cours et à s’engager sur de nouveaux chemins . Nous ne savons pas trop pour quelle raison – elles sont multiples -ils se vautrent dans des débats qui ne mènent nulle part ( voile, retraites …) et d’autant qu’ils persistent à s’en tenir au cadre. Cadre économique mais aussi législatif, réglementaires etc… qui sangle notre impuissance commune. Par ailleurs chacun voit bien qu’il faudrait commencer par mettre d’accord des centaines de millions de personnes pour envisager – peut-être – un début de changement.
    Alors ne reste-t-il plus qu’un chaos soudain qui opportunément détruirait le cadre existant pour enlever à l’humanité toutes les raisons auxquelles elle persiste à vouloir s’attacher, au fond pour la débarrasser de sa nostalgie d’un monde foutu et la contraindre à une reconstruction positive.

    1. Avatar de Pierre Queralt
      Pierre Queralt

      @Régis, mais encore chère toutes et cher tous
      « au fond pour la débarrasser de sa nostalgie d’un monde foutu et la contraindre à une reconstruction positive. »
      C’est ce que Pablo Servigne appelle de ses vœux, que chacun fasse le deuil d’un monde qui n’existera plus tel qui l’est aujourd’hui pour enfin penser et fabriquer le monde de demain dans « Un autre fin du monde est possible. »
      Et un chaos peut aider voire accélérer le deuil du monde tel qu’on se le représente.
      Jacques Saignan à fait selon moi un très bon billet sur ce blog sur « Le langage du changement » et l’importante du signifié.
      Après le chaos et/ou l’effondrement nous reconstruirons avec un nouvel imaginaire.
      François Ruffin tente des choses sur le dernier Fakir il souligne l’importance de changer d’imaginaire avec entre autre un slogan/Gimmick « Plus de lien moins de bien ».
      Cela ne peut advenir principalement pour celles et ceux qui ont déjà fait l’expérience du tout, du trop.
      De ma place d’observateur de la question sociale jusqu’en 2006 comme Assistant Social, les aspirations des plus démunis des plus opprimes est « de faire riche » de faire comme les riche. Ils sont et resteront un base arrière des riches et des bourgeois (dans le sens de Bégaudeau, « Ta bétise »).
      En résumé la reconstruction ne peut se penser/panser que si il y a eu destruction comme l’a montré l’astronome de la reine si j’ai bien compris le précédent billet de Vincent Bruno-Galpin.
      Allez comme dab bonne soirée avec toute ma tendresse humaine, Pierre de la tribu des Quel Art’s.

  4. Avatar de Jeanson Thomas
    Jeanson Thomas

    Tout nous sépare du  » FAIT « .

    Nous sommes dans des villes , des maisons, des voitures, derrière des écrans ( notez bien que dans un dictionnaire d’avant guerre, l’écran est ce qui cache )

    Protégés du chaud, du froid, des bruits et de la vision de ce qui est naturel, de la difficulté d’accéder à l’eau fraiche, et à la nourriture.

    Notre cerveau a déjà une facheuse tendance à construire des représentations, mais en 2019, il n’a même plus de repère pour ne plus dérailler complètement.

    Le réchauffement est, dans ce contexte, une histoire comme les autres.

    Jusqu’à ce que la tempête rase la maison, bien entendu.

  5. Avatar de arkao

    Merci d’avoir mis un nom, « dissonance cognitive », sur le mal dont apparemment je souffre.
    Aussi je peux plaider « responsable mais non coupable » pour tous mes commentaires passés qui ont pu être interprétés comme relevant du climatoscepticisme.
    Chers commentateurs, je vous prie donc d’être indulgent envers moi à l’avenir, puisque je souffre d’un trouble psychique requérant une mansuétude particulière en rapport avec mon état 🙂

    1. Avatar de Decoret Lucas
      Decoret Lucas

      C’est noté. 😛

    2. Avatar de Dambrine Pierre-Yves
      Dambrine Pierre-Yves

      Sans doute aussi grave que la dissonance cognitive, le mal dont souffrait Arthus-Bertrand: le hiatus entre les discours et les actes et l’incapacité à identifier les véritables causes.
      Il savait et même militait contre le réchauffement climatique, mais il était incapable d’en tirer des conséquences pratiques pour lui-même et pour le système. Encore un effort M. Bertrand, joignez-vous au combat contre le capitalisme !
      https://www.lejsl.com/france-monde/2019/12/04/yann-arthus-bertrand-ne-veut-plus-prendre-l-avion

  6. Avatar de Dambrine Pierre-Yves
    Dambrine Pierre-Yves

    Dans cet article est cité le magazine d’extrême-droite : Valeurs Actuelles.
    Or c’est ce même magazine que le président Macron a choisi pour faire passer son message de diversion avec ses propos sur l’immigration.
    https://www.valeursactuelles.com/politique/en-couverture-de-valeurs-actuelles-cette-semaine-immigration-communautarisme-identite-notre-grand-entretien-avec-emmanuel-macron-112296

    Il ne s’agit pas d’une simple dérive idéologique du président de la République, c’est plus grave que cela : c’est aggraver le déni par la désignation de boucs émissaires. Non seulement la survie de l’humanité en tant que sujet vital n’est pas traitée par le président et son équipe gouvernementale, mais on ajoute le mal au mal en focalisant l’attention sur un faux problème qui nous éloigne encore un peu plus des solutions.
    Macron ne peut pas ne pas ignorer qu’avec le réchauffement climatique, les migrations vont s’accentuer, et dans des proportions autrement plus importantes que ce que l’on a connu ces dernières décennies, et s’il n’y a pas migrations, c’est que les catastrophes ou/les guerres auront éliminé une partie des populations concernées.
    Oui il y a un réel déni, mais il me semble que la réponse ne peut venir d’un mouvement spécifique contre le réchauffement climatique. Cela ne marche pas, pour les raisons indiquées dans ce billet d’ailleurs. La menace est bien trop vague. Et quand la vague sera là, il sera trop tard.

    C’est en luttant contre les fins de mois difficiles, en rapport avec une critique du système, qu’on a une petite chance de menacer le système, ce système qui est une fuite en avant.
    La question climatique n’offre pas de prise immédiate, la réponse ne peut donc être qu’indirecte, ce qui n’est pas moins efficace, puisque tout se tient.

  7. Avatar de Bregeon Christian
    Bregeon Christian

    Je pense qu’il y 2,5 Milliards de personnes au bas mot qui n’ont jamais entendu parler de Greta Thunberg, les chinois et les indiens.
    Je ne parle même pas des africains, indonésiens etc…

    Nous raisonnons à la française au mieux à l’occidental, donc nous passons à côté d’une mobilisation mondiale sur le réchauffement climatique. Je pense que nous occidentaux n’ayant aucune conscience du réchauffement et de ses conséquences allons nous affronter et certainement disparaître face aux milliards de personne qui ne tolèreront plus ce que nous avons fait subir à l planète avec nos émissions de CO2 et autres saloperies.
    Nous risquons beaucoup plus de périr à brècve échéance dans un affrontement généralisé que des conséquences directes du réchauffement. Voilà ce dont il faut parler au plus grand nombre : le risque de massacres entre peuples comme nous n’avons pas connu depuis très longtemps. La on serait dans le concret et nous dépasserions le déni.
    Si il y a une alerte a sonner c’est celle de la guerre mondiale. Maintenant si il faut en passer par là pour réduire massivement les émissions de C02 !!! et sauver la vie sur Terre, peut-être est-ce le choix inconscient que fait l’humanité !

    1. Avatar de Paul Jorion

      Je pense qu’il y 2,5 Milliards de personnes au bas mot qui n’ont jamais entendu parler de Greta Thunberg, les chinois et les indiens.
      Je ne parle même pas des africains, indonésiens etc…

      Vous croyez vraiment qu’on n’a pas la télé dans tous ces pays ? Nous vivons dans un monde globalisé mon cher Monsieur !

  8. Avatar de Ermisse
    Ermisse

    Bien d’accord avec vous, nous manquons d’œuvres artistiques géniales et largement diffusées sur ce sujet.

    Conformément au mythe de Cassandre, il faut en passer par Apollon pour rendre crédibles les prédictions catastrophiques !

    Cette absence d’œuvres prémonitoires fortes est d’ailleurs étrange : les grands artistes sont connus pour avoir des antennes et sentir des évolutions non encore perceptibles par leurs contemporains. Pourquoi rien ne s’est-il encore produit ? Autocensure ? Mise sous l’éteignoir par les médias (les oeuvres existent mais sont restées confidentielles) ? Les scénarios de films ont été rejetés par les producteurs ? Décadence artistique ?

    Un peu de tout ça probablement. Et maintenant, il est un peu tard : la bataille engagée il y a 2 siècles contre la nature est en passe d’être perdue, et nous n’avons pas de général pour sonner la retraite sur des positions que nul, sauf peut-être quelques milliardaires, n’a préparées à l’avance.

    Comme tout est interconnecté, que la finance est dans un état métastable, et que ça craque de partout, il est même probable que la prise en compte du risque d’effondrement par quelques dizaines de millions de personnes, qui freineraient brusquement leur consommation, suffirait à déclencher la catastrophe redoutée : effet de prédiction autoréalisatrice.

    Je soupçonne que certains décideurs en sont conscients et ne savent, du coup, absolument pas quoi faire, bricolant de ci de là pour juste maintenir la « paix sociale » en attendant de se réfugier dans un endroit sûr (comme s’il allait en rester !)

    En fait, comme le cas de la Russie l’a montré dans les années 1990, une bonne crise économique reste le meilleur outil connu, déjà expérimenté, pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre ! Et ça peut se faire, ça me semble en bonne voie.

  9. Avatar de Scapatria
    Scapatria

    Regardez les programmes qui commencent à circuler en vue des municipales françaises. Il s’agit de construire , de rénover, d’essayer de favoriser des implantations industrielles et surtout commerciales, sans compter la pérennisation des feux d’artifice . Le tout présenté avec la carotte du maintien ou du développement de l’emploi local.
    Personne n’ose dire  » arrêtons tout et revoyons cela avec d’autres lunettes  » et ne récolter que quelques pour cents de voix.

  10. Avatar de Dambrine Pierre-Yves
    Dambrine Pierre-Yves

    Pancarte vue à la manif’ du 5 décembre : « pas de retraites sans planète ».
    Le thèse s’immisce dans le social, il me semble que c’est la voie à suivre.

    1. Avatar de Dambrine Pierre-Yves
      Dambrine Pierre-Yves

      Le thème …

  11. Avatar de Arnaud Castex
    Arnaud Castex

    Je pense que le déni écologique est une réalité pour certains, mais une masse croissante comprend et tente d’agir. Non le problème c’est la dimension des moyens mis en place pour affronter le sujet et en faire l’explication réaliste et la pédagogie.
    Le médium est un moyen de depasser le déni de réalité. Mais je ne pense pas qu’on manque d’œuvres, notamment au cinéma, pensez à Interstellar, take shelter, gravity Elysium, Gravity. Et bien entendu dans la litterature Silo, La Route… Mais ces œuvres magistrales sont noyées dans un flot de publicités ou de divertissements ou de conneries sur tous les canaux.
    Ça n’aide pas à la prise de conscience la reconnaissance de la situation et tout le travail et les étapes psychologiques à traverser pour permettre l’action.
    La il y a une responsabilité complete des politiques de ne pas faire ce premier travail sans parler du reste de l’action.
    Parfois je me dis qu’on devrait faire un cauchemar qui émulerait notre situation dans des situations d’effondrement et de tragédies personnelles… Pour voir..

    1. Avatar de Ermisse
      Ermisse

      J’en suis désolé, mais aucune des œuvres que vous citez ne présente avec assez de vraisemblance le déroulement d’un effondrement par surchauffe climatique et/ou mégacrise économico-financière et/ou énergétique pour que les spectateurs puissent sentir que ça pourrait bien les toucher sous peu de cette manière-là.

      Le processus onusien du GIEC et des COP a clairement échoué. Je soupçonne que bien des gens se disent : « 2° de plus, 50 cm de montée des océans, ça n’est pas si grave, on fera avec, on a encore le temps pour éviter que ça aille plus loin ! »

      Or c’est faux. Pour je ne sais quelle raison, il n’est jamais rappelé que, sur une planète couverte aux 3/5 par des océans qui atténuent la hausse de température au-dessus d’eux, la moyenne de la hausse sous-estime gravement ce qui va se passer sur les continents : on peut y multiplier la moyenne de la hausse par 2 ou 3 pour imaginer ce qui va se passer, c’est-à-dire l’ordre de grandeur d’une sortie de glaciation, mais en quelques décennies, voire moins ! Qui aura le temps de s’adapter ?

      Quant aux océans, le GIEC revoie les prévisions à la hausse à chaque rapport. Au début, on estimait la fonte sur la base de l’énergie requise pour opérer le changement d’état de l’eau. Puis on s’est aperçu qu’il n’était pas nécessaire que la glace fonde pour faire monter l’océan : il suffit qu’un glacier perde sa glace sous forme d’icebergs, et le réchauffement accélère ce vêlage par divers phénomènes qu’on ne sait pas encore modéliser précisément. Jusqu’où ira, et à quelle vitesse, la déstabilisation des glaciers du Groenland et de l’Antarctique de l’ouest ? Mystère, et mauvaises surprises bien possibles.

  12. Avatar de Personne
    Personne

    Bonjour,

    un exemple : ce matin à l’hypermarché, les grosses crevette rouges d’Equateur, un euro et 10 centimes les 100 grammes.

    si si, c’est la vérité.

    Cordialement,
    Personne

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Les De Rugy restreignant leur consommation, les prix chutent.

      1. Avatar de Decoret Lucas
  13. Avatar de Mercier Nicola
    Mercier Nicola

    L’hallucination collective, qui a laissé la voie libre à la Shoah, me parait le désastre humain le plus à même de rendre compte d’un phénomène qui dépasse notre entendement.
    La mise en cause des dérives potentielles de notre société, bien qu’entrevues et dénoncées dès le 19e siècle n’a pas eu l’effet modérateur qui a fait défaut jusqu’à maintenant.
    Faut-il en conclure que la correction des erreurs ne relève pas de la volonté humaine mais qu’elle s’impose à l’homme selon des lois d’équilibre naturels évidents – écologiques en l’occurence?

Répondre à Personne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @P.Jorion C’est nous (les lecteurs/trices et commentateurs/trices) qui sommes sourd-e-s… ou plutot ignorant-e-s: en effet, vous semblez être le seul…

  2. @écodouble Il est beau votre discours. Et malgré ce que vous pensez, j’y adhère à 100%. J’essaye, tant que faire…

  3. @bb J’observe , j’observe ….je m’éloigne du tumulte inscrit dans l’écume pour m’enfouir dans le silence des profondeurs océaniques .…

  4. @écodouble Je peux comprendre votre colère face à notre impuissance contre les lobbys mercantiles qui nous poussent droit dans le…

  5. @Paul Jorion « Si quelqu’un me fait bêtement du tort, je lui rendrai la protection de mon amour sans limites.…

  6. bb Vous avez déjà lu le Deutéronome ? Bonjour le message d’amour ! Dans ce texte, ça lapide grave ceux…

  7. @bb Toutes les croyances sont nuisibles, et encore plus dans la situation où se trouve l’Humanité : nous sommes en…

  8. @Khanard Ben alors mon vieux… Elle ne vous plaît pas non plus cette histoire ? Décidément… Pourtant, on vous a connu…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta