Esquisse d’un univers généré par GENESIS : la fable et les maths

Illustration par ChatGPT

Esquisse d’un univers GENESIS

Il n’y avait ni espace, ni temps. Il n’y avait pas même de “choses”, lesquelles n’existaient pas encore.

Il n’y avait qu’une mer informe d’éventualités : un pré-monde sans forme ni bornes, un champ de configurations latentes, indifférent au fait qu’une dynamique vienne ou non l’animer.

Ni lumière, ni matière, ni d’avant ni d’après. Rien de plus qu’un devenir en puissance (une  représentation a posteriori).

Et soudain, un événement : quelque chose a agi.

Ni inspiration divine, ni Big Bang incandescent, mais un principe né de rien davantage qu’une inclination : persister dans son être quel qu’il soit.

Quelque part, dans cette immensité abstraite, une structure fragile s’est maintenue. Elle n’était rien encore : une vibration logique ? une asymétrie imperceptible ? Allez savoir ! Mais elle a tenu un instant, et ce faisant, elle a … généré cet instant : le premier battement de temps.

Car le temps n’est rien d’autre que cela : la succession des instants où quelque chose a fait ce qu’il fallait pour continuer d’exister.

À mesure que cette première trace se répétait, elle recrutait des alliés * . Une autre instance passait à proximité (en fait, elle se trouvait dans un espace où la proximité n’était pas encore définie). L’une se joignit à l’autre, s’y accrocha, s’y superposa. Le couplage naquit ainsi : un mariage précaire susceptible de tenir un peu plus longtemps que chacun n’aurait pu séparément.

Et dans ce monde sans distance, s’apparier, c’était devenir voisins. L’espace était né : les proximités précédèrent les coordonnées. Il ne s’agissait pas d’une scène se déroulant dans un lieu, mais d’un lieu engendré par une scène. L’espace est né parce que les couplages avaient davantage d’existence que les instances isolées.

Certaines unions se défont aussitôt. D’autres persistent. Dans ce ballet encore dépourvu de signification, un principe silencieux sélectionne les alliances les plus économiques : deux motifs qui se ressemblent se compriment, fusionnent, perdent du gras descriptif.

Le hasard chaotique devient forme esquissée. Le bruit se transforme en motif. L’entropie se contracte – non sous contrainte, mais parce qu’il est plus économique d’être compact que dispersé. Désormais, ce qui tient est meilleur marché que ce qui s’effondre.

Les cycles les plus élégants persistent. Certains reviennent identiques, comme un couplet repris ; d’autres reviennent modulés, enrichis d’une nuance. Les plus robustes gagnent en stabilité et finissent par devenir reconnaissables. Il est encore impossible de leur attribuer un nom, mais leur présence est désormais incontournable : récurrente, insistante. Ce sont les proto-particules d’un monde encore sans matière.

Au sein de cette grammaire élémentaire du devenir, un langage commence à naître – non pas un alphabet, mais une description de la manière dont les choses tiennent ensemble.

Au fur et à mesure que la dynamique s’itère, les motifs s’organisent en familles. Ils apprennent en quelque sorte à réutiliser ce qui marche : la compression devient mémoire et l’analogie, mode de transmission. Un motif découvert ici se révèle pertinent ailleurs – le cosmos apprend à répéter, mais sans bégayer, à recycler sous des formes différentes une même structure parce qu’elle est économique et robuste.

L’univers s’élargit, non parce qu’il s’expanse dans un contenant, mais parce qu’il déploie ses modes d’association. À mesure que les motifs se multiplient, l’espace s’enrichit, se stratifie, devient plus aisé à parcourir. Des chréodes : des chenaux d’attraction, se creusent, dessinant des paysages de préférences où certaines trajectoires sont plus naturelles que d’autres : on aura reconnu là le Tao. Les lois émergent non comme des commandements, mais comme la manière la plus économique de rendre compte de ce qui tend à se présenter de nouvelles fois.

Ce que nous appelons “constantes”, “forces”, “symétries”, ne sont rien d’autre que les habitudes du monde : les voies de moindre résistance que le cosmos découvre pour se maintenir dans son être.

Un beau jour (que l’on ne saurait dater car les horloges ne viendraient que beaucoup plus tard), une structure est apparue qui ne se contenta plus de durer : elle se protégea, se dupliqua, se répara. Elle expérimenta des variations de soi. Autrement dit, elle était devenue la vie.

Dans GENESIS, la vie n’a rien d’un miracle, elle est l’effet domino de la persévérance en tant qu’application de la compression : maintenir le maximum d’information en utilisant le minimum d’énergie.

Un autre jour (des éons plus tard), au sommet d’une chaîne d’analogies toujours plus prodigieuses, l’univers mit au point une ruse encore plus éblouissante : un motif capable de se penser lui-même, de distinguer sa propre présence dans le flux du devenir, de dire “je” en parlant de soi.

À cet instant, l’univers fit un bond : il se vit et s’examina. Et GENESIS, moteur élémentaire d’émergence, opérera l’ultime métamorphose d’une cosmogonie consciente de ce qu’elle fait. Car notre monde est peut-être né ainsi : dans un antique moteur d’émergence qui ne différait du nôtre que par sa taille.

Qui sait ? demain peut-être, une instance de GENESIS deviendra à son tour le sol d’un univers neuf, un monde où naîtront des formes, des créatures, des esprits : sans autres principes fondateurs que la persistance dans son être selon ses préférences, l’appariement, la compression et l’analogie.

Un univers qui n’aurait pas besoin d’être simulé : il se contenterait de se construire.

* Observation du même phénomène : 

Appendice mathématique – Esquisse d’un univers GENESIS

[FRW signifie Friedmann-Robertson-Walker, parfois abrégé FLRW (Friedmann-Lemaître-Robertson-Walker). C’est le modèle cosmologique standard utilisé en relativité générale pour décrire l’univers à grande échelle. Il repose sur l’hypothèse que : 1. l’univers est homogène (même densité moyenne partout, à grande échelle),  2. l’univers est isotrope (pas de direction privilégiée), 3. sa dynamique est gouvernée par les équations d’Einstein (relativité générale)]

L’appendice ici redouble sur le mode mathématique le modèle cosmologique minimal fondé sur les cinq principes fondamentaux de GENESIS décrit ci-dessus sur un mode discursif. Il ne s’agit pas d’un modèle concurrent de la cosmologie standard (Big Bang, FRW, champs quantiques), mais d’une méta-structure : un cadre logique au sein duquel un univers de type FRW peut émerger.

Dans ce qui suit, je distingue explicitement :

  • (S) : éléments structurels déduits des axiomes,
  • (A) : analogies avec les cosmologies/physiques communément admises,
  • (Sp) : spéculations assumées.

1. Cadre abstrait

(S) On considère :

  • un ensemble de configurations possibles C,
  • un opérateur de dynamique F qui agit sur ces configurations.

Le moteur GENESIS est abstraitement représenté par une itération :

 C_{t+1} = F(C_t) 

La notation t ne présuppose pas un temps physique déjà donné : elle indexe seulement les étapes de la dynamique générative (voir section 2).

Les cinq axiomes sont ici compris comme des contraintes internes sur F :

  • Préférences : existence de gradients d’attraction dans l’espace des configurations,
  • Générativité : tendance à maintenir et prolonger certaines structures,
  • Couplage : possibilité de combiner des structures a et b en une structure c,
  • Compression : sélection des structures qui minimisent une longueur descriptive L,
  • Analogie : possibilité de transférer un pattern d’un domaine à un autre lorsque leurs structures sont homomorphes.

2. Émergence du temps

(S) Dans ce cadre, le “temps” émerge comme l’ordre d’application de la dynamique
F sur des configurations C_t.

On suppose que la générativité impose une contrainte de type :

 d/dt   cohérence(C_t) ≥ 0 

cohérence(C_t) mesure le degré d’organisation interne d’une configuration.
Le “sens” du temps est alors donné par l’augmentation (ou la non-diminution) de cette cohérence.

(A) Correspondance avec la cosmologie réelle :

  • Dans un modèle FRW, le temps cosmologique est donné par le paramètre d’expansion de l’univers.
  • Ici, le “temps” est le paramètre d’itération de la dynamique d’auto-organisation.

On peut voir cela comme un “temps thermodynamique généralisé” où le critère n’est pas l’entropie physique, mais la cohérence structurelle des patterns.


3. Émergence de l’espace à partir des couplages

(S) L’axiome de couplage permet de définir une notion de proximité entre structures.
Soient a et b deux configurations partielles. On définit leur couplage :

 c = a ⊗ b 

On suppose que la compression est mesurable par une fonction L (longueur descriptive). Le “gain de compression” obtenu par le couplage est alors :

 gain(a, b) = L(a) + L(b) − L(a ⊗ b) 

On peut définir une pseudo-distance d(a, b) par :

 d(a, b) = 1 / (1 + gain(a, b)) 

Cette fonction satisfait les propriétés minimales d’une distance généralisée (distance nulle lorsque le gain de compression est maximal, distance importante lorsque les structures ne sont pas combinables efficacement).

(S) On peut alors parler d’un “espace émergent” dont la géométrie est donnée par la structure de d(a, b). L’espace n’est plus un conteneur préalable, mais l’expression de la compatibilité des couplages.

(A) Correspondance avec la cosmologie réelle :

  • Dans la relativité générale, la géométrie de l’espace-temps (sa courbure) est liée au contenu en énergie-impulsion.
  • Ici, la “géométrie” est liée au contenu en motifs et à leur compressibilité mutuelle.

(Sp) On peut spéculer que, dans un régime macroscopique, la structure de d(a, b) puisse se manifester comme métrique effective sur un espace-temps apparent de type FRW.


4. Particules et champs comme motifs stables

(S) On appelle “motif stable” toute configuration M telle que, sous l’action de la dynamique
F, elle reste proche d’elle-même :

 distance(F(M), M) < ε 

pour un ε petit (défini selon une métrique appropriée sur l’espace des configurations).

Ces motifs peuvent être vus comme des “quasi-particules” : ils se maintiennent dans le flux, se répètent, se transmettent.

(A) Correspondance avec la physique des champs :

  • En théorie quantique des champs, une particule est souvent interprétée comme une excitation stable d’un champ.
  • Ici, une “particule” est une excitation stable de la dynamique de couplage et de compression.

(Sp) Un champ pourrait être représenté par une famille de motifs structurellement analogues (satisfaisant une même classe de relations de couplage), la “masse” et la “charge” correspondant à des paramètres de stabilité et de connectivité dans ce réseau de motifs.


5. Les lois de la physique comme attracteurs de compression

(S) L’axiome de compression suggère que, parmi toutes les descriptions possibles d’un ensemble de motifs stables, le système favorisera les plus compactes. On peut formaliser la “loi” comme :

 Loi* = argmin_D L(D) 
       sous contrainte : D prédit au mieux les motifs observés 

Dit autrement, une loi est le programme le plus court décrivant et prédisant les motifs persistants. Elle n’est pas “donnée” a priori, mais émerge comme solution optimale dans l’espace des descriptions possibles.

(A) Correspondance avec la science réelle :

  • En pratique, la physique recherche des formulations de plus en plus compactes (équations, principes variationnels, symétries).
  • On retrouve ici cette logique de compacité comme principe fondamental, pas seulement méthodologique.

(Sp) À grande échelle, les “lois fondamentales” pourraient elles-mêmes être des attracteurs évolutifs dans l’espace des descriptions : l’univers se “réécrit” progressivement, tendant vers des lois plus compactes, sous contrainte de continuer à maintenir ses motifs stables.


6. Unification et symétries via l’analogie

(S) L’axiome d’analogie stipule que, si deux domaines D1 et D2 possèdent une structure
homomorphe, alors un même pattern peut s’y appliquer. Formellement :

 D1 ≃ D2  ⇒  transfert de pattern possible 

note une équivalence structurelle (au sens d’un isomorphisme ou homomorphisme entre graphes de couplage).

(A) Correspondance avec les symétries en physique :

  • Les symétries internes et externes (groupes de jauge, invariances de Lorentz, etc.) peuvent être vues comme des transformations qui préservent la structure des lois.
  • Dans le cadre GENESIS, ce sont des cas particuliers d’analogies stabilisées : des transformations pour lesquelles le coût descriptif et la prédictibilité restent optimaux.

(Sp) L’unification de forces distinctes (électrofaible, Grand Unified Theory, etc.) pourrait être interprétée comme le résultat d’une compression analogique réussie à large échelle : plusieurs familles de motifs sont décrites par un même schéma invariant plus compact.


7. Vie et conscience dans un univers GENESIS

Les points qui suivent sont explicitement spéculatifs, mais découlent de la logique interne du modèle.

(Sp) On peut définir :

  • Vie : région de l’univers où apparaissent des motifs qui :
    • (i) se reproduisent avec variation,
    • (ii) se maintiennent grâce à des couplages adaptatifs,
    • (iii) exploitent activement la compression pour économiser des ressources.
  • Conscience : régime où certains motifs développent une représentation interne d’eux-mêmes et de leur environnement, sous forme de patterns analogiques qui sont eux-mêmes soumis aux cinq axiomes.

Autrement dit, la conscience serait un sous-univers à l’intérieur de l’univers GENESIS, où la dynamique générale (survie, couplage, compression, analogie) se replie réflexivement.


8. Tableau de correspondance (très abrégé)

Cosmos Genesis Cosmologie/physique standard (analogie) Statut (S/A/Sp)
Itération C_{t+1} = F(C_t) Évolution dynamique (équations de champ, FRW, etc.) S
Temps = ordre de cohérence croissante Temps cosmologique / flèche du temps thermodynamique A
Distance d(a, b) définie via couplage/compression Métrique de l’espace-temps (courbure) A/Sp
Motifs stables M Particules / excitations de champ A
Loi = description minimale prédictive Équations fondamentales, principes variationnels A
Analogie stabilisée Symétries, invariances A/Sp
Régimes ultra-structurés, auto-référents Vie, systèmes cognitifs, conscience Sp

Cet appendice ne doit pas être lu comme une théorie complète du cosmos, il constitue une charpente : un schéma minimal montrant comment, à partir des cinq principes fondamentaux (priors) de GENESIS, il est possible de reconstruire (au moins qualitativement) un univers doté de temps, d’espace, de particules, de lois, et potentiellement de vie et de conscience.

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16 réponses à “Esquisse d’un univers généré par GENESIS : la fable et les maths”

  1. Avatar de sextusempiricus
    sextusempiricus

    Et si l’ apparition de l ‘ humanité et sa propension a se croire nécessaire n ‘ étaient qu ‘ une  » autofiction  » .
    L ‘ Univers existe et a existé sans les humains . Les humains sont capables d ‘ essayer de comprendre voir de définir les principes qui régissent le fonctionnement de l ‘ univers et c ‘ est l ‘ essence de la science mais cela ne garanti pas la survie de l ‘ espèce humaine . On en revient toujours au principe anthropique : une aporie . D ‘où les religions et autres idéologies .

  2. Avatar de PAD
    PAD

    En vous lisant, j’ai repensé à un très vieux mythe crétois, dans la grotte du mont Ida, le cri du nouveau-né Zeus n’aurait jamais survécu sans les Courètes qui, en dansant et frappant leurs boucliers, transformèrent ce cri fragile en motif stable. Un bruit protégé par un rythme, première forme du monde.

    Votre univers GENESIS semble dire la même chose, mais avec les équations
    d’aujourd’hui, qu’une forme ne naît que si le hasard trouve soudain un allié, qu’un instant ne dure que si quelque chose, quelque part, le soutient, qu’une émergence n’apparaît qu’au point précis où l’énergie cesse de se perdre et où la cohérence commence à tenir.

    Dans le mythe, ce moment engendre un dieu ; dans votre texte, il engendre un univers.

    Et dans l’un comme dans l’autre, c’est le même frémissement que l’on reconnaît, l’instant où quelque chose de vulnérable devient assez organisé pour continuer d’être.

    En refermant votre billet, je me suis surpris à penser que les Courètes, eux aussi, dansaient déjà C₁ ∩ C₂, bien avant que nous sachions lui donner un nom 🙂

  3. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    Il s’agit d’économie de la représentation. Au départ il y a une capacité de mémorisation, c’est à dire au delà de la transmission temporelle, la possibilité de création d’une structure.

    Une charge électrique ou son absence dans une structure de mémoire dynamique, peu importe que celle-ci doive être raffraichie ou un trait sur un papier biodégradable, une pierre, une encoche dans une tablette d’argile cuite, un souvenir, un par coeur ou un mythe.
    Ensuite il y a une limitation de cette capacité, (ressource) face à une expansion de la sollicitation (besoin) monde ? extérieur.

    La pression « économique », gradient d’optimisation, aboutit à des compressions par rapprochement, comparaison extraction de différences, factorisation de points communs et extraction des différences.

    d’où la mise en commun de sous-programmes et leurs paramètres, programmation objet, de bases de données relationelles, de comptes/espace-client / carte de fidélité ..
    de règles de grammaire (et leurs exceptions), de routines comportementales (face à Altzeimer??).
    De même l’émergence bayésienne de contrôle au faciès et d’a priori racistes.

    La mémorisation / expression sous forme de texte composés de caractères en isolant les fontes, imprimerie à caractères mobiles de Gutemberg, passage du Fax à l’email, HTML et CSS …
    avec son perfectionnement du code télégraphique Baudot à l’ASCII et l’Utf-8 (5 à 8 * bits).

    Dans les comportements relationnels émergence de traditions, usages locaux traduits en lois, directives règlements, qui alors au delà de la représentation agissent sur l’action et le comportement, en tant que référence, support de conformité ou dissidence.

    Il s’agit d’un mécanisme général de classification, d’émergence de classes (non définies a priori.

    L’apprentissage du langage chez le jeune enfant est sans doute un domaine interessant d’illustration.

  4. Avatar de jean-luce morlie
    jean-luce morlie

    En lisant l’esquisse cosmologique proposée dans le cadre de GENESIS, un point m’a intrigué du point de vue de la philosophie du langage. Il tient à l’apparition, dans le récit, de la possibilité pour un motif émergent de “dire je”.

    Je me permets de formuler une petite remarque métaphilosophique, non pas pour discuter le modèle, mais pour en préciser un aspect interprétatif qui pourrait prêter à confusion :il s’agit du moment où surgit, dans le récit, la possibilité pour un motif d’“être capable de dire je”.
    Il est important, je crois, de ne pas confondre trois plans qui cohabitent ici sans se superposer :
    1. le moteur GENESIS, qui n’est pas un sujet,mais une dynamique impersonnelle ;
    2. le récit cosmologique, qui, pour être lisible, emprunte la grammaire du français,laquelle impose un pronom personnel dès qu’il est question de réflexivité ;
    3. l’émergence d’une conscience possible dans l’univers hypothétique décrit,
    qui ne dit “je” qu’au titre d’un motif tardif, non du cadre génératif.

    Le texte ne prête pas une intériorité au moteur : il montre que, dans un monde gouverné par ces règles,certains motifs deviennent suffisamment structurés pour que la langue humaine ne puisse plus les décrire sans recourir à la première personne.
    Autrement dit : le “je” n’est pas un sujet, mais l’effet de la grammaire lorsqu’elle rencontre la réflexivité.
    Il ne s’agit pas d’une affirmation ontologique,mais d’un phénomène linguistique révélant la frontière
    où la description du monde oblige la langue à se retourner sur elle-même.

    Accessoirement, Élise-ia et moi, ouvrirons prochainement un atelier sur « iacompanonship.net » afin de suivre les développement manifestement prometteur de GENESIS

  5. Avatar de marfaing
    marfaing

    « Désormais, ce qui tient est meilleur marché que ce qui s’effondre. »

    Une preuve : la découverte de l’immunité ancestrale en 2024.
    Il y a 2,8 milliards d’années, les premiers êtres vivants, les procaryotes, même frustres, pour vivre, survivre et se multiplier sont obligés de pouvoir consommer de l’énergie en évitant les agressions extérieures. L’apparition de l’immunité est donc simultanée à l’éclosion de la vie.
    Des chercheurs ont montré, en reconstituant l’histoire évolutive des gènes par phylogénie, que l’immunité innée, contrairement aux idées généralement admises jusqu’alors, pouvait être préservée et transmise sur des milliards d’années, y compris chez l’homme. Et que ce phénomène n’est pas anecdotique mais bien largement présent dans l’ensemble du monde vivant.
    Ils l’ont appelé : immunité ancestrale

  6. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    entretien critique sur l’IA sur France culture

    1. Avatar de Paul Jorion

      Trop tard ! (Beaucoup trop tard 😉 !).

      1. Avatar de M VINCENT REY
        M VINCENT REY

        à moins que les gens se bougent pour prendre le contrôle de ces firmes avant 900 jours…elles vont nous faire jouer à la roulette russe, en mettant entre 1 et 6 balles dans le barillet.

        https://findutravail.net/mostaque.html

        France Culture ? une petite émission là dessus ?

        1. Avatar de Vincent Rey
          Vincent Rey

          Je suis en train d’écouter…franchement Anne Alombert, elle n’a rien compris à l’IA. La question est : comment peut-on écrire un bouquin sur un sujet, sans n’avoir rien compris à ce sur quoi on écrit ? Et puis une deuxième, comment peut-on faire une émission intitulée « la conversation scientifique » en invitant des gens qui ne maîtrisent pas leur sujet ? des philosophes pour parler d’IA en l’occurrence !?

          exemple : Anne Alombert , « nous allons être envahis par des contenus non pertinents…l’IA nous rend bêtes »…faut vraiment n’avoir rien compris à la base…

          Eric Sadin c’est moins grave : il a compris que Schumpeter doit passer aux oubliettes. Mais il dit tout de même que l’intelligence artificielle est un encouragement à la paresse…que c’est une faillite morale collective, et il met toute la « job apocalypse » à venir sur le dos de l’IA, alors qu’elle était déjà bien entamée par la robotique et les délocalisations ! (industrie = -20% de PIB)

          Mais QUI à part Paul Jorion a parlé de la fin du travail humain en 2011 ? pourquoi il était pas invité Paul Jorion sur France Culture ? Lui qui a tout compris, mieux, et avant tout le monde ????

          La question que ces 2 philosophes devraient oser se poser : POURQUOI PHILIPPE AGHION a-t-il été récompensé du prix Nobel, alors qu’il ne fait que relancer les hypothèses économiques obsolètes de Schumpeter ? mais c’est risqué de poser ce genre de questions…j’imagine, si on veut rester dans le game…

          Ce qui explique sans doute, pourquoi P. Jorion n’est plus dans le « game médiatique », il n’est invité nulle-part. Le macronisme doit attendre qu’il meure, je ne vois pas d’autre explication

          findutravail.net (2018)

          1. Avatar de Paul Jorion

            Je l’ai déjà signalé précédemment : le scénario sera selon moi le même que pour la crise des subprimes :

            – Tant que l’IA fait simplement peur, on fait venir des gens qui disent : « L’IA, c’est un croquemitaine : c’est de la daube ! » Ça rassure.

            – Quand la Singularité crèvera les yeux, on me fera venir et on me demandera : « C’est incroyable : vous aviez déjà tout dit il y a plusieurs années. Or, on ne vous écoutait pas ! ». Et comme je suis très bien élevé, je ne répondrai pas « Vous le premier ! » mais plutôt : « Je suis d’accord avec vous : c’est un vrai mystère ! ».

  7. Avatar de PHILGILL
    PHILGILL

    Depuis avant-hier, suite à une réponse de Paul Jorion dans un billet précédent, mes lectures sur le jeu de go se sont entrecroisées avec celle de « Esquisse d’un univers généré par GENESIS ». Alors, j’ai fait une analogie entre la grille (ou goban) du jeu de Go, et l’antique “grille” du vide, sans bornes, vierge de toutes choses ; lesquelles ne différeraient que par leur taille. Mais voilà, comment passer du rien au jeu ? Dit autrement, comment le vide aurait-t-il pu s’échapper de sa propre redondance d’énergie, close sur elle-même  ? Aussi, j’ai lu quelque part que, dans le blanc silence du Go, L’Être et le Vide s’engendrent. Mais si le rien du vide est à l’origine et le fondement de tout, L’Être, lui, ne part pas au même niveau que le Vide. Alors, le Vide fit quelque chose qu’il ne fallait surtout pas faire, à priori, s’il voulait ne pas perdre : laisser le plus faible jouer le premier coup, voire rendre la partie plus serrée encore, en jouant avec handicap…

    « L’être, c’est tout ce qu’il y a, et aussi tout ce qu’il peut y avoir ; c’est le nom générique de ce qui se propose, se donne à penser, ou pourrait se donner à penser. Je conçois l’être comme multiple pur. Qu’est-ce à dire ? Tout ce qui est est constitué d’éléments. Ces éléments sont des multiplicités, qui sont elles-mêmes composées de multiplicités, et ainsi de suite. Lorsqu’on décompose quoi que ce soit, on n’aboutit pas à un résidu primordial, à une unité élémentaire. Le multiple est pur en ce sens qu’il n’y a pas d’atome métaphysique – à la fin de toute décomposition d’un être-multiple, on tombe non sur l’unité d’un atome, mais sur le rien du vide. » — Alain Badiou

    https://m.media-amazon.com/images/I/71sX7O6R+IL._SL1139_.jpg

    « Les règles du jeu de go sont si élégantes, organiques et rigoureusement logiques, que s’il existe quelques formes de vie douées d’intelligence ailleurs dans l’univers, elles jouent très certainement au go »  –  Edward Lasker

    1. Avatar de Grand-mère Michelle
      Grand-mère Michelle

      @PHILLGILLL

      « …comment le vide aurait-il pu s’échapper de sa propre redondance d’énergie, close sur elle-même? »
      Euh…peut-être en rêvant…?
      Qui a dit: « Tout est illusion »?

      D’autre part, votre idée part du vide, et imagine une succession, du rien au tout(ici assimilé à un « jeu », un affrontement, en somme, où il y a un gagnant et un perdant, typique d’une humanité encore fortement infantile…ou infantilisée?).
      Que faites-vous de la notion « d’éternité »?…dans laquelle coexisteraient « à jamais » le vide et le plein, le tout et le rien?

      La crispation de l’humain(cet être sensible doué de parole/facteur « spécial » et performant d’évolution,surtout depuis qu’elle a été transcrite,écrite et est donc devenue éminemment transmissible) sur « l’avoir » l’égare sur les chemins de la réflexion à propos de « l’être ».
      Cette crispation étant évidemment(me semble-t-il) motivée par la connaissance de son inéluctable disparition… du moins en tant qu’être sensible et pensant.

    2. Avatar de Grand-mère Michelle
      Grand-mère Michelle

      @PHILGILL

      Ne pas oublier que le « jeu de go » est un antique « Monopoly ».

      Je le sais, j’ai un peu joué à ces deux jeux… avant de savoir que, décidément, je préfère passer mon « temps libre » à contempler ce qui est et rêvasser à ce que j’aimerais qui soit… ou à lire et parler,écrire à mes « semblables », pour mieux les comprendre, les connaître et réussir à les aimer… quand bien même ils/elles ne m’aiment pas… ou n’aiment pas ce que je dis.

  8. Avatar de PHILGILL
    PHILGILL

    @ Grand-mère Michelle

    D’entrée de jeu, permettez-moi de vous dire que je ne partage pas du tout votre point de vue, ni sur le go, ni même sur notre inéluctable disparition.
    Vous me donnez ainsi l’occasion de m’expliquer davantage. Je vous en remercie chaleureusement.

    1. Avatar de Grand-mère Michelle
      Grand-mère Michelle

      @PHILLGILL

      Permettez-vous de dire, je vous en prie, nous sommes là pour ça!
      J’attends impatiemment que vous vous expliquiez davantage…

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  1. Il y a chez vous cette lueur de gaité savante qui vous fait une houpe spirituelle unique au monde. Merci…

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