Billet invité.
Le projet de sauvetage de l’euro prend une drôle de tournure. En premier lieu car les deux pays qui sont appelés à bénéficier à leur tour d’un plan de sauvetage continuent de chercher le moyen d’y échapper (pour un temps compté). En second parce que c’est au nom de la démocratie – afin d’éviter un abandon de souveraineté – que des mesures de rigueur accrues sont pour ce faire mises en vigueur. « Nous allons le faire par nous-mêmes sans que l’on nous y oblige » est le discours qui est tenu. En Italie, on voit par ailleurs monter une offensive contre le gouvernement de technocrates de Mario Monti téléguidée par un Silvio Berlusconi prêt à endosser le costume racoleur du sauveur de la patrie en danger en renouant avec l’histoire.
Trouver un habillage démocratique à une stratégie de désendettement perdante mais réaffirmée semble être le principal souci, maintenant que la BCE a défini un nouveau cadre pour son intervention, qui ne nécessite plus l’augmentation sans fin des moyens financiers du FESF/MES. Car elle est prête à agir sous conditions, à charge pour ces derniers d’en faire prévaloir les conditionnalités auprès des représentants des États nécessiteux. Joli partage des taches.
Dans un article publié par le Financial Times, Lorenzo Bini Smaghi compare cette intervention de la BCE – dont il vient – à une « bouée de sauvetage » qui lui est tendue. Ses modalités devraient selon lui « réduire les stigmates attachés à un programme d’ajustement », en raison notamment de l’abandon de la priorité de remboursement de la banque centrale par rapport aux autres créanciers, qui devrait contribuer à diminuer les tensions sur les taux des pays en cours de sauvetage. « La question importante est la légitimité démocratique des institutions responsables des décisions » poursuit-il, relevant que « dans ce cas, il s’agit de l’Eurogroupe. Soit il est considéré comme légitime, soit il doit le devenir aussitôt que possible. »
N’est-il pas normal que quelques hésitations se fassent sentir, alors qu’il a été choisi de poursuivre la stratégie de désendettement qui a déjà donné de tels piteux résultats ? Les dirigeants politiques ont le souci de rester en selle, de ne pas apparaître désavoués en raison de leur incapacité à maitriser une situation qui les a dépassés.
La polémique vite éteinte entre le gouvernement allemand et Mario Monti est exemplaire des préoccupations actuelles. Ayant déclaré au Spiegel « si les gouvernements devaient se laisser complètement brider par les décisions de leurs Parlements sans préserver leur espace de négociation, l’Europe risque davantage d’éclater que de renforcer son intégration », le président du conseil italien s’est entendu répliquer par Georg Streiter, porte-parole du gouvernement allemand : « les décisions des gouvernements doivent avoir une légitimité démocratique. La chancelière a conscience qu’en Allemagne les textes de loi doivent être soutenus par le Parlement et que celui-ci doit participer à leur élaboration », et a du ensuite assurer « n’avoir souhaité en aucune façon une limitation du contrôle parlementaire sur les gouvernements, qui, au contraire, doit être renforcé ».
Avec la Grèce, une nouvelle épreuve attend les dirigeants européens. Ils cherchent à échapper – une fois les partis de la coalition grecque au pouvoir parvenus à se mettre d’accord sur le programme complet de mesures de rigueur que l’on attend d’eux – à une perspective qui se dessine. Celle de devoir restructurer la dette grecque à nouveau, cette fois-ci au dépend de la BCE, des banques centrales nationales et du FESF (car le FMI, qui y pousse, ne peut pas être atteint).
Décidément, la stratégie adoptée n’est pas dans les moyens de ceux qui doivent l’appliquer. A cette contradiction financière de base s’ajoute désormais une autre plus politique : comment la faire accepter en lui donnant l’onction démocratique de rigueur sans en subir en retour le contre-coup ? Lors des épisodes précédents, les consultations électorales ont permis de sortir ceux qui étaient tenus pour responsables au profit de leur opposition. Qu’en sera-t-il au prochain tour ?
Par ailleurs, faire « rouler » aux bons soins de la BCE la dette souveraine d’un nombre de plus en plus grand de pays de la zone euro est-il une solution durable ? Comment sortir de ce schéma une fois que l’on y est entré et que la récession empêche de respecter les objectifs fixés par des plans de sauvetage en cascade ? Rien ne sera pour autant réglé, c’est toute la limite avouée par Mario Draghi de l’action de la BCE.
96 réponses à “L’actualité de la crise : ON RECHERCHE CAUTION DÉMOCRATIQUE, par François Leclerc”
Informations supplémentaires concernant les enregistrements des vidéoconférences de Tepco.
http://fukushima-diary.com/2012/08/tepco-we-dont-know-but-lets-say-reactor3-had-a-hydrogen-explosion-because-nisa-said-so/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+FukushimaDiary+%28Fukushima+Diary%29
http://fukushima-diary.com/2012/08/tepco-what-a-waste-to-inject-sea-water-to-reactor2/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+FukushimaDiary+%28Fukushima+Diary%29
Si ces Messieurs Dames qui nous gouvernent commencent à se soucier d’habiller leurs politiques de « démocratie », c’est qu’il y a probablement le feu au lac et qu’ils envisagent sérieusement de s’en passer de la démocratie. Après « l’Euro est irréversible! » nous allons entendre « la démocratie est irréversible! ». Nous saurons alors qu’un pas supplémentaire vers la servitude aura été franchi.
à la fin ce sera la faute des ploucs
sans illusion
ils sont en train de retourner le discours pour faire croire que ce sont tous ces peuples de niais qui ne votent même plus sauf pour élire Miss Univers qui sont la cause de tout
donc prochaines salves en direction de la démocratie poubelle en vue.
Le désarroi de l’élève Monti …l’étrange silence de la France, Le taureau Espagnol qui se prend pour un renard, l’Angleterre qui amasse de l’or aux JO , quoi d’autre ? Angela Merckel qui défend ses sous, elle sait d’où elle vient mais aussi la démocratie, elle sait d’où elle vient. je me pince deviendrai-je germanophile ? Poker de Poker le pot à 2 000 milliards ! la fébrilité monte cran par cran ! la Grèce bientôt Turque ? va savoir ? pas sûr qu’elle en veuille …la Grèce a perdu la partie, d’une façon ou d’une autre, c’est plié. désole pour le symbole qu’elle représente.
L’Islande la maline qui se sort, dans le plus grand silence et la plus grande démocratie,de son merdier dans lequel ses banques l’avaient mise. l’automne sera chaud pas comme l’été , mais les vrais problèmes sont déjà ailleurs, l’ UE restera mais ne sera plus comme avant, la dérive est ailleurs. Obama se rappelle que l’Europe existe, il téléphone à droite à gauche, en bras de chemise blanche et la veste est où ? le Japon est le mistigri 2013, quel sera le comportement de la Chine ? comment va-t-elle se reconvertir ? je plaide pour leur envoyer Barosso et quelques joyeux comparses, nous ne pourrons pas réindustrialiser notre monde, c’est plié, mais nous pouvons véroler le reste du monde avec cette peste technocrate. nous n’avons plus rien à perdre reprenons le cours de l’histoire qui est de faire ch…le monde, comme d’hab. ! le monde ne sera jamais européen et je n’ai pas envie de devenir comme le monde . sur ce bonjour chez vous .
Les catastrophes et leurs conséquences.
« Les ruptures violentes de la routine qui se produiront sans doute dans les années à venir pousseront plutôt l’inconscience vers les protections disponibles, étatiques ou autres. Non seulement on ne saurait espérer d’une bonne catastrophe qu’elle éclaire enfin les gens sur la réalité du monde dans lequel ils vivent (ce sont à peu près les termes mêmes d’Orwell), mais on a toutes les raisons de redouter que, face aux calamités inouïes qui vont déferler, la panique ne renforce les identifications et les liens collectifs fondés sur la fausse conscience. »
Jaime Semprun. L’abîme se repeuple. 1997. Editions de l’Encyclopédie des nuisances.
Ca et autre chose : une prise de conscience accélérée de l’inanité de la richesse comme, à la révolution, de nombreux nobles prirent conscience de l’inanité de la notion de noblesse.
Delphin roturier
dans tous les cas désespérés toujours faire retour sur soi . sans doute n’y trouve -t-on personne d’emblée, mais sait-on jamais ? ce qui est toujours étonnant , demeure ces formes de ressemblances qu’on porte tous avec nos ancêtres respectifs . ce qui nous laisse encore un peu d’espoir malgré tout : que la continuité puisse s’assurer , et servir de leçon , au moins par le jeu de l’absence . là, notre existence n’est pas complètement vaine , et même, elle peut être joyeuse, assez libérée des jougs qui l’oppriment . on relativise . cela donne moins de forces à ceux qui arrachent les arbres . ( propos décalés du J.O. (Journal Officiel) 😉
« rouver un habillage démocratique à une stratégie de désendettement perdante », c’est trouver l’amateurisme dans les J.O. des Murray, Federer, Parker, Alba, Montoya, Phelps, Vinokouroff et plus si euroaffinités, dont le simple logo a coûté 590 000 euros.
Les amateurs ne sont pas les acteurs nommés sportifs, mais ceux qui les regardent et qui croient tout ce que le spectacle leur enseigne.
Le vrai nom de l’amateur est cave.
Tu en conclues donc qu’il faudrait que le cave se rebiffe ?..
à Contempteur,
Et quand le cave se rebiffe il fait quoi du grisbi ?
Dans la série ça s’accélère, un article de Martine Orange sur le site Médiapart : l’été de tous les dangers.
Cet article évoque la convergence remarquable de l’effondrement économique partout où elle est développée.
Je ne comprends pas le ton général de l’article qui semble regretter ces « mauvaises nouvelles ».
Ne croyons non plus que ce sont de bonnes nouvelles.
« en raison notamment de l’abandon de la priorité » rhooo j’ai eu rêve d’un quart de seconde,
j’avais compris « en raison notamment de l’abandon de la propriété », tant pis 🙂
high frequency dreaming?
et après la débandade
probablement le soleil se lèvera encore à l’est ( en France) et on pourra envisager de continuer la routine de tous les jours.
Plaît-il ?
zero pointé coté poésie humour sens de l’absurde
de la déconnade
rien
juste champion en ergoterie
mais pour vous
rien que pour vous il se lèvera à l’ouest
(j’ai cru que vous étiez en vacances
vous avez failli me manquer)
Très fade ergoterie, à la limite ergotisme, mieux ergotage, parfait ergotillage.
saoulant le Vigneron!
La Poutine de tous les jours. Non merci. Continuer la routine de tous les jours. Non merci.
Est-Est / droite et extrème.
Non,
non,
et non !
Selon Libération et Le Nouvel Observateur Madame Merkel aurait déclaré qu’il fallait trouver :
« Une démocratie compatible avec les marchés ».
Tout est dit ! plutôt que de réglementer les marchés qui perturbent le fonctionnement de nos démocraties, Madame le Chancelier cherche à modifier notre démocratie. On ne saurait avouer plus clairement l’inversion des valeurs, la primauté de l’économique sur le politique. Alors même que l’absurdité de l’allocation de ressources par des marchés non contrôlés est patente.
Ce que sela signifie et qui ne peut être dit clairement, c’est que le capitalisme industriel avait fabriqué la démocratie* sous sa forme représentative et que le capitalisme financier dont la dirigeante allemande, comme ses pairs, veut croire, et faire croire, qu’il a encore un avenir, a besoin d’une démocratie* d’experts, de ceux qui savent définitivement non pas ce qui est bon, mais ce qui est possible.
Note. Le mot démocratie* est ici utilisé selon le sens que lui accorde la domination et non selon son sens vrai possible. On devrait alors parler de démocratie vraie avec des citoyens directement intéressés à la vie et à la conduite de leur cité.
C’est pas neuf le concept merkélissime en question. Ça date de près d’un an an, 1er septembre 2011, déclaration à la radio allemande Deutschlandfunk.
En developpé-couché (un peu à l’arraché kamême aussi) ça donne :
Klar ? Jawohl Frau General !
@Rahanne
C’est un mec tu vois, faut le connaître; et quand on le connaît…Faut le connaître, tu vois..