Retranscription de Les États-Unis ont perdu, le 18 décembre 2020.
Bonjour, nous sommes le vendredi 18 décembre 2020. Pendant qu’on a l’attention attirée quelque part, il se passe des choses ailleurs et des choses aussi importantes que la chute du mur de Berlin.
Ça fait la une des journaux. Je viens de vérifier, ça fait la une du Monde en ligne. Je crois que c’est le 3ème article. Le premier, c’est malheureusement le retour en force de la Covid-19 mais le 3e article, c’est celui qui parle de ce dont je vais vous parler maintenant. J’ai lu tout ce que j’ai pu. De manière un peu étonnante, la plupart des journaux aux États-Unis disent des choses assez distinctes donc, ce n’est pas simplement une dépêche d’agence de presse. J’ai voulu d’abord appeler ça « La Russie a gagné », ma vidéo … Mais la Russie a démenti. Elle a démenti que ce soit elle qui soit responsable de la chose en question. Vous me direz, la Russie a démenti, c’était hier ou avant-hier, être impliquée en quoi que ce soit dans l’empoisonnement de M. Alexeï Navalny mais … c’est vrai qu’il y a d’autres possibilités. Il y a deux autres possibilités : c’est que le responsable de la chute des États-Unis soit la Chine ou les extra-terrestres donc, on ne va pas exclure ni la Chine, ni les extra-terrestres parmi les responsables éventuels.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit du fait que les logiciels de 18 000 agences et firmes importantes américaines sont hackés, sont piratés par un agent extérieur, un agent extérieur qui a bien caché son jeu puisqu’il n’a agi à aucun moment de l’étranger. Il a d’abord envahi des domaines à l’abandon aux États-Unis et, à partir de là, il s’est infiltré à différents endroits par un moyen au moins qu’on a pu déterminer, qui sont des patches, des rustines, qu’une firme : SolarWinds – qui s’occupe de logiciels de mise à jour – des rustines pour des outils Microsoft que cette entreprise distribue à ses clients pour réparer ou améliorer diverses fonctionnalités. Ces patches, ces rustines, étaient des chevaux de Troie dans lesquels se trouvaient d’autres choses qui sont allées s’installer dans les logiciels.
Cela depuis au moins 4 ans apparemment. On ignore en ce moment si ces rustines SolarWinds sont le seul moyen [P.J. 16-3 : apparemment non] qui a été utilisé. Elles se trouvent à ces endroits stratégiques que sont la gestion des silos contenant des armements nucléaires, le Ministère des Finances des États-Unis [P.J. 16-3 : la NSA, l’agence de surveillance internationale dont Edward Snowden nous a expliqués le fonctionnement secret] … Enfin, la liste est quasiment infinie. On peut supposer que des alliés des États-Unis ont été compromis de la même manière et je vois parmi les noms déjà cités, les États Arabes Unis, la Belgique, Israël.
Et donc, les États-Unis se retrouvent ce matin à savoir … qu’ils ne savent pas où se trouvent des logiciels qui observent tous leurs mouvements, à 18 000 endroits importants pour eux comme le Ministère des Finances, des firmes qui sont impliquées dans le réseau d’électricité et justement dans la gestion de l’armement nucléaire. Il y a une puissance étrangère, dont je rappelle la liste des suspects et du responsable éventuel : la Russie, la Chine ou les extra-terrestres.
Vous vous souvenez de la guerre froide ? La guerre froide, c’était entre le « bloc soviétique » comme on disait et « le monde libre ». On pouvait dire ça autrement : on disait aussi « l’URSS et ses satellites » – on ne le disait pas trop mais on aurait pu dire comme ça – contre « les États-Unis et leurs satellites ». Ce qui est un peu gênant évidemment, c’est que ça faisait de nous des satellites – sauf à l’époque où le Général De Gaulle avait sorti la France de l’OTAN. Enfin, tout ça s’est arrangé depuis.
« Depuis 4 ans », ça nous rappelle des choses. Il y a quelque chose aussi qui s’était passé il y a 4 ans, c’était en tout cas que la Russie – là, on n’a pas d’hésitation – que la Russie avait mis un homme à elle à la tête des États-Unis en tant que président, ce qui est quand même sérieux comme attaque contre un pays quand son ennemi traditionnel, son ennemi juré, son ennemi de toujours, met un homme à elle au sommet. On ne sait pas encore, bon, c’est le sujet des bouquins que j’écris là-dessus, on ne sait pas encore exactement de quelle manière, comment ils ont fait pour que Trump ne fasse que répéter ce que Poutine disait. Par ailleurs, chantage ou carrément sur le payroll, sur la liste des employés, mais cela dit, les Américains qui sont déjà dans une fameuse gueule de bois parce que Trump va sans doute – espérons ! – va sans doute partir au début, c’est quoi, le 20 janvier ? mais il laisse un pays complètement miné par le doute, par les rumeurs.
Je recopiais l’autre jour un petit passage d’un roman de Philip K. Dick qui est très connu comme auteur de science-fiction. Là, c’était un livre qui n’est pas de la science-fiction, c’est plutôt, comment dire, de la métaphysique, qui s’appelle « The Transmigration of Timothy Archer », la transmigration de Timothy Archer, son dernier roman dans lequel il notait que la désinformation, c’est la spécialité de l’Union soviétique. Il écrivait ça, c’était en 1982. On le sait, il y a un fameux truc, ça ne date pas d’hier ni d’aujourd’hui, c’est le fameux faux qui s’appelle « Les protocoles des sages de Sion ». Ça avait été mis au point par les services secrets tsaristes. C’était encore avant la révolution d’octobre de 1917.
Mais donc, une puissance étrangère est absolument infiltrée dans le système des États-Unis, de pratiquement toutes ses principales entreprises [Forbes 500], de tout ce qui compte, comme le réseau électrique, tout ce qui est l’énergie, tout le truc militaire, etc.
On nous dit ce matin qu’il y a un machin au Pentagone dont on sait qu’il n’a pas été compromis. Ça n’a pas d’importance, c’est tout, tout, tout. Il y a un pays qui sait exactement ce qui se passe aux États-Unis. Les États-Unis ne savent pas où se trouve ce malware, ce truc piraté, ce logiciel, en français on dit « logiciel malveillant ». Ça se trouve sans doute partout. C’est indétectable pratiquement puisque justement, ça a été mis au point à partir de sites piratés aux États-Unis : il n’y a pas de traces de communication avec l’extérieur. Ceux qui ont fait ça sont très très forts [P.J. 16-3 : un officiel américain parlera de « au moins 5 000 programmeurs »]. Vous connaissez l’histoire, ça s’appelle l’histoire de David et Goliath. Je ne vous la rappelle pas mais seulement la morale de l’histoire : quand on est dans un combat avec quelqu’un de très très fort, il y a moyen de gagner mais en étant plus intelligent que lui. Voilà : si on n’est pas le plus fort, il faut être le plus intelligent.
Mon hypothèse, je ne sais pas… Les journaux américains ne parlent pas de la Chine du tout. Je ne sais pas, je ne sais pas si c’est pas eux. S’il fallait dire, je ne sais pas, je dirais 70 % Russie – 30 % Chine. Ah pardon, je vais quand même garder 5 % pour les extra-terrestres. Je ne crois pas que ce soient les extra-terrestres personnellement.
Il y a une guerre, voilà, qui n’aura pas lieu. Il y a une guerre militaire avec des armes nucléaire qui n’aura pas lieu. Moi, j’ai très peur des guerres nucléaires. Il peut encore y en avoir entre l’Inde et le Pakistan, des gens qui sont en conflit depuis un certain temps. Ils ont tous les deux des bombes atomiques. Mais là, ce n’est pas demain [rires] que les États-Unis vont lancer une guerre thermonucléaire contre quelqu’un parce qu’il y a quelqu’un d’autre qui sait exactement comment désarmer ça à la dernière minute ou alors tout faire exploser dans les silos, ou alors d’en faire exploser un dans un silo comme dans le film « Colossus. The Forbin Project » (1970), le cerveau infernal ou je ne sais quoi comment il s’appelle en français [« Le cerveau d’acier »].
C’est intéressant, c’est intéressant parce que voilà, c’est vrai, on est là : Covid, transmission de pouvoir aux États-Unis, la France, la France glisse-t-elle vers un État sécuritaire autoritaire ? Et pendant ce temps-là, eh bien, on apprend que la guerre froide que les Américains avaient vraiment cru gagner avec la chute du mur de Berlin et la fin du bloc soviétique, eh bien, non : ils ont perdu.
Ils ont perdu et ils ne peuvent plus bouger : ça va prendre des années d’essayer de trouver où se trouve tout ce qui a été planté là et on ne sera pas encore sûr, même après des années…, on ne sera pas sûr d’avoir tout trouvé.
Le plus drôle, c’est que les Américains avaient mis en place un système pour empêcher ça qui s’appelait « Einstein ». Eh bien, ce n’était pas Einstein ! [rires] Ce n’était pas Einstein du tout parce que, d’abord, on a compris qu’en fait, il pouvait uniquement repérer les choses dont il connaissait déjà plus ou moins l’existence, des sortes de répétition de choses déjà connues. Il pouvait déceler des logiciels malveillants ressemblant à certains qui ont déjà été utilisés ou carrément les mêmes, etc., ou des choses qui venaient de l’extérieur. Ils n’ont pas pensé qu’on pouvait, voilà, agir comme ça de l’intérieur-même et avec des méthodes qu’on n’avait pas utilisées avant, en utilisant des moyens détournés : on en connaît un maintenant, ce SolarWinds. Ce n’est même pas le gouvernement américain qui a découvert le pot-aux-roses. C’est une firme privée qui s’appelle FireEye. C’est eux qui ont trouvé ça. Ils ont trouvé qu’il y avait un truc qui leur venait de SolarWinds qui n’était pas catholique et en remontant, ils ont trouvé (oui ouh là) qu’il n’y avait pas qu’eux, il y en avait 17 999 autres compromis aux Etats-Unis + ceux qu’on ne sait pas encore en Europe et ailleurs, parmi les alliés des États-Unis.
Bon, alors, est-ce que c’est la Chine qui a gagné ? Est-ce que c’est la Russie ? Est-ce que c’est les deux ? En tout cas, voilà, les États-Unis sont down for the count, comment dit-on en français ? ils sont knockout, ils sont au tapis et l’arbitre a compté jusqu’à 9 et il ne se passe plus rien.
Les États-Unis ont perdu. C’est la nouvelle d’avant-hier. J’ai attendu un peu, comme d’habitude, j’attends de pouvoir vous parler de manière un petit peu détaillée, en ne me trompant pas trop sur les chiffres et les noms avant d’en parler mais voilà, ça fait la une des journaux un peu partout, peut-être pas en n° 1 mais je crois qu’on va en parler de plus en plus. Pour moi, c’est intéressant par rapport à ce que j’ai écrit dans ces deux bouquins sur Trump. J’ai dit, on voyait ça partout : « Moi, je vous parle de la partie émergée de l’iceberg. Moi, je vous parle des 5 % qu’on peut voir. N’oubliez pas qu’il y a 95 % qui ne sont pas visibles ».
J’avais déjà évoqué ça dans ce petit livre qui s’appelle « La guerre civile numérique » (2011). On m’avait proposé d’appeler ça « L’insurrection numérique ». C’était vu par l’éditeur, à l’époque, comme le peuple qui se soulevait par le hacking, le piratage informatique, contre ses dirigeants. J’ai dit : « Non, c’est plus compliqué ». Finalement, on s’est mis s’accord sur « La guerre civile numérique », donc la guerre de tout le monde contre tout le monde avec le numérique et je parlais déjà de ça, de ce dont je parle aujourd’hui, en 2011.
Je ne savais pas grand-chose. Je savais ce qu’on pouvait savoir en lisant ici et là + quelques hypothèses à moi, fruits de recoupements divers, mais voilà, c’était là. Bon, l’effort a donc été fait essentiellement autour des 4 dernières années. Si c’est la Russie, chapeau ! Vous avez mis votre bonhomme à la tête des États-Unis et ce n’est pas fini : son pouvoir de nuisance n’est pas terminé même quand il sera parti et les États-Unis ne peuvent plus bouger, ils ne peuvent rien faire jusqu’à ce qu’ils aient imaginé avoir entièrement enlevé tout ça, mais c’est ça qui montre les puissances qui montent et celles qui sont à la baisse. Déjà, l’élection de Trump, c’était un signe que la gangrène était déjà bien avancée et là, il y a un monde qui est en train de s’écrouler. Vous me reprochez de parler trop de la Chine, de m’intéresser trop à la Chine. Non, moi, je m’intéresse à ce qui marche et je vous tiens au courant de ce qui ne marche pas. Malheureusement, ce qui ne marche pas, c’est plutôt de l’ordre du comique et du comico-tragique : notre incapacité alors que l’exemple de la Chine, quand même, sur comment il fallait gérer une pandémie, il était là, il est toujours là.
Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas ce dont on sait qu’il faudrait le faire ? Est-ce vraiment parce que les états sont à ce point décomposés à la suite de l’ultralibéralisme qu’ils n’aient plus les moyens du tout de mobiliser des choses, de prendre des décisions, de planifier ? Là aussi, là aussi, ça montre, d’un côté, un monde, des cultures qui s’en sortent plus ou moins bien. Si c’est les Russes, ça montre que leur formation mathématique, ça joue, que c’est important. Je vous l’avais dit, M. Naftali Tishby, je vous ai parlé de ça. Il n’intéresse pas grand-monde. C’est la personne qui a compris, je dirais, vraiment intuitivement et de manière à pouvoir l’expliquer bien, ce qui se passe réellement à l’intérieur d’un réseau neuronal, un réseau de neurones artificiels qu’on utilise pour l’apprentissage d’une intelligence artificielle et je vous l’avais dit, j’ai regardé une vidéo qui durait, 1h48, j’en ai regardé plusieurs de lui, j’en ai regardé une très longue et ça se passait à l’Académie des Sciences de Moscou [correct]- à moins que je me trompe, que ça se passe à Saint-Pétersbourg, Léningrad – mais il n’y avait là que des jeunes, enfin il y avait quelques vieux mais il y avait une majorité absolue de jeunes et ils n’en perdaient pas une miette, c’est-à-dire que ce monsieur qui expliquait un truc très très important qu’il avait lui compris – et la plupart du monde ne sait pas du tout que M. Naftali Tishby a compris comment ça marchait – là, dans cette classe, salle de classe ou salle de conférence, se trouvaient des jeunes, des jeunes femmes et des jeunes hommes. Ils n’en perdaient pas une miette. Je n’en ai pas vu un qui regardait par la fenêtre ou quoi que ce soit.
Voilà, ça, c’est la force, c’est la force de la Russie, et d’autres pays d’Europe centrale et d’Europe de l’Est : ils comprennent comment ça marche. Je l’ai dit l’autre jour dans un courrier privé à quelqu’un qui me posait une question sur pourquoi ceci et cela et je stigmatisais quand même, je stigmatisais quand même le fait que dans nos pays, on soit si, comment dire ? si fatalistes vis-à-vis du fait qu’un enfant n’a pas compris comment ça fonctionne les mathématiques. Résultat : je voyais que dans les connaissances en mathématiques, la France, même en Europe seulement, la France se trouve tout en bas. C’est une faiblesse. C’est une faiblesse, on le voit aujourd’hui. C’est une faiblesse d’être aussi fatalistes vis-à-vis du fait que les enfants ne comprennent pas. Alors, je voyais une explication : on demandait à des profs qui ont appris la littérature française en faculté, on leur demandait à eux d’enseigner les mathématiques aux enfants des écoles. Si eux ont déjà choisi ce sujet-là, c’est peut-être parce qu’eux-mêmes avaient déjà décroché du point de vue de l’arithmétique et de la trigonométrie, tout ça.
Enfin voilà, je vais terminer là-dessus : les États-Unis ont perdu.

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