Brexit : LES POSTURES NE FONT PAS UNE POLITIQUE, par François Leclerc

Billet invité.

La Haute Cour britannique a compliqué encore la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Accorder au Parlement la haute main sur le déclenchement d’un processus qui baigne déjà dans la confusion, comme elle a l’a statué, c’est prendre le risque d’en rallonger le calendrier de décision, et même de le faire capoter.

Theresa May a déjà annoncé faire appel auprès de la Cour Suprême, qui devrait lui donner gain de cause, ce qui reste à vérifier. La tension s’est brutalement accrue dans un pays favorable au Brexit, et dont le Parlement n’y était pas favorable. Pour tenter de dénouer cette contradiction, la logique voudrait que des élections anticipées soient convoquées, mais ce serait mettre de l’huile sur le feu dans la situation actuelle. Comme le serait toute tentative de passer outre le résultat du référendum par un artifice ou un autre. En attendant, la crise politique européenne a trouvé une nouvelle opportunité pour s’exprimer en renforçant le rejet des élites et de leur politique d’austérité, la construction européenne en faisant les frais.

Initialement favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’UE, la Première ministre est désormais résolument favorable à sa sortie. Toutefois, elle ne dispose pas d’une stratégie de mise en œuvre du Brexit. Contrainte et soumise à des pressions contradictoires, dépourvue des moyens d’évaluer les conséquences de ses décisions, elle navigue au plus près. En face, les plus hautes autorités européennes masquent qu’elles ne sont pas mieux loties en se réfugiant faute de mieux derrière des postures. En réalité, personne ne sait où il va après avoir été pris au dépourvu, se préparant à défendre pied à pied ses intérêts nationaux.

Deux ans sont prévus, une fois le processus enclenché à l’initiative du Royaume-Uni, pour négocier les modalités de sa sortie. Faute d’avoir préalablement défini une méthode pour les établir, elle va devoir être clarifiée en marchant, ce qui ne va en rien simplifier les négociations. En dépit de ses défauts criants, l’intégration européenne est très avancée, et la dénouer n’est pas une mince affaire. Les gouvernements allemand et français ont dès le départ manifesté leur souhait que tout se fasse dans les meilleurs délais, non sans naïveté, mais les futures négociations sont au contraire condamnées à s’éterniser, accroissant les contradictions d’intérêts et rendant illusoire tout renforcement simultané de l’Europe visant à stopper son délitement.

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