L’HUMANITÉ QUI LEUR FAIT DÉFAUT, par François Leclerc

Billet invité.

Devant le spectacle offert par « la marche de l’espoir » de plus d’un millier de réfugiés, le verrou mis en place par le gouvernement hongrois a sauté, la situation devenant intenable pour lui. Derrière un drapeau de l’Europe et brandissant des portraits d’Angela Merkel, ceux-ci avaient entamé hier en famille une longue marche de 175 kilomètres, quelques uns en chaise roulante, pour rejoindre la frontière au départ de Budapest où ils étaient bloqués, mais 123 bus affrétés par le gouvernement hongrois les y ont finalement conduits.

Les autorités autrichiennes avaient pris des dispositions pour les acheminer ensuite en train jusqu’à la frontière allemande, où ils ont été pris en charge, répartis dans le pays pour y trouver enfin « une once d’humanité » selon Amnesty International. Dans les gares allemandes d’arrivée, des centaines de bénévoles attendent les réfugiés. Fort de ce résultat, une seconde marche a été entreprise au départ de Budapest par plus de 500 réfugiés, mais les autorités ont fait savoir que les réfugiés ne seront pas transportés par bus. 800 évadés d’un camp situé près de Debrecen, à l’Est de Budapest, tentent également de rejoindre la frontière autrichienne, qui se trouve à environ 500 kilomètres.

Les conditions dans lequelles se poursuivent l’exode restent indignes. Illustration de la dégradation de la situation, des milliers de réfugiés qui cherchaient à embarquer pour Athènes ont été repoussés avec des gaz lacrymogènes par les forces anti-émeutes dans l’île grecque de Lesbos, qui recueille la moitié des arrivants en Grèce et où règne une très grande confusion.

Venant de Grèce puis de Macédoine, la route des Balkans vers l’Allemagne n’a pu être longtemps barrée par le gouvernement hongrois, malgré l’adoption par le parlement d’une loi anti-immigrants qui renforce les possibilités de déploiement de l’armée aux frontières, et rend l’immigration illégale passible de jusqu’à trois ans de prison. 50.000 réfugiés auraient rejoint la Hongrie durant le mois d’août et l’exode se poursuit. Comme l’a fait remarquer le ministre autrichien des affaires étrangères Sebastian Kurz, « ceux qui pensent que l’hiver va régler le problème parce que ça va réduire le nombre [de réfugiés] ont peut-être raison en ce qui concerne la route méditerranéenne vers l’Italie, mais pas en ce qui concerne la route des Balkans occidentaux ».

Réunis de manière informelle, les ministres des affaires étrangères n’ont pas publié de communiqué. Le vice-Premier ministre turc Cevdet Yılmaz a conclu le G20 finances d’Ankara en annonçant que « la question des migrants » serait traitée « au niveau politique » lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 qui est prévu à la mi-novembre à Antalya (Turquie). D’ici là, la situation aura largement le temps d’empirer et les conditions de l’exode de se détériorer.

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