LE TEMPS QU’IL FAIT LE 7 JUILLET 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 7 juillet 2017. Merci à Pascale Duclaud !

Bonjour, nous sommes le vendredi 7 juillet 2017 et je suis dans une chambre d’hôtel à Aix-en-Provence parce que j’ai été invité aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qui ont lieu une fois par an. C’est la première fois que je suis invité. Ça me fait très plaisir d’être invité et on m’avait laissé d’ailleurs un choix entre plusieurs tables-rondes auxquelles participer (3), et j’en ai choisi une dont le thème dépasse un petit peu la compétence qui m’est reconnue dans le domaine de la finance puisque j’ai choisi un thème qui est plutôt lié à mon livre qui s’appelle Le dernier qui s’en va éteint la lumière publié l’année dernière, et dont j’écris, non pas une suite, mais des considérations du même ordre dans le livre qui s’appelle Qui étions-nous ?, et dont j’espère terminer la rédaction au moins à la fin de cette année-ci.

Alors le thème : « Serons-nous encore des humains ? ». Et il y aura en particulier à mes côtés Mme Buzyn, la ministre de la Santé en France, le Dr. Vallancien également, et une quatrième personne. Et nous discuterons de ce sujet-là.

Ça dépasse un petit peu l’économie puisqu’on évoquera la Singularité, l’Intelligence Artificielle, on évoquera ce courant idéologique – plus ou moins lié aux entreprises de la Silicon Valley et aux armées en général – qu’on appelle le transhumanisme et auquel je consacre une activité depuis le début de l’année à l’Université Catholique de Lille.

Des thèmes intéressants, qui nous éloignent un petit peu de l’actualité, mais pour ce qui est de l’actualité je serai interrogé demain par une journaliste sur l’actualité française et en particulier, vous avez vu, j’ai commencé à écrire un petit peu sur le programme de M. Macron tel qu’il l’a présenté lundi dernier, le 3 juillet. J’ai parlé d’abord du ton sur lequel il parlait, et puis ce matin j’ai mis en ligne… simplement je dirais… pas une réflexion très « rédigée » : une réflexion « à chaud » sur certains passages.

Eh bien, le verdict est très très clair ! Il y a là tous les… je dirais, tous les signes extérieurs de l’ultralibéralisme. Il y a tous les partis-pris :  le partis-pris du genre « liberté du renard dans le poulailler », partis-pris du type « malheur aux vaincus » : on vous encourage… on encourage tout le monde à être un entrepreneur, je dirais « de choc », mais par ailleurs on sait bien que c’est un système où les perdants ne sont pas très très bien traités.

C’est aussi un système où il y a une partie de la population qui règle l’ardoise pour le reste de la population quand celle-là a pris trop de risques avec le beaucoup d’argent dont elle dispose. Ce qu’on résume en général par « privatisation des profits et collectivisation des pertes ».

Tout ça en plus d’un ton extrêmement daté qui m’évoquait comme je l’ai dit, davantage la 4ème République qu’une 6ème en gestation. Et pour le contenu lui-même, voilà : ultralibéralisme pur jus.

Il n’est pas question  d’envoyer la gendarmerie, les troupes, etc… euh… mais ! Mais ! : Dans le fond, C’EST l’ultralibéralisme, C’EST, prôné, une aristocratie des gens qui ont de l’argent. Et dans un cadre de ceux qui n’y arrivent pas ou qui, pour des hasards divers, ne sont pas dans les circonstances qui conviennent, eh bien, ceux-là sont… euh, comment dire ? (rires) : « On gère leur présence »… avant que, éventuellement – et ça c’est le transhumanisme quand même qui soulève cette question – avant que, éventuellement, on ne décide… euh, comment dire ? d’employer une solution radicale, une solution finale éventuellement, vis-à-vis de tous ces gens qui travaillaient et dont le travail a été remplacé par celui de la machine.

Je ne parle pas de ceux qui sont propriétaires de la machine parce que, eux, eh bien, la machine travaille pour eux ! Et quand on leur dit : « Il faudrait un peu taxer cette machine de la même manière qu’on taxait les gens qui travaillaient ! », là ils poussent des haut-cris parce que leur but à long terme, c’était l’élimination totale des gens qui se syndiquent d’une manière ou d’une autre, qui protestent contre la manière dont on les traite. Et comme on a de moins en moins besoin d’eux, le problème risque d’être résolu comme cela, avec  le problème évidemment d’une gestion de gens avec qui on ne partage que de manière absolument minimale, sous forme de – voilà – par exemple, de revenu universel de base : un minimum pour qu’ils se tiennent tranquilles. Et s’ils ne se tiennent pas tranquilles, eh bien, ils seront considérés éventuellement comme des gêneurs. Enfin…  ils seront considérés certainement comme des gêneurs, mais on les traitera éventuellement comme des gêneurs. Donc voilà : ça c’est des questions qu’il faut soulever.

J’espère que… on a le droit à une heure et quart pour bavarder à quatre personnes : ça ne laisse pas énormément de temps mais enfin il y a un certain nombre, je dirais, « de vérités de bases » du type de celles que je dis ici qui pourront éventuellement être soulevées et j’essaierai de dire le maximum et en tous cas le maximum de choses importantes comme celles que j’essaie de glisser ici rapidement. [P.J. Je considère avoir rempli le contrat ; un certain nombre de personnes présentes ont eu la gentillesse de me dire que cela avait également été leur sentiment].

Voilà ! Je vais arrêter là et je vous dis : « À la semaine prochaine ! ». Voilà, au revoir !

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