Gesell (V)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Johannes Finckh, dont vous avez dû lire les commentaires enthousiastes en faveur de la monnaie fondante m’a fait parvenir un exemplaire de « L’ordre économique naturel », un ouvrage de Silvio Gesell originellement publié en allemand en 1907.

J’y retrouve bien des idées sur la monnaie, sur les prix, sur l’économie en général, que je croyais avoir exprimées pour la première fois sous cette forme dans mes propres écrits. Bien sûr la manière de le dire est différente – plus pamphlétaire chez Gesell – et le recouvrement seulement partiel, disons entre le tiers et la moitié.

Qu’est-ce que cela prouve ? Cela prouve, me semble-t-il, que quand on part des mêmes prémisses : que les économistes n’y ont rien compris et qu’il faut reprendre ces questions à zéro, en les réexaminant et en en faisant émerger patiemment l’anatomie et la physiologie de l’économie et de la finance, on débouche immanquablement sur les mêmes conclusions.

Pourquoi la science économique elle-même n’a-t-elle jamais intégré cette façon de voir ? Pour une raison que je décrivais de la manière suivante dans « La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire » (Fayard 2008 : 285 – 286 ) :

L’économie et la finance sont des activités serties dans le fonctionnement des sociétés humaines et sont déterminées par les rapports de forces qui caractérisent celles-ci. La description scientifique de l’économie et de la finance met en évidence le mécanisme de ces rapports de forces, et souligne l’arbitraire qui préside au fait qu’ils bénéficient à certains individus plutôt qu’à d’autres. Il n’est pas surprenant dès lors que ces bénéficiaires entreprennent une promotion systématique des théories de ces deux champs qui les représentent comme déterminés par d’autres principes que les simples rapports de forces entre parties impliquées, voire qui représentent ces deux champs comme n’étant pas même sertis dans le fonctionnement des sociétés humaines, et font croire, par exemple, que leur mécanisme est autonome et est soumis, non pas à des règles juridiques et éthiques, mais à des forces du même type que celles qui président aux mouvements d’astres lointains.

Mais là aussi, j’ai été précédé, non pas par Gesell mais par un certain Professeur Brentano, auteur de l’ouvrage « Le chef d’entreprise », cité par Gesell :

Dans l’enseignement de l’économie politique, une doctrine, si bonne soit-elle, n’est jamais admise que quand elle défend les intérêts d’un parti puissant, et aussi longtemps que ce parti reste puissant ; si un autre parti devient plus influent, les doctrines les plus erronées seront réhabilitées si elles semblent servir ces nouveaux intérêts. (Brentano, cité par Gesell [1907] 1948 : 115).

Un siècle nous sépare, durant lequel le pouvoir dont l’argent dispose a permis que son mécanisme demeure un secret bien gardé.

––––––––––––––––
Silvio Gesell, L’ordre économique naturel, trad. Félix Swinne, Paris-Berne-Bruxelles, [1907] 1948

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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116 réponses à “Gesell (V)”

  1. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Ca sonne presque comme une fin de non recevoir.
    A quoi bon réfléchir à une autre théorie économique sachant qu’elle ne sera mise en pratique que si elle permet aux puissants en place de renforcer leur pouvoir …

  2. Avatar de Michel MARTIN

    Etre roi de droit divin évite bien des questions sur la légitimité du pouvoir. Le scret du pouvoir est bien caché!

  3. Avatar de Moi
    Moi

    Il suffisait de voir les économistes américains et soviétiques avoir des avis divergents (allant dans le sens des intérêts de leurs puissants respectifs) pour s’en convaincre. Bien sûr, chaque partie accusait l’autre de n’être pas scientifique.
    On ferait mieux d’en revenir à l’appellation « économie politique ».

    @Ybabel : elle peut permettre aussi à des futurs dirigeants d’arriver au pouvoir. Ex: Marx.

  4. Avatar de Eugène
    Eugène

    Tout le problème de passer de « doctrines » à « science »! Si on arrive à enclencher la seconde sur d’autres bases anthropologiques, les doctrinaires pourront alors se réhabiller en enfer

  5. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    On retombe toujours toujours au bout du compte sur le même problème : celui de la gouvernance et des rapports de forces . Tant que la gouvernance sera faite par et pour un groupe et non par et pour les citoyens ..on ne résoudra rien .
    Il y a deux manière de s’approprier le pouvoir :
    – par la dictature
    -par la démocratie représentative de gestion du libéralisme (qui est une dictature masquée)

    Il n’y a qu’une seule manière de redonner le pouvoir au peuple : lui donner envie de le reprendre ; cela ne peut se concevoir qu’en temps de crise profonde , peu de temps avant que le système ne s’écroule . Trop tôt ou trop tard sera trop tôt ou trop tard ; c’est je pense la première fois dans l’histoire que cette possibilité s’ouvre parce que notre espèce est menacée ;savoir l’exploiter n’est donc pas rentrer dans le rapport de force mais dans l’intelligence : celle qui fait tomber le masque .
    La seule voie est donc la réflexion collective organisée ; l’auto éducation populaire généralisée ; celle qui est au delà du rapport de force , au dessus des partis ; celle qui montre et prend en compte l’énorme menace qui pèse sur nous , celle qui cherche des issues prospectives .
    Remettre des limites à l’activité humaine se fera par la raison et plus concrètement par des projets de relocalisation parce que l’organisation sociétal en « locals » remet des limites physiques à nos activités.

    Démocratie participative organisée ; outil public de masse de réflexion sur le sens , diagnostic et projet sociétal , et relocalisation sont les deux pistes incontournables .

  6. Avatar de yannick
    yannick

    Je suis sans doute naif, mais pourquoi pre-supposer que l’economie est rationelle? Qu’on peut approcher ce probleme de maniere scientifique? Pourquoi considerer que les mecanismes qui la font fonctionner reposent sur une logique que l’on pourra comprendre, theoriser, modeliser?

    Il me semble plutot que l’economie fonctionne tant bien que mal grace a sa masse, son inertie et au fait que tout le monde fait semblant d’y croire… mais dans l’ensemble ca n’a aucun sens.

  7. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ yannick,

    l’économie une science? Au mieux science humaine appliquée puisqu’elle n’est qu’une sous partie d’une science humaine appelée sociologie s’intéressant à la façon dont l’humain parvient à sauter les fossés qu’il creuse lui-même pour se distinguer de l’autre, dans une sorte de négociation permanente entre guerre et paix. Ainsi, trouver des lois de l’économie analogues à celles de la physique ou même de la biologie me parait une utopie. Je ne connais pas de science qui n’ait construit son objet en forme de théorie vérifiable ou falsifiable; or, l’objet en question c’est nous-mêmes. Où est la théorie ‘holiste’ de l’humain pour reprendre le mot d’un des commentaires des billets précédents de Paul J?

  8. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    @Paul et les autres
    Connaissez vous ce blog??
    http://www.crimere.com/blog/

  9. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Eugène

    Ce n’est sans doute pas innocent si l’on est passé de l’économie politique à la science économique. Doté du label scientifique, l’économiste devient un « sachant » et ses oukases acquièrent, pour les gouvernements qui les suivent, la même valeur qu’une bulle pour les papistes. Alors qu’il ne s’agit que de préjugés habillés d’un scientisme d’opérette, tout comme les DTS sont « du néant habillés de monnaie » (Rueff).

  10. Avatar de logique
    logique

    N’oublions pas que l’argent est le nerf de la guerre. Et ceux que j’ais pu remarqué aux fils de l’histoire, c’est que les guerres coute toujous trés cher et seul le politique a le pouvoir de déclarer l’état de guere, a part la révolte populaire. Mais il ne suffit pas de déclarer la guerre, il faut aussi la financer. Donc, si ont considére la mondialisation comme une guerre économique dont l’enjeux est le controle mondial d’un produits(en gros) et sa distribution.
    Il est donc clair que la politique ne peut rien sans l’argent, puisque nos état ne battent plus monnaies, il faut bien refiler le sale travail aux banques.

    La gestion de l’argent n’est plus une science lorsqu’elle ne sert que le pouvoir.

  11. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Peut-être que faire de la science dans le domaine des sciences humaines c’est faire entrer le temps et l’histoire, donc les actes des humains avec leurs buts tout autant qu’avec leurs méconnaissances.

    Pour prendre un exemple, il n’est possible de faire de la psychologie qu’en ne la réduisant pas seulement à la conscience ou seulement à l’inconscient : c’est le rapport dialectique (unité contradictoire conscient-inconscient, l’un ne peut se penser sans l’autre et ils sont distincts…) qui est en jeu et qui s’inscrit dans cette réalité complexe qu’est l’humanité, avec ce processus sans fin et extraordinairement complexe qu’est la formation et le développement d’un humain au sein de la société.

    L’économie est politique, sinon elle est une abstraction vide qui appelle un agent idéal, parfaitement informé et rationnel, et une main invisible dont on voit qu’elle est tout sauf celle qui effectue l’équilibre des marchés !

    Aujourd’hui, l’économie politique a non seulement le but de comprendre le comment et le pourquoi de la crise financière et économique mais en plus elle doit nous aider à penser les moyens indispensables pour que l’humanité puisse mettre tous ses moyens en œuvre pour lutter contre le cataclysme climatique en cours.

    Discuter de la distribution juste des revenus n’est plus le seul centre d’intérêt ou objectif : la distribution juste est le seul moyen de mobiliser l’humanité tout entière pour affronter la crise climatique la plus aigüe depuis la fin de la dernière glaciation. On ne peut imaginer que les contraintes qu’il faut mettre en place soient réservées à quelques uns (le plus grand nombre ?) pendant que certains (happy few) en seraient affranchis…

    Pour cela il nous faut trouver les moyens de sortir au plus vite de la crise économique pour pouvoir attaquer la crise climatique avec une quantité d’énergie qui est devenue limitée. Et tenir compte du fait que nous risquons de l’aggraver si nous oublions la complexité de processus que nous ignorons pour une (grande ?) part.

    Y a-t-il une plus grande priorité aujourd’hui que de faire des modèles climatiques qui mobilisent la majeure partie de nos ordinateurs pour simuler les évolutions inévitables et les effets des actions que nous pourrions envisager ?

    Y a-t-il une plus grande urgence que de donner à tous les scientifiques concernés les moyens, tous les moyens pour chercher et de former en grandes quantités des étudiants dans toutes ces disciplines dès maintenant ?

    Voilà comment je ressens les choses, et il ne faudrait pas voir les problèmes par le petit bout de la lorgnette : il est question de la survie de la planète-homme et c’est ainsi que je ressens l’évolution des discussions ici : monnaie => finances => économie => économie politique => anthropologie (développement de la planète-homme intégrant l’action de la planète sur l’évolution de l’homme et l’action de l’homme sur la planète).

    Je ne suis pas pessimiste par principe, mais je suis sûr que ce n’est pas gagné.

  12. Avatar de Noviant

    Le pourvoir de l’argent. Nous avions pensé que cette crise était la conséquence d’une dérive du système financier, et que les financiers et ou les politiques allaient remettre les choses dans l’ordre. Les travaux du cerveau collectif allaient influencer dans le bon sens les nécessaires réformes pour mettre sur pieds un nouveau système financier et une nouvelle économie.
    Mais non, rien de cela, le système n’est pas cassé il s’est seulement enraillé, comme une mitraillette rouillée, et les financiers et politiques n’ont qu’un objectif, remettre en marche leur machine pour prolonger leur système d’assouvissement capitaliste, cette dictature sournoise qui étouffe les peuples.

    Il n’y a pas de raison ou de stratégie à chercher dans les démarches des financiers/politiques. Ils ne font que se qu’ils savent, peuvent et veulent faire. Eux sont cohérents. Nous, le peuple soumis, c’est moins sur… Nous accompagnons docilement la fraude qui se déroule sous nos yeux et nos oreilles, coupable de savoir ce qui est juste pour la majorité, et de ne pas dénoncer ce qui ne l’est pas.

    Alors oui, continuons l’œuvre du cerveau commun, et osons analyser méthodologiquement, consciencieusement et scientifiquement, les alternatives au system monétaire en faillite, et reprenons le pouvoir à l’élite compromise par les voies démocratiques, ou non, pour mettre en place un système plus juste par le peuple pour le peuple, soutenu par une constitution pour l’économie.

    L’analyse ne servira pas, quelque soit sont aboutissement, si elle n’est pas accompagnée par une action.

    C’est ma pensée du soir, et elle me donne de l’énergie. Merci Paul de nous alimenter, guider et de nous faire progresser !

  13. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Noviant, et d’autres
    je dirais qu’il faut semer les idées , (déjà là, à la base, c’est compliqué, il y a la question du vent, avec les idées qui sont dans le vent, les idées qui ne sont pas dans le vent…)
    mais parfois elles s’incarnent, elle germent, prennent racine (là, attention à la manipulation, la récupération et tout ça…)
    et puis les épis poussent, il faut encore en récolter le grain que le moulin tranformera en farine de laquelle nous feront le pain …(un parcours encore plein d’embûches, « meunier tu dors, ton moulin, ton moulin … » ou  » son levain était moisi, le pain n’a pas réussi… » )

  14. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ JJJ,

    Ce n’est sans doute pas un hasard non plus si l’expression consacrée est  » LES scienceS économiqueS et socialeS » faute d’accord sur ce qui fonderait l’économie comme science, au singulier.

    La moindre des choses que l’on puisse alors en déduire serait-elle qu’il est finalement assez vain d’en chercher des éléments positivables quelque part malgré les apparences?

    Cependant, la richesse, l’argent apparaissent bien comme des entitées mesurables, et effectivement mesurées; doit on en déduire qu’elles sont surtout telles pour les individus réifiant, chosifiant un processus qui devrait rester relatif?

    Mais alors, n’est ce pas du côté des pathologies de l’aculturation du pulsionnel, ET/OU du côté du soin qu’il faudrait accorder à la conception des Codes, qu’il faut dorénavant se pencher pour remettre les choses sous contrôle politique, càd revenir d’une part effectivement à l’économie politique – l’économie comme sous partie (importante mais sans plus) de la tâche des politiques – d’autre part, accorder plus de soin à la faculté de représentativité des édiles?

    1-Vous noterez l’effet de circularité au sein de mon § précédent où, des politiques motivés par une ambition personnelle démesurée freineront des quatre fers à la construction de Codes permettant d’assainir le jeu de leur accès à la représentativité; ce qui me rend la proposition d’Etienne Chouard du tirage au sort séduisante… s’il précise les conditions d’accès à l’éligibilité…
    2- monaie fondante gésellienne ou monaie fondue par effet inflationniste? l’alternative n’aurait du coup guère d’importance, puisqu’elle est surplombée par la question  » qui laisse-t-on jouer avec des allumettes? » (allumettes= aussi bien monaie que bombes atomiques, OGM et j’en passe!)

  15. Avatar de Jean-Marc

    « à des forces du même type que celles qui président aux mouvements d’astres lointains »

    En tant que mathématicien, je ne peux que faire écho à cette analyse. La finance, plus généralement le capitalisme ne sont ni éthiques, ni sociaux. Il est inutile et illusoire de moraliser une machine, fusse t’elle économique. Il faut juste construire de bons freins.

    Le mouvement des astres lointains est régi par la gravitation, ce sont des forces élémentaires. De la même manière, le capitalisme est régi par le profit. Il est tout à fait possible de modéliser et d’anticiper les évolutions d’un système capitaliste régi par de telles forces élémentaires: les crises économiques ne sont pas une fatalité.

    Justement parce qu’un système basé sur le profit peut être modélisé, il existerait un mécanisme très simple permettant d’éviter les crises économiques à l’avenir: taxer les échanges sur les marchés en fonction de la pression spéculative. Pas de risque de crise ? Inutile de mettre des taxes. Il y a un risque de crise économique sur un marché ? Les gouvernements déclenchent des taxes sur les échanges de ce marché.

    Ce type de mesure serait très efficace:

    a) Les traders de la planète marchent au bonus. En cas de création d’une bulle économique, ces derniers investissent massivement simplement pour augmenter leur bonus. Une taxe sur leur investissement lors de la formation d’une bulle les découragerait d’investir, sous peine de voir leur bonus fondre.
    b) D’autre part, cette taxe permettrait de créer des fonds qui pourrait être utilisés par exemple pour faire des stimulus package. Cela permettrait de ne plus solliciter les contribuables pour les errements de l’industrie financière.

    C’est aux gouvernements et aux instances gouvernementales type OCDE / G20 de mettre en place cette mesure pour protéger les citoyens à l’avenir.

  16. Avatar de Laborde Stephane

    Bravo, superbe, pas mieux ! http://creationmonetaire.blogspot.com/2009/04/paul-jorion-fait-mouche.html

    Je fais un don supplémentaire de 2 euros porté par l’enthousiasme léger de cette matinée où je lis ce superbe article !

  17. Avatar de Alain A
    Alain A

    @Eugène
    Certes, l’économie n’est pas une science mais plutôt une doctrine, c’est-à-dire une morale imposée. Cependant, je ne partagerais pas votre optimisme sur la non subjectivité des sciences dans les débats à conséquences politico-économiques. Dans les années 90, nous avons pu faire avancer le combat contre les chlorofluorocarbones (CFC) qui détruisaient la couche d’ozone grâce aux travaux des chercheurs de Du Pont de Nemours (ils prouvaient les CFC très nocifs pour l’ozone) opposés au travaux des chercheurs d’Atochem (ils montraient des CFC inoffensifs). Du Pont de Nemours produisait les HCFC, 20 à 50 fois moins destructeurs d’ozone que les CFC, seuls gaz fluorés produits par Atochem… Le protocole de Montréal fut possible grâce à cette division entre forces économiques dominantes.
    De même, la première réunion où j’ai entendu parler de réchauffement climatique, dans les années 80, était organisée par Electrabel, société productrice d’électricité. Ses chercheurs menaçaient la Planète d’une augmentation du niveau des mers de 6 m dans 50 années à venir si… on ne passait pas au « tout nucléaire » immédiatement… (et puis on vient dire que ce sont les écologistes qui sont catastrophistes).
    On a mis 50 ans à faire reconnaître la validité des travaux de recherche montrant les dangers de l’amiante. Je vous parie, qu’étant donné les intérêts économiques en jeu, il faudra plus de 50 ans pour faire reconnaître la pertinence des recherches qui, depuis 20 ans déjà, prouvent les effets néfastes sur la santé humaine des ondes électromagnétiques émises par les systèmes de téléphonie mobile.

  18. Avatar de Vince

    Fondamentalement l’économie correspond à la gestion des ressources humaines, matérielles et naturelles de la « tribu ». L’économie serait donc un phénomène intrinsèquement lié à l’évolution des sociétés humaines. L’économie des chasseurs-cueilleurs était assez basique ; quand la tribu devient le monde via le processus de globalisation, les choses se compliquent quelque peu… Comme tout phénomène on peut évidemment l’étudier, mais la tribu et son environnement étant en évolution constante toute science économique établie devient rapidement caduque.

    PV = nRT ou U=RI devraient encore tenir la route un moment. Que l’économie capitaliste soit inévitable et préférable aux autres, cela est surement vrai pour ceux qui en profitent. Pour les autres…

  19. Avatar de johannes finckh

    Encore merci à Paul Jorion, je suis en train de lire son livre « l’implsion… »
    Par ailleurs, je le redis ici: j’envois à qui veut un exemplaire de la traduction frabçaise de l’ordre économique naturel de Silvio Gesell – à mes frais et gratis:
    johannes.finckh@wanadoo.fr

    A Paul: votre commentaire me fait du bien, mais je suppose que vous en direz plus dès que vous aurez lu davantage!
    jf

  20. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Alain &

    Je rappellerai juste qu’on est qd même en présence de trois niveaux différents:
    1 les sciences disons physiques,
    2 les sciences du vivant,
    3-les sciences humaines,

    avec chacunes leurs procédures de vérification différentes bien qu’il yait emboitement (l’humain est du vivant, lui-même composé de matière), et chacune avec leurs théories adaptées à leur objet.

    Je rappellerai encore que le mode de vérification falsification des modèles (4) des sciences humaines consiste sur chaque champ (langage, art de s’y prendre pour faire, socialité, droit que chacun se donne de) à mettre, par l’exemplification et l’expérimentation, en opposition deux à deux les quatre formes de réification ou de fusion de l’ instance formelle concernée.

    Si donc vous m’avez suivi, c’est aussi d’une part jusqu’au concept de science qui se trouve modifié du fait qu’il n’est qu’une des possibilités offerte par le seul langage dans sa théorie reformulée, d’autre part les problèmes que nous évoquons tous ici à longueur de blog pourraient bien trouver une solution anthropique d’être posés autrement.

    L’anthropologie en question inclu sa propre scissiparité à travers quatre plans dialectiques analogiquement construits donc quatre sciences fondamentales de la culture glossologie, ergologie, sociologie, axiologie; l’économie n’étant au mieux qu’une science appliquée ds l’interférence des sociologie et axiologie, pour ce qui nous concerne ici en allant à l’essentiel, une sociologie de notre fonction naturelle de valorisation, qui devrait être normalement surplombée par l’interférence complète des deux dialectiques donc une légalisation de processus minimaux de légitimation.

    Vous comprenez bien ainsi l’enjeu pas seulement théorique de ces sciences humaines là: n’accorder de pouvoir qu’à ceux qui l’ont d’abord sur eux-mêmes. Et la cascade de problèmes que nous évoquons tous (financiers, économiques, écologiques, politiques, religieux mêmes) ne se poserait plus du tout de la même façon puisque nous pourrions alors avoir aux manettes des gens effectivement dotés du sens de la précaution sans devoir en inscrire le principe constitutionnellement!

  21. Avatar de A-J Holbecq

    Paul écrit

    Un siècle nous sépare, durant lequel le pouvoir dont l’argent dispose a permis que son mécanisme demeure un secret bien gardé.

    … je ne pense pas qu’il y ait un « secret bien gardé » dans le mécanisme de l’argent (de la monnaie), du moins de son émission: c’est dans tous les livres d’économie.

    Je reconnais néanmoins que la vulgarisation en est difficile et « heurte le sens commun » (nous avons vu les multiples débats sur ce blog découlant sans doute d’interprétations différentes du terme « monnaie »), décourageant sans doute le grand public et d’autres .. je me suis tenté à une vulgarisation (ce n’est pas la seule, bien sur), dans un petit article de 13 pages intitulé  » La création monétaire pour les nuls , clin d’œil, évidemment, à la série de livres bien connus et non aux capacités des lecteurs de ce blog 😉 .

  22. Avatar de johannes finckh

    évidemment, avec hobecq, il n’ya aucun problème dans ce monde capitaliste où, selon lui, l’émission monétaire équivaut à la distribution de crédits, idée qui heurte le bons sens, mais peu importe, il suffit de le répéter et de ressasser indéfiniement, et si cela ne marche pas, on le répète encore!

  23. Avatar de johannes finckh

    Non, tout est en ordre !
    Tout marche bien grâce au système capitaliste.
    Les richesses se concentrent gentiment et sont bien gardées !
    Pourquoi changer cela,
    L’espèce n’est pas en danger, même si 90% des richesses sont détenus par moins de 10% de la population, ou 50% par moins de 1000 personnes (sur 6.500 000 000 d’individus environ).
    Pourquoi pas, d’ailleurs !
    Les désargentés vivant avec moins de un dollar par jour n’en ont sans doute pas besoin, car ils vivent et se reproduisent.

    Réformer ce système au moyen de la monnaie fondante ou monnaie « accélérée » ou anticrise ?

    Ce serait priver les gentils capitalistes de ce qu’ils savent si bien faire : concentrer toujours et encore davantage les richesses.
    Cela les « obligerait » à partager un peu plus, quelle hérésie !
    Cela contesterait le fait que le monde appartient aux capitalistes.
    Ce serait faire en sorte que les communs mortels pourraient entrer dans l’économie monétaire indépendamment des richesses déjà accumulées !
    A quoi bon ?

    C’est l’ordre du monde, merveilleux, pourquoi changer cela ?

    Tout le monde rêve de devenir riche !

    Il faut que cela reste un rêve inaccessible pour que ce soit un rêve qui suscite les espoirs. Où irions-nous si tous accédaient à une certaine prospérité qui les mettrait à l’abri de l’angoisse du lendemain ?

    Où trouverait-on alors la chair à canon, où les esclaves nécessaires pour servir les happy few pour quasiment rien !

    Le système si merveilleusement exploiteur est l’ordre juste du point de vue de ceux qui ont déjà presque tout !

    Evidemment, en cas de crise systémique comme actuellement, il y a un petit souci !

    Comment maintenir coûte que coûte ce système merveilleux ?

    Heureusement, le temps passe, les tempêtes aussi.

    Au bout de quelques moments de tension désagréable et quelques soucis de refinancement, il y a à parier qu’une génération de jeunes soigneusement mise à l’écart de toute constitution de richesses continuera à se vendre pour pas cher (pour quasiment rien) pour avoir le droit de manger les miettes tombées des tables des riches, pour vivre et se reproduire, afin que tout continue comme avant.
    Le désir de vivre et la volonté de perpétuer l’espèce sont peut-être indestructibles.
    Même la crise écologique trouve un début de réponse grâce à une décroissance soutenue depuis 2008 et qui « économisera » les réserves naturelles, faute de demande solvable.

    Telle est la perspective du merveilleux capitalisme mondial !

    Johannes Finckh, le 19 avril 2009

  24. Avatar de A-J Holbecq

    @johannes finckh

    évidemment, avec hobecq, il n’y a aucun problème dans ce monde capitaliste

    (pour info, c’est « Holbecq »)

    Où donc aurais je pu laisser penser cela ? Je vois bien que vous n’avez absolument rien lu des 4 livres et des articles que j’ai écrit, que vous n’avez seulement jamais jeté un coup d’œil ne serai ce que sur la page d’accueil de notre site . Monsieur Finckh, pouvez vous éviter ce genre d’affirmation nullement étayée… merci.

  25. Avatar de A-J Holbecq

    Bon, difficultés dans le formatage…
    « La création monétaire pour les nuls » c’est http://www.societal.org/monnaie/creationmonnaiepourlesnuls.pdf
    et « la page d’accueil de notre site  » : http://wiki.societal.org/

  26. Avatar de johannes finckh

    J’ai lu et relu ces qustions autour de la création monétaire par les banques!
    Ma conclusion: c’est impossible, désolé!
    La financiaristatin d’actifs peut devenir la financiarisation des subprimes par xemple, et on voit où ça mène!
    Les banques doivent, un moment donné, en fait tous les jours, via la compensation, se couvrir, cela est tellement évident, et toutes arguties qui soutiennent autre chose ne tiennent pas debout!
    Je pense que nous sommes inconciliables sur ce point!

  27. Avatar de Robert Mittelstaedt
    Robert Mittelstaedt

    Dear readers,

    there is an article on Gesell in yesterday’s New York Times by Harvard economics professor Greg Mankiw:

    http://www.nytimes.com/2009/04/19/business/economy/19view.html

    The reaction to this article by J. Bradford DeLong, Department of Economics, U.C. Berkeley, might also be interesting:

    http://delong.typepad.com/sdj/2009/04/silvio-gesell-and-stamped-money-another-thing-fisher-and-wicksell-knew-that-modern-economists-have-forgotten.html

    In case Johannes Finckh is running out of copies of « L’ordre économique naturel » 😉 there is an online PDF option:

    http://www.silvio-gesell.de/html/l__ordre_economique_naturel.html

    The PDF-files offered here are made of bitmap scans, therefore they are pretty large. The quality is not the very best, but it’s readable I guess.

    Cordialement
    Robert

  28. Avatar de A-J Holbecq

    Je viens de relire la 3° partie (p.99 à 203) de « L’ordre économique naturel” (je l’avais déjà parcouru il y a fort longtemps) … et je trouve de plus en plus ce texte extrêmement « daté » …

    La monnaie scripturale n’apparait qu’en guise d’hypothèse en tant que « remplaçante » de la monnaie papier. Dans ses explications, Gesell ne fait aucune référence à la monnaie moderne (normal, ce sont des textes d’un siècle !), monnaie de crédit privée (la monnaie est une dette de banque qui circule) qui n’est plus basée sur un quelconque métal mais sur un actif existant ou futur, et surtout sur la confiance (ce qui apparait bien quand même dans cette partie qui défends la confiance dans la monnaie papier par rapport à l’or) .

    Tiens, avez vous regardé un billet en euros ?. Seule la valeur faciale est indiquée… il n’y a évidemment aucune référence à son « pouvoir d’achat » ni a une quelconque valeur d’échange, si ce n’est contre « lui-même » .

  29. Avatar de Paul Jorion

    @ A-J. Holbecq

    Non, précisément le texte de Gesell n’est pas daté : il pose des questions excellentes, que les auteurs ultérieurs ont cru résolues, comme : « Qu’est-ce que la monnaie ? »

    Il ne dit rien de la « monnaie scripturale » et tant mieux, car c’est une voie de garage, une confusion fondée sur l’idée inexacte que le support physique de la monnaie puisse avoir une quelconque importance. Gesell demandait il y a un siècle : « Comment est-ce possible qu’un bout de papier puisse représenter des millions ? », il pourrait dire aujourd’hui « Comment est-ce possible qu’une trace électronique faite de 0 et de 1 puisse représenter des millions ? », ce serait la même chose.

    Je n’en dirai pas davantage pour le moment : je continue ma lecture.

  30. Avatar de Moi
    Moi

    J’ai appris en lisant Galbraith qu’au Québec on a utilisé au début les cartes de jeu comme monnaie. On les tamponnait et on les distribuait, puis on essayait de les échanger tant bien que mal. On a distribua tellement que ça finit par s’échanger plutôt mal.
    De même, aux USA, les banques privées avaient au début la possibilité d’émettre de la monnaie. Chacune émettait la sienne et on se retrouva avec des milliers de monnaie différentes. Et puis, les banques, filoutes, déménageaient dans des endroits introuvables. Le résultat était qu’on ne réussissait que rarement à échanger ces monnaies contre de l’or.
    Aussi incroyable que cela paraisse, les gens acceptaient tant bien que mal ces reconnaissances de dettes foireuses. J’imagine les discussions au magasin:
    – je te donne une reconnaissance de dette de 1 kilo d’or de la banque X contre ce kilo de pommes
    – ah non, ta monnaie ne vaut rien, personne ne réussi à l’échanger contre de l’or
    – ce n’est pas vrai, je connais quelqu’un qui a réussi à trouver la banque X et à se faire échanger la reconnaissance de dettes. Ecoute, je te donne une reconnaissande de dette de 1 tonne d’or de la banque X contre cette pomme et on la tope.
    – hmmm, 1 tonne d’or… c’est tentant… bon, ok, marché accepté.

    En fait, ça revenait à vendre une carte au trésor. Et ça marchait… 🙂

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