Retranscription de « La gauche ne sait plus qui elle est », le 21 février 2020. Ouvert aux commentaires.
Bonjour, nous sommes le vendredi 21 février 2020 et dans quelques minutes, dès que j’aurai terminé cette vidéo, je me rendrai à l’Université catholique de Lille pour assister à un exposé dans le cadre de l’enseignement que je donne là-bas. J’assisterai à l’exposé de M. Luca Possati qui est l’invité en ce moment de notre département d’éthique et, en particulier, attaché à la chaire sur le transhumanisme et les technologies et ce que je sais – parce que M. Possati m’a envoyé le brouillon d’un livre qu’il achève – c’est qu’au centre de ce qu’il va dire va se trouver une illustration qui n’est autre que ma propre contribution à l’Intelligence Artificielle, le système ANELLA, en français : « Réseau associatif à capacités émergentes de langage et d’apprentissage ».
C’est la première fois que j’assisterai à un exposé consacré, partiellement en tout cas, à ma propre contribution à l’Intelligence Artificielle à la fin des années 80.
Mais, hier, a eu lieu quelque chose d’important pour Vincent Burnand-Galpin et moi : c’est que nous avons donné le bon à tirer de notre ouvrage, ce qui nous a permis d’avoir en main les épreuves, les dernières épreuves, c’est-à-dire [le texte] que vous allez voir. Nous l’avons sous forme électronique mais ça va commencer à circuler à partir d’aujourd’hui, ou même d’hier. Ça va être envoyé, des liasses faites en imprimant simplement les feuilles telles qu’elles apparaîtront dans un livre. Ça commence à circuler. C’est envoyé aux journalistes en espérant qu’ils ou elles auront envie de consacrer un compte-rendu à l’ouvrage au moment où il sort.
Eh bien, vous le savez, Fayard a décidé de donner un titre assez percutant à l’ouvrage puisque ça s’appelle : « Comment sauver le genre humain ». Non pas que ça ne soit pas de ça qu’on parle mais plus modestement, nous avions proposé quelque chose du genre : « Lancer un cri d’alarme pour le genre humain », « Déclarer l’état d’urgence… ».
Et puis voilà, finalement : « Comment sauver le genre humain » s’est retrouvé en sous-titre. Puis, on a enlevé toutes les références à l’urgence pour se concentrer sur comment sauver le genre humain. Et, vous ne vous étonnerez pas si je vous dis que je suis assez content du résultat. C’est beaucoup de travail. C’est un livre de pratiquement 300 pages. Nous avons collaboré sur l’ensemble des chapitres. La rédaction a été confiée au départ à l’un ou à l’autre et puis, si vous avez déjà collaboré avec un auteur ou une autrice sur un manuscrit, vous savez que tout ça, finalement, devient quelque chose d’absolument commun vu la nécessité de collaborer et d’être d’accord sur tout ce qui est dit, bien entendu, puisqu’il y aura les deux signatures.
On est contents : il y a effectivement un système, un exposé sur le problème tel qu’il est. C’est un exposé qui ne correspond pas tout à fait à ce que vous avez dû voir ailleurs puisque nous avons un regard assez particulier sur le problème et sur le type de solutions. Nous envisageons différents scénarios. Nous envisageons différentes solutions possibles de type réformiste ou révolutionnaire mais là, nous essayons de proposer quelque chose, je dirais, de l’ordre du réalisable sans trop de modifications et, en tout cas, sans modification dans les esprits, sans demander d’abord aux gens de modifier leurs croyances parce que, pour ça, on n’a absolument plus le temps.
Alors, voilà, exposé d’abord des attendus et, ensuite, des solutions. Certaines solutions que nous préconisons, vous les connaissez déjà parce que ça fait un moment que j’en parle, en particulier sur la finance : rétablir l’Etat-providence, l’inscrire dans la Constitution, modifier les règles comptables pour qu’on ne sacrifie pas à tout moment le monde autour de nous et les êtres humaines y compris pour essayer de faire avancer le profit et rien d’autre. Mais tout ça, cette fois-ci, dans un texte entièrement intégré, je dirais, avec les tenants et les aboutissants, les justifications et puis, ça se termine par des recettes extrêmement précises : « Si vous êtes étudiant, faites ceci ; vous pouvez faire cela » ; « Si vous êtes Mme von der Leyen à la tête des institutions européennes, faites ceci ! », et ainsi de suite ; « Si vous êtes M. Macron, faites cela ! ». Voilà, des choses très très précises.
Ça va fort dans le sens d’un livre… Je l’ai là. Je croyais l’avoir là. Je vais aller le chercher. Vous avez un moment là ? Je vais aller le chercher. Le voilà : « Quand la gauche essayait encore », et le sous-titre, c’est : « Le récit inédit des nationalisations de 1981 et quelques leçons que l’on peut en tirer ». C’est par M. François Morin qui a joué un rôle essentiel, justement, dans les nationalisations de 1981 et il revient là-dessus, il en fait un bilan.
Il a l’amabilité de m’en envoyer un exemplaire, ce qui est toujours un moyen assez pratique si on veut que je parle d’un livre qui vient d’être rédigé. Avec une dédicace très aimable en plus. J’en ferai le compte-rendu en tant que tel.
Ça rejoint un propos de M. Jean Daniel qui vient de mourir et que l’un d’entre vous me signale aujourd’hui, sur cette idée que « La gauche sait toujours qu’elle existe mais n’a plus la moindre idée exactement de qui elle est ». C’est M. Jean Daniel qui avait dit ça.
Moi, je n’ai jamais eu ce problème personnellement. Je sais que des gens dits « de gauche » se sont prétendus « de gauche » alors qu’il n’y avait plus aucun rapport entre ce qu’ils proposaient, ce qu’ils disaient et l’idée même de la gauche. Et ça a fait beaucoup de mal à la gauche. Je sais qu’il n’y a plus beaucoup de gens qui se réclament de là mais je sais que le livre que Vincent et moi avons écrit, c’est un livre de gauche avec un programme de gauche où il n’y a pas beaucoup d’hésitations, il n’y a beaucoup à se gratter le crâne : « Qu’est-ce que c’est encore qu’être de gauche ? Qu’est-ce que c’est que proposer un avenir qui soit un avenir de solidarité, de générosité, de tous ensemble ? » Ce n’est pas tellement compliqué !
J’espère qu’on a un truc cohérent. J’espère que ça intéressera le monde. J’espère qu’on viendra nous demander de nous expliquer, à la radio ou à la télévision.
Je ne sais pas si ça se passera comme ça parce que je vois autour de moi – et en particulier dans les commentaires qui sont faits sur le blog – un découragement qui est assez considérable.
Ça n’a jamais été mon cas. J’ai toujours été convaincu des idéaux qui sont les miens, qui étaient déjà – je l’ai déjà dit – ceux de mon père et de mon grand-père paternel. Ça faisait partie de la manière dont on réfléchissait dans le Borinage, dans un endroit où on ne pouvait pas ne pas réfléchir même si on n’était pas soi-même à travailler au fond de la mine, même si on n’était pas soi-même à travailler dans la sidérurgie, dans les hauts-fourneaux, des choses de cet ordre-là, dans les aciéries, même si on ne travaillait pas là. Même si on était – comme c’était le cas de mon grand-père – un fonctionnaire, on savait ce qui se passait.
On avait des membres de la famille éventuellement qui y travaillaient de manière beaucoup plus directe. On savait surtout le ciel tout noir parce qu’il était rempli de ce que crachaient les usines et c’était pas beau à voir, je m’en souviens.
Voilà la gauche : ma gauche !
Je ne me suis jamais posé de question, à me demander ce que c’était, où elle était partie ? etc. etc.
Et j’espère qu’on aura un texte, qu’on a un texte qui se tient et, surtout, que des gens le prendront comme une feuille de route, qu’ils se diront : « Voilà ce qu’on peut faire ! ».
Je dirais que c’est quand même assez détaillé sur ce qu’on peut faire, dans quel ordre il faut le faire et ainsi de suite. Ce n’est pas véritablement un plan du gouvernement mais je vois aussi que M. Morin explique qu’on lui a dit, qu’on l’a fait venir – je crois – au Parti socialiste ou quelque chose qui en dépendait en disant : « Voilà, il faut écrire les articles sur la nationalisation » (en 1981) et il a dit : « Mais, c’est quoi ? ». On lui a dit : « Vous écrivez le premier article ».
- Mais c’est quoi le premier article ?
- C’est la liste des entreprises qu’on va nationaliser.
- Alors, pourquoi demander ça à moi qui n’ai même pas ma carte du Parti socialiste ?
- Parce que vous venez de faire une tribune libre dans Le Monde. Vous aviez bien expliqué ce qu’il faudrait faire donc, voilà, c’est à vous qu’on demande.
Espérons que quelque chose de cet ordre-là se passera …
Voilà, ça sort en principe le 18 mars. Ça circule déjà sous forme de feuilles qui sont imprimées puisqu’hier, on a donné le bon à tirer. Donc, ça peut déjà circuler, non pas sous la forme d’un livre – c’est parti chez l’imprimeur – mais sous forme d’une liasse. Si ça vous intéresse, signalez-le et je dirai à Fayard de vous envoyer déjà, à l’avance, le texte puisqu’il est disponible.
Voilà, allez, à bientôt !
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