Que pouvons-nous opposer ? par François Leclerc

Billet invité.

QUE POUVONS-NOUS OPPOSER ?

Observant non sans stupeur et indignation contenues ce monde financier opaque et silencieux pour ceux qui n’y sont pas plongés, incontestable expression de sa nature profonde, de toute évidence indispensable à l’exercice de ses talents, de quelles certitudes pas encore trop malmenées par la crise pouvons-nous encore témoigner, perchés sur notre fragile branche de « L » ?

Nous ne savons toujours pas trop bien si ce monde tellement étranger va se tirer d’affaire (supposant dans ce cas-là que ce sera à nos dépens), ou bien s’il va sombrer à la faveur d’un nouveau gros pépin toujours possible, nous entraînant par le fond avec lui. Ignorant selon quel calendrier ce choix, dans les deux cas peu engageant, le seul que nous puissions à ce stade percevoir, sera finalement tranché.

Abasourdis, nous découvrons la dimension insoupçonnée que ce monde-là a pris en l’espace de quelques décennies, mesurons l’inconcevable liberté d’action dont il a bénéficié afin de l’atteindre, quasi affranchi de toutes règles et contrôles (ou bien les transgressant), dans notre environnement pourtant de plus en plus régi par de fortes contraintes.

Nous saisissons également que, habitué à prendre ses aises, ce monde n’est pas vraiment décidé à les abandonner. Démontrant, par son attitude présente, qu’il s’attend à pouvoir renouveler ses exploits (a-t-il d’ailleurs jamais cessé ?), sans accepter d’empiétement sur une intouchable prérogative, le développement de sa rente sans partage. Une activité qui l’affranchit à ses yeux de toute autre responsabilité et l’engage dans toutes les aventures, et nous avec lui. Quitte à réduire demain un peu la voilure de ses ambitions, après avoir concédé pour la forme des mesures de régulation, faisant confiance à sa créativité hier encensée – ainsi qu’à quelques compromissions ici ou là monnayées – pour s’en accommoder ou s’en affranchir discrètement en cas de besoin.

Comment va-t-il procéder, s’il parvient à juguler les effets dévastateurs des dangereux virus financiers qu’il a créés afin de s’enrichir, les entourant ensuite d’une mansuétude irresponsable ? La réponse est toute trouvée : en arguant de sa contribution décisive, qui n’a cessé de progresser, à la création de la richesse nationale (telle que le produit intérieur brut la mesure aujourd’hui). Mélangeant abusivement et dangereusement création de valeur, souvent frelatée, et destruction de biens irremplaçables. Jouant sur le levier de la distribution inégale de cette richesse qu’il accapare sans la produire.

Ce monde sophistiqué de la rente, dont le revenu dématérialisé a trouvé dans des paradis terrestres un statut d’extraterritorialité privilégié, à son image toute entière, prélève en application d’une loi que l’on ne peut pas refuser, comme les propositions malhonnêtes du même nom, sa dîme païenne sur tout ce qui rapporte, à commencer par l’argent, la marchandise la plus profitable. Sa logique parasitaire est d’accroître par tous les moyens la dette (des autres), notamment grâce à l’extension de la sphère privée des activités marchandes, afin de se constituer le meilleur des business, celui qui consiste à les financer. Qu’importe dans ces conditions le détenteur, particulier, collectivité, entreprise ou même Etat, car c’est encore et toujours plus de dette qu’il faut aux modernes rentiers, pour qu’elle leur rapporte ! Exerçant, comme si c’était un privilège d’aujourd’hui, qui pourrait donc être aboli, le pouvoir de satisfaire cette demande, son credo est donc de la susciter. Avec comme seule limite, ainsi que l’on vient de le constater, de se faire rembourser, et quand il n’y parvient plus de se défausser sur les autres.

Ainsi, l’histoire récente de sa montée en puissance fulgurante se confond donc avec celle de l’accumulation à pelletées forcées de montagnes de dettes. Chez les particuliers, dont l’endettement a été creusé grâce à une distribution inégalitaire de la richesse, chez les entreprises, sous-capitalisées et partiellement démunies de leurs moyens propres de financement. Auprès des Etats, enfin et non sans une certaine ironie, puisque si ces derniers s’endettent, c’est pour sauver de la déchéance leurs propres prêteurs.

Dans l’immédiat, ne cherchons pas les origines des résultats des banques ailleurs que dans les profits réalisés grâce aux prêts sur le marché obligataire privé, assujettis de taux élevés, des liquidités empruntées à des taux très faibles auprès des banques centrales. En attendant que puissent redémarrer les machines spéculatives actuellement encalminées, comme autant de paris aux conséquences parfois particulièrement dramatiques, quand il s’agit par exemple des matières premières agricoles, assortis de leurs infaillibles martingales de joueurs de casino. Et que les conditions soient à nouveau miraculeusement réunies, afin que décroisse le taux de défaut des emprunteurs, leur capacité d’emprunt s’accroissant au contraire, et que le dégel intervienne enfin, permettant l’impétueuse renaissance du crédit, ce moteur essentiel de la croissance telle que les financiers en rêvent. Compensant alors des volumes plus faibles par des taux plus élevés et substituant pour partie à la rente résultant de la dette des particuliers, dont l’accroissement continu sera stoppé, celle provenant des Etats, qui ne va cesser de grimper.

Mais ceci n’est encore qu’une vue théorique de l’esprit, car certains mécanismes de base sont toujours grippés et doivent encore être reconfigurés pour se remettre à fonctionner. Les conséquences n’en sont pas encore bien mesurées. Des cercles plus vicieux que vertueux subissent de fortes déformations, menaçant même dans certains cas de rompre. Celui de l’endettement des Etats, ou bien celui de la dette des particuliers, indispensable moteur de la consommation et donc de la croissance. Ces deux derniers compères, toujours inséparables mais qui chancèlent, ne vont pas se remettre de sitôt à galoper.

En attendant, la branche du « L » sur laquelle nous sommes assez inconfortablement assis continue de ployer et pourrait casser, si l’énorme bulle financière constituée par les « produits financiers dérivés » venait à éclater, alors qu’elle n’est pas résorbée et qu’il est faute de mieux feint de l’ignorer.

L’oligarchie financière fait durer la crise économique et l’amplifie, au nom de ses intérêts bien compris. Au risque que s’accentue encore la contamination réciproque de la crise de la finance avec celle de l’économie. Dans le cadre d’une sorte de course de lenteur, avec pour inévitable conséquence que le prix à payer est et sera encore plus lourd.

Dans ces conditions, quelles peuvent être ses promesses, qu’elle préfère d’ailleurs cacher comme le reste ? La combinaison encore incertaine d’une pression fiscale accrue et d’une inflation envahissante. Une consommation globalement réduite, induisant un accroissement potentiel des inégalités sociales et une croissance atone. Un chômage structurel élevé et une protection sociale amaigrie. Une symbiose encore plus étroite, mais toujours inavouée, entre capitalisme et Etat. Un contrôle social multiforme et étendu exercé par ce dernier, au nom d’une démocratie de plus en plus formelle. Une société mondialisée, dont l’axe a basculé au profit des pays émergents, la Chine en premier lieu, mais pas uniquement, encore plus multinationale par le haut et davantage communautaire par le bas ; la vision stratégique des militaires quant aux conflits de demain et la manière de s’y préparer en est la description disponible la plus achevée.

Que pouvons-nous opposer, sans nous raconter d’histoires ? L’espoir que puisse émerger, dans l’improvisation à la faveur d’une crise approfondie, ou bien suite à une lente prise de conscience collective, une société en rupture avec celle dont nous venons de parfaire la sinistre connaissance. Son nom n’est pas connu, mais c’est très secondaire. Son contenu n’existe quant à lui qu’à l’état embryonnaire, timidement et maladroitement dessiné en filigrane dans la société d’aujourd’hui. Faisant succéder à l’accoutumance et la résignation, ces servitudes des temps modernes, le refus d’abord, puis ensuite l’affirmation d’une exigence radicale, d’un besoin immanent, encore marginalement exprimés, mais probablement bien d’avantage ressentis. C’est peu, sauf à croire que le vent de l’histoire souffle toujours dans la bonne direction. Cela pourrait aussi annoncer beaucoup.

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42 réponses à “Que pouvons-nous opposer ? par François Leclerc”

  1. Avatar de JJJ
    JJJ

    Laissez-moi deviner, François : vous avez déjeuné avec ghostdog, c’est çà ? On vous sent parti pour une manif. Ne soyez pas cafardeux : la situation est simplement désespérée. Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux dit le Caligula de Camus. Commentaire en copie double. Pour lundi 😉

  2. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Un pessimiste n’est autre qu’un optimiste qui s’est renseigné.

  3. Avatar de svenmarq
    svenmarq

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  4. Avatar de madar michael

    Nous n’avons hélas plus que notre bulletin de vote (le 7 juin par ex), la rue et les espaces encore publics, pour signifier et crier notre ras le bol, et enfin ce blog (Paul, Francois, et les autres), pour nous informer et nous aider à comprendre ce qui se trame dans les coulisses du système en déroute.
    J’en profite pour signaler que personnellement, je milite au NPA depuis huit mois, suis candidat sur la liste Sud Est pour les européennes, aux côtés de l’excellent Raoul Jennar, et continu de garder l’espoir d’une relève politique, d’un sursaut de cette conscience collective dont parle F Leclerc, dans le sens d’une reprise en main de Notre Propre Avenir.
    La Politique doit redescendre sur Terre, ou bien la victoire de la Démocratie sur le(s) Fascisme(s) du siècle dernier n’aura été qu’une trop courte parenthèse de l’Histoire.
    Musicalement

  5. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    Il y a eu un film à succés** dans les années 60 ,et une ou des chansons qui me laissent
    -ou nostalgique et quelque peu désabusé au regard des désastres humains…si je me laisse aller ( » c’est comme ça »…ces mots qui tuent des gens déjà morts d’ailleurs !)
    -ou révolté et prêt pour entrer en résistance sous des formes efficaces à mettre en oeuvre,avec Tous les Hommes et les Femme de bonne volonté.
    Il s’agit du film**
    « …Si Tous les Gars du Monde… »

  6. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    @madar michael et les autres, voter est inutile. Si vous votez mal, le pouvoir change la constitution et vote a votre place et contre vous. Le seul pouvoir des masses est de ne plus voter. Seul moyen reel pour que le systeme s’effondre. L’exemple americain est …. exemplaire. Ils ont vote pour BHO croyant aux promesses. Le resultat est connu. La ou le vote est obligatoire, il suffit de voter blanc. N’oublions pas que la mondialisation est d’abord politique. Les elites sont un groupe d’autant plus nombreux et puissant. Tant que vous votez ils auront le pouvoir. Il n’ya pas de difference entre les divers partis, a part les extremistes. La majorite va aux grands partis.

  7. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    BHO ne fermera pas Guantanamo. Cela est il suffisant pour faire comprendre comme pour les elites la vie humaine n’a aucune valeur.

  8. Avatar de madar michael

    @Scaringella
    C’est bien pour ca que je me présente, tout en militant localement et activement, à ces élections européennes.
    Une forme de résistance comme une autre, les temps l’exigent, même si je garde à l’esprit l’humilité indispensable, au vue de la tâche.

  9. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Les rois sont nus, dépecés, écorchés, décharnés : on voit déjà l’os…

    … et la moelle, alors ?

    La moelle, c’est pour bientôt, mon enfant, pour bientôt.

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JJJ

    Vous connaissez la dernière réplique de Caligula, alors qu’il est poignardé: « Je suis encore vivant! ».

  11. Avatar de dissy
    dissy

    les financiers ont créé leur propre perte en rendant insolvable et pour longtemps voire pour toujours..une bonne partie de la population..constatant cela…ils se retrournent vers les états afin de les mettre eux aussi en esclavage de la dette…dette trop importante,donc impossible à payer…à qui iront’ils ensuite proposer leurs crédits ?Aux extra terrestres ?Les deux théoriques réservoirs de nouveaux consommateurs que devaient devenir l’Inde et la Chine…ne semblent pas prêts à prendre la relève car l’économie est instantanée…donc leur croissance à eux aussi ne sera plus ce quelle était…en principe une compagnie (world company?)qui n’a plus de clients ou plus de clients solvables finit toujours par faire faillite…en principe…

  12. Avatar de Jean-benoît
    Jean-benoît

    @ François Leclerc:

    En plus moderne, l’histoire de l’omme qui chute du soixantième étage d’un building:

    Passant devant la fenêtre du 40ème étage, on l’entend dire:

    « Jusqu’ici, tout va bien!! »

  13. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Les choses sérieuses sont trop graves que pour être prises au sérieux

    ou

    Ces mystères nous dépassent; feignons d’en être les organisateurs.

  14. Avatar de déprimé
    déprimé

    En somme la question est « que faire? »

    Une constation: « leur » idéologie a faillit et ils ne sont plus rien.
    Tout ce qui en provient est marqué par l’échec et l’inefficacité.
    Leur agitation et leur production ne sont que désordres
    et disfonctionnement. Mais leur pouvoir de nuisance
    est intact. Et ils sont suicidaires.
    Je propose un cordon sanitaire: continuer à collationner
    et analyser leur agissements pour être moins surpris
    quand la catastrophe viendra. Pour le reste, une grande
    indifférence.
    L’état de leur porcherie m’est égal, pas les virus qui s’en échappent.

    A la lecture de Galbraith ‘la crise [économique] de 1929 ‘
    (Payot PPP 168 -1965)
    on voit que celle-ci est, dans une large mesure,une répétition.
    Les propositions I II et III pages 202-204 sont entièrement valables.
    (Les autres sont datées). Plus une, qui transparaît dans tout le texte
    fondé sur les dépositions devant une commission du Sénat US:
    la nécessité de la morale et de l’honneté dans le monde financier
    et politique. En termes personnels, c’étaient des pourris
    qui ont créé un système pourri. Répétition parfaite…

    Quelques soient les bonnes idées de reconstruction,
    rien ne pourra se faire sans un Etat se réapropriant l’intérêt collectif;
    un Etat arbitre, qui n’a pas honte de se dire Pouvoirs Publics;
    un Etat soutenu par une opinion et un consensus collectifs.

    d’où @Scaringella:

    Le vote est une liberté civique;c’est une espèce en danger.
    Le droit s’usera s’il n’est pas exercé;
    Pour que cette liberté ne soit pas prescrite, il faut
    voter. Recommander l’abstention est faire preuve d’égoisme
    et de défaitisme; c’est nier les efforts des générations passées.
    En France, le suffrage universel a été CONQUIS, par des luttes
    sanglantes, contre les possédants. Et c’est risquer de priver
    les générations futures d’un outil capable d’un retour d’efficacité.
    Votez
    Votez
    Votez
    J’irai voter pour que les professeurs es-défaitisme puissent continuer.

  15. Avatar de Charles
    Charles

    – De toute façon tout est foutu.
    – Je dois donc cesser?
    – Non, si tu cesses tout est foutu.

  16. Avatar de Champignac
    Champignac

    @ déprimé

    C’est déjà la deuxième fois que j’ai le déplaisir de lire, sur ce blog, des épithètes peu plaisants, comme « défaitisme », pour qualifier des opinions simplement différentes. Ou moins optimistes.

    Je n’aime pas beaucoup ça. Cela donne l’impression qu’il y aurait une sorte de « ligne politique » à suivre. Des opinions « déviantes » dont il ne faudrait plus débattre. Mais que l’on commencerait à stigmatiser par l’usage de ce genres de termes.

    On peut débattre de l’utilité, ou non, d’encore vouloir s’inscrire dans le cadre de nos « démocraties », par l’usage du droit de vote.

    Personnellement, je ne crois pas que nos ancêtres se soient battus pour « le droit de vote ». Ils se sont battus pour des droits effectifs. Des droits que l’on peut exercer dans la réalité. Et, parmi ceux-ci, le droit de vote, par extension une démocratie réelle, n’a de sens que si les choix qu’il indique sont suivi d’effets.

    Au vu de ce qui s’est passé depuis deux ans (mais aussi lors des décennies précédentes), on est légitimement amené à se poser la question de ce que contient encore ce « droit de vote ». Il m’apparait, pour ce qui me concerne que, vidé à ce point de tout contenu décisionnel effectif (tout le champs des choix économiques, financiers, budgétaires, et une bonne partie du « social » en ont été expurgé, pour être remplacés par les arbitrages internes permanents des « marchés »), avec des « représentants démocratiques » qui se sont à ce point autonomisés de la consultation, ou de la volonté exprimée, de leurs électeurs, qu’il considèrent couramment comme souhaitable d’imposer des choix décidés par des instances non-démocratiques, plutôt que de faire l’inverse, eh bien, la réflexion sr la notion de démocratie effective ne pas se limiter à invoquer les mânes des ancètres. Ou le respect de procédures purement formelles qui semblent aujourd’hui à des années lumières des fondamentaux de la démocratie.

    Je ne sais pas comment exprimer exactement cela, mais j’ai le sentiment que, dans les faits, nous avons d’ores et déjà régressé à un stade qui n’est plus la démocratie. Mais qui se situe avant la démocratie. Ou après.

    Dans ce cadre, pour moi, refuser de voter, donc de valider cette « démocratie » que j’estime vidée de son contenu, c’est poser la question de la légitimité de ceux qui disent la représenter. C’est poser la question de ce qu’est devenue la démocratie aujourd’hui.

    Pire encore, c’est se poser la question de savoir si, comme nos prédécesseurs, nous n’allons pas devoir nous battre, autrement dit recommencer à zéro, pour… rétablir une véritable démocratie.

  17. Avatar de charles
    charles

    @françois

    Peut etre pas une rupture (violente? mortifère?) mais la fin d’un cycle et le début d’un autre?

    Voir l’étude du cycle de vie décrit par David K. Hurst (1995) dans Crisis & Renewal.
    La visualisation de son modèle théorique en six phases, avec deux boucles de l’infinité de l’écocycle organisationnel, fournit une approche dynamique du mouvement suivi par une organisation dans la traversée des phases de la vie d’un système.

    http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/files/50615c1d-14b3-4928-9a3b-befee8d75770/2083500.png
    (vu dans « Étude de la dynamique de changement qui s’exerce dans la congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours » …………..)

    Nous en sommes à la phase 4 : Confusion (pas de commentaire sur l’absolue réalité de cette situation) Action de réveil (merci à Paul, François ……mais la tâche est encore inachevée).
    Deux chemins s’offrent à nous : Celui de la crise à l’extinction ou celui de la crise au renouvellement. Souhaitons nous « suite à une lente prise de conscience collective » de prendre la bonne direction.

  18. Avatar de thib
    thib

    Je pense que le « Que faire? » demande des commentaires un peu plus fournis. Un petit effort chères blogueuses et blogueurs!
    Une raison de s’abstenir ou d’aller voter blanc quand c’est possible (« aller voter », en le relisant c’est quand même plus politique que de « voter »,juste « voter ») serait d’être pour une réelle reprise en main du pouvoir par le peuple. Il est vrai qu’un taux d’abstention de 90 % serait un climat plus propice au changement. Céder au pragmatisme?
    Des partis extrémistes au pouvoir et élus à 90% (je n’envisagerais qu’une seule extrême, la gauche!) produirait-il un contexte semblable? Cela dépendrait alors certainement des partis, du nombre de pays qui éliraient des partis extrémistes (!) sur une génération d’élections, à l’échelle mondiale. Une telle vague a selon moi moins de chances de se produire, l’amorce d’une telle vague serait en effet bien plus simple à maquiller par les gouvernements qu’une vague d’abstention. Mobiliser, c’est ce que la finance combat le mieux, sans forcer, grâce à son opacité innée-et ses longs bras.
    D’ailleurs, une question: a-t-on connaissance d’une corrélation entre la durée de vie des systèmes de pouvoir et la com-préhension qu’ont les peuples de ce système dont ils dépendent? Aujourd’hui les institutions sont innombrables et les règles économiques avec la finance deviennent de plus en plus abstraites, il me semble. Comment se fait-il que le bac ES donne une si lointaine approche de la réalité? Parce que les élites y ont intérêt ou parce qu’il serait effectivement compliqué d’apprendre le fonctionnement réel et non seulement caricaturé du marché obligataire? Les deux mon capitaine! Le vaisseau nous vole en pilote automatique.

  19. Avatar de Vincent
    Vincent

    Allons allons,

    Tant qu’il y aura à manger des les assiettes, bonne ou mauvaise bouffe, tant que l’électricité alimentera la Tv, l’ordi et le frigo, tant que l’essence remplira le réservoir, il ne se passera rien. Mais alors rien de rien. Avant les droits, il y a les besoins. Et ici, les besoins sont encore très majoritairement satisfaits. La question est maintenant de savoir combien de temps et pour combien d’individus ? Il n’y a aucun réveil à attendre, tout simplement parce que personne ne dort, et que les yeux sont grands ouverts. Mais les estomacs sont toujours pleins, ici, je précise encore ici, rien de nouveau sous le soleil. Personne n’est dupe, et tout marche tant que le système remplit ça fonction et alimente le plus grand nombre. Que cela vienne à casser et ce sera le déferlement chaotique. Sincèrement, l’addition va être bigrement salée ! Pour le fournisseur, pour le patron, pour le serveur, pour le client et pour le contrôleur. Parfois j’aimerai n’être jamais sorti de la jungle, depuis le début on sait qu’Icare finit par se cramer les ailes en approchant du soleil. Mais bon quel voyage mes aïeux, dommage que le sol se rapproche si vite, quoique en planant un peu, il y aura peut-être que quelques os brisés, enfin on le rêver !

  20. Avatar de FabienF
    FabienF

    Tocqueville disait:
    « Le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d ordinaire quand il commence a se reformer »

    Peut etre cela resume t il la situation actuelle: les dirigeants politiques « progressent » le pied ecrase sur le frein.
    Je garde cependant espoir, car la mondialisation de l activite marchande et la monetisation extreme du reel nous ont tous en quelque sorte mis sur un meme pied d egalite, quelque soit notre pays. Nous sommes tous d aspirants consommateurs dans ce bas monde, la television faisant office de gigantesque tele-achat createur de besoins. Neanmoins, les inegalites de revenu figent dans le reel cette dynamique, et les constats s imposent. Pourquoi certains peuvent consommer, et d autres pas? Pourquoi certains peuvent ils aller a l ecole et etre soignes, et d autres pas? Quel sont les mecanismes d auto-reproduction de ceux qui detiennent le pouvoir et la liberte d entreprendre? Le paradigme de l’individualisme forcene nous chante les louanges du self-made man, vivant l’American Dream: L Etat ne doit surtout pas nous tuteller , nous aider, car tout est question de volonte dans la vie! Certains de donnent les moyens, d autres paressent.
    Mais alors, proner l egalite, si on l accepte toujours, ne devrait pas justement nous pousser a faire que chaque individu, a la naissance, ait en gros les memes opportunites de reussite que son voisin?La tache du politique devient alors d identifier les structures sociales et les disparites dans les opportunites futures qui en decoulent, et de tendre a les reduire, pour qu alors on puissent vraiment etre des self (cerfs?) made man.

    « Le desir d’Egalite devient toujours plus insatiable a mesure que l’Egalite est plus grande » – Mister T

  21. Avatar de FabienF
    FabienF

    « je vois une foule inombrable d hommes semblables et egaux qui tournent sans repos sur eux memes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs ames (…). Au dessus de cela s’eleve un pouvoir immense et tutelaire, qui se charge seul d assurer et de veiller sur leur sort. il est absolu,detaille, regulier,prevoyant et doux ». Toujours Tocqueville
    Jusque dans les annes 80, c’etait le pouvoir despotique des etats, que Mme Thacher et Reagan denoncaient. Ils ont bien fait leur boulot. Aujourd hui, ce pouvoir despotique est le marche. Il est absolu, detaille, irregulier, imprevisible, et violent… (juste?)
    Un moindre mal…

  22. Avatar de thomas

    Tout à fait d’accord avec Vincent, pas de révolution avec un frigo plein.

    Que faire aujourd’hui ? En tous cas rester calme et patient, le changement de paradigme prendra du temps.

    Actuellement, ici je retape une roulotte foraine qui sera tractée avec la machine à vapeur ci-dessous pour interpeller les élus du pays sur la question de la contrainte carbone et les treize points de JM Jancovici….

    http://www.les-pieds-sur-terre.info/Media/Images/scierie.jpg

  23. Avatar de déprimé
    déprimé

    @Champignac :
    Vous avez raison. Mes excuses à tous pour cet excès.

  24. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    @François Leclec

    Est ce qu’on connait (au moins une estimation) le montant total de trésorerie, de liquidités, d’aides diverses prêtés (ou donnés) aux banques en compensations de leurs pertes de valeurs d’actifs depuis 2 ans, pour leur permettre de maintenir la tête hors de l’eau (pour les plus faibles) et permettre au plus fortes de faire monter artificiellement la bourse, en espérant que les « gogos » vont suivre dans une spirale sans fin ?

  25. Avatar de CheckPoint Charlie
    CheckPoint Charlie

    Qui s’est manifesté en France quand on a interdit de fait la cigarette et les alcools? Personne. Qui a manifesté quand on a commencé à recouvrir les routes de radars? Et quand on a commencé à véroler toutes les pubs avec des mentions qui incitent à faire du sport? Personne. Qui a manifesté contre la loi hadopi? Personne.

    Le niveau de vie est si élevé, même pour les érémistes, que personne ne manifeste, sauf pour le pouvoir d’achat. Quand on vous obligera à installer un mouchard dans votre ordinateur pour que les ayants droit puissent vous surveiller, que ferez vous? Trop tard!

    Votre carte de transport en commun permet de mapper tous vos déplacements, votre carte bancaire permet de suivre toutes vos dépenses et déplacements, votre téléphone mobile ou pas, même chose. Les radars vous obligent à vivre avec l’avertisseur « légal » qui n’est qu’une balise GPS qui permet au vendeur du service de connaitre au centimètre près votre position. Anonyme? Pour le mettre à jour vous avez utilisé un logiciel qui lui n’a rien d’anonyme. D’ici à ce qu’on vous fasse payer le moindre déplacement, il n’y a qu’un pas que vous avez franchi vous même sans le savoir en achetant l’avertisseur!

    Vous souffrez, vous avez mal, vous êtes mal payé? Oui, mais qui exige la sécurité sociale universelle, l’école publique gratuite universelle, l’université publique universelle? Qui exige sans cesse plus de prises en charge publiques qui finissent invariablement en allocations? Qui achète les maisons crépi en carton pâte des lotissements? Qui s’est rué en 2009 sur les micro voitures défiscalisées? Et qui va pleurer toute la journée quand vous voudrez la revendre et que personne n’en voudra? Comme pour les maisons en carton pâte, une fois l’avantage fiscal disparu, le produit n’a plus aucun intérêt…

    Si on veut tuer le maître il faut cesser d’être un esclave peut être. Le service télévisé analogique va fermer. Place au numérique. Il faut changer tout le matériel. Même vos DVD paraissent mauvais sur l’écran HD. Il faut passer au Blue Ray! Bref, tout l’ancien matériel à la poubelle. Qui est le maître ici? La technologie. Qui est l’esclave consentant? Vous, moi. Surtout quand on se rend six fois à la boutique du cablo opérateur en deux mois pour tenter d’obtenir un décodeur HD. C’est la course à la liste d’attente.

    Et toute la journée c’est la liste d’attente pour un meilleur logement, un meilleur emploi, une meilleure vie, une meilleure place, un surclassement, un avantage client.

    Qui a dépensé tout l’argent en tram pendant que les gens sont au chômage? Qui trouve le tram très bien? Vous! Puisqu’on vous explique toute la journée que c’est pour sauver la planète. Pas les chômeurs en tout cas. Ils iront, sans emploi, de leur hlm pourri au centre ville, en tram, c’est super sympaaaa, nooon?

    En 1970 seulement un français sur deux disposait d’une salle de bain. En 2010 il y aura autant de radars sur les routes que de fast-food à tous les coins de rues. Chuuut, il ne faut pas le dire, vous imaginez un peu à quoi peu bien ressembler l’industrie de l’élevage et abattage industriel? Ca on ne vous en parle jamais. Ce qui est important est de savoir que le diesel est un carburant qui ne pollue pas puisque l’on a trafiqué la norme pour que ce soit ainsi. Et surtout, surtout, pensez bien à vous changer toutes vos ampoules, vous savez les nouvelles qui valent vingts à trente fois plus cher que les anciennes. Faut bien sauver la planète, non?

  26. Avatar de BA
    BA

    L’Institut national de la statistique (Insee) a publié vendredi 17 mai une série de chiffres qui montrent que la récession a commencé il y a un an.

    France : évolution trimestrielle du Produit Intérieur Brut :

    – 2ème trimestre 2008 : – 0,4 %.

    – 3ème trimestre 2008 : – 0,2 %.

    – 4ème trimestre 2008 : – 1,5 %.

    – 1er trimestre 2009 : – 1,2 %.

    Christine Lagarde et Eric Woerth répètent depuis des mois que la France n’est pas en récession.

    Christine Lagarde et Eric Woerth sont des menteurs.

    http://www.lesechos.fr/pop.htm?/medias/2009/0515/photo_1242378912354-1-0.jpg

  27. Avatar de Philémon
    Philémon

    @Vincent
    Dans les pays où on gagne moins d’un dollar par jour , les pauvres sont trop pauvres pour se révolter contre la poignée de puissants et ses affidés qui s’enrichissent sur leur dos : tous ces pauvres ne s’écrasent pas , ils sont écrasés . Pas sûr que , quand nos frigidaires se videront , nous ne subissions pas le même sort à notre tour .

  28. Avatar de Karluss
    Karluss

    alors… autant mettre sa casquette pour aller au cimetière, sous la pluie.

    non, je pense que des réseaux prennent forme, des réseaux de résistance, des puissances positives. Il faut tout faire pour empêcher une dictature.

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Anne J.

    Je ne parviens pas à remettre la main sur ces données ! Peut-être une bonne âme…?

    Le montant, assurément, est impressionnant, mais il mélange des engagements (les garanties, plus ou moins exercées), et des versements de différentes natures. Les banques n’en ont pas seules bénéficié, mais le système financier dans son ensemble. Le programme intitulé TARP du Trésor américain, par exemple, est devenu un vrai panier de la ménagère !

    Des secteurs non financiers de l’économie frappent aussi à la porte de l’Etat (pas seulement l’industrie automobile), au titre de la relance cette fois-ci.

    Il est clair qu’il coûterait beaucoup moins cher, comme cela a été proposé par certains économistes, de créer avec les actifs sains des « good banks » et de laisser dans le système bancaire actuel, devenu un réseau de « bad banks », les actifs illiquides et douteux.

    En attendant, de nouveaux plans de sauvetages bancaires sont inévitables, notamment en Europe. Alors que l’on s’interroge aux Etats-Unis à propos de la solidité des émetteurs de carte de crédit et des compagnies d’assurance.

    Toute le système bancaire occidental est tenu à bout de bras par les banques centrales qui les finance, et les pouvoirs publics qui les sauve quand nécessaire. Le reste est une façade, qui n’empêche pas de faire de bonnes affaires, particulièrement sur le marché obligataire.

    Et c’est parti pour durer. De nouveaux gros pépins sont même parfaitement envisageables, si le marché immobilier américain connaît comme prévisible de nouveaux soubresauts et si la détérioration de la situation économique générale, accentuant les taux de défaut des emprunteurs, particuliers et entreprises, influe comme c’est inévitable sur les comptes des banques.

    Mais je n’ai pas répondu à votre question…

  30. Avatar de thomas

    Beaucoup vont aussi dans une bonne direction, sans faire de bruit, sans apartenir à un réseau, sans se fédérer, sans vouloir faire une énième « révolution » qui signifie également « tour complet »…..

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