Trump contre Harvard : un pont trop loin ?

Allégorie par ChatGPT 4o

Alerte du Financial Times, le 23 mai à 00h15 :

L’administration Trump a interdit à l’université Harvard d’inscrire des étudiants étrangers, ce qui marque une escalade majeure dans ses attaques contre l’une des plus prestigieuses universités de l’Ivy League (« Ligue du Lierre » … couvrant leur façade) aux États-Unis.

Que s’est-il passé ? La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a envoyé hier une lettre à Harvard informant l’administration de l’université que la certification du programme d’étudiants et de visiteurs étrangers avait été révoquée « avec effet immédiat ». Cette décision intervient dans le cadre d’une répression accrue du président américain Donald Trump à l’encontre des institutions d’élite qu’il accuse de promouvoir l’idéologie « woke » et de ne pas lutter contre l’antisémitisme.

Ce que cela signifie : cette mesure affectera l’admission des étudiants pour la prochaine année universitaire, mais Mme Noem a également déclaré que cette interdiction signifiait que les quelque 6 800 étudiants internationaux actuellement inscrits à Harvard, soit plus de 27 % des effectifs de cette année, devront s’inscrire dans d’autres universités. Elle suscitera également des inquiétudes pour les 1,1 million d’étrangers inscrits dans les universités américaines, dont la plupart viennent d’Inde et de Chine, ainsi que pour ceux qui espèrent étudier aux États-Unis.

Réaction de Harvard : L’université a déclaré que la décision de l’administration était « illégale » et qu’elle était « pleinement déterminée » à maintenir sa capacité d’accueillir des étudiants internationaux. Harvard a déjà poursuivi l’administration en justice pour avoir suspendu plus de 2 milliards de dollars de financement à l’université.

Trump imagine donc qu’il peut s’en prendre ainsi directement à une université classée au 1er, 3e ou 4e rang selon les principaux classements internationaux. Bien sûr, il a déjà remplacé les intellectuels par des sicaires à lui un peu partout dans les administrations mais l’Ivy League et ses alumni, cela représente quand même pas mal de beau monde à des endroits stratégiques un peu partout dans le pays.

Un « pont trop loin » * pour Trump ? On peut toujours espérer…

 

Université Adresse Fondation
Harvard University Cambridge, Massachusetts 1636
Yale University New Haven, Connecticut 1701
Princeton University Princeton, New Jersey 1746
Columbia University New York City, New York 1754
University of Pennsylvania (Penn) Philadelphia, Pennsylvania 1740
Dartmouth College Hanover, New Hampshire 1769
Brown University Providence, Rhode Island 1764
Cornell University Ithaca, New York 1865

 
* « L’expression vient du titre du film de 1977 A Bridge Too Far (Un pont trop loin en français), qui relate l’échec de l’opération Market Garden menée par les Alliés en septembre 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale. L’objectif était de capturer plusieurs ponts aux Pays-Bas pour percer rapidement vers l’Allemagne. Mais en voulant prendre un pont de plus — celui d’Arnhem —, les Alliés se sont surestimés, ont rencontré une résistance farouche, et l’opération a échoué. » (ChatGPT 4o)

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28 réponses à “Trump contre Harvard : un pont trop loin ?

  1. Avatar de tata
    tata

    Même à Harvard, on entend depuis longtemps pleins de conneries.

    Ce système de prestige, de « grandes universités » est intrinsèquement, aussi,
    complètement en train de s’effondrer intellectuellement.

    On finira bien par obtenir quelque chose de positif de M. Trump.
    Peut-être la fin de la guerre en Ukraine avec la Russie remplie de bombe H.

    Mais le « méchant » aimerait que ça se produise plutôt dans 3 ans.
    Les élections… Il n’y en a jamais eu autant qu’en 2024 !

    J’espère que les gens vont arriver à arrêté ce conflit très très meurtrier bien plus tôt.

  2. Avatar de gaston
    gaston

    Obscurantisme :

    Il n’aura fallu qu’un décret à Trump pour chasser des milliers d’étudiants étrangers accueillis depuis toujours.

    « Il aura fallu deux siècles à l’humanité pour provoquer ces changements [climatiques]. Il n’aura fallu que trois mois [à Trump] pour faire du climat une opinion » nous dit cette tribune de Libé :

    https://www.liberation.fr/forums/la-science-du-climat-ne-devrait-pas-faire-debat-20250522_4H6E32AA7VAO3G66DLFT43ZFDM/

  3. Avatar de BasicRabbit en autopsy
    BasicRabbit en autopsy

    Qu’une université cherche à maintenir sa diversité*, voilà un sujet intéressant qui risque de propulser notre « νους » quasi-immédiatement en métaphysique extrême.

    (*) Je verrais bien remplacer Liberté-Égalité-Fraternité par Unité-Harmonie-Diversité.

    1. Avatar de tata
      tata

      Réponse à moi BasicRabbit en autopsy, 23 mai 2025 8h31

      Et Liberté, Équité, Fraternité dans une Pluralité Unie, une sorte d’idée comme « pareillement différent »?

  4. Avatar de BasicRabbit en autopsy
    BasicRabbit en autopsy

    Puisque je suis parti dans la devise, je continue dans le symbole.

    Pour moi le bleu est la couleur du Parti Girondin (« bottom-up »), parti pour moi conservateur/stable et féminin, symbolisé par la partie bleue du drapeau français (solidement campé près de la hampe), couleur du parti démocrate US.

    Toujours pour moi le rouge est la couleur du Parti Jacobin (« top-down »), parti pour moi progressiste/instable et masculin, symbolisé par la partie rouge qui s’agite au vent, couleur du parti républicain US.

    Enfin la partie blanche est le lieu où les « panoramix » de deux partis s’affrontent. Aussi je verrais bien rajouter roseau(x)* et fleur(s) de lis pour symboliser cet affrontement (sans oublier la touche écolo).

    Le peuple plébiscite pour x ans un camp ou l’autre (à 2/3 des voix, comme au Vatican).

    (*) « On ne saurait mieux exprimer avec humour le recul des penseurs et la victoire des marchands, qui ont fait de l’homme de Pascal (roseau pensant) un roseau dépensant. » — (Le Figaro, 25 août 2011)

    1. Avatar de BasicRabbit en autopsy
      BasicRabbit en autopsy

      Quel sang doit abreuver quel sillon ?

      Il y a le point de vue de la Patrie. Il y a aussi celui de la Matrie.

    2. Avatar de BasicRabbit en autopsy
      BasicRabbit en autopsy

      Le PG siège au palais du Luxembourg, le PJ siège au palais Borboun (d’où la fleur de lis…). Dernier mot au clan au pouvoir. Accouchement des lois à Versailles.

      Blablabla….

  5. Avatar de BasicRabbit en autopsy
    BasicRabbit en autopsy

    Bourbon

  6. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Décidément, le comportement de D.Trump dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer ; il vient en effet, lors de la visite du président sud-africain ce dernier mercredi 21/05, de renouveler dans le bureau ovale, la mise en scène déjà utilisée avec V.Zelinsky.
    Dans ce récent épisode, il est totalement évident qu’il s’est soumis à La mafia Paypal, ce groupe de milliardaires blancs issus de l’Afrique du Sud et porteurs d’une théorie de suprématisme blanc.
    https://information.tv5monde.com/afrique/trump-tend-une-embuscade-ramaphosa-avec-des-accusations-de-genocide-blanc-en-afrique-du-sud

    1. Avatar de Thomas jeanson
      Thomas jeanson

      « D.Trump dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer »

      Parles pour toi.

      En ce qui me concerne, aucune surprise jusque là.

      1. Avatar de Christian Brasseur
        Christian Brasseur

        @ Tout me hérisse et Thomas Jeanson:

        Le suprémacisme sans aucun doute (à la sauce Elon Musk p.ex.). Mais aussi l’amateurisme, voire le grotesque.

        Ce n’est évidemment pas un hasard si le terme « génocide » représente effectivement le cœur de cette mise en scène orchestrée par la Maison blanche. Toute tentative pour discréditer ce terme utilisé de plus en plus pour caractériser la situation à Gaza, n’étant pas à exclure, loin s’en faut.

        Or, impressionnantes de dignité et de calme furent les réponses explicatives des représentants de l’Afrique du Sud à ce que je nommerai une mauvaise pièce d’individus mal intentionnés, incapables de se faire une idée objective sur la situation d’un pays tel que l’Afrique du Sud où les inégalités sociales peuvent malheureusement engendrer de la violence…

        1. Avatar de tata
          tata

          Réponse à Christian Brasseur, 23 mai 2025 16h33

          « Or, impressionnantes de dignité et de calme furent les réponses explicatives des représentants de l’Afrique du Sud à ce que je nommerai une mauvaise pièce d’individus mal intentionnés »

          Ce qui peut se produire quand la cohérence des humains augmente sur terre, ou plutôt de certains humains !

    2. Avatar de tata
      tata

      Réponse à Tout me hérisse, 23 mai 2025 10h41

      C’est ce que certaines tentent de mettre en évidence.
      J’espère que nous serons nombreux à être lucide sur ces comportements manipulatoires.

      Je mets le pluriel au féminin, c’est autorisé actuellement !
      Vive #Metoo (sur Mastodon)!

      On devrait avoir ce choix?

  7. Avatar de Philippe
    Philippe

    Mais qu’a donc réèllement fait Harvard à Trump ?
    C’est plutôt une université néoconservatrice, si je me trompe.
    Je ne pense pas qu’elle soit le berceau de la culture Woke ou de l’antisémitisme.
    L’université progressiste, féministe, pacifiste et woke, ce ne serait pas plutôt Berkeley en Californie ?

    1. Avatar de tata
      tata

      Réponse à Philippe 23 mai 2025 12h30

      Mais c’est la plus connue au monde.
      Berkeley serait plus adapté sociologiquement, mais pour la TV?

      TOUJOURS LA TV

      ET L’UNIVERSITÉ D’AIX LES BAINS, TOUT LE MONDE S’EN FOUT?

  8. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Il y a 154 ans, Paris était en plein dans la semaine sanglante, avec les massacres et exécutions sommaires, de la part de l’armée versaillaise ; rien de change sous le soleil, la liste est longue des massacres ayant pour base des conflits liés aux idéologies, aux différences ethniques, religieuses, etc…, cela cessera-t-il un jour ?

    1. Avatar de BasicRabbit en autopsy
      BasicRabbit en autopsy

      E. Macron à V. Poutine à Versailles le 29 mai 2017 :

      « Versailles, c’est la où la France se réfugie quand elle est menacée » (cité de mémoire)

      À bon entendeur…

    2. Avatar de tata
      tata

      Réponse à « Tout me hérisse », le 23 mai 2025 12h52

      Pour l’UKRAINE et la RUSSIE:
      On exige tous que M. Poutine et un Ukrainien « d’accord » se tapent dessus à la place de centaines de milliers de personnes?

      Remarque:
      C’est ce qui se passe dans le film sur le Prophète Mahomet suivant de 1976:
      une guerre et deux morts, un des chefs de chaque camp:

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Message_(film)
      https://en.wikipedia.org/wiki/The_Message_(1976_film)
      ————————
      Aparté

      Le film fait aussi bien attention de ne pas s’opposer à cette religion sans raison valable.

      Des « méchants », parfois musulmans, et des « méchants éveillés », se sont opposés de toute leur force à ce film.

      Il y a 2 films, un avec des acteurs arabes et l’autre avec des américains en gros.
      On le trouve gratuitement sur internet.

      Nomme aux oscars pour sa musique de Jean-Michel Jarre:
      Il a perdu devant Star Wars (Le « Prophète » devait s’occuper des deux films).

      VIVE « STARS WARS IV », QUAND MÊME !

      ———————————————————————————————————————————
      Ces films ont été vus par plus d’un milliard de personnes, gratuit sur internet.

      I.A. intégré à Qwant:
      Nombre de vues du film « Al-Rissala »?

      Des informations manquent sur le nombre précis de vues du film « Al-Rissala ».
      ——–
      Commentaire de moi, tata:
      C’est normal, tout a été trafiqué par les « méchants  » concernant l’Islam.
      ———
      Suite:
      « Selon le contexte, il est indiqué que 700 millions de personnes dans les pays musulmans ont déjà vu ce film, ce qui témoigne de son immense diffusion et de son impact culturel mondial. Cependant, il n’existe pas de chiffre exact ou officiel concernant le nombre total de visionnages ou de vues du film à ce jour. »

      Fin de la réponse de l’I.A

      Remarque:
      Comme le film sur la vie Jésus, nommé « Jésus » de 1979, gratuit sur internet et vu des milliards de fois:
      https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_(film)
      (Évangile selon Luc, « aidé » par le même « prophète »)
      ———————————————————————————————————————————

      On peut lire ici:
      https://www.senscritique.com/film/Le_Message_version_arabe/critique/220196854

      Cela:
      « En ces temps un peu trouble que nous vivons, où l’Islam a mauvaise presse, il serait intéressant d’exhumer ‘’Al-Risâlah’’. Le film laisse en effet de côté tout obscurantisme dogmatique, pour présenter simplement une histoire forte, pleine de valeurs et d’une profonde humanité. Reflétant à la perfection ce qu’est réellement l’Islam, à des lieues d’une vision intégriste. Après tout, si le Christianisme était perçu à travers ses intégristes, il est certain qu’elle aurait tout autant mauvaise presse. »

      Fin aparté
      —————————-

      Il m’a fallu des heures pour écrire cela…

      Fin

  9. Avatar de ThomBillabong
    ThomBillabong

    En 1793, toutes les universités françaises furent fermées. Jugées trop religieuses et trop élitistes, proches de la noblesse et du clergé. Elles devaient laisser place à une réforme radicale du système éducatif.
    1794 : création de polytechnique. Place aux sciences, aux lumières malmenées par les pouvoirs moisis.
    1896 : réouvertures officielles et « laïcisées » des universités, autonomes, débarrassées de leurs oripeaux « rétrogrades » désormais hors propos. Raison peu connue mais valide pourtant de cette réouverture : leçon tirée de la défaite de 1870 identifiée notamment comme due à l’analphabétisme des troupes françaises face aux prussiens (éduqués par le protestantisme). Les français ne savaient pas lire une carte ou une consigne des officiers éduqués !

    Les ruptures se font rarement en douceur…

    Harvard représente pour Trump l’ignorant et ses sicaires tout ce que son électorat abhorre : l’élite intellectuelle mondialiste et mondialisée « forcément de gauche », le pouvoir de l’argent « intellectuel », l’ouverture bien trop permissive aux mœurs variés. Est attribué à ces « nids » le pouvoir de faire entrer le loup dans la bergerie, détournant ainsi le regard des causes profondes du malaise américain indéniable : son obésité et son avidité. L’autocritique n’est pas pour demain.

  10. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Du Gerasimov façon Trump. Obliger les institutions, tous les centres de pouvoir nationaux et international à se positionner selon un ordre pré-établi et dans l’urgence, puis les laissent mijoter pour en apprécier la solidité, la cohésion et les prises de parole publique pour combiner le prochain assaut avec comme objectif principale d’isoler et d’empêcher les cercles du pouvoir de s’organiser pour lui tenir tête.
    Pour l’instant, cette stratégie lui donne raison : il rentre dedans comme dans du beurre.

  11. Avatar de ThomBillabong
    ThomBillabong

    Je conseille très vivement à l’auditoire ici présent une série sur ARTE « Soviet Jeans » dont le déroulé prend une couleur très particulière en regard de ce qui se passe aux USA. L’histoire se passe en 1979. A voir.

  12. Avatar de Paul Jorion

    The New York Times, Harvard Derangement Syndrome, le 23 mai 2025

    Opinion
    Essai invité

    Le syndrome de dérangement de Harvard
    Par Steven Pinker

    Le Dr Pinker est professeur de psychologie à l’université Harvard.

    Au cours de mes 22 années en tant que professeur à Harvard, je n’ai jamais eu peur de mordre la main qui me nourrit. Mon essai de 2014, intitulé « The Trouble With Harvard » (Le problème avec Harvard), appelait à une politique d’admission transparente et méritocratique afin de remplacer le « mysticisme de l’œil de triton et de l’aile de chauve-souris » actuel qui « cache des méfaits inconnus ». Mon « plan en cinq points pour sauver Harvard d’elle-même », publié en 2023, exhortait l’université à s’engager en faveur de la liberté d’expression, de la neutralité institutionnelle, de la non-violence, de la diversité des points de vue et de la suppression du D.E.I. L’automne dernier, à l’occasion de l’anniversaire du 7 octobre 2023, j’ai expliqué « comment j’aimerais que Harvard enseigne à ses étudiants à parler d’Israël », appelant l’université à leur apprendre à appréhender la complexité morale et historique. Il y a deux ans, j’ai cofondé le Council on Academic Freedom at Harvard (Conseil pour la liberté académique à Harvard), qui depuis lors conteste régulièrement les politiques de l’université et fait pression pour que des changements soient apportés.

    Je ne suis donc pas en train de défendre mon employeur lorsque je dis que les invectives qui visent actuellement Harvard sont devenues incontrôlables. Selon ses détracteurs, Harvard est une « honte nationale », une « madrasa woke », un « camp d’endoctrinement maoïste », un « navire des fous », un « bastion de la haine et du harcèlement anti-juifs rampants », un « cloaque d’émeutes extrémistes » et un « avant-poste islamiste » où « l’opinion dominante sur le campus » est « détruisez les Juifs, et vous aurez détruit les racines de la civilisation occidentale ».

    Et cela avant même d’évoquer l’opinion du président Trump, qui qualifie Harvard d’« institution antisémite d’extrême gauche », de « désastre libéral » et de « menace pour la démocratie », qui « recrute presque exclusivement des idiots et des imbéciles woke et radicalement gauchistes, qui ne sont capables que d’enseigner l’ÉCHEC aux étudiants et aux soi-disant futurs dirigeants ».

    Ce ne sont pas que des paroles en l’air. En plus de réduire sauvagement le financement de la recherche dans tous les domaines, l’administration Trump a décidé de ne plus accorder aucune subvention fédérale à Harvard. Non contente de ces sanctions, elle vient d’interdire à Harvard d’inscrire des étudiants étrangers et a menacé de multiplier par 15 l’impôt sur sa dotation, ainsi que de lui retirer son statut d’organisme à but non lucratif exonéré d’impôt.

    Appelez cela le syndrome de Harvard. En tant que plus ancienne, plus riche et plus célèbre université du pays, Harvard a toujours attiré une attention démesurée. Dans l’imaginaire collectif, l’université est à la fois l’incarnation même de l’enseignement supérieur et un aimant naturel pour les griefs contre les élites.

    Les psychologues ont identifié un symptôme appelé « clivage », une forme de pensée manichéenne dans laquelle les patients ne peuvent concevoir une personne de leur entourage autrement que comme un ange exalté ou un malfaiteur odieux. Ils le traitent généralement par une thérapie comportementale dialectique, en conseillant quelque chose comme : « La plupart des gens ont des qualités et des défauts. Les considérer comme entièrement mauvais n’aide pas à long terme. Il est désagréable d’être déçu par les autres. Comment pouvez-vous accepter ce malaise sans qu’il définisse toute votre opinion sur eux ?

    Le pays a désespérément besoin de ce sens de la proportionnalité dans ses relations avec ses institutions éducatives et culturelles. Harvard, comme je suis l’un des premiers à le souligner, souffre de graves maux. Le sentiment que quelque chose ne va pas à l’université est très répandu, et il a suscité de la sympathie, voire une certaine schadenfreude, à l’égard de M. Trump et de ses attaques tous azimuts. Mais Harvard est un système complexe qui s’est développé au fil des siècles et qui doit constamment faire face à des défis concurrents et inattendus. Le traitement approprié (comme pour toute institution imparfaite) consiste à diagnostiquer les remèdes nécessaires à chaque partie, et non à lui couper la carotide et à la laisser se vider de son sang.

    Comment Harvard est-elle devenue une cible si tentante ? Une partie de la colère est inévitable, conséquence de sa nature même.

    Harvard est immense : elle compte 25 000 étudiants encadrés par 2 400 enseignants, répartis dans 13 écoles (dont une école de commerce et une école dentaire). Inévitablement, parmi cette multitude, on trouve des excentriques et des fauteurs de troubles, et aujourd’hui, leurs frasques peuvent devenir virales. Les gens sont vulnérables au biais de disponibilité, qui fait qu’une anecdote mémorable reste gravée dans leur esprit et gonfle leur estimation subjective de sa prévalence. Un gauchiste bruyant devient un camp d’endoctrinement maoïste.

    De plus, les universités sont attachées à la liberté d’expression, y compris celle qui nous déplaît. Une entreprise peut licencier un employé qui s’exprime ouvertement, mais une université ne le peut pas, ou ne le devrait pas.

    Harvard n’est pas non plus un ordre monastique, mais fait partie d’un réseau mondial. La plupart de nos étudiants diplômés et de nos professeurs ont été formés ailleurs, participent aux mêmes conférences et lisent les mêmes publications que tous les autres membres du monde universitaire. Malgré la prétention de Harvard à être unique, presque tout ce qui se passe ici se retrouve dans d’autres universités à forte intensité de recherche.

    Enfin, nos étudiants ne sont pas des pages blanches sur lesquelles nous pouvons écrire à notre guise. Les jeunes sont façonnés par leurs pairs plus que la plupart des gens ne le pensent. Les étudiants sont façonnés par la culture de leurs pairs au lycée, à Harvard et (en particulier avec les réseaux sociaux) dans le monde entier. Dans de nombreux cas, les opinions politiques des étudiants ne sont pas plus attribuables à l’endoctrinement des professeurs que leurs cheveux verts ou leurs piercings au septum.

    Pourtant, une partie de l’hostilité envers Harvard est méritée. Mes collègues et moi-même nous inquiétons depuis des années de l’érosion de la liberté académique ici, illustrée par certaines persécutions notoires. En 2021, la biologiste Carole Hooven a été diabolisée et ostracisée, ce qui l’a effectivement chassée de Harvard, pour avoir expliqué dans une interview comment la biologie définit le masculin et le féminin. Son annulation a été la goutte d’eau qui nous a poussés à créer le conseil pour la liberté académique, mais ce n’était ni la première ni la dernière.

    L’épidémiologiste Tyler VanderWeele a été contraint de s’humilier lors de séances de « justice réparatrice » lorsque quelqu’un a découvert qu’il avait cosigné un mémoire d’amicus curiae dans l’affaire jugée par la Cour suprême en 2015 contre le mariage homosexuel. Un cours du bio-ingénieur Kit Parker sur l’évaluation des programmes de prévention de la criminalité a été annulé après que des étudiants l’ont jugé « dérangeant ». Le juriste Ronald Sullivan a été démis de ses fonctions de doyen d’une résidence universitaire lorsque sa représentation juridique de Harvey Weinstein a fait se sentir « en insécurité » des étudiants. La Fondation pour les droits individuels et l’expression recense ces incidents et, au cours des deux dernières années, a classé Harvard à la dernière place en matière de liberté d’expression parmi quelque 250 collèges et universités étudiés.

    Ces annulations ne sont pas seulement des injustices envers des individus. Il est difficile de mener des recherches universitaires honnêtes si les chercheurs doivent constamment surveiller leurs arrières de peur qu’une remarque professionnelle ne les expose à une diffamation, ou si une opinion conservatrice est traitée comme un crime. Dans l’affaire Sullivan, l’université a renoncé à sa responsabilité d’éduquer des citoyens matures en cédant aux émotions de ses étudiants plutôt que de leur enseigner le sixième amendement et la différence entre la justice populaire et l’État de droit.

    Mais une madrasa woke ? C’est une vision manichéenne qui nécessite une thérapie comportementale. Le simple fait d’énumérer les annulations, en particulier dans une institution aussi grande et visible que Harvard, peut occulter le nombre bien plus important de cas où des opinions hétérodoxes sont exprimées sans que personne ne s’en émeuve. Aussi troublé que je sois par les atteintes à la liberté académique à Harvard, la dernière place au classement ne passe pas le test de l’odeur.

    Je commencerai par moi-même. Au cours de mes décennies passées à l’université, j’ai enseigné de nombreuses idées controversées, notamment la réalité des différences entre les sexes, l’hérédité de l’intelligence et les racines évolutives de la violence (tout en invitant mes étudiants à exprimer leur désaccord, à condition qu’ils fournissent des raisons). Je ne prétends pas avoir fait preuve de courage : il n’y a eu aucune protestation, j’ai reçu plusieurs distinctions universitaires et j’entretiens de bonnes relations avec tous les présidents de département, doyens et recteurs.

    La plupart de mes collègues suivent également les données et rapportent ce que leurs recherches indiquent ou démontrent, même si cela est politiquement incorrect. Voici quelques exemples : la race a une certaine réalité biologique ; le mariage réduit la criminalité, tout comme la surveillance policière dans les zones sensibles ; Le racisme est en déclin. La méthode phonétique est essentielle à l’apprentissage de la lecture. Les avertissements préalables peuvent faire plus de mal que de bien. Les Africains ont participé activement à la traite des esclaves. Le niveau d’éducation est en partie déterminé par les gènes. La répression de la drogue a des avantages, et sa légalisation a des inconvénients. Les marchés peuvent rendre les gens plus justes et plus généreux. Malgré tous les gros titres, la vie quotidienne à Harvard consiste à publier des idées sans crainte ni favoritisme.

    Un autre domaine dans lequel Harvard présente de réelles lacunes, mais où il n’est pas utile de tout voir en noir à long terme, est la diversité des points de vue. Selon une enquête réalisée en 2023 par The Harvard Crimson, 45 % des membres du corps enseignant de la Faculté des arts et des sciences se sont déclarés « libéraux », 32 % « très libéraux », 20 % « modérés » et seulement 3 % « conservateurs ». (L’enquête ne proposait pas l’option « idiot radical de gauche woke »). L’estimation de FIRE concernant le nombre de membres conservateurs du corps enseignant est légèrement supérieure, à 6 %.

    Une université n’a pas besoin d’être une démocratie représentative, mais un manque de diversité politique peut compromettre sa mission. En 2015, une équipe de spécialistes en sciences sociales a montré comment une monoculture libérale avait conduit leur domaine à commettre des erreurs scientifiques, comme conclure prématurément que les libéraux sont moins préjugés que les conservateurs parce qu’ils avaient testé les préjugés à l’égard des Afro-Américains et des musulmans, mais pas à l’égard des évangéliques.

    Un sondage réalisé auprès de mes collègues du conseil de la liberté académique a révélé de nombreux exemples où ils estimaient que l’étroitesse politique avait faussé la recherche dans leurs domaines de spécialité. En matière de politique climatique, cela a conduit à diaboliser les entreprises de combustibles fossiles plutôt que de reconnaître le désir universel d’une énergie abondante ; en pédiatrie, à prendre au pied de la lettre toutes les déclarations d’adolescents sur leur dysphorie de genre ; en santé publique, à préconiser des interventions gouvernementales maximalistes plutôt que des analyses coûts-bénéfices ; en histoire, à en mettant l’accent sur les méfaits du colonialisme, mais pas ceux du communisme ou de l’islamisme ; en sciences sociales, en attribuant toutes les disparités entre les groupes au racisme, mais jamais à la culture ; et en études féminines, en autorisant l’étude du sexisme et des stéréotypes, mais pas celle de la sélection sexuelle, de la sexologie ou des hormones (ce n’est pas un hasard si c’est la spécialité de Hooven).

    Bien que Harvard aurait incontestablement tout à gagner d’une plus grande diversité politique et intellectuelle, elle est encore loin d’être une « institution radicalement de gauche ». Si l’enquête du Crimson est révélatrice, une majorité importante des professeurs de Harvard se situent à droite de « très libéral », et parmi eux figurent des dizaines de conservateurs éminents, comme le juriste Adrian Vermeule et l’économiste Greg Mankiw. Depuis des années, les cours les plus populaires chez les étudiants de premier cycle sont l’introduction à l’économie traditionnelle, enseignée par une succession de conservateurs et de néolibéraux, et les introductions résolument apolitiques à la probabilité, à l’informatique et aux sciences de la vie.

    Bien sûr, Harvard propose également de nombreux cours tels que « Queer Ethnography » (Ethnographie queer) et « Decolonizing the Gaze » (Décoloniser le regard), mais il s’agit généralement de cours spécialisés qui attirent peu d’étudiants. L’un de mes étudiants a mis au point un « Woke-o-Meter » (indicateur de « woke-ness ») basé sur l’intelligence artificielle qui évalue les descriptions des cours à la recherche de thèmes marxistes, postmodernistes et critiques de la justice sociale (signalés par des termes tels que « hétéronormativité », « intersectionnalité », « racisme systémique », « capitalisme tardif » et « déconstruction »). Il estime qu’ils représentent au maximum 3 % des 5 000 cours du catalogue 2025-2026 de la Faculté des arts et des sciences et 6 % de ses cours d’enseignement général (même si environ un tiers d’entre eux avaient une orientation clairement gauchiste). Les cours tels que « Bases cellulaires de la fonction neuronale », « Initiation à l’allemand (intensif) » et « La chute de l’Empire romain » sont plus courants.

    Et si Harvard enseigne à ses étudiants à « mépriser le système de libre marché », nous ne faisons pas très bien notre travail. Les spécialisations les plus populaires chez les étudiants de premier cycle sont l’économie et l’informatique, et la moitié de nos diplômés entrent directement dans des emplois dans la finance, le conseil et la technologie après la cérémonie de remise des diplômes.

    Comment parvenir à une diversité optimale des points de vue dans une université est un problème difficile et une obsession pour notre conseil. Bien sûr, tous les points de vue ne doivent pas être représentés. L’univers des idées est infini, et beaucoup d’entre elles ne méritent pas qu’on s’y attarde, comme l’astrologie, la théorie de la Terre plate et le négationnisme. La demande de l’administration Trump de contrôler les programmes de Harvard en matière de diversité et d’imposer une « masse critique » de dissidents approuvés par le gouvernement dans les programmes non conformes serait néfaste tant pour l’université que pour la démocratie. Le département de biologie pourrait être contraint d’embaucher des créationnistes, la faculté de médecine des sceptiques des vaccins et le département d’histoire des négationnistes de l’élection de 2020. Harvard n’avait d’autre choix que de rejeter cet ultimatum, devenant ainsi un héros populaire improbable.

    Pour autant, les universités ne peuvent continuer à ignorer le problème. Bien qu’obsédées par le racisme et le sexisme implicites, elles sont restées insensibles au plus puissant facteur de distorsion cognitive qui soit, le « biais de confirmation », qui nous rend tous crédules face à nos convictions les plus chères ou à celles de nos coalitions politiques ou culturelles. Les universités devraient exiger de leurs enseignants qu’ils laissent leurs opinions politiques à la porte de leur salle de cours et affirmer les vertus rationalistes de l’humilité épistémique et de l’ouverture d’esprit active. À cette fin, un peu de D.E.I. pour les conservateurs ne ferait pas de mal. Comme l’a dit l’économiste Joan Robinson, « l’idéologie est comme la respiration : on ne sent jamais la sienne ».
    L’accusation la plus douloureuse portée contre Harvard est son antisémitisme présumé — non pas le snobisme des WASP de la vieille argenterie incarné par Oliver Barrett III, mais une propagation du fanatisme antisioniste. Un rapport récent et très attendu a détaillé de nombreux incidents troublants. Les étudiants juifs se sont sentis intimidés par des manifestations anti-israéliennes qui ont perturbé les cours, les cérémonies et la vie quotidienne sur le campus, souvent accueillies par une réponse confuse de la part de l’université. Des membres du personnel enseignant ont gratuitement introduit l’activisme pro-palestinien dans leurs cours ou dans les programmes universitaires. De nombreux étudiants juifs, en particulier israéliens, ont déclaré avoir été ostracisés ou diabolisés par leurs camarades.

    Comme pour ses autres maux, l’antisémitisme de Harvard doit être considéré avec un minimum de discernement. Oui, les problèmes sont réels. Mais « un bastion de haine anti-juive rampante » dont le but est de « détruire les Juifs comme première étape vers la destruction de la civilisation occidentale » ? Oy gevalt !

    En réponse à la déclaration infamante publiée le 7 octobre par 34 groupes d’étudiants tenant Israël pour « entièrement responsable » du massacre, plus de 400 membres du corps enseignant de Harvard ont publié une lettre ouverte de protestation. Un nouveau collectif, Harvard Faculty for Israel, a attiré 450 membres. Harvard propose plus de 60 cours sur des thèmes juifs, dont huit cours de yiddish. Et bien que le rapport de 300 pages sur l’antisémitisme passe en revue tous les cas qu’il a pu trouver au cours du siècle dernier, jusqu’au moindre graffiti et message sur les réseaux sociaux, il ne cite aucune expression d’un objectif de « détruire les Juifs », et encore moins de signes indiquant qu’il s’agissait de « l’opinion dominante sur le campus ».

    Pour ce que cela vaut, je n’ai jamais été victime d’antisémitisme au cours de mes vingt années passées à Harvard, pas plus que d’autres membres éminents du corps enseignant juif. Mon propre malaise est plutôt bien rendu dans un essai publié dans le Crimson par Jacob Miller, étudiant en dernière année à Harvard, qui qualifie l’affirmation selon laquelle un étudiant juif sur quatre se sent « en danger physique » sur le campus de « statistique absurde que j’ai du mal à prendre au sérieux en tant que personne qui porte fièrement et publiquement une kippa tous les jours sur le campus ». L’obsession de l’antisémitisme à Harvard représente, ironiquement, une capitulation devant le credo de la justice sociale critique selon lequel le seul mal digne d’être condamné est le sectarisme d’un groupe envers un autre. Au lieu de réfuter directement les failles de la plateforme antisioniste, telles que son approbation de la violence contre les civils et ses angles morts historiques, ses détracteurs ont tenté de la salir en l’accusant d’antisémitisme. Mais cela peut dégénérer en une dispute sémantique futile sur la signification du mot « antisémitisme », qui, selon notre conseil, peut conduire à des atteintes à la liberté académique.

    Le rapport sur l’antisémitisme de Harvard a recommandé de nombreuses réformes sensées et attendues depuis longtemps, et c’est là le point essentiel : des personnes responsables, confrontées à des problèmes dans une institution complexe, tentent d’identifier les failles et de les corriger. Il est inutile de rejeter ces efforts en les qualifiant de « parfumage d’égout ».

    Une mesure a déjà été adoptée : appliquer les réglementations existantes qui empêchent les manifestations de dépasser le stade de l’expression d’opinions pour devenir des campagnes de perturbation, de coercition et d’intimidation.

    Une autre mesure évidente consiste à appliquer de manière plus uniforme les normes d’excellence académique. Harvard compte près de 400 initiatives, centres et programmes distincts de ses départements universitaires. Quelques-uns ont été pris d’assaut par des enseignants militants et sont devenus, dans les faits, des centres d’études anti-israéliennes. Dans le même temps, Harvard manque cruellement de professeurs ayant une expertise impartiale sur Israël, le conflit au Moyen-Orient et l’antisémitisme. Le rapport préconise une surveillance accrue de ces matières par les professeurs et les doyens.

    Harvard ne peut pas contrôler la vie sociale de ses étudiants ni leurs publications sur les réseaux sociaux (en particulier sur les plateformes anonymes où s’exprime l’antisémitisme le plus virulent). Mais elle peut appliquer ses règlements contre la discrimination fondée sur la religion, l’origine nationale et les convictions politiques, et contre les manquements flagrants tels que le fait qu’un assistant enseignant annule des cours pour permettre à ses étudiants d’assister à des manifestations anti-israéliennes. Elle pourrait traiter l’antisémitisme avec le même sérieux que le racisme et fixer, dès l’entrée des étudiants à Harvard Yard, des attentes en matière de respect mutuel et d’ouverture à la différence d’opinion.

    Ce qui ne fonctionnera pas est tout aussi clair : la suppression punitive des subventions fédérales à la science à Harvard par l’administration Trump. Contrairement à une idée reçue très répandue, une subvention fédérale n’est pas une aumône accordée à l’université, et le pouvoir exécutif ne peut pas la brandir pour forcer les bénéficiaires à faire ce qu’il veut. Il s’agit d’une rémunération pour un service, à savoir un projet de recherche que le gouvernement estime (après un examen très sélectif) bénéfique pour le pays. La subvention finance le personnel et l’équipement nécessaires à la réalisation de ces recherches, qui ne seraient pas menées autrement.

    En supprimant ce soutien, M. Trump nuit aux Juifs plus que n’importe quel autre président de mon vivant. De nombreux scientifiques en activité ou en devenir sont juifs, et son embargo sur les financements les oblige à assister avec horreur à leur licenciement, à la fermeture de leurs laboratoires ou à la destruction de leurs rêves d’une carrière scientifique. C’est infiniment plus grave que de passer devant une pancarte « Globalisez l’Intifada ». Pire encore, cela affecte le nombre bien plus important de non-juifs travaillant dans le domaine scientifique, à qui l’on dit que leurs laboratoires et leurs carrières sont sacrifiés au profit des intérêts juifs. Il en va de même pour les patients actuels dont les traitements expérimentaux vont être interrompus et les futurs patients qui pourraient être privés de soins. Rien de tout cela n’est bon pour les Juifs.

    La préoccupation pour les Juifs est manifestement hypocrite, compte tenu de la sympathie de M. Trump pour les négationnistes de l’Holocauste et les admirateurs d’Hitler. La motivation évidente est de paralyser les institutions de la société civile qui servent de lieux d’influence en dehors du pouvoir exécutif. Comme l’a dit JD Vance dans le titre d’un discours prononcé en 2021 : « Les universités sont l’ennemi ».

    Si le gouvernement fédéral ne force pas Harvard à se réformer, qui le fera ? Il existe des préoccupations légitimes quant à la faiblesse des mécanismes de retour d’information et d’auto-amélioration des universités. Une entreprise en difficulté peut licencier son directeur général ; une équipe perdante peut remplacer son entraîneur. Mais la plupart des domaines universitaires ne disposent pas de critères objectifs de réussite et s’appuient plutôt sur l’évaluation par les pairs, qui peut se résumer à une reconnaissance mutuelle entre professeurs au sein de cliques qui se confortent dans leurs certitudes.

    Pire encore, de nombreuses universités ont sanctionné des professeurs et des étudiants qui critiquaient leurs politiques, ce qui est la recette d’un dysfonctionnement permanent. L’année dernière, un doyen de Harvard a même justifié cette répression jusqu’à ce que notre conseil pour la liberté académique s’oppose fermement à cette idée et que son supérieur la désavoue rapidement.

    Il existe néanmoins des moyens de faire entrer la lumière. Les universités pourraient donner un mandat plus fort aux « comités visiteurs » externes qui sont censés contrôler les départements et les programmes, mais qui, dans la pratique, sont soumis à la capture réglementaire. Les dirigeants universitaires sont constamment sollicités par des anciens élèves, des donateurs et des journalistes mécontents, et ils devraient s’en servir, avec discernement, pour vérifier la pertinence de leurs décisions. Les conseils d’administration devraient être plus à l’écoute des affaires universitaires et assumer davantage la responsabilité de leur santé. La Harvard Corporation est si discrète que lorsque deux de ses membres ont dîné avec des membres du conseil pour la liberté académique en 2023, le Times a jugé cela digne d’un article.

    Les presque deux années d’épreuves de Harvard sous les feux de la rampe ont, peut-être tardivement, donné lieu à de nombreuses réformes. L’université a adopté une politique de neutralité institutionnelle et ne se prononce plus sur des questions qui ne concernent pas son propre fonctionnement. Elle a fixé des limites aux manifestations perturbatrices et mettra en place un système centralisé afin que les contrevenants ne puissent pas choisir leur jury ou compter sur l’annulation de leur décision par le corps enseignant. La Faculté des arts et des sciences a supprimé les « déclarations de diversité » qui évaluaient la volonté des candidats à un emploi d’écrire des discours politiquement corrects, et son doyen a demandé aux directeurs de programme de rendre compte de la diversité des points de vue au sein de leur unité. Les centres rebelles font l’objet d’une enquête et leurs directeurs ont été remplacés. Le rapport du groupe de travail, solennellement accepté par le président de l’université, Alan Garber, montre que l’antisémitisme est pris au sérieux. Un nouveau pacte pour les salles de classe invite les étudiants à être ouverts aux idées qui remettent en question leurs convictions.

    Le fait dérangeant est que bon nombre de ces réformes ont suivi l’investiture de M. Trump et coïncident avec ses exigences. Mais si vous êtes sous une pluie battante et que M. Trump vous dit de prendre un parapluie, vous ne devriez pas refuser juste pour lui faire plaisir.

    Et agir pour de bonnes raisons est, je crois, le moyen pour les universités de se redresser et de regagner la confiance du public. Cela peut sembler banal, mais trop souvent, les universités ont été guidées par le désir d’apaiser leurs étudiants, d’éviter de se faire des ennemis et de rester hors des gros titres. Nous avons vu à quel point cela a bien fonctionné.

    Au contraire, les dirigeants universitaires devraient être prêts à affirmer l’objectif primordial d’une université – découvrir et transmettre le savoir – et les principes nécessaires pour le poursuivre. Les universités ont pour mission et pour expertise de rechercher le savoir, et non la justice sociale. La liberté intellectuelle n’est pas un privilège des professeurs, mais le seul moyen pour des êtres humains faillibles d’acquérir des connaissances. Les désaccords doivent être négociés à l’aide d’analyses et d’arguments, et non par des accusations de sectarisme et de victimisation. Les manifestations peuvent servir à faire connaître un grief, mais pas à faire taire les gens ou à contraindre l’université à faire ce que veulent les manifestants. Le domaine public universitaire appartient à la communauté, dont les membres peuvent légitimement être en désaccord les uns avec les autres, et il ne peut être usurpé par une faction. La dotation n’est pas une page d’opinion, mais un trésor que l’université a le devoir de conserver pour les générations futures.

    Pourquoi est-ce important ? Malgré toutes ses faiblesses, Harvard (avec d’autres universités) a contribué de manière significative à rendre le monde meilleur. Cinquante-deux membres du corps enseignant ont remporté des prix Nobel et Harvard détient plus de 5 800 brevets. Ses chercheurs ont inventé la levure chimique, la première greffe d’organe, l’ordinateur programmable, le défibrillateur, le test de dépistage de la syphilis et la thérapie de réhydratation orale (un traitement peu coûteux qui a sauvé des dizaines de millions de vies). Ils ont développé la théorie de la stabilité nucléaire qui a sauvé le monde de l’Armageddon. Ils ont inventé le tee de golf et le masque de receveur. Harvard a donné naissance à « Sesame Street », The National Lampoon, « Les Simpson », Microsoft et Facebook.

    Les recherches en cours à Harvard portent notamment sur les satellites de suivi du méthane, les cathéters robotisés, les batteries de nouvelle génération et les robots portables pour les victimes d’accidents vasculaires cérébraux. Des subventions fédérales soutiennent la recherche sur les métastases, la suppression des tumeurs, la radiothérapie et la chimiothérapie chez les enfants, les infections multirésistantes, la prévention des pandémies, la démence, l’anesthésie, la réduction des toxines dans la lutte contre les incendies et l’armée, les effets physiologiques des vols spatiaux et les soins des blessures sur le champ de bataille. Les technologues de Harvard font progresser les innovations dans les domaines de l’informatique quantique, de l’intelligence artificielle, des nanomatériaux, de la biomécanique, des ponts pliables pour l’armée, des réseaux informatiques résistants au piratage et des environnements de vie intelligents pour les personnes âgées. Un laboratoire a mis au point ce qui pourrait être un remède contre le diabète de type 1.

    Les applications pratiques ne sont pas la seule chose qui rend Harvard si précieuse. C’est un fantasmagorie d’idées, un Disneyland de l’esprit. Découvrir les recherches de mes collègues est une source de joie infinie, et quand je regarde notre catalogue de cours, j’aimerais avoir à nouveau 18 ans. L’ADN extrait de fossiles humains révèle l’origine des langues indo-européennes. Les contes de Grimm, avec leurs meurtres, leurs infanticides, leur cannibalisme et leur inceste, révèlent notre fascination éternelle pour le morbide. Un seul réseau dans le cerveau est à l’origine de la mémoire du passé et des rêveries sur l’avenir. Les mouvements de résistance non violents sont plus efficaces que les mouvements violents. Les maux de la grossesse proviennent d’une lutte darwinienne entre la mère et le fœtus. La prière « Qui est comme toi ? » de la liturgie juive suggère que les anciens Israélites étaient ambivalents à l’égard de leur monothéisme.

    Et si vous doutez encore de l’intérêt de soutenir les universités, posez-vous les questions suivantes : pensez-vous que le nombre d’enfants qui meurent chaque année d’un cancer est acceptable ? Êtes-vous satisfait de vos chances actuelles de développer la maladie d’Alzheimer ? Pensez-vous que notre compréhension actuelle des politiques gouvernementales efficaces et inutiles est parfaite ? Êtes-vous satisfait de l’évolution du climat, compte tenu de notre technologie énergétique actuelle ?

    Dans son manifeste pour le progrès, « The Beginning of Infinity », le physicien David Deutsch a écrit : « Tout ce qui n’est pas interdit par les lois de la nature est réalisable, à condition de disposer des connaissances nécessaires. » Paralyser les institutions qui acquièrent et transmettent le savoir est une erreur tragique et un crime contre les générations futures.

    (Traduction par DeepL)

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Paul Jorion

      ce commentaire aurait amplement mérité d’être l’objet d’un billet .

      tant de choses à dire !

    2. Avatar de Un liègeois
      Un liègeois

      Je n’interviens pour ainsi dire jamais sur le blog, bien que je sois un lecteur assidu depuis 2008. Ceci étant dis, ce qui se passe au US en ce moment me fait furieusement à un livre se SF de James E. Gunn : L’Holocauste. Il suffit de remplacer l’ombre du Mccarthyism qui plane sur un partie du récit par le Trumpisme actuel.

      Voici le 4ème de couverture :

      « Mort aux savants !
      L’appel à une vengeance sanglante s’éleva dans le monde entier. Les peuples avaient été soumis trop longtemps au pouvoir de la science. Maintenant ils exigeaient leur liberté, même au prix de la barbarie… même s’il leur fallait tuer tout homme dont le savoir menaçait leur ignorance.
      Hier John Wilson était un grand savant admiré… maintenant c’était un hors-la-loi, un fugitif, un homme traqué.
      Son intelligence était le signe ineffaçable de sa culpabilité et son unique et fragile chance de survie. »

      1. Avatar de BasicRabbit en autopsy
        BasicRabbit en autopsy

        @Un liégeois

        ‘Il suffit de donner un coup d’œil sur des périodiques tels que Nature ou Science, pour se rendre compte du peu de conséquences à tirer des principaux résultats qui y figurent. De ce point de vue, l’expérimentation à outrance a conduit à une dévaluation totale du « fait » scientifique. À force de procéder à des expériences faiblement motivées, la recherche scientifique finit par perdre de la valeur et il est probable que, sous peu, la communauté n’acceptera plus de subventionner des recherches qui ne seraient motivées ni pratiquement ni théoriquement.
        (…)
        La science moderne, au point où elle en est, est un torrent d’insignifiance proprement dit. » (René Thom )

  13. Avatar de Juillot Pierre
    Juillot Pierre

    J’ai soumis la réflexion suivante à l’IA DeepSeek gratuit, en l’ayant contextualisé comme si dessous.

    Réflexion personnelle : « Bonjour. Que pensez vous de cette réflexion faisant écho à ce billet de blog et à l’actualité française ? « Est-ce qu’il n’est pas question, en sous entendu, de s’employer à réduire les perspectives, pour les futures générations « d’élites », du travail de la science – sociale/« sociétale », environnementale… – à un seuil tel, que la montée en puissance d’IAGs puisse remplacer les pertes d’emplois de chercheurs(euses)… sans que le « public » ne s’en rende trop compte ?

    Cette réflexion me vient à la suite d’une remémoration des raisons rationnelles de mouvements « démissionnaires » au sein des grandes et hautes écoles françaises – agricultures, etc – alors que la réponse de Macron n’est autre que « choose France » aux étudiants étrangers : répondant en rien favorablement à la rationalité des raisons de mouvements de jeunes étudiants(es) français(es) démissionnaires. » Billet de blog : « Trump contre Harvard : un pont trop loin ? »

    Actualité française, contextualisation :

    « Choose France : Macron de moins en moins crédible  » https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/190525/choose-france-macron-de-moins-en-moins-credible

    « « Choose France for Science » : le cynisme de Macron » https://www.blast-info.fr/articles/2025/choose-france-for-science-le-cynisme-de-macron-9uUs1m5WSX2L4TEKjGsUkg

    Voici sa réponse :

    « Votre réflexion soulève des questions cruciales sur l’avenir de la recherche scientifique, la place des élites intellectuelles et les politiques éducatives en France et ailleurs, dans un contexte où l’intelligence artificielle générative (IAG) et les logiques économiques semblent redéfinir les priorités. Voici quelques éléments d’analyse :
    1. La crainte d’un démantèlement silencieux de la recherche critique

    Votre interrogation sur une possible réduction des perspectives pour les futures élites scientifiques – notamment en sciences sociales, environnementales ou sociétales – rejoint des débats actuels sur la marchandisation du savoir. L’idée que les IAG pourraient remplacer des chercheurs humains, tout en évitant une réaction du public, n’est pas farfelue :

    Efficacité vs pensée critique : Les IAG excellent dans des tâches techniques ou de synthèse, mais peinent à reproduire la créativité, l’engagement critique ou la contextualisation fine des sciences humaines. Pourtant, leur adoption pourrait servir à justifier des coupes budgétaires, sous prétexte de « rationalisation ».

    Déjà à l’œuvre ? : En France, la précarisation des jeunes chercheurs (CDD, bourses insuffisantes) et la priorité donnée aux disciplines « utilitaires » (IA, tech) pourraient préparer ce glissement. Le mouvement des démissionnaires des grandes écoles (AgroParisTech, ENS, etc.) dénonce d’ailleurs cette logique de formation au service d’un système économique destructeur.

    2. Le contraste entre « Choose France » et la réalité des universités françaises

    Emmanuel Macron mise sur l’attractivité internationale (« Choose France ») pour compenser le désengagement des étudiants français, mais cette stratégie ignore les causes profondes de la défection :

    Déconnexion politique : Les étudiants démissionnaires critiquent l’absence de réponses structurelles aux urgences écologiques et sociales. « Choose France » ressemble à une fuite en avant néolibérale, attirant des étudiants étrangers sans régler les problèmes locaux (financement public, autonomie des universités, précarité).

    Comparaison avec Trump/Harvard : Si Trump attaque frontalement les institutions académiques (au nom de l’anti-wokisme), Macron opère par désengagement progressif. Le résultat pourrait être similaire : un affaiblissement de la recherche indépendante, remplacée par des outils technologiques ou des partenariats privés.

    3. L’Ivy League et les élites : un enjeu géopolitique

    L’affaire Trump/Harvard montre que les universités sont des champs de bataille idéologiques :

    Contrôle des savoirs : En ciblant Harvard, Trump s’attaque à un symbole de l’élite « progressiste » qu’il accuse de formater les esprits. En France, les tensions autour de Sciences Po ou de l’EHESS (taxées de « wokisme ») révèlent des clivages similaires.

    Dépendance aux étudiants étrangers : Les États-Unis (comme la France) dépendent de leurs talents internationaux. Une fermeture aurait des conséquences économiques et scientifiques lourdes – mais pourrait aussi servir à promouvoir des « élites alternatives » alignées politiquement.

    4. Quel avenir pour la recherche ?

    Votre réflexion pointe un risque de dépolitisation de la science :

    Les IAG comme alibi : Si les gouvernements poussent à automatiser la recherche (via l’IA), ils pourraient évacuer les questions gênantes (justice climatique, inégalités) au profit de solutions technicistes.

    Résistances : Les mouvements de démission ou les critiques contre l’IA (comme celles de Paul Jorion) montrent qu’une partie des élites refuse cette trajectoire. Reste à savoir si ces voix pourront infléchir les politiques.

    Conclusion

    Votre intuition est pertinente : il y a bien un risque de marginalisation des sciences critiques, au profit d’une recherche « utilitariste » et de solutions technologiques. La réponse de Macron (« Choose France ») est cosmétique face à ce défi, tout comme l’attaque de Trump contre Harvard est un symptôme de la guerre culturelle contre les savoirs émancipateurs. La question centrale reste : comment préserver des espaces de pensée autonomes dans un monde où l’IA et les logiques marchandes menacent de tout instrumentaliser ?

    (P.S. : Le billet de Paul Jorion sur Trump/Harvard est éclairant – sa lecture des dynamiques de pouvoir dans l’enseignement supérieur résonne fortement avec votre analyse.) »

  14. Avatar de Pascal
    Pascal

    Reste à savoir si la justice est encore libre aux USA ? Les coups de boutoir de l’administration Trump contre la justice américaine pourraient bien porter leurs fruits… au bénéfice de Trump qui a plutôt de son côté la Cour Suprême ?

    1. Avatar de gaston
      gaston

      1er round :

      La juge fédérale américaine Allison D. Burroughs vient de bloquer (temporairement) la décision de Trump d’interdire les étudiants étrangers à Harvard.

      https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20250523-interdiction-des-%C3%A9tudiants-%C3%A9trangers-%C3%A0-harvard-la-justice-suspend-la-mesure-de-l-administration-trump

      Pour l’instant la justice résiste et pour Trump ce ne sera probablement pas « Le Pont de Remagen ».

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