LA LOYAUTÉ, JE SAIS : C’ÉTAIT IL Y A LONGTEMPS, MAIS VOUS EN SOUVENEZ-VOUS ?

L’article de Der Spiegel révélant l’espionnage à grande échelle par les États-Unis des organes de décision des puissances européennes, leurs alliés les plus proches et les plus fidèles, rappelle étrangement l’attitude qui avait été celle de la banque d’investissement Goldman Sachs en 2008, tirant parti de la confiance que lui accordaient ses meilleurs clients pour leur vendre les produits financiers les plus avariés dont elle cherchait à se débarrasser.

La parole donnée, et la parole respectée, l’identification d’une personne – ou en l’occurrence, d’une nation – à ses engagements, la loyauté vis-à-vis de ses amis, et dans la mesure du possible vis-à-vis de chacun, sont indispensables à la vie en société : sans elles, c’est bien simple : le tissu social s’effrite, puis s’effondre sans espoir de retour.

Il est bien tard sans doute, mais il existe encore une chance ténue de restaurer la confiance trahie : interrompre immédiatement les pratiques condamnables, punir les responsables, et présenter des excuses sincères.

Lorsque Bradley Manning révéla le contenu des câbles du Département d’État expliquant aux diplomates américains que l’espionnage de la nation hôte faisait désormais partie de leurs attributions et de leurs devoirs, la traduction du soldat devant une cour martiale était loin de constituer la réponse appropriée. S’époumoner avec une véhémence allant toujours crescendo contre la traîtrise supposée du lanceur d’alerte Edward Snowden, constituerait une fois de plus une réponse parfaitement inappropriée et ferait, cette fois, désespérer de la capacité-même de cette nation à s’amender. Les pays européens trahis dans leur confiance devraient en tirer toutes les conséquences. Les justifications avancées seront bien entendu qu’il existe des ennemis pires encore que de tels amis, mais la capacité-même à vivre en société, dont la parole donnée et la loyauté sont les piliers, constitue le dernier bastion : celui qui ne peut à aucun prix tomber.

P. S. : Je me posais la question de savoir si la réponse américaine serait à la hauteur. Voici ce que nous rapportent les agences de presse aujourd’hui lundi 1er juillet à 14h47 :

« Chaque pays dans le monde engagé dans des relations internationales ayant des implication de sécurité nationale, met en oeuvre de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale et de nombreux types d’informations peuvent y contribuer. Pour autant que je sache, cela n’est pas inhabituel pour un grand nombre de pays » a déclaré John Kerry, Secrétaire d’État (ministre des affaires étrangères) américain.

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