Ce que Luc Dardenne pense de la révolution

La revue littéraire Quinzaines va publier un extrait de l’entretien que j’ai eu avec Luc Dardenne le 14 mai sur PJ TV. Je vais publier ici le reste de l’entretien sous forme de chapitres consacrés à différents sujets. Commençons par la révolution.

Paul Jorion :  Dans la conversation que nous avons eue avant de faire le petit tournage ici, l’entretien aujourd’hui, un nom qui est souvent venu, c’est Bertolt Brecht et j’ai repensé depuis à Dziga Vertov, au mouvement de Lars Von Trier : Dogma 95. Est-ce que vous portez beaucoup d’attention aux réflexions qui ont été faites justement sur la manière de faire venir au cinéma une véritable vérité sur les êtres humains ?

Luc Dardenne :  Oui, c’est sûr que je porte attention – et mon frère également – à cette vérité mais c’est compliqué. Moi, comment vais-je dire ? vous vous souvenez que Brecht disait : « Bon, le tout est de savoir que la vérité, ce n’est pas les choses vraies. C’est savoir comment sont vraiment les choses », cette différence qu’il faisait entre les choses vraies et les choses… Enfin, montrer comment sont vraiment les choses, ça voulait dire pour lui que les choses étaient en train de s’orienter vers la révolution. Aujourd’hui, c’est quelque chose qui ne fait plus partie de notre imaginaire parce que c’était un imaginaire : la révolution telle qu’il l’a pensée n’a jamais eu lieu et quelque part, tant mieux, parce que là où elle a eu lieu, ça s’est très mal passé. Mais, bon, ce que je dirais, moi, c’est que cette vérité… Pour encore dire un truc sur Brecht, j’ai écrit quelques notes sur notre travail et je faisais référence à ce que Soljénitsyne avait dit par rapport à cette vérité, à ce que sont vraiment les choses, c’est-à-dire que les choses sont en train de s’orienter vers la révolution et il ne faut pas regarder ce qui est vrai / pas vrai, il faut regarder ce qui se passe vraiment. Il avait dit : « Il y a des faits qui sont vrais et quand on veut vraiment dire ce que sont vraiment les choses, parfois, on oublie les faits vrais qui, pourtant, sont peut-être en contradiction avec ce que sont vraiment les choses parce que ce que sont vraiment les choses, c’est plus dans l’imaginaire, dans l’imagination, dans le rêve, dans l’illusion révolutionnaire » et que la réalité, je crois que c’est quelque chose qu’il faut savoir regarder, non pas pour baisser pavillon et dire qu’il ne faut pas changer le monde. Ce n’est pas ça. Mais quand même, il faut peut-être le changer autrement qu’avec ses rêves. Voilà. Moi, je n’aime pas « les enfants qui rêvent » parce que c’est des gens qui mènent à la catastrophe. Dans un sens ou dans l’autre. Je dirais à l’extrême-gauche ou à l’extrême-droite, dans les différentes variantes qu’il peut y avoir dans l’esprit disons révolutionnaire ou catastrophiste ou autoritaire. C’est toujours le même rêve qui nous conduit à croire que l’homme est modifiable, est changeable, est changeable. C’est toujours… Je crois qu’Antelme, Robert Antelme, dans son livre, a bien montré que modifier l’homme, c’est impossible et tant mieux ! Voilà.

Si tu veux, Brecht, qu’est-ce que j’aime bien chez Brecht ? J’aime bien son récit quand il prend un personnage idiot pour en faire un révolutionnaire. C’est-à-dire, dans « Sainte Jeanne des Abattoirs », il prend un personnage qui croit qu’on peut s’aimer les uns les autres : Jeanne. Elle pense ça. C’est en pensant ça qu’elle va se rendre compte que ce n’est pas possible mais comme elle tient à son rêve, elle va se rendre compte qu’il faut faire la révolution pour que son rêve se réalise. Donc, ses personnages sont très intéressants et je dois dire que, parfois, nous avons cette espèce de construction aussi avec nos personnages. Comme Rosetta : elle veut vraiment un travail. Elle le veut vraiment, mais un vrai travail. Et en voulant ce vrai travail, elle va se rendre compte que ce n’est pas possible de vouloir un vrai travail sinon, pour avoir un vrai travail là où il manque vraiment de travail, c’est-à-dire là où la société s’organise de manière à créer une rareté du travail, du chômage, elle va se rendre compte que, pour en avoir un, il faut tuer son concurrent, l’éliminer. Peut-être pas le tuer, mais l’éliminer d’une manière ou d’une autre. Donc, c’est ça qui m’intéresse chez Brecht. C’est cette ironie-là si vous voulez, parce que c’est très ironique, au nom du rêve que l’on a, avoir le vrai travail promis à tous, nier ce rêve, devoir tuer quelqu’un pour lui prendre son travail, donc réaliser ce rêve en devenant une fervente exécutrice du capitalisme ultra-libéral qui lui empêche d’avoir ce vrai travail auquel tous et toutes auraient droit. Évidemment la logique du mouvement de Rosetta ne la conduit ni à se rendre compte “politiquement “ de la réalité de ce système économique ni à en devenir à jamais l’exécutrice, elle découvre l’amitié, la solidarité avec Riquet.

Sinon, pour Dogma, moi, je dirais que ça m’a intéressé mais on faisait la même chose en 95, quand on faisait La promesse. Très peu d’éclairage, très très peu de construction de décor. On était dans le minimalisme aussi de Dogma. Alors, pourquoi est-ce que des Belges et des Danois pensent la même chose à un moment donné ? Je me dis que c’est peut-être parce qu’il n’y a pas vraiment une industrie cinématographique qui impose, allez, je dirais, une production, une  production professionnelle.

En France, il y a eu la nouvelle vague extraordinaire évidemment. Je parle ici de 95. Peut-être que deux petits pays, une tradition cinématographique sans doute plus grande au Danemark que chez nous mais quand même, avec une grande rupture dans l’histoire du cinéma au Danemark, peut-être qu’on avait envie de réinventer et que, pour ça, il faut se sentir libre par rapport à l’industrie et comme il n’y a pas d’industrie, eh bien, forcément, on se sent libre. Nous, on a commencé à faire des films en vidéo et tout le monde disait : « Mais enfin, c’est pas du cinéma ». Moi, j’avais quand même l’impression de faire du cinéma. Bien sûr, je ne pouvais pas travailler l’image et le son comme au cinéma, et la lumière, mais je faisais quand même un cadre. J’essayais de trouver un rythme. Avec Jean-Pierre, on essayait de faire quand même des documentaires qui se tenaient. Bon, voilà. On avait l’impression de faire du cinéma. On nous disait : « Non, non, non ». Moi, je dirais que, dans notre parcours à nous, venir au cinéma par la vidéo, c’est une manière de « réinventer le cinéma » pour nous, de partir de zéro. Et la lumière, on s’en foutait. Pas d’éclairage, on s’en foutait. On verra bien. On disait aux personnages : « Mettez-vous un peu par là, avec la fenêtre. Oui, c’est parfait ». Ou bien : « Non, maintenant, on va passer dans le noir. Baisse le volet ». On travaillait comme ça. On n’avait pas… Quelque part, cet autodidactisme peut mener aussi à des catastrophes esthétiques mais je veux dire que ça nous a permis, nous, d’être libres. Je crois que c’est ça. Et Dogma, c’est un mouvement de liberté même s’il n’a pas duré très longtemps. La nouvelle vague aussi, c’est un mouvement de liberté, le cinéma vérité aussi. Et ça, bon, le free cinema en Angleterre aussi. Bon, voilà, c’est des… Qu’est-ce qui s’est passé ? Moi, je dirais, pour nous, ce fut en tous les cas la rupture : l’accès à la caméra par la vidéo. On n’a fait aucune école de cinéma sinon celle de la cinémathèque et celle de voir des films évidemment, qui est la meilleure.

Paul Jorion : Avant qu’on ne fasse l’entretien, j’ai dit à Luc Dardenne, je lui ai dit : « Je ne sais pas si je pourrai… on va se dire ‘vous’ mais je ne sais pas si je pourrai m’y tenir » et j’ai fait des efforts considérables et je vois que c’est toi qui n’es pas arrivé à aller jusqu’au bout en glissant du « tu » [rires des deux].

Sur la révolution, moi, je pense toujours à cette phrase d’Elisée Reclus, grand penseur anarchiste, en disant : « Je ne veux pas d’un avenir qui se décide au hasard des balles perdues » et je crois que c’est ce que tu as dit toi également. Ça pose quand même la question de : « Qu’est-ce qu’on peut espérer ? » Qu’est-ce qu’on peut espérer si ce rêve ou cet imaginaire de la révolution a disparu ?

Luc Dardenne :  Je pense que… Moi, il y a quelqu’un dont on parle très peu. On s’éloigne du cinéma mais quelqu’un qui, moi, m’a… Quand je l’ai lu, ça m’a toujours impressionné, c’est [Eduard] Bernstein. On aime beaucoup Rosa Luxemburg. On aime beaucoup moins Bernstein, « le réformiste ». Mais moi, il y a une chose que j’ai lue chez lui et qui est, je trouve, d’une grande actualité, notamment avec la crise du coronavirus où la question de l’Etat, du vide qu’il y avait, vide qui a été rempli par les intérêts privés. La question qu’il posait était de dire : « Le problème n’est pas de remplacer l’Etat par le parti quel qu’il soit ». On parlait du parti socialiste, social démocrate et du parti communiste, évidemment, qu’il critiquait. Et, il disait : « Le problème est de vider l’Etat des intérêts privés au maximum ». C’est ça le truc. L’Etat est une merveilleuse invention mais, malheureusement, très occupée aujourd’hui par les intérêts privés. Déjà à l’époque.

Donc, c’est ça qu’il faut essayer de repenser, c’est ce fonctionnement de l’Etat qui est, pour moi, beaucoup plus intéressant que de penser prendre le pouvoir avec un parti, où effectivement ça se réduit aussi aux balles perdues de la révolution.

Mais, en tous les cas, je pense qu’on a encore des rêves possibles mais qui sont beaucoup plus réformistes, je dirais. Moi, je n’ai jamais, de toute façon, été très révolutionnaire. J’ai toujours pensé qu’il fallait être pragmatique, qu’il fallait tenir compte des situations concrètes et essayer de les changer plus peut-être par l’éducation d’ailleurs que par la prise de pouvoir.

Je n’ai pas été fasciné par la prise de pouvoir mais je me rends bien compte qu’il y a des choses à faire au niveau politique évidemment et je pense que si on arrivait dans les… Je ne sais pas, je rêve peut-être un peu mais dans l’Après-Covid-19, à réfléchir vraiment, à remettre l’Etat au centre pour réguler ces marchés, pour empêcher les intérêts privés de, comment vais-je dire, d’occuper les biens publics que sont la santé, l’environnement, l’éducation, la culture, la sécurité sociale, la fiscalité, toutes ces choses publiques grâce auxquelles on essaye de vivre dans une société plus ou moins égalitaire, en tous les cas qui devrait le devenir encore plus, voilà, moi, je suis plutôt de ce côté-là que des grands rêves.

Paul Jorion : C’est le côté de ce que Vincent, qui est ici à la technique, qui a co-rédigé avec moi l’ouvrage où on essaye de proposer des solutions : Comment sauver le genre humain, c’est ce qu’on a essayé de faire en disant : « Voilà, l’Etat, c’est une machine qui est là. Il faut simplement qu’il remplace une obsession pour les coûts, pour les moyens, de revenir à cette idée de fin qu’on se met devant soi, des objectifs qu’on veut atteindre et mettre tout au service de cela ».

Partager :

Une réponse à “Ce que Luc Dardenne pense de la révolution

  1. Avatar de Juillot Pierre
    Juillot Pierre

    Est-ce que présenter une version du « retour vers le futur » de…. , comme décrit ci dessous, équivaut à apporter un angle d’approche, une focale complémentaire, à la « révolution » telle que nous la donne à penser M. Dardenne et M. Jorion dans ce billet d’entretien…?

    « Retour vers le futur de la théorie du « néo-ruissellement ».

    A en croire une « expertise » macroéconomique, distillée par une chaîne d’info en continue (lci) analysant la nouvelle « planification économique » pour sortir de la crise… du énième gouvernement macronesque… la relance par la croissance de la « demande »… se fera par la « croyance magique » en une théorie très libérale, celle du « néo-ruissellement »…

    Des centaines de milliards d’euros, auront « ruisselé » – sans réelles contreparties contraignantes par la loi (interdiction de distribuer des dividendes, de licencier en cas d’aides de l’Etat), la régulation, réglementation – dans l’économie de « marché » (en déduire la part de soutien aux ménages, par la nationalisation des salaires durant le confinement – nationalisation partielle, car la désocialisation et défiscalisation des rémunérations mensuelles, se payent en déficits accrus des caisses sociales, chômage, vieillesse… Mais ne pas oublier le fait qu’un tiers des entreprises ayant touché les aides du « chômage partiel », ont fraudé ce dispositif en pratiquant le « télétravail » non déclaré).

    Des dizaines de milliards d’euros de dettes fiscales, sociales, morales… des propriétaires privés d’entreprises, d’actions… (sans compter les « immorales optimisations » flat tax, baisses des impôts sur société, baisse des cotisations sociales patronales sur la bas salaires, suppression partielle de l’ISF…), des suites de « l’arrêt de l’économie » pour raison de crise sanitaire, sont et vont être purement et simplement annulées… quand tous les ans, plus d’un centaine de milliards d’euros, sont fraudés en toute impunité et manquent aux budgets (« droit à l’erreur fiscale », « immorale optimisation fiscale » que couvrent le verrou de Bercy – cuisse dont « Jupiter » est sorti – et les adeptes des conflits d’intérêts, de secrets d’affaires, du favoritisme, clientélisme, carriérisme, de la corruption…) Après « l’année blanche » obtenue après l’instauration du prélèvement à la source de l’IR en début de mandat macronesque (mais se rappeler aussi de la restructuration de dette Grecque, lors de la crise des dettes publiques, après le crack financier de 2008), on n’est pas capable de deviner ou le « ruissellement » se destine, se concentre, et est détourné… lorsque les « temps de cerveaux disponibles » qu’à vouer un « culte féroce » aux doutes, incertitudes de leur « ras le bol fiscal », « poujadisme », bas instincts, que sonde hebdomadairement la « dictature des émotions », restent les seuls, de plus en plus minoritaires, à aller voter, et à faire croire qu’on n’est pas dans une autocratie aux suffrages censitaires… ?

    Ces dizaines de milliards d’euros de dettes… sont et vont être banalement exonérés de contribuer à financer les services publics (dont certains saturent – ceux hospitaliers, de la SC, des CAF, de l’assurance chômage…), à abonder positivement vers le besoin de provisionner une forte demande de hausse des dépenses en protections sociales, en solidarité quoi… Et ils, déficits structurels et conjoncturels, finiront par être aussi « naturellement » socialisés (comme pour l’affaire Dexia et le financement/endettement des collectivités concentrant une part des dépenses sociales, les subprimes…). Et donc ces recettes fiscales en moins, ne « ruisselleront » plus vers l’intérêt général, les biens communs, pour équilibrer les comptes publics du modèle social d’aujourd’hui, alors que les dettes publiques (locales et nationales) explosent, servent de chantage à l’emploi… à plus de « réformes structurelles »… sans que cela soulève d’indignations, par rapport à l’optimisation de l’immoralité ambiante, de l’injustice généralisée, que cela pose… ?

    Et que « nous » est-il « offert », en contreparties, si ce ne sont les annonces de plans de licenciements massifs, d’explosion des inégalités territoriales, scolaires, « économiques » (30 % des « bénéficiaires du RSA, ne touchent en réalité aucun « pognon de dingue mis dans les minimas sociaux, qui fait que les pauvres le restent et se déresponsabilisent » – NON RECOURS dit aussi « inégalités de destin ») qui pleuvent déjà (durant les vacances. Ça passe toujours mieux ?) en dessinant les contours d’une crise sociale et « sociétale » inédite (discriminations impunies à l’embauche, dans l’accès au logement, dans les brutalités policières commises lors des contrôles aux faciès, « manifestations interdites »..)… allant provoquer conséquemment, une baisse structurelle et conjoncturelle de la « demande », risquant de se conjuguer à une nouvelle vague épidémique… à la rentrée… ?

    Sur la « demande » de qui et de quoi est-il compté, pour créer ces « promesses » d’emplois (pour le néolibéralisme, l’adage dit « les investissements d’aujourd’hui sont les dividendes de demain, et les emplois d’après demain »), et de richesse à partager, et à redistribuer, quand l’assistanat sans contrepartie des propriétaires privés d’entreprises, d’actions, « ruisselle » que sur « l’ubérisation et ordinisation » défiscalisée et désocialisée (caisses automatisées des supermarchés, Trading haute Fréquence, etc) du travail segmenté à la tâche, des savoirs et services publics, privatisés, dématérialisés, digitalisés, technocratisés et de l’emploi se précarisant (plus de 80% des embauches, sont en CDD très courtes durées, temps partiel contraint, travail intérimaire…) quand il ne disparaît, ne se délocalise plus… ?

    Est-ce sur la « demande » indécise, des salaires moyens (et leurs épargnes ?) qui vont être baissés de 20 %, en plus de risquer de ne plus être majorés en cas d’heures supplémentaires, en plus de perdre des RTT, le choix de décider de la date et durée des congés payés, etc, que compte ce gouvernement, pour « relancer la consommation »… ?

    Est-ce aussi sur la « demande » des bas salaires pré-retraités (au chômage souvent), que compte ce gouvernement, pour retrouver de la « confiance »… bas salaires en fin de carrière dans la précarité, pour qui le recul d’espérance de vie, en bonne santé, arrivée à l’âge de la retraite, est aussi injustement, inégalitaire, que croît la démagogie (« promesses » d’universalité et de justice) des « réformateurs » de l’assurance vieillesse, qui veulent l’aligner, au moins disant social, fiscal, et même moral, quand le taux de mortalité en cas d’infection grave à la Covid-19, corrélé aux manques de lits de réa, de personnel médical et service public hospitalier… coïncide avec cet âge de tous les dangers, pour les personnes à risques (cumulation de facteurs multiples de comorbidité – surpoids, diabète, pathologie cardiaque respiratoire, etc – liés à l’insécurité économique, « sociétale », à l’insalubrité des conditions de logement, à l’instabilité des conditions de vies et de travail)… ?

    Est-ce, en plus, sur la « demande » et le « ruissellement de l’épargne » des citoyen.e.s non imposables, consommant de la malbouffe des grandes surfaces et de l’industrie agroalimentaire (productivisme intensif polluant – pesticides, etc continuant d’être employés sur nos sols, dans nos nappes phréatiques… et vendus à l’exportation avec de l’armement patriotique. « Externalité négatives », du productivisme intensif aggravant le dérèglement climatique, la perte de biodiversité, les tensions géopolitiques, crises des réfugié.e.s, sur fond de guerres commerciales, monétaires de « civilisation », « compétitivité » de croissance démographique, etc) qui vont rester en « chômage partiel » pour raison de secteur d’activité en « restructuration »… avec une baisse conséquente du dispositif de rémunération… que compte ce gouvernement pour « relancer l’économie »… ?

    Est-ce, surtout, sur la « demande » du million de nouveaux(elles) chômeurs(euses) attendus(es) à la rentrée, alors qu’elles-ils vont devoir se partager avec seulement la moitié des demandeurs(euses) d’emploi touchant des prestations… des baisses drastiques des montants d’indemnisation chômage, et du droit à l’assurance chômage, soit des baisses croissantes des dépenses sociales soumises à l’austérité, et autres « réformes structurelles » néolibérales (passées en force à coup de décrets, 49.3…), et qui vont devoir se partager des hausses constantes des dépenses contraintes, pré-engagées (TVA et taxes, loyers, denrées alimentaires carburant, transports, assurances privées, etc) est-ce donc sur ce genre de « demande », que compte ce gouvernement, pour renflouer les caisses des comptes publics déficitaires… ?

    Ou peut-être, est-ce sur la « demande » de la consommation des plus démuni.e.s, désœuvré.e.s des citoyen.e.s ignorant leurs droits, et comment puis qui (quelles « représentativités » par exemple ?) les défendent (cas des NON RECOURS)… a qui cette gouvernance veut imposer de faire du « travail gratuit » (la grande distribution alimentaire, en plus de profiter des stagiaires, est friande de contrat de ce type, faire faire du « travail gratuit » – pour elle- aux chômeur.e.s, en renouvelant éternellement des CDD très courtes durées), du « bénévolat contrat » (en remplacement des « départs volontaires », à la pré-retraite… des fonctionnaires territoriaux, des collectivités…?) contre l’ouverture du droit à la solidarité, au RSA… que la « relance de l’économie » peut se refaire la cerise, alors que la baisse des impôts de production, des taxes d’habitations, etc, finançant en partie la redistribution (RSA, etc) au niveau des collectivités locales, ne connait pas encore de mécanisme de compensation étatisée, mais s’assure que le duel mortifère entre les fascismes en col blanc et/ou bleu arrive en bonne place du second tour…?

    Ou/et est-ce encore sur la « demande » des quelques millions de citoyen.e.s précaires, pauvres, ostracisé.e.s, méprisé.e.s, discriminé.e.s… qui reçoivent « l’aumône » d’une « revalorisation » de leurs minimas sociaux (seulement 4 millions sur 9 millions de familles d’individus vivant sous le seuil de pauvreté, sont concernés. Ne pas oublier les cas de NON RECOURS cités plus haut), que comptent ce gouvernement et sa connivente complaisance avec l’industrie de la grande distribution et de l’agroalimentaire (qui se sont indécemment gavés, durant le confinement, sur la privatisation/confiscation de la distribution gratuite, à pas chère de repas aux enfants de parents modestes, pauvres, habituellement fournis solidairement, universellement, par les services publics des cantines scolaires… Qui ont spéculé à découvert, sur la hausse et/ou la baisse des stocks gérés en flux tendu, et des prix, des denrées alimentaires – et des masques respirateurs, médicaments, place de lits de réa…- paris nus ayant fait gagner gros, en tombant sur pile, aux boursicoteurs, banques secteurs financiers, alors que face, des vies se perdaient, et se perdent encore, n’ont pas pu être et ne vont pas pouvoir être, sauvé d’une infection mortelle, d’une pathologie chronique pas soignée à temps, du stress de la précarité du chômage, de l’insécurité économique… et insalubrité de logement…) pour stabiliser les déséquilibres budgétaires, en leur faisant consumer leurs misérables aides sociales, en achetant des consoles de jeu au même prix, comme par hasard, que le montant de la hausse des minimas… des pots de patte à tartiner, de paquets de pattes, etc, à 1 euro, ou encore en les accusant de tout boire… ?

    Combien et que vont-ils devoir sacrifier en plus, tous ces membres déchus de la « deuxième ligne », et combien puis que vont consumer en plus, les plus nantis voulant continuer de vivre au dessus de leur moyen, et de ceux des autres les moins bien lotis… pour que l’aveuglement de ce consumérisme qu’on « nous » « demande » de soutenir, soit à la hauteur du niveau d’avant la gestion dans la pénurie de la crise sanitaire, qui plaçait le modèle de croissance du pib français, parmi le peloton de tête des pays épuisant le plus de ressources au monde (il nous fallait plus de trois planètes par an, quand 6 pour les USA, n’y suffisaient pas), alors que les plus grosses fortunes mondiales, durant cette crise, se sont mis à posséder encore plus de richesses, que ce que la moitié de l’espèce humaine, peine à mettre de coté, pas de la rue, non, mais pour hypothéquer ce qui manquera « demain, après demain » aux futures générations, et encore, si elles survivent, aux guerres, pandémies, au fait que tous les ans, le funeste anniversaire du dépassement de la capacité de charge de la planète, et de sa capacité à régénérer ses ressources renouvelables… se rapproche du tout début de l’année… ? »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. cela me fait penser à des poux sur un cheveux… pensée du jour : «Il est triste quand on s’endort…

  2. En général la science n’observe pas les phénomènes qu’elle ne comprend pas. Tout juste observe-telle les phénomènes qui correspondent ou…

  3. @Pascal Déjà la conversion est en marche, avec l’urbain moyen déambulant ou électronucléairement assisté cyclo-pédalant, casque aux oreilles écoutant des…

  4. @bb Et la conscience émergente (ou pas) des Intelligences Artificielles n’est elle pas consubstantielle à l’écriture sur pierre qu’est la…

  5. @PAD Du coup, j’ai relu votre post. Qu’est-ce que vous voulez dire par : « Si nous n’étions pas les auteurs de…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta