La fin du libéralisme alimentaire ?, par Adrien Montefusco, agriculteur

Billet invité.

LA FIN DU LIBERALISME ALIMENTAIRE

Dans le contexte économique que nous vivons et que probablement nous allons vivre, la question de l’indépendance alimentaire et même de l’accès à l’alimentation mérite d’être posée. Pas seulement dans les pays du Tiers Monde, mais aussi dans les pays développés, le cap des 1 milliard d’hommes souffrant de la faim sur Terre sera passé en 2010. La faillite du système capitaliste et financier nous obligera à revoir l’économie agricole, de la production au commerce des marchandises. Par ailleurs, au-delà du défi alimentaire que devra relever l’agriculture, elle devra s’investir davantage dans le secteur de la production énergétique, ce qui ne manquera pas de perturber d’autant les marchés des produits alimentaires.

Le constat est celui-ci : dans les pays occidentaux, l’agriculture, même si elle est subventionnée (et précisant qu’en Europe la règle des 80/20 est respectée ; 20 % des subventions est à partager entre 80% des agriculteurs ! En précisant aussi que les subventions agricoles servent aussi à financer l’exportation, et donc ce sont de grands groupes industriels qui en bénéficient…), repose sur des marchés libéralisés (céréales, viandes…) sauf le lait, dont la réglementation des quotas est en train de disparaître ; les prix sont donc la résultante de la confrontation d’une offre et d’une demande. Avec des prix très volatiles (des amplitudes de plus en plus fortes, et une fréquence plus élevée) la rémunération des agriculteurs est mise à mal ; les volontaires sont de moins en moins nombreux.

On pourrait aussi s’intéresser à la « Question environnementale », qui invite les agriculteurs à investir fortement pour produire mieux, meilleur, …, plus (?) et à ne pas mieux vivre de leur métier !

Dans les pays « sous-développés », le subventionnisme des pays occidentaux a tout son effet, néfaste. Toute notre surproduction, « nos déchets » (les cous et pattes de poulet, les queues et oreilles des cochons) y sont exportés à des prix 3 ou 4 fois inférieurs aux prix locaux, détruisant ainsi l’agriculture locale, et entrainant des exodes massifs des campagnes vers les villes. Accentuant aussi la famine et la malnutrition du fait de la pauvreté des populations migrantes.

Là aussi, la « Question environnementale » peut être posée ; sous prétexte d’un besoin croissant des sociétés modernes à une énergie « propre » (ou verte), les terres agricoles sont dévastées (sans parler des forêts) et font place à la monoculture (soya au Brésil, huile de palme en Indonésie, …) d’une production qui ne permet même pas à ces agriculteurs de dégager un revenu.

Certains États pourraient tout de même tirer leur épingle du jeu ; les pays formant le BRIC, en plein développement bénéficient de richesses et de ressources naturelles favorables. Une main-d’œuvre performante et peu chère, et des surfaces qui n’attendent qu’à être exploitées ; à condition que le développement de leur agriculture soit fait avec bon sens, certains d’entre eux pourraient être en position dominante de terme de production et d’indépendance alimentaire. La Chine par exemple a déjà ciblé son facteur limitant : sa ressource en eau. Mais elle s’y prépare en consacrant une part importante de son budget dans des travaux herculéens (retenues d’eau, canaux…).

D’une part assurer que partout sur la planète, le droit fondamental de se nourrir (de manière saine et équilibrée) soit établi, par une production suffisante, variée et disponible. D’autre part, que cette production soit accessible en termes de prix.

Pour répondre à la première problématique toutes les options à la fois technique et technologique devront être mises à disposition : agrochimie (engrais, protection phytosanitaire), pharmacie, biologie moléculaire et cellulaire (OGM, PGM, …), machinisme,…, devront être utilisés de manière responsable et raisonnée en fonction des paramètres et des enjeux locaux. Ensuite, l’agriculture devra disposer des fonds financiers nécessaires pour que les paysans du monde puissent disposer de manière équitable des différents moyens techniques et technologiques nécessaires. L’agriculture devra reprendre une place prépondérante dans les sociétés, socialement et économiquement.

La difficulté de disposer des marchandises ne pourra être résolue que par un marché des matières premières agricoles protégé des spéculations, qui outre le fait de contribuer à l’augmentation des prix sur le marché a pour conséquence de retirer virtuellement du marché une marchandise physiquement indispensable à notre survie. En effet, quand un fonds de pension américain achète 100 000 tonnes de céréales (dont il n’a aucun usage physique), même si ces céréales sont physiquement présentes dans un silo sur un port américain, elles ne seront physiquement accessibles à un meunier français que lorsque le propriétaire (le fonds de pension) décidera de les vendre (avec de la valeur ajoutée, bien entendu !).

Je le rappelle, la seconde problématique, sera (ou est déjà) l’accessibilité en termes de prix des produits agricoles. Il faut intervenir à nouveau sur deux axes. D’une part, limiter les variations de prix des marchandises, et par le biais du subventionnisme à la production, faire en sorte qu’ils soient le plus bas possible ; tout en s’assurant du revenu des agriculteurs, cela va de soi ! Il doit être inclus dans ce système une autre façon d’organiser les échanges pour que les écarts de prix d’une région à l’autre de la planète soit les plus faibles possibles.

D’autre part, l’accès à l’alimentation se posera sous l’angle du pouvoir d’achat, mis à mal par l’inflation, et par la dette des ménages. Alors, faut-il parler de détaxation des produits alimentaires ? Faut-il être plus ferme sur l’économie de la distribution, avec une « répartition des marges » ? Je ne saurais dire. La réflexion est ouverte, doit-on inventer un nouveau modèle économique pour les marchandises agricoles (alimentaires et/ou énergétiques), ou simplement remettre de l’éthique dans le libéralisme agricole ?

A l’heure où le « durable » tend à diriger notre pensée, n’oublions pas que le durable ne passera que par un modèle économique qui puisse lui aussi répondre du durable.

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39 réponses à “La fin du libéralisme alimentaire ?, par Adrien Montefusco, agriculteur”

  1. Avatar de Cécile
    Cécile

    Le soja américain n’est devenu « une nécessité alimentaire pour les animaux bien nourris » que depuis le plan Marshall,

    Du temps de mes ancêtres, les vaches tarines savoyardes,
    (du lait cru duquel on faisait déjà roblochon, tome de Savoie, Beaufort … )
    mangeaient de l’herbe, du foin, de la luzerne, des bettraves … mais pas de soja
    Chaque année, les vaches étaient menées au taureau, au dire de ma mère, c’était pour elles un vrai grand jour, elles étaient contentes ….
    Après la naissance du veau, elles avaient du vin chaud, et elles aimaient ça …

  2. Avatar de Adrien Montefusco
    Adrien Montefusco

    oui, et ensuite, l’achat du soya américain est devenu l’une des pierres angulaires des accords du GATT ; « on vous laisse la possibilité de votre indépendances alimentaire, si et seulement si vous honorez l’achat de « x » milliers de tonnes de notre bon soya »… ; le libre échange n’est en réalité qu’une utopie, tout est politique et diplomatie…

  3. Avatar de Cécile
    Cécile

    interview Pierre Rabhi
    http://www.dailymotion.com/swf/x2v2mk

    source lien vidéo
    http://www.revolution-lente.com/pierre-rabhi.php
    extraits de l’article
    « …
    Produire et consommer localement
    Nous assistons à une confiscation graduelle et sournoise de la capacité des peuples à se nourrir eux-mêmes. Ce constat est la cause d’injustices et de violences génératrices d’une insécurité planétaire. Les biens communs de l’humanité comme la terre, l’eau, les semences sont accaparés au profit de quelques puissances financières. Ils sont, soit soumis à l’abandon, à l’érosion et à la pollution, soit dissipés comme les semences, au profit de firmes multinationales qui leur substituent des productions incertaines et dangereuses comme les Organismes Génétiquement Modifiés.

    L’alimentation est aujourd’hui l’objet de transports incessants et inutiles rendant des populations entières dépendantes des seules lois du marché. Elle parcourt des milliers de kilomètres avant d’être consommée. Cette pratique absurde engendre ainsi de multiples pollutions, alors que la nourriture pourrait être produite sur place, et sur des structures à échelle humaine par des paysans qui ne demandent qu’à le faire dans des conditions viables.

    L’agriculture non productiviste doit être respectueuse des équilibres de la terre, de la nature et des consommateurs à qui elle fournit des denrées de haute qualité.

    Cultiver son jardin, développer des potagers communautaires, favoriser les échanges ville-campagne, les associations « producteurs/consommateurs » sur des bases humaines et économiques saines, sont des actes politiques de résistance pacifique.

    Produire et consommer localement devrait être le grand mot d’ordre planétaire
    Cela signifie pour la France comme pour tous les pays du monde une nouvelle politique de ménagement des territoires et de l’urbanisation.

    Santé de la terre, qualité de l’alimentation et santé humaine sont indissociables
    Cela ne veut pas dire pour autant, et bien au contraire, renoncer aux échanges solidaires entre les régions et les peuples, seuls en mesure de répartir les biens de la terre et de stimuler la créativité humaine pour le bien-être du plus grand nombre.

    Désormais, autonomie et solidarité doivent se conjuguer en tous lieux et en toutes choses
    Le progrès en question

    Il serait absurde de nier la réalité du progrès dans de nombreux domaines de la connaissance et dans leurs applications concrètes, mais il est tout aussi déraisonnable de transformer le progrès en idole. Toute évolution technique n’est pas forcément un progrès humain et le nouveau n’est pas une valeur en soi. Plus n’égale pas mieux.

    Les nouvelles armes chimiques ou bactériologiques, la bombe à neutron etc., sont-elles un progrès ? Devons-nous être fiers que la France soit dans le peloton de tête des exportateurs d’armes et de centrales nucléaires ? Pouvons-nous nous enorgueillir de répandre sur toute la planète nos hypermarchés ? Une société réellement démocratique doit garder le choix et la maîtrise de sa science et de sa technique. Ce n’est ni aux scientifiques, ni aux firmes, de décider de notre avenir. L’automobile, la grande distribution ou l’agriculture productiviste, considérées comme des progrès en soi, ont provoqué plus de problèmes réels, dont on commence à mesurer l’ampleur aujourd’hui, que de libérations attendues. Il est reconnu que la réparation des dégâts produits par ces types de progrès coûtera bien plus cher que les bénéfices que nous en avons tirés.

    Respecter la vie sous toutes ses formes
    Base d’une autre éducation et d’une autre culture
    Nous savons que la culture de certains peuples montre les signes d’une gratitude à l’égard des ressources vivantes que leur offre la nature. Nous sommes bien loin de cette attitude. Les exactions et les souffrances que l’être humain inflige aux créatures qui accompagnent son destin ne sont plus tolérables. Il n’est plus possible de voir la condition animale située soit dans l’excès d’adulation soit dans la cruauté la plus injustifiable. La logique du vivant que nous préconisons nous fait obligation de considérer toute créature vivante comme représentative d’un ordre à respecter pour lui-même, mais aussi dans notre propre intérêt bien compris. Toutes les injustices et exclusions inadmissibles que subissent nos semblables ne doivent pas nous faire oublier celles que nous infligeons à d’autres espèces que la nôtre. La vie sur terre est un tout qu’il faut protéger, soigner et aimer.

    L’enthousiasme d’apprendre
    Il ne peut y avoir de changement d’orientation de la société sans changement de l’éducation.

    Comme en économie, il nous faut renoncer à la compétitivité en éducation pour instaurer la complémentarité, la réciprocité, la solidarité entre les enfants. La peur d’échouer doit faire place à l’enthousiasme d’apprendre. Cette option n’est pas seulement morale, elle est profondément réaliste.

    Le rapport à la nature doit être enseigné à tous les âges. Il est indispensable, car il permet de comprendre la complexité, la fragilité et la cohérence des fondements de la vie.

    Mais il serait tout aussi insensé de se défausser de nos responsabilités sur les nouvelles générations. La meilleure éducation que nous pouvons donner à nos enfants est l’exemplarité de notre capacité à remettre en cause nos choix de vie. Elle est aussi l’affirmation de notre volonté à faire évoluer notre société.

    Le désir de se comprendre et de partager
    Comme la biodiversité, la culture est le bien commun des habitants de la planète. La diversité des cultures et des peuples est le gage inaliénable de tout désir d’humanisation. Cette diversité nous permet de nous émerveiller devant la différence des réponses à des questions identiques. Notre capacité à cultiver notre singularité culturelle est la promesse d’avoir l’aptitude à émouvoir et enrichir ceux que nous accueillons, comme elle est la faculté d’être émus et enrichis par ceux que nous recevons.

    Le pouvoir est entre nos mains
    La démocratie représentative, celle qui limite le rôle des citoyens aux périodes électorales, est une démocratie inachevée. Nous avons des institutions favorables à l’épanouissement de la démocratie, mais nécessitant une citoyenneté plus active et participative pour la faire évoluer.

    Depuis quelques années, les femmes et les hommes politiques reconnaissent eux-mêmes la faiblesse de leur marge de manoeuvre face aux intérêts des lobbies économiques et aux pressions des corporatismes. Cet aveu nous renvoie à la réalité de notre responsabilité et de notre pouvoir : c’est avant tout en nous changeant nous-mêmes et en choisissant des projets de vie en accord avec notre conscience que nous pouvons changer la société. L’engagement politique de Pierre Rabhi n’est pas un appel à une illusoire prise du pouvoir formel. La réalité du pouvoir de transformation du monde appartient à chacune et chacun d’entre nous, dans nos actes quotidiens et dans nos choix qui les commandent.

    Le féminin au coeur du changement
    Dans sa globalité, la société est dominée par un modèle masculin outrancier. Sur la scène du monde, les femmes sont les victimes, plus que les actrices, des violences et des tragédies qui s’y déroulent. Elles sont plus enclines à protéger la vie plutôt qu’à la détruire. Le courage dont elles font preuve dans les circonstances les plus difficiles témoigne d’une énergie et d’une obstination qui les font aller à l’essentiel pour répondre aux exigences de survie. Plus que jamais, il nous faut entendre le féminin, les femmes, mais aussi la part féminine qui existe en chaque être humain. Cela va bien au-delà de la simple parité. Le destin collectif de notre pays comme de l’humanité est désormais lié à l’équilibre des influences entre le masculin et le féminin.

    Remettre les pieds sur Terre
    Notre civilisation tourne actuellement à l’envers. De plus en plus déconnectée de la réalité physique et sensible de la planète, fascinée par les promesses d’un univers virtuel, aveugle face à la guerre qu’elle mène contre la nature et donc à elle même, elle ne parvient plus à se fixer d’autre but que la gestion dans l’urgence du quotidien. Apporter des solutions superficielles à un problème beaucoup plus profond présenterait tous les risques d’amplifier nos difficultés. Notre système n’est pas réformable comme tel. Nous devons donc inverser radicalement sa logique. Partir de la réalité concrète et de l’état présent de notre petit vaisseau spatial, la planète, pour imaginer ensemble les conditions réelles d’un avenir désirable pour tous. Avenir à bâtir sur un projet de réconciliation de l’être humain avec lui-même, les autres et la nature.

    Tel est le devoir d’espérance et de responsabilité auquel nous convie l’engagement politique de Pierre Rabhi. C’est la ligne d’horizon la plus réaliste qui soit parce qu’elle est la plus poétique et la plus politique qui puisse être !
    … « 

  4. Avatar de iGor milhit

    « si et seulement si »
    le libre-échange est une forme de protectionnisme (orwell n’est pas loin, comme d’hab’)

  5. Avatar de tomate
    tomate

    @ Bon exemple Cecile .

    L’exemple du marché des tourteaux, en france ( je n’ai pas les « sources officielles » pour l’europe , en mémoire …) est un autre exemple :
    80 % des tourteaux , en 2006 , étaient importés ….
    Dès lors , on peut se poser des questions :
    Pourquoi a t’on privilégier, encourager l’émergence de certains marchés ???
    –> pour vendre l’ex PA Foch , devenu SAO PAULO , au brésil ???? pour vendre 12 Mirage 2000 -S4 ? Pour vendre 4 Sous- marins SCORPENE, créer une base sous- marine et un chantier ou 3 des 4 sous marins seront assemblés??? Pour appproter nos connaissances techniques dans la construction du SNA national Brésilien ??? Est ce pour cela ????
    Personnellement, je n’y vois rien de choquant …. à une chose près : La mondialisation pour emploi à bon escient…. est absente !!!!!
    Mes tourteaux … contre tes sous-marins = une ineptie
    Mon poumon, ma diversité et ma richesse …contre tes sous marins : ca me convient déjà mieux …

    Autre exemple avec la mauritanie :
    Une île ….Ses plages….Ses hôtels….Ses palmiers ….
    Mais également, ses usines-habitations…. ou s’entassent chinois et autres …
    EN 2005, 7.8 % de la production totale de confection ( habillement) du continent africain était réalisé sur cette ÏLE ….
    Question : Ou se trouve les champs de coton ???? Ou se trouve les usines de filage et de teinture ???
    N’y a t’il pas un « p’tit problème » ????

    J’y retourne !

  6. Avatar de Jack Evols
    Jack Evols

    @ nicolas dit :
    23 juin 2009 à 22:13

    Votre constance et votre résistance aux pressions les plus contestables depuis si longtemps sont admirables et « n’ont pas de prix », ce dont nous devons vous être collectivement, sans aucun doute, extrêmement reconnaissants …

    Cependant, comme nous et avec nous, vous avez tout de même à faire face à des dégradations majeures, d’origines incontestablement anthropiques, qui nous atteignent tous !

    Pour n’en citer que quelques-unes :
    Cinquante ans d’essais nucléaires en atmosphère avec ses multiples effets polluants (ces métaux lourds qui tendent sans cesse à retomber au sol tels que le plutonium, le césium 137) et avec en prime, les retombées atmosphériques cycliques des accidents nucléaires tels que ceux de Tchernobyl, Tokai-Mura, … sur vos pâturages et sur la chaîne alimentaire …
    Des déchets nucléaires croissants dont personne bien évidemment ne veut à proximité de son exploitation agricole ou de sa maison …
    Des besoins énergétiques NON POLLUANTS toujours plus délirants que les plans de relance des pays riches et les plans de développement des pays émergents comptent bien satisfaire dans l’immédiat, coûte que coûte, avec le pis-aller du « toujours-plus de centrales nucléaires » …

    Que nous disent de tout celà les penseurs du rafistolage économique de l’existant ? En tiennent-ils compte dans leurs nouveaux raisonnements ?

    Il en faut beaucoup plus pour qu’ils condescendent du haut de leurs certitudes à s’interroger, à commencer par les tenants de la techno-agriculture de pointe et de l’agro-alimentaire de compétition économique, capables les uns et les autres, de racketter l’essentiel des subventions de la PAC tout en ravageant des pans entiers de la sécurité alimentaire africaine !
    – produits chlorés type dioxines ou furanes issus de l’incinération des déchets
    – nouveaux produits chimiques industriels non testés (voir Directive Reach)
    – résidus de pulvérisations de pesticides (micro-gouttelettes ou micro-agglomérats cristallisés) issus de gouttelettes perdues par les pulvérisateurs et emportés par le vent (dérive), ou qui se sont décollées du sol ou qui sont présentes sous forme absorbée sur les particules de sol transformée en poussière ;
    – polluants biologiques nouveaux ou anormalement présents. C’est le cas de particules émises par l’aération des élevages industriels. – que dire aussi de l’apparition de nouveaux matériels de nettoyage comme les souffleuses, qui a exacerbé la pollution des métaux lourds paradoxalement perdus par les pots catalytiques , des pollens nouveaux apportés par des plantes introduites allergènes, une augmentation du nombre de pollens érodés et dégradés (et donc plus allergènes) en raison de la forte régression des abeilles qui en collectent donc bien moins, en raison de l’augmentation de l’acidité et du caractère oxydant de l’air, et en raison de l’imperméabilisation croissante de notre environnement : la rosée, les mousses, les lichens et les sols humides qui fixaient les pollens et particules de l’air disparaissent de plus en plus de nos villes comme de nos forêts …
    – la pollution gagne les hautes couches de l’atmosphère avec les avions à réactions. Leurs traînées de condensation (contrails), non pris en compte par le Protocole de Kyoto ont des impacts qui semblent avoir été sous-estimés.

    Indépendamment des montagnes de déchets et des rejets que l’on ne sait pas bien gérer, les différentes formes de pollution atmosphérique d’origine anthropique sont donc venues ajouter des dégradations qui atteignent la santé du « monde du vivant » de manière beaucoup plus redoutable que les pollutions atmosphériques réputées naturelles : des dizaines de milliers de molécules différentes, polluants avérés ou suspectés qui, pour beaucoup, agissent en synergie entre eux et avec d’autres paramètres (UV solaire, ozone, hygrométrie, acides, etc.) ; cette pollution peut être :
    – brève ou chronique,
    – visible (fumée) ou invisible (pesticides dans l’air)
    – émise massivement ou en faible dose
    – émise en quantité dispersée (exemple : pollution émise par les centaine de millions de pots d’échappement)
    – locale et émise par une source fixe (ex : cheminée, usine…), ou émise par des sources mobiles (voitures, épandeurs de pesticides, transport maritime ou aérien[1], etc.), l’ensemble de ces sources contribuant comme vous le savez à une pollution globale d’origine anthropique qu’on ne maîtrise plus (ex : Augmentation de l’effet de serre due au CO2)

    Et on en entend encore contester encore L’AMPLEUR des CAUSES ANTHROPIQUES de nos crises environnementales !
    Pourtant, de plus en plus nombreux, les véhicules à moteur rejettent des gaz polluants : gaz carbonique (non toxique mais cause essentielle de l’effet de serre), monoxyde de carbone, oxydes d’azote… jusque dans la haute atmosphère avec les avions et fusées. La plupart des moteurs font appel aux énergies fossiles (pétrole, houille, gaz naturel), à l’origine d’une pollution chronique depuis le début du XXe siècle. Près de 25% des gaz à effet de serre sortent des pots d’échappement.

    Dans le prolongement du réchauffement climatique d’origine anthropique, la dégradation anthropique des sols telle que le réchauffement des « pergélisols » sur d’immenses étendues en Russie peut favoriser des émissions de méthane que l’on peut qualifier de non naturelles, de même qu’une aridification anthropique induite par le drainage, le surpâturage, la salinisation et la dégradation des sols qui favorise des envols de poussière, qu’il est difficile de différencier des envols naturels à partir des déserts supposés naturels ou originels.

    On sait que les besoins en énergie augmentent et que leur satisfaction entraîne une pollution croissante sur la planète, notamment en Chine qui en 2006 est devenu le pays le plus émetteur de CO2 avec la délocalisation d’une grande partie de la production des pays riches (La chine utilise à 69 % le charbon pour sa production énergétique, ce qui est un taux 42 fois plus élevé que la moyenne mondiale). La Chine reste cependant derrière les États-Unis en termes de CO2 émis par habitant. En 2007, une centrale au charbon y était mise en route tous les 3 jours, chacune développant la puissance d’un réacteur nucléaire.

    « La nourriture saine que vous produisez loyalement pour vos concitoyens » (pour reprendre vos termes) repensée à travers ce petit requestionnement plus systèmique doit, si besoin en est, continuer à soutenir puissamment notre recherche et surtout notre expérimentation plus résolue des remédiations de tous ordres qui s’imposent au delà des seules crises financières endémiques.

  7. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    ï¼ Adrien Montefusco

    Lien dans le lien laissé par Bébert le Cancre sur un autre fil : le « technique » des bureaux d’étude ne laisse pas assez de place pour le hasard, moteur éternel de l’évolution ( qu’on prétend dépasser ), pour nous indiquer un meilleur chemin ( attendu de nulle part )

    http://madeinearth.wordpress.com/2009/02/24/lagriculture-naturelle-de-masanobu-fukuoka-et-la-permaculture/

  8. Avatar de Adrien Montefusco
    Adrien Montefusco

    merci, intéressant ;
    cela se rapproche de l’agriculture dite de conservation, de plus en plus pratiquée en Europe, avec des techniques de cultures sans labour, et de semis sous couvert. J’y reviendrais plus tard sous un angle plus technique pour ceux qui seraient intéressé de mieux connaitre le principe.
    Si « la technique des bureaux d’étude ne laisse pas assez de place pour le hasard », il faut tout de même admettre que dans nos sociétés modernes, fondées sur le socle de l’économie libérale, où la demande guide l’offre (en particulier en terme d’alimentation ; des tomates bien rouges et bien rondes, pas trop petites et pas trop grosses…), l’agriculture a tenté de s’adapter, en mettant de son côté toutes ses chances de dompter au mieux la nature, en laissant de moins en moins de place au hasard, et en répondant à des attentes de quantité et de sécurité sanitaire (avec ses échecs) de plus en plus fortes.
    Si la permaculture permet aujourd’hui de nourrir quelques familles japonaises, pourra-t’elle nourrir 9 milliards d’hommes, dans un environnement de plus en plus limité et subissant de plus en plus les incidences de l’urbanisation et de ses exigences ?

  9. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    ï¼ Adrien

    Oui, je suis assez intéressé, comme quelques autres sur ce blog, par ce que va être l’évolution de l’agriculture européenne, et notamment toutes ces techniques hybrides d’ancien et de connaissances, plus pointues ( basiquement botaniques pour certaines ), permettant une coordination nouvelle d’idées à essayer, et où l’INRA est à la traîne.
    Par exemple, quand on parle de mettre l’Afrique au tracteur, on ne penserait pas à mettre les USA à la culture sur butte, et pourtant, là où c’est applicable, il y a surtout des avantages. L’excuse est que ceci exige trop de main d’oeuvre. C’est amusant non ? Avec ce qu’on en a à faire de la main d’oeuvre dans ce pays ( L’Europe c’est égal, je vous rassure )

    Le discours que vous tenez à propos de 9, 10 milliards d’individus à nourrir, dont principalement des urbains n’est pas la réalité du futur. Il est juste celui d’une minorité qui a son intérêt à le voir propagé, et de beaucoup qui s’en contentent puisqu’il est le message le plus répandu.

    On ne connaît exactement le futur, mais vous allez pouvoir commencer à parier vers un retour sur les campagnes, plus local, plus autonome, tout simplement parce que ce sera plus efficace.

    Pour la tomate, puisque vous preniez cet exemple, il y a eu une dérive vers l’objet que vous décriviez.
    Les variétés anciennes, dont la plupart on été conservées dans des potagers d’Amérique du Nord, finiront par faire leur retour, au fur et à mesure que les gens diversifieront leurs sources d’informations à propos de que planter, et quoi manger. L’INRA avait d’ailleurs commencé à chercher dans d’autres directions à propos de ce fruit, plus seulement sur l’homogénéité couleur et forme ( sans parler fermeté et durée de vie une fois cueilli en Espagne ) pour retravailler sur le goût, qui n’était pas une question dénuée de sens, quand en bout de chaîne, on s’adresse à des consommateurs.

    En France, sous prétexte de sécurité ( Tiens, déjà ) c’est entre 1920 et 1932 qu’on a commencé à établir un catalogue officiel des semences et espèces. Depuis, si vous voulez y voir une semence y être inscrite, il ne faut pas qu’elle soit reconnue « scientifiquement » ( peu importe qu’elle existe, et ce, depuis longtemps ) Il suffit de payer, ce que les gens qui commercialisent les semences exclusives n’hésitent pas à faire. Emblématique non ? Ceci implique déjà à l’époque de la privatisation, et sous un prétexte bien présenté, flouer les ignorants du secteur, pour assurer un marché aux plus malins.

    Méfiez-vous des discours officiels. Ici comme ailleurs, c’est dans la variété des points de vue, qu’on tirera les meilleurs idées.

    Et n’oubliez pas qu’avant d’être sûr que la crise financière ne déferle, vous n’aviez que des responsables politiques ( ou autres ) pour affirmer que l’argent pour aider les pays pauvres, pour la santé, pour l’éducation, pour l’organisation de l’assainissement et la distribution de l’eau, tout ceci n’existait pas. Tous les discours officiels contiennent approximativement autant de vérité quand il s’agit de préserver quelques intérêts.

    Actuellement en France, bien des agriculteurs sont administrativement piégés, c’est vrai. Mais il y a un esprit bien différent qui parcourt la FNSEA, ou la confédération paysanne …

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