Les mesures que je préconise

juan nessy :

La batterie de vos solutions se résume à l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix.

J’insiste en effet sur cette mesure parce qu’elle est neuve et qu’elle m’est originale. Il me semble un peu expéditif cependant de suggérer qu’elle se confond avec « la batterie de mes solutions ». Relisez en particulier,

1) ma communication au colloque Fermons le casino : comment construire une économie réelle plus juste et plus forte ?, organisé le 3 mars par le groupe socialiste du Parlement Européen, ainsi que

2) mon témoignage dans le cadre de la Commission Spéciale sur la Crise Financière, Économique et Sociale (CRIS), le 10 novembre au Parlement Européen.

Voyez en particulier mes recommandations du 3 mars :

Recommandations

Mettons fin à l’alliance sacrée entre investisseurs et dirigeants d’entreprises : elle détruit en ce moment-même le tissu social. Interdisons les stock options.

Débarrassons les banques centrales de l’idéologie monétariste (*) : les sociétés humaines ne sont pas faites de masses monétaires mais d’êtres humains. Les banques centrales ont mieux à faire que de prendre systématiquement parti pour les investisseurs et les dirigeants d’entreprises contre les salariés.

Appliquons sans tarder une politique fiscale appropriée pour augmenter les chances que le capital se trouve là où il est effectivement utile.

Fermons le casino : interdisons la cotation continue sur les marchés au comptant et à terme. Interdisons aux spéculateurs l’accès aux marchés des matières premières : interdisons les aux « non-négociants ». Permettons à ceux-ci de focaliser à nouveau leur attention sur ce que la société attend d’eux : enseigner, guérir et favoriser l’accès du public aux œuvres d’art en vue de diffuser la culture.

Encourageons les opérations d’assurance et interdisons les paris sur la fluctuation des prix.

––––––––––
(*) J’ai conçu mon livre L’argent, mode d’emploi (Fayard 2009) comme une arme de guerre dans cette perspective.

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281 réponses à “Les mesures que je préconise”

  1. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Bon , ben on y voit un peu plus clair !

    Quelques remarques :

    1- si j’ai employé le terme  » résumer » , c’est que j’avais le sentiment que c’était le seul concept qui agitait la réflexion de la masse de vos intervenants les plus compétents .

    2- au titre des 5 recommandations que vous rappelez , 4 m’apparaissent clairement en terme d’action (Stocks option , fiscalité ( appropriée …mais on aimerait que vous vous mouilliez un peu plus ) , » interdisons la cotation ….matières premières » , « interdisons ….fluctuations de prix » ).

    Je reviens cependant à la charge pour une présentation aussi claire et percutante des impacts attendus ou potentiels ( désirés ou pas ) en application de ces quatre actions .( nature , poids , acteurs , échéancier , éléments de mesure et d’évaluation …) Vous qui aimez comme moi l’interdisciplinarité , il y aurait sans doute du boulot à distribuer à vos connaissances .

     » Débarassons … monétariste  » est plus une intention qu’une proposition d’action, mais j’ai bien noté que  » L’argent , mode d’emploi  » en dit plus .

    Moi qui attendais qu’il soit disponible à ma bibliothèque municipale pour ne pas être obligé de l’acheter ( j’ai déjà dit que j’étais auvergnat d’origine ) , il va falloir que je m’y colle ; ça m’apprendra à lever le doigt !
    Lâchement , m’abritant derrière la paresse naturelle de celles et ceux que j’essaie de représenter ici ( la plupart des élus sont sans doute aussi dans leur cas ) , je suggère que vous puissiez synthétiser les grandes lignes de forces qui y sont développpées pour faire avancer cette cinquième proposition .

    Je retourne lire  » Comment lla vérité et la réalité furent inventées » .

    Merci pour tout et pour tou(te)s .

    1. Avatar de Damentcha
      Damentcha

      Si il y a nécessité de « défendre » ce devrait être prioritairement d’interdire la spéculation sur des produits non identifiables tant en valeur qu’en origine de base par exemples les tritirisés.

      Il est grotesque de constater que les PDG de grandes banques aient laissés la bride sur le cou à des individus irresponsables se permettant de prendre des risques énormes à la seconde près achetant ou vendant des produits intraçables en les faisant circuler sous le seul prétexte qu’à chaque tour de manège un profit supplémentaire se dégageait. Dans la plupart des cas cela se termine très mal pour les derniers « gogos » qui se retrouvent dépouillés.

      Les banque US ont refilé un maximum de leurs créances douteuses dans l’immobilier à d’autres banques particulièrement aux banques gogo d’Europe et nos distingués banquier n’y ont vu que du feu tout excités par les profits que leurs foutus « traders » accumulaient ils se sont montrès incapables de réfléchir sur le Pourquoi, le Comment et le Réel.

      J’avais retirés mes maigres billes dès 2007 dès que j’avais pris connaissance de la folie des « subprimes » car il était évident que cela se terminerait comme cela a été le cas et nombreux sont les petits établissements fina

      Des gens grassement rémunérés pour diriger de très grandes banques et en protéger les intérêts ainsi que ceux de leurs actionnaires ont montré autant d’incompétence que de désinvolture sans avoir à en supporter les inconvénients bien au contraire.

      Il est vrai que les nominations à ce niveau de responsabilité relève parfois de la haute politique et que l’on aboutis comme dans l’industrie a des naufrages gravissimes comme celui du parc nucléaire français dont l’entretien a été tant négligé qu’il est paralysé en bonne partie. Le PDG faisait joujou en Argentine et ailleurs cela entrainant des pertes financières colossales.

      La Bourse sans conscience n’est que ruine de l’épargnant.

  2. Avatar de Laurent
    Laurent

    Bonsoir à tous,

    Je suis un lecteur plutôt assidu de cet excellent blog, mais je n’ai pas le temps d’étudier tous les articles en profondeur et encore moins les commentaires. Je me posais une question à propos de ces réformes (peut-être que cette question a déjà été soulevé et traité, dans ce cas veuillez m’en excuser) :

    Disons que je suis consommateur d’une certaine matière première ‘M’. Je pense au futur lors duquel je souhaite pouvoir garder le même pouvoir d’achat sur M. Je vais donc voir mon banquier et lui explique ma problématique. Ce dernier me conseille d’investir dans un produit financier ‘P’ indicé d’une façon ou d’une autre sur M afin de me couvrir de ses possibles hausses de prix futures. Le gestionnaire de P devra alors investir d’une façon plus ou moins dérivée dans M, ce qui fera varier son prix (mais cela traduit bien au final une demande future).

    Vu que ce gestionnaire ne souhaite en aucun cas acheter réellement de M (il n’a pas d’endroit où stocker M et n’est donc pas un négociant), avec ces nouvelles réformes il serait exclu du marché et P ne pourrait exister. Mais dans ce cas est-ce qu’il n’y a pas injustice par rapport aux autres consommateurs de M qui en ont besoin maintenant mais pas dans le futur ? Et si je ne peux pas investir dans ce dont j’ai le plus besoin, ne vais-je pas utiliser cet argent « en trop » pour spéculer et créer cette fois une vrai bulle ?

    1. Avatar de Tchita
      Tchita

      Tout est contenu dans votre « Je pense au futur lors duquel je souhaite pouvoir garder le même pouvoir d’achat sur M ». Ce qui se cache derrière c’est un refus d’assumer le risque de la fluctuation des prix des matières premières que vous utilisez. D’où votre « investissement » qui ne constitue qu’un report de risque sur d’autres acteurs. Il n’est pas « injuste » de vous demander d’assumer les risques de votre métier. C’est le contraire qui l’est!

    2. Avatar de Tchita
      Tchita

      Autre remarque:
      Si vous avez besoin de votre ressource M, il est logique d’assumer le risque d’une éventuelle augmentation de cette ressource. Vous pouvez toutefois vous en prémunir grâce aux marchés à terme qui ne sont absolument pas interdits dans la logique de Paul Jorion. La seule contrainte est d’effectivement acheter et/ou de vendre la ressource en question, donc d’aller jusqu’au terme de la transaction.

      Quant aux risques de bulle liées à une éventuelle spéculation de votre part, je suis surpris qu’on puisse envisager de spéculer avec l’argent nécessaire à l’achat d’une ressource nécessaire pour votre business. Vous jouez au casino l’argent de votre loyer vous?

  3. Avatar de Le Yéti

    Chers Paul et les autres,

    Si vous avez besoin de suggestions pour des mesures à appliquer, en voici quelques-unes qui me semblent urgentes à mettre en route (elles ne concernent pas uniquement le secteur financier) :

    Revenus et profits
    – échelle des revenus de 1 à 20 (25 grand maximum)
    – garantie à tout citoyen adulte(travaillant ou non) d’un revenu vital décent
    – partage des profits à parts strictement égales entre travail et actionnariat

    Système financier
    – gestion et régulation monétaire confiées à la Banque de France
    – création d’une banque d’État à côté du réseau bancaire privée
    – assainissement de l’activité crédit et de l’utilisation de fonds par les banques et les compagnies d’assurance (incluant bien sûr l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix)

    Services publics
    – restauration des services publics de base
    – nationalisation des ressources énergétiques du territoire

    Économie d’utilité publique
    – démarchandisation des activités culturelles, artistiques et intellectuelles
    – restauration de l’indépendance et de la pluralité de l’information
    – création d’un statut d’éditeur Internet (ça vous concerne, cher Paul)

    Éthique de l’économie
    – création d’une commission d’éthique économique (normes écologiques, rationalisation anti-gaspi de l’activité économique nationale, déontologie des échanges commerciaux…)

    Relations internationales
    – des droits de compensation sociale à l’importation pour préserver notre « exception sociale »
    – une Europe confédérale de pays souverains

    Pour plus de détails voir ici.
    Je précise que les mesures proposées sont purement indicatives, modulables, améliorables, perfectionnables…

    1. Avatar de Yves de Bressy
      Yves de Bressy

      Bonsoir,
      en plus de ces excellentes propositions j’en ajouterai une :
      « Interdire à l’état de présenter, à l’avance, un budget en déficit, et soumettre tout dépassement de celui-ci à référendum, du moins au contrôle du Parlement ».
      Sur les services publics, je préciserai : « Exclusion des services publics de base du champ de la concurrence »

      Et, au lieu de perfectionnables je dirais plutôt perfectibles.
      Bonne soirée

    2. Avatar de Papimam
      Papimam

      Une autre qui concerne les études :
      Formation de base théorique pour l’acquisition du socle indispensable jusqu’à 16 ans ou 18 ans selon les disciplines. Garantir que l’ABC soit acquis, comme : savoir apprendre, raisonner, rechercher, critiquer, … et comme le disait avec le sourire le fils de J Gabin ce soir chez l’immense M Drucker « savoir écrire sans fautes, calculer +, -, x, / » et j’ajouterais la règle de 3.
      Après et selon les domaines, formation en alternant la PRATIQUE d’abord avec la théorie en complément (75/25 ou 50/50, 25/75 pour les chercheurs peut être) car il ne sert à rien d’user ses fonds de culotte trop longtemps, il vaut mieux mettre les mains dans le cambouis et se replonger plus tard et tout au long de sa vie professionnelle dans les théories et surtout se tenir à jour des nouveautés.

  4. Avatar de johannes finckh

    Bon, tout cela est bien joli, je ne suis pas contre, par contre, cette interdiction ne résoudra en aucune façon le problème de fond que pose le capitalisme d’aller dass le mur en raison de l’impensé de la monnaie elle-même!

    1. Avatar de Roland
      Roland

      Johannes, sauf le respect que je vous dois ainsi qu’a vos positions, je passe toujours assez rapidement vos posts car votre seul credo semble être cette « monnaie fondante ». Je n’ai pas d’avis quant à l’efficacité d’une telle mesure, mais ma connaissance de l’humain me fait dire qu’à une parade technique, on opposera une autre parade technique. La monnaie est un outil, rien de plus. La considérer comme le nœud du problème est, je pense, un peu trop simple. Ne m’en veuillez pas, je sais que votre argumentaire est bien construit, mais je pense que la (les) solutions sont ailleurs.

    2. Avatar de johannes finckh

      eh bien, c’est quand même malheureux que vous ne soyez pas accessible à une chose aussi simple.
      Il semble décidément interdit d’interroger un objet à ce point fétichisé qu’est la monnaie, alors, continuons indéfiniment à passer à côté du problème et de sa solution. Puisque vous passez vite, comment voyez-vous alors en quoi c’est « bien construit »?
      Quant aux mesures techniques, on ne peut quand même pas oublier que les techniques financières actuelles conduisent droit dans le mur, alors, pourquoi ne pas corriger cela
      Mais pour ce faire, il faut des hommes un peu plus courageux que vous!

  5. Avatar de Papimam
    Papimam

    Et que penser de notre académicien Maurice Allais, prix Nobel d’économie, qui a 98 ans reste alerte et bien que baillonné a encore du répondant. Signalé par Marianne de la semaine dernière.

  6. Avatar de dag
    dag

    Apparemment , cette fois ce sont les lecteurs qui ont un « froid »… Il est vrai que le ton est plutôt : la comédie est finie , passons aux choses sérieuses .

  7. Avatar de André
    André

    Paul,

    N’y a-t-il pas des mesures préconisées par d’autres, auxquelles vous pourriez vous rallier ?

    Cordialement.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Aidez-moi : qu’est-ce que vous proposez ?

    2. Avatar de André
      André

      Entre autres :
      + la réintroduction de la séparation entre banques commerciales et banques d’investissement;
      + le S.L.A.M. de Fréderic Lordon.

      Et, sur un plan plus économique, l’introduction d’un certain protectionnisme limité et raisonnable.

    3. Avatar de Paul Jorion

      Glass-Steagall Act et S.L.A.M. : il n’est pas nécessaire de les mentionner puisque l’interdiction des paris sur les fluctuations des prix fait que les problèmes qu’ils tentent de résoudre indirectement et partiellement ne se posent même plus. De même pour toute taxation de type Taxe Tobin : les transactions qu’il faudrait taxer sont prohibées !

      Qui peut le plus peut le moins !

      Je sens qu’on va commencer à s’intéresser à mon « interdiction des paris sur les fluctuations de prix » !

      J’ajoute : pas besoin de protectionnisme s’il est interdit de parier sur les fluctuations de prix. À quoi servirait-il ?

      Il faut peser tous les termes : « interdiction » des « paris » sur les « fluctuations de prix » !

  8. Avatar de Étienne Chouard

    Les propositions de Maurice Allais ?

    allais-lettre-ouverte-aux-francais-contre-les-tabous-indiscutes

    et surtout :

    allais-lettre-ouverte-aux-francais-contre-les-tabous-indiscutes#c3669

    Résumé des analyses d’Allais en matière de crises financières et monétaires :

    « Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée des périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérables amplifiées sinon suscitées, sont :

    1. la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit.

    2. le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme.
    _______

    Il pourrait cependant être aisément remédié à ces deux facteurs par une réforme d’ensemble qui permettrait, sinon de mettre fin aux fluctuations conjoncturelles, tout au moins d’en réduire très considérablement l’ampleur.

    Cette réforme doit s’appuyer sur les deux principes tout à fait fondamentaux :

    1. La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque Centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création monétaire bancaire.

    2. Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme. »

    Les principes de la réforme du système du Crédit que propose Maurice Allais peuvent donc se résumer comme suit (citation) :

    « Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant sur la dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui, et leur attribution selon trois catégories d’établissements distincts et indépendants :

    1. des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;

    <b<2. des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés.

    3. des banques d’affaires empruntant directement auprès du public, ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises

    Dans son principe, une telle réforme rendrait impossible la création monétaire et de pouvoir d’achat ex nihilo par le système bancaire, ainsi que l’emprunt à court terme pour financer des prêts de terme plus long. Elle ne permettrait que des prêts de maturité plus courte que celle correspondant aux fonds empruntés. Les banques de prêt et les banques d’affaire serviraient d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs. Elles seraient soumises à une obligation impérative : emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui.

    Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de six conditions tout à fait fondamentales :

    1. l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

    2. la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

    3. l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires ;

    4. une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles ;

    5. l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allégement en conséquence des impôts actuels ;

    6. un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire et de ses implications.

    Cette réforme apparaît comme une condition nécessaire de survie d’une économie décentralisée et de son efficacité. »

    Maurice Allais

    « La_crise_mondiale_d_aujourd_hui_Maurice_Allais_1998. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires. »

    Je trouve les propositions de Maurice Allais complémentaires – et non contradictoires – avec les propositions de Paul.

    Paul, que penses-tu de la proposition de rétablir un Glass-Steagall Act ?

    Bonne journée.

    Étienne.
    ____________________

    « Lorsqu’un gouvernement est dépendant des banquiers pour l’argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au dessus de la main qui reçoit. […] L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain. »
    Napoléon Bonaparte (1769-1821)

    1. Avatar de Paul Jorion

      Voir plus haut : le Glass-Steagall Act est une « mesurette » comparé à une « interdiction des paris sur les fluctuations de prix » !

      Il faut procéder autrement : il faut demander à Allais : « Que pensez-vous d’une interdiction des paris (*) sur les fluctuations de prix ? » Je suis sûr que lui comprend ce que je veux dire – si lui ne comprend pas, c’est à désespérer !

      (*) « Pari » pris au sens strict : deux parieurs, dont l’un gagne et l’autre perd à l’issue du pari.

    2. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      @Etienne Chouard

      Napoléon, bigre, comme vous y allez quand il s’agit de défendre votre façon de voir !
      Humour à part, je n’arrive pas à comprendre comment vous faites pour ne toujours pas voir combien les propositions de Paul Jorion sont infiniment plus radicales dans leur subversion arithmétique que celles, apparemment plus politiques, de Maurice Allais.

      Si j’osais une métaphore d’actualité, je dirais que Allais est à la crise ce que l’antivirus est à H1N1 : une béquille pour un système immunitaire toujours plus affaibli. Une sorte d’arme de substitution qui cherchant à circonscrire l’ennemi – ici le virus, là les banquiers – ne peut malheureusement aboutir qu’à un prolongement du système.

      Car enfin, dans les deux cas, le véritable « ennemi » – la responsabilité de chaque citoyen, son rapport à la sécurité ET au risque, l’essence du vrai pari/l’entourloupe des faux paris, etc. ) – disparait derrière la stigmatisation d’une caste et de ses pratiques. Un peu comme si, en définitive, les défenseurs de la démocratie préféraient éternellement la défendre, non de son manque de maturité, mais sélectivement de tels ou tels irresponsables.

  9. Avatar de François
    François

    @Paul Jorion

    Vous écrivez:

    J’ajoute : pas besoin de protectionnisme s’il est interdit de parier sur les fluctuations de prix. À quoi servirait-il ?

    Je ne saisis pas par quel mécanisme. Auriez-vous déjà explicité cela auparavant? Je ne trouve pas malgré mes recherches. Et il serait très éclairant de confronter cela à M. Allais:

    Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe.

    Merci

    1. Avatar de Paul Jorion

      Vous êtes plusieurs à m’encourager de dire ce que je pense de l’article de Maurice Allais dans Marianne.

      Je dirai d’abord que j’ai beaucoup de sympathie pour un vieux Monsieur que personne n’écoute. Voilà ce que je peux dire sur la personne. Mais il faut ensuite que je parle de son œuvre et là je ne peux que constater que la manière dont il a toujours fait de l’économie est entièrement dans la ligne de ce qui explique à mon sens pourquoi cette science économique n’a rien dit et n’aura jamais rien à dire sur la crise.

      Bien sûr, il dénonce la concurrence sur les salaires et la délocalisation – qui ne le fait ? – mais il y voit la cause de la crise, dans une perspective très simpliste selon moi de montée tendancielle du chômage. J’ai proposé – dans quatre livres maintenant – une analyse très complète de la crise, de ses causes, de ses rouages, de ses multiples aspects, offrant des remèdes, et il n’y a à mon sens pratiquement rien de commun entre ce que dit Allais de son côté et ce que j’en dis moi-même. Ses textes sont disponibles, les miens aussi, aux lecteurs de comparer et de juger. S’ils pensent pouvoir faire une synthèse des deux, tant mieux pour eux – cette synthèse éventuelle, personnellement je ne la vois pas.

    2. Avatar de Paulo
      Paulo

      @Paul Jorion
      Il manque quand même une « compilation » (un résumé) de vos remèdes. A part  » interdire les paris sur les fluctuations de prix » qui réglerait tous les problèmes selon vous (ce qui me fait penser au sempiternel  » il faut une monnaie fondante » qui également réglerait tous les problèmes..): vous me faites marrer quand même quand on compare à Allais

    3. Avatar de Paul Jorion

      Je m’abstiens bien de comparer : je dis que c’est à vous de le faire.

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Paul Jorion :

      J’acquièse fortement à la méthode  » c’est à vous de comparer » ( à Allais et à d’autres d’ailleurs ) , pour moi signe de qualité du bonhomme .

      C’est bien pour comparer que je revendiquais le cadre synthétique des impacts des 5 mesures évoquées .

      Si vous le faites vous auriez d’ailleurs une sacrée longueur d’avance sur vos « comparés » .

      Et , j’y reviens , ça pourrait aider des candidats à l’élection à se montrer plus éclairés , plus sûrs d’eux et surtout plus efficaces et utiles dans leur fonction .

  10. Avatar de Tchita
    Tchita

    @Paul Jorion

    J’ai bien compris me semble-t-il le principe de l’interdiction des paris sur les marchés à terme et comptant des matières premières et les marchés obligataires. C’est facile puisqu’il y a effectivement une transaction physique, avec au bout une livraison réelle dans le cas des matières premières et une suppression de l’obligation à son remboursement par l’émetteur.

    Quid des marchés d’action? Si l’on va au bout de la logique de l’interdiction des paris, il me semble qu’ils disparaissent purement et simplement, non? Du moins les marchés secondaires, car il n’est pas interdit d’augmenter le capital et d’espérer des dividendes, j’imagine.

    S’il disparaissent effectivement, quid de la situation actuelle où tout le monde possède un peu tout le monde mais ne désire pas rester éternellement au capital des sociétés côtées.

    Même si à terme le marché « stabilisé » avec au capital des entreprises uniquement de « vrais » investisseurs désireux d’accompagner la croissance de l’entreprise et uniquement rémunérés par les dividendes me semble viable, j’avoue que la transition me paraît des plus hasardeuses, car promet à la faillite tous les acteurs qui dépendent le plus de la liquidité de leurs avoirs (je pense en particulier aux fonds de pension).

    Merci de vos réponses en particulier sur le marché actions, car ce point me paraît vraiment important et n’est pas clair pour moi.

    Et merci de vos propositions, c’est rafraîchissant de voir quelqu’un de constructif qui ne se contente pas de regarder s’effondrer le monde avec le regard satisfait de celui « qui l’avait bien dit »!

    1. Avatar de Paulo
      Paulo

      En ce qui concerne la bourse, Allais propose (1998 ou 1999):

      Pour être fondamentalement utiles, ce qu’ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :
      -le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement ex nihilo par le système bancaire, doit être rendu impossible ;
      -les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;
      -la cotation continue des cours doit être supprimée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;
      -les programmes automatiques d’achat et de vente doivent être supprimés ;
      -la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.

      http://tinyurl.com/ycgu9ox , page 15

    2. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      J’ai plus que le sentiment que vous touchez du doigt un point essentiel de l’objectif de l’interdiction des paris sur la fluctuation sur les prix. La réponse est dans vos questions-réponses. Lorsque vous dites : « quid des marchés d’action ? » et que vous répondez vous-même :

      Si l’on va au bout de la logique de l’interdiction des paris, il me semble qu’ils disparaissent purement et simplement, non? Du moins les marchés secondaires, car il n’est pas interdit d’augmenter le capital et d’espérer des dividendes, j’imagine.

      S’il disparaissent effectivement, quid de la situation actuelle où tout le monde possède un peu tout le monde mais ne désire pas rester éternellement au capital des sociétés côtées.

      Même si à terme le marché « stabilisé » avec au capital des entreprises uniquement de « vrais » investisseurs désireux d’accompagner la croissance de l’entreprise et uniquement rémunérés par les dividendes me semble viable, j’avoue que la transition me paraît des plus hasardeuses, car promet à la faillite tous les acteurs qui dépendent le plus de la liquidité de leurs avoirs (je pense en particulier aux fonds de pension).

      L’interdiction des paris sur la fluctuation des prix boulverse toute la logique économique court-termiste qui prévaut aujourd’hui.
      Les investisseurs perdant ipso facto leur statut de spéculateur retrouvent dans le projet industriel des firmes dans lesquelles ils ont investi leurs intérêts. Plus la firme présente un développement stable, répondant à des réels besoins sociaux, plus leurs investissements seront eux-mêmes garantis dans le temps : les gains à court terme seront bien moindres qu’auparavant mais à long terme ils sont assurés. Tout ceci ne pourra qu’induire une tendance à la relocalisation des investissements.

      Presque mécaniquement, les salariés, du fait même de cette relocalisation de l’économie reprendront un peu du pouvoir qu’ils ont perdu ou n’ont jamais eu puisque le facteur humain redeviendra une donnée primordiale. De même, les salaire,s ne dépendant plus de façon vitale d’un impératif de compétitivité « à l’internationale » ne pourront qu’augmenter tandis que les salaires des dirigeants, ainsi que les dividendes prendraient un chemin inverse.

    3. Avatar de Tchita
      Tchita

      Effectivement à long terme, je suis on ne peut plus d’accord avec cette évolution.
      Le point qui me chiffonne c’est la transition! Si vous êtes un fond de pension qui possède des entreprises non pas pour les dividendes qu’elles peuvent vous verser mais dans l’idée de les revendre avec plus-valu, vous pensez disposer d’une certaine liquidité qui vous permet d’assurer à vos pensionnaires qu’en cas de besoin, vous pouvez payer leurs retraites. On a là une chaîne de reconnaissance de dettes telle que décrite par Paul Jorion dans son livre l’argent mode d’emploi.

      Ni les retraités qui ont confié leurs économies au fond de pension, ni le fond de pension qui a acheté une entreprise avec cet argent n’ont effectivement d’argent au sens d’un billet de banque ou même d’un chiffre sur un compte bancaire (oui je sais, ça non plus ce n’est pas vraiment de l’argent mais une reconnaissance de dette de la banque, mais bon…).

      Si du jour au lendemain on interdit la cession de l’entreprise en interdisant les paris sur les prix, donc en fermant les marchés secondaires d’actions, on casse cette chaîne de crédit car le fond de pension ne peut plus réaliser la plus-valu sur laquelle il comptait, donc ne peut plus tenir ses engagement vis à vis des retraités qui à leur tour ne peuvent plus payer leur loyer ou rembourser leur crédit, etc.

      Bref, en faisant cela on cause exactement le même genre de chose que ce qui se passe actuellement, les fonds de pension ne pouvant plus vendre leurs entreprises en raison du niveau des marchés actions! Je suis d’accord pour dire que le problème est dans le modèle économique du fond de pension, mais comment le faire passer vers un autre plus sain?
      Attention, ne nous méprenons pas! Je ne pleure pas sur le sort des fonds de pension, je travaille moi-même dans une société rachetée par un de ces délicieux organismes et je sens de plus en plus que j’ai une bonne tête de plus-valu…

  11. Avatar de fujisan

    Quelle serait la probabilité pour qu’une « Constitution de l’Economie » avec des des mesures aussi radicales soient adoptée dans les termes que vous utilisez, et surtout que ces mesures soient effectivement appliquées d’une manière efficace, sans pouvoir les contourner, sans rester lettre morte ?

    Ne nous leurrons pas, « l’industrie » financière va tout faire pour limiter au maximum la portée de ces mesures. D’une « interdiction des paris sur les fluctuations de prix » ce sera plus vraissemblablement « limitation symbolique des paris sur les fluctuations de prix ». On l’a bien vu avec les mesurettes du G20, les compromis(sions) pour la « liste grise » des paradis fiscaux, ou encore maintenant à Copenhague.

    Il ne suffit pas de bonnes intentions, encore faut-il que ce soit effectif. Par ex. L’Art. 5 de La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Mais dans les faits, c’est l’impunité pour Abu Ghraib, Guantanamo…

    Quelle serait la portée réaliste de ces mesures ?
    Au niveau mondial : Nations Unies, FMI ou autre ? Je doute que des pays comme les USA et GB accepteraient vraiment de détruire leur « industrie » financière alors qu’elle tient une telle place dans leurs économies.
    Au niveau européen ? Pour les petits pays « non coopératifs », on pourrait les forcer à coopérer en les menacant d’un embago économique et financier. Mais comment faire si, comme d’habitude, les USA refusent toute autorité supérieure (par ex Tribunal Pénal International) ?

    Désolé d’être rabat joie. On peut toujours rêver, mais il faut être réaliste. C’est souvent les compromis voire la compromission qui est de mise.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Ah ! Je vois que l’on commence à comprendre mon « interdiction des paris sur les fluctuations de prix » ! Et que cela inquiète immédiatement : « C’est trop ! ».

      Allez-y : proposez-nous en donc une « version de compromis ». Moi de mon côté, je maintiens (c’est mon ascendance hollandaise : « Je maintiendrai ! ») : « Rêveur ET réaliste ! »

    2. Avatar de Tchita
      Tchita

      @fujisan

      La déclaration des droits de l’homme n’est pas appliquée partout, mais elle existe et est appliquée dans bien des pays. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain! Ce n’est pas parce que l’application d’une bonne idée n’est pas parfaite et facile qu’il faut en réduire l’ambition, bien au contraire!
      Personne n’a à ma connaissance demandé qu’on change l’article premier en quelque chose du genre: « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, mais on étudiera chaque cas à la lumière des difficultés rencontrées pour l’application de cette mesure parce que tout le monde est conscient que ça va être très dur… »!

      L’idée de Paul Jorion EST révolutionnaire, en ce sens qu’elle implique la fin du système actuel. Dur? Pratiquement impossible? Oui bien sûr! Et alors? Si on veut aller quelque part, on commence par fixer le cap, même si c’est loin, non?

    3. Avatar de fujisan

      @Paul
      Je n’ai pas de version « light » à proposer et j’en serais bien incapable. Cepandant, comme pour les autorités de contrôle, je pense que l’hypocrisie qui consiste à prétendre qu’on contrôle qqch alors qu’on en est incapable est plus nocive que bénéfique car c’est instiguer la confiance sur la base d’un (gros) mensonge alors que la méfiance est de rigueur.

      PS Voir aussi Programme de revendications Attac [Bruxelles] sur la crise économique et financière:
      http://bxl.attac.be/spip/spip.php?article1057

      @Tchita
      Je suis bien conscient que celui qui ne demande rien, n’a rien et que les utopies d’hier sont les réalités d’aujourd’hui 🙂
      Ceci dit, concernant « l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix », il suffit qu’un grand pays comme les USA ou la GB refuse d’appliquer cette mesure pour qu’elle soit inopérante à l’échelle mondiale car ce serait alors un appel d’air pour y attirer les parieurs fous ce qui sera d’autant plus tentant qu’ils vont en récolter tous les « bénéfices » et que je vois mal les autres pays prendre des mesures coercitives genre embargo à l’encontre d’un grand pays.

    4. Avatar de Tchita
      Tchita

      @ fujisan

      Oui je sais, ma critique était facile, mais ça va mieux en le disant… Une chaîne déductive se compose souvent de maillons plus simplistes les uns que les autres, mais la conclusion peut parfois être surprenante alors qu’aucune étape ne l’est.

      La question que vous posez parait pertinente, mais reste trop vaste. Comment faire si les USA n’adhèrent pas à cette ligne de conduite?

      A dire vrai il est évident qu’ils n’y adhèreront pas, pas plus que la France ou n’importe quel autre pays tenu par les intérêts financiers (à savoir la quasi totalité, le reste étant encore dans un régime où la force tient lieu de pouvoir à la place de l’argent). Pourquoi? Parce que cela signifierait la fin d’un système très favorable aux apparatchiks de ces différents pays.

      Bien, ceci posé, on peut maintenant distinguer 2 possibilités:
      – On parvient à persuader les détenteur du pouvoir d’aller dans cette direction.
      – On n’y parvient pas et il faut les y contraindre ou les remplacer.

      La première proposition suppose que les dirigeants fassent passer les intérêts de leurs administrés avant les leurs. On peut supposer que cela soit vrai dans certains pays démocratiques, sous condition d’une forte pression populaire et certainement d’un effet d’entraînement si d’autres pays vont dans cette direction. Toutefois, je vous l’accorde, la probabilité est faible, voire nulle car la pression de l’argent facile est très (trop?) forte.

      Reste la seconde possibilité, les y contraindre ou les remplacer. Le remplacement peut s’envisager dans un pays démocratique tout simplement par le genre de démarche qu’a Paul Jorion, par l’éducation et l’information. 200 000 visites par mois sur le site, cela correspond peut être à 20 000 individus distincts qui peuvent faire du prosélytisme, chacun à leur petit niveau. Faire lire « l’argent mode d’emploi » à 4 ou 5 personnes autour de soi, ce n’est pas une gageur et ça structure déjà le débat, ça fait progresser ces idées. Quand une idée touche plusieurs centaines de milliers de personnes, elle vient fatalement au menu des réjouissances médiatiques. C’est comme cela qu’elles grandissent, quand un journaliste, un responsable puis deux puis 10 entendent parler de ces idées « en l’air » et décident de leur accorder un peu de couverture médiatique, quitte à s’en moquer. Si l’idée se tient, elle peut progresser et trouver des adversaires, souvent les meilleurs promoteurs de ce qu’ils vouent aux gémonies.

      L’idée paraît bonne à un homme politique (il y en a des intelligents et non corrompus, sisi!) qui s’en saisit et l’emballe dans son programme comme si c’était la sienne. Pas grave, ce qui compte c’est le résultat! Bien sûr il peut « l’oublier » une fois au pouvoir ou se faire battre, mais qu’importe, la prochaine fois, ou encore la suivante sera la bonne! L’avantage avec les idées justes comme celle de Paul Jorion, c’est qu’elles se trouvent confortées par les faits. Il faut surtout être là au moment de l’explosion pour expliquer pourquoi ça a explosé et ne pas laisser le champ libre à des idées simplistes extrémistes, mais elle trouve des arguments puissants dans la vie réelle, le ressenti des gens. C’est là que vous, moi, Paul Jorion intervenons. Vous êtes acteur, au même titre que chacun sur ce blog! Saisissez cette chance, ce ne sera pas tous les jours que vous aurez cette possibilité.

      Vous me direz que je n’ai toujours pas répondu à votre question: que faire si les USA ne veulent pas suivre? C’est là qu’intervient la dernière alternative: la contrainte. Si nous ne nous trompons pas, les pays qui persistent dans cette voie foncent dans le mur et seront demain demandeurs d’aide massive des autres pays pour continuer à fonctionner. Voilà un levier sur lequel jouer! Les opinions publiques peuvent également être influencées et faire pression à leur tour en voyant d’autres pays aller dans la bonne direction. Pourquoi croyez vous que les USA s’assoient à la table à Copenhague? Ce n’est sûrement pas parce qu’ils en ont envie! Simplement ils n’ont pas trop le choix. Mais pour cela, il faut déjà balayer devant notre porte et que nos propres dirigeants aillent dans ce sens. Alors commençons par le commencement, sans nous leurrer, mais sans nous décourager non plus devant l’ampleur (titanesque) de la tâche. Un pas devant l’autre c’est comme ça qu’on va loin…

      Suis je utopiste? Oui, bien sûr!
      Suis je optimiste? Certainement pas!
      Suis je un rêveur! Oui! Et heureusement!
      Suis je résigné? Je l’ai été, mais je vais vous épargner cette démarche pour l’avoir testé: ça ne sert à rien!

      Alors on lève le pied et on l’avance, il paraît que c’est le premier pas qui coûte…

    5. Avatar de Crapaud Rouge
      Crapaud Rouge

      « Rêveur ET réaliste ! » monsieur Jorion ? Oui da, c’est sans doute ce qui fait son côté « insaisissable », parfois irritant mais pas sans charme. J’admets volontiers que cette idée d’interdiction des paris est tout à fait logique, mais fujisan a raison : ça ne marchera jamais en pratique, sauf pour les petites gens qui ne risqueraient plus d’eux-mêmes leurs économies. Il y aura toujours des requins se livrant à une concurrence sauvage et qui n’ont que faire de « la raison » : ils ont la leur, elle leur suffit, et ils savent qu’ils n’iront jamais en tôle. Il se trouve que Paul n’évoque jamais la concurrence : ne serait-ce pas pour sauver ses idées les plus volontaristes ?

    6. Avatar de fujisan

      @Crapaud
      « ils savent qu’ils n’iront jamais en tôle »
      En Chine, par contre c’est la sentence de mort. C’est leur côté « pragmatique » que certains admirent 😉
      Derniers en date:
      http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=a8ZKOYph1qAw&pos=9
      http://www.theregister.co.uk/2009/12/08/china_execution/

  12. Avatar de Paulo
    Paulo

    Il y a bien longtemps (bien avant Paul Jorion) que « ce vieux Monsieur » a proposé:
    – une politique fiscale appropriée pour augmenter les chances que le capital se trouve là où il est effectivement utile.
    – une interdiction de la cotation continue sur les marchés au comptant et à terme et une interdiction aux spéculateurs de l’accès aux marchés des matières premières

  13. Avatar de Paulo
    Paulo

    Paul Jorion écrit à propos d’Allais  » Mais il faut ensuite que je parle de son œuvre et là je ne peux que constater que la manière dont il a toujours fait de l’économie est entièrement dans la ligne de ce qui explique à mon sens pourquoi cette science économique n’a rien dit et n’aura jamais rien à dire sur la crise.  »

    Rien à dire sur la crise ????? Ah bon ?.

    J’ai vraiment l’impression que vous n’avez jamais lu  » La crise mondiale d’aujourd’hui, » éditions Clément Juglar, 1999, et « la Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique », éditions Clément Juglar, 1999.

  14. Avatar de auspitz
    auspitz

    je reviens sur les stock options;
    un investisseur, avec son argent, prend une participation en apportant du capital à une entreprise; l’entreprise investit cet argent; il se trouve que le choix était judicieux; 5 ans plus tard, l’investisseur revend sa participation et engrange son bénéfice , à la suite de la hausse des cours;
    dans l’autre cas, le dirigeant de l’entreprise n’a aucune participation au capital et ne court aucun risque sur son patrimoine; il perçoit un salaire mensuel, annuel exorbitant; les options, il les reçoit gratuitement; il ne court donc définitivement aucun risque en apport; quand il exerce ses options, il ramasse une fortune, et lèse en premier les autres actionnaires, puisque le mécanisme consiste à créer des actions nouvelles, grâce aux options, à un ancien prix beaucoup moins élevé, et à les revendre immédiatement; et les autres actionnaires s’en trouvent dilués;
    ce procédé aura également contribué à tuer le capitalisme;

  15. Avatar de fujisan

    Paul Jorion dit : « Interdisons les stock options »
    Je dirais plutôt « Interdisons l’intéressement aux cours boursier et aux résultats » car les stock options ne sont qu’une forme « d’alliance entre investisseurs et dirigeants d’entreprises ». Goldman Sachs a annoncé qu’il allait payer les bonus de ses traders en actions, pas des stock options à proprement parler.
    Just my 2¢

  16. Avatar de daniel
    daniel

    Pour ceux que la théorie rebutte, et j’en suis parfois, je propose 2 livres qui illustrent l’intérêt
    des propositions de Paul.
    Ce sont :
    « lettre ouverte aux économistes qui nous prennent pour des imbéciles »
    et  » la crise de 29″ par Galbraith père.
    [ Google permettra de trouver les références- je suis incapable de nommer
    l’auteur du premier- il paraitrait qu’il aurait déserté , mais ce sont probablement des
    bruits infondés…]

    Les auteurs n’ont pas proposés d’interdiction radicale, ni même osés y penser
    mais la chose est latente. Le talent, c’est d’en dire plus que le sujet du livre, et
    peut-être, à l’insu de l’auteur.
    A l’aide de ces 2 livres, il devient clair que l’interdiction des paris signifie
    la fin d’ un capitalisme immoral, crapuleux et spoliateur.

    Je demande à Paul de me pardonner de faire de la pub pour un objet
    que ses propres livres traitent évidemment le mieux. Mon exemplaire de Galbraith
    a été publié en 1981 (Payot) , c’est presque un objet de musée ou bon pour caler
    un meuble bancal. Il porte la mention rajoutée « ouvrage détruit ».
    la « lettre ouverte » date de 1999 et n’a pas fait l’objet d’un grand battage.

    Pour les stock-options, bonus et salaires délirants, je propose de les laisser libres
    mais de les rabotter à l’aide d’un impôt spécifique de l’ordre de 95%.
    Laisser l’illusion de la liberté, tout en alimentant les caisses publiques,
    présentent des avantages. Et en France, il faut réhabiliter la progressivité
    de l’impôt.

    Une préoccupation à venir:
    Nous ne pouvons pas promouvoir une révolution qui mettraient sur la paille
    des gens habitués à cotoyer les puissants de ce monde – leurs serviteurs ou leurs obligés – sans s’inquiéter de leur évolution de carrière.
    Concrètement je propose l’AFPA, organisme de formation discret et remarquable,
    pour maçon, plombier, menuisier etc… la flexibilité de l’emploi par l’exemple.

    1. Avatar de cdanslair2010
      cdanslair2010

      C’est « Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles »

      de Bernard Maris : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris

  17. Avatar de johannes finckh

    apparemment, un précédent texte commentant l’interdiction des paris sur la fluctuation des prix n’est pas passé, aurais-je fait une fausse manoeuvre?
    Ne l’ayant pas conservé, j’ai écrit un autre destiné à Frnçois Leclerc et la situation en RFA, mais j’évoque au passage aussi ce que j’en pense d’une telle mesure d’interdiction, alors voici mon texte:
    Il est tout à fait exclu qu’il y ait la moindre reprise ni en Allemagne ni ailleurs, au contraire, ce seront les autres pays tels la Chine, l’Inde et l’Amérique latine qui finiront eux aussi par afficher une récession réelle dans un proche avenir!
    Seul avantage: les émissions de CO2 reculeront prochainement au niveau mondial.
    Cela résulte du fait que la solvabilité des consommateurs diminue au bénéfice d’une petite minorité qui ne sait faire autre chose de ses surplus que générer des bulles spéculatives, ou alors thésaurise, car l’épargne en banque lui apparaîtra de plus en plus risquée du fait du nombre croissant de débiteurs défaillants censés rembourser les épargnants et à maintenir les créances au niveau souhaité par les épargnants (les prêteurs des banques).
    Je rapelle que la principale spéculation, une spécuation à la baisse engagée par tous, qui entraînera l’approfondissement de la crise, est bien la déflation, comme au Japon, qui va bien s’étendre au reste du monde rapidement,malgré les injections liquides sans réelles limites.
    Ceci prouve, comme si c’était encore nécessaire, que l’accumulation et la non circulation d’importantes quantités de monnaie liquide se poursuivent à un rythme accéléré.
    Jusqu’à quand?
    Sans doute faut-il attendre une paupérisation massive, certaines mutations technologiques en marche pour espérer un timide redémarrage dans un avenir de l’ordre d’une dizaine d’années.
    Comment interprêter que les agriculteurs français auraient eu, en deux ans, une perte de revenus de l’ordre de 50%?
    Il semble quand même que l’issue s’éloigne, que le capitalisme profitera néanmoins à une petite minorité et que l’on ne voit pas venir de réels changements tant que nous ne nous attaquons pas au mécanisme même de la circulation monétaire.
    Par ailleurs, l’interdiction des paris sur la fluctuation des prix ne me semble en aucune façon une mesure suffisante, car ce ne sont pas seulement les non professionnels d’un marché de matières premières qui spéculent, mais tout le monde.
    En l’interdisant, nous assisterons à la genèse de marchés parallèles ou des marchés noirs comme en URSS.
    Ceci révèle d’ailleurs l’impossibilité d’appliquer des mesures contraignantes (comme les taxes sur les boni) tant que lon n’obtient pas une circulation monétaire convenable.

  18. Avatar de Paul Jorion

    Le revenu des agriculteurs aura été réduit presque de moitié en deux ans

    Le revenu agricole fait une chute vertigineuse de 34 % cette année, selon les comptes prévisionnels de l’agriculture publiés hier par l’Insee. Cette baisse intervient après un recul de 20 % en 2008. La FNSEA invoque la dérégulation des marchés européens. Pour l’essentiel, la perte de revenu frappe les céréaliers, les éleveurs et les producteurs de fruits et légumes, victimes d’une glissade importante des prix, que la diminution de la facture pétrolière et d’autres charges n’a pu compenser. Les trésoreries des céréaliers sont moins durement touchées que celles des éleveurs, leurs revenus ayant plus que doublé il y a deux ans avec la flambée des matières premières.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Quel modèles d’économie agricole , les cinq mesures que vous préconisez , autoriseraient elles ?

      Idem ….Santé ;

      Idem….Education , recherche e développement .

      Idem …organisation du travail .

      Idem ….logement et aménagement du territoire.

      Idem…activités industrielles , multinationales , PME, TPE .

      Quand j’évoque les « impacts » , c’est à ces exemples que je pense pour rendre « appréciables » les vertus de votre construction , pour le commun des mortels électeur et pour la pluârt des candidats aux suffrages . Tchita semble aussi sur cette trajectoire .

      Pour ce qui concerne les agriculteurs , remarquant au passage que les grandes révolutions ( française , chinoise )sont nées du désespoir paysan , je crois qu’aujourd’hui ils ont déjà été trop laminés et endettés par le capital , pour mettre seuls le feu aux poudres .

      Mais si on additionne agriculteurs , chômeurs , sdf ,surendettés , classes moyennes paupérisées et elles aussi de plus en plus laminées , écologistes bernés , outrés des obscénités salariales et fiscales …..qui sait ?

    2. Avatar de jducac
      jducac

      @juan nessy 15 décembre 2009 à 11:56
      Les productions agricoles dans nos pays développés, sont à l’image de ce que sont les productions industrielles. Elles ne peuvent pas résister longtemps face au grand capital. Ce grand capital, cette réserve qui fait force et qui est capable d’anéantir les moyens de production des autres pays, est en fait constitué d’un volant de travailleurs habitués à vivre pauvrement et que la mondialisation rend capables de vaincre les autres.
      Nos destins de pays développés sont grandement dépendants de nos capacités à pouvoir survivre dans un contexte de nivellement mondial des niveaux de vie.
      On peut penser que nous nous en sortirons d’autant mieux que nous serons unis au niveau national et certainement pas divisés. D’où mon attachement à favoriser le dialogue et le rapprochement, plutôt que l’inverse. Est-ce bien votre avis ? On peut en douter parfois. http://www.pauljorion.com/blog/?p=5557#comment-44808

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @Jducac :

      1- pour Martin : je ne cherchais pas à faire l’âne où l’insolent ( encore qu’il me soit arrivé beaucoup plus jeune de rétorquer à un député qu’il valait mieux être le jeune insolent qu’il méprisait en moi que le vieux con qu’il était ); ça n’était qu’un clin d’oeil vers la majorité des Martin qui remplissent les annuaires téléphoniques .J’ai déjà reconnu que je ne saurai jamais résister à un calembour . Il faudra vous y faire .

      2- Pour l’appel aux  » tous unis  » : je n’empêche pas ceux qui sont aux commandes de démontrer qu’ils s’en préoccuppent autrement qu’au travers de la distribution des porte-feuilles ministériels . A propos , que pense Jacques Attali du passage aux oubliettes de la majorité des propositions de sa commission .et des plus sensiblement significatives du souci des plus démunis ? Je n’ai pas aussi le sentiment que les forces en places ( et certaines de celles qui n’y sont pas d’ailleurs aussi) soient en état de prendre vraiment en compte les attendus et les …impacts des concepts fondamentauix mis en avant sur ce blog par notre hôte .

      3- pour les agriculteurs , j ‘ai cru comprendre que vous justifiez  » la situation  » par un jeu économique mondial ; ça n’est pas faux, mais que faîtes vous pour y mettre un terme ? Une « identité  » de la France n’est elle pas son enracinement agricole , ne mérite-t-elle pas un engagement actif du français digne et responsable que je reconnais en vous ? Viva Via Campesina !

    4. Avatar de Senec
      Senec

      Comment se fait-il que les revenus des agriculteurs baissent ?
      Comment se fait-il qu’on décrie publiquement l’agriculture et l’élevage ainsi que les produits de ce travail au bénéfice de produits totalement artificiels sortant exclusivement d’usines qui sont, elles, des multinationales qui alimentent avec des fonds très importants les « études scientifiques » qui valorisent ces produits artificiels au détriment des produits naturels de l’agriculture ?
      N’est-ce pas la même arnaque que pour le réchauffement climatique ?
      La margarine « trans », cancérigène et favorisant les maladies cardiovasculaires, a été vendue pendant 40 ans et est encore utilisée dans la fabrication des viennoiseries industrielles.
      Pourquoi continue-t-on ces deux poids et deux mesures ?
      Les agriculteurs voient leurs produits baisser alors que les produits sortant des usines augmentent sans être meilleurs pour la santé (loin de là), à part les mensonges de la publicité. Ils sont endettés de la même façon que les Etats auprès des financiers qui, eux, ne voient aussi que leur intérêt particulier qui n’est pas l’intérêt des populations, ni celui de la santé des consommateurs.
      Ne s’agit-il pas, quelque part, de la même menace contre le travail et le revenu des entrepreneurs et des travailleurs européens traditionnels et idem pour les travailleurs traditionnels américains. Certains financiers mondiaux ne sont-ils pas en train de s’amuser à ruiner tous les autres pour des motifs qui le regardent, mais qu’on peut supposer, tellement certains s’en cachent peu ! Ne serait-il pas temps de se rebiffer contre ces attaques malfaisantes et revanchardes ?

  19. Avatar de johannes finckh

    Réflexions sur la spéculation

    La monnaie anticrise règle-t-elle les problèmes posés par la spéculation ?
    La réponse ne m’est pas venue tout de suite, et ce n’est pas simple. L’effet est plutôt indirect comme nous allons voir.
    Fondamentalement, spéculer c’est, comme le mot l’indique, attendre et regarder ce qui se passe (speculare=regarder, ou aspettare=attendre).
    Ce qui nous « choque », me semble-t-il, nous, simple citoyen lambda, ce que nous semble obscène, c’est le côté voyeur du spéculateur. Le spéculateur fait un usage joueur de son argent, il attend et jouit, retire sans doute une jouissance du gain (ou de la perte ?) spéculatif.
    Ceci semble prouver qu’il a, au départ « trop » d’argent, tellement d’argent qu’il peut en user et abuser à sa guise.
    La question de l’effet de la monnaie anticrise (la monnaie fondante) sur la spéculation subsiste, mais on peut rattacher la réponse plus fondamentalement au risque du temps qui passe.
    La monnaie anticrise redistribue le risque autrement.
    En effet, la monnaie traditionnelle tire un avantage du fait d’être, en dehors de sa fonction d’échangeant comme la monnaie anticrise, aussi réserve de valeur au sens où son détenteur peut tirer avantage du fait d’attendre, d’hésiter et de différer sa décision d’achat. Le fait d’attendre n’est certes pas condamnable en soi, car il faut bien réfléchir et comparer, ce qui demande du temps.
    Ce qui pose, à mon sens, problème, c’est que le risque du temps qui passe est actuellement imputé au seul offreur de biens et services, pas à celui qui diffère sa décision d’achat dans un but d’en tirer avantage.
    Il doit être possible de se donner du temps, et cela l’est bien entendu aussi avec la monnaie anticrise. C’est là qu’il convient de noter la subtilité de la réforme proposée !
    Il ne s’agit en aucune façon d’une dévalorisation « violente » de l’avoir monétaire qu’a le détenteur, mais d’une petite perte régulière, fonction stricte du temps qui passe (par exemple 5,2% annuels ou 0,1% par semaine, le taux pourrait même, à terme être moindre dès lors que les biens et services produits s’inscriront dans une « durabilité écologique plus importante » – un des effets obtenus à terme par la monnaie anticrise).
    A ce moment-là, le spéculateur doit, comme tout un chacun, assumer sa part de risque. Et ce risque revient sous forme de gain à la collectivité avec la monnaie anticrise (ce qui n’est pas le cas avec la monnaie traditionnelle), car n’oublions pas que la BCE a pour mission, autant que possible, de maintenir l’indice des prix stables, en re-émettant autant de monnaie nouvelle que nécessaire.
    A supposer une spéculation massive sur de tel ou tel produit, par exemple la récolte du blé au marché de Chicago, cela renchérira nécessairement tout ce qui dérive du blé dans la vie, car le temps de la soustraction du blé (quelques mois dans les silos) et de la raréfaction qui en résulte modifie les rapports de tous les prix.
    En même temps, ce produit agricole sera, devant la perspective de hausse ainsi attendue, sans doute davantage semé, et les récoltes suivantes opéreront un retour à la normale, moyennant quoi les spéculateurs, qui savent cela aussi, se trouvent confrontés à des limites, disons naturelles, pour leurs appétits. Ce raisonnement s’applique à tous les biens et services reproductibles aisément.
    Il en va un peu autrement pour les ressources limitées, car on ne peut pas toujours produire autant qu’on veut, par exemple le pétrole, l’or et autres ressources minières rares. Ces objets trouvent une limite dans le fait que d’autres produits (l’énergie renouvelable par exemple, des alliages pour remplacer le platine dans certaines applications techniques, etc.) peuvent représenter une concurrence d’arbitrage des marchés.
    La spéculation foncière bâtie et agricole représente un autre problème délicat, car la raréfaction du sol du fait des abus spéculatifs qui peuvent très rapidement exercer un chantage comparable à celui de la rétention d’argent traditionnel. Là réponse est, là, à mon avis, une taxation suffisante et adaptée du foncier, ce qui oblige les détenteurs (inscrits au cadastre nécessairement !) à produire cette taxe ou à remettre en vente une partie de leurs acquisitions, et ceci permettra de contribuer à réguler le marché foncier. On pourra aussi imaginer des limitations de surfaces qu’un individu serait autorisé à détenir ou une appropriation collective des terrains par les municipalités par exemple et qui définit (comme c’est déjà le cas) l’usage qui doit être fait des terrains.
    Pour revenir à la spéculation plus purement financière, nous voyons donc que le problème posé est le fait que l’attente et la décision d’achat différé en soustrayant au marché des sommes liquides importantes pose le problème principal. Et justement, il me semble que la monnaie anticrise s’attaque au cœur de ce problème en imputant le risque du temps qui passe à ceux qui voudraient se mettre à profit ce temps-là dans le chantage capitaliste fondamental qu’est l’obtention d’un intérêt (fonction stricte du temps) pour le non-usage (l’abus, la mise en friche !) de leur pouvoir d’achat.
    Il convient cependant d’être modeste et prudent, car je ne pense pas que cela empêche dans le détail et au cas par cas des gains boursiers réalisés par des investisseurs « avisés » qui achètent et vendent avec chance et opportunisme aux bons moments. Mais aussi, cette façon de procéder est économiquement neutre, car l’acheteur transmet par son achat son pouvoir d’achat au vendeur qui doit à son tour le transmettre, toujours dans le but de ne pas perdre ou de perdre le moins possible lié au fait que le temps passe.
    Car, au fond, comme la mort, nul n’échappe au fait que le temps passe et que la monnaie anticrise exerce (dès son introduction) sur son détenteur (banque et particuliers) le doux et ferme rappel (une main de fer dans un gant de velours !) que le pouvoir d’achat lui appartient, certes, mais que l’instrument qui le véhicule (la monnaie) est une institution collective, publique et implique une responsabilité collective et sociale que la BCE est chargée de rendre efficace grâce à la taxe anticrise appliquée à la détention liquide, sans quoi, il lui est impossible de savoir ce qu’il en est de l’usage, de l’abus et de l’usure pratiqués par un petit nombre de capitalistes au détriment de l’immense majorité.
    En n’appliquant pas cette mesure anticrise, la BCE permet tous les excès les plus obscènes de la spéculation actuelle, et la principale « spéculation » consiste dans le fait de fait chanter le vendeur de biens et services en lui imputant la contrainte du temps qui passe tout en étant à l’abri de cela. Le « time is money » révèle que le capitaliste est, en fait, le rentier du temps (des autres !).

    1. Avatar de Paulo
      Paulo

      La monnaie anticrise règle-t-elle les problèmes posés par la spéculation ?

      Pourquoi seulement vous poser la question: la monnaie anti crise résout tout…

  20. Avatar de Moi
    Moi

    @jducac: « Elles ne peuvent pas résister longtemps face au grand capital. »

    C’est quoi ce préchi-précha très ambigü sur la mondialisation pour au final nous fourguer le livre de propagande libérale de Daniel Martin? Vous seriez pas un peu (beaucoup) faux-cul par hasard? 🙂

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ Moi 15 décembre 2009 à 15:24
      Vous avez eu raison d’accrocher sur la formulation non orthodoxe que j’ai osé employer pour qualifier ce que j’appelle aussi un grand capital. Disposer d’un capital humain à bas niveau de vie est très redoutable pour luter contre l’économie de pays plus développés. Quand cela met en œuvre des millions de travailleurs pauvres, en Europe de l’Est et Centrale ou en Asie ce capital est grand, même si ce n’est pas ce qu’on entend généralement sous le terme grand capital. Pour moi, un capital est avant tout une réserve de travail réalisé ou de travail potentiel.
      Quant à Daniel Martin, je ne connais pas cette personne que je respecte comme toute personne, même opposante à mes idées. Je l’ai découverte par ce texte qui ne parle pas de libéralisme :
      http://www.danielmartin.eu/Arg/Integration.htm
      Effectivement, il a beaucoup écrit sur d’autres sujets souvent abordés sur le blog de Paul Jorion, pas forcément avec la même approche, ni à partir de la même expérience. La pluralité d’éclairages ne me semble pas être nuisible pour enrichir les débats. J’ai même la faiblesse de croire que si le présent blog se classe au top des blogs sur l’économie, c’est un peu parce qu’il n’est pas sectaire. C’est peut-être aussi parce que les interventions y sont en général de bonne tenue, les intervenants ayant à cœur de se respecter même en cas de divergence de vues, en évitant les termes discourtois qui ne grandissent surtout pas ceux qui les emploient.

    2. Avatar de Moi
      Moi

      @jducac : au risque d’être impoli, je vous crois très hypocrite. Et ce n’est pas une question d’accepter ou pas des opinions différentes, qui sont toutes défendables. C’est une question de franchise, je n’apprécie pas les personnes qui avancent masquées. Je tenais à vous faire savoir ce que je pensais de cette attitude, voilà qui est fait donc je n’insisterai pas (ceci n’étant pas un forum et le sujet ne portant pas sur un débat de fond).

      Pour le reste, cette opinion n’engage que moi, pas le blog en général ou son gestionnaire.

    3. Avatar de jducac
      jducac

      @Moi 15 décembre 2009 à 15:24
      Vous ne me faites pas confiance, soit ! Vous n’êtes pas le seul français à manifester de la défiance à l’égard de ses concitoyens. C’est certainement une caractéristique nationale qui nuit surtout à notre communauté de français.
      http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS09.pdf
      http://www.desirsdavenir.org/node/26579
      Propager ce vilain sentiment est-il vraiment le seul message constructif que vous ayez trouvé à communiquer pour affirmer votre moi ? Si oui, je vous plains sincèrement d’autant que vous n’hésitez plus maintenant à entrer dans de la violence verbale qui n’a rien à faire sur ce blog.
      Je n’avance pas masqué puisque mes premières interventions sur ce blog ont été les suivantes.
      http://www.pauljorion.com/blog/?p=2486#comment-21164
      http://www.pauljorion.com/blog/?p=3382#comment-29158
      Aurez-vous le courage de la réciprocité, voire même de consentir à des excuses ?

  21. Avatar de daniel
    daniel

    @ spécial juan nessy 15 décembre 2009 à 11:56 :

    [Ce n’est rien qu’un avis]
    Ne chargez pas la barque au-delà de ses lignes d’eau.
    Il n’existe pas d’idée, aussi géniale soit-elle, à même de tout résoudre.
    La solution à un type de questions donne juste le droit d’examiner la suivante.
    Nous sommes condamnés, ici et ailleurs, à trébucher de problèmes en problème.
    Et ce sans repos, autre celui que l’on se donne arbitrairement.
    Tout vouloir, ou vouloir la perfection, nous expose à l’impuissance…
    Et accordons-nous le droit à l’erreur ou à l’imperfection; les améliorations
    seront toujours possibles, avec de la vigilance.
    Mais d’abord, le grain de sable.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Si le grain de sable est génial ( Paul Jorion a d’ailleurs l’air de penser que c’est au moins un rocher ) , il doit pouvoir résoudre pas mal de chose dès sa naissance . On peut même penser que l’idée de génie s’est nourrie , pour naître , de la connaissance du terrain . Elle ne devrait donc pas avoir de difficultés à y retourner très vite .

      Mais bon , je veux bien patienter …trois mois , pas plus .

  22. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Les grands esprits se rencontrent , enfin au moins les esprits . Pour enfoncer le clou des « impacts » :

    http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/etudes-impact-projets-loi-quel-controle.html

    La première des lois étant la constitution ,vous n’y échapperez pas si vous voulez écrire une constitution économique .

    1. Avatar de André
      André

      juan nessy,

      Je ne crois pas que, en matière constitutionnelle, il faille procéder à des études d’ « impacts » préalables.
      Toute Constitution pose des principes généraux dont le Parlement détermine, ultérieurement, les modalités d’application (c’est du moins ce qui se passe dans mon pays, la Belgique : la Constitution d’une part, les lois institutionnelles d’application d’autre part).
      Bien sûr, ces principes généraux doivent revêtir un degré certain de « faisabilité » : à cet égard, vous conviendrez sans doute que la préconisation de Paul Jorion (interdire les paris sur les fluctuations de prix) est « faisable » et, comme telle, peut figurer dans n’importe quelle Constitution, moyennant une exposé clair de ses motifs (qui relèvent de considérations essentiellement politiques). Le travail proprement technique (et donc l’étude des « impacts » du principe général et leur prise en compte) est à effectuer lors de la prise des mesures d’exécution du principe général.

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Vous avez juridiquement complètement raison (même en France ) et c’est un peu à l’estomac que j’arguais de ce principe légal pour mettre la pression sur Paul Jorion .

      Il n’empêche , en dépit de mon absence d’ascendance hollandaise ,  » je maintiens » .

      Pour avoir moi même du conduire pas mal d’études d’impact , j’ai appris à en connaître les limites ( celles de celui qui finance l’étude ) mais aussi les immenses vertus qui obligent par la résistance « du terrain  » à réinterroger sa copie et surtout la rendre compréhensible à ceux qui vont la subir .

      Pas d’impacts , pas de suisses ( électeurs )!

  23. Avatar de Arlequin
    Arlequin

    S’agissant du lait:
    Les prix ont pris 20 l’année dernière, ils ont perdu 20 cette année. Donc bon… La prime qui allait aux entreprises coopératives/industriels) pour soutenir l’exportation est maintenant attribuée aux producteurs par l’UE. Les aides de stockage-destockage (il s’agit de matière vivante périssable dans la journée si non transformée) permettait un effet de « lissage » par les entreprises elles-mêmes, qui n’est plus possible aujourd’hui. Or la volatilité est extrême et les marges minimalistes. Auparavant on « connaissait » le prix à 6 mois. Aujourd’hui à 15 jours près on ne sait pas si le prix définira une plus value ou une vente à perte! Les décisions cruciales, d’achat ou de vente, qui font la vie ou la mort d’une structure, peuvent se prendre à l’heure près. Les entreprises assument la totalité du risque, les garde-fou ayant été reportés sur les producteurs. Evidemment il n’y a que sur ces derniers qu’elles peuvent faire pression pour rester en vie, et c’est là le drame (toutes les PMEs ne sont pas Candia…).

    Curieusement, depuis quelques jours, plus personne n’achète, de manière brutale, et ceci dans le monde entier (Asie, Afrique incluses). Certains estiment que c’est dû aux fêtes de fin d’année. D’autres commencent à se demander sérieusement s’il n’y a pas de situation d’entente, rendue possible par la disparition de tous les garde-fous. Après tout il suffit que la cinquantaine de gros acheteurs/vendeurs (hollandais…) se mettent d’accord pour faire chuter les prix juste avant la fin de la vente à terme pour ramasser un juteux bénéfice. Par contre ce qui n’ont pas profité de la vague « reprise » des deux derniers mois pour vendre sont mal… très mal même.

    Ce marché est peut-être le plus concurrentiel de tous les marchés. Peu de secteurs en effet peuvent lui être comparés sous cet aspect. Et la distribution des rapports de force/pouvoir à toutes les étapes (de la guerre entre producteurs aux marges arrières des grandes surfaces, jusqu’aux enjeux géopolitiques qui sont liés à l’alimentation sans oublier la concurrence entre industriels/coopératives) dans un contexte de mondialisation qui tire sans cesse les prix vers le bas posent des problèmes quasi insolubles.

    1. Avatar de Fab
      Fab

      Bonjour,

      La manière dont vous présentez la gestion du prix du lait masque à mon sens un problème fondamental : vous parlez de producteurs de lait. Que pensez-vous qu’il puisse advenir de la filière si l’on s’appliquait à parler d’éleveurs ?

      Connaissez-vous la quantité journalière recommandée de calcium ? Si l’on suppose que le lait soit la seule source d’apport en calcium, ne pensez-vous pas que sa « production » dépasse les limites du raisonnable ?

  24. Avatar de Étienne Chouard

    Bonjour.

    Ce que dit Allais – et qui rejoint Jorion parce que le résultat de sa proposition serait une limitation drastique des paris insensés, et pas seulement sur les prix –, c’est qu’il faut CESSER DE DONNER AUX ACTEURS LE MOYEN DE PARIER AVEC DE L’ARGENT QUI N’EXISTE PAS.

    Autrement dit, les acteurs seraient naturellement plus raisonnables s’ils pariaient avec de l’argent vrai, – le leur ou celui de quelqu’un qui se prive pour le leur laisser–, et PAS AVEC DE L’ARGENT-DETTE offert à gogo par des banques qui le créent sans limite réelle depuis qu’elles sont en charge d’écrire elles-mêmes leurs propres contraintes (il faut se rappeler que les accords de Bâle ont été mis au point par les banquiers eux-mêmes).

    Vous noterez que, là aussi, mon idée phare (ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ; il faut séparer le pouvoir constituant des pouvoirs constitués : il ne faut pas que ce soit les mêmes hommes, ni les mêmes partis, qui régulent le pouvoir et qui l’exercent), mon idée, donc, fonctionnerait sans doute très bien en matière de finance et de justice sociale : faites écrire les contraintes bancaires par d’autres hommes que les banquiers – en écartant aussi soigneusement les marionnettes qui leur doivent tout ! –, et vous aurez pris le problème de la meilleure manière : À LA SOURCE.

    Autrement dit, encore une fois, selon Allais et d’innombrables penseurs illustres depuis 200 ans, c’est la possibilité offerte par le législateur (sans doute corrompu) à des privilégiés de créer des moyens de paiement largement illusoires en quantité quasi illimitée qui explique en profondeur toutes les crises financières du capitalisme.

    Je trouve que c’est fortement vraisemblable.

    Mais tous ces penseurs, par contre, ignorent complètement l’importance du processus constituant dans la genèse du problème et donc dans sa solution : qui a écrit d’aussi mauvais contrôles ? Voilà la bonne question. En résumant ma façon de voir : tant que L’ÉLECTION permettra aux riches d’acheter le pouvoir politique, on n’en sortira pas : pas de justice sociale en dehors du TIRAGE AU SORT DES REPRÉSENTANTS POLITIQUES (et du CONTRÔLE quotidien des tirés au sort qui doit être institué en même temps).

    Paul : si les acteurs devaient parier avec leur propre argent (au sens que tu donnes toi à ce mot), les paris (sur les prix et sur le reste) ne seraient-ils pas mieux régulés ? Autrement dit, est-ce qu’il n’y a pas là un point de convergence entre vos propositions, celles de Maurice Allais et les tiennes ?

    Étienne.
    _________________

    Les convictions sont des ennemies de la vérité,
    parfois plus encore que le mensonge.
    Nietzsche.

    1. Avatar de Tchita
      Tchita

      Ouille! Je sens repoindre le débat sur la création ex nihilo de l’argent par les banques…
      Attention à ne pas confondre argent et dette, du moins dans l’acceptation du terme faite par Paul.
      Lisez l’argent mode d’emploi, ce point y est largement abordé.

    2. Avatar de Paulo
      Paulo

      Allais dit aussi quelques petites choses à propos de la bourse et de la spéculation
      http://osonsallais.wordpress.com/resume-des-propositions/

    3. Avatar de Paul Jorion

      Ce texte n’est pas de Allais, il est écrit – comme il est dit – par un « de ses amis, élèves ou “disciples” ».

    4. Avatar de Paulo
      Paulo

      Étienne Chouard nous aurait-il enfumé et résumé ( ici:
      http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/La_crise_mondiale_d_aujourd_hui_Maurice_Allais_1998.pdf ) non pas le livre d’Allais mais d’on ne sait qui ?

      On ne peut plus se fier à personne… 🙄

    5. Avatar de Paul Jorion

      Je reproduis la note No 11 de cet article de Maurice Allais intitulé « La crise mondiale d’aujourd’hui » (1998), qui dit ceci :

      Sur les crises du XIXe siècle, Clément Juglar écrivait déjà en 1860 : « Les crises commerciales sont le résultat d’altérations profondes dans le mouvement du crédit… Qu’est-ce que le crédit, le simple pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer ? … La fonction d’une banque ou d’un banquier est d’acheter des dettes avec des promesses de payer… La pratique seule du crédit amène ainsi, par l’abus qu’on est porté à en faire, aux crises commerciales.

      Le crédit est le principal moteur, il donne l’impulsion; c’est lui qui, par la signature d’un simple effet de commerce, d’une lettre de change, donne une puissance d’achat qui paraît illimitée… Ce qui favorise le développement des affaires et la hausse des prix, c’est le crédit… Chaque échange d’un produit donne lieu à une nouvelle promesse de payer… » (in Clément Juglar. Des Crises commerciales et leur retour périodique. 1860. 2ème édition, 1889)

      Le lecteurs de « L’argent, mode d’emploi » auront noté l’identité parfaite entre ce que je dis dans ce livre et ce que disait Clément Juglar en 1860.

      Par contre quand Allais appelle « création ex nihilo de moyens de paiements bancaires » ce que Juglar appelle « promesse de payer » et moi-même « reconnaissance de dette », il introduit une totale confusion dans l’explication de ces mécanismes.

      Je suppose que le fait d’avoir appelé Clément Juglar la maison d’édition qui édite ses livres, reflète chez Allais une grande admiration pour cet auteur. Il aurait dû à mon sens rester beaucoup plus proche de la pensée de Juglar, qui avait lui le talent de s’exprimer clairement.

  25. Avatar de Rumbo

    J’ajoute à ce que dit Étienne Chouard, @ 16 décembre 11:32, avec lequel je suis très d’accord, que lorsque qu’on fait des propositions concrètes et précises (enfin considérées comme telles), dont beaucoup sont d’ailleurs fondées comme celles de Paul, je commenterais qu’elles ne se situent pas assez en amont. En effet quand on parle de prix, y compris pour en interdire salubrement leur fluctuation, qui dit prix dit monnaie. La monnaie est concomitante au prix, elle en est le support. Ainsi, il y a d’abord la proposition que les banques aient une couverture monétaire à 100%-monnaie.
    Dit rapidement, est-ce acceptable que plus de ~80% de la masse monétaire soit le joujou des banques? Les banques commerciales ne devront prêter QUE l’argent de leurs déposants. Ceci mettra tout le monde au pied du mur pour terminer avec le « western » bancaire qui bénéficie de la complaisance active des États.

    Enfin, en ce qui concerne la bourse, Allais propose (1998 ou 1999) :

    Pour être fondamentalement utile, ce qu’ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :

    – Le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement à partir de rien par le système bancaire, doit être rendu impossible;

    – Les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent considérablement augmentées et ells doivent consister en liquidités;

    – La cotation continue des cours doit être supprimée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotisation par jour pour chaque valeur;

    – Les programmes automatiques d’achat et de vente doibent être supprimés;

    – La spéculation sur indices et les produits dérivés doit être supprimées

  26. Avatar de Rumbo

    Une précision, je n’ai pas lu tout de suite le message de Paulo ci-dessus @, 16 décembre 14:32, mais il n’en demeure pas moins que si ceci pas de Allais lui même, cela va dans le même sens que lui. Quant à moi, c’est surtout pour rappeler la nécessité d’une couverture à 100% monnaie, en amont des prix. Pour reprendre une expresion utilisée par Paul ci-dessus: qui peut le plus peut le moins. Tel est le cas de la couverture à 100%-monnaie

  27. Avatar de Paulo
    Paulo

    De toute façon, quelque soit l’origine des propositions ci dessous, la question est surtout de savoir si vous êtes d’accord sur celles ci:
    – le financement des opérations boursières par le crédit doit être rendu impossible ;
    – les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;
    – la cotation continue des cours doit être supprimée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;
    – les programmes automatiques d’achat et de vente doivent être supprimés ;
    – la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.

    Et si non, ce serait intéressant que vous puissiez nous expliquer pourquoi.

    1. Avatar de Tchita
      Tchita

      Les réponses à certaines de vos questions sont induites par la maintenant fameuse interdiction du pari sur les prix:

      Pour reprendre ce que je disais quelques posts plus haut, par exemple sur le second point, la notion de marge sur les achats et ventes à terme disparait carrément dans ce cadre là, puisque poser une option d’achat se conclue forcément par un achat effectif (et non pas compensé par une option vente comme c’est fait dans 90% des cas aujourd’hui). De même si vous posez une option vente, vous devez livrer (donc avoir produit) la quantité de ressource en question.

      Les autres points n’ont pas plus de raison d’être, puisque dans l’optique de l’interdiction des paris sur les prix, il n’y a PLUS de cotation! Le seul moyen d’entrer au capital d’une entreprise c’est de procéder à une augmentation de capital, donc d’apporter de l’argent frais. Il est vrai toutefois qu’on peut se poser la question de la provenance de cet argent, mais je ne pense pas que ça change fondamentalement la donne.

      La proposition de Paul est bien plus radicale que celles de Maurice Allais. En fait elle a le mérite de les englober en une seule phrase.

    2. Avatar de Paulo
      Paulo

      > Tchita

      Donc, plus de bourse d’actions d’après vous. Si on rentre dans le capital d’une entreprise, c’est « à vie » ?
      J’aimerais entendre l’avis de Paul Jorion sur ce point …

    3. Avatar de Tchita
      Tchita

      Moi également! C’était le sens de mon premier post. Ca me paraît effectivement plutôt radical, mais à bien y réfléchir, j’y vois bcp d’avantages et peu d’inconvénients!
      Les marchés secondaires ne présentent aucun avantage pour les entreprises et constituent le coeur de la spéculation, alors pourquoi les conserver?

    4. Avatar de Paulo
      Paulo

      > Tchita
      Vous pensez vraiment que quiconque va encore investir dans une entreprise, que ce soit à sa création ou lors d’une augmentation de capital, s’il n’a aucune possibilité d’en sortir ?

      Alors, cette idée d’interdiction de pari sur les prix, dans ce cas, ne tient pas debout (et il y a certainement pleins d’autres cas où c’est pareil, ie l’achat d’un logement qui est toujours un pari sur un prix futur)

      Alors, il va bien falloir préciser le cadre de cette interdiction, et je pari 😉 que Paul sera obligé d’arriver à quelque chose proche des propositions d’Allais en ce qui concerne la bourse et l’appel à l’épargne publique nécessaire à l’investissement.

      Et vous arriverez certainement, après avoir un tant soit peu réfléchi, à vous dire que  » la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée  » , et que ce serait déjà une belle avancée.

    5. Avatar de Paul Jorion

      @ Paulo

      … l’achat d’un logement qui est toujours un pari sur un prix futur

      Toujours la même tentative de noyer le poisson !

      « Pari » pris au sens strict : deux parieurs, dont l’un gagne et l’autre perd à l’issue du pari.

    6. Avatar de fujisan

      Tchita dit : « La proposition de Paul est bien plus radicale que celles de Maurice Allais. En fait elle a le mérite de les englober en une seule phrase. »

      En effet, mais la proposition de Paul se situe au niveau d’une Constitution, de principes supérieurs quels qu’en soient les modalités pratiques existantes où encore à inventer par les « génies » de la finance. Tel que je le comprend, toute pratique nuisible présente ou à venir serait anticonstitutionelle. Mais ce n’est pas une garantie absolue : des principes constitutionnels ou des traités internationaux sont bafoués tous les jours sans que leurs auteurs soient même inquiétés. C’est comme les 10 commandements de l’économie et de la finance : « Tu ne fera pas de paris sur l’évolution des prix. »

      Alors que les propositions de Maurice Allais et d’autres se situent au niveau technique. Elles visent à interdire ou limiter des pratiques nuisibles existantes, mais ne préviennent aucunement les contournements que les « génies » de la finance ne manqueront pas de chercher. Bref, c’est le petit bout de la lorgnette.

  28. Avatar de Paulo
    Paulo

    Est ce que l’achat et la revente d’immobilier ne sont pas des paris entre vendeur et acheteur? Mais il est vrai qu’ils peuvent tous les deux être gagnants « de leur point de vue ».
    Il en est de même en ce qui concerne l’achat vente d’actions
    Et je n’essayais de noyer le poisson, simplement à montrer à Tchita que l’application de la proposition d’interdiction de pari sur les prix dans le cas de la bourse ne tenait pas debout.

    Mais revenons sur cette idée de « deux parieurs, dont l’un gagne et l’autre perd à l’issue du pari. »
    … je dirais: qu’est ce qu’on en a à faire, puisque les deux parieurs sont conscients qu’ils font un pari.
    L’un gagnera, l’autre perdra… et après. Pourquoi voulez vous défendre le perdant.
    Certains parient au PMU, d’autre parient au Loto : vous vous attaquez à la liberté individuelle là.
    C’est quand les paris sont truqués (programmes automatiques d’achat et de vente par exemple) ou « paris sur les paris » ( les indices et les produits dérivés) que ça pose problème.

    Quand à la création de monnaie par monétisation de créance d’un acteur non bancaire (ah non, je veux dire émission de reconnaissances de dette de banques commerciales, créances échangeables qui circulent entre différents détenteurs et qui sont reconnues partout comme moyen de paiement mais qui ne sont pas de la « monnaie »), je vois que vous avez du mal à intégrer ce fait.

    1. Avatar de Paul Jorion

      … parce que le perdant doit probablement de l’argent à quelqu’un d’autre qui doit lui-même de l’argent à quelqu’un d’autre… fragilisant le système dans son entièreté ! Paulo, achetez « L’argent, mode d’emploi » et lisez-la. Vous ferez un bon investissement !

    2. Avatar de Fab
      Fab

      Qu’est-ce qui empêche l’acheteur d’acheter à prix bas et de revendre à bas prix ?

    3. Avatar de Alexander
      Alexander

      @ fab
      Parce que le prix du marché (ultérieurement) est supérieur au prix auquel « l’acheteur » a acquit un droit de propriété (une action) ) dès lors la vente de ce droit se fait à un prix supérieur au prix d’achat, c’est à dire au prix du marché, une vente à un prix qui diffère significativement est illégal ou en tout cas soumis à l’examen de l’autorité des marchés

  29. Avatar de Paulo
    Paulo

    J’ai lu, et je ne suis pas d’accord avec vous … Au moins, c’est clair.

    1. Avatar de Tchita
      Tchita

      >Paulo

      Est-ce que quelqu’un voudra investir dans une entreprise s’il ne peut plus en sortir? Bien sûr que non s’il existe comme aujourd’hui un moyen de gagner 15-20% (même si ce n’est pas vrai à long terme) par an en mettant son argent dans le grand casino, c’est certain!
      Toutefois, si on arrête ce genre de placement hasardeux et vampiriques en fermant les marchés secondaires, qu’est ce que ceux qui ont de l’argent vont en faire?
      Leur argent ne leur servira à rien s’ils ne peuvent pas « jouer » avec. Ils pourront toujours s’asseoir sur leur tas d’or s’ils le désirent, mais quand ils auront fini de bouder, que leur restera il comme choix?

      L’argent n’a de valeur pour l’économie réelle que s’il y est ré-injecté.

      Maintenant je vous accorde qu’il y a un certain nombre de difficultés pratiques dans l’interdiction totale des marchés secondaires. Sans porte de sortie, la liquidité de l’argent est tellement réduite qu’elle peut amener une panne sèche de l’économie. Pourquoi ne pas envisager que les parts achetées à un prix donné soient rachetables à ce même prix (indexé sur l’inflation, quand même) quelle que soit la durée de possession de la part? Ca n’interdit pas le profit par apport de capital puisque il y a rémunération par les dividendes et ça permet de récupérer ses billes quand on en a besoin. En revanche il n’y a plus aucun intérêt à pressurer l’entreprise puisque ça ne fera pas monter le cours de l’action!

  30. Avatar de Paulo
    Paulo

    > Tchita

    Deux moyens principaux actuellement de financer une entreprise nouvelle

    – l’appel à des investisseurs (ou spéculateurs privés) …mais qui va aller risquer ses sous si c’est soit pour ne rien gagner, soit pour tout perdre ? . Mais vous avez raison… les investisseurs demanderont de biens plus gros dividendes: votre système au final n’aura servi à rien.

    – le financement bancaire … et vous pensez que les banques, lorsqu’elles monétisent une créance, c’est à dire l’espoir d’être remboursées avec intérêt, ne font pas un pari ? Faut-il aussi interdire celui là entre 2 personnes morales?

    Ceci dit, sur ce 2° mode, je pense que oui: il est anormal que les banques puissent demander et obtenir des intérêts sur la monnaie (monnaie-dette) qu’elles fabriquent. Cette fabrication de toute la monnaie devrait être réservée à la collectivité et non accordée à des entreprises privées.

    1. Avatar de Paul Jorion

      … je pense que oui: il est anormal que les banques puissent demander et obtenir des intérêts sur la monnaie (monnaie-dette) qu’elles fabriquent.

      J’ai une autre question : puisque – selon vous – cette monnaie, les banques l’ont fabriquée, n’est-il pas encore beaucoup plus anormal qu’elles osent exiger qu’on la rembourse ? Pourquoi serait-il anormal qu’on doive payer des intérêts sur de la monnaie fabriquée et normal qu’on doive la rembourser ? Après tout, les intérêts annuels représentent des sommes relativement faibles par rapport au montant emprunté. Pourquoi ces deux poids deux mesures dans votre indignation ?

    2. Avatar de Tchita
      Tchita

      >Paulo

      Vous pointez du doigt un des problèmes principaux actuels: le rapport de force entre possédants et entreprises. Qu’est ce qui fait aujourd’hui qu’un actionnaire important peut quasiment demander à une entreprise de se trancher la gorge à plus ou moins long terme juste pour faire monter le prix de l’action? Tout simplement parce qu’il y a concomitance d’intérêts entre actionnaires et dirigeants d’entreprise. Si ce n’était pas le cas mais que les dirigeants d’entreprise avaient réellement comme intérêt que leur entreprise aille bien, le rapport de force serait bien différent.

      D’où l’obligation d’une refonte du mode de rémunération et de nomination des dirigeants d’entreprise! D’où l’interdiction des stock options, même si à mon humble avis ça ne suffira pas.

      Dans un rapport de force à nouveau tri-partite et non bipolaire comme actuellement, les actionnaires pourraient toujours exiger des dividendes mirobolants, ça n’aurait pas grande importance car ils ne seraient pas accordés! Ce qui inciterait à donner les dividendes importants , ce serait uniquement l’espoir d’attirer de nouveaux investisseurs qui augmenteraient le capital de l’entreprise. Là tout le monde s’y retrouverait.

      En ce qui concerne votre deuxième point, un prêt ne saurait constituer un pari au sens donné par Paul Jorion car il n’y a pas au bout du compte un gagnant et un perdant. Quand la banque prête de l’argent elle s’expose au risque de ne pas être remboursée. L’emprunteur lui s’expose au risque de ne pas pouvoir rembourser, donc de perdre son entreprise, sa maison, ses biens, etc. Les deux parties ont intérêt à ce que la transaction se passe bien!
      Et si elle se passe bien, tout le monde y a gagné: l’entreprise a pu investir et la banque a perçu des intérêts.
      Si ça se passe mal, tout le monde perd.

      Les problèmes commencent quand l’un des deux cherche à transmettre ce risque à quelqu’un d’autre (titrisation, dévoiement de la fonction assurantielle par mécanismes type CDS, etc.). Mais ceci constitue alors un pari sur un prix et tombe sous le coup de la fameuse interdiction.

    3. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Quel chemin parcouru depuis un an par l’idée de Paul Jorion sur l’interdiction des paris sur la fluctuation des prix !
      On est maintenant dans le vif du sujet en évoquant ses — logiques – conséquences en cascade.
      On sent en ce moment un enthousiasme palpable sur le blog.
      Je crois que nous n’en mesurons pas encore toutes les conséquences. Et encore moins ceux qui ne sont jamais venus sur le blog.
      Allez, c’est bientôt les fêtes, n’ayons pas peur des mots, il y a un peu (beaucoup) de génie dans tout cela. 🙂

      L’idée, inexorablement, prend de la puissance et vient petit à petit agréger toutes les thématiques relatives à la crise, rien ne pourra plus l’arrêter, hormis la force brute ou la coalition d’intérêts puissants, qui ne demeureront puissants qu’aussi longtemps que le système actuel tiendra ou du moins tant que celui-ci sera encore supposé amendable par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir.
      La force de cette mesure, cela a déjà été dit, c’est sa simplicité, une simplicité qui tient à la pertinence de l’analyse qui la sous-tend, une analyse qui dépasse le cadre strictement économique mais qui rendra caduc l’ordre économique existant. En somme, cette mesure pivot qu’est l’interdiction des paris sur la fluctuation des prix est une analyse rationnelle, pertinente, parce qu’ouverte sur le réel et ses multiples facettes.

      Quelques notions clés et complémentaires :

      chiquenaude (interdiction des paris sur les prix) ⇢ dimensionnalité de l’argent ⇢ rapport de force dans le jeu capitaliste à trois ⇢ société

      (la petite flèche indique une influence)

      surdétermination des théories
      modélisation et réalité
      bifurcations de l’histoire
      structure et sentiment

      Raison dans l’Histoire.

      Tout se passe comme si Paul abattait ses cartes — développe ses idées — selon un processus dont la temporalité est en phase avec celle de la crise elle-même. Mon sentiment c’est que ce n’est pas un hasard, mais vient du fait que de par ses activités passées ses centres d’intérêts tout convergeait pour qu’il se donne et trouve les moyens d’analyser cette crise et quelque moyen d’y remédier.
      Les sceptiques feraient bien de prendre en considération toutes les facettes de la pensée de Paul Jorion avant d’émettre quelque jugement négatif et définitif sur sa proposition phare.

    4. Avatar de jducac
      jducac

      @ Pierre-Yves D. 17 décembre 2009 à 00:46
      « On est maintenant dans le vif du sujet en évoquant ses – logiques – conséquences en cascade. » dites vous, rejoignant en cela le besoin d’étude d’impact que juan nessy évoque sans relâche.
      L’avantage de ce que propose Paul réside dans la simplicité. Pour moi, c’est plus facile à cerner que la monnaie fondante. Mais la simplicité de compréhension ne veut pas forcément dire pertinence d’application dans les lieux et dans les temps prévus. Cela conduit parfois à des dégâts tels que ceux engendrés chez Auspitz et ailleurs par les 35 heures. Autrement dit, j’imagine parfaitement que les 35 heures et ce que préconise Paul soient des solutions tout à fait applicables, dans quelques décennies ou siècles, lorsque le monde se sera unifié en termes de territoires et de gestion des richesses qui y subsisteront encore. Actuellement, est-ce bien réaliste ? Est-ce plus réaliste que de laisser-croire à tous les pauvres qu’ils pouvaient tous par la magie des subprimes devenir propriétaires de leur maison ? Est-ce plus sage que le laisser croire à de bonnes affaires en achetant des titres porteurs de risques impossibles à identifier ?
      Que restera-t-il comme possibilités aux bons pères de familles pour gérer au mieux leur capital d’économies laborieusement constitué en vue de couvrir leurs besoins futurs sans être à la charge de leurs descendants ou de la collectivité ? Plus de marchés financiers. Plus de marchés boursiers. Que faire ? Tout consommer au jour le jour ?
      Dites-moi ce qui subsisterait comme moyens de gestion de son patrimoine, de ses économies !

    5. Avatar de fujisan

      jducac dit : « Que restera-t-il comme possibilités aux bons pères de familles pour gérer au mieux leur capital d’économies laborieusement constitué en vue de couvrir leurs besoins futurs sans être à la charge de leurs descendants ou de la collectivité ? »

      Je vous ai peut-être mal compris, mais dans tous les cas de figures, les besoins futurs des bons pères de familles sont toujours à la charge de leurs descendants ou de la collectivité. En effet, un pensionné (s’il est inactif) consomme des biens et services produits par d’autres. L’épargne, les fonds de pension ou tout autre placement ne produisent rien par eux-même, ce ne sont que des promesses de biens et services qui sont fournis par des personnes en chair et en os. En Belgique, on parle de « Pacte des Générations », mais il semble y avoir une incompréhention totale de ce qui est réellement en jeu. La finance ne peut par elle-même produire comme par magie des biens et services réels. Une banque centrale peut créer ex-nihilo autant d’euros qu’elle veut, mais on ne se nourrit pas d’euro. On se nourrit d’aliments biens réels qu’une banque centrale ne peut créer ex-nihilo. On ne sort pas de là.

      Voir aussi: http://jcbonsai.free.fr/cc/CH14.html

    6. Avatar de jducac
      jducac

      @fujisan 17 décembre 2009 à 15:52
      Merci d’avoir amené la contradiction pour faire avancer le débat. Les uns et les autres, nous ne percevons pas la marche de l’économie de la même manière. En discuter permet de nous rapprocher, même si a priori nous n’avons pas les mêmes idées.
      J’ai lu le bouquin de Paul « Argent mode d’emploi » et cela m’a beaucoup aidé. A la fin de la lecture j’étais encore gêné car je n’arrivais pas à me faire une idée palpable (mes origines de travailleur manuel depuis plusieurs générations) de ce qu’est fondamentalement l’argent en dehors d’être un moyen d’échange. J’en suis arrivé à me représenter un capital (petit ou grand) comme un stock de travail réalisé qui donne le pourvoir d’en faire réaliser d’autre sans rien devoir à personne.
      Je suis désolé, mais un être vivant qui ne produit pas de biens ou de services et qui n’a pas capitalisé de droits à faire travailler sous forme de capital, réduit le niveau de vie de se descendants ou de la collectivité. Ma mère qui a 95 ans doit débourser chaque mois près de 2000€ pour couvrir ses frais de maison de retraite qui sont loin d’être couverts par sa petite retraite et les aides d’état.
      Mettez-vous à la place de ses descendants si elle n’avait pas fait quelques économies et s’ils étaient agriculteurs dont les revenus ont considérablement baissé malgré les aides de la PAC.
      Sincèrement, reconnaissez que repousser à plus tard le devoir de travailler pour faire face à ses besoins présents ou à venir, ces hypothéquer le niveau de vie des générations futures. Mesurez-bien ce que veut dire en terme de niveau de vie le fait d’avoir ou ne pas avoir d’enfants ou de personnes âgées à charge. Une charge est une réduction de revenu disponible, donc de niveau de vie.

    7. Avatar de fujisan

      @jducac

      Je me suis sans doute mal exprimé. Alors je vais prendre un chemin détourné. Je pense que l’argent, l’épargne ou les dettes sont secondaires ici, car ce ne sont après tout que des droits à prendre ce que d’autres produisent au moment où cet argent est utilisé. En l’occurence « les autres » sont les générations actives suivantes.

      Pensez aux sociétés dites « traditionelles » qui vivent sans argent. Le « Pacte des Générations » est : les parents élèvent leurs jeunes enfants, charge à ces derniers de leur rendre la pareille quand leurs parents seront vieux. Pour le coup c’est personifié, alors que dans nos sociétés dites « développées », c’est impersonnel car cela transite par l’intermédiaire d’un Etat Providence duquel on attend tout et n’importe quoi sous prétexte qu’on a payé des impôts et charges sociales. Mais à part l’appareil d’état, il n’y pas grande différence de principe, c’est la génération suivante qui s’occupe réellement de « ses vieux », qui produit leur nourriture et l’argent est secondaire ici. Un état (ou la BCE) aura beau créer autant d’argent qu’il veut, ce n’est pas l’état (ou JC Trichet) qui produit personnellement la nourriture de tous « ses vieux » ni ne s’occupe personnellement d’eux tous. Ils ne peuvent leur donner que de l’argent qui est en soit éminement indigeste (et même sans doute toxique). Ce sont les actifs du moment qui fournissent effectivement les biens et services aux inactifs.

      Pensez aussi aux guerres. Les soldats s’entretuent et ne produisent rien, au contraire, ils détruisent. Les usines d’armement tournent à plein régime mais ne produisent rien d’utile… Bref, il y a pénurie de main d’oeuvre réellement productive, rationnement, marché noir… Vous me direz peut-être que nous sommes maintenant en surcapacité de production. Oui, mais uniquement parce que la production est industrialisée, y compris l’agriculture. Et toute cette industrie ne tourne que grâce à l’énergie quasi gratuite qu’elle consomme en quantités astronomiques et exponentielles. Moins d’énergie signifie moins d’industrie et de nourriture industrielle. Pas d’énergie signifie pas d’industrie. Ici aussi l’argent n’y change rien, une banque centrale ne peut créer du pétrole ex-nihilo. On peut mentir tant qu’on veut, on peut tricher avec l’argent, mais pas avec la nature ni la géologie.

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