Billet invité.
C’est étrange …
On se croirait dans le monde de la physique et des lois de la thermodynamique.
Soient des systèmes financiers ‘en équilibre’, certes instables mais ‘en équilibre’. Principe 0.
Dans le système financier américain, l’énergie financière se trouve de plus en plus transformée en crédit immobilier dont la masse se trouve à être reportée dans le temps et concentrée de telle manière qu’elle engendre un effondrement par son propre poids : Subprimes. Loi I. Transformation de l’énergie.
De l’effondrement des subprimes nait l’investissement public du déficit ainsi créé, qui se transforme ainsi en désordre, de manière irréversible. Loi II. Entropie. Car le système financier américain n’étant pas isolé, l’énergie ainsi transformée s’échange avec les autres systèmes. C’est d’ailleurs la seule solution viable pour un système en entropie car s’il était isolé, l’énergie ainsi produite par la transformation serait croissante jusqu’à qu’elle ce soit diffusée à l’ensemble du système, pour demeurer ensuite constante, le risque étant l’auto-combustion.
Les systèmes qui ‘absorbent’ l’énergie transmise par l’entropie doivent pouvoir faire de même. Or le formatage de la construction européenne, notamment de la BCE (à l’inverse de la Fed), n’a pas permis à l’UE et particulièrement à la zone euro de transformer l’énergie reçu par entropie ou de la transmettre à d’autres systèmes. La transformation étant irréversible mais s’appliquant cette fois dans un système financier clos, l’entropie ne peut qu’augmenter, le risque d’auto-combustion s’enclenchant. Dès lors, la seule solution pour cette zone (qui n’a pas l’avantage du dollar et ne peut pas réaliser de Quantitative Easing comme la Fed = absorption de la chaleur) est de transférer cette énergie vers les systèmes sociaux, afin que l’entropie puisse reprendre son cours et que l’énergie financière se dissipe, plutôt qu’elle ne se transmette au système bancaire ou au système monétaire.
Irréversiblement. Jusqu’à ce que l’énergie reçue se transforme complètement et se dissipe, complètement ‘absorbée’ par le corps social. A moins que le corps social ne puisse supporter la quantité de ‘chaleur’ produite par l’entropie et n’entre lui-même en combustion, entretenant ainsi le cycle de transformation de l’énergie, cette-fois ci autoalimenté, jusqu’à disparition du corps social.
En thermodynamique, il existe une notion de réversibilité (Loi II), à l’envers de l’entropie. Elle se caractérise notamment par des phénomènes dissipatifs quasi nuls ou très lents ou états d’équilibre très proches.
Ce qui signifierait plusieurs possibilités pour la crise actuelle en Europe :
– transformation très lente : en l’état actuel, impossible avec la globalisation financière.
– états d’équilibre très proches : modifier l’équilibre interne du système européen afin de s’approcher au plus près du système américain (QE de la BCE par exemple, mutualisation de la dette des pays européens, …). Cette solution, étant donné le retard de la réponse, doit se réaliser au plus vite, sous peine d’une absorption trop grande de ‘chaleur’ entropique.
– phénomènes dissipatifs quasi nuls : découplage complet ou partiel d’avec le système financier actuel, afin d’en réduire au maximum les sources et surfaces de diffusion d’entropie.
Cette voie peut être ouverte par l’accès des départements du Trésor au financement de la BCE, d’abord à court terme puis pour rembourser définitivement le capital de la dette. Ceci permettrait un découplage définitif d’avec les agences de notation, les créditeurs étrangers des pays et les banques créditrices (qui pourraient être aussi mises en faillite totalement ou partiellement).
Enfin, le bancor permettrait, avec ou sans ces solutions, un couplage total (pour le coup) mais de nature monétaire, retransmettant immédiatement et à l’ensemble des acteurs l’ensemble de l’entropie générée par un ou des acteurs de ce système monétaire global, qui auraient ainsi à en subir les effets, au ‘même titre’ que tous les acteurs. Le bancor serait ainsi la boîte de transmission monétaire des différents systèmes financiers au niveau mondial. Dans l’attente de sa mise en place, les solutions de découplage envisagées, telles que accès au financements de la BCE par les états (embrayage moteur), permettraient de dissiper l’entropie au moins partiellement puis de réenclencher le moteur d’avec la boite de vitesse monétaire.
Il est apparemment difficile de lutter contre les lois de la thermodynamique. La crise financière n’y fera pas exception.
Le tout est de le savoir et de mettre en place les outils nécessaires. Sinon, ce sera le corps social qui encaissera toute l’entropie générée, à supposer qu’il puisse l’encaisser.
Et le niveau de résistance est en train d’être testé …
85 réponses à “Le bancor : une solution thermodynamique à la crise, par Zébu”