Espirito Santo : LES MÉCANISMES DU DÉMANTÈLEMENT SE METTENT EN PLACE, par François Leclerc

Billet invité.

La chute du groupe Espirito Santo va se poursuivre des mois durant avec plus de discrétion. Espirito Santo International, la holding au sommet du groupe est officiellement placée en redressement judiciaire, en attendant que Rioforte prenne comme probable, le même chemin. Mais parmi les derniers épisodes intervenus, on a appris que des actionnaires de Portugal Telecom – qui n’a pas été remboursé d’un prêt d’un milliard d’euros à l’une des holdings du groupe, Rioforte – allaient intenter une action en justice contre sa commission exécutive qui l’avait accordé. Afin de désamorcer d’autres actions ultérieures, la Banque Espirito Santo (BES) a annoncé de son côté qu’elle garantissait ses clients privés du remboursement des titres d’Espirito Santo International et de Rioforte qu’elle leur a vendus, pour un montant total de 853 millions d’euros (pas les investisseurs institutionnels, qui en ont acheté pour deux milliards d’euros). Enfin, le groupe a sans attendre vendu la majeure partie de sa banque privée BPES opérant en Suisse à la banque CBH, dont l’actionnaire est la holding Espirito Santo Financial Group (ESFG), également actionnaire de la BES.

Cette dernière continue de faire l’objet de toutes les attentions. Elle rendra publics ses résultats du 1er semestre de cette année le 30 juillet, comprenant des provisions pour pertes qui seront examinées de près. La dernière estimation rendue publique provient de la banque américaine Citi, qui les chiffre entre 1,9 et 4,3 milliards d’euros, la banque déclarant disposer d’un matelas de capital de 2,1 milliards d’euros, ce qui ne permettrait de couvrir que le bas de la fourchette. Les pertes provenant de la filiale angolaise de la BES font la différence. Le vice-premier ministre portugais a eu aujourd’hui des conversations à Luanda avec le président angolais portant sur l’ensemble du groupe Espirito Santo, dans lequel des investisseurs angolais sont présents dans différentes structures. Mais rien n’a filtré si ce n’est que les régulateurs des deux pays allaient « travailler conjointement », ce qui signifie qu’un canal spécifique a été ouvert pour discuter de la suite. Un « package » incluant la filiale de la BES serait-il en question ?

Une recapitalisation est activement recherchée afin de ne pas entrer dans une logique de sauvetage qui impliquerait non seulement la participation des actionnaires et des créanciers juniors, mais aussi l’intervention de l’État qui dispose encore de fonds européens destinés à aider les banques dans le cadre de son propre plan de sauvetage. Après la banque espagnole Santander, le nom de la banque brésilienne Bradesco est évoqué, ainsi que celui de BBVA, également espagnole. Un apport sera en tout état de cause nécessaire pour renforcer le ratio de fonds propres de la banque, pour ne pas avoir à solliciter l’État. La nouvelle direction de la banque s’est entourée afin de l’assister de la Deutsche Bank.

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