L’actualité de la crise : LE PAPILLON GREC, par François Leclerc

Billet invité.

Où se joue de manière décisive la partie, on ne sait même plus ! D’heure en heure, y compris dans la nuit de dimanche à lundi, les nouvelles tombent de partout sur les fils des agences, ne faisant qu’obscurcir la situation et illustrer le stress ambiant.

A la faveur d’une conférence téléphonique entre ministres des finances du G7, hier soir lundi, la tension montait encore tandis que la crise improprement appelée grecque acquérait un statut mondial. Un des plus petits contributeurs au PIB de la zone euro – cela a été suffisamment souligné – en venait à menacer l’équilibre financier global et les grands s’en inquiétaient. Faut-il que le système soit toujours très malade, ou pis encore qu’il soit désormais devenu par nature vulnérable aux battements lointains des ailes de papillon, tellement il repose sur du vent !

Les grands se sont fait des messes basses et l’on n’a rien su de ce qu’ils avaient pu se dire, si ce n’est et selon toute probabilité, dans le langage imagé qu’ils emploient entre eux lorsque les micros sont fermés, « qu’il fallait mettre au plus vite un terme à ce merdier ». Laissant aux Européens le choix des moyens pour éteindre le feu.

Faisant un invraisemblable grand écart, ceux-ci continuaient dans la nuit de chercher la formule magique conciliant leurs exigences réciproques, tout en affirmant – sortant un instant une tête de leur réunion devant la presse – leur unité sur le plus petit commun multiple disponible : le principe flou et vide de sens d’une contribution volontaire au deuxième plan de sauvetage de la Grèce qu’ils ne parviennent pas à mettre en musique.

Mais le jeu se compliquait alors encore. On avait cru que le versement d’une nouvelle tranche du prêt déjà accordé allait, en attendant la fin des négociations, permettre à la Grèce de passer le cap de juillet de ses échéances, lui évitant un défaut. Un bras de fer s’engageait toutefois à ce propos. Sous la forme d’un chantage caractérisé – à la crédibilité toute relative, car ne pouvant être mené jusqu’au bout – exigeant pour débloquer les fonds l’adoption préalable par le Parlement grec du nouveau plan d’austérité.

Ce coup de main donné au premier ministre, George Papandréou, devenait en effet indispensable, afin de lui fournir un argument massue vis à vis de son groupe parlementaire qui menaçait d’être défaillant et de tout mettre par terre. Lui même sous la pression des agités de la place Syndagma, mais aussi des appareils des syndicats les plus proches des socialistes grecs.

A l’autre bout de cette corde tendue à l’extrême, la situation politique n’était pas beaucoup plus brillante. La chancelière était à la recherche d’une autre majorité, au Bundestag, et louvoyait à son habitude. Prise entre la nécessité de trouver un terrain d’entente avec la BCE et les pressions de plus en fortes, au sein de sa coalition, voulant la mettre sous contrôle parlementaire et n’accorder que sous strictes conditions de nouvelles aides financières.

Angela Merkel, pensent les commentateurs, se trouvera une majorité, mais ce sera reculer pour mieux sauter, le gros morceau étant l’adoption à l’automne par le Bundestag du nouveau Fonds Européen de Stabilité, à propos duquel les couteaux s’affûtent.

Dans l’immédiat, ces deux crises politiques imposent leur loi à des équipes de négociateurs ballottés par les événements. Au départ, il était question de se donner du mou jusqu’à septembre, à l’arrivée on en est à compter les jours. Tandis que s’ouvre dans trois jours un sommet européen dont l’inutilité risque fort de se révéler flagrante.

Et, as usual, les hommes politiques tentent de trouver refuge derrière les mots et de nouveaux montages financiers. Wolfgang Schaüble parlait hier de contributions des banques « volontaires mais substantielles » pour ne plus dire obligatoires, mais le cœur y était. Il cherchait ensuite à ouvrir un chemin à la BCE en impliquant le Fonds de stabilité financière européen, et en suggérant que celui-ci émette des obligations AAA que le gouvernement grec pourrait céder à ses banques, à leur tour déposées en garantie auprès de la BCE (en remplacement des obligations grecques condamnées à être dégradées et que la BCE menace de ne plus accepter).

Car il n’en est pas beaucoup parlé dans ce concert d’imprécations sur l’incapacité des Grecs à honorer leurs engagements, mais il est estimé que 40 milliards d’euros, soit 17% de la totalité des dépôts, ont été depuis fin 2009 retirés des banques grecques par les entreprises et les plus fortunés. Il faut d’abord chercher là la cause de leur langueur.

Didier Reynders, ministre des belges des finances, en venait à s’exclamer hier, après Jean-Claude Junker, que « c’est d’abord à la Grèce de faire des efforts », mais « si c’est pour l’asphyxier, cela n’a aucun sens ! Le but n’est pas que le pays meure guéri, il faut lui laisser le nombre d’années suffisant pour mener réellement son plan de réformes : 4, 5, voire 7 ans ». Le problème est que le plan en discussion n’offrira au mieux qu’un répit de 2 à 3 ans, lorsqu’il sera toutefois bouclé.

Afin que la fête soit une réussite, les Espagnols se sont aussi invités à participer au jeu. A Madrid, les indignés ont trouvé de nouvelles formes de mobilisation, en entraînant au départ des quartiers pour faire confluer en colonnes (terme républicain chargé du temps de la guerre civile) des manifestants rejetant la rigueur qui leur est promise et garantie, certes pas des habitués des manifs de rue. Le mouvement est décidément bien ancré, dans toute l’Espagne, faisant écho à celui des Grecs, créant une nouvelle dimension avec laquelle il faut compter dans la crise européenne.

Si les valeurs bancaires et les indices prenaient ce matin un gadin sur les places européennes, les banques continent de se délester – quitte à assumer des pertes – de leur dette grecque. C’est le cas des Britanniques, qui en détiennent pour environ 10 milliards d’euros, donnant raison aux inquiétudes de Wolfgang Schaüble, qui estimait qu’au train où allait les choses, l’essentiel de la dette grecque serait bientôt détenu par des institutions publiques, vidant de tout sens les débats menés au finish actuellement.

La concrétisation de cette fâcheuse perspective s’accroît donc avec le temps, éclairant ce qui pourrait suivre, si l’on admet que les autorités européennes parviendront finalement à gagner du temps et éviteront un défaut grec dans les semaines à venir, pour avoir promis de le contenir lors de leur conférence téléphonique au plus haut niveau de la planète de lundi soir.

Ce qui ne les exonérera pas des rebondissements qui se préparent sournoisement, en Espagne et en Italie, ce dernier pays allant prochainement entrer dans une zone de turbulence, sous les effets conjugués d’une crise politique larvée et profonde et de la nécessité d’adopter un plan de rigueur serré. Afin de répondre aux injonctions des marchés, dont l’agence Moody’s vient de se faire le porte-parole en annonçant étudier une dégradation de la note de sa dette.

La dette grecque, quant à elle, va donc continuer à être progressivement transférée à des institutions financées sur fonds publics. Si la BCE arrête les frais en ne l’acceptant plus comme collatéral, il va falloir trouver une autre solution pour soutenir les banques grecques, dans le genre de celle proposée par Wolfgang Schaüble. Le Fonds de stabilisation financière européen (EFSF) et le FMI vont par contre continuer à engranger de la dette grecque en garantie de leurs prêts. Posant à terme la question du financement de son inévitable décote, qui pour être repoussée n’en interviendra pas moins…

Calculant qu’en 2014, au terme du nouveau plan de sauvetage en discussion, la dette grecque représentera 150 % du PIB du pays, les journalistes de Lex, la rubrique de commentaires pointus du Financial Times, ne voit aucune autre solution possible qu’une décote de la dette, aucun palliatif reposant sur les prêts de liquidités ne pouvant résoudre un problème criant de solvabilité. Aucun taux de croissance économique miracle et introuvable dans les conditions de disette forcée qui les accompagnent ne pouvant y suppléer.

Dans un article du Financial Times Deutschland, Wolfgang Münchau décrit les trois options qui seront alors hypothétiquement à disposition pour les Européens qui financent l’EFSF : la monétisation par la BCE, des transferts fiscaux des Etats ou l’émission d’euro-obligations. Il y voit la perspective possible d’une nouvelle intégration européenne, la crise financière se poursuivant tout en étant difficilement contenue.

Mais si cette Europe sauvée des eaux ne devait avoir qu’une dimension financière et fiscale, elle aurait alors toutes les chances d’être mort-née. Car c’est la cohérence économique et sociale de l’ensemble des 27 pays membres de l’Union qui est à trouver, dans le contexte mondial de l’émergence de nouvelles grandes puissances économiques. C’est une toute autre aventure, pour laquelle les candidats ne se précipitent pas : pour ne serait-ce qu’évoquer cette problématique, il n’y a pas foule…

Il faut dire qu’il y a urgence et que la conjonction de la crise de la dette en Europe et aux Etats-Unis, à laquelle s’ajoute l’atonie d’un Japon replongé au fond de sa trappe à liquidités offre un horizon chargé très menaçant. Comment croire que les équipes gouvernementales – ou celles qui cherchent à leur succéder – qui ne parviennent pas à sortir du trou actuel pourraient voir plus loin et jouer le coup d’après ? Pourtant, c’est seulement en le jouant que les leviers permettant d’en émerger pourront être dégagés.

Les indignés ne savent pas non plus comment y parvenir, mais ils ont l’avantage d’être convaincus qu’un grand coup de balai est indispensable et bienvenu. Saluons ceux qui tiennent le balai !

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180 réponses à “L’actualité de la crise : LE PAPILLON GREC, par François Leclerc”

  1. Avatar de Pierre
    Pierre

    Deux mouches à merde américaines vont prendre un papillon.
    Lu dans le monde aujoud’huis:
    « L’administration américaine qui chapeaute les caisses d’épargne, la NCUA (National Credit Union Administration) a annoncé, lundi, qu’elle portait plainte contre les banques JPMorgan Chase et RBS. Au total, l’administration leur réclame plus de 800 millions de dollars pour avoir conduit cinq grandes caisses d’épargne professionnelles à la faillite. »

  2. Avatar de rodolphe B
    rodolphe B

    On oublierait presque …! C’ est la fête …de la mu()sique !
    Un air chagrin,une mélodie en sous- sol? Allez !
    Tentons le machaon .Louons une agence de notation.
    Question imago, c est l’humaine accession. Droits de succession.Piano,piano?
    Loi des séries.Des blanches,des noires, on se perd …ton air de musique répétitive …du base j’acque te dis-je … planant!
    Une idee saugrenue – musique atonale – identifier la chambre , l’alcôve- le crissement du coton sur les plumes de l oreiller ? Jeux de pouvoir.Qu y entendre?Le mur du son?
    Et l ascenseur social alors, bientôt son club ? Instruments a cordes de préférence. Musique a tous les etages.
    T entends pas ? Le cor du fisc,le crin des violons de la taxe foncière ,la fugue de la propriété privée .De quoi…? On se le rejoue?
    Donc si la solvabilité berçant les places de marchés dit ‘sonne’ ,Octave ; et bien , l echo aidant, des accords s envoleront , la fête deviendra grandiose ;la musique du chaos descendra alors des positions nues – le vide se remplira, l’ année zero se métamorphosera en un beau « ré » assuré – une option-une ode afin de ne pas figurer eternellement dans l ‘enfer des fluctuations – qui elles ne rassurent personne.
    Quel bal de faux-culs quand même ! La rock attitude ? Un véritable opéra-bouffe ! A désesperer des mamelles de Tirésias.
    Une course a l achat » hot » sera peut être organisée ,en parallèle, avec concert de casseroles, histoire de varier les approches artistiques ,sonder le concept de la « blue » note, tromper l animal,l amadouer;lui qui se méfie aussi mon dieu des concerts de couacs!(Quarante a la douzaine).Encore qu il lui arrive d hésiter.Entre instruments, parmi d autres choses.
    On marche sur des oeufs!
    Danse du ventre, la pluie fait des claquettes.
    A se demander comment terrasser l harpagon!sancho !
    Changer de ton? Pro- fusion! ?Acid- jazz? Tangent les eaux?
    Comme un bruit de fond …

    Gotan project :
    http://www.youtube.com/watch?v=XztQJGJX9rk&feature=youtube_gdata_player

    Brassens ( le vent )-R.Aubry.
    http://www.youtube.com/watch?v=A-QCwaa5kvQ&feature=youtube_gdata_player

  3. Avatar de bertrand
    bertrand

    on se trouve donc bien en face d’une énorme confrontation : les possédants contre les dépossédés.

    Les 1° s’ils ont les moyens d’acheter quelques sbires dépossédés , n’ont aujourd’hui pas du tout les moyens quantitatifs que représentent les populations de dépossédés regroupés en reseaux internet.

    L’avenir est donc écrit.

    Les possédants vont se retrouver dépossédés de leurs biens et de leurs pouvoirs.

    Ce n’est qu’une question de temps.

    1. Avatar de Thom Bilabong
      Thom Bilabong

      Se laisseront pas faire, Bertrand !
      Vont s’organiser en vase clos,
      se défendre,
      déclencher des conflits,
      menacer,
      prendre en otage (le font déjà),
      lâcher un peu de lest pour calmer le jeu, le reprendre de l’autre main,
      organiser des séditions chez les indignés,
      se parjurer,
      se renier,

      la liste est longue de ce qu’on peut faire quand on en a les moyens et qu’on est guidé par la peur.

    2. Avatar de lisztfr
      lisztfr

      C’est la question que je me pose tous les matins… ! C’est LA question.

      Certains sociologues disent que le pouvoir est fondé en dernière instance, sur la force…. une phrase qui m’a marqué.

      Une autre histoire, mon prof de socio disait, en critiquant son collègue qui avait sorti un bouquin sur la négociation d’entreprise, qu’il ne considérait jamais le cas où les employés prennent le pouvoir et virent le patron, comme éventualité d’une négociation. Et cette violence qui pointe à l’horizon, on n’en sait rien… si elle est là, si elle sera utilisée… etc.

      Par exemple, le pouvoir pourra employer des « milices » armées pour se protéger, car moi aussi je pense que tout sera fait pour maintenir l’ordre coûte que coûte… or la question sera celle de la fidélité, de a loyauté de ces milices, de ce qui restera de l’armée. Si elles sont trop payées elles seront indépendantes du pouvoir, si elles ne le sont pas assez elles ne seront pas d’humeur à servir leur maitres. Bref, la véritable puissance sera celle, militaire pour un temps, ou politique ensuite.

      Le problème ensuite sera la question d’une resurgeance d’une éventuelle « bourgeoisie » ou d’une élite, avec un système non-capitaliste alors que toute la population est éduquée et qu’en fait, il n’y a plus de supériorité de l’élite. Il n’y a plus d’élite au sens symbolique. La démocratisation de la société devra donc être réelle et étendue. Désolé pour ces délires…

      1. Avatar de Fab
        Fab

        « Désolé pour ces délires… » : vous délirez là ?

      2. Avatar de Thom Bilabong
        Thom Bilabong

        C’est exactement le problème, Litzfr !

        Vouloir prendre le pouvoir pour faire la même chose ou le contraire de ceux qui sont en place n’a aucun intérêt à terme. Sauf dans l’immédiateté, peut-être. Et encore, ça demande pas mal d’énergie et de parano pour survivre.

        Nous n’avons d’autre choix que de convaincre « les autres » à changer, quitte à les bousculer un peu mais pas à les mettre à terre. Sinon, c’est l’esprit de revanche assuré.

        Relisez Machiavel, il avait pas réfléchi sur la question.

      3. Avatar de Jacques

        Le problème de gouvernance se pose dans les armées ou certains sous officiers ont des cursus d’éducation assez proche de leurs officiers , ce qui peut rendre les rapports de hierarchie un peu tendu

      4. Avatar de Moi
        Moi

        « Certains sociologues disent que le pouvoir est fondé en dernière instance, sur la force…. »

        Ah bon, il y en a encore pour ne pas vouloir le voir (ou plutôt le dire)?

    3. Avatar de Cyberpipas
      Cyberpipas

      Exact. Les langues mêmes commencent à fourcher: hier matin la journaliste de Rance Inter parla de vague d’austérité et de privation en Grèce, avant de rectifier privation en privatisation.

    4. Avatar de Jean-Luce Morlie
      Jean-Luce Morlie

      « Les possédants vont se retrouver dépossédés de leurs biens et de leurs pouvoirs »

      Cette inversion de la couleur des cases ne change pas les règles du jeu.

      Je ne connais pas la situation actuelle dans les pays de l’Est ayant connu les « révolutions de velours » entre 89 et 2006, toutefois il est clair que dans une première phase, le renversement du pouvoir n’y a pas mis fin à la corruption du pouvoir, et qu’au contraire, ces circonstances produisent l’émergence de gangs, à la façon dont l’organisation de la Russie s’est restructurée après l’effondrement du système soviétique.

      Dans mon enfance, j’ai connu des familles espagnoles réfugiées en Belgique, simplement parce les exactions croisées de la guerre civile rendaient la vie impossible dans leurs villages.

      Comment faire mieux et sur d’autres prémisses ?

      1. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        En effet, la simple inversion du rapport de force ne suffit pas.C’est la limite de toutes les préconisations, et programmes politiques dont l’objet essentiel est la prise du pouvoir.
        Se faisant on reconduit l’ordre existant ou pire encore on crée les conditions pour l’apparition d’un pouvoir mafieux.

        La seule sortie par le haut est celle qui se fait par le renouvellement et/ la création de nouvelles institutions avec un nouveau contrat social à la clé. Ce qui correspond à l’idée de constitution pour l’économie.
        Le changement sera de civilisation ou ne sera pas.
        Ajouter quelques pièces nouvelles au système financier existant tout en en retirant la partie la plus nuisible (spéculative) n’a de sens que si c’est le résultat d’une prise de conscience, d’un changement de paradigme qui dépasse le cadre étroit de l’économisme.

      2. Avatar de Thom Bilabong
        Thom Bilabong

        Aussi justifiées que soient les exaspérations,
        l’évolution souhaitée ne peut hélas que se faire par une inflexion générale, pas uniquement celle des indignés ou des révoltés.

        Car même si la violence des populations survenait (le chaos, la brutalité, etc.), elle ne ferait qu’attiser le sentiment de revanche de ceux qui en feraient les frais et qui d’ailleurs ne sont pas tous – loin s’en faut – des fautifs.

        Aussi, ceux qui tentent comme ici d’infléchir les comportements mortifères de nos dirigeants ou de nos élites, n’ont d’autre choix que de parvenir à leur fin par l’argumentation, la conviction (et sans doute l’astuce). Les faits sont têtus, comme on dit souvent. Et ceux avancés par Paul Jorion et François Leclerc, ont le mérite de la constance et de l’évidence. Aussi, leurs détracteurs finissent-ils toujours par s’enfoncer, se contredire et faire des volte-face que ne renieraient pas les patineurs artistiques. En dehors des idiots (qui sont légions), on peut raisonnablement penser que nos thèses finiront par être adoptées et traduites en décisions, changements, inflexions et autre réformes.

        Tout autre solution (violente) est hélas vouée à l’échec par retour de bâton.
        Il nous faut donc bien continuer et faire progressivement admettre les thèses défendues ici.
        Quitte à ce que certains d’entre nous entrent un peu sur le terrain politique. Je pense à certains lecteurs de ce blog, pas à ses modérateurs qui ont d’autres chats à fouetter.

        C’est EINSTEIN, je crois, qui disait qu’il faut 50 ans pour qu’une idée neuve fasse son chemin. Même en admettant que les choses se sont accélérées depuis cette citation, nous n’en sommes ici qu’à l’AN 3. Alors, cravachons.

      3. Avatar de Jean-Luce Morlie
        Jean-Luce Morlie

        Les tout premiers débats sur le thème d’une constitution pour l’économie « opposaient » le politique à l’économique (notamment entre Jorion ,Werrebroeck, le « yéti »); le reproche principal à « une constitution pour l’économie étant de prendre le risque d’achever la séparation de l’économique du politique, de constituer explicitement l’économique en « extériorité ” (en hétéronomie, en « transcendance »).

        Par ailleurs, et nous le constatons toujours d’avantage, l’économie reste, de fait, totalement hors de portée du politique. Dans la première phase, Paul proposait de restaurer le politique dans ses droits, il était encore permis d’espérer que quelques mesures chirurgicales, comme l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix permettrait au politique de reprendre le gouvernail. Ce ne fut pas le cas, et nous voici au stade ou c’est le politique qui pose problème ; des forces extrêmement puissantes rongent les tripes et s’ébranlent, alors que nous n’avons aucun modèle « révolutionnaire » actualisé au gouvernement de la mégamachine en phase de transition.

        L’histoire grecque commence par la tragédie ; après Péricles, la démocratie termine en guerre civile, selon les mots de Thucidide il y eut « confusion dans les idées et les mots perdirent leur sens et toute valeur ». C’est grave, nous y sommes. L’espoir demeure, parallèlement, Pierre Sarton du jonchay entreprend une refonte du sens des mots, taille les pierres et malaxe la syntaxe d’une reconstruction ; d’autres voies sont sans doute possibles, celle qu’il se donne et nous délivre est remarquable. Je ne suis pas philosophiquement assez pointu que pour en faire la critique, mais il me semble que sa démarche abolit la séparation du politique et de l’économique telle que nous l’avons rencontrée au départ. Plus avant, il me semble que sa démarche permettra de penser autant la réduction drastique du temps de travail que de construire un débat rationnel entre les risques du gaz de schiste, du nucléaire, et ceux liés au dérapage politique de nos gentils décroissants, le politique et l’économique en seront surpassés.

        Une « constitution pour l’économie » peut-elle canaliser les forces qui se délient dans un sens constructif ? Pour plus d’efficacité, plusieurs « constitutions » devraient d’ailleurs se construire et se confronter. Il serait toutefois utile d’éclaircir la notion de « constitution pour l’économie », celle –ci renvoie à plusieurs niveaux d’élaboration, lesquels vont de « l’utopie structurante » à une simple liste de « mesures à prendre » telle l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix. Une constitution se présente comme une suite ordonnée de textes, mais cet ordre est-il construit par la raison ou est-il produit par l’agencement des passions et des rapports de force au sein d’une assemblée constituante? Plusieurs niveaux peuvent bien entendu être élaborés en parallèle, mais il importe me semble-t-il qu’un « ordre initial » soit énoncé, mettons-nous en priorité l’abolition de l’usage de l’économie comme mode de domination, ou bien faut-il laisser ouvert à l’invention de nouvelles formes de domination plus subtiles ? Une constitution ne naît pas d’un lieu unique, mais de débats « multipolaires ». Divers groupes s’essaieront à réinscrire l’économie – et peut-être différemment – dans l’architecture constitutionnelle héritée du 18e. D’autres réexamineront « l’économie  » en partant de points de vue renouvelés par les sciences humaines. Mille dispositifs sont disponibles, blog, conférences citoyennes… que chacun y aille de son style !

  4. Avatar de Michel MARTIN

    Prêcher dans le désert.

    Bien entendu, ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui ne veulent pas le lâcher, c’est une des raisons qui concourt à ne rien changer aux règles du capitalisme et du système monétaire international actuel. Mais il existe aussi d’autres raisons liées à la stabilité des systèmes, à leur homéostasie. Chacun des codes de l’axiomatique d’un système ne signifie rien pris séparément, ainsi que l’a démontré Levy-Strauss et confirmé Philippe Descola pour les codes culturels des groupes humains. On ne sait jamais bien l’effet du changement d’un code ou d’un groupe de codes sur le fonctionnement du système, ce qui explique que les réformes des règles sont si âprement disputées. Ainsi en va t’il de la difficulté à faire basculer un système d’un mode à un autre, ce qui est bien l’enjeu des propositions d’économie politique développées ici, leur dimension anthropologique ne fait aucun doute.

  5. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Le scoop de l’année:

    Patrick Buisson : « L’antisarkozysme est une forme d’antisémitisme qui ne s’assume pas ».

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/2417;patrick-buisson-l-antisarkozysme-est-une-forme-d-antisemitisme-qui-ne-s-assume-pas.html

    1. Avatar de Mike
      Mike

      On en a déjà croisé des tordus, celui-ci mérite une nouvelle colonne.

      « Chaque démonstration qu’il présent est meilleure que la suivante »

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        Si les Français virent Sarko l’année prochaine, ça sera parce qu’ils sont antisémites. Donc, si vous ne voulez pas passer pour des antisémites, vous savez ce qui vous reste à faire.

        Ça, c’est un vrai argument de campagne…

        Et dire que ce type est « le conseiller très spécial » du président de la République Française… (comme ils doivent être les « spéciaux » simples ou les non spéciaux !)

      2. Avatar de Piotr
        Piotr

        Buisson ardent est politiquement incorrect;école buissonnière passera beaucoup mieux.Quitte à faire un jeu de mot facile,allons-y pour école buissonnière.

      3. Avatar de HP
        HP

        On s’étonne moins de certaines décisions quand on voit comment pense le vice-président et ses conseillers.

    2. Avatar de Saule
      Saule

      Ca fait PLOUF! Un coup d’épée dans l’eau. Tentative de réduire la problématique mondiale et millénaire à un individu de passage à la fonction présidentielle. Il fût précédé, il sera relayé seule la « Crise » demeure en place. C’est elle la star ,elle et ses sous jacents, le reste est « épiphénomènal « .

      L’antisarkozysme est un joker pour les faibles d’esprit. Ressortir l’antisémitisme et l’agiter comme un épouvantail est le signe des intelligences ringardes, pétrifiées, prisonnières d’une certaine lecture de l’histoire et de sa terminologie. L’antisémitisme est un syndrome il ne diagnostique pas le mal, il en est un des aspect. Le Mal véritable réside dans une vision cynique comptable et qualitative de la dignité humaine. D’où une représentation pyramidale de l’humanité, beaucoup d’appelés, peu d’élus, l’acmé et le reste. Se traduisant dans son application sociale par la discrimination,hiérarchie arbitraire, le tri,la gâche humaine qui serait le prix nécessaire de l’Oeuvre maudite, prétendument civilisationnelle.

      On voit ou cela nous à mené. Le panorama est édifiant, triste satire, pauvre simulacre habillé de pseudo-modernité et justifié par le « progrès ». Quel est ce concept du progrès qui débouche sur la pénurie du vital et le risque d’un retour à la préhistoire? C’est ça la terre promise!?……Vaste fumisterie!

      Il ne reste plus qu’a rebrousser chemin pour retrouver où l’on s’est gouré d’aiguillage. Plus question de se constituer en troupeau bêlant derrière des apprentis bergers, ni de marcher comme des somnambules derrière des joueurs de pipeau, soient-ils talentueux.

  6. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    « La banca europea no tiene suficiente capital para evitar las consecuencias de la crisis griega » (Les banques européennes n’ont pas assez de capitaux pour éviter les conséquences de la crise grecque).

    http://www.cotizalia.com/en-exclusiva/2011/banca-europea-tiene-suficiente-capital-evitar-crisis-grecia-20110621-70180.html

    Un bon article du Jorion espagnol, Santiago Niño Becerra, sur la Grèce. Pour lui ce pays ne pourra jamais payer sa dette (dont le 77 % est détenu par 4 pays seulement) parce qu’elle est surtout privée (37,9% publique contre 54,5% appartenant à des familles et des entreprises). Selon lui l’UE attend surtout le résultat des stress-test des banques et les simulations et analyses qui sont en train de se faire sur les conséquences de la faillite, avant d’agir.

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/a_quien_le_sorprende

    Il y a même des libéraux qui ont compris la solution au problème grec:
    « La Grèce doit aux banquiers et aux investisseurs environ 350 milliards d’Euros ? Qu’à cela ne tienne : déclarons le défaut de paiement sur la moitié de ces engagements et, surtout, replaçons ces chiffres dans leur contexte. Contexte qui nous dit que, les bourses mondiales et européennes ayant une capitalisation de respectivement quelque 35’000 milliards et 7’000 milliards d’Euros, la perte sèche de 175 millions due à la banqueroute grecque représenterait une dépréciation des bourses européennes de… 2.5%. »
    http://www.gestionsuisse.com/2011/la-prise-dotages-permanente/#more-2261

    1. Avatar de chris06
      chris06

      La Grèce n’est qu’une excuse pour éviter de parler du vrai problème : c’est tout les états de l’occident (USA, Europe, Japon) qui sont surendettés.

      Si la Grèce fait défaut de 50% de ses dettes, tous les autres diront : pourquoi pas moi?

      Là, cela ne sera plus 175 milliards qu’il s’agira de liquider, mais 20 000 !

      De toutes façons, c’est peut être bien la seule solution à terme.

      Au lieu d’une déflation lente sur des dizaines d’années, une déflation accélérée de tous les actifs du capital.

  7. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    En Espagne, le délire économique continue, inexorable. On apprend aujourd’hui que, malgré les millions d’appartements à vendre, le stock d’appartements neufs continue d’augmenter: en 2010 on en a construit 258 000 et vendu 243 000.

    http://www.elconfidencial.com/en-exclusiva/2011/stock-pisos-vender-continua-creciendo-alarga-20110621-80373.html

    À part ça, les crédits difficilement remboursables (créditos de dudoso cobro) réprésentaient fin avril le 10,76% du PIB espagnol (c’est-à-dire plus de 100 Mds €).

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/a_quien_le_sorprende

    1. Avatar de Saule
      Saule

      Détournement de fonds européens par le jeu des subventions qui financent les bulles immobilières qui éclatent aux visages des peuples????

  8. Avatar de jérôme
    jérôme

    @ bertrand,

    Bonjour,

    Assez paradoxalement, il semble évident que le meilleur argument du peuple réside dans la dette.

    Son meilleur capital as-sur-ré-ment?

    Jeu creuse dans l’avenir des couloirs vide de poésie mentale ou beauté fleur-rit six lances
    I love you et ailloli!

    Les têtes raides / Fragile (clip)
    http://www.youtube.com/watch?v=tXdlXt1IXTQ&feature=related

    Un hybride onu-fmi, le « mou fin »…ça vous dit? Suivez le lapin blanc…

    TIESTO & Derbouka MIX @ Liban Night Soirées VIP Party by FB Maroc 2011
    http://www.youtube.com/watch?v=bxeQ7LlI_uc&feature=related

  9. Avatar de Clive
    Clive

    Une question en passant…
    Pourquoi la Grèce n’alignerait-elle unilatéralement pas les taux d’interét de ses obligations sur ceux de la BCE, ce qui l’allègerait du poids de ceux-ci tout en pointant une absurdité du système ?

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Ce sont les acheteurs des obligations qui en fixent le taux en dernière instance, par l’émetteur.

      1. Avatar de HP
        HP

        En général l’émetteur fait un appel d’offre, chacun propose un montant et un taux (ou plusieurs). L’émetteur les classe par taux et prend les moins disant jusqu’au total qu’il souhaite obtenir. Ou un peu plus si le taux est bas, ou moins s’il est haut, il peut même renoncer tout à fait mais ça ferait très mauvaise impression.
        Aucune partie ne peut imposer ses conditions, c’est le principe d’un marché ouvert.

  10. Avatar de Joan
    Joan

    A.Madelin sur BFM ce matin, je résume: rien de tel qu’une bonne thérapie de choc pour ramener les grecs dans le droit chemin. Il s’est tout de même inquiété que trop de rigueur puisse au final ne point donner les résultats escomptés: « nous sommes prisonniers des réactions des peuples (sic) ».
    Moi qui croyait que les peuples étaient prisonniers des marchés et de la finance, ce doit être une affaire de point de vue….
    Pour le reste Obama s’impatiente, il met en demeure ses vassaux européens de régler cette affaire grecque au plus vite. Ce sera plus aisé pour lui maintenant que les américains ont repris les rênes du FMI. C’est sûr que les américains n’ont aucun problème d’endettement de leur côté.
    C’est l’hôpital, qui se fout de la charité!

    1. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Le Madelin décodé :  » la démocratie c’est bien quand ça discute pas trop, les grecs n’ont qu’à bien se tenir ! »

    2. Avatar de Moi
      Moi

      Ce que Madelin dit, c’est que seule la force (un soulèvement populaire) pourrait éventuellement les empêcher de faire passer leurs mesures néo-libérales.

    3. Avatar de M
      M

      C’est sûr que les américains n’ont aucun problème d’endettement de leur côté.
      C’est l’hôpital, qui se fout de la charité!

      ça va mieux en le disant …autant de fois qu’il le faudra …

      propaganda =) contre-propaganda indispensable !

      on aimerait bien passer de Oba ma-ment à Oba pas-ment …c’est pas gagné !

  11. Avatar de Martine-Bxl
    Martine-Bxl

    Et une honte de plus !:
    La Commission européenne a annoncé une réduction de 400 millions de l’allocation au programme d’aide alimentaire destiné aux plus démunis des Européens.
    http://www.lesoir.be/actualite/monde/2011-06-21/l-ue-choisit-de-mettre-les-pauvres-a-la-diete-846746.php

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Réduction de la surcharge financière?
      Que nenni!,pondérale.

    2. Avatar de hema
      hema

      @Martine
      L’article vaut son pesant de moutarde, y a pas à dire, l’Allemagne est décidément un pays très bien géré.

      -les salariés pauvres de chez nous: on les enfonce un peu plus
      -les grecs et autres ritals: des feignasses
      -les très pauvres d’Europe, ils sont pas dans la bonne ligne comptable: qu’il se démerdent

      Nos amis européens d’outre-Rhin, commencent à pousser le bouchon un peu loin.

    3. Avatar de M
      M

      La prodédure, on vous dit ! le tout, c’est de suivre la procédure ! c’est beau, c’est net, ça donne bonne conscience ! on obéit aux ordres !
      ah bon, y’a des morts de faim ? j’y peux rien, c’est la procédure !
      La procédure, c’est propre ! et même, ça vous nettoie proprement son bonhomme et, ou sa bonne-femme !
      Et puis les gueux, hein …quelle importance !

  12. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Pour comprendre les problèmes de l’Espagne il faudrait parler du niveau de ses élites (dénoncé déjà il y a un siècle par Unamuno et Ortega y Gasset). Un exemple au hasard, celui du banquier les plus important de l’Espagne depuis des décennies, issu d’une famille de banquiers et élevé dans les meilleures collèges et universités espagnols: Emilio Botín (dont le nom signifie – ça ne s’invente pas – « butin »):

    http://www.youtube.com/watch?v=Ptgx304FnYU&feature=related

  13. Avatar de johannes finckh
    johannes finckh

    voici, en quelques mots, le résumé du problème posé, je vous cite:

    « Car il n’en est pas beaucoup parlé dans ce concert d’imprécations sur l’incapacité des Grecs à honorer leurs engagements, mais il est estimé que 40 milliards d’euros, soit 17% de la totalité des dépôts, ont été depuis fin 2009 retirés des banques grecques par les entreprises et les plus fortunés. Il faut d’abord chercher là la cause de leur langueur. »

    Eh oui, et ce n’est pas fini! Il me semble que la trappe aux liquidités ne concerne pas que le Japon!
    D’autre part, si on devait, pour des raisons politiques, sauver le système euro, cela nécessitera un QE de la part de la BCE, que cela se fasse par l’invention d’euro-obligations, on s’en fout complètement.

  14. Avatar de BA
    BA

    A propos de la Grèce, de l’Espagne, etc, Joan vient de recopier une phrase extraordinaire d’Alain Madelin.

    Alain Madelin sur BFM ce matin : « nous sommes prisonniers des réactions des peuples ».

    C’est la phrase de l’année 2011.

    Surtout quand on sait ce qu’a fait Alain Madelin au début de sa « carrière » (le mouvement Occident, l’extrême-droite) Le problème d’Alain Madelin, c’est les peuples. Le problème d’Alain Madelin, c’est la démocratie.

  15. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Il n’y a pas d’alternative. la Grèce recevra sa rallonge. Sinon, c’est la fin du système bancaire et, par ricochet, de l’euro. Et ceci pour une raison simple et évidente qu’on ne retrouve presque nulle part.

    Depuis 2008, les banques comptabilisent leurs avoirs à leur valeur d’acquisition ou toute autre valeur qui leur convient. Les pertes sur papier ont donc disparu. Cela fait qu’elles semblent aujourd’hui plus solides qu’hier alros qu’il n’en est rien. Elles ne sont toutefois pas dupes et s’évertuent par tous les moyens de récolter des fonds qui pourront être considérés comme propres par les instances tutélaires. Actuellement, les banques émettent à cette fin d’innombrables emprunts dits ‘couverts’ (covered bonds).

    La chose n’est pas nouvelle et Paul nous a souvent parlé des ‘collateralised bonds’ et autres gadgets financiers. Mais cette fois-ci, la couverture est placée sur un compte particulier, inaccessible à la banque. De sorte que s’il lui arrivait malheur, les porteurs de ces obligations couvertes seraient assurés de récupérer leur mise. Ces obligations sont considérées par leurs promotteurs comme les plus fiables du moment et elles portent toutes la plus haute des notations, à savoir AAA. En fait, les banques copient ce qui existe déjà dans les pays européens et qu’on appelle : obligations foncières. Ces dernières sont régies par la loi. En France, la Compagnie de Financement Foncier est l’une des institutions agréées pouvant émettre de tels emprunts.

    En guise de couverture, les banques mobilisent les meilleurs actifs financiers qu’elles possèdent, généralement des contrats hypothécaires de premier ordre. Pour assurer le placement de leurs emprunts, elles vont jusqu’à augmenter leur adossement au-delà de ce qui est nécessaire. Le seul risque pour le porteur est lié à la valeur de la couverture. Mais si celle-ci dépasse le montant de l’emprunt en soi, la différence fait alors fonction de butoir, rendant l’emprunt encore plus fiable. Toujours d’après leurs promoteurs.

    Mais le fait que ces actifs bancaires de qualité sont mobilisés à cette fin, les banques ont moins d’actifs sur leurs comptes pour couvrir leurs autres activités. En clair, ce qui se déroule aujourd’hui est une détérioration de la solidité des banques ! Alors, vous pensez bien qu’il ne peut y avoir de risque d’un défaut de la dette grecque aujourd’hui ! Le pays recevra son enveloppe à temps, croyez-moi. Gouvernements et banquiers n’ont pas le choix ! On chicane actuellement sur la répartition de la charge, rien de plus.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Les fonds propres avec de l’argent sale!

  16. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Spéciale Fête de la Musique:

    Vivaldi : Concerto a 2 cori con violino discordato RV 583 (pour le sublime andante à 5’25 », l’un de plus beaux « morceaux » classiques que je connaisse):
    Version (inégalée pour moi) de Piero Toso & Claudio Scimone:
    http://www.youtube.com/watch?v=lhs8zf2VwDQ

    Brad Mehldau: « Resignation »
    http://www.youtube.com/watch?v=XPJYjVOH4GM&feature=related

    Colin Chin: “The alluvial plains”
    http://www.youtube.com/watch?v=lU9slMk4J44

  17. Avatar de Colomba
    Colomba

    Quel vertige … iln’arrivent pas a se mettre d’accord, quand il este évident que la Grèce ne peut pas payer. En tout cas il y a un élément manquant du débat, et c’est que pour pouvoir sortir de l’impasse la Grèce a besoin de sortir de l’euro et suivre le chemin de l’Islande, de ça on n’en parle même pas. Pour compliquer les choses il semble que les banques espagnoles ont titrisé la moitié de ses prêts hypothécaires, la même chose que les « subprimes »…. ce qui veut dire que on n’en a pas encore fini de découvir des dettes pourries.

  18. Avatar de Philippe
    Philippe

    ATHENS (Reuters) – The Greek government won a vote of confidence early Wednesday, overcoming a first hurdle in winning new financing to avoid bankruptcy.

  19. Avatar de Imbaud Pierre
    Imbaud Pierre

    La grèce se retrouve prise au piège. Les solutions préconisées (austérité, privatisations) sont injustes et inefficaces. Mais aucune solution alternative n’est proposée par ceux qui pointent injustice et incohérence.

    Je veux en soumettre une ici. Évoquée dans des diners « en ville », elle n’a suscité qu’étonnement et incrédulité. Je ne sais pas si elle est pertinente, mais seul un auditoire « économiquement averti » sera capable d’en juger.

    La dette représente 18 mois de PIB. L’ensemble du patrimoine foncier « privatisé », détenu par des particuliers ou des entreprises, représente très certainement une valeur de plusieurs années de PIB. Mon idée serait de décréter qu’une fraction (20 à 30%? plus? moins?) de cette valeur est consacrée au remboursement de la dette.

    Il s’agit dont d’un « coup de force », une nationalisation partielle, aussi illégitime que les nationalisations décrétées lors de telle ou telle révolution.
    C’est bien sur injuste: entre 2 entités ayant acheté, l’une en Grèce, l’autre ailleurs, la seconde se retrouve privilégiée. Mais comme disait je ne sais plus quel ministre (cité par Simenon), « je préfère une injustice à un désordre ».
    Comment ça peut se décliner?
    – Si un bien est vendu, la fraction-dette est récupérée par l’état.
    – Tant qu’il n’est pas vendu, une taxe annuelle est prélevée, qui sera déduite (après savant calcul sur les intérêts) en cas de vente.
    – Bien sur, après la vente, le bien est libéré de la dette, il n’est pas question de prélever plusieurs fois.

    Injuste, oui, dans un sens. Mais la catastrophe elle-même est injuste, et le remède peut l’être un peu.

    Et la vraie question n’est pas celle de la justice, mais du réalisme: le patrimoine foncier est-il effectivement plusieurs fois supérieur à la dette? Y a-t-il moyen d’éviter des spéculations trop destructrices, le temps que ça se mette en place? Bien sur, ça spéculerait dur. Mais, à mon sens, dans une fraction limitée par la fraction-dette elle-même. Mais inutile que je développe, vous êtes surement plus compétents que moi (je n’ai pas de formation économique).

    Alors?

    1. Avatar de HP
      HP

      Très bonne idée, que je suggère d’affiner de cette façon :
      accepter de nationaliser une partie du patrimoine public grec pour satisfaire le FMI etc, puis renationaliser par décret de saisie pure et simple (une partie de) toute possession étrangère en Grèce. Vu que les étrangers ne votent pas, eux. Ce n’est pas un « évènement de crédit », c’est un acte de souveraineté. Et ce n’est rien d’autre qu’un prêté pour un rendu, un fait du Prince après un fait d’un autre Prince.
      Il suffirait de trouver quelques politiques qui pensent intérêt général national et pas carrière dans les institutions supra-nationales.

      1. Avatar de M
        M

        puis renationaliser par décret de saisie pure et simple (une partie de) toute possession étrangère en Grèce.

        Tiens, je trouve votre idée assez gouleyante !

        Il suffirait de trouver quelques politiques qui pensent intérêt général national et pas carrière dans les institutions supra-nationales.

        A mon avis, c’est ça qui va être le plus difficile !

  20. Avatar de dupontg
    dupontg

    soyez tranquille.
    nos dirigeants maitrisent parfaitement les problemes financiers de haut niveau.

    http://www.youtube.com/watch?v=ulnLgYAM-0U&feature=player_embedded

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