Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

En portugais.

La date d’aujourd’hui, le 18 mars 2009, sera retenue par l’histoire, tout comme celle du 29 mai 1453 le fut pour la chute de Constantinople ou celle du 9 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin, comme celle qui signa la fin du capitalisme.

Aujourd’hui en effet, la Federal Reserve Bank, la banque centrale américaine, a annoncé son intention de racheter des Bons du Trésor (dette à long terme des États–Unis) en quantités considérables (pour un volant de 300 milliards de dollars), son budget atteignant désormais le chiffre impressionnant de 1,15 mille milliards de dollars. Pareil au serpent ouroboros dévorant sa propre queue, les États–Unis avaleront donc désormais leur propre dette, un processus désigné par l’euphémisme sympathique de « quantitative easing ». Pareille à celui qui tenterait de voler en se soulevant par les pieds, la nation américaine met fin au mythe qui voudrait que l’argent représente de la richesse : dorénavant la devise américaine représentera uniquement le prix du papier et de l’encre nécessaire pour imprimer de nouveaux billets. Elle se coupe aussi, incidemment, de la communauté internationale, mais baste !

Le dollar cessa de valoir de l’or quand, en 1971, le président Nixon mit fin à la parité du dollar avec ce métal. En 2009, le président Obama, en permettant à la Fed d’imprimer autant de dollars qu’elle le jugera bon, a mis fin à la parité du dollar avec quoi que ce soit, faisant de l’arrogance de la nation américaine la seule mesure restante de la valeur de sa devise. « Your Mamma still loves you ! » : le gosse, tout faraud, présente son premier spectacle et sa mère qui n’a pas voulu que son amour-propre courre le moindre risque a acheté tous les tickets !

Si la Chine attendait un signal pour se débarrasser de ses dollars, le voici ! Un article très intéressant dans l’Asia Times d’aujourd’hui, signé par Joseph Stroupe, explique comment la Chine, tentant de se délester en douce de ses dollars, les transfère discrètement à des fonds qui achètent des ressources minières et pétrolières. Stroupe, faisant reposer ses analyses sur des chiffres rassemblés par Rachel Ziemba, une collaboratrice de Nouriel Roubini, calcule que la Chine pourrait atteindre son objectif de réduction massive de son exposition au cours du dollar en un an environ. Nul doute que l’on ne dormira pas beaucoup cette nuit à Pékin et à Shanghai, tout occupé que l’on sera à acheter fébrilement des mines et des puits pétroliers aux quatre coins du monde !

Ah oui, j’oubliais : la bourse de New York, considérant qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, a clôturé en hausse.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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154 réponses à “Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme

  1. Avatar de thomas

    Pierre-Yves D

    Merci d’avoir précisé que le capitalisme se heurte à la taille de la boite. Nous avons peut-être un souci d’organisation, mais plus surement un problème d’objectif à résoudre, avant de relancer quoique ce soit.

  2. Avatar de yann
    yann

    @D-croissance

    Et ils consommeraient quoi les américains? Non parce qu’a la base s’ils connaissent de tels problèmes d’endettement extérieurs c’est bien parce qu’il ne produisent pas ce qu’ils consomment. Et je parle là d’un phénomène de désindustrialisation qui date de plus de trente ans. Refaire une industrie çà va demander du temps, si le dollars perds disons 50% de sa valeur çà veut dire que les produits consommés aux USA et fabriqué en Chine ou au Mexique verront leur prix augmenter d’au moins 50% et probablement beaucoup plus les intermédiaires gardant toujours leur marge à chaque étape de la commercialisation d’un produit. Dans secteurs ou les USA n’ont plus aucun savoir-faire textile, meuble etc et où il n’y a pas de production de substitution les prix gonfleront au rythme de la dévaluation. Je vous laisses imaginer le carnage les consommateurs verront leur pouvoir d’achat rattrapé celui du Mexique. Les USA sont même déficitaire en produit agricoles, ce qui est surprenant pour un pays si vaste et là c’est la famine en cas d’explosion des prix.

    Vous savez un tissus industrielle c’est comme un potager çà pousse lentement et il faut l’entretenir. Les USA détruit leur tissus industriel sur trente ans ce n’est pas des manipulations monétaire qui vont le faire réapparaitre l’année prochaine. C’est un problème de timing une dévaluation trop brutal pourrait être une catastrophe digne d’une guerre civile.

  3. Avatar de Jef
    Jef

    @ Herve de Bressy.

    Je suis en phase avec l’attitude courageuse de Me Merkel qui doit faire face à une situation incroyablement difficile. Entre une volonté monétaire forte, un PIB à plus de 40% tourné vers l’exportation, et des élections qui approchent, il faut vraiment avoir de sacrées convictions (dont les racines plongent dans les années noires de l’Allemagne).

    Plus réservé sur l’idée de l’îlot Européen car c’est techniquement impossible. Si l’Europe sortait du commerce international à cause d’une parité désavantageuse ce serait catastrophique.
    Peut être un juste milieu entre préservation de l’épargne sagement accumulée des ménages et un maintient de l’€ dans des limites commerciales acceptables.

    De toute façon, à ce niveau d’incertitude, tout repose sur la confiance et dans un mode panique, type rejet des monnaies fiduciaires, l’€ serait emporté comme les autres.
    Imaginer que l’on peut piloter de gentilles dévaluations monétaires relève du fantasme de conseillers qui croient que tout va se passer comme dans les vieux manuels d’économie.

  4. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Tous :

    Je crois que Paul n’a pas écrit « fin du capitalisme » par hasard. Hier, en rachetant sa dette avec sa propre monnaie la FED signait la fin de son Core Business (!). C’est une des conditions nécessaire mais pas forcément suffisante pour ébrécher le « libéralisme économique », l’idéologie qui a déployé son ombre sur la planète toute entière. Dans cette idéologie, il paraissait tout à fait « normal » voir « sain » d’enseigner aux étudiants des grandes écoles de commerce que toutes les chaussettes de l’humanité devaient être produites en Chine, le dollar adossé au pétrole le permettait. Avec la liberté sans entrave, il était de « bon ton » de parier sur les cours du textile avec de l’argent sous forme d’actions que l’on ne possédait pas. Du coup une partie de l’humanité peut se retrouver pieds nus. Le plus curieux, c’est de constater le nombre de cerveaux bien irrigués qui se sont laissés bernés par les courbes toujours croissantes dans les salles de marché et les chiffres toujours en hausse dans les médias du Capital. Alors, si le nombre de cols blancs floués par la FED, les banques centrales, et les trusts bancaires augmente exponentiellement le pronostique historique de Paul risque d’être juste : la classe moyenne aura implosé avec la haute finance.

  5. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    Eh bien, si vous aviez annoncé la fin du monde, vous n’auriez pas eu moins de commentaires…
    Wall Street commence à réfléchir, semble-t-il : le DJ est en baisse

  6. Avatar de antoine
    antoine

    Quelle est la différence entre un dollar et un euro?

  7. Avatar de antoine
    antoine

    Un euro…

  8. Avatar de dag
    dag

    Concert lassant de passivité déprimée . Et s’il y avait opportunité pour l’Europe , cette dévaluation va peut être permettre de revenir en force sur les marchés anglo saxons en rachetant bon nombre de sociétés concurrentes ( il en existe , les USA ne sont pas un désert industriel à lire certains , et ils ont fait main basse sur une multitude de brevets ) achats par des opérations de lbo quitte à s’endetter selon les modèles appris et sans forcément avoir le cash nécessaire . De toute façon si par hasard notre dette devenait vraiment trop lourde , le passe passe de l’éponge magique fait maintenant autorité . Il y a un court créneau où les mousquetaires vont devoir agir pour retourner la situation à notre avantage . En même temps ils pourraient y exporter un modèle social d’économie mixte qui marie un peu d’écurie , un peu de grand air , et une juste ration d’avoine en récompense . Ce fameux modèle que nos députés européens ne savent toujours pas vendre , puisqu ils passent leur temps à se contempler tout en contemplant les prés des voisins . Maintenant que les frenchies sont dans l’Otan , on ne va pas avoir de complexe pour leur vendre nos avions de combat qu’ils veulent etc… et on peut rêver aux lendemains meilleurs rien que pour positiver .
    En tout cas Freud avait peut être dit en débarquant aux Etats Unis  » Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste « . Ils sont entrain de nous en retourner une que les « Pasteur » chargés du cordon sanitaire ont intérêt à vite endiguer , en se bougeant pour éclairer et vacciner dare dare les lampistes .

  9. […] http://www.pauljorion.com/blog/?p=2354 [[iftag +_showsrc]] Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme de Paul Jorion […]

  10. […] La banque centrale américaine rachète les bons du trésor. S’agit-il simplement d’un « serpent qui se mort la queue » comme nous dit Paul Jorion; ou bien – ironie du sort – d’une chaine de Ponzi étatique ? En tout cas la planche a billets est lancée ! Les cours du papier (et de l’encre) vont augmenter (pour ceux qui veulent jouer en bourse) 🙂 lien: http://www.pauljorion.com/blog/?p=2354 […]

  11. Avatar de ThierryDorée
    ThierryDorée

    La critique est aisée, l’art est difficile. Saluons cet article remarquable de Paul. Cette fausse monnaie sert-elle à détourner les investisseurs vers d’autres placements ou anticipe-t-elle le retrait chinois ? Car la dévaluation du dollar étant inévitable, les chinois doivent impérativement protéger leurs réserves. Un retrait massif chinois aurait ruiné et plongé les USA dans le chaos. Ceux-ci l’ont anticipé. Ils avaient le temps, la Chine avait demandé d’attendre la fin des JO avant de laisser éclater la crise, business oblige. Les 2 puissances , Chine et USA, ne pouvaient entrer en conflit ouvert avant plusieurs années, leurs économies étant dépendantes l’une de l’autre. Celle d’exportation chinoise vers le marché US et celle américaine de bons du trésor en échange de monnaie chinoise. Les empires vont s’affronter maintenant, un peu tôt pour la Chine qui n’est pas prête militairement, il lui fallait encore 20 ans. Le contrôle des voies maritimes d’acheminement du pétrole devient la priorité des armées. La France construit une base navale dans les émirats à Abou Dhabi. En face de l’Iran.

  12. […] La banque centrale américaine rachète les bons du trésor. S’agit-il simplement d’un « serpent qui se mort la queue » comme nous dit Paul Jorion; ou bien – ironie du sort – d’une chaine de Ponzi étatique ? En tout cas la planche a billets est lancée ! Les cours du papier (et de l’encre) vont augmenter (pour ceux qui veulent jouer en bourse) 🙂 lien: http://www.pauljorion.com/blog/?p=2354 […]

  13. Avatar de dag
    dag

    boursorama a sélectionné dans son forum d’actualité « le réveil va être terrible « qui reprend le meesage de Paul Jorion
    http://www.boursorama.com/forum/message.phtml?file=384413216

  14. Avatar de olivier
    olivier

    J’en connais qui n’ont pas du tout aimé, Paul.
    voilà ce qu’on trouve en commentaire chez Loîc Abadie à propos de votre article. Il répond à un certain alix qui lui a manifestement signalé votre article:
    « Bonjour Alix, le blog de Paul Jorion devient pour moi de plus en plus clairement un blog d’extrême-gauche (« la fin du capitalisme », Besancenot considéré comme « interlocuteur valable »…etc).

    Je n’interviendrai donc désormais plus sur ce blog, au vu l’orientation qu’il prend, et laisserai les commentateurs de gauche radicale y refaire le monde entre eux. Je continuerai par contre à le lire, ne serait-ce que pour connaître les intentions et les projets d’un courant de pensée qui peut représenter un danger important pour nos démocraties (avec la crise, les idées du facteur pourraient trouver un terreau favorable à leur propagation, et nous devons être prêts à anticiper cela pour nous en protéger si nécessaire)
    Sinon, le « capitalisme » en a vu d’autres et se remettra de cette crise comme des précédentes…les pays émergents n’ont que faire des croyances de la gauche radicale.
    Quand une majorité d’intervenants sera convaincu que c’est « la fin du capitalisme » et que les turbulences seront à leur maximum, il sera alors grand temps d’acheter les marchés pour du LT…Dans quelques années sans doute.

  15. Avatar de AAA+
    AAA+

    “Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme”

    Cette annonce a provoqué une avalanche de posts…
    Rien que des commentaires trés intelligents, j’en ai un mal de crâne d’avoir tout lu…
    Puiqu’il est fini, enfin presque, il bouge encore un peu, pouvez nous dire si son agonie va être lente, rapide, convulsive, interminable.
    Donc, il faut passer à autre chose, mais quoi? Pas vu de remplaçant sur le banc de touche!
    Reste que fini ou finissant, ce système avait servi de liant à un tas de trucs, de partenaires, de concurrents.
    Déjà, avant même son apparition dans la rubrique nécrologique, les héritiers chinois chercher à se défausser de la vaisselle du viel oncle Sam.
    Ben, maintenant qu’il est mort, c’est donc à une veillée funèbre que se rendrent les 20 pleureuses…
    Les cris et les lamentations vont glacer d’effroi la terre entière, brrrr j’en ai déjà froid dans le dos.
    Les querelles de succession vont être d’une férocité, c’est sûr.
    Pas sûr que ça soit trés élégant tout ça.

    Et dire que nous en sommes arrivé là, à force de génie humain!

    Quant à l’action de la Chine, y a qu’à aller faire un tour du côté des petits pays d’Asie pour voir qu’elle n’a rien à envier à son défunt tonton. Elle sait y faire, elle aussi.
    Le même doigt dans l’oeil.
    Peut toujours acheter des mines en Australie, en Afrique; des rizières à Madagascar, au Cambodge, va être difficile d’être partout à protéger ses investissements, à moins qu’elle envisage, toujours comme le tonton défunt, de devenir le gendarme du monde.
    C’est vrai c’est la fin du capitalisme que vient de nous signifier Paul, pas celle des E-U, encore que….

    Bonne nuit

  16. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    je crois que nous n’avons pas fini d’entendre parler de Monsieur Paul Jorion 🙂

    Si les boursicoteurs prêtent maintenant une oreille attentive aux vues de Paul Jorion c’est que Paul marque des points, non pas sur un plan pratique — faut pas rêver, les affaires continuent ! — mais
    sur un plan idéologique. La bourse ne va pas s’arrêter, mais par petites touches répétées et administrées là où cela fait mal, c’est à dire relatives à l’idéologie du système, aux représentations qui sont associées au monde économique et financier depuis au moins un quart de siècle, le travail de sape, intellectuel, va produire insensiblement mais sûrement ses effets.

    Ceux qui prennent Paul pour un radical d’extrême gauche se trompent lourdement et se décrédibilisent par là même.

    Paul n’a jamais souhaité un effondrement brutal du capitalisme, car il a toujours anticipé de possibles effets dévastateurs.

    Les défenseurs à tous crins du capitalisme sont sur la défensive. Il auront au besoin la force et l’argent, pour un temps, pour eux, mais ce n’est pas la pensée que l’on emprisonne, seulement les corps.

  17. Avatar de J. Halpern

    @Pierre-Yves D.
    La survie du capitalisme, écrivez-vous, dépend de deux conditions :
    « 1. Réduire considérablement les inégalités car sinon il n’y a pas les marchés solvables pour augmenter le nombre des transactions qui sont nécessaires pour financer les investissement considérables qui assureront la pérennité du capitalisme.
    2. Trouver les moyens technologiques qui permettraient de produire autant, et même plus pour pouvoir réinvestir avec des stocks constants ou en voie de régression. »
    Cela me semble bien résumer le problème de notre époque. Aucune de ces conditions n’est insoluble techniquement mais l’une comme l’autre supposent de surmonter l’intérêt de classe à courte vue des dominants. Ces derniers s’accrochent à leur rente et cherchent à rattraper leurs pertes sur les salariés, comme Trichet l’a évoqué avec cynisme. Soit en jouant le chômage – c’est l’option depuis longtemps des dirigeants européens, soit peut-être demain en jouant de l’inflation. Quant à l’environnement, il sera sans doute le prétexte de nouvelles bulles (et d’hors et déjà à une bulle médiatique), mais la prolifération de technologies « vertes » ne suffira sans doute pas à remplacer la véritable planification écologique qui s’imposerait.
    Bref il s’agit maintenant de profiter de la crise pour déplacer les rapports de forces et donner les commandes à des dirigeants moins inféodés au capital rentier. Une partie du « grand capital » pourrait s’y résoudre par réalisme , comme en 1945. Mais au préalable il faudrait que le programme de ce nouveau compromis historique au moins s’ébauche… Faute de quoi, comme vous le soulignez, le pire est probable…

  18. Avatar de Blob
    Blob

    >J. Halpern

    Vous dites :
    >Bref il s’agit maintenant de profiter de la crise pour déplacer les rapports de forces et donner les commandes à des dirigeants moins inféodés >au capital rentier. Une partie du “grand capital” pourrait s’y résoudre par réalisme , comme en 1945. Mais au préalable il faudrait que le >programme de ce nouveau compromis historique au moins s’ébauche… Faute de quoi, comme vous le soulignez, le pire est probable…

    Il me semble cependant que ce changement de dirigeants a reposé sur deux grandes tragédies en Europe:
    1) L’incapacité qu’eut l’ancienne élite dirigeante à gérer la crise des années 30 et l’arrivée des régimes autoritaires Fascistes et Communistes.
    2) Sa collaboration active ou passive avec le régime Nazi dans la reconfiguration de l’Europe, et notamment dans la réalisation du génocide Juif.

    Ces deux points ont interdit aux régimes les plus anti-sociaux de perdurer en Europe, leur idéologie étant totalement discrédité par la collaboration avec l’occupant Nazi.

    Sans cette faute morale, il aurait sans doute été impossible de faire plier les élites économiques et politiques Européenne, et de leur imposer les réformes sociales de l’après guerre.

    Je crains que le même schéma se reproduise, et qu’il nous faille attendre une tragédie de grande ampleur pour imposer a cette clique les choix sociaux dont nous débattons.

  19. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    @ Loïc Abadie (puisque vous continuerez à nous lire)

    Les idées du « facteur », comme vous l’appelez, ne prendront pas. Non pas qu’elles constituent un danger réel pour « nos » démocraties (que ceux qui s’en sentent exclues continuent de battre le pavé) mais parce qu’il est clair que le pouvoir actuel fait tout ce qu’il faut pour les mettre en avant par médias interposés.

    C’est un secret de polichinelle que certains démocrates qui nous gouvernent veulent plomber la gauche du même boulet extrême que Le Pen a représenté pour la droite pendant vingt ans.

    Cela ne marchera pas, car, avec la crise protéiforme qui explose de toute part, le contexte politique français a brutalement changé du tout au tout. Le Pen a fonctionné comme un défouloir pendant une période où la gauche et la droite voulaient strictement la même chose : renoncer à faire de la politique pour s’en remettre à loi hégémonique du marché mondialisé, à travers le levier sanctifié qu’a représenté l’Europe du traité de Maastricht.

    Le consensus qui a pesé (le mot n’est pas trop fort) sur l’histoire de ce pays pendant un quart de siècle est en train de voler en éclat (à part l’écroulement du capitalisme, je signale aussi, modestement, qu’il y a eu des très instructives et très importantes manifestations à travers toute la France aujourd’hui).

    Quelque soit le bord auquel il appartient, le personnel politique est désormais condamné à faire son métier, et tenir compte aussi de la rumeur qui vient de la rue. D’où ces dissidences qui percent ça et là et qui réussiront auprès des électeurs, n’en déplaisent aux médias officiels (RDV au mois de juin pour la surprise du chef). Pour sanctionner la politique molle qui a été menée depuis des lustres, il y aura désormais bien d’autres choix que le vote provocation en faveur d’un clown triste, au masque historiquement bien connu.

    Je vous précise, Cher Loïc, que je suis affilié à un parti de droite, et que je ne rentre donc pas dans votre grille de lecture simpliste du champ politique.

    Quant « aux pays émergents qui n’ont que faire des croyances de la gauche radicale » je vous trouve culturellement trop léger pour préjuger ainsi de l’avenir de tout un pan de la planète, auquel vous êtes complètement étranger.

    Car enfin, à part gérer votre patrimoine et enseigner dans les écoles de la république, c’est quoi votre boulot : coupeur de canne à sucre ?

  20. Avatar de Moi
    Moi

    « aux pays émergents qui n’ont que faire des croyances de la gauche radicale »

    Oui, oui, c’est pas une blague, Loïc l’ultra-libéral nous dit que le PC chinois sauvera le capitalisme. 🙂

  21. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @ Daniel Dresse

    Vous avez beau être affilié à un parti de droite – personne n’est parfait – c’est toujours un plaisir de vous lire.

    Ma petite leçon d’Histoire quotidienne, ce soir, elle est drôle. Merci.

  22. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    J’oubliais ! Concernant la décision de la FED hier. Pour les tenants de la création monétaire ex nihilo, sans contre partie nécessaire dans la production de richesse (d’aucuns m’ont reproché ici d’ânonner une idée aussi grossière) une grande lueur se lève à l’ouest !
    D’une manière ou d’une autre, l’énormité de ce laboratoire historique là soldera le problème, avec ou sans intérêts.

  23. Avatar de Paul Jorion

    @ Olivier

    À propos d’Abadie, j’écrivais tout à l’heure à un ami :

    Il y a un problème de fond : ce qui mobilise les commentateurs sur le blog [de Paul Jorion], c’est l’idée de « cerveau collectif », de « trouvons une solution ensemble ». Or le fonds de commerce d’Abadie, c’est la démerde individuelle. Si les gens vont sur son site, ce n’est pas du tout parce qu’il y a là un projet collectif, c’est parce qu’il donne des trucs utilisables dans une perspective de chacun pour soi. Des gens comme ça sont conservateurs par définition, il n’y a rien à en tirer pour un projet commun : il dit « C’est parce que tout va mal que je suis comme ça » mais crois-tu vraiment qu’il était plus ouvert au monde quand tout allait bien ? J’en doute personnellement.

  24. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    J. Halpern

    Vous faites bien de préciser que le business vert n’est pas, en soi, une solution.
    Confier au seul marché le destin de l’humanité cela ne peut marcher.
    Cela pourrait même ne pas empêcher l’épuisement des ressources naturelles, car la demande globale continuerait à sa maintenir à un niveau tel que l’on ne pourrait éviter les changements irréversibles dont les experts ne cessent de revoir à la hausse la probabilité de survenue rapide.

    De nouvelles technologies écologiquement compatibles cela ne signifie pas seulement,
    comme on l’entend communément, des technologies propres, et en particulier des technologies relatives au seul domaine de l’énergie pour sa production et/ou a son utlilisation, cela concerne tout le rapport que les humains entretiennent avec la nature. Cela concerne donc toute l’organisation sociale via l’économie et ses valeurs axiales.
    Les nouvelles technologies devront donc former un système technique nouveau. Je reprends ici une idée développée par Bertrand Gilles, théoricien de l’histoire des techniques.

    « Le système technique est un grand ensemble de cohérences qui se tissent à une époque donnée entre différentes technologies et qui constituent un stade plus ou moins durable de l’évolution des techniques. Ainsi chaque époque serait caractérisée par une synergie entre quelques techniques fondamentales créant ainsi une économie spécifique, avec un ensemble de techniques affluentes qui sont complémentaires et cohérentes les unes avec les autres. » (Wikipédia)

    Il s’avère que le système technique inhérent au système capitaliste actuel n’offre plus une synergie capable d’assurer notre avenir, un avenir digne de ce nom. Il entre aussi en contradiction avec les aspirations pour une humanité plus juste. Bref il contribue à l’autodestruction de l’humanité — en tant qu’espèce mais aussi en tant qu ‘humanité de l’humanité, et à la destruction concomitante de nos éco-systèmes.

    Le philsophe Bernard Stiegler prolonge encore l’analyse lorsqu’il remarque que le capitalisme après avoir épuisé le filon de la libido qui impliquait encore de la fabrication du lien social indispensable à son fonctionnement, exploite désormais, depuis quelques décennies, nos pulsions, ce que traduit parfaitement le raccourci de langage et aveu d’un ancien directeur de chaîne télévisée selon lequel son métier d’homme de télévision consiste d’abord à « vendre du temps de cerveau disponible » à l’espace publicitaire. Autrement dit, c’est tout le système qui devient publicitaire et non plus la technique publicitaire spécifique. Le désir devient alors qualibré, la pensée se dilue dans un horizon qui se restreint au présent toujours recommencé du flux des marchandises. Bien entendu cette belle mécanique risque d’être perturbée avec la crise actuelle car celle-ci prive les consommateurs des moyens d’accéder aux biens qui paraissaient — du moins d’un point de vue fantasmatique, pour les moins aisés — si faciles d’accès.
    Avec la raréfaction des biens consommables de base, c’est la politique dans ce qu’il y a de plus manipulateur qui pourrait alors prendre le relais dans l’exploitation des pulsions primaires. A moins que l’Eros civilisé — pour Freud, le désir investi socialement — ne s’investisse dans le politique, autrement dit des passions plus constructives, ce qui offrirait une porte de sortie.

    Le système actuel est d’un point de vue énergétique, très entropique : produire des steaks en série, par exemple, implique la culture de plantes oléagineuses sur milliers d’hectares qui pourraient être utilisés directement pour l’alimentation ; produire une voiture et son moteur à explosion — solution technique qui n’était pas de loin la solution qui offrait le meilleur rendement énergétique –, produire une bouteille en plastique, produire même de l’électricité nucléaire et la diffuser sur un réseau hyper centralisé, consomment des quantités d’énergie et /ou de matières premières considérables, qui utilisées dans un nouveau système technique, plus local, plus intégré en termes de recyclage et d’utilisation des ressources facilement accessibles, permettraient, à l’aide de technologies adéquates — qui restent à inventer en partie — d’économiser les ressources encore disponibles.

    Nous sommes loin ici des objectifs étroits de Kyoto concernant les rejets de gaz carboniques, qui ne résoudront rien ou si peu, et qui du reste passent sous silence les problèmes tout aussi importants pour notre survie des atteintes à la biodiversité et de la pollution chimique, des terres, des fleuves, des nappes phréatiques, des lacs des mers et des océans, et déjà aussi de l’espace proche qui enserre notre boule bleue.

    Il faudra donc des décisions politiques, des dispositifs juridiques, de nouvelles normes, des nouvelles dispositions d’esprit, si l’on veut réajuster les moyens l’aventure humaine à ses nouvelles fins, ses nouvelles priorités. Et, lâchons le mot, cela suppose l’émergence d’un nouveau paradigme, d’un nouveau statut de la connaissance quant à son rapport à la réalité, sujet dont a d’ailleurs traité Paul Jorion, ici-même, sur ce blog.

  25. Avatar de Nikademus
    Nikademus

    @ Olivier,

    Loïc Abadie appartient à une école de pensée pour laquelle démocratie signifie d’abord (ou essentiellement) : droit à la propriété (individuelle). C’était d’abord (ou essentiellement) le non-respect de ce « droit fondamental » que les tenants de ce parti reprochaient à l’URSS (et aux communistes en général). Tout le reste étant sensé en découler.

    On conçoit qu’ils craignent de perdre beaucoup sur ce terrain (si même ils parviennent à conserver « leur » bourse), en terme de propriété des idées (des brevets d’intérêt général notamment), et des biens qui devront nécessairement être déclarés collectifs (ressources et énergie). Mais une collectivisation sur quel mode?

    Est-il sûr que le NPA (vu son « hérédité ») ait bien tiré les leçons de la faillite intégrale de l’appropriation étatique par une bureaucratie autonomisée ? Ce sera probablement le rôle de l’autre pôle des « interlocuteurs valables » (MODEM) que de le lui rappeler.

    Et tous, entre ces deux pôles (puisque le reste semble condamné à sombrer), devront aussi affronter la question qui n’a pas encore été posée, la question politique (comme si ce pan-là n’était pas aussi en crise), celle de la « vraie » démocratie: un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

    Là, tous les partis sont encore tous bien à la même enseigne, c’est-à-dire très en retard! : structure pyramidale, exécutants petites mains en bas et représentants à vie spécialistes en haut ; et de même pour les modalités qui correspondent à ces structures: élections tous les 5 ans de gens responsables de rien.

    Que l’on doive en venir à de très profonds changements de ce point de vue, c’est ce que semble devoir commander l’urgence et le sérieux de la situation qui paraît appeler maintenant une refondation de type Conseil National de la Résistance en 1945, comme l’ont je crois très justement signalé les intervenants plus haut (notamment Pierre-Yves D, J. Halpern, Blob, Daniel Dresse: c’est-à-dire toutes tendances confondues, c’est déjà un bon signe!).

    Ils en ont aussi commencer à en signaler les obstacles et les limites. L’humanité apprendra-t-elle de ces erreurs? C’est ce qu’il nous reste à démontrer. Laisser retomber à sa misère un sectarisme obsessionnel datant du siècle dernier, comme le fait Paul Jorion, paraît en tout cas déjà un bon pas en ce sens.

    Bien cordialement,

    (Non, ce n’est pas une insomnie due à la fin du capitalisme qui me fait poster à ces heures indues. Vous savez parfois: « post coitum animal inspiré », si je puis me permettre… Mais quoi, en fait, la (vraie) vie continue ! 😉 )

  26. Avatar de Nikademus
    Nikademus

    PS: Damned! Il manque un terme à ma brillante dialectoque!

    Entre le juridique: les modes de propriété et le politique: le mode de représentation, il y a bien sûr le travail !

    Puisque j’en étais à assigner royalement un rôle à tout le monde, il reste au NPA, ou au « front de gauche », en fait tous ceux dont j’étais qui manifestaient hier, à faire comprendre ce fait: ce sont les pauvres qui produisent la richesse (pas le marché de la concurrence libre et non faussée). Sans eux, les riches ne peuvent rien, n’ont rien, et même ne sont rien.

    (Autrefois on aurait dit « travailleurs », mais on sait que l’on peut employer « pauvre » comme synonyme exact aujourd’hui: « travailleur pauvre » étant bien sûr devenu un pléonasme.)

    Qu’est-ce qui peut bien représenter les intérêts du travail chez Loïc Abadie? Si tant est qu’une telle catégorie puisse exister dans son monde magique où la richesse naît derrière un écran… Mystère.

  27. Avatar de AsTeR

    So what ? C’est plus la fin du capitalisme qu’avant ?

  28. […] La banque centrale américaine rachète les bons du trésor. S’agit-il simplement d’un « serpent qui se mort la queue » comme nous dit Paul Jorion; ou bien – ironie du sort – d’une chaine de Ponzi étatique ? En tout cas la planche a billets est lancée ! Les cours du papier (et de l’encre) vont augmenter (pour ceux qui veulent jouer en bourse) 🙂 lien: http://www.pauljorion.com/blog/?p=2354 […]

  29. Avatar de Laborde Stephane

    « Ah oui, j’oubliais : la bourse de New York, considérant qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, a clôturé en hausse. »

    Mais bien sûr que c’est une bonne nouvelle c’est quoi ce commentaire limité ?

    Est-ce que l’achat de « ressources minières et pétrolières », ne va pas faire monter les prix des « ressources minières et pétrolières » ?

    Et les vendeurs des « ressouces minières et pétrolières » ils vont en faire quoi de leurs dollars qui vont « perdre de la valeur » ? Ils vont les garder pour eux en attendant qu’ils ne valent rien ? Que vont-il acheter à leur tour ?

    Drôle de façon de comprendre l’économie et la vitesse de circulation de l’argent qui dépend directement de l’inflation !

  30. Avatar de Eric
    Eric

    « La date d’aujourd’hui, le 18 mars 2009, sera retenue par l’histoire, tout comme celle du 29 mai 1453 le fut pour la chute de Constantinople ou celle du 9 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin, comme celle qui signa la fin du capitalisme. »
    je vois pas très bien le rapport entre l’écroulement attendu des US et la fin du capitalisme. Le capitalisme existait avant les US et ce mode de pensée à une résilience et une capacité d’adaptation tout fait impressionnante. Ce à quoi nous assistons c’est à la mort de sa version « néo libérale » courant finalement assez bref, il aura duré 50 ans a connu son heure de gloire pour renverser les réformes du gouvernement Roosevelt (front populaire etc…) et des années 30 et n’aura pas survécu au pays qui l’a enfanté.

    Le capitalisme va (encore) muter, c’est sur. La bonne question à se poser est vers quoi ?

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