L’actualité de la crise : La crise, meuble à tiroirs, par François Leclerc

Billet invité.

LA CRISE, MEUBLE A TIROIRS

Après nous être beaucoup penchés sur les USA, ce qui s’y passe ayant un impact international décisif, il est nécessaire d’aller un peu voir ailleurs. Au Japon, en Russie, au Brésil, en Allemagne, en Chine évidemment. Il faudrait aller voir aussi ailleurs et ne pas se contenter de survoler, mais…

Ce qui frappe d’abord, c’est la chute partout enregistrée de la croissance, quand ce n’est pas la récession qui s’installe, la production industrielle qui s’écoule brutalement, nous entraînant dans une sorte de « boucle rétroactive », où la crise économique alimente la crise financière, compliquant encore plus la relance, impliquant encore plus, pour régler la seconde, l’utilisation de méthodes drastiques toujours pas employées.

Il faut aussi toujours plus d’argent, car celui qui est déversé donne de moins en moins de résultat, la crise s’approfondissant. Voilà la constatation qui s’impose. Alors on laisse les problèmes en suspens et on les repousse, on racle les fonds de tiroir, on se crispe sur les positions acquises. On traite la crise dans les pays de l’Est a minima, on cherche à augmenter les fonds du FMI pour parer sur tous les continents au plus pressé, et on utilise aussi ceux de la BERD. On se refuse à changer de clé de voûte du système monétaire international. Aux USA, on bricole un plan de sauvetage plus que douteux des banques, qui ne sera pas à la hauteur d’une situation qui se détériore inévitablement et n’induira pas les recapitalisations, demain nécessaires et pas prises en compte aujourd’hui. En Europe, les Allemands nationalisent HRE, en y mettant les moyens, c’est-à-dire en expropriant, mais les Britanniques détournent les yeux devant l’arrogante Barclays, bloqués au milieu du gué du fait de leur condition de centre financier de premier plan. Pire que tout, on s’y refuse de choisir entre deux maux, l’endettement et l’inflation (moins en Grande-Bretagne, George Soros prédisant qu’elle pourrait bientôt faire appel au FMI). Opérant ainsi, de fait, un autre choix, la poursuite et l’approfondissement de la crise économique et de ses conséquences sociales, en dépit de tous les filets de protection tendus. On susurre seulement que la BCE pourrait s’engager à son tour dans des mesures d’ « assouplissement quantitatif » (de création monétaire), en intervenant directement sur le marché obligataire privé.

Le G20 va bricoler et s’afficher pour la galerie, et George Brown, premier ministre britannique, annonce déjà, alors qu’il n’a pas commencé, qu’il devrait être bientôt suivi d’un autre dans l’année. Car nous n’en sommes pas aux demi-mesures, mais uniquement aux quarts de mesures. Une partie du monde financier survit en jouant les fossoyeurs d’une autre partie davantage sinistrée, quitte à précipiter encore d’autres écroulements d’empires, en récupérant au passage les dépouilles, nous enfonçant dans une crise de longue durée. Nous nous demandons même si celle-ci ne va pas devenir permanente, en venant à penser que c’est sur ce mode durable, marchant en crabe, que va s’instaurer une nouvelle phase du capitalisme financier.

La Russie, pour avoir joué effrontément à la roulette, et pas seulement sur la Côte d’Azur mais aussi au grand casino financier mondial, se retrouve avec un système bancaire et des empires industriels sinistrés au plus haut point. La Banque mondiale y prévoit une chute d’au moins 4,5% du PIB en 2009, mais si ce n’était que cela. Le Japon a connu, pour ne donner qu’un seul chiffre, un effondrement de 38,4% de sa production de biens manufacturés en un an, de février 2008 à 2009. Les dernières prévisions de l’OCDE, pour sa zone de couverture occidentale, sont une contraction de 4,3% du PIB en 2009. 25 millions de personnes pourraient venir grossir les rangs des chômeurs durant la même année, la plus forte et la plus rapide hausse du chômage de l’après-guerre. Les chiffres de croissance de la Chine descendent en dessous du seuil fatidique et politique de 8% l’an, malgré les tentatives des autorités d’en maintenir la fiction. Les tensions sociales s’exacerbent. Le Brésil connaît une chute de ses exportations agricoles, avec le risque que les Brésiliens reperdent vite le peu de prospérité qui avait pu être distribué ces dernières années, l’essentiel étant confisqué. La crise y a entraîné une chute de 3,6% du PIB au cours du dernier trimestre 2008 et la suppression de 700.000 emplois « formels » (déclarés), les « informels » on ne sait pas. On pourrait continuer ainsi longtemps. Citer la FAO, l’OMS, la Banque Mondiale, etc., qui toutes tirent les sonnettes d’alarme, alors que le FMI s’efforce de jouer, au petit pied, les pompiers. Sans parler des pays africains, car les pauvres y ont au moins l’habitude de se serrer la ceinture, un avantage pourrait-on dire.

« People first » (le peuple en premier), c’est l’intitulé démagogique sous lequel vient de se tenir à Rome le « G8 social », au niveau des ministres du travail, élargi pendant certaines de ses sessions, outre ses membres habituels (Italie, USA, France, Grande-Bretagne, Japon, Canada, Allemagne, Russie), aux représentants de la Chine, de l’Inde, du Brésil, du Mexique, de l’Afrique du sud et de l’Egypte. Il a résulté de ce sommet la dérisoire recommandation, faite par l’Italie qui le préside, de discuter d’un « Pacte global de protection sociale », qui pourra toujours être placardé dans les couloirs des ministères concernés. La Confédération syndicale internationale (CSI), qui revendique 312 organisations et près de 170 millions de membres dans 157 pays, vient pour sa part de déclarer que « les demi-mesures ne suffiront pas ». Elle réclame des actes, dont la nationalisation des banques, et son secrétaire général, Guy Rider, a déclaré : « Ceux qui pensent qu’ils pourront retourner aux vieilles habitudes se trompent sérieusement ».

Aux Etats-Unis, pour y revenir quand même, on remarque que Barack Obama essaye de donner la mesure de son pouvoir à propos de la crise de l’industrie automobile (dont les conséquences sociales potentielles sont gigantesques) en remerciant Rick Wagoner, le patron jusqu’ici tout-puissant de la General Motors, après ne pas y être parvenu face aux « industriels de la finance ». On attend la suite. Tim Geithner, secrétaire au Trésor essaye pour sa part d’échanger la mansuétude des élus du Congrès à propos de son plan de sauvetage, contre la promesse d’essayer de ne pas leur redemander des crédits, ceux qui ont été adoptés s’épuisant (selon ce plan, la Fed et le FDIC fournissent les gros efforts financiers). L’agence Bloomberg a déterré un document passé inaperçu, publié le 23 mars dernier et escamoté par d’autres annonces de l’ administration, une déclaration commune tenant sur une page de la Fed et du Trésor, établissant les termes de la division du travail entre eux. Résultat, paraît-il, de laborieuses négociations. Rétablissant, comme si cela était nécessaire, l’indépendance de la Fed et le principe de sa lutte pour la stabilité des prix (contre l’inflation), c’est-à-dire sa raison d’être, prévoyant que le Trésor pourrait ultérieurement racheter de la dette absorbée par la Fed, afin de dégonfler son bilan qui gonfle démesurément. Ce qui, cela va sans dire, est une simple éventualité dans l’état actuel des choses. Ou bien emprunter des fonds sur le marché en donnant en garantie des actifs que la Fed a absorbés en très grandes quantités, quand ils auront retrouvé une valeur, afin de résorber des liquidités. Des plans sur la comète, au nom de l’orthodoxie.

Joe Biden, le vice-président des USA, participait lui au Chili à un forum de « Gouvernance diplomatique », où il y faisait des ronds de jambe, pendant que Tim Geithner, présent sur tous les fronts, abordait à Medellin (Colombie) les sujets sérieux, à l’occasion d’un autre forum, celui de la Banque interaméricaine de développement (BID). Il déclarait être favorable à une augmentation de ses ressources. « Les Etats-Unis sont disposés à entamer une étude formelle des besoins en capitaux de la banque, pour se pencher sur les mérites d’une augmentation du capital permanent de la banque ». Cadeau, mais dont le payement est tout de même partagé entre les membres du club. Voilà qui accrédite l’hypothèse selon laquelle l’administration Obama, ne pouvant et ne voulant pas lâcher trop de lest vis-à-vis des pays du BRIC au niveau du FMI, un point d’appui essentiel pour le maintien du dollar dans son statut de principale monnaie de réserve, va en distribuer par sacs à la périphérie de celui-ci, notamment auprès de la BID. A chacun sa compensation.

Que peuvent obtenir les Chinois, dans cette distribution ? « Parler est une chose, agir en est une autre. Les appels aux réformes de la Chine se sont heurtés à l’opposition de pays favorisés par le système actuel », constate Wang Yong, expert en relations internationales à l’Université de Pékin, cité par l’AFP. « Pour le moment, il est difficile d’ébranler la position des Etats-Unis. (…) Les gouvernements des autres grandes puissances doivent faire des pas importants pour montrer qu’ils aimeraient voir la Chine jouer un rôle plus grand, et pas (se contenter) de mots vides de bienvenue » a-t-il ajouté. La Chine travaille donc à élargir son camp, en se satisfaisant pour l’instant d’un dialogue encore embryonnaire avec les Américains et d’accords que l’on suppose partiels et limités.

Et les Brésiliens ? Roberto Mangabeira Unger, ministre des Affaires stratégiques, a déclaré depuis Brasilia que si la discussion semblait opposer les pays européens, favorables à la régulation du marché, aux Etats-Unis, qui privilégient la relance de leur consommation, elle devait se recentrer sur d’autres points. Le déséquilibre entre économies excédentaires et déficitaires, la réorganisation du système financier – et pas seulement la réforme des institutions – et la relance des économies par le biais d’une meilleure distribution des richesses. Somme toute, quand on met le doigt dans la plaie, c’est tout le bras qui doit y passer.

Tous les tiroirs de la crise sont maintenant ouverts, le financier et l’économique, le social et le monétaire. Ils ne sont pas prêts d’être refermés d’autant qu’ils communiquent entre eux.

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49 réponses à “L’actualité de la crise : La crise, meuble à tiroirs, par François Leclerc”

  1. Avatar de DSK
    DSK

    @ François Leclerc

    La Chine travaille donc à élargir son camp, en se satisfaisant pour l’instant d’un dialogue encore embryonnaire avec les Américains et d’accords que l’on suppose partiels et limités.

    Avec mon respect et mes remerciements – Question ci-après
    John Lipsky n’veut pas me répondre !
    (En sus, je ne sais pas quoi croire, entre ses levées de moustache …)
    Connaissez-vous l’importance (1) des créances et (2) des fonds propres chinois et arabes dans
    (a) « La Fed » euh!!! la Fed_ofNewYork [ http://www.newyorkfed.orghttp://www.ny.frb.org ],
    (b) JP Morgan Chase, (c) BBA in London,
    (d) Borse Int’l at Luxembourg, (e) Clearstream in London & Brussels, (f) BCE at Frankfurt
    pour tenir ce propos ?

    (saisi par LeClownBlanc sur la connexion http://…IMF… avec l’aide de Ghost Net)

  2. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Non tous les tiroirs de la crise ne sont pas encore ouverts.

    La guerre, la vraie, avec du sang, des larmes et des morts ne touche pas encore l’occident en ses terres.

    Mais rassurez-vous citoyens, on commence à nous y préparer. Rien de tel qu’une grosse régression sociale pour pouvoir trouver
    des responsables ailleurs que chez soi.

    Hard time we went.

  3. Avatar de antoine
    antoine

    La guerre, la vraie, avec du sang, des larmes et des morts ne touche pas encore l’occident en ses terres.
    C’est aussi mon avis.

    Mais ces guerres civiles n’auront pas lieu en Europe: ce sera peut-être, essentiellement des révolutions par les urnes (montée aux extrêmes) ou des révolutions tout court (Grèce?), mais sûrement pas « des guerres civiles ». Et si guerre il y a entre puissances, ce qu’il ne manquera pas d’y avoir, puisque c’est déjà le cas (Congo), ce sera par factions interposées (comme pendant la guerre froide, et jamais directement.
    Par contre ca risque de chauffer sévère aux USA: une expansion du conflit frontalier avec la mafia mexicaine aux gangs affiliés dans un premier temps, qui se radicaliserait en conflit politique dans un deuxième temps, n’est pas à exclure.

  4. Avatar de dissy
    dissy

    En cas d’hyperinflation incontrolée ..rien n’est à écarter …aux USA les vrais patriotes commencent sérieusement à en avoir marre de tous ces renflouages sur argent public…et ils sont armés juqu’aux dents !

  5. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @Eomenos
    De la même manières que les grands champions de l’économie (prix Nobel ou pas)
    avec leurs comparables raisonnements logiques sophistiqués « If (…) then (…)
    les geoPoloStratèges, eux-aussi, par leur ego, ne sont-ils pas enfermés dans des « prisons scénaristiques »

    Avez-vous fait l’effort de lire
    « Les Royaumes combattants – Vers une nouvelle guerre mondiale« 
    J-F. Susbielle [www.efirst.com]. Sa composition m’apparait largement infondée.
    mon marque page ? … oui, je regarde : je n’ai pas atteint la moitié du bouquin !
    – – – – – – – – – – – –
    Jean-François Susbielle en 4e de couverture :
    expert en géopolitique et consultant stratégique auprès de grands groupes, est l’un des meilleurs spécialistes de la vie internationale. Fin connaisseur de l’Asie, il observe depuis plus de 20 ans l’émergence de la Chine et de l’Inde, et ses conséquences pour l’équilibre du monde. Après Chine-USA : la guerre programmée et La Morsure du dragon , son nouvel essai (aout 2008) de géopolitique propose une analyse ariginale et sans concession de la situation de la planète.
    Qui aurait la même analyse ? … ou une autre, toute différente ?

  6. Avatar de Killixs
    Killixs

    Une autre référence littéraire:
    Ne confondez pas « Mentat » et « journaliste adepte de la fiction-docu, ou ce que vous appelez geopolostratège ».
    Les premiers sont des acteurs. Les seconds des spectateurs. A qui faites vous le plus confiance? Aux acteurs n’est ce pas?
    Rappelez vous la leçon du Ver… Qu’est ce qui est déterminant, en dernière alternative?

    Ce que dit Susbielle est également contrôlé. Vous n’êtes pas naïf au point de penser que ce genre de publication est totalement dénué d’arrière-pensées? Si? Il oublie certains acteurs majeurs. Il en met d’autres qui n’y ont pas leur place. Il se garde bien de parler de ce de quoi les think tank consacrés à ces thèmes parlent à mots couverts, dans la pénombre du secret-défense.
    Quelque chose me dit que vous surestimez la puissance des anonymes apatrides. Si vous aviez raison, alors Thucydide aurait tort. Mais Thucydide ne peut pas avoir tort.

  7. Avatar de Pigeon29 (alias maquis29)
    Pigeon29 (alias maquis29)

    @ The ClownBlanc
    Les pigeons ont donc une autre fonction que celle de messager. Ils s’accommodent très bien de petits pois.
    Just another missing tiroir in the wall. Ce mercredi, le TopNetwork risque d’avoir un petit coup de blues. TopInfo venant d’un topmédia (ouest-France).
    http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Sur-internet-le-virus-Conficker-pourrait-passer-a-l%E2%80%99attaque-mercredi_39382-878915_actu.Htm

    La France a peur… Dites-moi un petit « drop tables » de la base de données de la Fed, ne serait-ce pas le début de la fin de la crise?
    Pour être un peu plus sérieux, contrôler les flux binaires qui relient nos topBanks n’est qu’un jeu d’enfants. Il suffit de le vouloir. Ya ka fo kon.
    Bonne soirée.

  8. Avatar de sakhaline
    sakhaline

    Is AIG Why The Banks Were Profitable In Q1?
    http://www.businessinsider.com/is-aig-why-the-banks-were-profitable-in-q1-2009-3
    Cet article de Business Insider est une petite bombe.
    Extrait :
    « Bank stocks have rallied hard off their lows on claims that they’ve been largely « profitable » in Q1, after quarters of losses.
    January and February were apparently quite good for the likes of Citi (C) and JPMorgan (JPM), but as Jamie Dimon said Friday, March hasn’t been quite as hot.
    But a trader who works for one of the major banks has made a shocking claim — that this profitability was solely due to exceptionally favorable trading with AIG.
    The claim, which was made in an email Zero Hedge, is essentially that AIG has become a pure money laundering operation, and rather than unwind its trades at favorable terms for itself, it’s offering banks excellent trades on the taxpayer dime. »

  9. Avatar de logique
    logique

    Il me semble pourtant deja l’avoir dit. Ont en est a la phase 2 du monopoly. Maintenant il faut négocier et c’est a se momment que le pognon jouent un trés grand role.

  10. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    @sakhaline

    info reprise aussi par nakedcapitalism.com

    même source

  11. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe
  12. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    @ François Leclerc
    Merci « être aller voir un peu ailleurs » avec votre capacité de synthèse coutumière!

  13. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Les banques américaines profitables ces deux premiers mois de l’années ? Voyons de quoi parle-t-on ? Que l’activité quotidienne soit profitable, cela va de soi : quelle banque fournriait un service sans bénéfice ? Que ce dernier soit suffisant pour combler les pertes existantes d’opérations antérieures, c’est peu probable, pour ne pas dire exclus.

    Mais ce qui est anormal, c’est que cette annonce de bénéfice est, en fait, une fuite. Banques et toutes organisations cotées se doivent de publier leurs comptes chaque trimestre. Alors, pourquoi venir nous dire qu’elles marchent bien avant ce délai ? Si ce n’est bien sûr pour influencer les cours boursiers. Car, dans l’intervalle, les fonds de pension américains étaient tous dans un besoin urgent. Et comme ces derniers sont essentiellement investis en actifs financiers, gérés sur les conseils des banquiers et passant leurs ordres à ces derniers aussi, comment assurer qu’ils perdent moins que d’habitude sans que cela coûte un peu top cher au système ? Tout simplement en manipualnt les cours verbalement.

    Quand on sait qu’une banque est en droit d’enregistrer comme acquis toute créance et ceci trois mois pleins, quand bien même les sous ne sont pas perçus, il est facile d’afficher de bons résultats pour les deux premiers mois de l’année. En fait, ces résultats, nous ne les connaîtront avec un peu plus de fiabilité qu’au mois de juin au plus tôt ! Alors, attacher un quelconque crédit à de telles informations, franchement, il faut être Américain pour le faire ;o)

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Philippe Deltombe

    Merci pour l’article du NYT, voilà pourquoi les journaux sont si rapidement lus, il suffit de sauter les avis d’experts (une malencontreuse nouveauté dans le journalisme, les journalistes avant étaient les experts..)

  15. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Pour ceux qui veulent voir ce Jim Cramer (mentionné dans l’article du NYT) en action et ce qu’en a déduit Jon Stewart dans son émission The Daily Show, je vous invite à visionner les quelques vidéos (en anglais et relativement courte chacune, mais très amusante, de vrais perles, comme quoi pas tous les Américains sont aussi bornés qu’on pourrait le croire). Cet échange a fait la une de biens de journaux (américains, s’entend).

    http://www.thedailyshow.com/ : sur le côté droit de la page, sous l’intitulé The CNBC/Jim Cramer Follies

    Bon amusement.

  16. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    Toujours brillant ! Ce blog distille un breuvage qui me fait décidément du bien. Merci François Leclecrc, Paul Jorion et tous.

    Quoique la petite phrase qui m’emplit d’effroi et que je retiendrai soit celle-ci: « Nous nous demandons même si celle-ci ne va pas devenir permanente, en venant à penser que c’est sur ce mode durable, marchant en crabe, que va s’instaurer une nouvelle phase du capitalisme financier. »

  17. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    Je me demande d’ailleurs sous quelle posture selon Granier vient se ranger cette phrase assez effroyable : C ?

  18. Avatar de Paul Jorion

    C’est vrai. « Posture E » : on ne sort jamais de la crise.

    C’est peu probable cependant : une crise est une « phase critique » dans une dynamique, ça passe ou ça casse !

  19. Avatar de Cécile
    Cécile

    à ThierryDorée
    je comprends que « c’est toujours la grande braderie »
    alors que tout, non seulement ce dit, mais s’exprime, sinon s’exaspère, « en terme de repli sur soi, de régression, d’involution »…
    (par ex : rien sur une indexation des loyers en rapport avec le revenu des ménages, cela en pleine crise immobilière? …
    par contre, à fond sur la suppression des charges, et ces charges financent quoi, et quoi qu’en va devenir le secteur financier financé de ces charges … (dont la santé…) ?…

    Même moi je réfléchis mon budget, (lorsque après avoir évacuer le tourisme, resto, cinéma, tout ce qui est « superficiel et léger », … lorsque j’en suis de jeter la santé, … alors que…. je sais … )
    et les états se devraient d’être fatalement obnubulés par la valeur (soi-disant « prédictive ») des chiffres … ? )

  20. Avatar de Allegra
    Allegra

    J’ai appris avec stupeur qu’il n’y a plus d’halogènes en France. C’est une lumière que j’aime bien, consommatrice certes, mais moins que tous ces transports inutiles conséquences de la mondialisation. On pourrait voir s’installer lentement un futur de vie chère et de restrictions au nom de la crise financière/énergétique/écologique. Ce qui m’étonne le plus n’est pas que la haute finance accumule les pouvoirs, c’est ce qu’elle en fait. C’est crétin et ennuyeux.

  21. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Ken Avo, Paul Jorion

    L’idée même d’une crise permanente est dérangeante, c’est bien l’effet recherché. Ces deux termes ne s’accolent normalement pas : une crise est un état transitoire, elle est paxoxystique et appelle un dénouement.

    Karl Marx a utilisé le concept de « révolution permanente » (dans « La sainte famille »), repris par Léon Trotski en le poussant plus loin. Je ne mentionne cela que pour faire remarquer que « révolution » et « permanente » ne vont pas trop bien ensemble non plus. (Pas pour suggérer une comparaison des plus hasardeuse.)

    A part choquer, ce qui n’est pas un objectif en soi, je cherche à signifier une idée simple, il y a un risque d’installation dans la crise. Ma phrase se poursuit d’ailleurs, en disant : « …c’est sur ce mode durable, marchant en crabe, que va s’instaurer une nouvelle phase du capitalisme financier». La permanence de la crise est durable, elle débouche néanmoins sur une nouvelle phase, dont on comprend alors qu’elle est fortement imprégnée par sa marche en crabe précédente. C’est évidemment assez intuitif et cela vaut ce que cela vaudra.

  22. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    Appel à un(e) linguiste !
    En réfer : Killixs [ 30 mars 2009 à 19:13]


    Quelque chose me dit que vous surestimez la puissance des anonymes apatrides

    Emirs et princes souvent à Londres, Henry Fok (HK), Michel David-Weill, Goldsmith, Murdoch, David Rockfeller, les Branches rapportées de X ou Y, Madoff, etc. ne sont pas des anonymes

    Si vous êtes à la fois un « investisseur financier » de type pure player, nullement casanier, éventuellement même avec un petit tempérament casse-cou (juste pour le fun)
    Si vous n’êtes pas membre d’un clan familial véritablement « entrepreneur industriel » où tous les titres sont régulés par une drastique charte familiale pour maintenir la cohésion du « noyau dur familial » (style famille PEUGEOT)
    vous pouvez vous sentir parfaitement chez vous
    (Colonna) en Italie, en Afrique du Sud, aux Usa
    (…)

    Appel à un(e) linguiste !
    Comment nommer une personne — souvent immensément riche —
    aux caractéristiques suivantes :
    (1) ses patrimoines immobiliers et mobiliers sont répartis dans le monde,
    (2) elle vit environ 50% dans un pays et le solde ailleurs,
    (3) ses relations sociales ne sont pas concentrées dans un unique pays
    (4) elle en a strictement « rien à f….. » de l’avenir social ou économique des 99,99% de pigeons dans un pays ou un autre
    (5) son passeport peut-être … anglais, américain, allemand, chinois, arabe, indien, français …
    mais c’est en réalité sans grande importance quant à un « patriotisme »
    … quant à un « Souci de défense économique et social d’un territoire ».
    (6) ses attaches familiales peuvent être hétérogènes quant à la nationalité de ses parents et grands-parents
    (7) le cas échéant, elle est née « à l’étranger », par rapport au passeport de sa mère et/ou de son père

    cosmopolite ne va pas. Cosmopolite, adjectif
    « Qui regroupe des personnes originaires de différents pays »

    Quel mot — ? existant (à inventer ?) — serait à employer ?
    Un propos qui utilise des mots impropres est négatif, bon à jeter.
    A tort, j’ai dû utiliser « apatride » pour tenter de faire saisir un « état d’esprit
    … mais visiblement la formulation n’était pas suffisamment « perceptible » …
    trop sujette à interprétation erronée
    La personne a un plein bon passeport de « national », voire même deux (ou trois)
    Pensez-vous vous y retrouver en ce monde si vous n’avez pas les mots pour le décrire ?
    Pour votre effort de recherche ou d’invention, à l’avance M E R C I !    

  23. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @Clown
    apatride: Sans nationalité légale. (Petit Larousse illustré 1987 – toujours lui 🙂 )
    Le terme est donc effectivement impropre.

    Étant donné la définition que vous en proposez, je serais tenté de faire dans la facilité, même si ces néologismes paraîtront certainement peu gracieux:
    multipatride.
    Ou encore:
    polypatride (en analogie avec les polyglottes).

    P.S. Au risque de vous décevoir, je suis vos discours avec de plus en plus de facilité, méfiez-vous, vous allez finir par devenir intelligible 🙂

  24. Avatar de Barbrel
    Barbrel

    @LeClownBlanc

    Suggestions : hétéropolite, apolite, antipolite

  25. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ LeClownBlanc

    Les jetlagers ?

  26. Avatar de clive
    clive

    @LeClownBlanc

    au niveau national, comment sont qualifiés ceux qui se mettent en marge de la société et des lois ?
    au niveau mondial, comment appeler les résidents de la matrice ?
    exosquelettes ?
    patriofurtifs ?

    des cibles ?

  27. Avatar de Blob
    Blob

    >LeClownBlanc

    Les Mondialistes?

  28. Avatar de iGor milhit

    @ LeClownBlanc
    Transnationaliste. Comme une transnationale.

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  1. On risquerait d’écrire une boulette (keftedes d’Egée ou de Thessalie , köfte de Thrace orientale, de Lydie ou d’Anatolie, voire…

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