Bourse, épidémie, etc., le 28 février 2020 – Retranscription

Retranscription de Bourse, épidémie, etc., le 28 février 2020. 

Bonjour, nous sommes le vendredi 28 février 2020 et je vais appeler cette petite vidéo : « Bourse, épidémie, etc. ».

Hier, dans la journée, je vous ai fait – et les jours précédents aussi – je vous faisais quelquefois dans la journée des captures d’écran de ce qu’on trouve sur le site du Wall Street Journal mais j’ai demandé au webmaster de mettre un plug-in de ticker – je vais essayer de dire tout ça en français sans utiliser d’anglicisme – quelque chose qui vous montre en direct sur mon blog l’évolution des cours boursiers [c’est fait depuis ce matin]. Ce sera plus simple pour tout le monde. 

Je ne sais pas si je laisserai ça : même en 2007-2008, je n’avais pas jugé nécessaire de faire ça mais, là, les choses évoluent plus vite qu’en 2007-2008 : la chute des marchés boursiers, sur 3-4 jours, là, c’est la plus brutale qu’on ait vue depuis 1980. Donc c’est du sérieux.

Alors, il y a beaucoup de gens qui vous annonçaient ça depuis longtemps en disant : « Oui, parce que ceci, parce que ça… ». On le savait, je vous en avais parlé depuis 2009 : on injectait des quantités invraisemblables d’argent du côté des banques nationales, des banques centrales, en disant : « Ça va retrouver son chemin dans l’économie ! Mais, avec deux choses : avec la concentration de la richesse qui fait qu’il n’y a pas assez de pouvoir d’achat dans les populations pour acheter tout ce qu’on peut produire avec l’argent qui circule, et puis aussi le fait que les banques préfèrent prêter pour de la spéculation que pour des opérations véritablement économiques parce que ça leur rapporte davantage, on était effectivement mal barrés : il y a trop d’argent dans le système [boursier].

Ceci dit, quand on me demandait – vous avez dû le voir – au cours des années récentes : « Est-ce que, vous, Monsieur, qui avez prévu la crise des subprimes… quand est-ce que ça va tomber, etc ? ». Je disais : « Moi, je ne peux pas vous dire. Il n’y a rien de très clair. On sait qu’il y a trop d’argent dans le système et qu’il trouve sa place dans la bourse », mais moi, je ne voyais pas de raison technique à l’intérieur de la finance même pourquoi ça tomberait un jour plutôt qu’un autre.

Alors, vous le savez, vous l’avez vu par ailleurs, tous les gens qui avaient été incapables d’annoncer la crise des subprimes, eux, tous les jours, ils vous disent : « Ça va tomber demain ! » mais il fallait – la preuve a été faite – il fallait que ça tombe pour un évènement extérieur, pour quelque chose qui, tout à coup, soit un déclencheur. Et le déclencheur, c’est bien entendu le fait que les Chinois n’alimentent plus nos usines avec les produits dont on aurait besoin pour faire des produits finis chez nous, que l’activité là-bas est pratiquement paralysée à certains endroits.

Alors, vous avez vu aussi, on les a beaucoup critiqués, les Chinois, sur la manière dont ils ont essayé de régler cette affaire. Ça n’a pas empêché l’épidémie de se développer. On vous dira : « Oui, mais c’est parce qu’ils vendent des crapauds vivants sur leurs marchés ! ». Oui, mais un saut comme ça d’une espèce animale à une autre, ça peut toujours se faire. Evidemment, la promiscuité, la densité excessive, ça facilite les choses. Maintenant, on va voir !

On va voir si nous étions aussi malins ou plus malins, beaucoup plus malins, que les Chinois. On peut dire comme M. Trump : « Regardez, il ne s’est rien passé aux Etats-Unis ! », comme il l’a fait hier, je l’ai répété dans un petit billet : « Vous voyez, il y a 15 malades aux Etats-Unis. Il y en a 10 qui sont en voie de guérison et les 5 autres qui sortent de l’hôpital. C’est une affaire pratiquement réglée ! ». Pendant ce temps-là, toutes les autorités médicales du pays disaient : « Eh oh ! ça n’a même pas encore commencé ! ».

Mais ils ont l’habitude, les Américains, que leur président vive dans une sorte de monde de fantasmagorie. En tout cas, la Bourse, les bourses américaines, là, il est clair qu’elles n’ont pas cru leur président, qu’elles croient plutôt que l’économie va être en difficulté, que les pays peuvent être paralysés pour des périodes – on va voir – pour des périodes de plusieurs mois peut-être. Et vu notre degré d’impréparation, vu le fait que, comme un médecin l’écrivait sur mon blog hier, vu le fait que les Chinois ont tout de suite acheté tous les masques dans nos pays et que, du coup, quand nous allons chez le pharmacien, il nous dit : « Ah ben non ! on a tout vendu aux Chinois ! ». Ça montre à quel point nous sommes malins : une des premières preuves [rires] … On va voir pour la suite.

Il ne faut pas rigoler parce qu’évidemment, ça va être très dangereux. On vous dit : « Oui, il n’y a que 2% de gens qui meurent vraiment, à moins que ce soit 3%… Il faudra qu’on refasse les calculs » et ainsi de suite. C’est une immense épidémie : c’est une pneumonie. Ce n’est pas… comme le prétend M. Rush Limbaugh, le grand ami de M. Trump – ce n’est pas juste une variété du rhume de cerveau. Oui, le rhume de cerveau est [parfois] un coronavirus aussi apparemment mais ils ne sont pas tous pareils.

Alors, jusqu’où ça va aller ? On ne sait pas. Il y a beaucoup d’argent… Il y avait déjà beaucoup d’argent, trop, dans les bourses avant qu’on ait épuisé tout ce qui circulait encore et qui n’a aucun rôle à jouer. Pourquoi ça va là ?

Pourquoi ça va là, je l’ai dit : c’est parce qu’on préfère mettre cet argent là plutôt que le payer en salaires. Si on le payait en salaires… On a pensé à l’époque. On a parlé de l’hélicoptère, etc., qui distribuerait de l’argent mais non, non, on préfère… On dit aux banques : « Voilà, vous allez prêter. On va relancer le pouvoir d’achat non pas avec des salaires en hausse mais en prêtant davantage. On va relancer le crédit ! » et bien entendu, il n’y a pas assez [de pouvoir d’achat], même à des taux quasiment de zéro, les gens n’ont pas assez ! On ne s’engage pas sur 30 ans sur des sommes qui paraissent faramineuses. Pourquoi ? Parce qu’acheter une maison, ça coûte une fortune et ainsi de suite, et on n’a pas les moyens, on ne peut pas hypothéquer des salaires comme ça, à l’infini, si on sait que ces salaires ne viendront pas et si on sait que dans un monde où, de manière générale, l’emploi est menacé par l’automation, par la logicièlisation, par les robots, par l’Intelligence Artificielle. Bien sûr, on freine des quatre fers mais ça va quand même avoir lieu.

Alors, qu’est-ce que je peux vous dire de plus ? Rien, sinon que je vais vous tenir certainement au courant et qu’on croise les doigts, on tape sur … [P.J. : Jorion qui connaît mieux l’anglais que le français : knock on wood] … Comment on dit ? On « touche du bois » pour que ça ne tourne pas à la catastrophe généralisée, pour que cet effondrement que je ne suis pas le seul à vous prédire et dont je vous dis depuis pas mal de temps : « Il prendra une forme matérielle. Il aura lieu sous une forme qu’on reconnaîtra, une forme humaine aussi. Ce ne seront pas des lettres écrites dans le ciel ! Ça va se passer ! Ça va pas être drôle ! ». Là, on a une combinaison d’un élément de type naturel, qu’on ne maîtrise pas encore, une nouvelle épidémie, [et d’un événement humain : la Bourse].

Trump dit : « Oui, le vaccin, on est en train de le préparer ». Tout le monde vous dit : « C’est une question de mois, sinon d’années avant qu’on ait vraiment un vaccin ! » et un vaccin, ça ne vous protège pas encore de manière totale non plus, on le sait bien, même si c’est une excellente idée.

Voilà, un point rapide. Je vous tiens au courant.

Allez, à bientôt !

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  1. https://www.theguardian.com/us-news/2025/nov/07/james-watson-scientist-dna-death Est ce que GENESIS a une structure en échelle torsadée ? Tant qu’a chercher les appariements conséquents, autant remonter…

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