Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible, c’est une mise à plat aux yeux du public de la manière dont le système financier s’articule avec le fonctionnement global de nos sociétés.

Huit ans de présidence George Bush ont conforté la validité du « principe de Cheney » : si le Vice-Président affirme une chose, le contraire est certainement vrai. Or il a dit : « Madoff est une pomme pourrie au sein du panier ».

Et c’est bien de cela qu’il s’agit : la chose la plus difficile à établir en ce premier jour de l’année nouvelle, c’est en quoi l’affaire Madoff se distingue du reste de l’actualité financière de l’année écoulée. Le mérite d’avoir qualifié les bulles financières de « processus de cavalerie spontané » revient au professeur Robert J. Shiller, celui dont le nom apparaît dans l’indice Case-Shiller évaluant la santé de l’immobilier résidentiel américain. Il ne faisait lui-même que développer l’idée des trois stades de la dynamique du crédit élaborée par Hyman Minsky et dont le troisième est celui du Ponzi scheme. Ce n’était pas par hasard non plus que je consacrais le chapitre 13 de « Vers la crise du capitalisme américain ? » (La Découverte 2007) aux bulles financières et à leur dynamique : la cavalerie ou pyramide.

Qu’est-ce qui distingue alors Madoff du reste ? Le fait qu’il ait menti systématiquement sur ce qu’il faisait en réalité ? Hmm, continuons de chercher… Le fait qu’il est impossible qu’il ait été entièrement dupe, qu’il ait cru lui-même à ses propres explications ? Il me semble que la seule différence réside là : les bâtisseurs du château de cartes financier savaient en leur for intérieur qu’ils ne manipulaient que du carton mais tous ont cru que leur confiance absolue en son avenir radieux solidifiait l’édifice : que l’unanimité suffisait à transformer en pierre le carton. Les notateurs savaient qu’ils ne faisaient qu’extrapoler le « pire apprivoisé » que constituent les données historiques relatives aux catastrophes passées. Les créateurs de modèles financiers savaient sciemment que l’on ne peut rien dire de ce qui se passera dans vingt ans, ni même d’ailleurs la semaine prochaine. Mais l’existence d’une communauté de croyants confortait le mythe du carton transformé en pierre. Quand les gauches américaine et européenne se convertirent à la nouvelle église, l’unanimité fut coulée dans l’airain. Jusqu’à ce que la réalité joue un très mauvais tour et révèle que l’empereur était tout nu, depuis sa naissance.

La thèse de la pomme pourrie isolée au milieu du panier est morte en 2008 : le public a cessé de croire à la fraude individuelle d’un petit Jérôme Kerviel ici, ou d’un gros Bernard Madoff là, qui ne seraient pas représentatifs des comportements dans leur ensemble et qu’il suffirait de mettre sous les verrous pour que tout s’arrange. La candeur du public s’est évanouie avec l’année écoulée : jusque-là à ses yeux, la finance était si compliquée qu’il valait mieux la laisser à ses seuls experts. Le fait qu’on lui présente aujourd’hui la facture des frais de déblaiement du château de cartes écroulé lui a ouvert les yeux. Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible, c’est que ses yeux resteront ouverts.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

62 réponses à “Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible”

  1. […] réponses à ce bulletin avec le fil RSS 2.0. Vous pouvez répondre, ou faire un rétro-lien depuis votre […]

  2. Avatar de bob
    bob

    Que les « businessmen » jouent à la pyramide de Ponzi c’est une chose, mais que les politiciens de l’UMP et du PS nous aient inclus dedans depuis 20 ans, c’est d’une gravité incroyable pour la DEMOCRATIE.
    Je rappel qu’au moment de la dérégulation financière à outrance dans les années 90, ils n’ont absolument rien dit et surtout rien fait alors qu’ils étaient aux commandes.
    Pourtant ils auraient du défendre les intérêts économiques du pays et des gens qui travaillent pour gagner leur croute.
    Il s’agit certainement d’une débâcle financière mais plus profondément nous assistons depuis longtemps à une DEBACLE politique.

  3. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ bob

    eh oui jusqu’il y a peu on prenait pour des imbéciles ou de dangereux marxistes rétrogrades tous ceux qui osaient dire, montrer, et démontrer qu’une partie substantielle de la gauche européenne (en France le PS et sa ligne « officielle ») partageait une même idéologie avec une droite qui se réclamait sans retenue du libéralisme économique et tout ce que cela impliquait de dérégulations tous azimuts, et donc de dérégulation financière.

    Vous situez le tournant dans les années 90, pour ma part je le situerais dès les années 80. Et ce n’est pas un des moindre paradoxe que ce soit, en France, la gauche arrivée au pouvoir après des décennies de pouvoir à droite, qui a enclenchée le mouvement, de concert avec la Comission européenne présidée alors par Jacques Delors. Il est vrai Raymond Barre, à la toute fin des années 70 avait, après des décennies d’économie mixte et keynésienne, lancé ses premières fusées libérales et donnait le ton de ce que serait les décénnies suivantes, ne disait-on pas qu’il était le « meilleur économiste de France » ; la science économique avait déjà comme force de loi.
    C’est vers 1983-84 que l’on a commencé à déréguler le marché des capitaux et que la mondialisation s’est mise en marche après que ses principes furent posés par Reagan et Tchatcher, suite d’ailleurs au sinistre épisode de l’éviction d’un président démocratiquement élu, au Chili, un certain 11 septembre 1973, qui vit l’arrivée de Pinochet et des Chicaco boys de Milton Friedman venus tester grandeur nature les préceptes monétaristes, anti syndicalite, de leur mentor.
    Un excellent livre, de Serge Halimi, intitulé Le grand bon en arrière, — soit dit en passant un excellent analyste de la politique américaine, retrace toute l’histoire de ce basculement idéologique, imaginé d’abord par Hayek et quelques autres, en Europe même, exporté aux USA, puis revenu dans les années 80 avec un puissant vecteur : la CEE aujourd’hui nommée l’Union européenne.

    Ce qui est navrant c’est qu’il y ait eu alors un tel consensus parmi les élites de droite comme de gauche, pour adopter le modèle néo-libéral. A l’époque l’Union, aurait pu jouer une autre carte, refuser la mondialisation telle qu’elle s’esquissait déjà. Et promouvoir d’autres règles du jeu. Mais la démission du politique a été générale, si bien que nous nous sommes retrouvés en 2005 avec un projet de constitution pour l’Europe qui entérinait l’absorption du politique par l’économique, niant de fait toute légitimité d’une économie politique. Et c’est aujourd’hui avec cette Union que nous devons faire face à la crise !!

  4. Avatar de olivier

    ce qui distingue Madoff de ses confrères, c’est qu’il est médiatiquement facile à présenter et que les médias jouent la vieille carte de l’émotionnel, celle dont les foules se repaîssent. Je crois contrairement à M Jorion que l’immense majorité des gens réagissent au registre émotionnel et répugnent à analyser. Comprendre une simple offre de prêt bancaire est déja fort compliqué, comment pouvez vous dès lors imaginer ce qu’est la mécanique du monde financier ? La finance qui brasse des milliards, c’est comme l’Etat, l’armée ou l’Eglise, c’est forcément utile puisque cela existe. Madoff, il a trahi ses amis et des fonds qui aident les miséreux, Kerviel a perdu des milliards au poker financier. Voilà ce que la mémoire imprime.

  5. Avatar de B. Samson
    B. Samson

    Vous me confortez dans l’idée que les « élites » financières savaient que le système ne pouvait pas durer. Le sachant, le mot d’ordre était « prendre le maximum d’argent dans le minimum de temps ». Et, au fur et à mesure que la fin approchait, les exigences de rendement immédiat augmentaient. D’où par exemple les intéressements aux résultats financiers TRIMESTRIELS, alors que le plus petit des entrepreneurs sait que cela n’a aucun sens.
    Ces « élites »-là sont coupables, mais leurs complices (pouvoirs publics, establishment politique de droite et de gauche, médias à la botte, intelligentsia, …) le sont tout autant. Comme on dit en d’autres lieux :  » Que se vayan todos! ». J’ajouterai « rendez le pognon! »
    Bonne année.

  6. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Bonne Année à tous, santé, meilleures réflexions, résolutions, bonne et fructueuse vie au blog de Paul Jorion !

    La vie continue, malgré tout 😉

  7. Avatar de oppossum
    oppossum

    @ Bob & Pierre-Yves

    Je n’ai pas la même lecture que vous du billet de Paul.

    Oui d’autres pommes sont pourries et certaines contaminées mais il y a eu un aveuglement constant et progressif depuis les années fin 70.
    Et donc dire « ils n’ont absolument rien dit  » , en forme de reproche ne tient pas.

    – S’ils avaient su , les très riches plaçant et leurs conseillers financiers qui ont tant perdu chez Madoff, se seraient retiré
    – S’il avait su, le super boursicoteur se serait retiré plus tôt …
    – Si elle avait su , la gauche aurait critiqué la virtualité du système plutôt que de hurler à la répartition de ce qui n’était que du vent … (mais la gauche sous l’étendart de la générosité aime trop la facilité)
    – et quel a été le 1er homme politique à tirer la sonette (et encore très tardivement) : Le Pen ! (Attention , aux antipodes de ma sensibilité!)
    etc … etc …

    Comme quoi, les choses ne sont pas simples.
    Mais à présent elle le sont , simples. Et pourris.
    Et s ‘il y a coupable c’est le système financier (moralement crapuleux ces 2 dernières années) . Avec derrière, un peu nous tous, depuis pas mal de temps.

    Pierre-Yves, vous dites  » … après des décennies d’économie mixte et keynésienne … » ,

    … et ce n’est pas faux mais n’oubliez pas non plus que ces 30 glorieuses qu’on regrette étaient aussi le règne d’une politique économique plutôt de droite et bien plus libérale sur certains points qu’aujourd’hui !
    Epoque ou l’on équilibrait tous les budgets en temps de vaches grasses selon les préceptes les plus élémentaires de l’économie classique, pour ne pratiquer la relance en période plus difficile .
    Epoque où la préoccupation -toujours classique- était le plein emploi, mais sans perpétuellement passer par le tripotage des monnaies
    Epoque ou se battait pour une distribution plus équitable sans avoir oublié qu’un sous ne vaut que s’il y a du travail, donc de la richesse à partager, derrière.

    Et j’attirerai votre attention sur le fait que la dérégulation venue des USA, n’a jamais été vraiment libérale (dans son orthodoxie pure) en ce sens qu’elle a précisemment encore plus abandonné les marchés aux forces du pouvoir, de la corruption et de la puissance de l’argent.
    (Rappelez vous aussi qu’il y a une tradition protectionniste aux USA et également des politiques post-keynesiennes très volontaires et actives de manipulation des taux d’intérêt)

    De ce point de vue, de par nos règles européennes, nous, européens, sommes des libéraux (sociaux) bien plus sincères (et naïfs) ! C’est peut-être guère mieux mais c’est plus clair et plus sain. Le problème est qu’il n’y a plus d’alternance envisageable ou possible de par des institutions trop vérouillantes. Donc plus d’évolutions, rectifications, expérimentations possibles .

    La City est exclue de ce phénomène , bien entendu, puisque la partie financière technique du mal est venue de là. Sans parler de ses « intérêts » propres où elle a tout intérêt à oeuvrer seule, pour … son intérêt.

  8. Avatar de Mary
    Mary

    Quand vont donc commencer les grands procès contre ces brigands, ces voleurs de grands chemins qu’on a laisser se remplir les poches et mettre leurs butins l’abri dans les paradis fiscaux en Suisse, au Liechtenstein, au Luxembourg, aux Bahamas, en Andorre, à Monaco ? Les pirates au long court sont souvent montrés comme sympathiques par des films pour enfants, mais lorsqu’ils affament des populations entières, on a le devoir de les arrêter.
    La seule question qui se pose est le « comment agir » puisque les politiques sont soit de mèches soit les pantins des multinationales ?

    @ Pierre-Yves D
    Votre analyse est tout-à-fait pertinente, vous oubliez un acteur de poids dans votre description, c’est un certain Pascal Lamy, aujourd’hui grand patron de l’OMC, qui a permis par tous les rounds de négociations de faire tomber toutes les régulations surtout celles des pays les plus pauvres pour permettre aux pays les plus riches de trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits.

    Tous mes voeux à tous pour plus de justice dans la répartition des richesses, et pour moins d’avidité chez ceux qui en ont déjà trop et qui en veulent toujours plus.

  9. Avatar de bob
    bob

    @oppossum
    En effet je suis en désaccord avec vous en ce sens que je pense que les milieux financiers ultra libéraux n’ont pu réussir cette escroquerie que grâce à un profond recul de la démocratie et un affaiblissement des structures politiques.
    Je ne pense pas forcément qu’il y a collusion au départ de ce profond recul des représentant politiques mais plutôt une incompétence importante associé à un effet d’aubaine.
    Je suis donc d’accord avec vous pour dire que les politiciens en place n’étaient pas forcément informés des énormes mouvements financiers délétères pour l’économie réelle: Wall Street anéantissant Main Street.
    Mais par contre, je reste persuadé que ces même politiciens savaient que le capital n’était pas investi dans l’outil de production occidental performant.
    Pour résumer, les politiciens ont été INCOMPETENTS pour orienter le capital vers l’économie innovante, pourtant le capitalisme a une culture habituelle d’innovation et c’est là tous le paradoxe de cette histoire.
    Les USA ayant une culture historique de l’innovation, je trouve tout à fait étonnant qu’il subisse une crise d’une telle ampleur.
    Plus que de la malhonnêteté des hommes politiques, je pencherais plutôt pour de l’incompétence (propos de Stiglitz au début de cette crise).
    Quel est l’intêret pour un politicien de mettre son nez dans ce genre de problème tant que sa réélection (et son salaire) est assuré sur des bases politicienne?
    Pourquoi les français regarde la Star Academy?
    Autant de question sans réponse qui pose un réel problème de fonctionnement pour notre démocratie.

  10. Avatar de antoine
    antoine

    Oui je crois moi aussi que vous êtes trop optimiste, Paul. Vous savez, la Finance commence déjà à verser des sommes relativement importantes aux cabinets en lobbying et com d’influence pour « redorer » son blason… cabinets qui acceptent la manne tombée du ciel!!! Il n’y a malheureusement pas de limite aux résultats qu’une propagande savamment orchestrée peut atteindre. Quand on voit la facilité avec laquelle la guerre en Irak a été vendue aux médias américains… J’espère me tromper, mais cette guerre va être dure à gagner. Il ne suffit plus d’avoir raison dans une démocratie de masse. La configuration stratégique de l’échiquier politique français n’incite pas à l’optimisme sur ce point, en tout cas. Vous avez un rôle à jouer là-dedans Paul, mais ne tuez pas la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Il va vous falloir infiltrer la presse conservatrice (celle du « il faut que tout change pour que rien ne change »). Sans cela ce sera très très serré.

  11. Avatar de Fab
    Fab

    « La thèse de la pomme pourrie isolée au milieu du panier est morte en 2008 : le public a cessé de croire à la fraude individuelle d’un petit Jérôme Kerviel ici, ou d’un gros Bernard Madoff là, qui ne seraient pas représentatifs des comportements dans leur ensemble et qu’il suffirait de mettre sous les verrous pour que tout s’arrange. La candeur du public s’est évanouie avec l’année écoulée : jusque-là à ses yeux, la finance était si compliquée qu’il valait mieux la laisser à ses seuls experts. Le fait qu’on lui présente aujourd’hui la facture des frais de déblaiement du château de cartes écroulé lui a ouvert les yeux. Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible, c’est que ses yeux resteront ouverts. »

    Le public est satisfait de savoir qu’il a ouvert les yeux et qu’il va les garder ouverts. Le public qui pense que la finance n’est compliquée que pour ceux qui en sont prisonniers, se réjouirait d’une prise de conscience desdits experts sur le fait que la finance n’est pas malade…mais qu’elle est la maladie ! Quant au public qui se débat avec moins de 2$ par jour, on attend toujours son avis, il hésite, se pose des questions, tergiverse et hésite finalement à ouvrir les yeux. Pourtant, au fond de lui, sans le dire et sans le montrer, ce public à moins de 2$ par jour, il se considère encore comme un être humain, avec un télencéphale hyper développé comme son frère aux yeux ouverts. Oui, j’ai bien dit son frère, car il est inconcevable pour un télencéphale hyperdéveloppé aux yeux ouverts d’imaginer qu’il puisse exister différentes races d’êtres humains ! Sa raison ne peut l’accepter ! Ce sont simplement des télencéphales hyperdéveloppés aux yeux fermés en voie de développement. Elle est pas belle la vie ? Et avec le temps, en regardant bien, en prenant bien exemple, il ne nous est pas interdit de nourrir l’espoir qu’ils arriveront à notre niveau de développement, tant sur le plan technologique que d’un point de vue intellectuel. Et ce jour-là, on pourra dire que l’humanité a atteint le stade de la maturité, qu’elle a finalement mis à profit son télencéphale hyper développé : tout le monde pourra enfin jouer au Monopoly.

    Les mauvaises langues poursuivraient en disant qu’ensuite, l’homme, satisfait de son sort, abandonnerait peu à peu l’usage intensif de son télencéphale hyper développé pour se consacrer à son jeu favori. Et, tout doucement, les écoles, habituées à éveiller l’esprit des enfants (télencéphales hyper développés), à exercer leur esprit critique, à leur faire ressentir leur état d’être vivant temporel, tout doucement donc, les écoles perdront cette ligne directrice afin de se consacrer uniquement à préparer les enfants au grand jeu : mise en place d’un apprentissage renforcé, « au pas de course », suivi d’un tri sélectif afin de repérer les meilleurs éléments pour animer le jeu et de préparer les autres au mieux pour que tout le monde puisse finalement s’amuser ensemble. A écouter ces mauvaises langues, on pourrait aussi continuer en disant que tout ça va finir avec un télencéphale hyper atrophié, ou hyper volumineux mais vide, et qu’on pourra un jour comparer l’espèce humaine aux fourmis ou aux termites (fourmilière ou termitière, migrations biquotidiennes, échange d’informations à l’échelle de la colonie, service de sécurité et de nettoyage, etc.)…

    Mais tout ça n’est que pure fiction, veuillez m’en excuser, et il nous faut revenir à des choses plus sérieuses.
    Miroir, miroir…

  12. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Tracer la ligne de frontière entre la fraude de Madoff et les formes modernes de la spéculation financière n’est pas chose aisé, c’est bien vrai. Aux yeux de l’opinion publique, Madoof est ainsi devenu la figure emblématique d’une situation générale. Comme le disent les caricatures de journalistes dans les films, « a good story ». Les scénaristes parlent eux du « human concept » qu’ils ont bâti.

    Dick Cheney a, à ma connaissance, pris le premier l’image de la pomme pourrie pour rejeter Madoff, afin de justifier l’idée que si on la retirait du tas cela le préservait de la contagion. Et donc qu’il ne l’était pas. Pour essayer de contrer, reprenant un argument traditionnel des conservateurs, cette autre vieille idée qui rejailli à l’occasion: « tous pourrris! ».

    Mais ce cri ne reste souvent qu’intériorisé chez ceux qui le poussent et s’accompagne généralement d’une bonne dose de résignation : « Que pouvons-nous y faire, c’est comme ça, cela nous dépasse…? » Bien que dès fois, par contre, la révolte se manifeste.

    Il est frappant de constater que cette indignation s’appuie sur les principes d’une bonne morale, pour ne pas dire d’une moralité perdue, signe à la fois de la profondeur du rejet qu’elle représente et du fait qu’on en restera là, car c’est une cause perdue.

    Repousser les frontières de la fraude plus loin, plus avant, plus haut est pourtant salutaire parce que tout simplement vrai. Il ne manque pas de bonnes questions à poser pour le montrer. De mécanismes à décortiquer qui se cachent sous des habillages abscons et des raisonnements se voulant triviaux. Sous un travestissement idéologique qui a perdu de sa superbe mais s’efforce de faire le beau pour tenir.

    Pour y contribuer, nous bénéficions actuellement d’une fenêtre de tir qui finira par se refermer.

  13. Avatar de thomas

    Entendez vous, ailleurs que dans ce blog et quelques autres lieux confidentiels, des RESPONSABLES tenir un discours qui permette de croire que le changement est en vue ? Non, ou du moins, pas moi.

    Il va donc falloir aller jusqu’au bout de cette génération obsolète pour amorcer l’ombre d’un virage, et voir sortir du bois des noms inconnus aujourd’hui.

    Patience, ce sont des années qui seront nécessaires.

  14. Avatar de bob
    bob

    Voila une belle illustration de la bêtise sans limite de nos dirigeants:
    http://www.latribune.fr/entreprises/services/transport-logistique/20090102trib000327221/alstom-appelle-au-boycott-des-trains-chinois.html
    Quand la Chine devient protectionniste grâce aux transferts de technologies non contrôler et courtermiste. Ca rapporte au début mais à moyen terme ça aurait du se calculer autrement que sur des critères financiers à 12% annuel.

  15. Avatar de Steve
    Steve

    Bonjour et bonne année à tous.

    Dans nos démocraties, Les pouvoirs politiques sont mis en place par les pouvoirs économiques; il n’y a donc pas grand chose à attendre d’eux sinon de prendre les mesures qui les font durer.
    Pour parler de la france, il y a, à mon sens, moins de différence, de par leur formation ( formatage?) , entre Hollande ou Aubry d’une part et Juppé ou Copé d’autre part qu’entre Hollande ou Aubry et un ouvrier de gauche , ou qu’entre Juppé ou Copé et un commerçant de droite.

    Les seuls régimes actuels ayant les poids nécessaires – démographique, économique et militaire – et le régime centralisé, intégré et autoritaire pouvant modifier le système sont d’abord la chine et peut être plus tard l’inde. Mais pas d’illusion: ils ne changeraient le système qu’à leur avantage.

    Certes les yeux se sont ouvert. Mais il suffit aux propagandistes de détourner sans cesse les yeux au moyen d’autres spectacles soigneusement montés et déversés en masse pour détourner l’attention…..

    Etant donné l’immense imbrication d’irresponsabilités diverses et d’intérêts divergents, l’immense inertie – physiquement parlant- de notre système, je ne vois aujourd’hui pas d’ issue paisible et maîtrisée.

  16. Avatar de oppossum
    oppossum

    Oui Mary

    On peut remettre en question le rôle de l’OMC , mais voyez vous, mettre sur le même plan l’Administration Bush et la personnalité de P. Lamy, me semble à moi, relever d’une telle confusion dans le jugement au niveau des valeur et de l’humain , que ma confiance et mon respect dans les analyses et les analystes qui en arrivent là, tombent complètement.

    En ce qui concerne l’OMC, effectivement son rôle est plutôt orienté vers le libre-échange et , ma foi, on peut être contre. Mais être contre ne signifit pas caricaturer et refuser de voir les différences du réel.
    L’OMC ne s’applique qu’aux pays qui souhaitent y adhérer. Les règles font l’objet d’une élaboration multilatérales . L’OMC a toujours dénoncé très activement les pratiques de protectionisme des pays riches à l’encontre des pays pauvres.

    On peut penser que les rapport de pouvoir et les puissances de l’argent s’infiltrent dans les mécanismes d’adhésion et de négociation, comme ils s’infiltrent dans le ‘marché’. Oui mais , si les règles de l’OMC (dont on peut discuter et qui sont perfectibles) s’étaient appliquées au monde de la finance, la crise n’aurait pas eu lieu, ou pas avec cette ampleur. Simple remarque de bon sens.

    Mais en attendant , lorsqu’il n’y a pas le minimum de règles définis par l’OMC, on tombe (car le commerce international existera toujours) dans ce qu’on appelle les accords bilatéraux d’Etat à Etat, qui sont encore bien pires … qu’affectionnent les Etats non démocratiques, et dont , comme par hasard, les USA sont très très friants , pratique que dénoncent régulièrement les ONG.

    Faire pire que le mauvais n’est pas un progrès. Même fardé d’indignation légitime.

  17. Avatar de bob
    bob

    @Mary,
    c’est vrai que les régles de l’OMC ont été appliquées, au pic de la dérégulation, par un socialiste français qui s’appelle Pascal Lamy.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Lamy
    Encore une énigme non résolue?

  18. Avatar de nestor
    nestor

    Paul Jorion, ce que vous écrivez est parfois un peu manichéen.

    Les dérapages de la finance ne se sont pas fait dans un laboratoire fermé au public et tenu par des obsédés du secret et du complot! Le public actuel n’a pas plus les yeux ouverts qu’il y a quelques années. On est bien entrain de lui faire gober le truc du réchauffement climatique à grand coup de vagues d’une propagande unique dans l’histoire du monde. L’époque est à l’émotion, alors bien entendu, sauver la planète, ça marche à tous les coups. Regardez les audiences des émissions télévisées! Il faut bien donner une raison de vivre aux classes moyennes. Pour sauver la planète achetez mes nouveaux produits, branchez vous sur le nucléaire! Les écolos des années 70 doivent bien s’amuser…. Le nucléaire qui sauve la planète, c’est super drôle, ne trouvez vous pas? Ca marche, incroyable, non? D’ailleurs, notez qu’en hiver lors des tempêtes de neige et des vagues de froid, on ne parle plus du réchauffement climatique. Le sport remplace les infos le week end….

    Donc la finance, il y a bien fallu un public pour la faire fonctionner. Qui a besoin sans cesse de consommer plus dans un univers où la moitié des richesses est captée par les puissances publiques pour entretenir des armées, des infrastructures souvent inutiles ou des services publics pléthoriques et donc dégradés? Il ne reste plus beaucoup de place pour faire des affaires et c’est ce point qu’il faudrait appronfondir.

    Il faut en revenir au fonctionnement de l’économie et non pas de la finance. Les petits pays disposent d’économies qui ne permettent plus de financer de vastes secteurs publics qu’en matraquant fiscalement. L’économie souffre et plus elle souffre et plus elle enfonce dans la crise les moins dynamiques et plus il faut augmenter la fiscalité pour éviter un effondrement complet. La Belgique est le meilleur exemple que nous ayons sous la main. Même chose en Grèce où on prélève 30% entre 10000 et 20000 euros de revenus annuels, ensuite à partir de 20000 euros c’est 40%! Résultat le salaire minimum de 650 euros mensuels ne permet pas de vivre normalement puisqu’il est calculé pour ne pas être imposable et devient la norme. Même chose en France où le salaire moyen en province c’est le smic majoré de 20%. Il y a eu un invraisemblable nivellement par le bas depuis vingt ans. Et pour combler tout cela on utilise le crédit. Avec les dérives que l’on observe depuis dix ans.

    Il faut se poser la question de savoir pourquelles raisons nos économies fonctionnent mal depuis si longtemps beaucoup plus que se focaliser sur la faillite de la finance et des banques. Ce n’est pas si grave, ça se répare. Beaucoup plus difficile est de reconstruire après une guerre, nos économies ressemblent de plus en plus à celles de pays qui sortent d’une longue guerre.

    Nous ne sommes pas assez innovants et dynamiques. On a cru tout valoriser avec la civilisation des loisirs et on se retrouve avec la moitié de nos populations complètement désoeuvrée et démunie. Nous sommes entrés dans une économie qui n’a plus besoin des classes moyennes, les riches sont assez nombreux pour faire fonctionner leurs propres univers des industries du luxe.

    Paradoxalement il faudrait que les classes moyennes et les plus pauvres refusent les salaires minimum, les allocations qui sont des trappes à pauvreté. Nous devrions exiger aussi la richesse, la qualité, les revenus élevés et leurs cortèges d’impositions. Il y a aujourd’hui une muraille entre le monde des plus riches et celui des classes moyennes. Il faudra bien un jour casser cette muraille pour que l’argent accumulé par les super riches permettent des investissements destinés à financer les revenus des classes moyennes. Les moyens existent, ils sont simplement mal employés, mal organisés. On a oublié que ce sont les nouveaux riches qui font tourner les économies. On leur a tellement tapé dessus qu’ils se sont organisés un monde à part. C’est cela qu’il faut changer. Il faut obliger les super riches à revenir dans la société pour la financer. Les américains commencent à le faire, voyez Warren Buffet qui lègue l’essentiel de ses avoirs de super riche à des fondations destinées à soutenir l’économie. Les américans ou les asiatiquent savent faire ça, pas les européens….

  19. Avatar de Xav'
    Xav’

    « Ce qui a déjà été gagné sans retour en arrière possible, c’est que ses yeux resteront ouverts. »

    Je suis moi,s optimiste que vous à ce sujet. Ne disait-on pas après les 2 grandes guerres, plus jamais ça?
    Aujourd’hui la Belgique est en guerre une nouvelle fois dans son histoire. Toujours les mêmes politiques…

  20. Avatar de oppossum
    oppossum

    Nestor, vous dites
    « Et pour combler tout cela on utilise le crédit »
    Mais c’est l’inverse : car jusque dans les années 80, le capitalisme se portait bien mais le secteur financier était à sa place.

    A partir du moment ou l’on pratique pendant trop lontemps un crédit pas cher (à la consommation et taux d’intérêt bas), on relance artificiellement l’activité sur des bases malsaines -et pas forcémént l’activité de l’économie réelle qui, à un moment donné, n’absorbe plus cette ‘monnaie’- .
    – le crédit à la consommation est basé sur un endettement permanent et sans fin (la sur-consommation sera suivi à un moment donné d’une sous-consommation pour se desendetter)
    – l’argent happé par les investisseurs potentiels préfère, de plus, se concentrer dans les secteurs plus lucratifs et discrets de la finance ,( d’où un effet de bulle qui auto alimente ce secteur le rendant contamment plus attractif), plutôt que de financer des investissements dans l’économie réelle où effectivement les prélèvements divers et les difficultés croissantes pour exploiter/faire travailler son prochain sont légions.

    Il est certain qu’ en Europe le poids des prélèvements obligatoires , surtout par rapport à leur incapacité à suivre et financer les vrais besoin sociaux, n’est pas toujours propice aux investissements. Mais votre raisonnement qui tend à les rendre responsable de l’absence d’un espace suffisant pour faire de belles marges, est à haut risque et aboutit à un non sens lorsqu’on le prolonge.

    Il faut dégraisser le mamouth non pas pour faire de la place au ‘Prive et à sa logique’ mais pour faire un service public efficace. (En même temps, la fonction publique a un effet ‘atelier nationaux’ de 1848, qui, lorsqu’il est modéré, est stabilisateur -bon, mais d’ici à suivre les syndicats pour lesquels le but est de faire de la France un immense service public destiné à réparer les dégats d’un capitalisme virtuel … il y a un pas que je ne franchis pas !)

    Il faut proteger des espaces d’investissement privé dans l’économie réelle avec des marges attractives (en laissant aux luttes , à l’évolution sociale et à celle des mentalité, le soin de les réguler et redéfinir) , parce que pour l’instant , on ne sait pas faire mieux -sauf à laisser à l’Etat ce rôle …- . (Et que personne n’acceptera de ‘revenir’ en arrière: effet cliquet)

  21. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    Que dire de votre conclusion Paul ?
    Encore une fois, on retrouve toute l’acuité de vos lecteurs dans les commentaires. On retrouve les uns, un peu optimistes,et les beaucoup plus pessimistes. Ceux qui considèrent le court terme, mais alors on espèrera plutôt dans le plus long terme.

    Ceci rejoint une réponse à un de vos billets précédents ! : qu’est-ce qui détermine les prix du marché ?

    Qu’est-ce qui fait marcher le politique ad hoc , surtout si celui-ci avait une occasion de prendre plus de pouvoir par rapport au monde financier ? Ce n’est que le rapport de force sur le terrain qui compte dans les orientations de la société, et il peut y avoir des virements secs, des dérives, des granzécarts, des réajustements…

    Bien sûr que l’industrie et la finance donnent des conseils appuyés aux hommes et femmes de mandat, mais quelqu’un ayant des ambitions politiques doit mal le digérer à chaque fois. Alors personne ne sait pour le moment l’esprit qui va s’imposer. Nous sommes divisé entre les plus ou moins pessimistes. Je ne dirais pas les franchement optimistes, faut pas déconner.

    Je ne vous suis pas quant-à l’espoir que les gens gardent les yeux ouverts, et ce, à jamais. Peut-être ?? Ils ne l’oublieront pas tant que dure la crise. Pour notre chance, je ne vois pas celle-ci s’arrêter demain, vu qu’on ne l’a pas vraiment vu prendre place ailleurs que … Oui, certains y sont déjà.

    Je crois à l’auto-régulation des marchés. Il a été souligné dans un commentaire récent sur un autre fil : la guerre et toutes autres catastrophes en font partie, ce qui peut écarter de la vie un grand nombre d’humains avant leur échéance génétique. Mais ensuite, pour ceux qui ne seraient pas trop morts, les motivations à vivre continueraient.

    Et là je redeviens optimiste quant au bienfait de l’avidité humaine, et je vais me permettre de faire une méchante embardée par rapport à votre billet :

    L’humain ( les autres animaux doivent avoir la même pulsion existentielle ) trouve sa motivation ( on ne va pas faire de parenthèse à propos de bouddhistes parfais ) cet humain atteint des niveaux de tranquillité euuuh nooon je ne dirais pas spirituelle, mais ça arrive quand même, lorsqu’il a l’impression de combler, voir saturer ses besoins vitaux, et un peu plus chez beaucoup.
    Je reste volontiers approximatif en parlant de « besoins vitaux », ce n’est pas le centre de la démonstration.

    Chez l’homme en général, je résumerais ceci par ce besoin de courir après la richesse. Et là je touche le point intéressant, et ouvert à discussion, de ma contribution : qu’est-ce que la richesse ?

    J’ai souvent lu, ici, ailleurs, «  devons-nous nous replier sur l’or ?? Cette valeur est sûrement « la » richesse ??? ». Ceci nous amènerait à discuter supernovae et complications à synthétiser l’or, mais on raccrochera les wagons plus tard.
    Et cette remarque permet de constater que, bien qu’il soit plus facile d’approcher l’idée de ce qu’est la richesse, que ce qu’est la monnaie, les gens ont vraiment une idée anthropo-conceptualisé de ce qu’est cette richesse.

    Reprenez-moi, si vous le souhaitez, mais l’idée que j’en ai, la définition sur laquelle je me risque est : la richesse est la quantité d’énergie, dont on pourrait disposer.

    Je peux développer là-dessus en vous différenciant bien les énergies accumulées, instantanées, et potentielles, addition et annihilation, et on verra qu’on y retrouve tout. Sauf si je me fourvoie dans mon cheminement intellectuel. Je fais confiance à tout lecteur pour me le signaler.

    Et j’en viens donc aux raisons qui me rendrais optimiste, bien que je ne considère pas la casse susceptible de survenir, avant de rentrer dans des comportements de société, nous éloignant encore davantage de celles des autres animaux … quoique … les bonobos arrivent à se la jouer relax, comme tous les gens de wall street ne devaient pas en être capables…

    Que les anthropologues présents dans la salle me corrigent, mais on a toujours cavalé après l’énergie, de manière à la capturer, la domestiquer : plus de glucose pour nos cellules, le feu, la suite … vous connaissez. On a que ça à foutre sur terre.

    Actuellement, quoique tout-à fait débutant dans la fission nucléaire ( 3% de rendement, quelle plaisanterie ) on pense à la fusion.
    Encore une parenthèse pour surcharger le texte : la directeur de ITER vendant son produit en conférence disaieuuuh, « oui, quoi donc ? Ça avance ! Il ne reste qu’un petit problème avec le neutron porteur de toute l’énergie à récupérer, et qui n’est pas « capturable » de manière magnétique … puisqu’il est électriquement neutre !!! »

    Il y a un prix Nobel tombé dernièrement à propos de Spintronique, qui font penser qu’on pourrait récupérer des éléments chargés en énergie autrement que magnétiquement.

    Et je parie que vous ne voyez toujours pas où je veux en venir ?!

    Ce que je veux dire est, que pour tirer de plus en plus de cette énergie qui est notre richesse, dont nous sommes avides, on a besoin de cerveaux de plus en plus pointus !!! Et on ne fabrique pas ce genre de cerveau par la contrainte, ça ne marche pas !!

    C’est exactement la raison pour laquelle on laisse internet s’étendre, même les pouvoirs à qui ça provoque tout un tas de suées nocturnes. Malgré la perte d’influence sur la population, cette liberté est plus créatrice, innovante, qu’une direction de pensée diffusée depuis un sommet.

    Les courbes de demandes en énergie pour l’humanité sont des exponentielles. Le facteur peut être variable avec le temps, il peut y avoir des paliers, mais ce n’est pas une bonne nouvelle si on est partisan de la décroissance. Pour créer cette énergie future, dès notre époque de technologie seulement balbutiante, quoiqu’en pensent certains orgueilleux, on a besoin de tout le potentiel humain pour y parvenir.
    Pour l’édification des pyramides, le rendement du coup de fouet était sans doute un argument non-discutable. Dès à présent, si vous voulez intéresser les jeunes à la physique quantique, je vous conseillerais de livrer des cours passionnants, en espérant qu’en amont les instits auront aussi fait du bon job d’éveil !!

    Les politiques peuvent être corruptibles, incompétents, avides de sexe, de vin et d’argent, le devenir de nos sociétés est de produire plus d’énergie domestiquée. Donc, les politiques doivent améliorer la vie de tout le monde, qu’ils triment à cogiter, pas seulement améliorer le bien être des élites.

    Oui, c’est théorique, paaaaas … sûr !

    Alors je décline toute responsabilité pour tous les accidents de parcours intermédiaires. Mettez-y guerre, famine, dictature avec ou sans « Cheney-Dick-you-are-a-dick » et catastrophes agricoles si celle-ci n’échappe pas aux pressions de nature capitaliste… Mais si quelque suite de l’humanité passe au travers, l’issue serait plutôt positive.

    Bien entendu, d’ici là, tous ceux qui lisent ce blog seront bien mort avec les yeux fermés … Donc ça ne résout pas notre problème immédiat. Pardon Paul pour tant de bruit sur votre blog.

  22. Avatar de ThierryDorée
    ThierryDorée

    L’explication non convaincante que vous donniez dans un article précédent sur les raisons qui ont poussé les enfants de
    Madoff à dénoncer leur père, alors qu’ils avaient agi de concert avec lui jusqu’alors, trouve son explication dans la loi
    Sarbanes-Oxley qui permet aux victimes américaines, pas les autres, d’une escroquerie, d’être indemnisées.
    Les contribuables du monde entier paieront puisque les Etats-Unis exporteront cette dette-là aussi.
    Concernant cette crise gigantesque déclenchée par la FED en remontant brutalement des taux d’intérêt baissés par elle
    pratiquement à 0% pendant des années pour inciter les gens à s’endetter, je rappellerais cette citation de l’illustre Franklin
    D Roosevelt : soyez sûrs qu’en matière d’économie rien n’arrive qui n’ait été soigneusement programmé.
    Cette crise de la guerre des banques pour resserrer leur nombre en vue d’établir un gouvernement financier unique mondial est la suite
    et dernière étape de l’installation d’un totalitarisme planétaire programmé depuis un siècle maintenant.
    Monsieur Jorion ne croit pas à la théorie du complot mais pense ouvrir les yeux du public par ses articles, je lui conseille de s’appliquer
    ses propres recettes. Vous y viendrez, Monsieur Jorion.Pour l’instant commencez donc par vous renseigner sur qui a financé la révolution bolchévique
    et armé Hitler. Annie Lacroix-Riz, historienne, a écrit « Le choix de la défaite » et bizarrement la Banque de France ne lui a pas intenté de procès.
    Tous les Krach et crises ont été savamment orchestré, cherchez donc à comprendre, c’est facile il suffit d’ouvrir les yeux.On s’aperçoit de la mise en
    place d’états policiers partout , d’un accroissement des systèmes de contrôle des populations et d’une volonté délibérée de décerveler les populations
    par la suppression de l’histoire au Lycée et le retour au religieux, voire même au créationnisme aux USA, le monde créé en 6 jours par Dieu.
    Un décervelage total sans but ? Monsieur Jorion, un peu de sérieux.

  23. Avatar de Mary
    Mary

    @ Opposum
    Je vous invite à consulter la carrière de Pascal Lamy sur le site de wikipedia, vous verrez qu’en fait des liens entre Georges Bush Père et Pascal Lamy ne font pas l’objet d’une confusion mais d’une réalité bien tangible. D’autant plus qu’avant d’être nommé président de l’OMC celui-ci était le commissaire européen chargé du commerce, et c’est lui qui a poussé les négociations pour que les marchés se dérégulent à un train très rapide. Voyez, il a aussi soutenu l’AMI et l’AGCS en son temps. Je ne compare pas les personnalités de Georges Bush Fils et de Pascal Lamy. Ce qui m’intéresse ce sont les politiques qu’ils ont mis en place sans beaucoup de démocratie et souvent avec la plus totale opacité.

    L’OMC peut toujours dénoncer les pratiques de protectionnisme, mais il s’agit du même sujet dont parle Paul Jorion pour la fixation des prix sur un marché. Les négociations ne se font pas selon la loi de l’offre et de la demande, mais selon les rapports de force entre les uns et les autres. Or les rapports de forces financières, économiques et politiques entre les pays les plus riches (nous) et les pays les plus pauvres (la grande majorité) se terminent toujours en faveur des plus riches.

    Alors bien sûr il est prévu des compensations pour ceux qui ont perdu, mais que représentent-elles par rapport aux milliards qui seront engrangés par ceux qui ont gagner le droit de vendre partout dans le monde. Ce ne sont pas les pays membres qui gagnent ou qui perdent, ce sont d’un côté des personnes morales, des sociétés sans foi ni loi, et de l’autre ce sont des personnes, des individus qui sont souvent obligés de quitter leurs terres, de tout abandonner pour aller s’entasser dans les bidonvilles des grandes mégalopoles urbaines ou de fuir vers l’eldorado qu’ils rêvent dans les pays occidentaux.

    Qui va bien pouvoir créer l’OMF : l’Organisation Mondiale de la Finance ? Qui va bien avoir intérêt à le faire ? Les membres d’ATTAC ont depuis une dizaine d’années tenté de faire passer la taxe Tobin, une taxation minime des revenus financiers. « Ce ne sera pas possible si tous les pays ne la mettent pas en application ensemble, sinon les capitaux flottants partiront ailleurs » était la raison donnée au manque de volonté politique de nos édiles.

    A quoi ça sert le commerce international ? J’ai entendu parler de porcs élevés aux Pays Bas (Dans ce pays il y a autant de porcs au Km² que de personnes = 400). Une fois arrivés à la bonne taille ils sont tués, les jambons découpés et expédiés en Italie pour faire du jambon de Parme. Une fois transformés en « jambon de Parme », ils sont retransportés aux Pays Bas pour être vendus comme Jambon de Parme à nos chers amis Hollandais.

    Les exemples aussi absurdes sont légions. Mais nous ne le savons pas. Lorsqu’on nous le révèle nous poussons des cris d’Orfraie. Et pourtant c’est la réalité qui se cache derrière de jolis emballages.

  24. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Oui, il ne faudrait pas que Madoff devienne un bouc émissaire dans la recherche illusoire de coupables. par trop insaisissables. Ou que les débats partent trop dans tous les sens.

    Ce ne sont pas les questions qui manquent actuellement, mais plutôt les réponses. On peut notamment se demander si la loi fondamentale de la cuvette va se vérifier une fois de plus. Vous ne la connaissez pas ? Quand on est au fond de celle-ci, quelle que soit la direction que l’on prend, on ne peut que remonter. Moi j’ajoute, sauf s’il y a un trou, pour intégrer le facteur d’incertitude.

    Les économistes, parfois déformés par l’académisme universitaire, s’interrogent, « faut-il croire en Keynes ou Friedman pour comprendre la crise actuelle » ? Plus prosaïquement, beaucoup s’interrogent sur la profondeur et la durée du versant économique de la crise, qui nous touche le plus directement. D’autres sur ce qu’il faudrait faire pour juguler la crise financière et pour que tout rentre dans l’ordre.

    Mais quel ordre ? On ne sait pas trop bien.

    Je me pose une autre question. Si, à l’origine de cette crise, il y a l’éclatement d’une bulle financière destinée à financer la consommation et au travers elle la croissance via l’endettement; et si cet endettement était devenu nécessaire afin de suppléer au partage inégal des gains de productivité entre les revenus du capital et ceux du travail (en faveur du premier pour ceux qui en doutent); que peut-on attendre au final ?

    Va-t-on réguler sérieusement la pompe à finance et restreindre par la même le crédit facile ou, au nom de la croissance, de la consommation et du financement du crédit (on est prié de l’énoncer dans l’ordre), justifiera-t-on de donner du mou à la bride, pour la bonne cause naturellement ? Dans le premier cas, gare aux conséquences sociales. Dans l’autre, combien de temps durera le répit ?

    Voilà le dilemme, faute d’élargir le champ des questions. Mais nous n’en sommes pas là dans le secret des cabinets et des lambris.

  25. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @ThierryDorée

    En fait je crois que M. Jorion est chargé de débusquer ce qui reste d’esprits en vue d’achever le décervelage qui aurait manqué ses cibles à l’école !

    (Ceci est une plaisanterie)

  26. Avatar de madar michael

    cher Paul
    Merci pour cette réflexion collective que vous générez par vos billets quotidiens.
    Je lis consciencieusement vos discussions depuis fin aout et observe l’orientation inquiétante de la finance et de l’économie.
    Ce débat sans précédent sur la monnaie m’a rendu dans un premier temps perplexe et je ne parvenais pas à saisir votre prévention voire intransigence quant à la fameuse création monétaire ex-nihilo.
    Sensible aux interventions d’E Chouart (entre autre), j’en suis venu petit à petit à partager son point de vue jusqu’à ce drôle de revirement interieur, suite à votre post du 30 dec
    donnant le lien vers Eberhard hamer. http://www.horizons-et-debats.ch/31/31_21.htm
    Par quelle mysterieuse décantation cette question m’est elle apparue soudain sous un angle différent et à quels arguments avais-je cédés sans m’en rendre compte ?
    Je me souviens de ma surprise quand Eusèbe a fait son apparition, l’explication des choses tournait à un jeu d’enfant.
    Il fallait en passer par des métaphores que chacun soit capable de suivre et pourtant je suis resté encore longtemps dans le doute.
    Comme l’a bien résumé D.Dresse je me suis retrouvé dans la catégorie des scandalisés créationistes (fort novice si ce n’est ignorant au demeurant en cette matière, je suis musicien, mais déterminé à savoir), admettant que cette innondation de crédits sur une longue durée s’apparente de fait à de la création monétaire.

    Les règles que se dev(r)aient de respecter les banques, on voit aujourd’hui qu’elles nous les font payer fort cher.
    Selon vous les banques commerciales sont, strictement parlant, créatrices de reconnaissances de dettes ayant quelque part une contrepartie économique.
    Seules les banques centrales ont le pouvoir de création monétaire ou planche à billets.
    Le reste est une question de circulation monétaire plus ou moins obscure et avisée dans un univers d’une rapacité incalculable.
    Donc soit! Les banques ne créent pas de monnaie mais des dettes.
    Le système financier n’en demeure pas moins un véritable marigot pour les simples citoyens.
    L’escroquerie dont parle Eberhard Hamer nous oblige à garder notre sang froid et à éviter toute erreur d’analyse simplificatrice. Vos contribution de ce point de vue sont
    de précieuses sources de compréhension.
    Musicalement
    Mikl

    ps: Je voulais attirer votre attention sur d’autres questions, d’ordre plus politique, soulevées sur ce blog, ce sera pour une prochaine fois…. en attendant à tous une bonne année 2009

  27. Avatar de Fracture
    Fracture

    Voilà, voilà, toujours les mêmes débats, pas qu’ils soient inintéressants, au contraire, mais futiles bien évidemment car aucun n’arrive à se projeter hors de ce système, pensant qu’il n’y a rien d’autre imaginable et donc toujours les mêmes solutions. (

    Ne faudrait-il pas reprendre le problème à la base, que sommes-nous, une espèce, le prédateur dominant sur une planète bleue ridiculement petite dans un système solaire nain noyé dans une galaxie perdue de l’univers.
    Quels sont nos buts ? Dans toutes les solutions jusqu’ici débattues, toujours les mêmes, dominances et avidités, chacun veut remplacer un système dans lequel il n’a pas profité par un qui lui conviendra mieux, Laborit, ne t’inquiète pas, l’homme n’a pas encore changé son cerveau.
    « La recherche de la dominance dans un territoire donné a toujours été à la base des comportements humains. »

    Alors débat intéressant oui, mais inutile, car il y aura forcement une issue, certains y gagneront, d’autres pas, un risque/chance qu’aucun n’y gagne ne serait pas à exclure. Mais forcement la solution où tout le monde gagnerait est à des années-lumières des schémas imprimés dans les cerveaux, qu’il ne me reste plus qu’à imiter Lucrèce :

    Il est doux, quand les vents troublent au loin les ondes,
    De contempler du bord sur les vagues profondes
    Un naufrage imminent. Non que le cœur jaloux
    Jouisse du malheur d’autrui ; mais il est doux
    De voir ce que le sort nous épargne de peines.
    Il est doux, en lieu sûr, de suivre dans les plaines
    Les bataillons livrés aux chances des combats
    Et les périls lointains qu’on ne partage pas.

  28. Avatar de Fab
    Fab

    @ ThierryDorée,

    Merci d’être intervenu.

    « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) »
    « Regardez le ciel. Demandez-vous : le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change…
    Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance ! »

  29. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    « Nous serons aussi étonnés, plus tard, d’avoir eu des politiciens pour maîtres que nous le sommes aujourd’hui d’avoir eu des barbiers pour chirurgiens. » Espérons qu’il nous sera donné de vivre une politique sans démagogie, émanant des intelligences en réseau, orientée vers le long-terme….. Mais puisque Jean Rostand écrivait « Nous serons…. » j’en accepte l’augure au pied de la lettre. Ne serions nous pas optimiste ou pessimiste par conformation, bien plus que par raison?

  30. Avatar de bob
    bob

    Jusqu’à quel moment peut on penser que le pragmatisme affiché des politiciens est en accord avec leur action réelle sur l’économie?
    C’est à dire, à partir de quand saurons nous si ils nous ont raconté du « PIPO » ou si ils ont réellement agi sur les dérives financières, les paradis fiscaux et tutti quanti?
    Y a t’il des dates importante dans le calendrier 2009 pour voir ça?

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Bonsoir Pascal, merci. je remarque v/phrase, ns sommes pressés…. L’urgence j’aimerai l’annuler, et ce qui pour beaucoup, c’est néfaste. Je…

  2. Merci pour la version de Peter Gunn avec Art of noise Incroyable guitariste qui sonne Rock’n’ roll dès qu’il joue…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta