LE TEMPS QU’IL FAIT LE 18 MAI 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 18 mai 2017. Ouvert aux commentaires.

Bonjour, nous sommes le jeudi 18 mai 2017 et vous savez quand je fais la vidéo un jeudi c’est parce que je suis trop occupé le vendredi. Et effectivement, en général quand je fais la vidéo le jeudi plutôt que le vendredi c’est que je suis sur la route, et demain, je serai sur la route vers Lyon. Pourquoi vers Lyon ? Si je n’ai pas annoncé un grand débat auquel vous pourriez assister, c’est parce qu’on m’a demandé de venir réfléchir tout haut, de penser tout haut avec des cadres de ATD Quart Monde et je le fais, bien entendu, tout à fait volontiers.

Aujourd’hui, l’actualité, c’est surtout ce qui s’est passé hier. En France, un gouvernement s’est constitué et c’est un gouvernement qu’on aura tendance à dire « du centre ». C’est un gouvernement du centre, effectivement. Et on aura tendance à dire, du coup, que c’est un gouvernement « modéré ». Et là, il faut peut-être un peu réfléchir davantage que cela parce que tout n’est plus comme avant. Avant, il y avait des extrêmes, et les extrémistes se trouvaient sur les bords : l’« extrême gauche » et l’« extrême droite » et, au milieu, on avait des gens appelés « modérés » : des partisans du juste milieu. Et depuis un certain temps, on appelle les gens du centre, des gens qui sont des extrémistes à leur manière. Et en particulier, ce sont souvent des gens qui sont acquis à un système que j’appelle un « fascisme en col blanc » pour le distinguer des choses… voilà… qu’on connaît, avec de gens qui marchent au pas de l’oie. Il ne s’agit pas de ça mais il s’agit quand même des partisans d’un système où une aristocratie – ou une « aristocratie » entre guillemets si vous voulez – de l’argent, règle les choses et dit aux autres ce qu’il faut faire. Et, en particulier, on reconnaît un système de ce type là, parce qu’il considère que les salaires qui sont payés aux gens qui n’ont pas de gains qui leur viennent du capital – c’est-à-dire du travail des autres ou du travail de la machine ou de ce qui vient normalement du soleil, ou du fait que les plantes poussent d’elles-mêmes – les gens qui sont payés pour leur travail, on considère que ce sont des perdants et que si les choses vont mal, eh bien, la solution est simple : il s’agit de les payer moins. Voilà !

Alors, c’est une position – il faut bien l’appeler par son nom : c’est une position extrémiste. Il n’y a pas de raison que ce soit comme ça. Quand, en 1758, Monsieur François Quesnay fait son Tableau économique de la France, il nous montre des entreprises qui fonctionnent avec des avances en capital : des gens qui y mettent de l’argent, une avance qui est faite par des gens qui s’occupent de la direction-supervision de l’entreprise, et des gens qui avancent le travail. Et, il a une vision qui est, je dirais un peu négative – mais pas pour ceux qu’on n’aime pas aujourd’hui, qu’il appelle les « classes oisives », celles qui reçoivent des sous sans faire grand-chose dans le processus ou même rien du tout. Et il appelle « classes laborieuses » les autres et il est clair qu’il considère qu’il y a quand même une sympathie à avoir pour les « classes laborieuses ».

Or, tout cela s’est renversé, vous le savez bien. Maintenant, les salaires, ce sont des coûts pour l’entreprise, personne ne comprend vraiment pourquoi on paye ces gens là. Si ça ne rapportait vraiment rien, eh bien, on le saurait, quand même. Alors, vous me direz : « On en a de moins en moins besoin ! ». Oui, on en a de moins en moins besoin de gens qui travaillent. Mais en attendant, tant qu’ils sont là, on pourrait les traiter correctement. Et ça, malheureusement, ce gouvernement très modéré – pardon, très centriste – que l’on va avoir en France, il n’y a pas de raison – d’après ce qu’on a compris – qu’il soit très modéré pour ce qui est justement, de l’oppression de la personne qui travaille par les autres : ceux qui considèrent… qui veulent qu’on ramasse de l’argent sans avoir fait grand-chose, c’est un luxe, mais ça prouve la personne qu’on est. Ça prouve qu’on a un mérite – un mérite quelconque – par exemple : d’avoir pris du risque. Ce risque, ces gens, en général, auraient bien du mal à expliquer ce qu’il est. Mais, non, quelque part, un jour, ils ont pris un risque et, voilà, ils sont récompensés pour toujours. Le gagnant emporte tout.

Alors, donc, méfiez-vous : un gouvernement centriste, cela ne veut pas dire que ce ne soient pas des gens qui aient des idées bien précises et, surtout, que ce ne soient pas des gens qui aient des idées qu’il faut absolument combattre parce que ce sont les pires qu’on puisse imaginer.

Alors, quand vous verrez mon petit manifeste qui va commencer à circuler, vous verrez que les idées qui sont défendues par ce gouvernement centriste sont à l’opposé de celles que je propose. Dans un cadre, bien entendu ! Civilisé !

J’appelle cet ultralibéralisme, je l’appelle un « fascisme en col blanc » et quand un représentant particulièrement – je dirais – poli et bien élevé – comme Monsieur Macron – le représente – eh bien je parle du « visage humain de l’ultralibéralisme » : d’un « ultralibéralisme à visage humain ». Ce qui ne veut pas dire que ce ne soient pas des idées qu’il faut absolument combattre parce que ce sont des idées qui vont dans le sens de la concentration des richesses et qui font qu’un jour il se trouvera, d’un côté, des gens qui travaillaient et qui n’ont plus rien à faire et de l’autre côté, d’autres, qui considéreront qu’ils sont des parasites. Et comme le dit Monsieur Peter Frase : la tentation pourra exister, pour ces gens là, de se dire : « À quoi servent ceux-là qui font du bruit dehors, est-ce qu’on ne pourrait pas s’en débarrasser ? » Ne riez pas : ça a déjà été fait ! Ça a déjà été fait dans certains cas. Cela se fait même, en ce moment, à certains endroits qui ne sont pas très éloignés d’où vous vous trouvez vous-même. Donc, voilà, ça peut se produire. Donc, il ne faut pas être d’accord avec ça.

Alors, autre chose dans l’actualité bien sûr : les États-Unis ! Les États-Unis et la chute de Monsieur Trump : c’est une question de semaines, de jours, d’heures ou peut-être de minutes, enfin le dernier développement, c’est qu’on nomme un « General Counsel » : un conseiller spécial pour s’occuper des liens entre la Russie et l’équipe de campagne de Monsieur Trump et – comme nous l’ont montré les événements de la semaine dernière – ce n’est peut-être pas même une chose du passé puisque Monsieur Trump a donné des secrets militaires importants – dans un cadre où il n’y avait pas d’urgence absolue de le faire de cette manière là – à ses contreparties russes : on parle ce matin de prêts qui ont été consentis, sinon à Monsieur Trump, du moins à des alliés très proches, par des banques russes, etc. etc.

Ça me fait penser à un article : je viens de regarder quand on m’avait demandé cet article : le 27 mars. Un grand quotidien m’avait demandé de faire un papier assez rapidement sur un sujet particulier. Alors, on est le… on est un mois et demi plus tard, on est quelque chose de l’ordre de 6 semaines, ou même davantage, plus tard, et je n’ai pas connaissance que ce journal, qui m’avait demandé de faire ce papier, l’ait jamais publié. Alors, ce que je vais faire, je vais vous le mettre en-dessous de la vidéo. (Presse à sensations et géopolitique).

C’était un papier où on parlait du populisme. Du populisme ! Et je soulignais, dans ce papier que la question du populisme doit être posée dans le cadre qui est le nôtre : de la manière dont John Maynard Keynes l’avait posée en 1940, en disant : « L’Europe d’après-guerre, elle sera soit sous la domination de Moscou, soit sous la domination de Berlin ». Et je crois que ce papier du 27 mars – qui n’a pas servi – je crois qu’il est toujours d’actualité parce que si on veut regarder ce qui s’est passé en France récemment, et aux États-Unis, eh bien il n’est pas mauvais de regarder dans cette perspective : Berlin ou Moscou. Et, le paradoxe bien entendu, c’est que jusqu’à hier ou avant-hier, Moscou avait sans doute le sentiment d’avoir réalisé un grand coup avec Monsieur Trump à la présidence des États-Unis : ce n’est vraiment pas mal d’avoir, je dirais, la voix de Moscou à la présidence des États-Unis ! Mais enfin, c’est une affaire, je crois, qui est en train de se terminer. Mais la question s’est posée aussi, durant la campagne présidentielle en France : Moscou et Berlin. Et là, il y avait, au centre, on pourrait dire, on avait des gens qui sont en faveur de Berlin et, aux extrémités : à droite et à gauche, on avait des gens en faveur de Moscou. Et, curieusement, on avait au centre droit, enfin, dans une droite un peu dure mais qui n’est pas l’extrême-droite : celle de Monsieur Fillon, on avait aussi un ami de Moscou.

Donc, si on avait regardé simplement les choses, je dirais, en termes de probabilités, eh bien il était probable qu’on aurait, en ce moment, un président, en France, qui serait, lui aussi, aligné sur Moscou comme c’est le cas aux États-Unis. Ç’aurait été une configuration particulière et, bien entendu, Monsieur Trump se serait réjoui, se serait réjoui de la chose et, on se serait peut-être aussi réjoui de la chose aussi, également, du côté du Kremlin.

Alors, voilà ! Enfin, ça ne s’est pas fait et c’est en train d’évoluer rapidement en France et aux États-Unis. En France, bon, dans les jours qui viennent je ne pense pas qu’il y aura de grande évolution. Mais aux États-Unis, il faudra encore regarder l’actualité de très près, sinon d’heure en heure, du moins de jour en jour.

Voilà ! Aujourd’hui, un peu de géopolitique. À bientôt !

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