L’actualité de la crise: il commence à y avoir foule !, par François Leclerc

Billet invité.

IL COMMENCE A Y AVOIR FOULE !

Il y a des jours comme cela, où l’on se sent moins seul. D’autres où l’on finit par s’inquiéter : « Qui a changé, eux ou moi ? ». D’autres, enfin, où l’on se sent porté par une dynamique nouvelle et partagée. Parmi ceux qui peuvent tenir aujourd’hui ce langage, Paul Jorion n’est pas le dernier, pour avoir longtemps prêché dans le désert et être maintenant sollicité de partout (ou presque).

Des noms, des exemples ? Hier, c’était Nicolas Baverez, qui écrivait dans Le Monde-Economie : « Faute d’un diagnostic précis et partagé sur la crise, d’une compréhension exacte des risques systémiques et d’une coordination de la régulation financière, les mécanismes fondamentaux d’un nouveau choc se mettent inexorablement en place : politiques monétaire et budgétaire démesurément accommodantes, bulles spéculatives, coexistence d’opérateurs et de marchés surrégulés (banques, assurance et Bourses organisées) et de vastes secteurs hors de tout contrôle (« dark pools », fonds spéculatifs), reconstitution d’un secteur bancaire clandestin » (19 avril 2010).

L’autre jour, Jean-Marc Vittori titrait son papier des Echos « Cette finance qui résiste à la réforme », et constatait : « La crise financière s’éloigne dans le rétroviseur. Et, avec elle, s’éloigne la capacité des gouvernants à changer les règles du jeu de la finance privée pour éviter que les mêmes causes ne finissent par produire les mêmes effets. A Pittsburgh, il y a à peine six mois, et à Londres, il y a douze mois, les dirigeants du G20 avaient pourtant pris des engagements majeurs. Depuis, ils ont mis en chantier des réformes essentielles en élargissant la surveillance des acteurs de la finance. Mais les textes sont de plus en plus souvent édulcorés ou repoussés, ou les deux à la fois » (17 mars 2010).

Mercredi matin, dans le Financial Times, Martin Wolf allait nettement plus loin. Il commençait ainsi sa chronique : « Notre système financier est-il dans nos moyens ? La réponse est non », poursuivant : « Plus l’on prend conscience des risques, plus il devient évident que la solution radicale est l’option la plus sûre », avant de conclure son papier, après avoir démoli pierre par pierre l’argumentation des épigones du système : « En conclusion, arrêter la machine de l’apocalypse financière demandera des changements fondamentaux dans la politique à suivre vis à vis du système financier et de sa structure. Il y a maintenant deux grandes approches en discussion : l’officielle est de rendre le système actuel beaucoup plus sûr, en élevant les exigences en matière de capitaux propres et de liquidité, en faisant transiter les dérivés via des marchés administrés et en renforçant la régulation. L’alternative est une réforme structurelle. Quelle est l’option la moins mauvaise ? » (21 avril 2010).

Certes, chacun garde par ailleurs ses idées, mais il est flagrant de constater qu’un même constat se propage. Ceux qui hier n’avaient pas droit de cité et sonnaient l’alarme sont aujourd’hui écoutés (sinon encore suivis). Beaucoup d’autres – pas tous, car il y a toujours des irréductibles de la foi – écarquillent les yeux devant ce qu’ils contemplent et, pour certains même, ruent dans les brancards.

Si le discours des femmes et des hommes politiques est toujours en général aussi désespérant de démagogie et à courte vue, des commentateurs de plus en plus nombreux ont compris – et le font savoir – qu’ils ne peuvent décidément plus s’en tenir aux mêmes analyses. Que la crise n’est pas près d’être finie et qu’elle appelle, comme le dit Martin Wolf, que l’on n’aurait pas attendu (à tort) dans cette posture, des solutions radicales.

Il y avait avant, il y a après…

Ceux qui aujourd’hui doivent être considérés comme de véritables excentriques ne sont pas ceux qui démontent les mécanismes d’un système financier qui a failli mais continue pourtant d’exercer ses nuisances. Pas plus ceux qui se refusent, faits et analyses à l’appui, à souscrire aux visions lénifiantes et vite démenties d’une propagande désormais en roue libre. Ni encore ceux qui proposent, enfin, que l’on parle sérieusement de la manière dont il va être possible de sortir de ce gigantesque gâchis. Car celui-ci n’est pas seulement financier, mais s’annonce de plus en plus humain.

Non, les excentriques, ce sont ceux qui prétendent, suivant ce mot admirable faisant parler l’inconscient, « faire le travail de Dieu ».

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123 réponses à “L’actualité de la crise: il commence à y avoir foule !, par François Leclerc”

  1. Avatar de roma
    roma

    encore un jour comme ça où qu’importe la direction que prend le train du monde, même sous les lueurs indiquées par Jorion et Leclerc, des décideurs décidés à changer… s’étant sentis floués par ceux qui les applaudissaient encore il y a peu. Soi-même n’en restant pas moins consigné à être l’acteur intrus de ce monde duquel on doit encore apprendre le texte version réduite aux quelques signes d’un message politique. les signes sont: on le reconnaît, si ça continue comme ça le grand écart finance / économie risque de faire craquer la cohésion sociale. un réaménagement de la pensée politique peut-il être espéré? ce message Sarko 3X1/3 (fonds d’investissement propre / actionnaires /producteurs), des mots des mots, la dette on en reparlera plus tard. l’histoire, en tous cas celle qu’on en raconte a des allures de fiction, qui à n’en pas tenir compte fait au levé sa gueule de bois. c’est déjà ça que de d’entrevoir la nécessité d’encadrer la puissance financière: je crains que cette puissance trouvera un autre objet ou s’investir, et que son effacement partiel, momentané, ne nous rende pas pour autant plus clairvoyant pour démêler les structures de maître et d’esclave qu’elle a investi dans la démesure: on est avare des héritages.

  2. Avatar de Pierre
    Pierre

    Jean-Claude Juncker Premier ministre, ministre des finances luxembourgeois, gouverneur de la Banque mondiale de 1989 à 1995 ancien gouverneur de la BERD et du FMI président actuel de l’Eurogroupe, déclarait dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel n°52/1999 p136 le 27/12/1999 :
    « D’abord nous décidons quelque chose, ensuite on le lance publiquement. Ensuite nous attendons un peu et nous regardons comment ça réagit. Si cela ne fait pas scandale ou ne provoque pas d’émeutes, parce que la plupart des gens ne se sont même pas rendus compte de ce qui a été décidé, nous continuons, pas à pas, jusqu’à ce qu’aucun retour ne soit possible… »
    http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-15317086.html (Jean-Claude Juncker ist ein pfiffiger Kopf. »Wir beschließen etwas, stellen das dann in den Raum und warten einige Zeit ab, was passiert…).

    1. Avatar de jeanpaulmichel
      jeanpaulmichel

       »Jusqu’à ce qu’aucun retour ne soit possible… »
      Rien n’est jamais acquis et sauf erreur, il semble qu’à défaut de retour en arrière, le bateau tangue dangereusement.
      Ne parle t’on pas d’éclatement de la zone euro, voire de disparition de l’euro, le tout sur fond de réjurgence des tendances nationalistes.

      Si ce n’est pas un retour en arrière, qu’est-ce que c’est ?
      L’histoire jugera la pertinence de ces propos.

  3. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    Les gouvernements sont plus que jamais des vendeurs de salades
    Leur capacité a affirmer des ineptie avec aplomb est sans limites ils n’arretent pas de parler de faire des économies comme si dépenser de l’argent c’était détruire de la monnaie.faire 50 milliard d’économie par an ca enlève combien de croissance PIB ca?Mr Jorion a raison l’inaction le baratin ou l’action symbolique sont leurs principales activités, avec des réunions de concertations qui ne menent a rien . OU est le courage politique?
    Si on regarde la structure de la croissance elle est basée principalement sur les investissements des entreprises les primes d états a la casse aides diverses au batiment… pour etre fragile c’est fragile et la hausse du cout des matières premieres va impacter le pouvoir d’achat de population dont le taux de chomage ne baisse pas il n’y a pas de solution et avec ca nous allons devoir financer le sauvetage de la grece de l’espagne et du portigal meme sans cela c’est déja tres difficile.
    Nous sommes toujours en récession a fiscalité constante et rien n’a été résolu
    c’est trop tard pour les petites réformes ou allons nous?

  4. Avatar de BA
    BA

    Hier, Eurostat a révisé à la hausse le déficit du budget grec. Il est désormais évalué à 13,6 % contre 12,7 % du PIB. Rappelons que la crise est née lorsque le nouveau gouvernement a reconnu, en janvier, que le déficit était le double de ce qu’on avait bien voulu dire. Aujourd’hui encore, les statistiques officielles grecques n’inspirent pas confiance.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre. L’agence de notation Moody’s a dégradé hier sa note souveraine de la Grèce, qui doit donc payer plus de 8,5 % de taux d’intérêt pour financer ses obligations à dix ans. À ce prix-là, on ne voit pas comment les Grecs pourront sortir du trou qui se creuse sous leurs pieds. Il était donc naturel, toujours hier, que les Athéniens soient nombreux à manifester pour protester contre les sacrifices qui sont attendus d’eux.

    Cette spirale infernale a son pendant dans le reste de l’Europe, notamment en Allemagne, où  les révisions récurrentes du déficit grec n’incitent pas les opinions publiques à faire preuve d’une solidarité sans laquelle l’Europe d’aujourd’hui n’existerait pas.

    Il a fallu deux mois pour que les Européens s’accordent sur un plan de sauvetage qui n’a rien réglé parce qu’il était à l’origine destiné à ne pas servir. Présenté comme un « pistolet sur la table » il était censé impressionner les marchés qui ne se sont pas émus pour si peu.

    Une banqueroute de la Grèce, sur le modèle de l’Argentine en 2001, serait un cataclysme qui entraînerait l’ensemble du système bancaire européen et ouvrirait la boîte de Pandore de la dette souveraine au niveau mondial.

    Il reste peu de temps pour enrayer la spirale infernale et éviter la catastrophe. Le 19 mai, la Grèce devra lever 8,5 milliards d’euros sur le marché des obligations. D’ici là, les fonctionnaires européens et ceux du FMI travaillent à la mise en œuvre du plan de sauvetage.

    Il est de plus en plus probable qu’il ne sera pas suffisant pour apporter à l’économie grecque l’oxygène dont elle a besoin pour survivre.

    Grèce : la spirale infernale.

    En fait, les taux de l’obligation grecque à 10 ans a encore battu son record depuis que cet article a été mis en ligne : les taux de l’obligation grecque à 10 ans sont ce soir à 8,780 %.

    Quand l’Histoire accélère, nous n’arrivons même plus à suivre.

    Ce que nous sommes en train d’écrire a déjà été pulvérisé par la réalité.

    Et ça calme : ça rend modeste.

  5. Avatar de bric à brac baroque

    Oui, les conséquences humaines ne font que commencer à se faire sentir… malheureusement, ces crises chroniques et à répétitions ne trompent que les truands eux-mêmes qui jouent comme des gosses avec le fric de tout le monde pour sortir gagnants de leurs truanderies.
    Il est évident que cela ne peut durer toujours.
    Le compte à rebours a commencer. la Grèce se lève, à quand les autres pays menacés par la faillite?
    Ce n’est que question de temps…
    13 jours de grève pour les cheminots sans une négociation: c’est créer volontairement les conditions du désespoir… et assurer un avenir désolant pour les transports ferroviaires français… mais tout le monde hurlera à la première catastrophe venue???
    Pauvre humanité aveugle capable de sacrifier les siens pour mieux se refaire une santé provisoire…
    Aucun esprit de prévision, ni de vision tout court, tout cela est d’une médiocrité et d’une cruauté crasse. « Et pourtant, elle tourne… »

  6. Avatar de stéphanie
    stéphanie

    Bonsoir,

    Quelqu’un a-t-il écouté Monsieur LANGLET sur RMC parler des trois milliards que la France allait prêter à la Grèce, somme qu’elle va emprunter sur les marchés avec intérêts pour les prêter à la Grèce (avec intérêts) ?
    Si j’ai bien compris, nous allons nous endetter, payer des intérêts au « Monde Financier » qui nous demandera fatalement de réduire nios déficits et accroître par là-même les problèmes de la Grèce en lui prêtant de l’argent qu’elle devra rembourser en taillant elle aussi dans dépenses.

    Je comprends pas quel est la finalité de tout ceci ? Faire tomber l’Europe ? engraisser qui ? Le serpent se mord la queue et ça devient vraiment de plus en plus incompréhensible.

    Cordialement,

    1. Avatar de coucou
      coucou

      Vous avez tort. Les états font à leur tour du « carry trade » tout simplement…

  7. Avatar de Pierre
    Pierre

    Robert Reich se joint à la foule en réclamant un nouveau Glass-steagle act.

    http://robertreich.org/post/536290208/a-short-citizens-guide-to-reforming-wall-street

  8. […] – Qui avait parlé de réformer la finance après la crise ? Blog de P. Jorion. […]

  9. Avatar de l'alabatros
    l’alabatros

    à la vitesse où ça va, ils devraient emprunter auprès de cetelem ou cofinoga ou même qu’ils lancent une quête…j’ai pu lire que les traders s’attaqueraient à la France très bientôt

  10. Avatar de domini CB
    domini CB

    Comment démonter un mensonge, comment ça marche :
    http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3161128,scheduleId=3119744.html

  11. Avatar de roma
    roma

    l’excentricité dites-vous alors que le scénario, tellement prévisible, joué par des acteurs politiques même plus concernés: quel discours crédible reste t-il à l’UE, et à ses membres, face au défaut de paiement annoncé… nos politiques usent la pensée, vident les mots, nous désespère de trouver en chemin, et du coup condamnent à la violence du silence; les slogans bientôt tiendront lieu de pensée.
    Eurostat rehausse son évaluation du déficit Grec de 12,7 % du PIB à 13,6 %. tout en disant qu’il s’agirait d’au moins 14%…
    Immédiatement Moody’s dégrade la note « A2 » à « A3 » « assortie d’une perspective négative », tout en préparant ce qui restera bientôt à l’encan.
    Emprunts à 10 ans, 8,8 % (+ 2% en quinze jours, c’ad depuis la réunion des docteurs de l’UE)
    spirale des taux similaires pour Lisbonne ou Dublin. on regrette le panache Islandais, on attend Katla, comme d’autres Godot. Juste pour secouer la forclusion mentale de la catastrophe annoncée.
    … toute bonne journée à tous!!!

  12. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Bientôt la France se fera sans doute plus mal notée que l’Amérique.

    Dans ce monde de marchands, de bureaucrates, de prostituées et de politiciens vendus comme de maîtres chanteurs en plus et à distance, nous vous accordons quelque peu la liberté de penser différemment de nous mais seulement et à partir de la nouvelle condition suivante et pressante.

    S’il vous plaît soyez comme nous, ne penchez pas plus dans le bord opposé à nos idées, à nos valeurs, c’est-à-dire à nos autres excès sur les marchés sinon vous risqueriez alors comme d’autres d’être beaucoup plus mal notés voir même de beaucoup plus mal le vivre demain vous comprenez ? Libre à vous alors de vous penser pareillement comme nous, vous voyez bien que nous avions alors pleinement raison sur nos ennemis, c’est important de nos jours de savoir mieux défendre que d’autres les beaux idéaux de liberté, de droiture, d’honnêteté, de moralité et de probité comme de pouvoir toujours mieux chiffrer, et étiqueter avant les autres le bien en premier sur les marchés comme dans les esprits et les corps.

    Histoire d’évoluer un peu quand même et si nous parlions plutôt sur BFM et dans le journal du grand échec moral de l’homme actuel à ne vouloir vivre et travailler principalement sur terre que pour cela en priorité, c’est ça la belle réussite de l’homme en société merci encore aux journalistes et à nos médias de mieux savoir répandre et diffuser la bonne parole flatteuse de nos élites.

    Oui Albatros à la vitesse où ça va ils nous sera bientôt plus possible et à partir même de notre propre position de leur faire entendre raison.

  13. Avatar de Crapaud Rouge

    « Plus l’on prend conscience des risques, plus il devient évident que la solution radicale est l’option la plus sûre » : ce n’est pas une question de sûreté mais de logique. Il faut casser le système financier, le faire revenir dans le giron de l’économie, et ne pas prétendre réguler ce qui, par construction, ne saurait l’être. Les propositions de régulation tombent à l’eau parce qu’aucune, à elle seule, n’est crédible. Cf. dernier billet de F. Lordon.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      Excellent.

  14. Avatar de reveil
    reveil

    J’aime les médias. Ce matin ;

    Boursorama:
    « France : la consommation des ménages se redresse en mars. »

    Le Monde:
    « La consommation des ménages flanche au premier trimestre »

    ou comment orienter l’information selon ses propre objectifs (financier ou politique dans ce cas)

  15. Avatar de BA
    BA

    Vendredi 23 avril 2010 :

    La dette grecque ramenée au rang des plus risquées au monde.

    Ce qui était inimaginable il y a quelques mois est en train de se produire. Un pays de la zone euro figure parmi les plus risqués au monde. Hier, la Grèce a détrôné l’Ukraine au palmarès des signatures les plus dangereuses.

    Le coût d’une protection contre un éventuel défaut de la dette hellénique, mesuré par le « credit default swap » (CDS) a atteint le niveau inédit de 644,1 points de base, d’après CMA DataVision. A ce prix, le marché estime implicitement que la probabilité de voir le pays faire défaut d’ici cinq ans s’élève à plus de 40 % (et davantage encore dans un futur proche).

    Sur ce critère, la Grèce est désormais le quatrième pays le plus risqué au monde, derrière l’Argentine, le Venezuela et le Pakistan, trois Etats qui se sont retrouvés en cessation de paiements entre 1999 et 2005.

    Les Echos

    Cet article est très intéressant car il commence par une phrase qui résume bien la période actuelle :

    « Ce qui était inimaginable il y a quelques mois est en train de se produire. »

    Cette phrase est typique de la période inaugurée par le 15 septembre 2008. Depuis le 15 septembre 2008, nous assistons en spectateurs stupéfaits à des événements inimaginables.

    Chose étonnante : les esprits les plus brillants, les éditorialistes les plus médiatiques, les économistes les plus respectés nous répétaient que de telles choses étaient IMPOSSIBLES.

    La réalité a renvoyé tous ces imposteurs à leur nullité.

    Quant à nous, simples citoyens, que cela nous serve de leçon. Nous étions bien cons de les écouter pérorer à la télévision. Nous étions bien cons de croire à tous leurs discours.

    La période inaugurée le 15 septembre 2008 nous a rappelé deux choses que nous avions oubliées :

    1- Ce qui était inimaginable il y a quelques mois est en train de se produire. Tout peut se produire.
    Absolument tout peut se produire.

    2- L’Histoire est tragique.

    1. Avatar de Bernique
      Bernique

      L’histoire bégaye, dit-on, en voici une nouvelle preuve.

    2. Avatar de zébu
      zébu

      La Grèce, ça craint du pâté (de feuilles de vignes farcies).
      Y paraîtrait même qu’Halliburton serait sur les rangs pour assurer la venue de DSK à Athènes …
      Sans compter que comme le Pakistan, la Grèce possède l’arme atomique et n’a pas signé le traité de non prolifération bancaire : le pays possèderait de multiples ogives obligataires, dont bon nombre orientées vers certains pays d’Europe de l’ouest (on murmure les noms de France, Allemagne et Suisse).
      Le Conseil de Sécurité de l’ONU (Organisation des Nations Usées) a été saisi et une rencontre est prévue aux calendes grecques. Un Comité de réflexion serait institué afin de proposer des pistes d’actions d’ici à la fin de l’année.
      Entre temps, M. El Baradei est arrivé à Athènes, pour négocier le droit d’inspecter les installations bancaires grecques. La Grèce a déclaré qu’elle n’a rien a caché mais un rapport rendu public de Moody’s confirmerait bien l’existence de plusieurs centaines de centrifugeuses obligataires dans les caves des banques grecques.
      Le premier ministre grec, en déplacement en crabe, nie formellement cette soit-disante existence révélé par ce rapport et déclare que les marchés doivent être rassurés : la situation est sous contrôle (‘under control’ as he said).

    3. Avatar de Crapaud Rouge

      BA, vous vous laissez prendre à la prose de l’auteur. Ce n’est pas parce que LUI dit que tel truc était « inimaginable » que personne ne l’avait imaginé !

  16. Avatar de jeannot14
    jeannot14

    Bric à brac baroque  » truands qui jouent comme des gosses »

    La spéculation provient de monsieur tout le monde, ce matin sur france inter, un intervenant sur euronext disait que les particuliers sans donnaient à coeur joie et qu’ils étaient de plus en plus nombreux. Paul à raison, la solution c’est d’interdire tous les paris, il y aurait quand même bien une partie visible de la main invisible du marché, monsieur tout le monde veut se servir et surtout ne rien payer. Les carottes sont bientôt cuites!!!!!!!!!!!!!.
    Les gagnants voyagent, les perdants regardent la télé, et vous avez 80% de la société d’individualités.

  17. Avatar de louise
    louise

    Le Régime Social des Indépendants de Midi Pyrénées (RSI la sécu des artisans) est en retard d’au moins 1 mois dans le traitement des renouvellements de CMU.
    Et tous les jours il leur arrive de nouveaux dossiers de demande de CMU.
    Ils font tout ce qu’ils peuvent, mais ils commencent à se demander comment faire pour que tout les dossiers soient traités.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      A la bouillie bordelaise. C’est plus écolo.
      Recette : pour un bon traitement de dossier CMU, laisser tremper dans une bouillie bordelaise pendant 1 mois, jusqu’à dissolution complète des éléments du dossier. En cas d’éléments résistants ou non traités, renouveler l’opération.
      La recette fonctionne aussi avec : la PAJE, l’ARE, le RSA, les allocations familiales, les subventions de l’Etat, …

    2. Avatar de Chris
      Chris

      En Ille et Vilaine le RSI traite les dossiers CMU ou autre sans distinction avec plus de deux mois de retard.

    3. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Les RSI partout en France sont complétement désorganisés (j’ai un dossier de retraite bloqué chez eux depuis 4 mois et les experts comptables que je connais me dise que certains dossiers sont traités avec de 6 à 12 mois de retard !) et ont probablement des soucis de trésorerie car il font à tout va des relances qu’ils n’arrivent pas à justifier.

  18. Avatar de BA
    BA

    Comment expliquer une telle descente aux enfers alors que les pays de la zone euro ont apporté leur soutien à Athènes ?

    D’abord parce que c’est un soutien qui reste virtuel : techniquement, les pays ne sont pas prêts à apporter de l’aide dès aujourd’hui. Or les marchés n’attendent pas.

    Ensuite, parce que c’est un soutien politiquement et même juridiquement fragile : on le voit bien en Allemagne où la Cour constitutionnelle pourrait être saisie. Et où le soutien à la Grèce est extrêmement impopulaire. Or des élections régionales cruciales auront lieu dans quelques quelques jours outre-Rhin.

    Enfin parce que le défaut de paiement de la Grèce n’est plus une hypothèse théorique : on s’en rapproche à grand pas.

    Certes, les pays européens ont toujours dit qu’ils soutiendraient la Grèce. Mais ils ont aujourd’hui une excuse pour ne pas le faire – les mensonges répétés d’Athènes sur l’état de ses finances – et surtout, beaucoup plus important, ils sont eux-mêmes dans une situation financière dégradée : les pays de la zone euro ont des déficits colossaux (565 milliards d’euros l’an dernier) et une dette qui s’envole (7.000 milliards d’euros).

    Il y a dès lors deux sorties de crise possible pour la Grèce :

    Scénario 1 : les pays européens y vont quand même, aident massivement Athènes, mais sans savoir jusqu’où cette aide va les entraîner. Surtout si d’autres pays ont besoin d’aide dans la foulée. C’est un engrenage dangereux. Or il faut savoir que la Grèce a besoin non pas de 30 milliards (le montant du plan européen) mais au minimum de dix fois plus : 150 milliards d’euros d’ici 2015 au titre du principal de sa dette actuelle, et 90 milliards au titre des intérêts. Ceci sans compter la dette supplémentaire qu’elle va devoir souscrire d’ici là du fait de ses déficits. Le soutien à la Grèce est un enjeu à plusieurs centaines de milliards d’euros. En a-t-on encore les moyens ?

    Scénario 2 : la Grèce fait défaut. Elle reconnaît qu’elle ne peut plus rembourser et on entre dans une négociation pour rééchelonner sa dette sur 15, 20, 25 ans comme on l’a fait jadis pour l’Argentine. Ce scénario évidemment douloureux pour les créanciers, au premier rangs desquels les banques et assureurs européens, était impensable il y a encore 48 heures pour un pays de la zone euro. Il est débattu aujourd’hui. Il est encore tabou chez les dirigeants européens. Les marchés financiers sont en train de les forcer à ouvrir les yeux.

    Grèce : le scénario de la faillite.

    1. Avatar de 4 Août
      4 Août

      La courbe des taux s’est inversée. 2 ans=10.2% ; 5 ans=9.4% ; 10 ans=8.8%. En général c’est pas bon signe.

    2. Avatar de jeanpaulmichel
      jeanpaulmichel

       »Il est encore tabou chez les dirigeants européens »

      Permettez moi de m’inscrire en faux contre cette assertion.

      Notre président de la République, le premier ministre, etc, etc…se sont régulièrement targués de ne pas avoir de tabous, sur aucun sujet…

      Il est vrai qu’il est plus facile de s’attaquer aux régimes de retraite et au code du travail.

      Bien amicalement

    3. Avatar de liervol
      liervol

      non ça va exploser, reste le timing

  19. Avatar de EOLE
    EOLE

    Une autre bonne analyse qui montre que certains états ne sont pas véritablement innocents eux non plus. Encore une question d’errance dans les rapports de force…

    http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=9434

  20. Avatar de Bernique
    Bernique

    Y aurait-il comme un vent de panique suite à la percée spectaculaire des libéraux démocrates de Nick Clegg dans les sondages des élections britanniques du 6 mai prochain ? Celui-ci est , parait-ils anti-establishment. Nos zélites sentiraient-elles le besoin d’un nouveau paradigme plus « présentable » ? A mon sens, un « vent du boulet démocratique » pourrait bien amener nos gestionnaires à redevenir des gouvernants.

  21. Avatar de kertugal
    kertugal

    Frappé ce matin froid et ensoleillé par Jérôme assis là, loose aux lèvres sur un banc du boulevard Magenta Paris gare de l’est, las, croisé des chemins, tandis que Julien, débauché londonien, volant une seconde de répit à son beau lead des capotés méditerranéens, devant un feu rouge égal à son véhicule, considérait l’éteint, ce lent vaut rien, d’une trompeuse œillade de verre fumé. Olé !

  22. Avatar de charles
    charles

    Un point de vue intéressant et lucide sur la réforme financière internationale:

    An independent organization to ensure the global economic system’s stability is needed

  23. Avatar de grandcurieux
    grandcurieux

    Et voilà la grèce demande l’activation du plan européen et du FMI.
    Regardons avec attention ce qui va se passer maintenant..

    1. Avatar de yvan
      yvan

      La Grèce ne fera pas faillite…
      (et elle ne pouvait se le permettre (voir cas Islandais))

      Certains ne vont pas être contents.

  24. Avatar de l.d.
    l.d.

    Le plan d’aide à la Grèce activé ce vendredi.

    1. Avatar de reveil
      reveil

      NON !!!! On a demandé de l’activer , grande nuance !!!!

  25. Avatar de Marlyse
    Marlyse

    Juste pour rire un peu de nous en ces temps tragiques et nous consoler avec les vertus bienfaitrices et salvatrices de l’auto-dérision !

    Il paraîtrait que les Français sont :

    1) des moutons de Panurge qui suivent imbécilement le troupeau, auxquels on va bientôt tondre la laine sur le dos avant même qu’elle n’ait eu le temps de pousser (ô, vertiges de la croissance tous azimuts) ;

    2) des bœufs, selon la formule du Général de Gaulle, si je ne m’abuse ;

    3) des oies, pas forcément blanches, que l’on aura pris la peine de plumer au préalable après les avoir gavées pour récolter l’or brun, la substantifique moelle, si chère à Rabelais ;

    4) Libre à vous de compléter cet inventaire à la Prévert …. pour rassembler dans l’arche de Noé avant le déluge toutes les espèces communes et rares de notre patrie.

    Toujours est-il qu’il ne faut pas omettre de prendre en compte que l’animal-totem de la France est le coq. Dans son livre, La symbolique des rêves -la nature-, Jacques de la Rocheterie explique que le coq apparaît pour réveiller ceux qui « dorment », les obligeant à l’éveil de la conscience. Il ajoute qu’il est parfois l’expression de la virilité dans son aspect le plus créateur.

    Aussi, même si notre coq, en apparence stupide et prétentieux animal de basse-cour, a les deux pieds dans la merde, cela n’enlève rien ni à sa superbe ni à sa fonction : annoncer fièrement le retour de la lumière (conscience éclairée) victorieuse des ténèbres (la mondialisation opaque qu’on cherche à nous imposer).

    Pour finir avec une banalité (qui n’a jamais cessé de se démontrer), tant qu’il y a de la Vie, il y a de l’Espoir.

    Bon weekend à tous.

    1. Avatar de domini CB
      domini CB

      Des veaux, avait dit le général,
      et, dévots du général, avait écrit
      sur un mur, un petit malin en mai.

    2. Avatar de domini CB
      domini CB

      Mais, quels progrès depuis !
      Généraux, Papes, Présidents, Ministres etc.
      sont tous maintenant des Aigles, des Lions, des Faucons, des Crésus etc.
      et tous dévots des marchés.

    3. Avatar de louise
      louise

      Et l’espoir fait vivre !
      La boucle est bouclée !

  26. Avatar de reveil
    reveil

    Les US feront tomber l’Euro pour sauver le dollar comme monnaie de refuge. C’est une guerre feutrée, rien d’autres, le reste n’est que bavardage !

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Les échanges internationaux en dollars sont tombés de 72% en 2002 à 64% en fin 2007.
      La guerre en Irak montre d’ailleurs que les US commençaient à prendre conscience du phénomène.

      Faire « tomber » l’Euro est le risque d’éprouver la réalité de leurs « alliés » de l’OTAN… Mais s’ils poussent trop loin, la manœuvre deviendra visible.
      Good luck aux cowboys.

  27. Avatar de domini CB
    domini CB

    Les très pertinentes remarques et réflexions de M. Michaël Foessel
    dans la Fabrique de l’humain de l’immense M. Petit :
    http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabrique-de-lhumain/
    à baladodiffuser de préférence

  28. Avatar de louise
    louise

    Pour continuer sur les problèmes de trésorerie de l’état et des organismes sociaux.
    Je suis allée tout à l’heure au trésor public, pour une histoire de quelques 200 € que je leur doit, dette couverte en totalité par la TVA que l’état me doit.
    Evidemment pas question de faire un transfert, dette de l’état – dette personnelle ! (les 2 dettes concernent 2009)
    Payez d’abord, on vous remboursera ensuite (quand ils pourront ? le peuvent-ils encore ?)
    C’est à dire que l’état me menace de saisie alors que c’est lui qui me doit de l’argent !

    1. Avatar de louise
      louise

      J’ai remarqué sur un bureau derrière la personne (enfin c’était peut-être un robot vu l’absence totale d’humanité chez cette « chose ») un gros classeur blanc intitulé « KIT DE L’ACCUEIL » !!
      Je pense qu’ils ont dû avoir de super formations pour clouer le bec de tous les gens qui viennent les voir en leur demandant des délais de paiement : le mot d’ordre est : « FAITES LES PAYER COUTE QUE COUTE ! ».
      « Nous avons des directives » m’a-t-on dit !!!

    2. Avatar de Fab
      Fab

      louise,

      Je confirme : c’est une série qui a très bien marché et que l’on continue à produire, sobre et efficace, avec un rendement énergétique somme toute correct. La prochaine évolution, écologisme oblige, vise à une amélioration de ce rendement. Il paraît même, mais cette information est encore à prendre au conditionnel, qu’une version dotée d’une conscience serait à l’étude : la principale difficulté, et source de tensions entre concepteurs et de retard de mise sur le marché, serait de trouver la juste mesure de conscience, l’équilibre entre autonomie et indépendance.

      Je vous tiens au courant de l’évolution…

  29. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    J’ai une question : pourquoi la Grèce ne répudierait-elle pas que les dettes qu’elle doit aux banques n’appartenant pas à la zone euro ? Ce serait envoyer un signal fort aux banques américaines ?

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