Trump : « Un avertissement », le 8 novembre 2019 – Retranscription

Retranscription de Trump : « Un avertissement », le 8 novembre 2019. 

Bonjour,  8 novembre 2019. Deuxième vidéo de la journée, cette fois-ci sur Trump, sur Donald Trump, et en particulier sur ce livre dont je vous ai parlé immédiatement quand j’ai entendu parler de sa parution prochaine, un livre qui s’appelle « A Warning », un avertissement, signé par l’auteur qui signe « Anonymous » : anonyme, qui est donc la manière dont avait signé en septembre de l’année dernière… C’est un lanceur d’alerte en fait qui avait écrit une tribune libre dans le New York Times expliquant qu’il était un haut fonctionnaire et que le peuple américain ne devait pas s’inquiéter parce qu’il y avait un certain nombre de personnes à la Maison-Blanche qui s’arrangeaient pour neutraliser les décisions catastrophiques du président, mentionnant en particulier des dossiers mêmes subtilisés sur la tablette de son bureau.

A l’époque, quand c’était sorti et que tout le monde se grattait la tête pour se demander qui était ce lanceur d’alerte anonyme, j’avais pas hésité une demi-seconde. J’avais dit « C’est M. Rod Rosenstein, le numéro 2 du Ministère de la Justice », bien que son nom n’apparaisse pas dans une liste de 26 suspects – donc, il y en avait pas mal quand même – publiée par le Washington Post. Pourquoi ? Qu’est-ce qui m’avait conduit à dire que c’était M. Rod Rosenstein ? Le fait que, je l’avais dit dans un billet, qu’il avait dit la même chose… que la personne qui faisait cette tribune libre, anonyme, avait dit la même chose que M. Rosenstein lors d’une réunion qui avait eu lieu 6 semaines auparavant, que j’avais visionnée au moment où ça se passait. C’était une rencontre dans le Colorado, à Aspen, Colorado, sur des questions de sécurité nationale.

En y réfléchissant et en regardant un petit peu de nouveau, je me suis aperçu que, quand j’ai dit que la personne « disait la même chose », ce n’est pas tout à fait ça, c’est plutôt… Ce n’est pas uniquement à propos de mots. J’en ai parlé récemment quand j’ai dit que M. Bill Taylor était sûrement impliqué dans la dénonciation du lanceur d’alerte, récemment, sur les manœuvres de M. Trump, sa politique parallèle à propos de l’Ukraine où il avait créé une équipe à la tête de laquelle se trouve M. Giuliani, pour essentiellement faire chanter le gouvernement ukrainien, lui faire produire des témoignages fabriqués ou véritablement découverts, impliquant non seulement M. Biden, candidat à la présidence américaine dans les prochaines élections 2020 et ancien vice-président de M. Obama, et son fils, Hunter Biden, qui fait des affaires en Ukraine mais surtout pour essayer d’étayer une supposition qui paraît être un truc écrit purement sur le papier pour contrer l’idée que les Russes ont aidé Trump par l’hypothèse que les Russes n’y sont pour rien et que ce sont les Ukrainiens qui, eux, ont soutenu Mme Clinton jusqu’à pousser les Ukrainiens à fabriquer des pièces incriminantes. Dans ce cas-là, j’avais attiré l’attention sur le fait que M. Taylor et le lanceur d’alerte avaient cette particularité d’écrire de manière tout à fait spéciale le nom du président ukrainien avec un double Y qui est quelque chose que ne font qu’un petit nombre de gens, en particulier des gens qui connaissent les prononciations et qui insistent sur le fait qu’il y a un son à redoubler mais peu de gens l’écrivent… Même regardez, faites Google, regardez sur Google combien de gens aux Etats-Unis écrivent Zelensky avec un double Y. Il y en a très très peu mais il y avait ces deux-là. 

Dans le cas de Rosenstein, c’était un peu plus spécifique. Ce n’est pas tellement une question de mots utilisés exactement de la même manière. Si je devais être un peu plus spécifique, je dirais que c’est quelque chose qui a à voir avec le talent, sans doute, des grands psychologues mais aussi certainement des psychanalystes, c’est-à-dire de pouvoir être sensible à… comment appeler ça ? Un « climat émotionnel », une « humeur affective ». Une humeur affective qu’on peut retrouver… qui dénote une personnalité particulière et qui est liée évidemment à des mots mais aussi à des tournures de phrase, à des manières de prendre le monde auxquelles, bien entendu, si on a un tout petit peu de talent en tant que psychologue ou psychanalyste, il faut évidemment être sensible. M. Rosenstein, à mon avis, était le candidat non pas parce qu’il avait dit exactement la même chose mais parce que, justement, à partir de cette notion d’humeur affective, c’était la même personne – si vous voyez ce que je veux dire – qui avait écrit cette tribune libre et la personne qui avait parlé à Aspen. 

Bon, il se peut qu’un jour, on nous dise qui est cet « Anonymous » et que ce ne soit pas du tout M. Rosenstein. Je serais extrêmement surpris si on me donnait un autre nom ce jour-là. 

Mme Rachel Maddow, qui est une présentatrice sur MSNBC, a reçu, tout comme un certain nombre de journalistes au Washington Post, un exemplaire ou en tout cas des extraits d’un exemplaire de ce livre qui va paraître le 15 novembre et là, elle nous en a lu… C’est une très longue émission. Elle a lu un nombre, je ne sais pas, peut-être entre 5 et 10 pages de ce livre pour nous donner une idée de ce qui se trouve là-dedans. Ça ressemble un peu, ça se rapproche de ce qu’a fait M. Michael Wolff. C’était au début 2018 . Il a fait un livre « Fire and Fury. Inside the Trump White House ».  Un livre sous-titré donc « – l’intérieur de la Maison Blanche » qui nous racontait des choses de cet ordre-là, des réunions… Pas des réunions parce que, lui, c’était quelqu’un qui cueillait les gens à la sortie des réunions avec Trump et c’est surtout des choses de cet ordre-là qu’il avait pu rassembler et, en plus, manifestement, M. Steve Bannon, conseiller à la sécurité à une époque de M. Trump, grande personnalité de l’extrême droite américaine, lui avait confié pas mal de choses. Ici, il s’agit d’une personne qui décrit des réunions à proprement parler avec le président.

Si du livre de M. Michael Wolff se dégageait l’idée, je dirai, de sentiment d’une personne avec des problèmes peut-être de psychose, des problèmes mentaux extrêmement sérieux mais de l’ordre de la pathologie, ce qui se dégage des passages que Mme Maddow a pu lire tout à l’heure, c’est essentiellement l’impression non pas d’un fou mais d’une personne aux moyens intellectuels extrêmement limités. Vous le savez, M. Trump se donne du « génie ». Il utilise – on ne sait pas si c’est sérieusement ou pas – l’expression de « messie » à son propre propos. Il justifie l’appellation de génie. Il n’y a que des génies comme lui qui arrivent à faire des choses comme il décrit. Son génie, quand il le décrit, c’est d’essayer de gruger le fisc et des choses de cet ordre-là qui relèvent davantage de la malhonnêteté que du génie mais là, ce qui apparaît, c’est un personnage extrêmement limité quant à ses moyens, ses capacités intellectuelles.

La personne décrit des réunions au début où les gens arrivent avec des memorandums, des rapports de plusieurs pages à propos de ceci ou de cela, et se rendent compte rapidement qu’il ne faut pas présenter un document de ce type-là à Trump qui regarde ça, le retourne, et qui dit : « Mais il n’y a que des mots. Comment voulez-vous que ça signifie quelque chose ? ». Il n’y a que des mots, comment voulez-vous que ça signifie quelque chose ? Les gens sont passés aux PowerPoint. Ils se sont aperçus que quand on montrait plus que 2 slides, l’attention de M. Trump disparaissait entièrement donc ça n’allait pas non plus. Ils ont commencé à faire des rapports en 3 points jusqu’à ce qu’en discutant entre eux, ils se sont dit : « Non, 3 points, c’est encore trop. Il faut faire un point, y revenir sans cesse, consacrer toute la réunion à essayer de lui faire comprendre ce point particulier en question ».

Il emploie l’expression : « To dumb down ». « Dumb », c’est stupide. « To dumb down », comment pourrait-on dire en français ? « Idiotiser » ou « stupidifier » un document. Il faut le stupidifier pour qu’il le comprenne et encore, il ne faut pas essayer de le lui faire lire. Il faut simplement lui dire une chose qui est à l’intérieur de ça.

Et de manière encore plus, je dirais, tragique, ce monsieur décrit la manière dont M. Trump modifie sa campagne, son opinion à propos de l’Iran à partir de simplement quelqu’un qui lui a envoyé un poster, une affiche détournée avec lui disant à l’Iran quelque chose et ce M. Trump disant : « Ah oui, c’est ça. Maintenant, il faut qu’on agisse en fonction de ça ». C’est-à-dire, simplement à partir d’une campagne de pub, il va définir son attitude vis-à-vis de l’Iran à partir d’un truc de marketing.

Une autre remarque, c’est que les gens ayant compris que c’est surtout avec des images qu’on peut lui faire comprendre quelque chose, on utilise un de ces outils que vous connaissez, qui permet de faire dans des PowerPoints ou même dans des documents, de mettre de petites images et on essaye de le convaincre de quelque chose sur la manière dont sont liées la politique du gouvernement et la politique commerciale, l’attitude à avoir vis-à-vis des entreprises, et, pour ça, on lui montre deux roues dentées qui sont en engrenage et qui tournent en synchronisation et là, dit la personne, il était tellement épaté par ça que tous les jours suivants, quel que soit le sujet de conversation, quelle que soit la personne qui se trouve en face de lui, il sortait ce truc en disant : « C’est quand même génial hein ce truc ! ».

Un commentateur que Rachel Maddow invite lui dit : « Oui, mais vous vous rendez compte ? La politique vis-à-vis de l’Iran, elle est déterminée par ce poster détourné. Il va définir sa politique vis-à-vis de l’Iran à partir de ça. Vous vous rendez compte des conséquences, du nombre de morts, des conséquences de ça, ce que ça représente en vies perdues de Kurdes ? » lui dit la personne et c’est vrai. C’est-à-dire que tous ces gens qui se taisent, tous ces gens qui sont dans l’entourage de Trump et qui n’ont pas démissionné en claquant la porte et en disant immédiatement ce qu’ils avaient vu. Finalement, c’est une des choses qu’on peut reconnaître à M. Bannon, même si c’est un type absolument puant quant à ses idées politiques suprémacistes blanches, etc. Au moins, lui, il a eu le courage en partant de dire ce qu’il en pensait. 

Les conséquences ? La stupidité, l’ineptie totale de ce personnage a des conséquences et des conséquences qu’on va, un jour, essayer sans doute de renverser, mais à quel prix ? Il a sa politique vis-à-vis de l’environnement, sa manière de se présenter comme un défenseur du « Peuple » et la première chose qu’il fait, c’est d’augmenter, c’est de permettre aux plus grosses entreprises de faire des bénéfices fiscaux tout à fait extraordinaires. Ce témoin invité par Rachel Maddow dit : « C’est pas seulement comique. C’est tragique et ça montre dans quel état de déglinguage se trouve notre nation ! ».

Espérons que ce livre aura une influence sur les députés et sur les sénateurs Républicains qui, jusqu’ici, ont simplement serré les rangs à quelques exceptions près, que les arguments sur la folie éventuelle de M. Trump n’ont pas convaincu, que les arguments sur sa stupidité criminelle pourraient maintenant convaincre. Espérons-le parce que le monde a besoin… C’est le sujet de mes autres petites communications, de mes petits exposés. Le monde a besoin d’une mobilisation pour essayer de sauver l’espèce humaine. Ce n’est pas avec des énergumènes de ce type-là qu’on pourra aller dans la bonne direction. Mais, critique que j’ai faite dans une vidéo – c’était quoi, avant-hier – notre système politique permet à des gens qui ne sont absolument pas, qui n’ont aucune des qualités nécessaires pour diriger des nations, maintenant d’arriver au sommet.

Comme dit un autre commentateur, c’est parce qu’on n’a pas prévu que des énergumènes comme Trump pouvaient passer à travers les mailles et se retrouver au sommet mais c’est pas vrai uniquement pour devenir président. C’est aussi – je l’ai vu dans la campagne pour les européennes, le peu que j’en ai vu – pour la plupart des postes où on peut prendre des décisions, on peut faire la différence, les mailles sont trop larges et laissent passer exactement le genre de personnes qu’on ne devrait pas avoir. C’est la réflexion aussi que fait Gilles Kepel à propos de cette première génération de personnes d’Afrique du Nord dont on espérait beaucoup quand elles se sont présentées justement pour devenir des parlementaires, des sénateurs, pour la première fois, la première génération d’après la guerre d’indépendance, de libération, en France, les personnes qui sont passées à travers, c’était pas celles qui auraient été souhaitables sur le papier pour prendre les décisions, les responsabilités qui sont là. 

Voilà. Allez, je vous laisse sur cette réflexion. Je vous reviens sans doute bientôt. 

Au revoir !

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