Email a copy of 'PIQÛRE DE RAPPEL : Insistance de 68, par Christian Laval' to a friend

* Required Field






Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.



Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.


E-Mail Image Verification

Loading ... Loading ...
PIQÛRE DE RAPPEL : Insistance de 68, par Christian Laval – Blog de Paul Jorion

E-Mail ‘PIQÛRE DE RAPPEL : Insistance de 68, par Christian Laval’ To A Friend


Partager :

160 réponses à “PIQÛRE DE RAPPEL : Insistance de 68, par Christian Laval”

  1. Avatar de 2013
    2013

    giscard c’est le premier président jusqu’à aujourd’hui d’un vote unanime dés maintenant papyboomers qui ont tout détruit qui ont volés la vie au future génération.
    La nostalgie c’est bien aux actes maintenant.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      74/81 en vrac :
      – Loi Veil
      – Divorce par consentement mutuel
      – Généralisation de la sécurité sociale à’ensemble de l’activité professionnelle
      – Impôt sur les plus-values du capital
      – Majorité à 18 ans
      – Loi sur le regroupement familial
      – Collège unique
      – Loi informatique et libertés
      – Augmentation historique de la part du salaire dans le Pib entre 74 et 81, baisse historique et parallèle de l’EBE des entreprises.
      – Augmentation de l’IS et de l’IRPP sur les hauts revenus

      Pas compliqué, l’avait coupé l’herbe sous les arpions à Tonton l’VGE ! Un septennat trop tard Tonton…

      1. Avatar de Loréal Alain
        Loréal Alain

        Et le chômage à 80% du dernier salaire, tu l’oublis Eddie ?
        Même si ça n’a duré que deux ans ça permettait de faire tranquillou la jointure.
        Décidemment plus socialo que bien des sociaux-démocrate le VGE…Anémone si tu nous entends…

      2. Avatar de Bernard Laget
        Bernard Laget

        Vigneron, une remarque à charge de VGE ou de son temps.

        En 68, il n’y avait pas de chomage et le niveau de vie (pouvoir d’achat) étair bon, les choses tournent mal en 74 (1ere crise pétrolière), et sauf érreur Giscard commence l’endettement de l’état, ouvrant la voie à Tonton.

      3. Avatar de vigneron
        vigneron

        Laget, primo gueulez pas trop fort sinon y’a les néolibs qui vont rappliquer pour vous expliquer en 300 pages que c’est biscotte VGE et Chichi ben c’était qu’des salopards de socialo-dirigistes ultrakeynéso-relancistes qu’ont craché sur Rueff et la tombe du Général et distribué des « faux droits »… Deuxio, le pouvoir d’achat a été nettement relevé globalement en 68 (en partie boulotté ensuite par inflation) mais particulièrement pour les bas salaires, oubliés des glorioleuses, et ce surtout grâce au Smic des Chaban/Delors et Cie. Et là les mêmes vous diront que ce Smic était un faux droit générateur du chômage au même titre que les allocs Assedic trop généreuses.
        Renseignez vous Monsieur Bernard Laget, vous trouverez ça partout, idem pour le salaires/Pib.

      4. Avatar de Moi
        Moi

        Le Monseignor VGE fut trop bon. Les productifs furent ingrats.

      5. Avatar de vigneron
        vigneron

        Bof, les productifs de 81, VGE, t’sais j’m’en branle un peu, d’l’histoire ancienne hein ? non c’est juste rapport à tout l’tintouin d’certains qui s’excitent et s’paluchent sur le fôôrmidable nirvana des ratios salaires/Pib, post giscardiens en l’occurrence…

      6. Avatar de Moi
        Moi

        @vigneron: se palucher sur un ratio salaire/PIB, c’est déjà un signe, je trouve.

  2. Avatar de petitpiteux
    petitpiteux

    En tant que fils de, et connaissant quelques, paleo-68ards de ce genre, n’ayant rien renié et en ayant payé le prix, ce texte m’a mis la larme a l’œil. C’est triste et beau, un peu romantique: ce qui reste, au fond, de mai68, ce sont des vies de moments partagés, entre humain restant fidèle a eux-même, regardant sans comprendre la société devenir la caricature de ce pourquoi ils se battaient. Une sorte de société secrète de gens qui se reconnaisse au premier coup d’oeil, lisant dans leur yeux ce qu’ils ont refusé, ce qu’ils ont payé de leur personne, naturellement, parce que quelque chose en eux est rester bloqué à ces années la…

    Évidement, on retrouve aussi le coté paradoxalement très ‘self-centered’, mon désir, mon engagement, mes (non-)choix, et bonnes chances (and sorry for the mess!) aux générations futures. Mais le romantique sur sa falaise de Caspar Fredrich n’a pas l’air de penser trop a sa vielle mère qui s’inquiète de la crève qu’il est en train de choper, ou sa femme, laisser seul a nourrir la gamine qui aimerais bien qu’il s’occupe d’elles, aussi. Mais bon…

  3. Avatar de rendez-vous en enfer
    rendez-vous en enfer

    OK ! Admettons (je dis bien : admettons) :

    ce que chacun ici met à son tour derrière le terme de « 68 »
    (jamais défini, et qui déborde largement cette année-là) EST MORT !

    MORT.

    Alors, je repose la question (en paraphrasant),
    qui, seule est intéressante, CONCRÈTEMENT ICI ET MAINTENANT :

    DE QUOI CET « ACHARNEMENT » CONTRE CE MALHEUREUX « 68 » EST-IL LE NOM ?

    J’ai avancé une réponse, disons « emblématique », et volontairement courte, plus haut.
    Peut-on souhaiter ardemment en avoir d’autres ?

    N-B : Il est vrai que l’on est passé à autre chose.
    Mais vous verrez : toujours au fond du bol reviendra la bille …
    Sous toutes les formes que l’on voudra.

  4. Avatar de michel lambotte

    Je n’ai pas encore lu le texte, mais pour moi mai 68 était une rupture entre un ancien monde connu et un nouveau totalement inconnu à créer de toutes pièces.
    Sa création risque de durer huit à dix décenies.
    Le problème est que les jeunes générations après 68 ont été biberonnnées à la société de consommation et considèrent que le référentiel est la consommation.
    Dès le début des années soixante, l’Américan way of live a franchit un cap, en occident, l’offre a dépassé la demande et il a fallu enrégimenter les consommateurs par la réclame autrement dit le marketing pour pouvoir écouler la production excédentaire du système capitalisme industriel.
    Croissance pour rembourser les intérêts et créer la rente oblige.
    La règle d’or de Monsieur Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=36384#comment-315062
    Il faut dépasser le capitalisme, autrement dit inventer autre chose qui pourra résoudre l’impasse de la destruction de la planète, je veux dire l’intérêt énergétique.
    Qu’est qu c’est que ça?
    On ne peut plus simple, il est nécessaire d’investir dans des manières de vivre et des matériaux permettant d’améliorer notre bien-être en consommant moins de ressoursses planétaires.
    L’économie de ressources planétaires devenant l’intérêt que j’appelle énergétique.
    On ne change rien aux règles du capitalisme mais on transfert ses lois sur l’intéret énergétique, ou si vous vous placez du côté du rentier ou du créantier, sur le déplacement de la rente financière vers la rente énergétique.
    Allez, bonne fin de semaine

    (Good Week end)

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ michel lambotte 17 août 2012 à 20:48

      Il faut dépasser le capitalisme, autrement dit inventer autre chose qui pourra résoudre l’impasse de la destruction de la planète, je veux dire l’intérêt énergétique

      Allons Michel, il ne faut pas dépasser le capitalisme, il faut seulement retrouver le vrai capitalisme, celui qui permet de vivre en exploitant un capital, sans le consommer. Longtemps les cueilleurs, les chasseurs, les agriculteurs sont su le faire, en exploitant la terre, sans la détruire, sans la consommer, simplement en la cultivant, en régénérant son substrat en lui restituant les restes de ce qui subsiste après qu’elle ait fourni l’énergie nécessaire à ceux qui, par leur travail, la mettent en valeur à seule fin d’en vivre.

      Le capitalisme, ça n’est rien d’autre que l’exploitation d’un capital. Pour l’humanité, le capital c’est la Terre et son environnement. C’est celui que nous avons à notre portée, que pouvons gérer et exploiter pour vivre.

      Le vrai capitaliste veille à conserver le capital en valeur, c’est-à-dire en capacité à vivre et faire vivre, en le maintenant à niveau, en veillant à ne pas le laisser se dévaluer, en le laisser perdre de sa valeur du fait de son obsolescence, ou pire encore, du fait de sa consommation pour seulement vivre, sans songer à investir pour le maintenir à niveau.

      Pour ne pas consommer le capital il faut toujours veiller à ne pas consommer plus que ce que l’on gagne ou, pour rester en connexion avec ce qui est à la base de la vie, à savoir l’énergie, il faut veiller à ne pas consommer plus d’énergie que ce que l’on capte en provenance de l’extérieur de notre système terrestre, c’est-à-dire le soleil. Il faut aussi capter plus pour investir et renouveler le capital qui s’use et a besoin d’être revelé à terme.

      Depuis deux siècles, ça n’est pas ce que nous faisons, en consommant à vive allure les stocks que la nature avait capitalisés en son sein terrestre sous forme d’énergies fossiles ou de minerais de métaux que nous consommons sans rien restituer en échange qui pourrait conserver la valeur de notre capital commun.

      Depuis deux siècles, nous nous comportons en anticapitalistes gloutons, en consommateurs de notre capital. Retrouvons les vertus du vrai capitalisme et tout ira mieux à condition d’accepter, au moins pour le temps nécessaire à notre adaptation, une baisse de niveau de vie moyen, autrement dit de notre consommation moyenne d’énergie par habitant.

      Certains ont de gros efforts à faire, et en Europe, nous faisons partie de ceux là.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Ressources_et_consommation_%C3%A9nerg%C3%A9tiques_mondiales#Consommation_d.27.C3.A9nergie_par_habitant

      1. Avatar de rendez-vous en enfer
        rendez-vous en enfer

        À jducac,
        Autant on peut être assez d’accord avec ce qui est dit,
        autant on souhaiterait une autre terminologie.
        « Retrouver le vrai capital »: même au sens strict,
        les mots sont dorénavant trop connotés.

      2. Avatar de jducac
        jducac

        @ rendez-vous en enfer 18 août 2012 à 02:30

        « Retrouver le vrai capital »: même au sens strict, les mots sont dorénavant trop connotés.

        Il n’est pas sûr qu’il faille capituler devant cette « connotation » négative qui est une erreur de l’histoire. Cette connotation a été installée, bien à tort, dans la tête des nouvelles générations par des esprits anticapitalistes ayant des visées politiques , sous l’impulsion de penseurs tel que Marx, bon analyste, mais mauvais tireur de conclusion.

        Le mot capital a toujours eu, avant, et même encore maintenant, chez ceux qui ont échappé au lavage de cerveau anticapitaliste, une connotation positive qu’il conviendrait de lui faire reconquérir partout dans toutes les couches sociales. Il faut faire comprendre à ceux qui veulent s’en prendre au capital, c’est-à-dire à l’essentiel, au plus important, à la perpétuation de la vie, à la continuation du temps de notre espèce, que c’est bien plus bénéfique pour elle, de reconnaître ses erreurs et de les corriger, que de manquer du courage nécessaire pour réhabiliter le sens d’un mot essentiel dans la compréhension des mécanismes qui entretiennent la vie.

        http://www.cnrtl.fr/etymologie/capital

        Pourquoi faudrait-il, en capitulant, donner ainsi raison à ceux qui sont coupables d’avoir organisé la plus grande tromperie de l’histoire. Ils ont voulu imposer leur croyance en faisant croire que capital est synonyme non d’essentiel, mais de secondaire et même de nuisible ?

        Voulez-vous qu’il ne soit pas tiré de leçon de l’anticapitalisme, et que l’Europe, surtout au Sud sombre plus vite que les autres régions du globe qui, elles, ont su se ressaisir ?

      3. Avatar de michel lambotte

        @ jducac
        J’estime que celui qui a fait l’effort d’économiser puisse obtenir une rémunération de son épargne, et comme vous le dites, il faut conserver la valeur de notre capital commun.
        Claude Bourgignon ne dit rien d’autre concernant le capital humus

        . L’agriculture vivante est celle qui amende ses sols. Amender ? Restituer. C’est l’équivalent pour l’agriculteur de l’entretien du matériel productif par l’industriel ; le sol est ce qui produit, donc il faut l’entretenir. La fertilisation (ou l’amendement donc) possède trois volets. Traditionnellement, on fabriquait de l’humus en compostant. Pour les argiles, on marnait : on apportait des argiles calcaires et on les mélangeait à un liant, la plupart du temps le calcium. Le tout était mélangé au compost et on épandait sur le sol. On entretenait ainsi tous les ans son matériel de production. Et on l’améliorait.

        http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=113
        Que ce soit en Chine en Allemagne au Brésil, le système capitalisme n’entretient plus le sol, comme Bourgignon le dit, encore trente ans de ce régime et c’est la fin de la civilisation.
        Mais je suis d’accord avec Paul Jorion quand il dit:

        La croissance est nécessaire pour payer les intérêts (cf. le Pacte de stabilité – Règle d’or). Tant qu’il y aura des intérêts à payer, vous ne pourrez pas éliminer la nécessité d’une croissance. La destruction de la planète est une implication logique du capitalisme.

        L’intérêt ne tombe pas du ciel, il faut du travail et des matières premières consommées notamment de l’énergie pour qu’il soit créé
        Que cela plaise ou non, il faut comprendre que la rémunération financière de l’épargne détruit la planète, alors permettez moi de penser qu’il est légitime de remettre ce système en question en le dépassant et en inventant un autre type de rémunération que j’appelle intérêt énergétique.
        Ce n’est peut-être qu’une intuition, mais je pense que cette intérêt énergétique sera repris par le monde économique, il est d’ailleurs effectif sur le plan technique et industriel.
        Pendant longtemps l’intérêt financier et l’intérêt énergétique vont cohabiter, mais la rentabilité énergétique va prendre le dessus petit à petit.
        Merci pour ce dialogue qui me fait avancer, c’est en dialoguant respectueusement avec des personnes qui ne sont pas d’accord qu’on avance le plus vite.
        Rassurez vous, vous ne me convaincrez pas et réciproquement, mais c’est pas cela le plus important.

        Bref, ça ne me dit toujours pas ce que je vais faire pour que mon épargne soit rémunérée énergétiquement parlant.

      4. Avatar de jducac
        jducac

        @ michel lambotte 18 août 2012 à 17:21
        Je suis d’accord avec l’approche de M &Mme Claude Bourgignon et je vous l’ai déjà dit ici :

        http://www.pauljorion.com/blog/?p=40307#comment-350805

        J’ai aussi ajouté, suite à votre excellente remarque concernant la recherche de similitude avec le monde vivant :

        Je l’ai fait, jusqu’au niveau du spermatozoïde et vous ne vous êtes jamais exprimé sur la pertinence ou non de sa similitude de fonction et de comportement avec le capitaliste.

        J’attendais un commentaire de votre part. Profitez-en pendant que Julien Alexandre n’intervient pas sur le blog et même si le brave Octobre tente de prendre la relève sur ce sujet

        Merci pour ce dialogue qui me fait avancer, c’est en dialoguant respectueusement avec des personnes qui ne sont pas d’accord qu’on avance le plus vite.

        Bien sûr que c’est en tirant parti des plus grandes différences lors d’échanges que l’on peut retirer le plus de profit.

        Cela se vérifie ainsi dans un domaine que vous connaissez bien, la thermique. Quand il y a un grand écart de température à exploiter, par exemple dans un échangeur, c’est là que pour transférer la même quantité d’énergie, on a besoin d’une surface d’échange bien moindre que lorsque l’écart est plus faible. Cela conduit à faire moins de dépense en surface d’échange, c’est-à-dire en investissement, en capital, autrement dit en avance d’argent, en épargne, laquelle est le résultat d’un long travail sur soi, puisqu’il s’agit, avant d’investir, et pendant que l’on rebourse le prêt complémentaire, de consommer moins que ce que l’on gagne.

        Ceux qui ont un esprit capitaliste savent faire cela. Ce faisant ils démontrent leur capacité à mieux autofinancer leurs investissements futurs que d’autres, ce qui les met en situation de donner confiance aux préteurs dont ils auront besoin, le moment venu, pour compléter leur épargne avec un prêt. Ils sont mieux placés que les anticapitalistes pour prétendre à un prêt.Là encore il est tenu compte des performances des compétiteurs.

        C’est alors qu’au moment de décider d’investir, ces esprits capitalistes sont doublement récompensés par ceux qui les reconnaissent comme leurs semblables.

        D’une part, ils ne sont pas obligés d’emprunter autant, compte tenu de l’apport que constitue leur épargne, ils auront donc moins d’intérêts à payer, ce qui rentabilisera plus vite leur investissement.

        D’autre part, le fait qu’ils apportent la preuve de leur aptitude à préférer, sur une longue période, s’obliger à préparer l’avenir plutôt à utiliser la totalité de leur pouvoir d’achat à la consommation, les prêteurs leurs consentent des intérêts de prêts bien plus faibles, parce qu’objectivement, ils courent moins de risques. Ils ont plus confiance.

        Cela se vérifie aussi en économie,et dans bien d’autres domaines, notamment en termes d’évolution dans les structures, en termes d’aptitude à conduire des projets en tenant bien les objectifs coûts délais et qualité etc… Etc…

        Rassurez vous, vous ne me convaincrez pas et réciproquement, mais c’est pas cela le plus important.

        Mais pourquoi n’arriverions-nous pas à nous mettre d’accord ? C’est une difficulté à surmonter, rien de plus. Nous en avons déjà surmonté, vous comme moi, pourquoi de pas surmonter celle-là aussi. Si l’on se met à deux pour la dissoudre, l’éliminer, la faire disparaître en prenant toutes les données en causes, en investissant le terrain du rationnel et de la logique au lieu de se perdre dans le passionnel, pourquoi ne pas y arriver ? Je garde espoir.

        PS : En répondant à Paul Jorion , j’ai aussi répondu, au moins en partie, à votre sollicitation suivante

        Mais je suis d’accord avec Paul Jorion quand il dit:
        La croissance est nécessaire pour payer les intérêts (cf. le Pacte de stabilité – Règle d’or). Tant qu’il y aura des intérêts à payer, vous ne pourrez pas éliminer la nécessité d’une croissance. La destruction de la planète est une implication logique du capitalisme.

        Ma réponse est ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=36384#comment-315312

        Bon dimanche.

  5. Avatar de muche
    muche

    Et les enfants de « la génération » de 68 ?

    Les enfants de la génération de 68… Arf. Je ne peux pas parler pour « les autres ». Ce qui suit est cantonné à mon environnement. Mais…

    Ils ont fait des études, pour certains. Et pour certains de ceux-là, ils ont appris des choses merveilleuses.
    Et certains se sont pris, diplôme en poche, pour des ayant-droit à privilèges.
    Pour vivre. Il faut bien vivre, il faut bien faire bouillir la marmite.
    Pour ceux qui ont pu obtenir des privilèges. Un salaire s’entend.
    Pour ceux qui on pu faire des études.
    Pour ceux qui ont pu les terminer.
    Pour ceux qui ont pu y trouver du sens.
    Pour ceux qui au bout de leurs études ne sont pas devenus par exemple « caissière » comme c’est le cas d’une amie. Quoi qu’on puisse bâtir sa vie et ses combats sur ce métier. Parfois.
    Pour ceux qui ont pu réaliser des sauts cognitifs au cours de leurs études aussi hein, pensons à tous les laissés pour compte des bancs de fac si généreusement ouverts et qui sélectionnent plus qu’ils n’accompagnent un processus de dépassement intellectuel… Mais passons. Passons sur les petites choses qui se passent à l’endroit des petites cooptations entre personnes de même milieu…

    Certains sont devenus des ayant-droit à privilèges totalement décomplexés !
    Des finalités à mes études, autres que ces privilèges ? Non !
    Travail, famille, brocolis, veuillez recevoir tous mes Marie-Claire…

    Alors je me souviens, tiens je me souviens des manif’ pour la défense de nos retraites…
    Oh surprise, tout ce monde !!!! Je n’en revenais pas !
    Je n’avais pas de salaire, mais bon. Pas de quoi voir à six mois, mais bon. J’avais passé l’âge de vivre dans 9m² mais bon. Je me demandais bien comment j’allais pouvoir cotiser à une quelconque retraite, mais bon.
    Un droit social chèrement acquis, un droit au moins pour cette génération qui vieillissait, qui vieillit. Alors, ces manif’ je les ai faites en m’appliquant. Et puis grève aussi. Quand j’avais la chance de pouvoir avoir un petit contrat, même dans ces cas-là je faisais grève. Mes collègues qui me disaient: » mais toi t’es pas obligée si tu veux, on comprendra ». Qui m’ont tenu chaud aussi pour certains^^. Mais si! Je veux en être ! J’y étais, je les ai faites ! Je les fais encore.

    Toutes les manif’ et toutes les grèves ces années-là, sauf une, parce que… Parce que, je peux vous dire que j’ai du chagrin en disant ça, parce que qu’un jour je me suis fâchée avec quelqu’un, qui était un de mes formateurs dans une formation hypothétiquement susceptible de me donner accès à ces fameux privilèges, et qui faisait partie des leaders de ces manifs, et qui dans le cadre de notre formation, n’en foutait PAS UNE !!!! Lui était un ayant-droit à privilèges. La formation était très exigeante sur le fond, sur des choses importantes pour nous tous, à l’endroit de ces finalités qui sont autre chose que de s’acheter une maison, de partir en vacances aux sports d’hiver, de… Et lui démissionnait devant nous à cet endroit-là.
    Par contre marcher dans la rue en portant un drapeau, il le faisait.
    Bien.

    Comme un incident, mais signifiant.

    C’était cela au fond qui comptait. Au fond ce que nous apprenions n’avait aucune espèce d’importance. Et puis petit à petit je découvrirai, petit à petit qu’au fond, ça aurait de moins en moins d’importance. J’avais déjà pressenti cela, mais je croyais l’avoir localisé en quelques lieux bien circonscrits. Ce que je pressentais était en fait une culture naissante qui faisait tâche d’huile. Déjà chez les plus jeunes, puis aussi chez ceux qui m’avait transmis des valeurs et qui semblaient ne plus y tenir eux-mêmes, se laissant glisser dans cette sorte de torpeur qui consiste à resserrer son existence sur des considérations de plus en plus bornées au cadre privé de l’existence. Et je ne peux pas leur en vouloir à ceux-là, parce qu’ils en prenaient plein les dents eux aussi, du chômage, de la précarité, et qu’à force, on bricole, on survit, on se replie, sur ses proches, sur ce qui est à portée de soi, ce qu’on maîtrise. Mais on replie sa conscience aussi. Et c’est là qu’on se laisse cueillir par les sirènes des temps nouveaux qui conduisent vers les naufrages, parce que ce n’est pas tenable d’avoir peur, il faut bien avoir confiance dans la vie, dans les autres, dans l’avenir. Tout pourvu que vous me donniez le sentiment de l’avenir ! Alors se creusent un peu plus les fossés intérieurs, de l’intime, des contradictions, on ne se comprend plus ET on ne se comprend plus ! Soi. Les uns les autres. Mais surtout, on ne se parle plus! Car on sait! On sait bien ! On sait bien qu’on a renoncé à quelque chose d’essentiel là, et ça fait trop mal, chut ne rien dire, chut tais-toi, mais non c’est normal, mais non tout va bien !

    – Ah non rien ne va! Non non non, non et NON!
    – Mais ça n’a rien à voir !
    – Mais si si si, ça a à voir, ça a TOUT à voir au contraire !

    Merci monsieur LAVAL, je vous ai connu par l’un de vos livres une fois que je furetais dans une librairie, et qui a fait partie de ces milliers (ou moins^^) de petits cailloux qui m’ont permis de ne pas céder à l’intérieur de moi sur quelque chose d’essentiel, et qui ont fait que je suis ici sur ce blog aujourd’hui.

    Oui héritière d’une certaine façon de cette respiration de 68, laquelle a planté durablement des graines dans mon esprit, laquelle a libéré un temps les miens qui m’ont lancée dans la vie avec ce désir-là inscrit très fort en moi. Enfin j’ai bien conscience que que nous venons de beaucoup plus loin dans l’Histoire qui nous fonde, la grande Histoire et toutes les petites, et je me sens quelque part, à la suite de ça, comme une sorte de rescapée.

    Moins structurée dans ma tête et ma personnalité cependant que souvent les gens dont vous êtes, me semble-t-il, que je devine dans vos façons justes, mais chacun son histoire, d’autant qu’il faut voir et comprendre aussi comment la société nous façonne aujourd’hui.

    Pardonnez les trous et les bosses, chacun roule sur le chemin, comme il peut.
    Je continue, clopin clopan.^^

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Merci « clopin clopan ».

      1. Avatar de muche
        muche

        Une goutte d’eau 😉

    2. Avatar de rendez-vous en enfer
      rendez-vous en enfer

      À muche,
      J’ai écrit (plus haut) qu’à la question
      « De quoi cet « acharnement » contre ce malheureux « 68” est-il le nom ? »,
      j’avançais :
      « NE VISE-T-IL PAS À « TUER » EN SOI TOUTE « JEUNESSE » ? »
      (Il faut bien comprendre ce qu’il y a dans ces deux mots).

      Eh bien, vous, au contraire et malgré tout,
      il semble que vous fassiez vivre en vous cette « jeunesse ».
      Alors, merci aussi.
      Surtout, continuez.

  6. Avatar de JPC
    JPC

    Bonsoir,

    Petit souvenir de lycée mai 68.

    J’étais dans un petit lycée de province en mai 68. Ce matin là, avant l’ouverture des cours, il se passait des choses inhabituelles. Les professeurs discutaient très forts, quelques uns se disputaient. Il y avait une agitation. Par la radio, nous étions plus ou moins au courant qu’à Paris, il y avait des choses!
    Comme d’habitude, nous sommes allés en classe attendre le professeur pour cette 1ere heure de cours de la journée.
    Il ne prit pas le temps de s’asseoir. « Les professeurs sont en grêve. j’arrête les cours. Vous êtes libres ». Il est parti.
    Nous sommes restés un moment dans la salle de classe et puis comme des oiseaux, nous aussi nous nous sommes éparpillés dans la cour du lycée. Observant que la porte de celui-ci était ouverte, nous nous sommes concertés puis discrètement nous nous sommes faufilés à l’extérieur. Nous étions « libres » ? Nous avions convenus de nous retrouver à la plage. Les jours suivants, nous nous sommes organisés : picnics, randonnées à vélo, etc. Lieu de départ : le lycée.
    C’était bien. Les filles étaient là, la musique aussi et le temps libre, libre comme l’air.
    Plus tard, les professeurs ont organisé des débats sur l’autonomie principalement, la responsabilité, …. Ils voulaient que les élèves soient présents afin de nous initier à des concepts importants et faire surgir en nous un brin de rebellion, semble t’il.
    Et puis les cours ont repris. Pour nous c’était la fin de nos libertés, de celles que nous avions choisies spontanément sans l’orientation de quiconque. A l’époque franchir l’enceinte du lycée avec le mot libre en bandoulière (même si la porte était restée ouverte) fut une émotion forte et qui est encore là quand je pense à mai 68.
    Nous étions comme les enfants de Boris Vian enfermés dans des petites cages dorées et nous avions appris à nous envoler en cachette.
    Le proviseur fit un discours. Il s’adressait aux élèves. « La fête est terminée. Vous en avez bien profité. Et bien maintenant il faut travailler pour passer dans la classe supérieure ». Quelques professeurs qui n’avaient pas fait grève applaudirent. Un de ceux là était notre professeur d’histoire. Ce fut difficile avec lui par la suite. C’était comme s’Il nous tenait responsable de « l’autonomie » qu’il détestait.

  7. Avatar de PRCF
    PRCF

    un autre des bienfaits des post- soixante-huitards: le laxisme pour la délinquance qui détruit les forces de résistance de la société.
    http://grenoble.indymedia.org/2010-11-22-La-Caillera-et-son-integration
    Evidemment les gauchistes libertaires des quartiers chics me traiteront d’horrible populiste stalinien.
    Je n’en que faire et leur souhaite de subir un jour les conséquences de leurs errements.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Il n’y a malheureusement pas qu’eux qui vous appèleront comme ça. Ceci dit, je ne crois pas que vous existiez : vous êtes comme votre précurseur ici jducac, une invention. J’attends avec intérêt vos premières contradictions sur les détails de votre enfance.

      1. Avatar de PRCF
        PRCF

        M.Jorion, avec tout l’immense respect que j’ai pour vous, vous êtes l’enfant de votre milieu et de votre époque, moi celui de mon milieu et de mon époque, bien moins protégés.
        (je me réfère à cette biographie:http://www.scribd.com/doc/27011397/Portrait-Paul-Jorion-Liberation-17-12-2009)
        Ainsi, suivant d’où l’on vient, la tolérance aux erreurs, à certains problèmes de la population n’est pas la même. D’où la perception différente que nous pouvons avoir vis-à-vis des idéologies prônant l’absence de contrainte et l’individualisme dont les individus se réclamant de mai 68 se sont faits les porte-parole. Cela ne m’empêche pas de lire ce que vous écrivez avec le plus grand intérêt!
        A tout hasard, si votre temps le permet , je suis curieux de connaître votre opinion sur mon lien vers le texte de Michéa.

        1. Avatar de Paul Jorion

          On aimerait bien en pouvoir être né en différents endroits et à différentes époques. On n’a malheureusement chacun droit qu’à un seul tirage. Cela ne devrait jamais nous empêcher de gueuler.

      2. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        PRCF n’est rien d’autre qu’ un robot programmé par les héritiers de Lénine et de Staline

        .
        Marlowe, libertaire, ni gauchiste, ni issu des quartiers chics.

    2. Avatar de rendez-vous en enfer
      rendez-vous en enfer

      À PRCF,

      Bonjour. Voilà que « l’acharnement » contre ce pauvre « Mai 68 » arrive de l’autre côté !
      Il est regrettable que votre soif de culture et d’égalité
      ne vous empêche pas d’être aussi réducteur.
      Sur certains aspects du marxisme, nous pourrions nous retrouver.
      Comme je peux me retrouver sur certains aspects des théoriciens anarchistes.

      Un mouvement mondial aussi complexe et protéiforme SE RAMÈNE donc pour vous
      au « laxisme pour la délinquance » ? Aux « gauchistes libertaires des quartiers chics » ? Etc…

      Pour aller sur votre terrain, et en rester au mois de mai et juin en France,
      savez-vous que la masse du prolétariat et des employés,
      qui nous importent à vous et à moi, étaient en grève totale ?
      Savez-vous que la suite s’est faite POUR EUX dans le déchirement ?
      Et connaissez-vous TOUS LES PROLONGEMENTS ?

      Comme aujourd’hui il faut en revenir aux documents,
      essayez de retrouver sur les sites videos le film « La reprise aux usines Wonder ».
      Vous m’en direz des nouvelles. Et il en est beaucoup d’autres.

      Permettez-moi de reprendre l’expression, certes un peu emphatique (j’assume),
      qui est l’une de mes réponses à ce fameux acharnement multipolaire :
      ne « tuez pas votre jeunesse ».

      « 68 » (et la suite) et vous, méritez mieux que ça.
      Bien à vous.

  8. Avatar de Pol
    Pol

    Le 68 t’are n’est pas conforme à l’image qu’en donne aujourd’hui la doxa. C’est par nature un contestataire s’opposant à toute oppression et travaillant à sa liberté et à celle d’autrui. Il conçoit le monde comme immanent et réfute toute transcendance. Il recherche le bonheur dans ce monde-ci (hic et nunc). Pour lui, la guerre c’est non, la paix, la joie, la nature propre c’est oui, et le fric c’est de la merde. Qui a vécu 1968 au printemps de sa vie ne peut l’oublier.

  9. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    De la génération 68 il ne reste pas seulement les orphelins de l’URSS, les winners de la pub, qui ne sont qu’une minorité.

    Christian Laval écrit

    « Cette génération est tolérante. »

    On se demande parfois comment certains le sont devenu, après avoir remâché leur haine des

    « bourgeois »

    jusqu’à l’écoeurement.

    Il y a aussi des parcours personnels que l’on ne connaît pas, comme celui-ci recueilli par Virginie Linhart :

    A l’occasion d’un dîner organisé par une amie qui connaît mon projet, je rencontre Thomas Piketty. Directeur d’études à l’EHESS, Thomas s’est imposé comme l’économiste du Parti socialiste au cours de la dernière campagne présidentielle. Il est aussi le fondateur et le directeur de la première école d’économie française. Sa thèse consacrée aux grandes fortunes du XXe siècle a quasiment été un succès de librairie : la question des inégalités y apparaît comme une véritable grille de lecture de l’histoire générale de la France contemporaine. Il n’a pas quarante ans, il appartient déjà à l’establishment intellectuel et politique le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas perdu de temps. Thomas est l’un de ces enfants dont les parents se sont brûlé les ailes en 1968. Une adhésion totale à l’air du temps qui leur a coûté cher… Côté paternel, la famille Piketty, d’origine italienne, est prospère ; elle a fait fortune dans la carrière de pierre et vit très bourgeoisement à Paris.

    « Mes parents se sont connus dans une manifestation, ils étaient extrêmement jeunes : mon père avait dix-sept ans, il était en première, ma mère en avait dix-neuf ; issue d’un milieu modeste, elle avait dû cesser ses études en troisième et gagnait sa vie comme employée de banque. Elle était militante à Lutte ouvrière, mon père l’a suivie à LO et a plaqué le lycée. Je nais en 1971, ma sœur en 1974. Mes parents m’ont raconté que progressivement ils se sont sentis ostracisés par leurs compagnons de militantisme : à LO, c’était très mal vu d’avoir des enfants ! Trop bourgeois ! De plus, mon père subissait des pressions de l’organisation qui voulait qu’il prélève l’impôt révolutionnaire auprès de sa famille… Jusqu’en 1974 mes parents tiennent le coup à Paris, parce qu’ils ont l’espoir que la gauche gagne l’élection présidentielle. Après l’échec de Mitterrand, ils décident de tout plaquer pour aller élever des chèvres dans l’Aude : ils quittent la ville, les boulots aliénants, le militantisme organisationnel oppressant et retournent à la terre. Avec les chèvres, mes parents vont jusqu’au bout de l’esprit 68 ; je précise qu’il n’y a aucune origine paysanne dans ma famille de part et d’autre : mes parents sont tous les deux nés dans la capitale ; en vérité, ils n’avaient jamais vu une charrue de leur vie… Je garde une impression homérique de ce voyage pour l’Aude. Mon père ouvrant la route, au volant d’un camion rempli de chèvres qu’il venait d’acheter. Nous, suivant derrière, dans une deux-chevaux bourrée à craquer, conduite par ma mère. Je me rappelle très précisément m’être dit à ce moment-là : « Mais qu’estce que c’est que cette blague ? » Des années plus tard, j’ai été faire un pèlerinage dans le village où nous vivions ; j’ai été frappé par la beauté du lieu, je ne me souvenais pas que le presbytère de l’église, où nous vivions, était si joli… Il faut dire que la difficulté de la vie quotidienne nous occupait complètement. Je garde le souvenir de nos départs à l’aube pour le marché de Perpignan, la voiture bourrée de fromages, je garde également en mémoire l’amertume de nos retours lorsque nous en avions vendu seulement trois. Ce n’est pas si facile de s’improviser fabricant et vendeur de fromages ! C’était pathétique. Tres vite, les gens du village ont chargé mes parents de vendre d’autres menues choses pour eux au marché, cela permettait de se faire des marges minuscules. Financièrement, c’était vraiment tendu. Un jour mon père, arrivant au marché, a dû donner un coup de frein brusque : tous les œufs du voisin que l’on devait vendre se sont brisés net. Ça paraît dérisoire, c’était dramatique : entre mes parents et le couple ami avec lequel ils étaient associés, ils ont failli en venir aux mains tant la situation était précaire et le manque à gagner important pour eux… Mon père n’avait gardé qu’une chose de son éducation bourgeoise : il jouait au tennis et participait à des tournois ; le samedi, je l’accompagnais. Généralement les gens qui jouent au tennis en province sont plutôt huppés. Ils avaient de grosses voitures, cela me faisait rêver. Mon père me disait : « Tu sais, Thomas, ils ont de grosses voitures, mais ils n’ont pas de belles idées dans la tête. » Je pensais en mon for intérieur qu’il avait peut-être raison, mais que leurs voitures étaient drôlement belles… »

    Dans une société qui quitte les Trente Glorieuses pour entrer dans l’ère des chocs pétroliers et du chômage, la famille Piketty a un mal fou à survivre. Sans diplômes, sans capital économique, la sortie des années de l’euphorie révolutionnaire fait l’effet d’une sévere douche froide. « Je n’ai aucun souvenir joyeux de cette période. Mes parents n’étaient pas préparés à vivre ces années de chômage, nous vivions dans la précarité. On oublie que 68 a coûté très cher a un certain nombre de gens qui ont tout plaqué du jour au lendemain pour des idéaux, puis qui se sont fait cueillir par la crise économique des années 70. Comme beaucoup d’autres, mes parents ont adhéré tres jeunes, dix-huit ans a peine, à un discours libérateur : ils en ont payé les pots cassés. Ils n’avaient pas fait d’études, ce n’étaient pas des intellectuels, ils avaient rompu avec leur famille… Ils font partie de cette majorité anonyme des post-soixante-huitards dont on ne parle jamais qui est venue gonfler les rangs des chômeurs à partir du milieu des années 70, sans y avoir été préparée. Je me demande même si ces incidences économiques n’expliquent pas pour partie les discours que l’on a entendus par la suite, ce rejet viscéral des années 68. »

    Thomas dit que lorsqu’on m’entend on a le versant glamour de 68, tandis que lui ce serait le versant sombre. «Mes parents ont mis beaucoup de temps à se remettre de leur mésaventure soixante-huitarde, elle a brisé leur couple. Ma mère travaillait la journée comme employée de banque au Crédit Lyonnais et suivait une formation le soir ; elle est parvenue à réaliser son double rêve : devenir institutrice et apprendre à jouer du piano. Mon père a réussi à se faire embaucher comme ouvrier agricole à l’INRA, après avoir été saisonnier agricole pendant plusieurs années : au moins son expérience des chèvres lui a servi ! Ensuite il a progressivement gravi les échelons de l’institution, il est devenu technicien de recherche. Dans quelques semaines, à force de cours du soir, il soutient sa thèse. Mes parents n’évoquent jamais cette période de 68. Je crois vraiment qu’ils la vivent comme un grand échec. Je suppose que c’est arrivé à pas mal de gens dont on ne sait rien : cette masse silencieuse qui a plaqué les études qu’elle aurait dû suivre, la vie qu’elle aurait dû mener, pour un idéal révolutionnaire qui s’est transformé en cauchemar quotidien… et cela sans même passer par la case élevage de chèvres ! » […]

    Comme le ménage, la nourriture était alors le cadet des soucis de nos parents. Mon père se ravitaillait chez « Tout cuit » le bien nommé, qui vendait une cuisine familiale très bon marché. Ma mère répétait à satiété son unique spécialité culinaire : des œufs durs à la sauce blanche. Thomas se souvient d’un régime à peu près similaire : « Chez moi, c’était la dictature du prolétariat ! L’attention à la nourriture, son goût n’avaient pas d’importance. Pendant vingt ans, le dimanche, on a mangé une tranche de rumsteck – apport en protides – accompagnée d’une salade de fenouil grossièrement coupée. Evidemment, je suis devenu un bon cuisinier et bien manger est important pour moi. » Il n’y avait pas cette attention aux choses agréables de la vie, ni aux belles, ni aux bonnes. Il n’y avait pas cette idée du plaisir des yeux, ou des sens, comme si nos parents étaient trop pris par leur engagement pour s’arrêter au décorum.

    Extrait de Le jour où mon père s’est tu, de Virginie Linhart

    1. Avatar de rendez-vous en enfer
      rendez-vous en enfer

      S’ils lisent ce blog, ou un proche, qu’ils sachent qu’on les salue.
      Même si d’autres ont soulevé, à l’époque, tous les dangers de ce choix.

      On pourrait parler aussi de ceux qui se sont « établis » en usine.
      On pourrait parler de ceux qui ont créé des communautés
      (beaucoup ont chuté, certaines ont perduré).
      On pourrait parler de la masse de ceux qui se sont investis
      de multiples façons dans la transformation de leur milieu professionnel
      (cela a aussi « coûté cher » à un nombre largement supérieur
      à ceux qui se sont faits récupérer, et que seuls les détracteurs veulent voir).

      Il faudrait surtout parler finalement de la « vague gaulliste » des élections :
      toute une « France » est entrée « en réaction ».

      Malgré quelques parenthèses relatives, notamment en France,
      l’Histoire fonctionne souterrainement comme les plaques tectoniques :
      derrière divers avatars qu’il serait trop long d’analyser ici
      (d’ailleurs de nombreux commentaires s’y emploient bien sûr),
      c’est cette « RÉACTION », multiple, profonde, retorse,
      que TOUS (sauf le « 1% », ou 5…) payent AUJOURD’HUI.

      Élargissons : c’est Hayek, Friedman and Co. (des noms ?)
      qui nous ont fixé « rendez-vous en enfer » à court terme maintenant. PAS « 68 » !

      En toute cordialité à tous, même aux « acharnés » contre les « enragés »
      (là il faut écrire lol ?).

      N-B 1 : À la relecture, j’aurais quand même beaucoup à reprendre
      du texte de Ch. Laval. Mais ok.

      N-B 2 : à l’adresse (très éventuelle) de Virginie Linhart :
      Piketty (que j’apprécie) « s’est imposé comme l’économiste du Parti socialiste
      au cours de la dernière campagne présidentielle » ???
      On galège ? Qui est conseiller à l’Élysée ?
      Le fils des fichus « soixante-huitards » ? Etc…

  10. Avatar de Mianne
    Mianne

    « Chez moi, c’était la dictature du prolétariat ! L’attention à la nourriture, son goût n’avaient pas d’importance. Pendant vingt ans, le dimanche, on a mangé une tranche de rumsteck – apport en protides – accompagnée d’une salade de fenouil grossièrement coupée. Evidemment, je suis devenu un bon cuisinier et bien manger est important pour moi. » Il n’y avait pas cette attention aux choses agréables de la vie, ni aux belles, ni aux bonnes. Il n’y avait pas cette idée du plaisir des yeux, ou des sens, comme si nos parents étaient trop pris par leur engagement pour s’arrêter au décorum.

    Comme si le « plaisir des yeux » du cadre de vie et les » plaisirs de la table » n’étaient pas basés sur des références culturelles !

    Un cadre de vie spontané et non conforme au prétendu « bon goût » bourgeois ni à celui que voudraient imposer les architectes d’intérieur du moment et des aliments sains sans assaisonnement particulier sont aussi, de par leur naturel, un plaisir des sens . Tout est une simple question de références personnelles .

    Ce texte dépeint la vie d’une famille pour laquelle 1968 ne fut qu’un moment d’égarement ,et bien vite revenue à ses goûts et à ses aspirations bourgeoises de « réussite » sociale conventionnels pour elle-même et ses enfants .
    Des soixante-huitards sont restés fidèles à leurs idéaux .D’autres ont mixé 68 pour eux-mêmes et la recherche d’un gagne-pain « sûr » ( !!!) pour leurs enfants .
    Des enfants de soixante-huitards et leurs conjoints adhèrent aux valeurs soixante-huitardes de partage , de refus des conventions bourgeoises, de la frime et du consumérisme,. ,Par contre d’autres enfants ont intégré, souvent par leurs conjoints, des familles bourgeoises.
    A chacun son histoire post 68 .

  11. Avatar de gyps
    gyps

    Ces retours au mythe de « Mai 68 » m’exaspèrent, parce que c’est du passé et que d’autres combats sont nécessaires aujourd’hui. J’ai imprimé le texte (25 pages!) romantiques où je n’ai trouvé aucune allusion à ces idées de mai. Les jeunes d’aujourd’hui à qui C. Laval dit qu’il est resté fidèle à ses « idées », vont se dire à quoi bon, ce fut un échec. Si quelques malins en ont tiré un bénéfice personnel, la plupart en restent blessés.
    C’est ainsi, parce que ce fut un moment d’ouverture, trop vite verrouillé par une partie même de ceux qui ont encadré le mouvement. Et qu’on ne me dise pas qu’il n’y avait pas de chefs!
    La remise en question du mode de vie et de pensée en 68 a germé et fermenté. Il en est sorti de bonnes et mauvaises choses. Récupérées, manipulées, travesties parfois. C’est à chacun de faire son marché, d’avoir l’esprit critique et de choisir sa liberté. Parce que le thème central de mai 68 était la liberté. Contre les mandarins universitaires, les académies figées, la bien pensante et les préjugés, la loi du fric et des castes. Finalement, aujourd’hui, le combat est quasi le même, et plus difficile si les anciens combattant considèrent qu’ils n’ont plus rien à y faire.
    Je considère qu’il y a une filiation entre la génération de mai et les suivantes. Des choses ont été faites, mais le poids des habitudes, l’inertie et le dégoût des changements pèsent. Les jeunes ont un flambeau à reprendre, et avec l’enthousiasme de la jeunesse, un nouveau pas peut être franchi. Oubliez les vielles barbes nostalgiques et avancez, il y a tant à faire.

  12. Avatar de juko

    Merci du rappel de ce texte, bien qu’un peu long et redondant par moments.
    Né en 71 mais de mère « 68ardes » (quelle étrange expression, entre hussarde et une sorte d’insulte, je me demande quand et par qui elle a été employée la première fois), je n’en ai senti dans mon éducation que des émanations de plus en plus diffuse, mais plus vivace finalement que je pensais, surtout à l’adolescence où bien sûr rien des parents n’est pardonnable. Mais ce qui est montré ici des vaincus conscients opposés aux vainqueurs aveugles me parle, ici et maintenant. Il y a parfois des efforts à se conformer dont on n’a même plus conscience, une sorte d’excuse permanente muette de ne jamais être à la hauteur, une excuse que l’on traîne sans s’en rendre compte dans nombre de nos rapports professionnels ou amicaux. Par peur d’être déjugé, méprisé, abandonné. Faiblesse humaine oui mais vient un moment où l’énergie perdue à vouloir s’intégrer nous désintègre, retour de flamme. Alors peut-être est-ce le moment d’interroger le monde, et de lui chercher à lui aussi moins d’excuses.

Contact

Contactez Paul Jorion

Les livres de Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Mais, bonne nouvelle dans ce monde de brutes : Fitch et Moody’s laissent la note de la France inchangée… 🤑 https://www.tdg.ch/dette-fitch-et-moodys-laissent-inchangees-la-note-souveraine-de-la-france-766745382534

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta