Trump : Où l’on parle enfin d’espionnage, le 19 août 2020 – Retranscription

Retranscription de Trump : Où l’on parle enfin d’espionnage.

Bonjour, mercredi 19 août 2020. Hier, j’avais vu l’annonce d’un rapport du Sénat américain sur la question des ingérences russes dans la campagne électorale présidentielle de 2016. Il y a 966 pages, donc beaucoup à lire. J’ai regardé ça en diagonale. J’ai regardé ce que les journaux disaient et j’avais le sentiment que c’étaient des choses dont on avait déjà parlé. Effectivement, il y a beaucoup de choses qui ont déjà été dites dans le rapport de la commission Mueller. Aussi, beaucoup de choses qui se trouvaient déjà, dans des enquêtes publiées dans des journaux, ou dans des livres. On vous parle beaucoup de M. Kilimnik ces jours-ci.

Voilà un livre : Crime in Progress, datant de 2019, donc de l’année dernière, où on vous dit : « Pourquoi Manafort a-t-il partagé avec Konstantin Kilimnik des chiffres de sondages relatifs à des états susceptibles de basculer, un homme dont les liens avec le renseignement russe sont connus ? » (p. 264).

Voici un livre plus ancien qui s’appelle House of Trump, House of Putin : « L’histoire non-dite des rapports entre Donald Trump et la mafia russe », datant de 2018, ce qui veut dire déjà assez ancien quand on parle « actualité » dans ce genre de choses. Voici un passage que j’avais souligné dans la rubrique «  Konstantin Kilimnik » : « Ouvre en 2015 un cabinet de consultants ayant des liens avec avec Cambridge Analytica, la firme de traitement de données qui favorisa l’élection de Trump » (p. 269).

Donc, quand on vous dit ça, quand on vous met ça à la une des journaux, [vous vous dites] « Oui ! mais c’est des choses qui sont connues par les gens qui s’intéressent à ça depuis un certain temps ! ». Mais il y a une nouveauté, en fait, il y a deux nouveautés. C’est que nous sommes à deux mois et demi des élections aux États-Unis (« les » élections puisqu’il y a élection de sénateurs, et élection de députés, en plus de l’élection présidentielle). Ce rapport sort à deux mois et demi des élections, et c’est là que l’information se situe : il s’agit de la commission du Sénat américain sur les questions de renseignement, dirigée par Richard Burr et Richard Burr, c’est un Républicain [le relais a été pris par Marco Rubio, Républicain lui aussi, qui était candidat aux primaires en 2016].

C’est là que l’information se situe : c’est le fait que, dans une commission bipartite, à deux mois et demi des élections, sort un rapport qui souligne, une fois de plus, les relations de Donald Trump avec la Russie et là, la 2e information, c’est la chose suivante : c’est que, pour la première fois à propos de ce M. Konstantin Kilimnik, qui est en rapport étroit avec Paul Manafort à l’époque où celui-ci dirige l’équipe de campagne de Trump, il est dit pour la première fois dans un rapport, que ce monsieur n’est pas quelqu’un qu’on « soupçonne » d’être un agent russe : on dit qu’il EST un agent de contre-espionnage russe, c’est-à-dire qu’il paraît difficile d’imaginer que M. Paul Manafort – dont je vous rappelle qu’il avait fait sa carrière essentiellement en étant un conseiller de dictateurs et plus particulièrement de la personnalité pro-russe qui a été, à une époque, à la tête de l’Ukraine [Viktor Ianoukovytch] – quand il transmet ces renseignements très spécifiques sur les états qui vont faire la différence dans l’élection, parce que vous connaissez le système américain : il y a des États qui sont Démocrates depuis Mathusalem [comme la Californie]. Bon, les choses ont changé un petit peu et ça ne fait aucune différence parce que, voilà, c’est un état qui va voter Démocrate. Mais, il y a ce qu’on appelle les « swing states » : les états qui peuvent faire la différence comme la Pennsylvanie, le Wisconsin, le Michigan, la Floride de manière classique et là, donc, M. Paul Manafort, à l’époque où il dirige la campagne de M. Trump, donne [de manière secrète : cartes mobile prépayées, adresses mails diverses et rapidement changées, etc.] des informations de sondages sur ces états particuliers qui peuvent faire une différence à M. Kilimnik dont on nous dit depuis hier qu’il est officiellement, selon le gouvernement américain, qu’il est officiellement un espion, en pensant que M. Manafort ne pouvait pas ignorer la qualité d’espion de ce monsieur et, par ailleurs – ça, c’est le rapport de la commission Mueller, je ne sais pas s’il y a dans ce rapport, ici, de M. Richard Burr, des informations supplémentaires de ce côté-là – tout le monde sait qu’un certain nombre de personnes qui apparaissent en tout cas dans le rapport de la commission Mueller comme étant l’« Individu n° 1 » ou la « Personne n° 3 », etc., dont tout le monde a pu déchiffrer depuis un certain temps qu’il s’agit de Donald Trump.

Donc, la différence, elle est là : pour la première fois, une commission bipartite, avec des Républicains et des Démocrates et, dans ce cas-ci, présidée par un Républicain, dit que le directeur de campagne de M. Trump est une personne – dont on sait par ailleurs déjà qu’il agissait sous le commandement de son patron -, qui est en rapport direct avec quelqu’un qui est un espion russe avec, voilà, c’est sous entendu (on l’a vu [encore une fois] dans le procès de Manafort, les choses pour lesquelles il était inculpé étaient des choses de l’ordre du fiscal et autres, selon la vieille procédure américaine où, quand on veut vous coincer sur un truc important, on vous accuse d’abord sur d’autres choses mineures), c’est sous entendu, mais dont on ne peut pas imaginer que M. Manafort ignorait la qualité d’espion de ce personnage.

Alors, je suis en train de terminer mon livre : le deuxième volume sur Trump, que j’ai continué. (Vous avez vu la nouvelle couverture). Il y a toujours mis, comme je l’avais dit il y a 2 ou 3 ans, j’ai dû dire ça vers 2018, j’ai dit : « On parlera un jour d’espionnage. On parlera un jour de haute trahison pour M. Trump » et mon choix, ça a toujours été, pour ce deuxième volume, est-ce que je vais garder ce terme parce que vous savez tout ce qui s’est passé, tout ce qui a été mis entre parenthèses dans cette histoire d’éventuelle haute trahison du président et moi, je continue à le répéter.

J’ai relu le manuscrit récemment parce que, voilà, il faut le préparer pour la publication. A tout moment, dans ce livre, vous verrez : « Quand est-ce qu’on parlera véritablement d’espionnage ? » On nous dit « collusion ». On nous dit « entente possible », « discussion entre les uns et les autres » et soigneusement, soigneusement, dans les rapports… comme quand M. Mueller inculpe un certain nombre de fonctionnaires russes, il est mis entre les lignes, voilà – et là, je l’ai dit à l’époque – il est écrit en filigrane, entre les lignes, il est écrit « haute trahison » pour le président mais, dans ce qui est écrit, à proprement parler, on n’emploie pas le mot d’espionnage à aucun moment pour des citoyens américains. Et là, je me dis : « On se réserve, on se réserve pour la suite », etc. Et mon opinion, maintenant, voilà, ces jours-ci, quand j’écris ça : « On parlera d’espionnage à proprement parler après le 3 novembre, après le jour des élections ». Or, et c’est ça ma surprise, on commence à en parler avant, à peu près deux mois avant : on commence à parler déjà de ça, de la question de l’espionnage. Et avec une caution, un tampon mis du côté Républicain.

C’est-à-dire que, de ce côté-là, on s’est peut-être réconciliés avec l’idée qu’il va falloir réviser une fois pour toutes, un jour ou l’autre, l’opinion qu’on s’est faite du patron, que l’opinion générale, qui est celle, voilà, par exemple des électeurs Démocrates depuis 2 ou 3 ans, ils sont toujours 70-80 % à penser que M. Trump est un pantin de la Russie, et probablement l’otage de la Russie pour une raison X ou Y. Apparemment, des gens du côté Républicain se préparent à dire des choses du même genre et vous vous souvenez peut-être : ça date de, oh là là, ça date quoi ? De 3-4 mois ? Ce monsieur Lindsey Graham, grand ami de Trump, avait dit tout à coup, et c’était à propos du retrait – en fait, c’est plus qu’il y a 3-4 mois [ça date d’octobre 2019, donc de 10 mois] – à propos du retrait des troupes américaines du nord de la Syrie, ce monsieur avait dit : « M. Trump va un jour se rendre compte que je suis son pire cauchemar » [« I will do anything I can to help him but I will also become president Trump’s worst nightmare »] et j’avais reproduit ça parce que c’était absolument une anomalie parce que ce type était absolument un béni-oui-oui vis-à-vis du président et j’ai écrit à ce moment-là un billet et il sera, voilà, il sera dans le deuxième volume. J’avais dit à ce moment-là : « M. Lindsey Graham s’est convaincu maintenant que M. Trump est un agent de la Russie parce que la seule motivation possible d’un geste comme celui de Trump, c’est-à-dire d’éliminer entièrement toute influence non seulement des États-Unis mais de leurs alliés aussi – c’est-à-dire les pays européens, les pays dans l’OTAN – de la Syrie, ça ne peut avoir qu’une seule motivation qui est celle qu’on a vue dans les jours suivants : permettre aux troupes russes de prendre la place des troupes américaines ».

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Sur le terrain de la guerre en Ukraine, il y a un usage massif de l’IA des deux côtés. Si…

  2. Alors Bulle ou pas Bulle ??? « Nvidia dépasse les 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, une première » Même Challenge…

  3. Une rupture anthropologique plus profonde que n’importe quelle mutation géopolitique !

  4. La crise en cours est d’une autre nature que purement financière : il y a trois conflagrations dont deux de…

  5. Bernie Sanders, dans une interview récente craint beaucoup plus : perte de 100 millions d’emplois (aux USA). « Une météorite approche »…

  6. Vu que vous aviez extrêmement bien anticipé la crise de 2008, quand estimez-vous que la prochaine aura lieu et quelle…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta