VIVE LA GRANDE LUTTE HÉROÏQUE DE LA JEUNESSE DE HONG KONG ! par François Leclerc

Billet invité.

Entamé le 28 septembre dernier, le mouvement prodémocratie de blocage d’Admiralty, le quartier des affaires de Hong Kong, se poursuit envers et contre tout après s’être étendu à Causeway Bay, l’un des principaux quartiers commerçants. Des dizaines de milliers de jeunes étudiants et de lycéens, filles et garçons mélangés, ont pacifiquement occupé les rues et avenues, érigeant des barricades, faisant d’un simple parapluie leur emblème et leur protection tout en bénéficiant de la sympathie de la population, leur plus solide rempart. Le fantôme de Tian’anmen était dans les têtes, en premier lieu dans celles des autorités centrales chinoises qui n’ont ni pu ni voulu renouveler leur réaction sanglante d’alors en raison de ce rapport de force.

Ni les charges policières brutales, ni l’emploi des hommes de main des Triades n’ont pu venir à bout de la détermination des manifestants. Les tentatives de désamorcer le mouvement avec un simulacre de concertation ont tourné court, tandis que les embouteillages et les dysfonctionnements apportés à la vie quotidienne des habitants de Hong Kong se sont révélés être à la longue leur principal ennemi. Toute mobilisation massive de cette nature n’a forcément qu’un temps : elle se doit de déboucher, au risque sinon de s’effilocher. Pour autant, l’histoire immédiate n’est pas finie, car l’opinion publique est sensible aux exactions policières qui viennent d’intervenir en raison de la jeunesse des manifestants.

Le mur qui existe entre les territoires de Hong Kong au statut spécial et la Chine continentale n’est pas assez étanche, quelles que soient les dispositions prises afin de laisser les Chinois dans l’ignorance du mouvement. Toute proche, la province de Canton entretient d’étroites relations avec Hong Kong et le maillage de la surveillance d’Internet – ce Samizdat à la puissance mille – n’est jamais assez fin. La tentative de libéraliser l’économie chinoise tout en maintenant intacte l’emprise sur la société du parti-État est un pari impossible. En refusant d’accéder à la revendication d’élections libres et de candidats librement choisis à Hong Kong, la direction chinoise se condamne elle-même à voir le mouvement actuel rebondir ailleurs et sous d’autres formes.

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