Le graphique représente le prix en dollars de l’or-métal. Le prix s’envole au point que l’envolée semble quasi verticale … une gageure alors que le graphique est semi-logarithmique (linéaire pour ce qui est du temps qui passe : l’écart entre années est constant ; logarithmique pour ce qui est du prix : la distance est représentée comme la même entre 100 et 200 [= 100] qu’entre 1.000 et 2.000 [= 1.000].
On vous dira : « Oui mais attention ! le prix de l’or n’a pas fait que monter : parfois il baisse – et même considérablement ! ». C’est vrai : il a considérablement baissé entre 1981 et 2001, mais il ne faut pas être grand clerc pour voir sur le graphique (même si la représentation semi-logarithmique rend la lecture moins évidente) que quand le prix de l’or monte, il grimpe beaucoup plus qu’il ne dégringole quand il baisse.
Ce n’est donc pas une approximation grossière de dire : « Le prix de l’or est soit relativement stable, soit en hausse ».
Pourquoi ? Rappel de quelques vérités de base : 1. il est peu volumineux pour un prix élevé (avec dix Napoléons en poche – soit 64,5 grammes, ce qui ne la trouera pas – vous trimbalez l’équivalent de 10.000 €). 2. Il ne s’abime que par frottement prolongé (l’or ne … rouille pas !). 3. Il est « liquide » : il se vend facilement (vous trouverez facilement preneur dans l’heure).
Tout cela fait que son prix est bien protégé contre ce qui fait la fragilité de tous les autres produits financiers : leur sensibilité à la sacro-sainte « confiance des marchés ».
Le prix d’une action dépend de la valeur à la casse de l’usine, et des prévisions de ventes – lesquelles reposent largement sur … la « confiance des marchés ». Le prix d’une obligation est « adossé à » (garanti par) l’économie d’un pays (ou des pays constituant une union monétaire, comme c’est le cas pour l’euro), mais par ailleurs modulé par … la « confiance des marchés » – comme le rappelle la rétrogradation de la dette française hier :
« Le 17 octobre 2025, S&P Global Ratings a de manière inattendue abaissé la note de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1, avec une perspective stable » (la presse).
Le cas des ETF (Exchange Traded Fund = fonds coté en Bourse) adossés à l’or est hybride : vous achetez les actions d’une entreprise financière qui achète et vend de l’or qu’elle stocke de son côté (en général dans les coffres d’une grosse banque). En principe, le prix de l’action reflète fidèlement celui de l’or-métal en raison d’un mécanisme appelé « arbitrage » : si l’or est meilleur marché que l’action, des petits malins vendront leurs titres pour acheter du métal, et inversement : si l’action est meilleur marché que le métal, des petits malins vendront leur or pour acheter des ETF, et le prix du titre et du métal se réaligneront (depuis ± 1990, les « petits malins » en question sont des machines – je le sais : je fais partie de ceux qui leur ont fait la courte-échelle 🙁 ). Seul hic, un ETF adossé à l’or est l’un de ces fameux produits dérivés : l’évaluation des ETF eux-mêmes et des banques dont ils louent les coffre-forts repose de son côté partiellement au moins (à condition qu’il y ait vraiment de l’or dans les coffres 😉 ) sur … la « confiance des marchés ».
Quant au prix des jetons commercialisables, souvent appelés (on dira un jour que c’était par dérision 😉 ) « crypto-monnaies », il repose sur … la « confiance des marchés » à défaut de toute autre réalité tangible : la « confiance des marchés » et QUE ça ! Aux abris !
Alors, bulle sur l’or ? Ben non, précisément : les bulles résultent de fluctuations dans la « confiance des marchés », alors que l’or s’achète quand la confiance des états et du public dans le bon jugement des « marchés » tombe à zéro : l’or est une valeur-refuge. Refuge contre quoi ? Contre… la « confiance des marchés » – à laquelle son acheteur préfère ses qualités intrinsèques : prix élevé pour faible poids, indifférence aux intempéries et facile à revendre.
Où y aurait-il alors bulle – ou en tout cas « exubérance suspecte » ? Une indication sous la forme de trois petites images : la fréquentation du Blog de PJ et du site Pribor.ai (inutile de vous dire que le nombre habituel d’internautes est pour eux 1. France, 2. Belgique, 3. Canada…). L’ironie de la chose, ce sont les commentateurs qui répètent à l’envi sur le Blog de PJ qu’en parlant récemment essentiellement d’IA, je me … « désintéresse de l’actualité » 😀 .
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