
Illustration par ChatGPT
La loi votée par le Congrès américain imposant la publication des dossiers du ministère de la Justice relatifs à Jeffrey Epstein a conduit, à partir de la mi-décembre, à la mise en ligne de milliers de pages d’archives. Comme cela avait été anticipé, une large partie de ces documents a été diffusée sous une forme lourdement caviardée.
Très rapidement, des observateurs ont constaté que certaines de ces occultations étaient techniquement défectueuses. Comme l’a rapporté The Guardian, plusieurs passages prétendument masqués pouvaient être rendus lisibles par des moyens élémentaires : soit à l’aide de fonctions courantes de logiciels de retouche comme Photoshop, soit simplement en sélectionnant le texte pour le copier dans un traitement de texte. Il ne s’agissait ni d’un piratage informatique ni d’un accès non autorisé aux systèmes du ministère de la Justice, mais d’un défaut de procédure dans la manière dont les documents avaient été préparés pour la publication.
Dès le lundi soir suivant la diffusion, des extraits redevenus lisibles ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Parmi eux figurait notamment une pièce versée à une procédure civile engagée par les Îles Vierges américaines contre Darren K. Indyke et Richard D. Kahn, exécuteurs testamentaires de la succession Epstein. Les passages initialement caviardés de ce document contiennent des allégations décrivant la manière dont Epstein et certains de ses associés auraient facilité, sur une période prolongée, des abus sexuels sur des mineures.
Il convient de souligner que ces éléments relèvent d’une procédure civile déjà connue et qu’ils consistent en des allégations, non en des condamnations nouvelles. Leur diffusion n’en met pas moins en lumière le caractère discutable de certaines décisions de caviardage : les occultations ne semblaient pas viser la protection de victimes identifiables, mais portaient sur des descriptions factuelles de mécanismes déjà au cœur des poursuites.
Cet épisode révèle surtout la fragilité du dispositif de publication mis en place. En cherchant à concilier transparence légale et occultations extensives, le ministère de la Justice a produit des documents à la fois massivement caviardés et techniquement vulnérables. Il en résulte une situation paradoxale : des informations officiellement jugées trop sensibles pour être lues se retrouvent néanmoins accessibles, sans contrôle, du fait même des modalités de leur mise en ligne.
Les prochains jours diront si d’autres documents présentent les mêmes failles et jusqu’où ira l’érosion de ce barrage procédural, que la loi avait précisément pour objet de lever de manière ordonnée et intelligible.
Paul Jorion (partiellement réécrit par ChatGPT 5.2 pour des raisons de protection légale).
Répondre à Garorock Annuler la réponse