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TF : Selon vous l’Intelligence Artificielle peut-elle être un danger pour l’humanité ?
PJ : Je pense que la question du danger est mineure par rapport à la question : « Est-ce qu’elle peut nous sauver ? Nous sauver de notre disparition. »
TF : De l’extinction ?
PJ : Oui de l’extinction. La question de l’extinction va se poser de plus en plus chaque jour avec le retour des épidémies, comme on peut le voir maintenant, le réchauffement climatique avec la montée des eaux, une guerre nucléaire provoquée accidentellement comme un effet collatéral d’émigrations massives, de responsabilités que l’on se rejette et des choses de cet ordre là. Je pense que le danger le plus grand c’est le risque de guerre nucléaire à nouveau.
TF : Avec l’Iran ?
PJ : Hum… Il y a 9 puissances qui ont la bombe atomique, il y en a 8 qui le reconnaissent, plus Israël qui ne le reconnait pas mais qui l’a depuis les années 1950. À mon sens il est très peu probable que dans le processus d’effondrement qui est en cours, il n’y ait pas l’une ou l’autre de ces nations qui s’énerve et utilise l’arme nucléaire. On me dit souvent : « Oui mais cela n’a pas encore eu lieu » et ça bien entendu, aucune catastrophe ne peut être escomptée ou discomptée à partir de l’observation qu’elle n’a pas encore eu lieu. Les États-Unis et la Russie ont dénoncé leurs accords nucléaires, il n’y en a plus. D’autre part des puissances nucléaires comme l’Iran apparaissent.
TF : Les États-Unis ont un comportement très agressif.
PJ : Pour le moment les États-Unis se comportent en pirates à l’international, oui.
TF : Vous produisez un renversement pour ceux qui ont vu Terminator : on imagine l’Intelligence Artificielle comme quelque chose qui va mener nécessairement à une catastrophe. Mais sur le plan des symboles, c’est intéressant de dire qu’elle serait capable de nous sauver. Elle pourrait être une porte de secours en quelque sorte.
PJ : Il y a un film de 1970, moins connu que Terminator qui s’appelle Colossus [Le cerveau d’acier]. Là c’est l’intelligence artificielle qui nous sauve. En deux mots l’histoire c’est que les États-Unis mettent au point un immense ordinateur qui prend la responsabilité de tout ce qui est d’ordre militaire. Lorsqu’ils le mettent en marche, l’ordinateur dit qu’il en existe un autre semblable à lui. Il se trouve que les Soviétiques ont effectivement conçu une machine équivalente. La suite de l’histoire s’enchaîne assez vite : les humains déclenchent une guerre nucléaire et elle n’a pas lieu, parce que les deux machines se sont mises d’accord pour l’empêcher. Ça se termine sur une note de type philosophique : les deux machines prennent le pouvoir avec pour message que les humains ont prouvé qu’ils n’étaient pas capables de se protéger d’eux-mêmes. C’est donc les machines qui vont prendre la responsabilité du genre humain. À partir de ce moment les humains doivent faire exactement ce que les machines leur disent.
TF : La machine a compris alors que l’humanité a une dette envers elle.
PJ : Exactement : il faut que l’humanité lui obéisse. Et au moment où l’ordinateur Colossus le déclare, Forbin, le savant qui a conçu cette machine lui répond : « Ça, jamais ! » Le film s’arrête là, mais nous avons compris que ces splendides paroles de défi n’ont aucune importance.
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