Progrès en philosophie naturelle, le 22 août 2019 – Retranscription

Retranscription de Progrès en philosophie naturelle, le 22 août 2019. Ouvert aux commentaires.

Bonjour,

Nous sommes le jeudi 22 août 2019. C’est les vacances encore, heureusement : les vacances, ça me permet de travailler une journée entière sur un sujet particulier sans devoir aller faire autre chose et de pouvoir penser un petit peu et, vous l’avez vu, de faire des vidéos comme ça me vient, ne pas être limité par le fait que je n’ai pas accès à la wifi, etc.

De quoi je vais vous parler ? Aujourd’hui, ce ne sera pas le Brexit. Ce ne sera pas Trump. Ce ne sera pas mes réflexions en finance ou en économie. Ça se raccroche plutôt aux choses que je fais qui étaient les choses que je faisais quand j’avais une carrière de scientifique à proprement parler, quand j’étais jeune professeur, quand j’ai pu faire un peu de recherche. À l’intérieur de ça, j’ai fait des choses de manière un peu systématique, effectivement, en anthropologie, en anthropologie économique surtout. J’ai écrit ce livre Comment la vérité et la réalité furent inventées qui est une réflexion de type anthropologique mais qui s’intéresse à l’histoire de deux concepts dans notre culture : les concepts de vérité et de réalité, dont je souligne toujours que ce ne sont pas des choses évidentes, la preuve étant que la Chine a très bien pu se développer sans avoir des concepts de cet ordre-là.

Mais à l’intérieur de cette réflexion de type scientifique que je mène, il y a deux textes que j’ai produits, qui ne sont d’ailleurs pas dans des livres, qui sont des choses assez atypiques. Le premier a été publié dans la revue « L’Homme » qui est la revue d’anthropologie. Ça n’était pas vraiment à sa place puisque c’était une réflexion de type psychologique, psychanalytique, et l’autre a été publié dans un cahier du Collège international de philosophie, dont vous connaissez sans doute l’existence, qui est une revue qui se trouve à Paris.

Le premier, c’est un texte qui s’appelait « Le secret de la chambre chinoise » et c’est une réflexion sur la volonté et sur le fait que ce concept ne renvoie en réalité à rien, par rapport à ce que nous savons d’une réalité factuelle, mais ce concept est non seulement apparu mais il est essentiel dans notre culture. On ne pourrait pas exercer la justice sans la notion d’une volonté, d’une éventuelle « préméditation », du fait que quelqu’un veut véritablement faire quelque chose, qu’il l’a peut-être « répété » mentalement avant de le faire, etc. Tout ça est lié à une réflexion à partir de la notion de volonté qui se dissout au moment où on l’examine, ce qui pose des questions d’ailleurs pour l’exercice de la justice.

Dans ce texte, j’avais tiré les conséquences des travaux de M. Benjamin Libet, un psychologue américain qui avait découvert des choses sur cette absence de la volonté. Il l’avait découverte expérimentalement et il ne s’était jamais réconcilié jusqu’à sa mort avec ce qu’il avait trouvé. Il avait essayé ou bien de trouver les erreurs dans ses expérimentations, ou bien essayé de produire même de la physique un peu délirante avec la volonté qui remonterait le temps à l’envers, pour essayer de sauver la volonté. Mais il n’est pas nécessaire de sauver la volonté. On peut analyser ce qui se passe sans ce concept, mais ça remet fort en question ce sentiment intuitif que nous avons, que nous prenons des décisions et que nous faisons les choses ensuite, en fonction de ces décisions. C’est un premier texte qui s’appelle donc « Le secret de la chambre chinoise ».

Et puis, j’ai produit un autre texte qui s’appelle « Pourquoi nous avons 9 vies comme les chats ? » et là, c’était une réflexion à la suite d’un incident où une jeune femme que je connais, et dont le nom se trouve d’ailleurs par coïncidence [aujourd’hui] en première page du Monde, traverse imprudemment une rue et il se passe quelque chose ou il ne se passe rien mais il me vient une réflexion qui débute dans la nuit sur le sentiment qui a été le mien à ce moment-là, que j’ai vu deux choses contradictoires simultanément. Ça reste un rêve, mais ça me conduit à une réflexion sur le modèle de la physique quantique produit par M. Hugh Everett, un physicien américain, qu’on appelle l’approche de la physique quantique en termes de mondes parallèles, où l’on n’aurait pas de phénomènes d’un type ambigu comme nous le voyons [dans l’interprétation standard de la physique quantique, due à Niels Bohr], où des particules se trouvent dans des états qui apparaissent comme superposés au niveau quantique. Qu’en fait, [dans l’interprétation d’Everett] il y aurait deux mondes en train de se séparer, correspondant chacun à un des deux états.

Et là, dans mon papier, je réfléchis aux conséquences que cela aurait pour notre représentation de nous-mêmes si cette interprétation de la physique était correcte, était la bonne. Et ça conduit à des choses paradoxales comme, par exemple, le fait que, dans des univers qui n’arrêtent pas de se scinder, nous avons une chance extraordinaire puisque le phénomène de la conscience : le fait que nous sommes conscients, fait que, dans un monde où nous sommes morts, notre conscience n’est pas là, est absente, et dans un monde où nous sommes vivants, notre conscience est là, est présente, quelle que soit la probabilité d’être dans l’un ou l’autre de ces mondes.

Je parle bien entendu, à ce propos-là, de l’expérience de pensée du chat de Schrödinger. Une « expérience de pensée » en français mais, ce qui m’interrompt, c’est, à partir d’une expression allemande qui dit simplement « expérience mentale ». Une fois de plus, un mauvais traducteur, ce n’est pas la première fois… On confie toujours le soin de traduire les choses importantes à de mauvais traducteurs, des gens qui ne connaissent pas bien la langue qu’ils essayent de traduire. L’« expérience mentale », ou « expérience de pensée », du chat de Schrödinger.

Le bénéfice de mon analyse, c’est que des systèmes philosophiques qui paraissent contradictoires à première vue, comme celui de Leibniz et celui de Descartes, celui de Hegel par rapport à celui de Descartes et celui de Leibniz, qu’en fait, paradoxalement, de manière surprenante, si on imagine les choses à l’intérieur de ce cadre de la physique quantique telle qu’interprétée par Hugh Everett, les contradictions entre ces différentes approches disparaissent. On peut concilier à ce moment-là Descartes, Leibniz et Hegel sans difficulté. C’est quelque chose d’important pour la philosophie, si on arrive à faire ça.

Et là, je suis en train de faire autre chose mais dont je m’aperçois que ça va être le complément, le complément des deux premiers. Les deux premiers impliquent un décentrement. Si ce qu’on voit est vrai, si certaines hypothèses en physique sont vraies bien que ce soit les moins intuitivement assimilables, ça a des conséquences importantes.

Le 3ème élément, il est produit par cette demande qui m’est faite de faire une intervention devant des théologiens le mois prochain, au mois de septembre, et ça m’a conduit de fil en aiguille à produire un texte qui sera peut-être, je dirais, le complément, qui permettra de mettre ces deux premiers textes ensemble avec celui-là à l’intérieur de ce qu’on appelle – une discipline dont on parle très peu, qu’on appelait la philosophie naturelle.

La philosophie naturelle, qu’est-ce que c’était ? C’était un terme qu’on utilisait avant le développement de la science moderne, avant les Galilée, avant les Kepler, les Copernic, les Newton, les Leibniz. Il y avait une réflexion qui intégrait à la fois le savoir, ou en tout cas les interprétations associées à la théologie, et celles relatives au monde naturel.

Vous savez que dans l’université médiévale, le programme, c’était, pour tout ce qui est du naturel : Aristote. On n’avait pas encore trouvé l’erreur en physique chez Aristote [que Galilée corrigerait par la loi d’inertie, qu’il serait le premier à formuler]. Le système d’Aristote semblait complet comme description du monde naturel. Et pour tout ce qui est du surnaturel, les Écritures, l’Ancien testament et le Nouveau testament.

C’était là la division des compétences qui existait, mais il y avait aussi la possibilité d’une réflexion qu’on pourrait appeler « méta », qui serait en altitude, une réflexion en altitude qui porterait à la fois sur ce dont parle la théologie et ce dont parle la science.

Mon exposé s’appellera : « Progrès en philosophie naturelle », pour lui donner un titre, parce que ce que j’essaye de faire, c’est de reprendre ce projet de la philosophie naturelle qui, dans les temps modernes, avait été repris par une seule personne véritablement – si, il y a quelques historiens, philosophes des sciences, qui ont montré leur sympathie envers ça, comme Pierre Duhem, Emile Meyerson, mais du point de vue de la philosophie même, c’est Hegel – au point d’avoir produit l’irritation des savants [en particulier avec sa dissertation en 1801 sur L’orbite des planètes]. Quand Hegel pose des questions, du genre : « Quand vous me dites que les mathématiques, c’est une description correcte du monde. C’est un peu court. Qu’est-ce que vous voulez dire ? Qu’est-ce qui se passe entre ces nombres et le monde tel qu’il est ? », chose qui irrite souvent certains mathématiciens, certains scientifiques pour qui il paraît évident, comme pour [le physicien Eugène] Wigner (1902-1995) qui disait : « Il y a cette ressemblance, cette coïncidence – encore plus que ça – cette congruence incroyable entre les nombres et le monde qui est le nôtre ».

J’ai eu moi en particulier comme professeur de mathématiques à Paris, à l’Ecole pratique des Hautes Études, M. Georges-Théodule Guilbaud qui était plus proche de la philosophie naturelle, qui disait : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Wigner ? Ça ne colle pas du tout ! Prenez un carré, essayez de mesurer la diagonale dans la même unité que le côté ! Prenez un cercle et essayez de mesurer la circonférence ou la surface à partir du diamètre et vous tombez sur un nombre absolument infini ! Il n’y a pas du tout de coïncidence entre les nombres et le monde ! ». Si, ça peut se faire de temps en temps. Il y a moyen de faire de la science. Il y a des endroits où ça tombe juste mais sinon, disait Guilbaud, en général, c’est une question d’approximation. Oui, on peut dire 3,1416… : on appelle ça « pi » ou alors pour la diagonale du carré, on appelle sa mesure : « racine carrée de 2 », etc., mais c’est du bricolage !

La réflexion que je mène en ce moment, elle prend son point de départ dans quelque chose que j’ai déjà écrit. J’en ai fait un petit bout dans un papier pour le magazine Quinzaines récemment, dans une petite blague à propos de l’intelligence artificielle. Elle vient d’un mathématicien. C’est un mathématicien dont vous connaissez le nom : [René Thom]. Il est mort il y a quelques années. Il s’est rendu célèbre par la théorie des catastrophes. Il y a eu en particulier un débat, c’était dans les années 80 si j’ai bon souvenir [1980 et 1981]. Le bouquin auquel cela a donné lieu a été publié en 1990. Ça s’appelle : La querelle du déterminisme. Parmi les auteurs de ce livre, il y avait en gros, deux camps. Il y avait dans la liste, le camp défendu par René Thom, et peut-être Petitot, et, en face, il y avait le camp défendu par des gens comme [Henri] Atlan, [Antoine] Danchin, Edgar Morin, Prigogine, Isabelle Stengers.

Du côté du déterminisme, on avait donc Thom et quelques personnes avec lui et, du côté du non-déterminisme, du hasard comme étant le principe directeur du fonctionnement du monde, on avait des gens rassemblés en particulier à l’époque autour du livre La nouvelle alliance (1978) de Prigogine et Stengers.

J’ai cité un passage des interventions de Thom dans mon livre qui s’appelle Comment la vérité et la réalité furent inventées. Ce n’est pas central, c’est tout à fait périphérique : j’en parle dans une note en bas de page. Mais, la thèse de Thom m’avait paru extrêmement convaincante, non seulement convaincante mais il explique aussi très très bien, non pas que les autres se trompent mais pourquoi et en quelle manière les autres se trompent. D’un point de vue purement mathématique, et en faisant référence à la physique, il montre où sont les erreurs de raisonnement des autres, chose qui va dans le sens de mon propre point de vue, il attribue à Husserl et à Heidegger, à leur mauvaise influence, le fait que ces gens se fourvoient.

Qu’est-ce qu’il dit essentiellement Thom ? Il dit que l’apparence de non-déterminisme dans notre monde est due non pas à un « mauvais usage », mais à un usage « incomplet » des méthodes que les mathématiques proposent. Ce qui donne l’illusion de non-déterminisme, c’est le fait que le problème n’est pas appréhendé dans le cadre du nombre de dimensions suffisant.

Dans ce petit article, « Comment la singularité nous rendra obsolètes », je parle de « projections ». Imaginez quelque chose qui se passe à l’intérieur d’un cube, par exemple une trajectoire qui a lieu, un serpent qui se déplace à l’intérieur du cube et que vous avez simplement un projecteur venant d’en haut qui projette ce qui se passe sur une feuille en-dessous. Si le serpent se déplace horizontalement, à ce moment-là, dans le cube, on verra projeté un serpent qui se déplace et on reconnaîtra son mouvement. Mais si, à un autre moment, le serpent se meut de manière quasi verticale à l’intérieur du cube, son mouvement sera quasiment ininterprétable. On ne comprendra pas ce qu’on voit. Pourquoi ? Parce qu’une partie de l’information, celle de la 3ème dimension, a disparu.

Que nous dit Thom ? Thom nous dit : « Si un processus physique nous apparaît comme non-déterministe, c’est parce qu’on le représente dans un espace inadéquat [avec un nombre insuffisant de dimensions] : il faut alors ajouter des dimensions supplémentaires. Il faut ajouter des dimensions cachées jusqu’au moment où l’apparence de non-déterminisme disparaît ». C’est une question de manque de moyens, de mauvais cadre dans lequel on analyse les choses si des processus à l’intérieur de notre monde apparaissent comme n’étant pas déterministes.

Vous le savez, l’expérience que nous avons du monde n’est elle pas déterministe. Nous pensons que nous disposons du libre-arbitre et nous pouvons en donner comme preuve, par exemple, ces conflits qu’évoquait saint Paul, Paul de Tarse, quand il disait : « Ma chair veut faire ceci. Mais mon esprit veut faire ça. Mon inconscient, ma libido veut faire telle chose, et ma volonté, ma raison, me dit de faire telle autre chose ».

On nous dit, quant on est enfant : « Il y a des devoirs et les devoirs, c’est d’oublier ce que ton corps te dit que ça te ferait plaisir de faire. Mais ta raison te dit de faire et ton devoir, c’est de faire ça, etc. ». Nous pouvons vivre à l’intérieur d’un monde où nous percevons tout ce qui se passe comme étant l’exercice du libre-arbitre et, en même temps, nous donner des morales, des préceptes, qui nous permettent, en cas de conflit, de résoudre cela.

On pourrait imaginer que nous vivons dans un monde simplement à 4 dimensions : 3 dans l’espace, celles dont je parlais tout à l’heure, + le temps, quand on veut intégrer le devenir : le fait que les choses changent, que je vais me lever tout à l’heure, etc. Il faut ajouter le temps.

Nous vivons dans ce monde à 4 dimensions mais il n’est pas certain que le monde physique, véritablement, autour de nous ne soit qu’à 4 dimensions. Il y a d’ailleurs des hypothèses comme la théorie des cordes qui nous expliquent le monde avec un certain nombre de dimensions supplémentaires et on pourrait imaginer, à la suite de Thom, qu’en ajoutant quelques dimensions supplémentaires, notre parcours à nous, qui nous paraît guidé par le libre-arbitre, avec des choix, qu’en fait ce parcours soit déterministe : que nous soyons simplement dans la même situation que quelqu’un qui essaye d’interpréter cette image d’un serpent qui se déplace quasi-verticalement dans un cube : de ne pas comprendre à un certain moment ce qui se passe parce que ce n’est pas clair, parce qu’il manque un élément d’information.

Alors, pourquoi la philosophie naturelle ? Est-ce qu’il y a moyen de remettre la théologie, ou une réflexion de type théologique, là-dedans ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui le justifierait ? Il y a le fait que, dans l’Esprit des lumières, on s’est dit : « On va faire de la physique ». Des gens comme Galilée, c’est ça. C’était bien compris dans le camp d’en face. À l’aide des nombres, à l’aide des équations, on va pouvoir TOUT expliquer. Et cette notion de Dieu, elle va disparaître entièrement. Quand, selon l’histoire – l’anecdote – Napoléon regarde Laplace et lui dit « Monsieur Laplace, Cher astronome, où se trouve Dieu dans votre système ? ». Laplace lui dit : « Il n’y a pas de nécessité pour ce concept à l’intérieur de mon système ». À partir de cette conception laplacienne, on pourrait imaginer que, quelques siècles plus tard, la notion de Dieu aurait disparu entièrement. Ce n’est pas le cas. Il y a un résidu.

La question qui se pose : est-ce qu’il y a un rapport entre ce résidu et le fait que nous n’appréhendons peut-être pas dans quel monde exact, en termes de dimensions, nous vivons ? C’est ça la notion que je suis en train de décomposer.

Il y a des gens qui ont déjà réfléchi là-dessus bien entendu, pas exactement dans les termes que j’utilise, pas dans le prolongement de la réflexion de René Thom, sûrement, mais il y a des gens qui ont réfléchi à ces choses-là de telle manière qu’on pourrait dire que ce que j’essaye d’écrire se trouve déjà en filigrane chez eux, en particulier chez Hegel.

J’ai montré le livre La querelle du déterminisme. [PJ montre le livre à la caméra]. Il y a un livre, c’est un livre extraordinaire. J’en parle pas mal : Occidental Eschatology par Jacob Taubes. C’est un monsieur dont je parle beaucoup dans mon livre qui s’appelle Défense et illustration du genre humain : je le mets dans une liste – je ne sais plus – de 11 noms de phares de la pensée, avec des gens comme Hegel, comme saint Paul, les noms que je viens de citer. Je mets Taubes parce que Taubes opère une synthèse extraordinaire. Si vous voulez, on l’appelait « théologien » quand il vivait. Il n’a pas vécu très longtemps. Il est mort il y a pas mal d’années [1923-1987]. La synthèse, c’est publié dans les années 40 [1947].

Ce que Taubes fait, c’est de la philosophie naturelle si vous voulez. Il se place en altitude et s’interroge sur des notions comme la science avec la physique d’un côté, des notions qu’on utilise tous les jours comme Dieu, non seulement Dieu mais des notions comme amour, en particulier avec la théorisation extraordinaire que fait saint Paul, Paul de Tarse, à partir de ce qui est dit par Jésus-Christ.

Paul de Tarse crée un système. Il produit une véritable théorie et vous le savez, ce qu’il dit sur l’amour, ça a été lu à l’enterrement de Johnny Hallyday. C’est quelque chose qui est absolument parlant pour nous. Quand saint Paul parle de Dieu, quand il parle de l’amour, il en parle comme quand Aristote parle de la logique, comme un grand savant. C’est un grand savant chez nous, comme Aristote. En Chine, vous le savez, il y a deux grands savants de stature équivalente : un qui a sûrement existé, Confucius, et un qui n’a sans doute pas existé, Lao Tseu, qui nous a parlé du Tao, de la voie.

Cette notion de la voie dans la philosophie chinoise – qui est une philosophie athée, il n’est pas question de théologie là-dedans – cette notion de Tao reprend d’une certaine manière les choses dont je vais parler. Cette notion de Tao, c’est un peu à la rencontre de ce qu’est Dieu dans notre pensée occidentale + l’amour. L’amour + Dieu, c’est une notion qui s’apparente au Tao.

Donc, voilà ce que je suis en train de faire grâce à ce que je trouve chez les gens qui ont déjà réfléchi à tout ça, chez Taubes, chez Hegel. Il y a pas mal de théologie vous le savez chez Hegel, quand il est jeune surtout. Dans ce livre-ci [PJ montre un livre], ça s’appelle comment ? Je ne sais plus. « Ecrits divers », il y a peut-être ça en français aussi, je n’en sais rien (j’ai acheté les bouquins dans les langues que je comprenais). Il y a un texte, des notes qui n’ont jamais été utilisées, des notes sur l’amour, des notes qu’il écrit à Francfort. Sinon, Hegel a aussi fait 2 livres de théologie. Ceci [PJ montre un livre], c’est une Vie de Jésus. C’est une interprétation des évangiles par Hegel et ceci [PJ montre un livre] une réflexion sur ce qu’il appelle La positivité de la religion chrétienne qui est un petit ouvrage de théologie.

Voilà, c’est une vidéo pour expliquer ce que je suis en train de faire et comment j’espère compléter ces deux premiers papiers « Le secret de la chambre chinoise » et « Pourquoi nous avons 9 vies comme les chats ? » par quelque chose qui en ferait un ensemble, qui tiendrait ensemble, qui tiendrait bien, qui serait cohérent et qui relèverait non pas de la philosophie ou de la physique mais d’une réflexion de type classique qui englobe le tout et qui essaye de montrer que tout ça s’articule : la science, la notion de « Dieu », la notion de l’« amour », c’est-à-dire les concepts fondamentaux de la culture occidentale telle qu’elle apparaît dans la Palestine ancienne, qu’elle apparaît dans la Grèce ancienne et puis en Europe, au moyen-âge et, ensuite, à la Renaissance.

Il faudrait encore se placer au-dessus de tout ça. Il faudra demander cela à un Chinois. Un Chinois pourra le faire : « Qu’est-ce que c’est qu’un discours qui arrive à mettre ces notions d’amour, de Dieu et de science dans le même énoncé ? », en tentant, comme le faisaient déjà les philosophes anciens, en essayant de ne pas se contredire sur le parcours.

Allez, à bientôt !

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  1. On risquerait d’écrire une boulette (keftedes d’Egée ou de Thessalie , köfte de Thrace orientale, de Lydie ou d’Anatolie, voire…

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