Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Les experts reconnus vous diront qu’engager le dialogue avec les « amateurs éclairés » qui tentent de poser un œil critique sur leur discipline, est non seulement une perte de temps mais peut se révéler aussi une expérience dangereuse pour vous puisque votre nom se retrouve in fine associé aux thèses hétérodoxes dont vous avez accepté de débattre avec eux.

La discussion que nous avons engagée sur « la création monétaire » pourrait sembler leur donner raison. Arrivé au bout du parcours, j’ai trouvé beaucoup d’erreurs de raisonnement et parfois pire : quelques falsifications intentionnelles. La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier.

Ai-je des regrets ? Non, et ceci pour plusieurs raisons. La première est que j’aurais pu continuer d’entretenir un doute : ma connaissance était-elle un véritable savoir ou bien l’aboutissement d’un endoctrinement ? Vous m’avez obligé de refaire le raisonnement entièrement, du début à la fin, et j’en ai éprouvé chacune des étapes au test de vos multiples objections. La deuxième, est mon intérêt en soi pour le fonctionnement de l’explication, je lui consacre mon livre à paraître et l’anthropologie des savoirs est celle à laquelle je m’identifie complètement. La troisième raison, est la découverte que j’ai faite à cette occasion du mécanisme de la manipulation de l’opinion par la désinformation. L’exemple est excellent : l’argent – un sujet qui nous touche tous de près ou de loin ; l’argent – un moyen que nous utilisons tous les jours sans que cela nous pose de problèmes ; les banques – qui nous prennent cet argent sous des prétextes multiples ; la monnaie – qui repose sur une « multiplication des pains » : la magie des « réserves fractionnaires » ; soit, au total, une combinaison fatale de mystère et de ressentiment qui nous fait suspecter l’existence d’un « scandale » et nous encourage à relâcher les principes que nous appliquons habituellement au raisonnement. J’ai pu constater ici que les « amateurs éclairés » ne prêtent pas suffisamment attention au fait qu’un maillon vicié dans le raisonnement (faux par naïveté ou par rouerie) l’invalide entièrement ; en ignorant cela ils tendent aux « experts » qu’ils critiquent les verges pour les battre.

Referais-je l’expérience ? Oui, parce que je reste convaincu qu’il existe des cas où les « amateurs éclairés » y voient en effet plus clair que les experts d’un savoir qui s’est fossilisé au fil des années. Oui, parce que je reste fasciné par le processus de la découverte : j’ai accepté autrefois un débat sur les OVNI, où j’ai découvert de la mauvaise foi dans les deux camps, j’ai ensuite accepté ici-même un débat sur 9/11 qui m’a permis de découvrir comment la morgue des experts les empêche de communiquer les résultats pourtant justes auxquels ils parviennent. Avis simplement à ceux qui ont quelque chose à vendre, de brun ou de noir : je ne vous tolérerai pas davantage.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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192 réponses à “Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?”

  1. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    La réponse à tout celà est donnée par A-J Holbecq :

    « Si on veut parler de la même chose, il faut rester dans la définition “communément admise” de la monnaie.

    Chaîneau définit la “masse monétaire” de la manière suivante

    La masse monétaire est la somme des actifs monétaires que détiennent les agents économiques pour la réalisation de leurs transactions présentes et futures. Elle représente la somme de leurs encaisses. »

    C’est un problème de définition de la monnaie, et que cela plaise ou pas, les produits dérivés sont partie intégrante de celle-ci. L’argent que je gagne ou que je perds avec ces produits est réel, ils sont donc de la monnaie. L’essentiel du problème est là et non dans les crédits bancaires classiques.
    L’humanité avance en donnant des coups de pied aux « choses communément admises ».

  2. Avatar de Dav

    Ce n’est pas ce que j’ai voulu vous dire.

    Ce que j’ai voulu vous dire, c’est que l’augmentation de la masse monétaire n’est pas le fait du crédit en lui-même.
    L’augmentation est le fait de l’objet de ce crédit.

    En ce sens, la démonstration de Grignon est très médiocre et votre texte me semble devoir être plus précis.
    L’absurdité ne réside pas dans le principe du crédit ou du leverage ratio, mais dans le fait que ce crédit, ou ce leverage ratio puisse se porter sur la monnaie elle-même.

    Ce passage par exemple : « Pour ma part, je pense que le raisonnement de Paul Grignon est vrai dans le fond et faux sur la forme. En effet, il y a bien création d’argent à partir de dettes et je vais m’en expliquer. »

    or, ce que vous nous expliquez n’est valable que dans le cadre de la spéculation spécifique (produits dérivés)… dans tous les autres cas, il y a création d’argent à partir du crédit, mais ensuite soit une création de richesse qui compense (équivalence dans le cadre d’un investissement sur une richesse réelle), soit un remboursement qui compense (destruction dans le cadre d’un crédit à la conso par exemple).

    Vous avez une allumette (le crédit).
    Vous avez un cuisinier (l’investissement) et un pyromane (la spéculation).
    Vous avez un incendie (la crise).
    Et vous êtes en train d’accuser l’allumette, en prenant pour exemple un pyromane.

    C’est cela qui me parait fragile dans votre démonstration. Vous prêtez un flan sur lequel il est facile de s’appuyer pour rendre caduque l’ensemble de votre raisonnement.

    Et pourtant, vous tenez déjà le vrai coupable !

  3. Avatar de Dav

    En fait, la démonstration de Grignon n’est précieuse que pour comprendre le mécanisme de création initial de la monnaie (c’est à dire que cette création est effectivement ex nihilo).
    Mais la démonstration de Grignon est bien trop faible concernant les compensations existantes à ce mécanisme de création et notamment la mécanique de destruction monétaire qui est inclus dans le principe de base.
    C’est pourquoi dans un débat contradictoire, il y aura toujours quelqu’un pour la reprendre de volée, à juste titre, si on fait la confusion entre ce qui relève de la spéculation pure, et le crédit en tant que moteur de l’investissement.

  4. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Dav : j’ai synthétisé dans mon précédent post en 2 phrases ce que vous continuez à développer en 5 pages. S’évertuer à démontrer que le problème réside dans le reflet imparfait de la richesse que donne la monnaie, c’est réinventer la roue! Relisez les posts de Paul Jorion!

    @ Gilles : je vous renvois également à ce post. Votre distinction des monnaies n’a aucun sens. Je ne vois absolument pas ce que vous pensez ainsi démontrer.

  5. Avatar de RST
    RST

    Lecteur régulier de ce blog, je dois faire part une fois de plus de ma grande déception face à la tournure des événements relatifs au « débat » sur la monnaie.

    Comme certains l’ont déjà dit, nous devons être reconnaissant à P.Jorion d’avoir permis ce débat. Je pense cependant qu’il a complètement dégénéré (le débat) et que cela est fort préjudiciable pour le débat lui même et sa crédibilité et pour les lecteurs comme moi qui cherchent de l’information et n’ont pas vraiment de temps à perdre.

    Autant l’expertise (même amateur) d’intervenants comme A-J Holbecq, Jean Jégu, Etienne Chouard ou « Etienne » du “18 octobre 2008 à 18:04” (voir ici à la fin de http://www.pauljorion.com/blog/?p=684#comment-8453 ) est précieuse et permet à chacun de progresser, autant les commentaires de certains intervenants sont totalement contre productifs et doivent décourager de nombreux lecteurs.

    Je conseillerai donc à certains d’aller continuer leur conversation sur un forum mieux adapté et surtout de commencer par consulter ce qui existe déjà au sujet de la monnaie avant de se lancer dans de grandes théories plus irréelles les unes que les autres ?

    Pour mémoire par exemple, le livre de D.Plihon (La monnaie et ses mécanismes), celui de A-J Holbecq et P.Derudder (La dette publique, une affaire rentable) et des sites très bien faits comme Chômage et monnaie (http://www.chomage-et-monnaie.org/ ) ou celui de Jean Jégu (http://pagesperso-orange.fr/jegu.jean/ ). Il y en a d’autres.

    Je vais finir par croire qu’il y a effectivement une conspiration dont l’objectif est d’enfumer tout le monde et de rendre le sujet le moins compréhensible possible.

    Voila, c’était un coup de gueule qui n’engage que moi.

  6. Avatar de Dav

    @Julien Alexandre

    Vous n’avez pas fait l’effort de lire Gilles attentivement. Il ne fait pas de distinctions dans les monnaies. Il a parlé d’entités, de formes différentes d’une même chose qui s’appelle la monnaie.
    Pour le reste, ça roule apparemment.

    @RST

    Et me voilà de nouveau reléguer au rang de « certains ». La légitimité est décidément une chose bien cruelle.
    Qu’est-ce que vous n’avez pas compris dans mes démonstrations ? Qu’avez-vous trouvé d’incorrect ou d’absurde ?

  7. Avatar de Dav

    je veux dire, à part la faute énorme de grammaire.

  8. Avatar de Dav

    Ainsi donc, reprenons. A partir du (très) long travail de démonstration qui précède, en y ajoutant une pincée de démonstrations non présentées ici, j’aboutirais à cette ébauche-là pour une vision constitutionnelle de la monnaie :

    Considérant que l’échange de services est au coeur de ce qui fonde une société humaine, reposant sur une répartition libre des tâches de chacun,

    Considérant que nous pouvons appeler richesses, ces services qui sont au coeur de ce qui fondent les sociétés humaines.

    Considérant que la monnaie est une abstraction qui facilite les échanges de richesses.

    Considérant que la monnaie ne peut être considérée comme une richesse par elle-même.

    Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines à définir librement pour elles-mêmes et par elles-mêmes un système monétaire, selon la forme qui leur convient, dans la limite des articles suivants.

    – En aucun cas, la monnaie choisie dans le cadre de ce système monétaire ne pourra être une richesse par elle-même. Nul ne pourra prendre pour monnaie une ressource naturelle, ou un service universel.

    – Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement des richesses, sera proscrite.

  9. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    La crise de 1929 et celle d’aujourd’hui ont une seule et même origine: la spéculation outrancière sans rapport avec la réalité. A chaque fois, les organismes de contrôle ne jouent pas leur rôle, ou, lorsqu’ils le jouent, c’est pour siffler la fin de partie. Milton friedman a ainsi déclaré:
    «La Fed est largement responsable de l’ampleur de la crise de 1929. Au lieu d’user de son pouvoir pour compenser la crise, elle réduisit d’un tiers la masse monétaire entre 1929 et 1933.»Cette affirmation a été écrite dans ses mémoires «Two lucky people» publiées le 28 mai 1999. Le problème est dans la masse monétaire et sa définition. Autant que je me souvienne, la crise de 1929 a débuté avec un krach boursier car les petits porteurs avaient acheté des actions grâce au système des « Margin loans ». Donc en finançant à crédit leurs achats d’actions. Le problème des produits dérivés est prégnant lorsque cela se passe mal, comme aujourd’hui. « Rst » affirme que l’on désire « enfumer » tout le monde, en gros que nous sommes des simplets conspirationnistes. Ce que je sens, c’est que notre définition de la monnaie est inexacte et que certains produits comme les CDS posent problème. Mais en parler est déjà faire preuve « d’ignorance » et surtout « contre productif ». Je vais donc me taire définitivement tout en vous laissant méditer sur les travaux de Nassim Nicholas Taleb philosophe et expert en mathématiques financières (qui reste mon mentor) et qui affirme avoir une approche non mathématique du risque et de l’incertain et n’avoir aucune confiance dans les modèles financiers utilisés par les universitaires.
    Il affirme ainsi: »« cela signifie que la pensée rationnelle sert très peu à éviter les risques. Elle semble essentiellement servir à rationaliser nos actes en leur injectant un peu de logique. » Son travail est basé sur le fait que l’évitement des risques n’est pas un acte rationnel mais intuitif, basé sur l’émotion qui remet en question les dogmes établis.

  10. Avatar de antoine
    antoine

    Dav: Quelques remarques.

    1/
    « Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement de richesses, sera proscrite »
    Mais pourquoi donc? A quel titre? (Je me fais ici l’avocat du diable…)
    Qu’y a t-il d’ intrinsèquement injuste dans cette pratique (si aucun groupe privé, par exemple, n’en avait de jure ou de facto le monopole?)
    Quels droits, exactement, sont ainsi violés? Et les droits de qui en particulier?
    De même, pourquoi interdire de parier sur les prix, dans la mesure ou les gens savent que les gens qui gèrent leur argent (si on peut dire ça comme ça) essaient de le faire fructifier DE CETTE MANIERE (libre à eux d’accepter ou pas).

    Pourquoi ne pas plutôt autoriser cette pratique, mais sous conditions, de la même façon que vous autorisez « les sociétés humaines » à choisir leur système monétaire, mais dans certaines limites? En quoi le choix plus limité que vous avez fait n’est-il pas arbitraire?

    2/
    J’ai du mal avec le « Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines »…
    a/Qui est ce « Nous ». Pour qui ce « Nous » condescendant se prend t-il?
    b/Les deux premiers « considérants » semblent impliquer que ces points de départ reposent sur quelque chose de tel qu’ une démonstration rigoureuse. Ca me pose au moins 3 types de pbs:
    – Je sens confusément que la « preuve » implique d’une part la description d’un état de fait (la forme qu’a prise le système monnétaire tel qu’il est aujour’hui), et d’autre part des préjugés ideologiquement/ culturellement très déterminés sur ce qui constitue le coeur d’une société humaine (franchement en l’état c’est inacceptable pour toute communauté qui refuse la séparation des ordres « économiques » « politiques » et « religieux »), et qui ne vont absolument pas de soi. Bref… les athés imposent leur conception des choses… Mais peut etre qu’une reformulation plus simple, moins « sacrée » arrangerait les choses.
    – J’avoue que le mélange des deux ordres descriptif/ normatif ne me plait pas. Une loi constitutionnelle ca créé du neuf ex nihilo. Ca ne créé pas des regles pour un truc qui est déjà largement institutionnalisé, et qui est justement ce dont on discute.
    – Dans le même ordre d’idée: je n ai jamais rencontré « l’homme ». J’ai rencontré les anglais, les français, Paul, Pierre, Jacques… De même je n’ai jamais rencontré les « sociétés humaines »… ni d’entités non humaines qui vivraient en société (qu’on ne me sorte pas les fourmis ou les abeilles… cf. l’argumentaire imparable du Leviathan… le passage du terme de « communauté » à celui de « société » dans l’histoire des idées politiques est d’ailleurs un point lourd de signification, qui reste assez peut étudié).

    Une loi constitutionnelle de l’économie devrait à mon sens montrer qu’elle est « à l avantage mutuel » de tous les GROUPES (toutes les Nations puisqu’on parle de monnaie) ou qu’elle « maximise le sort des GROUPES les plus démunis » (Nations si on parle de monnaie) etc etc… ET IL S EN FAUT DE BEAUCOUP QUE LE CHOIX DE L UN OU DE L AUTRE IMPLIQUE LES MEMES REGLES AU FINAL!!!
    Autrement dit s’appuyer sur une base contractualiste (stratégie de justification cohérentiste), plutôt que de poser dans l’éther des « principes » prétendûment issus d’une démonstration rigoureuse (stratégie de justification absolutiste).

    3/
    Sur la forme votre exposé rappelle moins une « loi constitutionnelle » qu’un « jugement ». La différence n’est pas mince. On ne donne pas impunément à l’institution de la Loi (ordre législatif) la forme d’un délibéré (ordre judiciaire). Ca ne me plait pas du tout…

    Par ailleurs il n’y a de loi constitutionnelle que PARTICULIERE à une communauté (qu’on parle de la tradition antique ou moderne). Ici vous proposez quelque chose qui ressemble à une loi constitutionnelle UNIVERSELLE. Et c’est un pb intrinsèque à l’idée de constitution économique AUQUEL JE N AVAIS PAS PRETE ATTENTION. Parce qu’on parle évidemment d’un systeme mondial.
    De plus donner la forme « Declaration des Droits de l’Homme » à un texte qui s’adresse au PEUPLES pose également un serieux problème logiques. Le problème est sans doute soluble mais force est de constater que l’on touche là aux limites de la théorie politique. Cf l’échec de Rawls lui même sur CETTE question du Droit des Peuples qu’il a quand même bien fait avancer. Et Dieu sait que ca lui tenait à coeur!

    Enfin, une loi constitutionnelle pose les principe d’organisation de base AINSI que les institutions de base. Elle n’est pas régulatrice d’institutions qui lui prééxisteraient. Elle doit donc ETRE beaucoup plus précise. A mon sens parler de constitution économique est abusif… Il faudrait parler de la création d’un nouveau droit international de la Finance c’est à dire d’une nouvelle institutionnalisation de la Finance mondiale. Que l’économie se réduise à la Finance est bien évidemment faux. Plus centrale est la question de la distribution des avantages et des charges de la coopération sociale ( et donc de la rémunération du « travail », entre autres).

    Plutôt que d’interdire le pari sur les matières premières, pourquoi ne pas rediscuter au fond la question de la justification des titres d’acquisition originelle de ces dernière (ces ressources appartiennent t-elles à tous à l’origine… ou à personne?). Ou encore pourquoi ne pas autoriser QUE la « coopérative » comme mode d’organisation de la production agro-alimentaire « de base » etc etc…
    Bref la question d ‘une constitution de l’économie, outre de me paraitre douteuse en ce qu’elle oublie qu’elle est AUTANT une guerre entre les hommes que le produit d’une coopération entre les homme (quid de la compétition pour la puissance entre les nations?), me parait soit insuffisament fondée sur le plan théorique soit insuffisament précise sur le plan pratique.

    Cela dit l’idée de faire des conditions de production de la masse monétaire une question normative centrale est une idee brillante qui mérite de faire son chemin.

  11. Avatar de Dav

    @Gilles, nul besoin de vous décourager, je rejoins complètement votre constat… je mets en doute simplement un point qui me semble fragile dans la façon dont vous le démontrez.

    @Antoine, merci de faire vivre mon post.

    En guise de préambule aux réponses que je vais vous faire, j’aimerais vous faire part de l’intuition qui me pousse, je m’en rends compte, à articuler la réflexion de la façon dont je le fais.

    Mon intuition est que les théories économiques vont pouvoir mettre à profit cette crise pour entamer leur révolution copernicienne et déplacer le centre de leurs analyses. J’ai l’intuition que la crise que nous vivons est d’une ampleur suffisante pour ébranler les visions dominantes, et que si cette crise n’y suffit pas, la crise des ressources qui va s’enchainer devrait finir le travail. Cette crise nous présente des conditions d’observation et de perception inédites, et ce sont ces conditions inédites qui vont permettre aux économistes de faire leur mue, et de sortir de l’archaïsme que je perçois spontanément à chaque fois que je me penche pour observer à leur fenêtre.
    Les définitions classiques sont ébranlées par l’observation, non pas parce que le phénomène est complexe, mais parce que les clefs d’analyse n’arrivent pas à bouger; Cette crise, c’est le ciel de Kepler des Sciences Economiques, le moment de prouver les dires des Copernic, jusqu’ici relégués aux rangs de farfelues.

    Pour faire suite à cette première ébauche, vous noterez que j’ai soigneusement évité la question de l’étalon, parce que je pense qu’il est possible de démontrer ce que dit Paul Jorion, à savoir que le seul étalon valable, c’est le temps de travail, mais que pour démontrer cela, après avoir cadré la réflexion sur la monnaie, il va falloir s’attaquer à la question des ressources, que j’ai, là encore, soigneusement évité jusque ici.

    Vous me demandez :
    1/
    “Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement de richesses, sera proscrite”
    Mais pourquoi donc? A quel titre? (Je me fais ici l’avocat du diable…) Qu’y a t-il d’ intrinsèquement injuste dans cette pratique (si aucun groupe privé, par exemple, n’en avait de jure ou de facto le monopole?)
    Quels droits, exactement, sont ainsi violés? Et les droits de qui en particulier?
    De même, pourquoi interdire de parier sur les prix, dans la mesure ou les gens savent que les gens qui gèrent leur argent (si on peut dire ça comme ça) essaient de le faire fructifier DE CETTE MANIERE (libre à eux d’accepter ou pas). »

    Vous avez aussi remarqué que j’ai soigneusement évité le terrain moral dans mes démonstrations précédentes. Je me suis contenté de pure logique, dans un cadre logique que j’ai également pris soin de définir. Je n’ai pas non plus pris de partie sur des questions comme le monopole de création, la création publique ou privée.
    En revanche, je suis arrivé à la conclusion de l’interdiction de ce que j’appelle la spéculation (là encore, j’ai pris soin de le définir par opposition à l’investissement), non pas en raison d’un caractère injuste, mais simplement en démontrant par la modélisation que c’est un principe absurde, dans son essence même.
    Par le déséquilibre mathématique que le principe engendre, on peut le soupçonner d’être le principal responsable des secousses cycliques du système économique dans lequel nous évoluons, et qui, comme par hasard, surgit de façon violente chaque fois que la bride est lâchée. Du coup, ce n’est pas son caractère injuste que je m’applique à souligner, mais l’absurdité économique que le procédé représente. Et c’est la raison pour laquelle, je considère son interdiction totale comme une rationalisation du système, et non pas comme une moralisation du système.
    S’il le faut, je pense que je pourrais reprendre la démonstration et qu’il ne sera pas difficile aux plus experts d’entre vous d’appuyer mes dires par des exemples en situation; par de l’observation/description qui demande une technicité de haute volée que je ne possède pas.

    Passons dans un post suivant aux autres points que vous relevez.

  12. Avatar de leduc
    leduc

    Ce qui est génial avec la création monétaire, c’est que cela permet aisément aux banquiers de gagner des intérêts et de prêter de l’argent qui ne leur appartient pas. Parce que finalement, que ce soit l’argent des déposant, de l’argent crée par le crédit (ne pourrait on pas dire qu’il est alloué comme des variables dynamique dans un programme informatique et qu’il n’aura de durée que celle de l’appel d’une routine et la libération de ces ressources lorsqu’on quitte cette routine ? Pourrait ont dire que finalement la différence entre la monnaie centrale papier et l’argent crédit ce ne serait finalement que leur durée de vie ?), de l’argent emprunté sur les marchés, quelque soit la façon dont les banquiers prêtent l’argent finalement cet argent ne leur appartient pas. C’est beaucoup plus facile de jouer, « créer » et spéculer sur de l’argent qui ne vous appartient pas en fait. Nulle doute que si les banquiers étaient simplement des riches milliardaires qui prêteraient leur propre argent, injecteraient cet argent dans l’économie, les choses ne se passeraient sans doute pas de la même façon. Les milliardaires aujourd’hui, sans doute spéculent ils, sans doute ont ils des fonds divers pour placer leur argent, mais je ne vois pas un Warren Buffet ou un autre être propriétaire d’une banque et prêter son propre argent aux autres. Il préfèrera toujours la spéculation pure et dure et passer par des intermédiaires. Au pire ce sont toujours essentiellement les autres qui morfleront et pas eux.
    Ah la la….
    En tout cas le bon sens populaire, même s’il ne comprend rien aux lois compliquées de la finance comprend bien que quand une banque va mal, il vaut mieux retirer son argent et avoir des billets plutôt que des comptes en banques remplis de chiffres qui seront bloqués, des chèques refusés, des cartes bleues refusées. Le bon sens populaire même s’il ne comprend rien à la finance sent bien que l’argent papier a sens doute plus de garantie que les comptes en banques des établissements bancaires. Encore que s’ils savaient qu’en dernière alternative, même la monnaie papier a une valeur de plus en plus conventionnelle, de confiance, qui ne repose sur plus aucune valeur comme l’étalon or, alors…. Enfin l’état est toujours plus AAA que la plupart des établissement bancaire, lui il pourra toujours taxer le contribuable pour se renflouer même si cela coûte très cher au final peut-être pour toute la société.

  13. Avatar de Dav

    Vous dites Antoine :

    « J’ai du mal avec le “Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines”…
    a/Qui est ce “Nous”. Pour qui ce “Nous” condescendant se prend t-il? »

    Je vous comprends. Pour ma part, je ne me fais pas d’illusions. De la même manière que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen a répondu à un contexte philosophique et politique particulier, et qu’il peut être légitimement perçu comme un objet de l’occident, une « déclaration des droits économiques de l’homme » ne pourra que relever du même procédé quelque peu normatif et descendant; il reste à espérer que ce « nous », soit le plus large possible.
    Nous sommes déjà passé de 7 à 20. Dans l’idéal, ce « nous » représenterait les peuples qui se reconnaissent dans les idéaux de l’ONU, quand bien même ses idéaux sont parfois… lointains.

    Pour autant, l’objet d’une constitution, c’est d’être normatif, mais le fait qu’elle s’appuie sur des connaissances scientifiques le moins arbitraires possibles, et si possibles largement partagées, me semble un moindre mal.

    « b/Les deux premiers “considérants” semblent impliquer que ces points de départ reposent sur quelque chose de tel qu’ une démonstration rigoureuse. Ca me pose au moins 3 types de pbs:

    Pour la défense du texte, je rappellerais qu’il s’agit simplement d’une définition économique et qui ne considère qu’un champ très restreint de l’activité humaine, à savoir les échanges.

    Le premier considérant est clairement un postulat que je n’ai pas démontré. C’est peut-être possible de le faire, de façon logique, mais pour le coup, il me semble que c’est clairement un choix moral que je fais.
    Il s’agit clairement d’un rejet de l’individualisme pronée par les idées anarchistes d’une part, et un rejet de l’organisation étatique du travail qui constitue un danger pour la liberté individuelle.
    Maintenant, je suis d’accord avec vous, ce point-là peut tout à fait se discuter.

    Le second considérant est une simplement une définition de la richesse, pour bien la distinguer de la monnaie. Je suis passé vite sur la démonstration et la définition de richesse, mais le travail sur la question des ressources devrait me permettre d’y revenir. Je pense qu’au final, nous nous retrouverons sur ce point.

    Vous dites : – J’avoue que le mélange des deux ordres descriptif/ normatif ne me plait pas. Une loi constitutionnelle ca créé du neuf ex nihilo. Ca ne créé pas des regles pour un truc qui est déjà largement institutionnalisé, et qui est justement ce dont on discute.

    Là, je ne suis pas d’accord. Une loi constitutionnelle crée rarement du neuf. Elle entérine plus souvent les évolutions d’une époque. Par exemple la suppression de l’esclavage. C’est la philosophie qui crée l’idée, la constitution n’est qu’un vecteur de propagation de l’idée… donc, tout à fait normatif en effet.

    Vous dites : – dans le même ordre d’idée: je n ai jamais rencontré “l’homme”. J’ai rencontré les anglais, les français, Paul, Pierre, Jacques… De même je n’ai jamais rencontré les “sociétés humaines”… ni d’entités non humaines qui vivraient en société (qu’on ne me sorte pas les fourmis ou les abeilles… cf. l’argumentaire imparable du Leviathan… le passage du terme de “communauté” à celui de “société” dans l’histoire des idées politiques est d’ailleurs un point lourd de signification, qui reste assez peut étudié).

    Je comprends aussi ce passage mais le problème est donc de trouver un terme qui permettent d’inclure tous les groupes humains sans exception.

    Vous dites : une loi constitutionnelle de l’économie devrait à mon sens montrer qu’elle est “à l avantage mutuel” de tous les GROUPES (toutes les Nations puisqu’on parle de monnaie) ou qu’elle “maximise le sort des GROUPES les plus démunis” (Nations si on parle de monnaie) etc etc…

    A votre sens. Le problème est d’une part de conserver le droit d’une « société humaine » (sic) de ne pas s’inclure dans le système… de lui conserver le droit de vivre en marge et d’autre part de ne pas faire preuve de cette condescendance que vous dénoncez à juste titre et que nous pratiquerions forcément en identifiant/stigmatisant des « démunis ».
    On pourrait donc se contenter d’une déclaration de principe en préambule. « Considérant qu’un système d’échanges doit pouvoir se réaliser dans des conditions de respect des engagements mutuels et d’équité entre les peuples »…
    Un truc comme ça, mais en mieux écrit.

    Vous dites : autrement dit s’appuyer sur une base contractualiste (stratégie de justification cohérentiste), plutôt que de poser dans l’éther des “principes” prétendûment issus d’une démonstration rigoureuse (stratégie de justification absolutiste).

    Là, j’avoue qu’il faudrait me le reformuler, parce que je comprends bien la deuxième partie (que je pratique, bien que ne considérant pas qu’il s’agit d’une stratégie de justification « absolutiste »), mais pas le modèle de la première.

    La suite arrive.

  14. Avatar de Dav

    Vous dites Antoine :

    3/ Sur la forme votre exposé rappelle moins une “loi constitutionnelle” qu’un “jugement”. La différence n’est pas mince. On ne donne pas impunément à l’institution de la Loi (ordre législatif) la forme d’un délibéré (ordre judiciaire). Ca ne me plait pas du tout…

    Je vais vous dire un secret, mais ne le répétez pas. C’est la première fois que je réfléchis à la rédaction d’une constitution ou d’une déclaration de droits. 🙂

    En revanche, si on reprend notre bloc constitutionnel et la DDH, il y a clairement des interdits identifiés.
    Cette déclaration ne sera judiciarisée que si un système pénal lui est associé. Il faut bien sûr s’en garder.

    Vous dites : plutôt que d’interdire le pari sur les matières premières, pourquoi ne pas rediscuter au fond la question de la justification des titres d’acquisition originelle de ces dernière (ces ressources appartiennent t-elles à tous à l’origine… ou à personne?). Ou encore pourquoi ne pas autoriser QUE la “coopérative” comme mode d’organisation de la production agro-alimentaire “de base” etc etc…
    Bref la question d ‘une constitution de l’économie, outre de me paraitre douteuse en ce qu’elle oublie qu’elle est AUTANT une guerre entre les hommes que le produit d’une coopération entre les homme (quid de la compétition pour la puissance entre les nations?), me parait soit insuffisament fondée sur le plan théorique soit insuffisament précise sur le plan pratique.

    Voilà, Antoine, vous mettez précisément le doigt sur la lacune des démonstrations précédentes. Elles ne font pas mention de la question des ressources. Mais il s’agissait de traiter cette question de manière séparée à la question de la monnaie, pour tout décentrer. Je pense que ce sera plus clair, une fois que la démonstration sur la question des ressources aura été clairement exprimée.

    En effet, s’agissant notamment de toutes les ressources difficilement renouvelables, la question de la définition de la richesse s’impose très vite à nous, une fois posée les bases de l’interdiction de la spéculation.

    Mais cela va aussi expliquer pourquoi je me suis appliqué à ne jamais parler de biens, mais toujours de services.

    Vous dites : cela dit l’idée de faire des conditions de production de la masse monétaire une question normative centrale est une idée brillante qui mérite de faire son chemin.

    Merci.
    Et merci de m’avoir prêté quelques minutes votre GPS.

  15. Avatar de Dav

    Une dernière chose quand même. Vous dites « prétendument démontrée ».

    Je me suis soigneusement appliqué à « démontrer » en acceptant que cette démonstration puisse être fausse.
    Je suis tout à fait prêt à reprendre une cheminement qui paraitrait douteux.
    A condition qu’on ne me ressorte pas la seule convention de départ à ce travail : le refus de faire reposer mes réflexions sur le socle vertigineux du solipsisme.

  16. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    @Julien Alexandre
    Je ne veux plus rien dire mais je suis obligé de répondre aux affirmations sur le dollar de 1963. Il est vrai que les United States Notes ont existé jusqu’au 21 janvier 1971 pour être très précis mais,seuls les billets de 100 dollars ont été imprimés en 1966 et conservés dans les coffres du trésor jusqu’à cette date pour se conformer à la loi de 1878.
    En 1963, John F. Kennedy autorisa l’émission de nouveaux United States Notes adossés aux réserves d’argent du gouvernement fédéral, et quelques 4 milliards de dollars en petites coupures furent émises. Celà fut décidé le 4 juin 1963 par John F. Kennedy par l’ordre exécutif numéro 111 110 abrogeant ainsi l’acte exécutif 10289.
    Je sais de quoi je parle et avant d’affirmer, il faut se renseigner. Je ne voulais pas rentrer dans le détail, mais j’y suis obligé. Pour info les United States notes sont rouges et non vert. Vous pouvez trouver les preuves de ce que j’avance sur « http://www.friesian.com/notes.htm ». Voilà la vérité est rétablie et je peux définitivement me taire.

  17. Avatar de Étienne Chouard

    Cher Paul,

    Vous nous dites que vous êtes revenu à votre position de départ, mais sans nous dire les arguments qui vous ont conduit à prendre cette position. C’est troublant, car les discussions de cet été progressaient pas à pas, au moyen d’arguments détaillés âprement contestés et défendus, ce qui permettait à chacun de comprendre les positions respectives des protagonistes et éventuellement de s’y rallier, de façon éclairée.

    Là, nous sommes plusieurs à ne pas comprendre les causes de ce dernier revirement (peut-être avisé, je ne l’exclus pas, bien entendu, mais on ne sait pas encore pourquoi il était avisé).

    Vous dites ici :

    La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier.

    Dans un billet précédent (Le vrai débat sur la monnaie peut commencer), vous résumiez les grandes lignes de votre position actuelle (c’est moi qui met en gras ce que je trouve étonnant) :

    Voici où je me situe aujourd’hui – à la lumière de notre débat :

    1. Le « simple bon sens » est de peu de secours en finance. Mieux, comme en mécanique quantique, il constitue souvent un obstacle à la compréhension.

    2. La dématérialisation de la monnaie n’a aucune implication sur la conservation des quantités ; la dématérialisation porte sur la qualité du support, la conservation des quantités est un principe (comme l’entropie, par exemple).

    3. Les apparentes « créations ex nihilo », de même que les « disparitions ex nihilo » sont communes en finance : le calcul de la « valeur actuelle » d’un produit financier (somme des valeurs escomptées de ses flux futurs) semble impliquer une « disparition ex nihilo ». À l’analyse, aucun des processus où ces créations et disparitions apparentes ont lieu n’enfreint la conservation des quantités. [Ce serait bien de détailler ce point de la « conservation des quantités », Paul, et sa pertinence (pour montrer que les banques privées ne créent pas la monnaie scripturale qu’elles prêtent et qu’elles ne détruisent pas la monnaie qu’on leur rembourse) : il est difficile à comprendre. ÉC]

    4. La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales. [Ça, c’est très étonnant, Paul : je n’ai jamais lu ça nulle part. ÉC] La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central.

    5. Le niveau des réserves fractionnaires déterminera une démultiplication comptable des sommes déposées dans les banques ; cette démultiplication n’enfreint pas le principe de conservation des quantités : le montant mobilisable instantanément demeure égal à celui des sommes déposées.

    6. La création / destruction de monnaie par des opérations scripturales respecte également la conservation des quantités : les intérêts exigés sont prélevés sur des flux extérieurs au processus en-soi.

    Ce que je dis là n’invalide en rien les revendications que je vous vois exprimer en rapport avec la création de monnaie, et auxquelles je souscris en général. Ceci dit, je suis dans l’impossibilité de les fonder comme vous le proposez alors, à savoir à partir d’une critique de l’intermédiation opérée par les banques commerciales …

    _______________

    Pourriez-vous (vous comprendrez que c’est important pour appuyer vos dires) nous donner des exemples de ces « experts reconnus de la question » auxquels vous faites allusion dans votre bille, s’exprimant dans des « livres de référence » (lesquels ?), qui affirmeraient (et démontreraient ?) que la monnaie scripturale n’est pas créée par les banques privées, et que ces banques privées, comme n’importe quel établissement financier donc, ne peuvent prêter (ou ne prêtent principalement, je ne sais pas ce qu’ils en disent) que l’argent qui est déposé chez elles ?

    Pourriez-vous nous faire connaître des citations utiles de ces experts (ingénieurs financiers) ?

    Pourriez-vous nous conseiller des titres de manuels à lire ?

    D’avance (pour ces précieuses informations comme pour le reste), merci.

    Étienne.

    ___________________________

    PS : (« reproche » très amical) Le fait de publier tant de billets différents (avec forcément autant de conversations distinctes) à un rythme soutenu (presque un billet par jour pendant une semaine, parfois) sur un seul et même sujet (essentiel mais controversé) est proprement décourageant : on n’arrive pas à suivre, tout le monde parle en même temps mais à des endroits différents et donc sans être entendu de tout le monde…

    Et en plus, le précieux robot qui nous signale par mail les nouveaux messages ne délivre plus, désormais, plus de 10 avis à la fois… ce qui fait rater de nombreux commentaires, il faut aller contrôler manuellement l’évolution de 10 ou 15 conversations… Il est difficile de suivre un échange soutenu dans de telles conditions. Il vaudrait mieux développer un seul (long) fil où vous interviendriez plusieurs fois dans le cours de la dicussion, je crois que ce serait mieux. Il est également urgent d’au moins mettre à jour la compilation sur la monnaie, avec un surlignage, si possible (c’est moi qui tarde à le faire, pardon).

    ___________________________

    PPS : Jean Bayard, toujours en panne de connexion Internet, me charge d’une mission : préciser pour les amis du blog de Paul que :

    Les crédits font les dépôts dans les banques

    alors que

    Les dépôts font les crédits dans les établissements financiers

    puisque ce qui distingue les « établissements financiers » des « banques », c’est précisément le droit exclusif de créer la monnaie scripturale, création monétaire accordée par l’État aux seules « banques ».

  18. Avatar de Paul Jorion

    @ Etienne Chouard

    Vous nous dites que vous êtes revenu à votre position de départ, mais sans nous dire les arguments qui vous ont conduit à prendre cette position. C’est troublant, car les discussions de cet été progressaient pas à pas, au moyen d’arguments détaillés âprement contestés et défendus, ce qui permettait à chacun de comprendre les positions respectives des protagonistes et éventuellement de s’y rallier, de façon éclairée.

    Je ne prends pas nécessairement position sur tous les arguments avancés par des commentateurs.

    PJ : 3. Les apparentes « créations ex nihilo », de même que les « disparitions ex nihilo » sont communes en finance : le calcul de la « valeur actuelle » d’un produit financier (somme des valeurs escomptées de ses flux futurs) semble impliquer une « disparition ex nihilo ». À l’analyse, aucun des processus où ces créations et disparitions apparentes ont lieu n’enfreint la conservation des quantités. [Ce serait bien de détailler ce point de la « conservation des quantités », Paul, et sa pertinence (pour montrer que les banques privées ne créent pas la monnaie scripturale qu’elles prêtent et qu’elles ne détruisent pas la monnaie qu’on leur rembourse) : il est difficile à comprendre. ÉC]

    Ce sont des jeux d’écriture correspondant à la méthodologie comptable « à double entrée », c’est un langage servant à représenter des flux monétaires : le cinéma muet ne signifie pas que les acteurs ne savaient pas parler à l’époque, les films en noir et blanc ne veulent pas dire que le monde était gris à l’époque où ils furent tournés.

    PJ : 4. La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales. [Ça, c’est très étonnant, Paul : je n’ai jamais lu ça nulle part. ÉC] La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central.

    Ce n’est pourtant pas très original : c’est la vue communément admise dans le monde financier.

    Pourriez-vous (vous comprendrez que c’est important pour appuyer vos dires) nous donner des exemples de ces « experts reconnus de la question » auxquels vous faites allusion dans votre billet, s’exprimant dans des « livres de référence » (lesquels ?), qui affirmeraient (et démontreraient ?) que la monnaie scripturale n’est pas créée par les banques privées, et que ces banques privées, comme n’importe quel établissement financier donc, ne peuvent prêter (ou ne prêtent principalement, je ne sais pas ce qu’ils en disent) que l’argent qui est déposé chez elles ?

    Ce sont les manuels de finance qu’on trouve dans les bibliothèques des ingénieurs financiers : ce ne sont pas des livres « de réflexion », ce sont des ouvrages techniques qui vous expliquent comment trouver l’argent que vous allez prêter : emprunts que vous contractez vous-même, lignes de crédit auprès de contreparties, mise en pension de titres, dépôts de clients, titrisation des emprunts de votre portefeuille, etc. Ces livres ne disent pas explicitement que l’argent ne peut pas être créé « ex nihilo », la création « ex nihilo » n’apparaît simplement pas dans la liste des opérations qui permettent de trouver des fonds à prêter. Ces livres ne réfutent pas non plus la création « ex nihilo » : elle n’existe pas à leurs yeux, et n’existant pas, il n’ont rien à en dire.

    Le mécanisme des réserves fractionnaires est expliqué mais dans un autre chapitre de ces livres : au titre des obligations à respecter vis–à–vis des régulateurs, ce n’est pas considéré comme une méthode de création de crédit mais au contraire comme une création de réserves, c’est–à–dire comme une restriction au crédit.

  19. Avatar de A.
    A.

    @Dav : réponse au message du 28 novembre

    Je n’ai plus sous yeux ce que j’ai écrit exactement mais vous avez compris métaphoriquement mon propos qui était littéral.
    Le marché est une nouvelle forme de Providence. L’harmonie des intérêts par ce biais est une foutaise. Ce la n’a rien de scientifique, c’est de la métaphysique et la doctrine classique (Smith) et marginaliste (Je pense en particulier à Walras) me semble reposer sur cette opinion. La version autrichienne est plus subtile mais tombe dans le travers historiciste qu’elle entend dénoncer.
    Le discours économique est un discours ambivalent : idéologique et scientifique. La monnaie est un rapport social. Faire monter le prix des actifs « artificiellement » (le mot est mal choisi car il ne pourrait grimper « naturellement car tout est affaire de convention plus ou moins explicite) repose sur un choix de société : Enrichissez-vous en devenant propriétaire puisque le partage du produit total tend à être accaparé par un nombre de plus en plus réduits de personnes. En fait, selon que vous êtes propriétaire ou non, le même billet de banque n’a pas la même valeur.

  20. Avatar de A-J Holbecq

    @Paul Jorion et tous

    Extrait Encyclopædia Universalis 2006 (je n’ai gardé que les paragra^phes qui nous intéressent…)

    Situons le raisonnement dans une économie nationale. Soit la banque de dépôt B1. L’entreprise E, qui emploie le travailleur A, demande à sa banque (B1) de verser un salaire de 100 unités de monnaie à A, en paiement du bien a, son produit de la période considérée. Afin de mettre le processus de la création monétaire en pleine lumière, supposons que la banque B1 ne dispose chez elle d’aucun dépôt préalable, dans lequel elle pourrait puiser le salaire de A. En effet, l’utilisation par une banque d’un dépôt préalable ne définirait pas une création monétaire. Il est évident que le raisonnement serait pris dans un cercle vicieux si les créations monétaires n’existaient pas ; en effet, en l’absence de toute création monétaire, le public ne pourrait disposer d’aucune somme positive de monnaie bancaire ; en conséquence, les dépôts constitués dans les banques seraient forcément nuls. Il est donc logiquement nécessaire de reconnaître que les banques prêtent au public des sommes de monnaie que le public ne leur a pas prêtées. C’est justement le cas de B1, qui paie le salaire de A en créant 100 unités de monnaie.

    Les économistes ont longtemps pensé que toute monnaie bancaire est créée par les banques centrales, encore appelées instituts d’émission. Depuis au moins un siècle, les auteurs reconnaissent que les banques de dépôt (ou banques secondaires) sont, elles aussi, créatrices de monnaie. Partout dans le monde, la monnaie scripturale, émise par les banques de dépôt, a même nettement pris le pas sur la monnaie fiduciaire, émise par les banques centrales. Une observation un peu plus avancée établit le fait que les banques de dépôt ont le monopole de l’émission monétaire, sauf en ce qui concerne les opérations sur devises. En outre, s’il est vrai que des billets de banque circulent dans le public, ceux-ci sont « injectés » dans l’économie, comme d’ailleurs les pièces de monnaie, par des annulations équivalentes de dépôts dans les banques secondaires.

    Lorsque les banques créent une somme de monnaie, elles « monétisent » une partie équivalente de la production de leur pays ; ce faisant, les banques reçoivent en dépôt un produit équivalent, qui est en attente d’être écoulé. C’est le produit nouveau de chaque période qui est la contrepartie des nouvelles créations monétaires.

  21. Avatar de Moi
    Moi

    Paul Jorion dit « Le mécanisme des réserves fractionnaires est expliqué mais dans un autre chapitre de ces livres : au titre des obligations à respecter vis–à–vis des régulateurs, ce n’est pas considéré comme une méthode de création de crédit mais au contraire comme une création de réserves, c’est–à–dire comme une restriction au crédit. »

    Pourquoi faut-il restreindre le crédit s’il y a conservation des quantités? Il me semble que s’il n’y a pas création monétaire, une banque sera déjà automatiquement restreinte dans sa faculté à prêter par sa faculté à emprunter (à une autre banque ou au client déposant).
    Cette restriction par le mécanisme des réserves fractionnaires n’est pas une méthode, certes, mais c’est la preuve qu’il y a d’une manière ou d’une autre création monétaire. Non? (je dis « d’une manière ou d’une autre » parce que je me demande si on ne peut pas envisager une création monétaire avec conservation des quantités, en faisant par ex. jouer la vitesse de circulation de la monnaie).

  22. Avatar de A.
    A.

    @ moi :
    « Pourquoi faut-il restreindre le crédit s’il y a conservation des quantités? »
    Pour ne pas déformer la struture des prix et celle de la production.

  23. Avatar de Dav

    Voici les étapes du raisonnement développé jusqu’ici; raisonnement dont le principe est de repartir de zéro.
    De réinventer la roue, comme me fait remarquer quelqu’un.
    Ainsi donc,

    – à partir d’un cadre logique définissant trois catégories d’objets; métaphysiques, physiques et mathématiques.
    – à partir de la démonstration que la monnaie appartiendrait uniquement à la catégorie des objets mathématiques.
    – à partir de la démonstration que les richesses appartiendraient uniquement à la catégorie des objets physiques.
    – il a été possible de prouver que la spéculation était irrationnelle, car mathématiquement absurde.
    – la situation d’observation que constitue la crise actuelle confirme la démonstration. De même que l’analyse des crises précédentes.
    – De là, il a été possible de dire que la lutte contre la spéculation était une rationalisation du système physique de l’échange.

    Quelles sont les lacunes de la démonstration jusqu’ici ?

    a- Nous n’avons pas défini la situation d’échange dans laquelle apparait la monnaie, la considérant à tort comme évidente.

    b- Nous n’avons que partiellement défini les richesses sur lesquelles se fondent la monnaie, en n’étudiant pas le fait qu’une richesse puisse être directement considérée comme une… monnaie d’échanges. C’est typiquement le cas d’une situation sans monnaie comme le troc.

    c- Nous n’avons pas posé la question des ressources de l’échange, alors même que cette question a toujours été considérée comme première dans les théories économiques, et que cette question pose directement la question de la richesse en tant que monnaie d’échanges.

    d- Nous n’avons pas répondu à la question de l’étalon qui permet de mesurer la valeur d’une monnaie, autrement dit la capacité d’une monnaie à bien représenter une richesse.

    J’espère que vous avez remarqué que j’ai le souci de m’appuyer sur le dialogue pour interroger les cohérences et les incohérences de mon propre cheminement, tout en construisant un déroulé logique ne reposant que sur mes propres représentations.

    a- Je vais donc revenir sur la situation d’échange. Qu’est-ce qu’une situation d’échange dans laquelle la monnaie apparaît ?

    Contrairement à la monnaie, objet mathématique sans couleur politique originelle (comme nous avons tenté de le démontrer), la situation d’échange pose la question de la relation d’homme à homme, d’individu à individu. La caractérisation de cette relation pose donc la question de la domination et du pouvoir. Voici le procédé qui va nous permettre de mieux caractériser la situation d’échange : nous allons nous demander quand la monnaie apparaît-elle vraiment (le vraiment est important) ?

    Dans une situation de domination violente, le processus de « l’échange » n’en est pas un. La situation violente peut faire… l’économie de la monnaie si j’ose dire. Une spoliation, un vol, une captation ou l’esclavage n’ont pas besoin de recourir à la conceptualisation que constitue la monnaie. Pas de véritable échange, pas de monnaie.

    Dans une situation de domination symbolique, le processus de « l’échange » n’en est pas un. La situation de violence symbolique peut faire l’économie de la monnaie (c’est le cas du gourou, du messie, du seigneur ou du roi, nourris pas leurs serviteurs) mais il peut aussi, plus souvent, puisque la domination symbolique s’appuie sur nos représentations, se servir de la monnaie comme instrument de domination symbolique (typiquement : acheter une femme, ou se payer des serviteurs quand le contraire n’est pas possible)

    Dans une situation d’échange équilibrée sans temporalité, l’échange est un échange simple. On l’appelle le troc. Toujours pas de monnaie.

    Dans une situation d’échange équilibrée décalée dans le temps, l’échange devient un échange complexe. Le recours a la monnaie devient pertinent. L’abstraction permet de faciliter l’échange, et, en théorie, de veiller à la sauvegarde de l’équilibre initial.

    En somme, nous en arrivons à déduire que la nature de la monnaie est de permettre les échanges équilibrés décalés dans le temps. Et que, dans toutes les autres situations d’échange, le recours a la monnaie est sans fondement.
    L’objet logique de la monnaie est donc de représenter une situation d’échange équilibrée.
    La sauvegarde ou non de cette logique initiale repose ensuite sur une volonté morale et la complexité de l’exercice d’une volonté morale.

    Voilà un bel enseignement sur la nature de la monnaie, mais la démonstration reste lacunaire, puisque nous n’avons pas considéré l’objet de l’échange, à savoir ce que nous appelons par convention, une richesse.

    Ce sera l’objet d’un post suivant.

  24. Avatar de Moi
    Moi

    A. dit : « Pour ne pas déformer la struture des prix et celle de la production. »

    Pouvez-vous expliciter svp? (je ne suis pas économiste)
    S’il y a conservation des quantités comment cela déformera-t-il la structure des prix (inflation?)? Par ailleurs, je ne comprends pas non plus comment la masse monétaire augmente avec en même temps conservation des quantités.

  25. Avatar de BLAGNY Christophe
    BLAGNY Christophe

    EN RESUME LA CREATION MONETAIRE PAR LES BANQUES PRIVEES N’EST PAS GRATUITE, LE BANQUIER EN EST RESPONSABLE SUR SES FONDS PROPRES.

    Les banques privées lorsqu’elles proposent des crédits aux particuliers ou aux entreprises créent ex-nihilo la plus grande partie de l’argent qu’elles prêtent, cependant elles doivent avoir sur leur compte à la banque centrale (BCE) une reserve prudentielle en monnaie banque centrale correspondant à une fraction du crédit accordé. Cette fraction ou cette réserve est defini selon les accords Bale 2.
    Prenons un exemple simplifié au maximun, si un banquier accorde un crédit de 100 000 Euros il faudra qu’il possede rééllement une fraction de l’argent qu ‘il prête à savoir ici dans l’exemple 8%( le pourcentage depend du type de crédit) c’est à dire 8000 Euros en monnaie banque centrale c’est à dire 8000 euros sur son compte à la BCE.
    Les 92 000 Euros restant sont créer ex nihilo mais cette creation n’est pas GRATUITE pour la banque car si le particulier ou l’entreprise fait faillite c’est la banque qui a octroyé le crédit qui doit rembourser sur ses fonds propres . En effet tout argent créé par le crédit doit être détruit au fur et à mesure des remboursements du dit crédit, c’est une règle INCONTOURNABLE sinon c’est l’hyperinflation et au final la faillite du système monétaire. ( la masse monétaire est un équilibre dynamique entre ce qui est créé par le crédit et ce qui est détruit par le remboursement de celui-ci).
    Donc une banque qui accorde un crédit prend un risque car si l’emprunteur est défaillant c’est elle- même qui doit détruire la monnaie qu’elle a créé et cette destruction se fait au détriment de ses fonds propres qui sont de la monnaie banque centrale qu’elle ne peut d’aucune manière créer ex nihilo.
    Au final la création ex-nihilo de la monnaie scripturale par les banques privées N’EST PAS GRATUITE, le banquier en est responsable sur ces deniers propres c’est pourquoi le risque associé à cette création est remuneré par l’intéret.
    Il faut simplement remarquer que l’argent de l’intèret lui n’existe pas et que de ce fait il ne peut être prélevé que sur de l’argent provenant de nouveaux crédits.
    Il me semble que c’est l’essentiel à retenir en des termes simples et comprehensibles pour les non initiés.
    J’attends vos remarques.

  26. Avatar de A-J Holbecq

    Conservation des quantités de quoi ?
    De la masse monétaire ? Dans ce cas ce prémice est faux … les masses monétaires augmentent bien très régulièrement dans tous les pays du monde car ce sont les crédits nouveaux supplémentaires aux crédits « de remplacement » de ceux arrivant à échéance (crédits supplémentaires nécessités en partie par les intérêts à payer) qui font augmenter les masses monétaires .
    Bon, ca va peut être diminuer en cette fin d’année 2008 et en 2009, puisque les banques seront frileuses pour émettre des crédits supplémentaires ou simlement nouveaux: c’est ça la crainte actuelle du système.

  27. Avatar de A-J Holbecq

    @BLAGNY Christophe

    Tout a fait exact, sauf que le banquier garanti le prêt qu’il octroi par une hypothèque, un nantissement, ue assurance et la caution de la belle-mère … parfois les 4 ensemble.
    Ce qui est anormal (amoral ?) c’est l’intérêt sur cette création monétaire, alors que des honoraires ne le seraient pas .. enfin c’est ce que je pense.

  28. Avatar de Moi
    Moi

    BLAGNY Christophe dit : « En effet tout argent créé par le crédit doit être détruit au fur et à mesure des remboursements du dit crédit, c’est une règle INCONTOURNABLE sinon c’est l’hyperinflation et au final la faillite du système monétaire. »

    Merci pour votre post, je crois comprendre un peu mieux. Donc, il n’y a pas création monétaire réelle (laissons de côté la question des intérêts) pour autant que les prêts sont remboursés. Mais j’ai alors deux questions:

    1) la masse monétaire augmente, ce qui signifie que l’on prête plus rapidement que l’on ne rembourse. Cela génère-t-il de l’inflation comme lorsque l’on fait tourner la planche à billets? Autrement dit, ce différentiel entre la création et la destruction de monnaie scripturale s’apparente-t-il à une création monétaire réelle (de monnaie fiduciaire)?

    2) si une banque fait faillite parce que ses débiteurs lui font défaut et qu’elle perd ainsi plus que sa fraction de réserve à la BCE, on suppose que des créditeurs de la banque (déposants par ex.) vont y perdre de l’argent. Imaginons d’autre part que ces crédits dépassent largement le montant contenu dans le fonds de garantie et que l’état rembourse alors ces crédits dûs par la banque défaillante, cela revient-il à faire tourner la planche à billets?

  29. Avatar de Dav

    b – Qu’est-ce qu’une richesse ?

    Ainsi, nous avons démontré que, dans le système physique de l’échange, la monnaie était la représentation d’une chose qu’on échange, ce que nous avons appelé par commodité une « richesse » (sans doute maladroitement car le terme prête à confusion). Nous avons ainsi pu démontrer l’absurdité mathématique du principe de la spéculation qui consiste à considérer la monnaie en tant que « richesse ».

    Pour autant, pour que cette distinction soit lisible, encore faut-il avoir bien travaillé à la définition de ce que nous appelons une richesse, dans le cadre logique que nous nous sommes fixé.

    Ce qu’on appelle ici richesse est ainsi l’objet de l’échange, vierge de toute valeur (les différentes représentations possibles d’un objet par la monnaie, on les appelle en général des valeurs)
    La meilleure formule que j’ai pu trouver est : la richesse est un objet sans la valeur de l’échange; autrement dit l’objet réel (objet physique au sens large… on verra que cela s’applique à la notion de service) AVANT toute représentation par une valeur.

    Prenons un exemple simple :
    Un verre d’eau est un objet sans la valeur de l’échange.
    Dans le désert, pour un homme assoiffé, il aura une grande valeur.
    Dans un cocktail, pour un homme repu, il aura une moins grande valeur.
    Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.

    – Je ne peux pas prouver que le verre d’eau n’existe pas (physique)
    – J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)
    – Sa valeur peut être exprimée hors de tout système de représentation par la monnaie.

    Prenons un autre exemple simple :
    (la possibilité de) pratiquer un massage cardiaque est une richesse.
    A la piscine, pour un maître-nageur, il aura une grande valeur.
    A la morgue, pour un croque-mort, il aura moins de valeur.
    Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.

    – Je ne peux pas prouver que le massage cardiaque n’existe pas une fois qu’il a été échangé (pratiqué)
    – J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)
    – Sa valeur peut être exprimée hors de tout système de représentation par la monnaie.

    Prenons un dernier exemple :
    Avoir un coffre rempli d’or est-il une richesse ?
    Dans un Etat qui reconnaît les pièces frappées, il aura une certaine valeur.
    Dans un autre Etat qui reconnaît l’or, il aura une autre valeur.
    Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.

    – Je ne peux pas prouver que le coffre rempli d’or n’existe pas.
    – J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)…
    Mais alors, le coffre rempli d’or est une richesse, me direz-vous… oui, on pourrait le penser. On le considère comme tel, d’ailleurs.
    La différence essentielle est que le coffre rempli d’or acquiert le statut apparent de richesse (d’objet de l’échange) parce qu’on lui a attribué le statut de monnaie au préalable. (il a déjà une valeur qui repose sur des représentations). Ce préalable change tout, et il n’existe pas dans le cas du verre d’eau ou du massage cardiaque.
    – Sa valeur ne peut pas être exprimée en dehors de tout système de représentation par la monnaie.

    Pour s’amuser, on pourrait ainsi conclure : Qu’est-ce qu’une richesse qui n’est pas une richesse ? Une monnaie.

    Pour autant, ce travail de définition de la monnaie pose un problème majeur, qui n’a pas encore été traité.
    Ce problème majeur, qui influe sur la valeur des choses en dehors de tout système de représentation par la monnaie s’appelle la ressource.

    Ce sera l’objet du post suivant, dès que possible.

  30. Avatar de RST
    RST

    @ BLAGNY Christophe

    Je pense que vous faites une confusion entre les ratios (le fameux 8%) proposés (mais pas obligatoires si je ne me trompe pas) par les règles prudentielles (Bâle) qui demandent un certain rapport entre les engagements et les fonds propres et les réserves obligatoires en monnaie banque centrale qui tournent autour de 2 %.

    Ce sont 2 choses différentes, si je ne me trompe pas.
    Je suis surpris que A-J Holbecq ne l’ait pas relevé 😉

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