TAVAKOLI vs. JORION. LA CRISE DES SUBPRIMES : PYRAMIDE ORCHESTRÉE OU SPONTANÉE ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Il y a dans La crise du capitalisme américain (La Découverte 2007 ; Le Croquant 2009), qui fut  écrit entre novembre 2004 et octobre 2005, un chapitre qui décrit la dynamique de la crise qui était alors en train de se développer.  Ce chapitre s’intitule : « Le prix des actions et des maisons : les bulles financières » (pages 195-220), et il contient une section intitulée : « La bulle financière comme ‘processus spontané de cavalerie’ ». Cette expression « processus spontané de cavalerie » pour qualifier les bulles, n’est pas de moi : je l’ai empruntée, comme je l’explique là, à Robert J. Shiller, qui parle lui, pour caractériser la bulle financière de « naturally occurring Ponzi process ».

La crise des subprimes que je prévoyais et dont je décrivais le déroulement futur était essentiellement un processus spontané. Je reviendrai sur le mot « essentiellement ».

Dans L’implosion (Fayard 2008), qui fut publié en mai 2008 – je précise cela pour souligner que le livre fut terminé d’être écrit plus de six mois avant la chute de Lehman Brothers – j’illustre par les événements qui s’étaient déroulés en 2007 et au début 2008, la dynamique de la bulle et de son éclatement, qui avait été décrite dans La crise du capitalisme américain. D’une certaine manière, je me contentais dans L’implosion de remplir les cases de la description offerte trois ans auparavant.

Pourquoi est-ce que je rappelle cela aujourd’hui ? Parce que j’ai reçu ce matin un courrier de mon amie Janet Tavakoli, contenant la déposition qu’elle a faite le 8 décembre 2010 devant la Federal Housing Finance Agency, le régulateur des Government-sponsored Entities que sont Fannie Mae et Freddie Mac, ainsi que le powerpoint qui résume sa déposition.

Dans ces exposés, Janet Tavakoli présente la crise des subprimes comme une « pyramide » ou une « cavalerie », non pas « spontanée » mais orchestrée. Autrement dit, tandis que je présente la crise des subprimes comme étant essentiellement une dynamique disons « de type physique », elle la présente elle comme résultant essentiellement de fraudes intentionnelles.

Il ne me viendra jamais à l’esprit de dire que la fraude est étrangère à la crise des subprimes. Il y a eu fraude mais celle-ci n’a pas joué à mon sens un rôle plus important dans la crise des subprimes que celui qu’elle joue en permanence en finance – et dans le monde des affaires en général où elle est endémique. Je rappelle à ce propos ce que j’écrivais dans un petit texte qui a d’abord paru ici, et ensuite dans le N° 161 de la revue Le Débat, paru en septembre 2010 :

Les décideurs aiment caractériser le critère d’appartenance à leur club en termes de compétence, mon expérience de dix-huit ans m’a cependant convaincu que ce critère était en réalité d’un autre ordre : la tolérance personnelle à la fraude.

… de quel terme désigne-t-on parmi les décideurs, cet esprit de tolérance à la fraude que je viens d’évoquer ? « Esprit d’équipe ». « L’individu en question ne fait pas preuve d’esprit d’équipe », est le langage codé utilisé dans ce monde des établissements financiers pour désigner celui qui fait preuve de probité et désapprouve les tentatives de fraude.

Sont venus s’ajouter à la dynamique spontanée de bulle financière, des efforts délibérés pour l’alimenter, orchestrés par la Mortgage Bankers’ Association, l’association professionnelle des banques accordant du crédit hypothécaire aux États-Unis. J’en parle dans les pages consacrées au « prêt rapace » dans La crise du capitalisme américain (148-151) ainsi que celles consacrées dans L’implosion à « La législation anti-« prêt rapace » en Caroline du Nord (1999) » (264-268). J’y décris les efforts faits pour alimenter la bulle, en toute connaissance de cause. Mais il s’agit là de cupidité et non de fraude.

Entre l’interprétation de la dynamique de la crise présentée par Janet Tavakoli et la mienne, il faut choisir. Je crains qu’en mettant l’accent uniquement sur la fraude, on ne finisse par jeter un jour le bébé avec l’eau du bain. Je crains que l’interprétation en termes de policiers et de juges ne faisant pas leur métier conduira à affirmer que les problèmes ont été réglés une fois qu’on aura mis en prison une demi-douzaine de banquiers. On oubliera alors les bulles financières comme « processus spontané de cavalerie » dont la dynamique dépasse la capacité des individus – fussent-ils même dirigeants de banques – à les prévenir ; on oubliera aussi l’incapacité des économistes à déceler l’apparition de ces bulles et leur ignorance foncière quant à la manière de les contrôler. On oubliera la nécessité de créer des organismes disposant des moyens de déceler l’apparition de bulles et, le cas échéant, de les contrer ; on oubliera la nécessité de créer une véritable « science » économique qui comprenne la dynamique des bulles et qui remplacera le discours de propagande que l’on s’est contenté de créer jusqu’ici sous ce nom.

Pour conclure, et pour soutenir la validité de ma propre interprétation, je me contenterai de dire ceci : je n’aurais pas pu prévoir la crise des subprimes en 2005 en décrivant sa dynamique et ensuite « remplir les cases » de cette description par les illustrations qu’offrait la crise en 2007, si sa dynamique n’avait pas été essentiellement celle d’une « cavalerie » ou « pyramide » spontanée. La fraude massive dépend de trop de décisions individuelles, de trop d’impondérables, dont l’effet global est imprévisible, pour qu’une prévision détaillée d’une crise provoquée par la fraude soit possible.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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206 réponses à “TAVAKOLI vs. JORION. LA CRISE DES SUBPRIMES : PYRAMIDE ORCHESTRÉE OU SPONTANÉE ?

  1. Avatar de Tatsuya
    Tatsuya

    Si l’on peut reprendre les sommes amassées par ces personnes et les punir au passage…
    On peut faire les 2?

    1. Avatar de Fracture
      Fracture

      Mr Jorion,

      Je suis entièrement d’accord avec vous quand vous écrivez :
      « Je crains que l’interprétation en termes de policiers et de juges ne faisant pas leur métier conduira à affirmer que les problèmes ont été réglés une fois qu’on aura mis en prison une demi-douzaine de banquiers. »

      Donc on punira quelques uns , qui le méritent de toute façon, pas pour ce dont on les accuse
      mais qu’importe !

      Puis oui, on oubliera que nous sommes tous ( ou du moins la majorité, car enfin personne n’a voté hors pensée unique, ni ne s’est révolté) RESPONSABLES.

      Après le Choc, quelque chose émergera mais se sera malheureusement plus proche des pensées d’Attali que des rêves de certains ici.

      1. Avatar de Daniel ARNOULD
        Daniel ARNOULD

        Tous responsable: en voila une forme de pensée unique! Et de plus répétée par tout le monde.

        Expliquez moi en quoi un individu qui aurait voté (parce qu’on lui dit depuis sa naissance que c’est son devoir) pour untel (parce qu’il a été désinformé consciencieusement par la presse unanime) EST RESPONSABLE.

        Il est responsable parce que le pays où il habite n’est pas capable de le former correctement.
        Il est responsable parce que la presse lui ment toujours mais il ne le sait pas.
        Il est responsable parce qu’il doit travailler, qu’il habite loin de son travail, qu’il est fatigué quand il rentre tard le soir et qu’il n’a pas le temps de lire le blog de Paul Jorion.

        Pour ma part je souhaiterais qu’il voit ce qui se passe en dehors de la caverne mais je ne considère pas qu’il soit RESPONSABLE.

        D’ailleurs, pourquoi serait-il responsable alors que juridiquement, je crois le président ne l’est pas.

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        @Arnould

        Désolé, mais selon moi il n’y a même pas débat. Tous responsables c’est juste le pré-requis de toute vie en société, chacun à son niveau.
        Sarkozy est politiquement responsable, fût-il irresponsable pénalement durant son mandat, comme l’est de son vote chaque électeur au demeurant. Y a-t’il besoin d’être constitutionnaliste pour réélire un représentant politique refusant d’user de ses fonctions nationales pour privilégier sa clientèle locale ? Y avait-il besoin d’être professeur au Conservatoire d’Art Dramatique ou enquêteur à la police des jeux pour ne pas voter pour un bonimenteur-bonneteur comme Sarko ?
        Pas de démagogues sans « irresponsables ».

      3. Avatar de sylla
        sylla

        Vigneron : « Sarkozy est politiquement responsable, fût-il irresponsable pénalement durant son mandat »

        http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/03/m-sarkozy-a-organise-son-impunite-penale_1555726_3232.html

        http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/sommet-social-sarkozy-assume-une-politique-responsabilite-15915

        http://www.europe1.fr/Politique/Regle-d-or-Sarkozy-appelle-a-la-responsabilite-663263/

        politiquement responsable, mais pas pénalement…irresponsable, donc, non?

        « Tous responsables c’est juste le pré-requis de toute vie en société, chacun à son niveau. »
        mouais…Responsables des boniments…

        responsabilité politique … c’est quoi en fait?

      4. Avatar de Vincent
        Vincent

        @ Vigneron

        Désolé, mais selon moi il n’y a même pas débat. Tous responsables c’est juste le pré-requis de toute vie en société, chacun à son niveau.

        On avait déjà la théorie du péché originel, que nous assène nos curés pour se pardonner leurs petits vices, voici la nouvelle théologie sociétale de vigneron : tous poivrots, heu pardon, tous coupables.
        Merci pour nos poulbots, de les laisser en dehors de cette responsabilité voulez-vous, et trouvez d’autres boucs à votre misère.

      5. Avatar de jukap
        jukap

        « Tous responsables »… Tout est dans tout, et réciproquement, certes, c’est philosophique et bien mignon. Mais la théorie de la relativité n’empêche pas que la gravité, si elle certes impactée par l’univers en son entier, ou des corolaires, est dans son champ celle d’une masse. En justice, disons qu’on appellera cette dilution (à mon avis extrêmement partielle,mais je ne suis pas juge) une circonstance atténuante : et ça, ça n’empêche pas du tout la condamnation d’un criminel. Sauf que du fait de la collusion politico-financière et justement de cette auto-flagellation néo-libéralo-chrétienne des peuples inculquée comme culture d’asservissement, encore faudrait-il que les responsables y aillent, devant des tribunaux indépendants, pour qu’on puisse démêler ça…

  2. Avatar de edith
    edith

    je comprends bien la logique de votre raisonnement qui refuse de focaliser l’attention sur la fraude afin d’en élargir l’horizon à tout ce qui gravite autour.

    Cependant, il est difficile pour la majorité des gens d’analyser la globalité du système, car pour cela, il faut y consacrer beaucoup de temps.

    … alors qu’il est si évident pour eux de voir qu’il était inévitable que les crédits vendus à des insolvables, puis titrisés et dispatchés dans toutes les banques du monde, aboutiraient à ce que nous connaissons aujourd’hui.

    Je pense qu’à partir de ce fait précis et de l’impact mortel qu’il a eu sur l’économie mondiale, la simple évocation de l’état d’esprit dans lequel travaillent ces financiers leur permet de saisir qu’ils auront une épée de damoclès tant que ces « banquiers » entendront gouverner le monde.

    1. Avatar de Leman Browers
      Leman Browers

      Le pire dans cette affaire, c’est qu’effectivement , n’importe quelle personne d’un peu de bon sens pouvait prédire comment ça allait finir !!

      1. Avatar de Samuel
        Samuel

        ça me rappelle, la problématique de la vertu, lors d’une révolution, rappelé dans un livre, Le capitalisme à l’agonie.

        1. Avatar de Paul Jorion

          Les financiers ne sont pas les premiers à prôner la vertu, qui réglera tous nos problèmes un jour : Socrate en faisait déjà autant. Robespierre la préconisait aussi : que les hommes pratiquent donc la vertu et nous vivrons enfin dans un monde qui sera juste. Mais il fallut malheureusement, en attendant que tous soient véritablement vertueux, soutenir la vertu défaillante des citoyens par l’exercice de la Terreur par l’État.

          Un extrait de mon article « Aider les financiers à être vertueux », qui paraîtra dans les jours qui viennent dans la revue Le Débat du mois de septembre.

      2. Avatar de renou
        renou

        « Un des moyens les plus raffinés de donner le change aussi longtemps que possible et de se faire passer avec succès pour plus bête qu’on n’est (ce qui dans la vie ordinaire est aussi utile qu’un parapluie), se nomme l’enthousiasme, avec ce qui va avec, par exemple la vertu. » A. Schnitzler

      3. Avatar de jukap
        jukap

        Dans la vie ordinaire une voiture et une carte bleue approvisionnée sont plus utiles qu’un parapluie.

    2. Avatar de Tigue
      Tigue

      Le sacrifice, permettait de calmer les dieux, pour que cesse une calamité perçue comme surnaturelle ( la disparition du soleil lors d une éclipse…)
      Afin que revienne la  » sainte confiance » dans le marché, on sacrifiera quelques sous fifres Kervielllesques.
      Au besoin, et juste apres, les indices remonteront.
      Mais si cela ne suffit pas, que feront ils ?
      Que faisaient les mayas ? Que leur est il arrivé ?

      1. Avatar de Fracture
        Fracture

        Mr Jorion,

        Je suis entièrement d’accord avec vous quand vous écrivez :
        « Je crains que l’interprétation en termes de policiers et de juges ne faisant pas leur métier conduira à affirmer que les problèmes ont été réglés une fois qu’on aura mis en prison une demi-douzaine de banquiers. »

        Oui, on oubliera que nous sommes tous ou du moins l

    3. Avatar de Wilmotte Karim
      Wilmotte Karim

      Si le marché avait continué à monter, il n’y aurait pas eu de problème.
      Et ceux qui ne peuvent pas rembourser sont loin d’être tous des « insolvables » (au moment de la réalisation de l’achat).

  3. Avatar de fujisan

    Pour résumer les propos de Janet 😉

    Jezebel,
    Spirit of destruction,
    Spirit of grief,
    I bind you with chains of iron
    I bind you out of that bounded heaven.
    Loosen your hold and come out of her now.
    (It’s no good our sister.)
    Out. Out Jezebel.
    Come out now
    (Go ahead)
    Out in the name of Jesus
    Come out destruction
    Come out destruction
    Come out grief
    Jezebel you are going to listen to me Jezebel
    (Go ahead sister; keep going.
    Jezebel will abandon you)
    She was intended by God to be a virtuous woman
    You have no right to her
    Her husband is the head of the house
    Out Jezebel. Out. Out.. Let Jesus in.

    Brian Eno & David Byrne – The Jezebel Spirit

  4. Avatar de scaringella
    scaringella

    De plus une sois disant fraude massive est contraire au fonctionnement du captalisme moderne. Condamner qques comparses permettra surtout de ne pas remettre en cause le fonctionnement de la finance, donc ne pa remettre en cause le fonctionnement economique et donc ne pas remettre en cause le fonctionnement des societes dites avancees.
    Sans la finance telle qu’elle est il n’y a plus d’économie telle qu’on la connait actuellement. La finance telle qu’elle est vient du type de société dans laquelle nous vivons. Qd la finance s’écroule l’éco suit de pres. La crise actuelle le montre bien. C’est la finance qui tire l’éco, pas l’éco qui serait parasitée par la finance. Sans les prets pas de bulle, et pas d’activite économique.

  5. Avatar de tchoo
    tchoo

    Ne jouez-vous pas sur les mots?

    Que la crise n’est pas été créée sciemment par la fraude, peut-être, mais n’est-ce pas des comportements frauduleux de multiples acteurs cupides qui a conduit à celle-ci?
    la cupidité faisant partie du comportement humain, c’est peut-être une ds raisons pour laquelle d’autres s’ingénie à créer des lois et règlements.

  6. Avatar de Mike
    Mike

    Pas l’un ou l’autre. L’un ET l’autre votre éminence.

    Comme en Russie pour l’affaire Magnitski, cet esprit d’équipe, que j’appellerai avec un sourire zen amusé « l’esprit de corps », se retrouve partout. Le terme cooptation n’est pas inutile pour décrire un concept germain, pour ne pas dire tudesque. (Chez les gens du nord c’est la communauté qui prime, dans le sud, la famille…) AAh l’efficacité saxonne…

    Et puis l’humain occidental surgavé et lobotomisé par des stimuli « croissantistes » est un autre paramètre que vous devriez prendre plus en compte pour expliquer un système qui court à sa perte. Fort peu nombreux sont les individus qui ne poussent pas à cette roue à tous les niveaux.

    Cette ruée vers le néant matériel, qui conduira à la guerre, est donc aussi à mettre sur le compte de gens responsables individuellement.

    J’en suis un autre. Bref l’histoire du flocon et de l’avalanche.

    Donc si vous pensiez être un pessimiste, je vous rassure, vous êtes un optimiste…

    Digression sur l’économie au sens large. Prenez le terme d’ »économie durable »… N’est il pas amusant constater que cette vision (faire durer les choses et économiser) était jadis un fait naturel, pour de simples questions de survie.

    Il me semble qu’aujourd’hui le terme durable symbolise plutôt une intention/prise de conscience…. qui n’est rien d’autre que le synonyme de l’impuissance de l’humain à s’autocontrôler.

    1. Avatar de xas
      xas

      Le mot contention, emprunté à James Ellroy et à son traducteur François Guérif, correspond plutôt bien à l’univers des banques et des marchés.
      Fermé sur soi, fermés sur eux mêmes.
      A peu de choses près, ils font et défont les lois comme bon leur semble, l’escroquerie bien pensée et le délit d’initié sont réalisés avec célérité et beaucoup de bon goût.
      La nausée et les mains sales, mais un petit village Gaulois(Breton) résiste.

  7. Avatar de Sakhaline
    Sakhaline

    Je ne vois pas grand intérêt à cette question, qui ne trouvera pas son règlement sur le plan légal dans le cadre des institutions américaines. Le capitalisme EST une fraude.

  8. Avatar de Osiris
    Osiris

    « On oubliera alors les bulles financières comme « processus spontané de cavalerie » dont la dynamique dépasse la capacité des individu »

    Bien vu ; typique des US, où quel que soit le vice de leur société qui éclate au grand jour (une guerre injuste et perdue ; des sans logis ou sans travail à la pelle..), et quel que soit le délai mis pour qu’il soit dénoncé, ils se félicitent de vivre dans leur pays, qui permet de dénoncer le vice en question — sans se poser la question de savoir s’il ne faut pas condamner un système ayant permis à ce vice d’apparaître.

    Chauvinisme obstiné.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Osiris
      Je me demande si vous n’en faites pas preuve vous-même ici, de « chauvinisme obstiné »…
      Croyez-vous sincèrement la France ou n’importe quelle autre nation plus enclines que les US à remettre en cause radicalement et globalement le système pervers qui distribue petites ou grosses becquées, sans se contenter en cas de coups durs de désigner quelques deviants, fraudeurs ou passagers clandestins – simples boucs emissaires en fait, remenber seulement Kerviel ou Garetta ?

      1. Avatar de Osiris
        Osiris

        N’étant pas français, mais citoyen d’un non-pays de plus en plus fictif, ma francophilie certaine ne saurait me valoir le qualificatif de chauvin..

        Par ailleurs, les dérives que vous critiquez en France procèdent précisément de l’adoption, au tréfonds de certains cerveaux européens, du modèle américain (avec le rôle de l’Etat tendant vers zéro) et, rendant à César ce qui lui revient, il me paraît que l’attachement à ce modèle dans le chef de ses créateurs me paraît relever davantage du chauvinisme que ce même attachement dans le chef des colonisés.

        Surtout, je pense, je crois, j’espère.. que la culture française cultive l’idée de résistance ; je pense que l’idée de services publics (et la régulation des marchés relève de cette notion, honnie outre atlantique) est française ; que, certes, nos ‘élites’, soumises à une Europe à l’américaine, ont trahi cette culture, mais que nos peuples (et leurs vraies élites) ne sont pas prêts à mener la traque au bouc émissaire pour sauver le système, comme le font les élites américaines (telle l’auteur dont Monsieur Jorion se révèle précisément être le contrepoint dans ce post).

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        @Osiris

        Disons donc wallon francophonophile, et merci de confirmer mon impression première, comme disent nos frères zanglaiq, « la première impression est souvent la bonne, surtout si elle est mauvaise ».
        Le mythe de l’État français jacobin soucieux de l’intérêt public et protecteur des services publics, résistant seul et héroïque face à l’imperialisme dérégulateur anglosaxon… Ça m’évoque imperturbablement la France gaulliste s’élevant seule face à l’hydre nazie… Veolia, Vivendi, EDF, Suez, Total, Areva, géants du BTP et consorts en maquisards de la première heure, of course. Comme si, de plus, la pensée et l’idéologie ultralibérales ne plongeaient pas certaines de leur plus belles racines pivotantes dans le bon vieux fumier natal franco-français…

      3. Avatar de chris06
        chris06

        @Osiris,

        voir le fil lancé par Alain V; ici

    2. Avatar de timiota
      timiota

      @osiris et vigneron :
      Y’ aurait-y-pas plusieurs façon d’être un capitaliste « corporatiste », au sens de Naomi Klein ?
      Certes la granularité particulière de l’état et des groupes économiques induit plus de résistance sur ceci, moins sur cela,
      mais par exemple les allemands ont maintenant plus à coeur de faire arriver les trains à l’heure que nous, alors que c’était aussi un impératif catégorique de faire arriver son train à l’heure en France dans les années 70 (Onfray en cause dans un de ses billets récents, à peine fâché avec les Argentan-Paris).
      Il me semble que l’on peut faite une théorie un peu granulaire qui permet de passer du Paul_Jorion (systèmique, sans doute assez « continu », mais il me démentira), au Naomi_Klein (le capitalisme corporatiste profite des chocs depuis Friedman & Pinochet, Machiavel peut presque aller se coucher, tant ça n’a pas l’air de demander de grands calculs, mais ça devient une seconde nature, on rejoint le systémique, mais sur la variable « variabilité fluctuation-choc » , pas foncièrement sur les variables de base (endettement, levier, que sais-je), puis on arrive au Janet_Tavakoli en disant simplement que c’est à l’occasion de situations perçues comme nouvelles que l’envie de fraude devient pressante et peut se faire passer pour de « l’esprit d’équipe » dans un langage codé, avec comme excuse des plus bateau « si tu ne le fais pas, le trader d’en face le fera avant toi ».
      Un ami me confiait être moralement effrayé par les jeunes « quants » qu’il avait pu cotoyer pendant son éducation dans un lieu d’enseignement pour le moins bien coté, et qu’il voyait s’enrichir en sachant pertinemment qu’ils se payaient bien sur la bête, sur une bête, le glissement venant de ce que c’est pas exactement la même bête qu’avant, on n’a pas l’impression de refaire un pur coup de salaud, mais juste de ne pas laisser passer une occasion.
      J’ai posté dans un registre symétrique les raisons exposés dans un bon post d’Al JAzeera qui expliquent pourquoi Obama est en phase de renoncement sur tout ou presque : besoin de se justifier d’être de l’élite, ce qu’un Roosevelt (le FDR, pas Théodore) n’eut pas à se poser comme question, et cela le laissa sociologiquement libre de maltraiter une élite « fautive » (en la tondant d’impot pour bouger sa fortune vers l’investissement d’Etat le seul à rester productif à sa façon), alors qu’Obama doit avant tout donner des gages d’acceptation à cette élite qui l’a « quand même » coopté comme président.
      Il me semble que les loups financiers sont « fraudeurs sociologiquement », dans le même sens qu’Obama exposé ci-dessus fait défaut au peuple qui l’a porté : ils renoncent à beaucoup de leur substrat moral pour se faire accepter, et c’est peut être l’articulation entre fraude systèmique et système fraudulique ( AAA la rime …) qui se trouve être là.
      Janus Janet-Jorion, contre Janus Capital-Fraude. Faites vos jeux, les paris sont ouverts.

    3. Avatar de daniel
      daniel

      Vigneron, concernant votre message de 17:13.

      j’me marre: votre mauvaise foi, si sympathique par ailleurs,
      vous perdra, avec des remontées gastriques bien acides.
      ( la (mauvaise) foi et le foie travaillent de concert, pensez-y.
      si le foie est trop restrictif, pensez tripailles, en gardant la foi.)

      Vos exemples ne relèvent pas d’un Etat gaulliste jacobin, anti-grand large
      et tout ça. L’Etat n’a rien à voir; la chose se poursuit actuellement
      en même temps que l’ adhésion aux normes saxo-anglaises et otanienne.
      Rien à voir, mais tout à voir avec l’alliance des copains et des coquins.
      Les gens bien disent crooner capitalism.

      Mais élargissons la critique, constructive au demeurant:
      Ce n’est pas la première fois (la troisième, de foi(),(e),(s)) que vous montrez que vous pensez
      que l’imitation du passé ne peut se faire qu’avec défauts inclus.
      Que faites-vous du processus correctif/adaptatif ?
      Du reste, il ne s’agit, pour personne, d’un retour DU passé, ou d’une imitation,
      mais du retour à une bifurcation: nous avons prises celle qui foirait.
      Nous le savions pas, mais maintenant l’expérience le confirme assez,
      ce n’était pas la bonne.
      Reconstruisons donc à partir de cette bifurcation avec les expériences acquises.
      Il s’agit bien de faire du neuf et d’un mouvement en avant.
      Et je suis convaincu qu’un Etat serein et n’ayant pas peur de son ombre est le meilleur
      garant contre l’ état de jungle. La veuve et l’orphelin étant remplacés par la famille
      monoparentale, en fait une femme chargée d’enfants et ne sachant où donner de la tête,
      à sec de temps et d’argent.Tenir en lisière les puissance d’argent,ce n’est pas le Pérou.

  9. Avatar de Jean-Luc

    Au final cela revient au même:
    les citoyens ont payé, les banksters ont gagné de l’argent, et personne ne sera puni

  10. Avatar de Cécile
    Cécile

    Le fait d’une fraude massive laisserait aussi entendre que le législateur, ou le régulateur, les producteurs de lois ou de règles dont un des rôles serait de travailler en sorte qu’il n’y ait pas de fraudes, sont incompétents, mauvais, sinon achetés, vendus

    Il n’est pas non plus acceptable de pouvoir constater ce développement d’une fraude massive, dans une finance qui se targue à quémander, n’a eu et n’a de cesse de fait valoir comme idéal de la dérégulation à son autorégulation-même,
    Le fait que derrière cela, il ne s’en suive à peu près de rien, puisque la cavalerie reste encore et toujours possible, pose question

  11. Avatar de Candide
    Candide

    @ Paul,

    Je suis sûr qu’étant donné la lucidité dont elle a déjà fait preuve en dressant son constat (et d’autres auparavant), votre amie Janet ne manquera pas de reconnaître la validité de votre analyse (pour peu que vous la lui réexpliquez comme vous venez de le faire pour nous dans ce billet), analyse qui n’invalide évidemment pas la sienne mais la complète…

    À moins bien sûr qu’elle n’en soit encore au stade de considérer le capitalisme comme la moins mauvaise alternative et ne considère le système comme purgeable et réparable…

  12. Avatar de Eric Iotti
    Eric Iotti

    Je pense que les deux existent et découlent l’un de l’autre en fait. La pyramide de type Ponzi crée par les subprimes est spontanée comme vous l’avez montré, elle est inévitable. Mais par dessus se greffe les fraudes de ceux qui ont perçu le processus et décidé d’en tirer un profit rapide et substantiel quitte à aggraver le problème dans le plus pur style « après moi le déluge ».

  13. Avatar de morvandiau
    morvandiau

    il faut s’entendre sur le mot « fraude » :
    « La fraude en matière civile ne se démarque guère de la fraude pénale. Il s’agit d’un acte qui a été réalisé en utilisant des moyens déloyaux destinés à surprendre un consentement, à obtenir un avantage matériel ou moral indu ou réalisé avec l’intention d’échapper à l’exécution des Lois. »

    N’est-ce pas une des définitions du Capitalisme ?…la « fraude » est intrinsèque au système, nul besoin de la disséquer pour faire porter les responsabilités sur les uns ou sur les autres…c’est plus proche de la « bande du Fouquet’s » que de l’un ou l’autre…la recherche de bouc émissaire évite de poser les questions de fond. Plus proche de l’analyse de Paul Jorion, l’échappatoire proposée ne peut que diluer la responsabilité globale.

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      D’ailleurs, le patron du Fouquet ou le patron des casinos Barrière ne font qu’un

  14. Avatar de bertrand
    bertrand

    Revenons en France , aucun crédit immo ne pouvait être plus long que 20 ans en1995.
    Qui à autorisé les crédits à 30 ans ?
    Cà à permis la spéculation du double.
    Cà aurait du permettre de réduire la charge des ménages faibles.
    Cherchons les responsables de l’escroquerie .

  15. Avatar de yoananda

    Très bon article Paul.
    Sans le dire, on est en plein dans le sujet « conspiration » qui serait une explication séduisante à la crise, mais trop facile.
    Dans le même style il y a cet article que j’aime bien : http://www.objectifeco.com/economie/anticipations-tendances/article/crise-financiere-l-erreur-mathematique
    il montre comment une erreur mathématique s’est répandue dans les modèles financier et comment elle a permis la sous-évaluation du risque.
    Sans cette erreur, sans l’euphorie post chute du communisme qui l’a « soutenue », pas de subprime vraiment possible …
    Et comment peut-on imaginer un complot qui force les gens a se tromper en masses ?

    Il faut juste admettre que incompétence, le manque d’intelligence est plus répandu qu’on ne le croit, comme vous le dites si bien.

    Ce qui est le terreau idéal pour un complot ! soit dit en passant ! lol

    1. Avatar de chris06
      chris06

      Hyman Minsky, dans son livre John Maynard Keynes (1975), explique que la synthèse néo-classique (celle qui a dominé la soi-disant science économique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale) a dilué le message de Keynes notamment en détournant sa notion d’incertitude (c’est à dire celle qui concerne les risques qui ne peuvent être estimés, qui ne peuvent être assurés).

      1. Avatar de yoananda

        Oui en même temps, la ou ca devient vicieux, c’est que, il n’y a pas de hasard dans les théories économiques qui se répandent mieux que d’autres … il y a le pouvoir financier derrière.
        C’est plus facile de se faire entendre quand on est grassement payé a réfléchir et qu’il y a toute une armée de journaux qui n’attendent que votre « prose », que quand on est tout seul dans son coin luttant pour manger entre 2 « bonnes idées ».
        Donc les théories économiques ne sont pas si neutres qu’elle en ont l’air.

      2. Avatar de jérôme
        jérôme

        @ Fnur,

        Bonsoir,

        en 111 points, pour faire bonne mesure…

        http://www.slate.fr/lien/43137/psychopathe-dirigeant-entreprise-un-sur-25

    2. Avatar de Cécile
      Cécile

      Où commence ou s’arrête le sens de ce mot « conspirationniste » ?
      Il existe d’abord ceux qui n’ en sont jamais altérés : donc de cela faut-il sans doute juste admettre qu’ils ne manque ni de compétence, ni d’intelligence??
      Dans ceux qui plongent dans ce « conspirationnisme », accusent, voient, ciblent des « vrais ennemis », doit-on compter ce Mike Prysner, cité ci-dessous ??
      Revenant de la guerre en Irak, il en exprime son désespoir, sa rancoeur, sa colère, dans une vindicte soldatesque, une exhorte à repartir en guerre contre de « vrais ennemis »
      De là, partant de la considération des méfaits provoqués tant de la guerre que de la crise des subprimes, en passant par les fraudes, cavaleries, spontannées, orchestrées, et co
      J’en suis arrivée là : guerre est-elle spontannée ou orchestrée ??

      « témoignage de Mike Prysner lors du forum des vétérans « soldats de l’hiver » de 2008″,
      fin de la transcription

      « J’ai mis des familles à la rue en Irak et en rentrant au pays j’ai vu qu’on y mettait aussi les gens à la rue parce que leur maisons étaient saisies à cause de cette tragique, tragique et inutile crise ; Je me suis réveillé et j’ai compris que notre vrai ennemi ne se trouve pas dans quelque contrée lointaine. Ce n’est pas un peuple dont nous ne connaissons pas le nom ni une culture que nous ne comprenons pas. Les vrais ennemis ce sont des gens que nous connaissons très bien et que nous pouvons identifier. L’ennemi c’est un système qui fait la guerre parce que ça rapporte. L’ennemi est le PDG qui nous licencie parce que ça rapporte ; C’est la compagnie d’assurance qui refuse de payer les soins de l’assuré parce que ça rapporte ; c’est la banque qui saisit nos maisons parce que ça rapporte. Nos ennemis n’habitent pas à 5000 km, ils vivent ici chez nous. Si nous nous organisons pour lutter avec nos frères et nos soeurs nous pouvons mettre un terme à cette guerre et créer un monde meilleur. »

      vidéo dans « L’arme secrète de l’OTAN, le racisme ? Human Rights Investigations »
      http://www.legrandsoir.info/l-arme-secrete-de-l-otan-le-racisme.html

      1. Avatar de jducac
        jducac

        @ Cécile 4 septembre 2011 à 12:31

        Dans ceux qui plongent dans ce « conspirationnisme », accusent, voient, ciblent des « vrais ennemis », doit-on compter ce Mike Prysner, cité ci-dessous ??

        Vous avez bien raison de vous interroger. Car enfin, quand ce Mike Prysner s’indigne de ce que tout se ramène à une question d’argent, ne devrait-il pas, au lieu de s’en prendre aux autres, s’en prendre d’abord à lui-même et non désigner des cibles comme il le fait ?

        Nous agissons tous pour gagner notre vie, donc pour tirer un profit de nos actions afin de payer aux autres les services spécialisés qu’ils nous rendent en échange d’argent.
        N’a-t-il pas lui-même agit en tant que militaire pour gagner de l’argent au risque de sa vie pour pouvoir vivre en s’engageant, et vivre ensuite en cas de vie, une fois son engagement terminé ? Qui l’a contraint si ce n’est le besoin de vivre ?
        Est-il plus fier de lui maintenant qu’il à désigné des cibles, attisé des oppositions, armé des haines ?

        Nos ennemis n’habitent pas à 5000 km, ils vivent ici chez nous

        On peut légitimement se demander pourquoi il n’a pas dit « ils vivent en nous et c’est donc lâche de vouloir désigner les autres »

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        JDUC, je vous vois bien à l’aise pour discourir trés librement des états d’âme, des eveils de conscience et surtout des accusations subséquentes du sodat US Prisner, mais vous, Jduc, vous qui chérissez tant l’édification des foules bloguesques par les témoignages personnels, parlez nous donc de votre Algérie.

      3. Avatar de Amsterdamois
        Amsterdamois

        « Ce Mike Prysner…ne devrait-il pas s’en prendre à lui même »?

        Un peu facile, ce ‘tous coupables’. Cela permet d’escamoter la réalité, celle de la lutte des classes possédantes contre l’Etat et les solidarités sociales. Et donc de nier la légitimité des opprimés à se révolter.

        Oui oui, il est temps de réhabiliter la notion de lutte des classes, depuis trop longtemps escamotée par la logorrhée néo-lib’.

      4. Avatar de renou
        renou

        @jducac, « …ne devrait-il pas, au lieu de s’en prendre aux autres, s’en prendre d’abord à lui-même et non désigner des cibles comme il le fait ?… » Peut-être faudrait-il écouter tout ce que dit ce soldat?… Ca s’appelle une prise de conscience et à chaque fois qu’on prend conscience, on fait bien. C’est rare et vous en êtes la preuve.
        http://www.dailymotion.com/video/xbruag_hq-des-soldats-americains-partagent_webcam

      5. Avatar de jducac
        jducac

        @ vigneron 4 septembre 2011 à 15:15
        Désolé, très cher frère, je ne peux rien raconter sur la guerre d’Algérie, car le hasard a voulu que je passe à côté. Par contre, il s’en est fallu d’une seule place dans ma chambrée pour que je connaisse la guerre de Suez en 1956. Mon voisin, occupant le plumard d’à côté, y a participé. Je ne sais comment s’était faite la désignation des participants.

        Cela m’a donné l’occasion, grâce à votre demande, de constater qu’une guerre des monnaies avait déjà eu lieu pour mieux faire rentrer dans le rang, un grand allié de l’oncle Sam. http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_canal_de_Suez

        A l’époque, tout en appliquant déjà de bons préceptes en matière d’économie, j’étais loin de penser que, 55 ans plus tard j’échangerai sur ce sujet avec un inconnu. J’étais à mille lieues de penser que j’utiliserais un blog créé à l’initiative d’un certain Paul Jorion qui avait alors 11ans. Tout cela en profitant d’internet, un système imaginé et développé sur des crédits militaires.

        C’est beau le progrès technique. Dommage que le comportement et la morale des hommes n’évoluent pas au même rythme.

  16. Avatar de justin
    justin

    Chercher des coupables est la méthode la plus simple pour d’éviter de chercher des solutions. Le fait de traduire des banquiers en justice traduit surtout une volonté de ne rien changer dans un système qui favorise la fraude à tous les étages

  17. Avatar de jérôme
    jérôme

    @ Paul,

    Bonjour,

    Deux points de vue en apparence opposés.. A mon humble avis, il n’en est rien, simple éclairage mental différent, tentative de formulation.

    « La tolérance personnelle à la fraude »:

    Si on admet que ce trait général caractérise l’ouverture graduée aux individus des échelons des hiérarchies..tout est dit, non? Comme une ligne de code maîtresse.

    On peut « défendre » la gravité newtonienne du fait, accumulée historiquement dans les structures de toutes natures, ce côté humain à privilégier pairs, amis et proches, enfin ceux qui ont l’heur de savoir plaire par sensibilité mimétique et autres…

    Sans planification concertée, une même règle harmonico-hiérarchique, qu’on pourrait nommer capacité d’ouverture, ou citer ce si joli titre, par-delà le bien et le mal, étant supposé qu’il faut intégrer les deux pour une action transcendentale. Axiomatique de la stabilité du pouvoir, nécessité du secret d’Etat, propriété (multisens) comme pierre d’angle du droit et des relations (itou).

    « Notre » schéma moral, affectif et éducationnel de base rejette ce « pragmatisme », enfance et éducation, puis l’élargissement des interactions individu-société amène son lot de « chocs » et désillusions-apprentissages-adaptations, nous avons donc une panoplie d’idéologies et de modèles peu compatibles (en superposition, pas nécessairement en série), notre nucleus evolutionis se transformant et transformant par alchimie interactive à ces autant d’univers-réalités vibratoires que sont « les autres ».

    Madame Tavakoli est votre amie, elle exprime cette réalité sur le modus interoperandi qui est le sien dans le cadre de son action dans son milieu, pour faire du bateau près de Houat. Aléa moral de la formulation? Pas nécessairement une opposition, une résonance harmonique spatio-temporelle (nous sommes bien en univers communicant couleur amitié?)

    La maîtrise-concentration des moyens et du temps fait transpirer des interactions transversales moins visibles et sensibles en temps « plus paisibles ». Voilà tout?

    Dans le vide et la solitude
    Rien explore tout
    « Un dit vie dû ? »

    Aux « zuesses » par exemple, le « nouveau western » est le fruit des amours tumultueuses, parfois incestueuses, de « la finance trans-nationale et dimensionnelle » avec « les » justices-lois fédérales…

    Loi de l’intérêt, intérêt de la loi pour l’inversion du génitif chère à Hegel (et Marlowe), à noter:

    La loi statue sur le temps et sur l’argent, par des intermédiaires syncrétisant le rapport de force et de savoir (juridique ici).

    Le maillon faible reste « l’homme », dans un « système » plus « fort » que lui (ses gars), soumis à toutes les pressions des forces exercées (en concentration, on en sait un rayon, non?)

    L’aléa moral n’est pas un critère pertinent d’action efficiente, voire credogmatique petit livre rouge chinois. La signature maléfique, cette « odeur de sainteté » manquante, se transmet de génération en génération comme le cycle végétal et ses phases sur celui des saisons…

    Bon, ben, c’est samedi, Paul, z’espère atchoum que tu vas mieux, aaatchiiii!! Z’abrège les élucubrations diptériennes.

    Vous êtes d’accord quoi, vous refaites pas le coup du clown!

  18. Avatar de François78
    François78

    Réponse à Jean-Luc, dans le fil.

    Les banksters ont gagné de l’argent, et oui, personne ne sera puni., Mais les citoyens sont appelés à continuer de payer. A moins que les états ne montent une « contre-fraude », qui est aussi une fraude mais institutionnalisée et par le fait légalisée. Reste à trouver les mécanismes et à les mettre en place.

    Je cite un mécanisme assez en vogue : nationaliser les banques et les diviser en banque de dépots, banques d’investissement et « bad banks », ces dernières destinées à confiner les actifs pourris pour une durée indéfinie.

    Le principe des bad banks me ramène aux conseils d’une ancienne connaissance, suite à la lecture d’un livre « comment s’enrichir quand on n’a pas les moyens » : dans le cas ou l’on a des dettes (le conseil est d’en avoir un maximum), si on ne peux les contester, il faut les reconnaître (question de bonne foi !), et surtout éviter de les payer (aussi longtemps que possible).

    1. Avatar de justin
      justin

      Nationaliser les banques pour les laisser en l’etat ne suffit pas. Si vraiment on souhaitait empêcher les banques de spéculer avec l’argent de leurs clients, il faudrait les transformer en asbl…Ainsi, on supprimerait le conflit d’intérêt entre les banques et leurs clients Les banques redeviendraient ainsi ce qu’elles n’auraient jamais du cesser d’être : un organisme au service de l’économie réelle… Actuellement demander aux banques d’être au service de l’économie est une utopie.

      1. Avatar de Alain V
        Alain V

        « asbl… » = ???

      2. Avatar de Alain V
        Alain V

        Loi de 1901 = Association à but non lucratif » = ASBNL ?
        Pour l’anecdote : cette loi n’existe pas en Alsace-Moselle. Toutes les associations y sont considérées comme étant à but lucratif et doivent effectuer une déclaration annuelle aux services des impôts (j’en gère deux, et venant du Nord de la France, j’ai été plutôt surpris).
        Comme quoi, la France est diverse.
        Ce « droit local » a, en partie, sa version officielle en langue allemande, ce qui fait que l’allemand est la deuxième langue officielle en France (cf. UNESCO).
        Extrait :

        Pour les dispositions de droit local d’origine allemande, seul le texte original dans sa version allemande fait foi. En cas de difficulté de compréhension de certaines notions juridiques difficilement traduisibles ou sans équivalent exact dans la langue française, il faut se reporter au texte allemand.

      3. Avatar de chris06
        chris06

        @Justin,

        Je signale que toutes les cajas espagnoles étaient des associations à but non lucratif (fundaciones sin ánimo de lucro). Ce sont pourtant elles qui ont le plus financé le délire de bulle et de la construction immobilière espagnole (plus de logements neufs construits en Espagne (45 millions d’hab.) en 2007 qu’en France, Allemagne et Italie réunis (200 millions d’hab.)!

        Comme quoi l’asbl n’est pas un gage de financement « au service de l’économie réelle »!

      4. Avatar de Amsterdamois
        Amsterdamois

        Connaissez-vous le livre « Associations lucratives sans buts » par Pierre Patrick Kaltenbach
        Ed. Denoël, 1996 – 238 pages?
        http://www.ppkaltenbach.org/news/associations-lucratives-sans-but
        Le titre rend bien compte du contenu : ou comment la loi a pu être contournée…

        Sinon, quelque chose me gêne dans ce « mécanisme assez en vogue : nationaliser les banques et les diviser en banque de dépots, banques d’investissement et « bad banks », ces dernières destinées à confiner les actifs pourris pour une durée indéfinie. »

        Pourquoi faudrait-il laisser les banques d’affaire subsister, alors qu’elles se consacrent par nature à la spéculation? Il faut les SUPPRIMER et n’autoriser que la banque de dépôt et prêts à l’économie. Tout comme il faut interdire les cotations en continu en bourse et n’ouvrir la bourse qu’une fois par trimestre, au moment des résultats trimestriels des entreprises…

      5. Avatar de vigneron
        vigneron

        L’Association lucrative sans buts ?

        Euhhhh, la FFF, la Fédération Francaise de Foot, non ?

  19. Avatar de chris06
    chris06

    Entre l’interprétation de la dynamique de la crise présentée par Janet Tavakoli et la mienne, il faut choisir.

    Je suis entièrement d’accord avec Jorion.

    Dire que la fraude est essentiellement la cause de la crise sous entend qu’il y avait des règles strictes et qu’elles ont été systématiquement bravées, que si ces règles avaient été dûment observées ou que les infractions aient été dûment sanctionnées, il n’y aurait pas eu de crise. Or ce qui caractérise le développement du système bancaire et financier au cours des trente dernières années c’est l’explosion du shadow banking (eg hedge funds) et d’instruments financiers (eg produits dérivés) avec une absence quasi-totale de régulation. Les législateurs ont même poussé le bouchon jusqu’à enlever le peu de régulations qui existaient (eg abandon de Glass Steagall).

    La doctrine néo-libérale des marchés libres, c’est à dire celle qui prétend que plus les marchés sont libres de faire ce qu’ils veulent, plus ils sont efficients et mieux l’économie se portera, est ce qui a servi de base idéologique aux législateurs et aux institutions gouvernementales pour systématiquement opposer plus de régulation et détruire le peu qui existait.

    on oubliera la nécessité de créer une véritable « science » économique qui comprenne la dynamique des bulles et qui remplacera le discours de propagande que l’on s’est contenté de créer jusqu’ici sous ce nom.

    Les travaux des post-keynesiens, notamment de Minsky et de l’école circuitiste, constituent à mon avis une véritable « science économique » qui comprend et explique parfaitement la dynamique des bulles. Leurs travaux rejoignent parfaitement ceux de Jorion sur le caractère spontané, endogène à une économie de marchés libres capitaliste. Je suis particulièrement impressionné par la modélisation qui en a été faite par Steve Keen et la précision des résultats qu’il obtient.

    1. Avatar de chris06
      chris06

      Les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique ont plus d’importance qu’on ne le pense en général. À vrai dire le monde est presque exclusivement mené par elles. Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé. Les visionnaires influents, qui entendent des voix dans le ciel, distillent des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté. Nous sommes convaincu qu’on exagère grandement la force des intérêts constitués, par rapport à l’empire qu’acquièrent progressivement les idées. À vrai dire, elles n’agissent pas d’une façon immédiate, mais seulement après un laps de temps. Dans le domaine de la philosophie économique et politique, rares sont les hommes de plus de vingt-cinq ou trente ans qui restent accessibles aux théories nouvelles. Les idées que les fonctionnaires, les hommes politiques et même les agitateurs appliquent à la vie courante ont donc peu de chance d’être les plus neuves. Mais ce sont les idées et non les intérêts constitués qui, tôt ou tard, sont dangereuses pour le bien comme pour le mal.

      J.M Keynes, dernier paragraphe de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Magnifiques graphiques de Keen. Hautement recommandable.
      Pour les circuitistes post-keynésiens français, on peut aussi se référer aux travaux de Poulon et Parguez.

  20. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Les décideurs aiment caractériser le critère d’appartenance à leur club en termes de compétence, mon expérience de dix-huit ans m’a cependant convaincu que ce critère était en réalité d’un autre ordre : la tolérance personnelle à la fraude.

    « On reconnaît l’arbre bancaire à ses autres fruits pourris un peu partout. »

    « Tout homme ment et cela même le plus compétent des êtres dans le monde bancaire. »

    « Dans mon temps il y a beaucoup de gens très compétents mais guère peu de modestie. »

    Vous n’êtes pas suffisamment discret pour mieux faire parti d’un club de gens compétents.

    « La compétence requise de nos jours à souvent pour critère de produire plus de calamités. »

    « Rien ne sèche plus vite au monde que la larme d’un banquier après avoir fait compétence. »

    « Je fanerai partout la croissance où je rechercherai d’abord à faire concurrence de malice. »

    « Il ne faut pas apporter la gène là où règne plus grande tranquillité d’esprit chez les élites. »

    « Pour être plus qualifié et compétent, montre toi d’abord premier petit esclavagiste partout. »

    « Ah si seulement les êtres pouvaient davantage se flageller pour faire meilleure compétence. »

    « Épargner les forts et les orgueilleux, moralisez davantage les pauvres gens de la crise. »

    « Ainsi il a plu aux dieux de nous permettre de faire toujours plus de mal à l’univers. »

    « Même pour faire meilleure croissance on recherche d’abord des gens très compétents. »

    « Quand tout cela mange bien plus ensemble il n’y a plus de danger pour l’humanité. »

    « On dit encore que seul quelqu’un de plus compétent pourra sauver la compétence. »

    « Pour l’amour du gain et de la compétence généralisé le pire est encore à venir. »

  21. Avatar de Hatoup
    Hatoup

    Pyramide orchestrée et même encouragée sans aucun doute.

    – dès 2001-2002 Krugman appelait de ses voeux une bulle immobilière, il l’a eu.
    – les minutes de la FED le prouve, ils savaient qu’il y avait une bulle avant l’explosion de celle-ci [2004 je crois], mais ils ont jugé qu’il était urgent de ne rien faire et ils ont donc laissé des millions d’amércians s’endetter sur de fausses « valeurs » !
    – Dès 2004 des rapports du FBI dénoncaient la fraude massive sur les marchés hypothécaires, ces braves gens [qui ont bien fait leur travail] se sont retrouvés du jour au lendemain mutés du pôle financier vers une plus utile chasse aux terroristes,..
    – complicité des agences de notation pour accorder des notes bidon à des instruments de crédit,

    La fraude aux US a été depuis 2002 endémique, orchestrée et encouragée…
    Les organismes de supervision sont et ont été une vaste mascarade [ils existent déjà et existaient déjà avant l’explosion de la bulle] et sont donc parfaitement inutiles voire néfastes car donnant une fausse impression de sécurité.

    c’est le plus grand hold up réalsé par la plus belle bande de malfaiteurs que l’humanité ait connu… Du grand art.

    1. Avatar de chris06
      chris06

      @Hatoup,

      – dès 2001-2002 Krugman appelait de ses voeux une bulle immobilière, il l’a eu.

      Il s’agit d’une accusation malhonnète et dénuée de tout fondement véhiculée par les libertariens. Krugman n’appelait pas de ses voeux une bulle immobilière mais écrivait en 2002 que le seul moyen de sortir de la récession serait de remplacer la bulle du Nasdaq par une bulle immobilière.

      Il suffit de relire l’article en question pour s’apercevoir que ce n’est pas ce qu’il « appelait de ses voeux » mais ce qu’il pensait « aller arriver » (c’était d’ailleurs prémonitoire).

      Mais je pense que c’est trop vous en demander de vérifier les sources de cette désinformation et vous préférez plutôt continuer à la véhiculer…

      1. Avatar de Hatoup
        Hatoup

        To fight this recession the Fed needs more than a snapback; it needs soaring household spending to offset moribund business investment. And to do that, as Paul McCulley of Pimco put it, Alan Greenspan needs to create a housing bubble to replace the Nasdaq bubble.

        Et en effet prémonitoire alors qu’elle n’avait pas encore commencée et que l’on la présentait dans cet article comme la seule solution pour contrer une récession… Comme si on pouvait soigner les effets néfastes d’une bulle en en « soufflant » une plus grosse encore et encore plus néfaste. J’aurais accepté votre « explication » si dans cet article Krgman présentait cette éventualité comme le type de « voie » à ne surtout pas suivre. Ce qi n’est évidemment pas le cas,

      2. Avatar de Hatoup
        Hatoup

        D’ailleurs un des commentaires est assez documenté et reprend d’autres citations de Krugman en faveur de la création d’une bulle immobilière poar une politique des taux bas.

        Mr Krugman,

        in an interview with Lou Dobbs on July 18th, you said, “Will the Fed cut interest rates enough? Will long-term rates fall enough to get the consumer, get the housing sector there in time?”.

        On August 8th, 2001, you wrote, “Housing, long-term rates haven’t fallen enough to produce a boom there.”

        On August 14th, 2001, you wrote, “But housing, which is highly sensitive to interest rates, could help lead a recovery”

        On October 7th, 2001, you wrote, “Low interest rates, which promote spending on housing and other durable goods, are the main answer.”

        On December 28th, 2001, you wrote “The good news about the U.S. economy is that it fell into recession, but it didn’t fall off a cliff. Most of the credit probably goes to the dogged optimism of American consumers, but the Fed’s dramatic interest rate cuts helped keep housing strong even as business investment plunged.”

        If the article you referred to once a piece of policy advocacy, several of your writings prior to it clearly were. You obviously were not personally responsible for the housing bubble. But the policies you advocated clearly were. It doesn’t make you a bad person. It just made you wrong.
        – Ben

      3. Avatar de blob
        blob

        Votre brillant commentateur,il est du même modèle que ceux qui ont pris au sérieux la relance par l’invasion extraterrestre?

      4. Avatar de chris06
        chris06

        @Hatoup,

        tout ce qu’on peut dire de cet article c’est que Krugman était pessimiste quand aux chances d’une reprise et qu’il était sarcastique (comme toujours) en disant que le seul moyen de sortir de cette récession c’était de créer une bulle encore plus grande pour remplacer la précédente.

        Il a d’ailleurs continué avec le même sarcasme en 2005 quand il se demande quelle bulle va bien pouvoir remplacer la bulle immobilière. On commence a être à court de bulles, dit il!

        Ou, comme le note blob avec son article récent sur la nécessité d’une invasion extra-terrestre.

        Il faudrait peut être que Krugman arrête avec ce ton sarcastique car les libertariens de l’école autrichienne pensent qu’il appelait vraiment tout ça de ses voeux?

  22. Avatar de daniel
    daniel

    Janet Tavakoli est partie prenante du grand jeu financier US.
    La présentation de son entreprise:
     » Janet Tavakoli is the founder and president of Tavakoli Structured Finance, Inc. (TSF), a Chicago based consulting firm providing expert experience to maximize the value of derivatives and structured products and avoid getting burned. TSF consults for financial institutions, institutional investors, and hedge funds.  »

    Qu’elle puisse conseiller des hedge funds, afin de maximiser leurs investissements, montre bien que la spéculation ne lui est pas le diable absolu.
    Et elle n’est pas seule, c’est une caractéristique de la civilisation US.
    Galbraith, dans la crise de 29 a écrit:
    « Personne ne peut douter que le peuple américain demeure sensible à l’ambiance spéculative, à la conviction que l’esprit d’entreprise peut être suivi de récompense illimitée que chacun est appelé à partager »
    ( La référence à l’esprit d’entreprise est ici le fait d’entrer en bourse -spéculer- et non créer un entreprise.)

    En fait, elle y est immergée complétement. Elle en fait partie.
    Je ne crois pas hasardeux de dire qu’ elle n’écrirait jamais, comme vous, que le capitalisme est à l’agonie.

    Vous, vous vous en êtes extrait et vous l’observez de l’ extérieur.

    La fraude, cause du tout selon elle, se combat. La Justice ayant passée, le système épuré
    de ses brebis galeuse peut repartir de l’avant. ( Quant à l’action de la Justice US, il faut
    de l’espoir pour y croire. Au mieux, des pauvres comparses seront sévèrement condamnés.
    Et les sommes détournées sont irrécouvrables, sauf des miettes..)

    Il va sans dire que votre point de vue -défauts intrinsèques et chute systémique- est contraire du sien.

    Au fond, l’esprit géomètrique est inopérant. La Société humaine procède
    par bricolage de l’existant et ajustements progressifs avec de nombreux échecs et ratés.
    (Je frôle le territoire des échecs…).
    Une évolution rapide et brutale, ce serait une révolution. La « nuit du 4 Aout » n’est pas US.
    Une réforme de fond? Avec un corps électoral totalement à droite ? du rêve.
    C’est pourquoi l’Europe et la France doivent se désengager de l’american way
    en finance. Est-ce possible?

    1. Avatar de daniel
      daniel

      Au beau temps du soviétisme, les journaux (Pravda, Izvestia…) n’étaient pas interdits
      de rendre compte des grands scandales sous réserves de les circonscrire
      à un délinquant particulier.
      La remise en cause du système était impensée.
      Mais les lecteurs étaient capables de relier les faits et avoir une vue sans cesse affinée.
      Au fond, Janet n’agit pas autrement que la Pravda.

      Et Paul ? notre samizdat, bien sûr ! dissident,auto-édition
      et bouillonnement intellectuel.
      Les samizdats ont une grande part dans la chute du soviétisme.

  23. Avatar de Un Belge
    Un Belge

    Pertinence de Frédéric Lordon, encore une fois :

    Il est tellement plus facile de croire que si le capitalisme financier est en crise, c’est parce qu’il a manqué d’honnêteté, de rigueur, de transparence et de vérité des comptes. Pendant qu’on en appelle à l’éthique et qu’on se figure que la vertu va sauver le monde, au moins on ne parle pas d’autre chose. L’incrimination des individus de petite vertu fait agréablement diversion et laisse inquestionnées les structures de la finance, celles-là mêmes qui sont la cause de tout. (Et la vertu sauvera le monde, 2008)

    Un exemple concret :

    Quand éclate l’affaire Jérôme Kerviel un journaliste économique du Monde écrit Cinq milliards en fumée : Les dessous du scandale de la Société Générale. Il souligne la responsabilité du trader qui a violé les contrôles internes et truqué ses engagements. Pour Delhommais, ce n’est pas le système financier qui est coupable mais le trader : « le système capitaliste incarné par la Société générale a été victime de Kerviel »…

    Ainsi…

    Le système est parfait, sauf quelques malfaisants,
    Il faut les écarter, jusqu’à l’enfermement.
    Ainsi est rétablie l’harmonie virginale,
    Union du saint marché et du bon capital

    Lordon, D’un retournement l’autre

    1. Avatar de Charles F
      Charles F

      La dernière campagne de la SG
      serait une très belle illustration pour cet article.
      https://lh6.googleusercontent.com/-PDf6qpcj494/TYdM7gSYdPI/AAAAAAAAAWY/RGPllES6SO8/sgaffiche.jpg

      1. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        Bien vu!
        Le sentimentalisme lave plus blanc…
        … et fait disparaître toutes les taches.

  24. Avatar de anita
    anita

    Je me demande si cela est incompatible. La crise est systémique. Le capitalisme fait bulles et elles éclatent toujours. Le système porte la graine de sa destruction (Marx).
    Toutefois, la graine ne tombe des arbres. C’est plutôt un plan «immoral » pour quelques uns déprédateurs avec le moteur de la cupidité.
    La loi, l’ordre public et les bonnes mœurs ne diront pas, claire et net, que cela est « illégal » Les lois sont faites et refaites sous la pression lobbys et les politiques corrompus.
    Et voilà qu’on déplace le risque et qu’il convient faire « big » pour compter sur lÉtat.
    Le résultat est que les vices privés (pertes) sont devenus vices (dette) publics.
    Cela n’a rien « naturel » à la fin du système. Le “grand” maître de l’économie/politique est Madoff, à tolérance variable, et pas tous en prison.
    Prenons par exemple le système de “retraite”. Il a un « air » Pyramidale : ce sont les derniers entrés dans le système qui paient pour ceux qui en sortent comme pensionnés. Aujourd’hui, la population vieillie, la dépendance des gens inactifs à l’égard des gens actifs sera encore plus grande demain et la charge financière qui pèse sur les actifs va encore plus augmenter ….. Toutefois, si la « dette privé devenue publique » augmente partout à cause des sauvetages bancaires (et les règles d’or qui créent riches créditeurs privilégiés) l’équilibre des finances publiques sera une future Pyramide Ponzi ? Spontané ?

  25. Avatar de tchoo
    tchoo

    Si je lis bien Chris06 il n’y aurait fraude que lorsque des règles édictées seraient volontairement contourner pour un profit du fraudeur et nous serions dans un contexte, où l’absence de règles ne peut pas conduire à conclure à une fraude puisque aucunes ne sont transgressées.
    Même si c’est cette absence de règles qui a conduit ou accélérer l’apparition de la crise.

    la question serait alors, trop de liberté tue la liberté ou dans ces variantes:
    – le libéralisme tue la liberté, la vie
    -le capitalisme, en l’absence de règles (transgressables) est autodstructeur.

    1. Avatar de RUTILY

      Je dirais cela autrement : la loi de la jungle est dangereuse pour les faibles, et c’est la loi de la jungle que l’on instaure quand on supprime (subprime?) les règles.

  26. Avatar de Tolosolainen
    Tolosolainen

    Un exemple de l’intelligence des grands écrivains. Dans ce cas, l’Espagnol : Manuel Vazquez Montalban.
    Dans un roman de la série Pepe Carvalho, « l’homme de ma vie » écrit en 2000, il mentionne la société – club d’amis, de gens influents- fondé en 1947 en Suisse au Mont Pèlerin par Hayeck ‘pour la victoire contre les ténèbres marxistes et keynésiennes’
    Ce n’est pas la théorie du complot mais un simple fait historique qui illustre ce programme néolibéral dont PJ a souvent parlé – et que l’Europe envers et contre tous, malgré son échec total, continue à vouloir mettre en place.
    Comme dans tous ses romans le plaisir de la lecture est associé à des analyses fortes et truculentes de notre monde néolibéral. Je ne résiste pas à le conseiller aux lecteurs du blog!

    1. Avatar de hema
      hema

      +1 sur Montalban
      Grand connaisseur et magnifique conteur, au-delà des turpitudes néo-libérales, de la nature humaine.
      2 superbes romans pour donner envie de tout lire:
      « Ou Cesar ou rien » http://www.amazon.fr/C%C3%A9sar-rien-Manuel-V%C3%A1zquez-Montalb%C3%A1n/dp/2020419467
      « Le quintette de Buenos Aires » http://www.amazon.fr/Quintette-Buenos-Manuel-Vasquez-Montalban/dp/2020386666

  27. Avatar de Geneviève
    Geneviève

    Les comportements frauduleux ne peuvent ils pas être considérés comme systémiques dans le modèle? Autrement dit, sans qu’une personne en position supérieure (ou un groupe de personnes en position supérieure et de manière concertée) ne décide quelque chose, la fraude aura nécessairement lieu avec une fréquence telle qu’elle va venir alimenter le processus?

    Encore autrement dit : si une personne plongée dans ce système et dans cette culture a la possibilité de frauder, elle le fera selon une probabilité n.

    Ca en fout un coup à la liberté individuelle certes. Mais est ce si nouveau que cela?

    « Plus une organisation est monumentale et plus son immoralité et sa bêtise aveugle sont inévitables (Senatus bestia, senatores boni viri : les sénateurs sont des hommes bons et le Sénat est une bête cruelle). » Karl Gustav Jung, dialectique du moi et de l’inconscient.

    1. Avatar de Un Belge
      Un Belge

      Et Brassens :
      « Le pluriel ne fait rien à l’affaire: dès qu’on
      Est plus de quatre, on est une bande de cons »

      1. Avatar de roma
        roma

        et son ami Paco.

      2. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        @ roma

        Merci !

    2. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, j’ai posté en disant un peu la même chose, en proposant un continuum
      « Jorion, modèle systèméique continu (à démentir) »
      « Naomi Klein, modèle où on profite du discontinu », pas de la fraude (Shock Doctrine, commencée par Pinochet un certain 11 septembre (1973) )
      « Tavakoli, modèle basé sur la fraude » sans voir que la fraude est facilité par l’impression de « nouveau, différent » (un CDO^2 c’est différent d’un CDO, non ?)

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