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Rappel : acceptation ; frugalité ; eugénisme et exterminisme ; le progrès.
V. Survivalisme
V.a. La vie souterraine
V.b. L’ « enhaussement » génétique
V.c. La dématérialisation du Soi
Cinquième option : V. nous adapter à un environnement se dégradant rapidement (collapse), soit en nous abritant dans de nouveaux habitats souterrains ou sous-marins, V.b nous adapter par des modifications génétiques visant à nous rendre plus résilients, soit encore V.c. en téléchargeant nos identités individuelles en tant que logiciels fonctionnant dans des machines à base de silicium, en utilisant la lumière comme seule source d’énergie plutôt que des aliments assimilables difficiles à faire pousser dans un monde dégradé.
V.a. Le concept de la vie dans des souterrains a commencé historiquement avec les bunkers utilisés comme abris anti-aériens. Elle devra devenir une caractéristique universelle si – comme certains scientifiques le prévoient pour les environs de l’an 2200 – la température extérieure contraint les mammifères à une vie souterraine faute d’un système de refroidissement suffisamment efficace de leur part, notre capacité à la thermorégulation s’effondrant lorsque la température ambiante cesse de descendre au-dessous de 40°C environ.
V.b. Le transhumanisme soutient que la rationalité nous a permis de nous rendre compte que nous sommes insuffisamment robustes, une lacune qui peut maintenant être comblée par l’« enhaussement » génétique qui assurerait notre adaptation à des environnements moins propices.
V.c. La dématérialisation de soi serait la réponse ultime à un environnement entièrement dégradé, où la densité de gaz toxiques dans l’atmosphère serait trop élevée, l’eau partout polluée et où régnerait la famine. Dématérialisés, nous n’aurions à nous soucier ni de la qualité de l’air, ni de l’accès à l’eau potable, ni de la production d’aliments assimilables.
Le risque existe pour chacun d’entre nous de cette tentation « survivaliste » : « Je me sauve moi et ma famille, et peut-être des amis à moi… », en étendant quelque peu la taille du groupe qui va sans dire, celui du ménage, à la famille étendue : la « tribu », et à quelque proches. Il y a là une illusion coupable car ce projet là ne pourra qu’échouer. Les dinosaures en témoignent : même leurs représentants s’étant occupés de manière exemplaire de leur famille et de leurs amis – et il y a dû y en avoir – ont disparu aujourd’hui. Le nouveau concept de « bio-région » formalise cette cellule, dont on voit mal comment elle s’organisera, sinon sous la forme d’un camp retranché « à la Mad Max ».
L’ancien ministre de l’écologie, Yves Cochet recommande ainsi à chacun de se retirer, comme il a choisi de le faire avec sa fille, sur une ferme de 7 ha et vue de se préparer à cette « phase 2 » de la survie de l’espèce. Une journaliste qui lui rend visite sur ses terres s’étonne cependant, dit-elle, de ne pas y voir trace d’un jardin potager mais – même si l’on fait abstraction du coût à l’achat de 7 hectares – une critique encore plus cruelle s’impose : si l’on divise la surface de terre arable à la surface du globe par le chiffre de la population mondiale, c’est une surface de 0,8 ha par personne que l’on obtient. Tous calculs faits, la prétendue « solution » de Cochet supposerait une réduction de la population par un facteur de 8,75, ce qui veut dire revenir à un chiffre de population mondiale d’un peu moins de 900 millions de personnes, celui qui existait… à la fin du XVIIIe siècle ! Qui se chargera de mettre en oeuvre la politique « exterministe » qui serait alors nécessaire ?
Soyons-en conscients : aucune des tentatives survivalistes égocentriques et égoïstes n’a la moindre chance de tenir longtemps. Nul ne s’en sortira seul, ou entouré seulement des siens : c’est aujourd’hui sur l’action collective, à tous les niveaux, qu’il nous faut compter. Nos semblables qui se sont achetés des îles au milieu de l’Océan pacifique pour y vivre en autarcie avec leur famille et quelques-uns de leurs amis, ne survivront au reste d’entre nous qu’une cinquantaine d’années tout au plus. Cinquante ans, à condition qu’aucune des neuf nations à la tête d’un arsenal nucléaire ne perde son sang-froid durant l’effondrement généralisé qui se prépare et ne désigne comme responsable « évident » de la catastrophe en cours son « ennemi héréditaire ». Or, selon une étude publiée en 2014 *, il suffirait qu’explosent 100 bombes thermonucléaires (0,7 % de notre stock global) pour provoquer un « hiver nucléaire » débouchant sur une « famine nucléaire globale ». Aucun grenier, aussi bien protégé qu’il soit, ne résisterait longtemps à l’assaut des hordes affamées en errance.
* Michael J. Mills Owen B. Toon Julia Leeâ€Taylor Alan Robock, « Multidecadal global cooling and unprecedented ozone loss following a regional nuclear conflict », le 7 février 2014 https://doi.org/10.1002/2013EF000205
(à suivre…)
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