L’écologie humaine du dépassement : Pourquoi une importante « correction de population » est inévitable, par William E. Rees

Traduction française (par DeepL) du résumé de « The Human Ecology of Overshoot: Why a Major ‘Population Correction’ Is Inevitable » par William E. Rees

École de planification communautaire et régionale, Faculté des sciences appliquées, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver, BC V6T 1Z2, Canada ; wrees@mail.ubc.ca

Résumé : Homo sapiens a évolué pour se reproduire de manière exponentielle, s’étendre géographiquement et consommer toutes les ressources disponibles. Pendant la majeure partie de l’histoire de l’évolution de l’humanité, ces tendances expansionnistes ont été contrées par des rétroactions négatives. Cependant, la révolution scientifique et l’utilisation des combustibles fossiles ont réduit de nombreuses formes de rétroaction négative, ce qui nous a permis de réaliser notre plein potentiel de croissance exponentielle. Cette capacité naturelle est renforcée par l’économie néolibérale axée sur la croissance – la culture complète la nature. Problème : l’entreprise humaine est une « structure dissipative » et un sous-système de l’écosphère – elle ne peut croître et se maintenir qu’en consommant et en dissipant l’énergie disponible et les ressources extraites de son système hôte, l’écosphère, et en rejetant ses déchets dans son système hôte. L’augmentation de la population de un à huit milliards d’habitants et la multiplication par plus de 100 du PRP réel en seulement deux siècles, sur une planète finie, a donc propulsé la société techno-industrielle moderne dans un état de dépassement avancé. Nous consommons et polluons la base biophysique de notre propre existence. Le changement climatique est le symptôme le plus connu du dépassement, mais les « solutions » courantes vont en fait accélérer le dérèglement climatique et aggraver le dépassement. L’humanité présente la dynamique caractéristique d’un cycle unique d’expansion et de régression de la population. L’économie mondiale se contractera inévitablement et l’humanité subira une « correction » démographique majeure au cours de ce siècle.

Mots-clés : dépassement ; exceptionnalisme ; nature humaine ; obsolescence cognitive ; croissance exponentielle ; stratège « K » ; surpopulation ; surconsommation, changement climatique ; transition énergétique ; structure dissipative ; effondrement civilisationnel ; population ; surpopulation ; surconsommation, changement climatique ; correction démographique

World 20234(3), 509-527; https://doi.org/10.3390/world4030032
Received: 15 June 2023 / Revised: 7 August 2023 / Accepted: 8 August 2023 / Published: 11 August 2023

Voir ci-dessous en commentaire, le texte complet de l’article.

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83 réponses à “L’écologie humaine du dépassement : Pourquoi une importante « correction de population » est inévitable, par William E. Rees”

  1. Avatar de Francois Marfaing
    Francois Marfaing

    Pour PRP lire produit mondial brut (PMB)

  2. Avatar de Hervey

    Quand le mieux est l’ennemi du bien.
    Il semble que là encore on veuille aller CONTRE « la nature des choses ».

    https://www.who.int/fr/news/item/04-04-2023-1-in-6-people-globally-affected-by-infertility

  3. Avatar de Manuel Guérin
    Manuel Guérin

    Nous pouvons comprendre, ou au moins constater, que l’inaction des dirigeants face au danger d’effondrement est lié à leur surinvestissement à perpétuer leur pouvoir. Dans un régime démocratique en se concentrant uniquement sur leur réélection et dans un régime autoritaire en éliminant toute forme de contestation.

    Cela dit, autocrates et ploutocrates devraient tous commencer à méditer l’extrait suivant du papier de William E. Rees : « (…) il y a consensus sur le fait que l’effondrement peut être rapide ou prendre des décennies, mais implique invariablement une perte significative de complexité socio-politique et économique, y compris la dissolution/remplacement des gouvernements formels [69] »

  4. Avatar de Pascal
    Pascal

    Il y a quelque chose qui me gène dans l’interprétation suivante :
    « Cependant, la révolution scientifique et l’utilisation des combustibles fossiles ont réduit de nombreuses formes de rétroaction négative, ce qui nous a permis de réaliser notre plein potentiel de croissance exponentielle. Cette capacité naturelle est renforcée par l’économie néolibérale axée sur la croissance – la culture complète la nature. »
    N’y a-t-il pas là une incohérence avec le fait que c’est dans les pays les plus riches où le taux de natalité est le plus bas et induit même un vieillissement de la population qui sans l’apport de l’immigration serait tout simplement en train de disparaitre ?
    Certes la révolution en matière d’hygiène et de prévention des maladies a permis un allongement des durées de vie mais l’éducation et la contraception ont permis d’avoir un contrôle « naturel » des naissances. Aujourd’hui, ce sont les pays africains qui ont une démographie qui croit le plus et les pays européens qui ont une population décroissante en terme de natalité.
    https://www.20minutes.fr/monde/3088163-20210721-demographie-pays-population-augmente-plus
    Donc ce sont les pays les plus pauvres qui sont à l’origine de l’accroissement globale de la population mondiale alors que les pays riches ont un effet négatif.
    Ne serait-il pas plus judicieux de considérer qu’avec une meilleure répartition des richesses dans le monde, nous arriverions rapidement à une limitation de la croissance de la population mondiale voire même une inversion et une diminution ?
    Pour illustrer cette idée, on peut prendre l’exemple des pays d’Europe (autrefois pays de l’Est) :
    La Pologne : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_la_Pologne
    La Roumanie : https://www.donneesmondiales.com/europe/roumanie/croissance-population.php
    La Bulgarie : https://www.donneesmondiales.com/europe/bulgarie/croissance-population.php
    La Serbie : https://www.donneesmondiales.com/europe/serbie/croissance-population.php
    En Tchéquie : https://www.donneesmondiales.com/europe/tchequie/croissance-population.php
    J’ai arrêté là ma recherche mais tous ces pays voit leur population diminuer ou stagner à partir des années 1990, soit après la Chute du Mur et l’accès à l’économie de marché.
    Sont-ce des exceptions ?
    La Grèce rejoint l’Europe en 1980 mais ne voit sa population diminuer que 30 ans plus tard vers 2010.
    https://www.donneesmondiales.com/europe/grece/croissance-population.php
    L’Italie rejoint l’Europe en 1957 et voit sa population stagner à partir de 1960 (avec des évolutions ultérieurs qu’il faudrait analyser
    L’Espagne rejoint l’Europe en 1986 et voit sa population globalement stagner à partir des années 2010
    https://www.donneesmondiales.com/europe/espagne/croissance-population.php
    La Chine est reconnue comme ayant une économie de marché en 2016, sa population a cessé de croitre autour des années 2020.
    https://www.donneesmondiales.com/asie/chine/croissance-population.php
    Ce qui pose problème n’est peut-être pas tant l’accès à un minimum de richesses qui joue plutôt un rôle de rétroaction négative sur l’accroissement de la population mondiale que le « débridage » de l’économie de marché devenue économie financière qui génère une abondance de « biens » complètement inutiles et à obsolescence programmée ?

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      lire plutôt : un contrôle « culturel » des naissances.

      1. Avatar de bb
        bb

        Je suis d’accord avec vous. L’article fait de la prospective « à moitié ».
        Qui décidera de réduire la population? Les catastrophes naturelles, alimentaires ou bien les guerres feront-elles le travail? existe-t-il des chiffres montrant un début de déclin de la population? Des mouvement sociaux à travers le monde qui pourraient prédire un tel changement de cap?
        C’est bien joli d’avoir des idées, mais sans démonstration un peu plus sérieuse, ce genre de discours pourrait se retrouver aux rang des démonstrations ratées au même titre que ceux de Malthus.

        1. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          @bb

          Pour la population mondiale , elle continue et continuera à augmenter selon certaines prévisions discutables et hors vision apocalyptique:

          https://www.worldometers.info/world-population/world-population-projections/

          Par contre certains pays , comme le Japon , sont en réduction naturelle:
          https://www.worldometers.info/world-population/japan-population/
          128 millions en 2010
          123 millions en 2023
          103 millions en 2050 en vision de projection

    2. Avatar de arkao

      @Pascal
      C’est parce qu’il faut comprendre cette interprétation sur le temps plus long de la Révolution Industrielle débutée il y a deux siècles.

    3. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Pascal
      avez vous lu cette étude entièrement ?

      j’ai relevé quelques phrases :

      «L’éducation « hubristique » renforce sans vergogne la nature expansionniste»

      «Il y a plus qu’une touche d’ironie qui se cache derrière ces réalités biophysiques. Les économistes et les techno-optimistes hallucinent que l’économie se « dématérialise » ou se « découple » davantage du monde matériel sur des bases si simplistes que le ratio des émissions de carbone ou de l’utilisation des ressources par unité de PIB diminue [ 24 ] . Les données ci-dessus mettent en lumière le fait contraire : en termes de ce qui compte vraiment pour la nature – la niche écologique humaine en expansion – les humains deviennent en réalité une composante intégrale de plus en plus grande et de plus destructrice de l’écosphère [ 25 ] . En effet, l’entreprise humaine est en train de subsumer l’écosphère»

      « Cependant, au cours des derniers siècles, l’évolution culturelle (par exemple, l’émergence de cultures à plusieurs niveaux, d’institutions mondiales et de technologies quasi magiques) a dépassé la bioévolution [ 27 , 28 ]. Nos cerveaux sont sans doute mal adaptés au rythme du changement et aux complexités croissantes de l’Anthropocène créé par l’homme – nous nous sommes rendus cognitivement obsolètes »

      «Malheureusement, la stratégie globale du MTI est aveugle à l’écologie, à l’énergie, aux matériaux et à la technologie, ce qui équivaut à « électrifier le Titanic », comme si cela allait faire fondre les icebergs »

      «Il n’est pas certain qu’une grande partie ou une partie de la haute technologie industrielle puisse perdurer en l’absence d’une énergie abondante et bon marché et de riches réserves de ressources, dont la plupart auront été extraites, utilisées et dissipées. Il se pourrait bien que, dans le meilleur des cas, l’avenir soit en fait alimenté par des énergies renouvelables, mais sous la forme de muscles humains, de chevaux de trait, de mulets et de bœufs complétés par des roues hydrauliques et des moulins à vent mécaniques. Dans le pire des cas, le milliard (?) de survivants seront confrontés à un retour au mode de vie de l’âge de pierre. Si tel est l’avenir de l’humanité, ce ne seront pas les citadins sophistiqués qui survivront, mais plutôt les ruraux pauvres préadaptés et les dernières poches de peuples autochtones»

      Je cite des extraits qui m’ont interpelés en particulier l’allusion au Titanic.

      Ce serait faire injure aux auteurs en réduisant cette étude à ces seuls extraits .

      L’ensemble est assez ébourifant et me paraît en accord avec ce que je pense.

  5. Avatar de arkao

    L’avantage d’être « climato-sceptique » est que je vais devenir l’unique et dernier représentant de l’optimisme sur le blog de Paul Jorion 🙂

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Salut Arkao,

      En toute bienveillance, un jour faudra que tu m’expliques comment un type un peu calé comme toi avec une tête à peu près en état de marche, puisse se sentir « climato-sceptique ». Ce n’est pas une tare en soi, comme avoir des opinions divergentes ou carrément extrémistes sur d’autres sujets d’ailleurs, mais venant de certains ça m’intéresse de comprendre le cheminement, raisonnement. Enfin si ça te dit un jour de faire un petit topo sur le truc, je lirais avec attention (certainement pour me foutre de ta poire, mais c’est le jeu, rien de personnelle là dedans…)

      1. Avatar de arkao

        @CloClo
        On en a parlé ici pendant 10 ans.
        On m’a diagnostiqué un problème de dissonance cognitive, cela devrait suffire comme explication.

        1. Avatar de Khanard
          Khanard

          @arkao

          non non
          vous ne vous en sortirez pas à si bon compte. Le coup de la « dissonance cognitive » n’est pas acceptable .
          je rejoins CloClo et demande que vous nous expliquiez votre position.
          c’est vrai qu’ici comme ailleurs beaucoup sont acquis à la pertinence du réchauffement climatique et certains accusent d’autres d’être catastrophiques .
          et j’avoue m’ennuyer un peu à lire toujours les mêmes psalmodies .

          alors j’avoue être frétillant de pouvoir lire les explications d’un climato-sceptique.
          nous avons eu celles de Claude Allègre mais cela ne m’a pas convaincu .

          alors prenez votre plus belle plume !

          1. Avatar de arkao

            @Khanard
            Non désolé, mon opinion personnelle n’a pas d’intérêt et je ne fais pas de prosélytisme.

            1. Avatar de Khanard
              Khanard

              @arkao

              tant pis . Mais c’est tout de même bizarre . Vous vous revendiquez comme climato-sceptique mais derrière vous n’argumentez pas en vous dissimulant derrière une humilité de façade .

              Auriez vous tenté un effet de « trollitude » ?

              1. Avatar de arkao

                @Khanard
                Sans doute n’étiez-vous pas un lecteur régulier du blog au moment où j’ai osé faire état d’un esprit critique concernant ce sujet (plus précisément des doutes sur l’origine anthropique du réchauffement en cours, sur les compétences actuelles de la recherche à comprendre réellement les dynamiques climatiques passées, actuelles et futures, sur la gravité ou non d’une élévation de température globale de +2 ou +5C pour les écosystèmes, à partir de mes connaissances en paléo-climatologie et en paléo-environnement). A part Timiota, je n’ai eu en réponse que des insultes d’une grande violence (du genre « crétin », « imbécile » « agent en mission du lobby pétrolier poutinien » qui ont passé sans problème la modération – quand on est dans le camp du bien on peut tout se permettre) de la part de dévots de la sainte bible du GIEC dont l’infaillibilité décrétée fait rougir de jalousie le Pape en personne.
                Aussi j’ai décidé, dans un souci diplomatique d’apaisement, de plus parler de ce sujet hormis quelques piques ironiques quand vraiment ça me démange trop (le climato-scepticisme est une maladie incurable, avec ses moment de rémission puis de rechute).

                1. Avatar de Khanard
                  Khanard

                  @arkao

                  je vous comprends. vous avez déjà mené ce combat pour justifier votre positionnement et comme vous le supposez bien je n’en est pas été spectateur.
                  A titre personnel je ne vous accuserai jamais de tous les vices car cela relèverait de la stupidité.
                  Mais comme je vous l’ai déjà dit j’essaie de comprendre ce qui peut justifier une telle attitude . je respecte votre choix même si j’en ressort frustré.

                  un petit post scriptum: il est dommageable que l’on ne puisse faire des recherches sur les commentaires .

                2. Avatar de Pascal
                  Pascal

                  Bonsoir Arkao
                  Je partage le respect de Khanard pour tous les points de vue et donc le votre.
                  Une question sans malice, quand on voit les courbes actuelles de températures qui semblent confirmer chaque année un réchauffement global très rapide, même si je sais qu’une dizaine ou même une vingtaine d’années ne représente quasiment rien face à l’inertie d’un climat, est-ce que la paléo-climatologie laisse supposer des situations similaires, aussi rapide par le passé ? Parce que je suis bien conscient que la Terre a connu des climats bien différents au cours de son histoire mais y a -t-il des traces de changement aussi brutal ?

                  1. Avatar de Khanard
                    Khanard

                    @Pascal

                    nous sommes sur un lieu d’échanges , les enjeux soulevés par nos propos restent limités en conséquences . J’avoue que c’est dans l’adversité que mon épanouissement s’avère .

                  2. Avatar de CloClo
                    CloClo

                    Oui oui 5 degrés en paléo-climatologie quelques soient les doutes ça donne :

                    https://youtu.be/6Zg1mSPbVBg?si=-WTseWL0DwyPpRPN

                  3. Avatar de arkao

                    @Pascal
                    « Dans l’hémisphère nord, les évènements D-O prennent la forme d’un réchauffement rapide, l’ordre de grandeur typique étant quelques dizaines d’années, suivi d’un refroidissement graduel sur longue période. Ainsi, il y a 11 500 ans, la température annuelle moyenne des glaces du Groenland a grimpé d’environ 8 °C en quarante ans, en trois étapes de cinq ans. Le schéma le plus courant est une élévation de température de 5 °C en 30 à 40 ans.
                    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89v%C3%A9nement_de_Dansgaard-Oeschger

                    1. Avatar de Garorock
                      Garorock

                      ESt ce que l’homo d’il y a 11500 ans roulait en SUV?

                    2. Avatar de Pascal
                      Pascal

                      Très intéressant, effectivement. Reste à savoir s’il s’est agit d’un phénomène relativement localisé ou si c’était un phénomène général. Je sais que le climat a une activité globale mais j’ai cru comprendre que les conséquences n’étaient pas toujours identiques en différents points du globe.
                      Est-ce que cette période de 11 000 ans serait à mettre en rapport avec la « théorie astronomique du climat de Milankovitch ?
                      https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/sysfacte/soleil/soleil1.htm

                    3. Avatar de arkao

                      @Pascal
                      Fin de cette discussion pour moi. Si le sujet vous intéresse les lectures ne manquent pas, mais attention où vous mettez les pieds 😉

          2. Avatar de arkao

            @Khanard
            Attention, le fait d’utiliser le terme de « psalmodies » vous entraine sur la dangereuse pente de l’hérésie climato-sceptique 😉

            1. Avatar de Khanard
              Khanard

              @arkao
              vous avez raison et d’ailleurs j’ai hésité à utiliser ce mot .

              « hérésie climato-sceptique » ? Fichtre je n’en suis pas là ! D’ailleurs ce serait maladroit d’en arriver à édifier des bûchers en place de grève . Vous rendez vous compte de l’impact sur les GES ?

              1. Avatar de timiota
                timiota

                De toute façon, l’unanimisme rencontre aussi assez vite des limites, quand il se construit par imitation et pas par métabolisation des connaissances.
                Arkao métabolise des connaissances à sa façon, c’est le point « optimiste » et positif de la chose.
                Ses piques sont utiles pour nous donner du recul sur les unanimismes qui seraient trop simplificateurs.
                Le défi est alors de pousser chacun à « métaboliser » les connaissances sur le climat (un peu comme essaye Sylvestre Huet). Un gestion saine de la métabolisation des connaissances (leur transformation en actes, disons) pourrait avoir comme guide ce que fait la nature pour la sève dans les plantes : des sèves montantes et descendantes s’y croise pour apporter un métabolisme complet.

                Quoiqu’il en soit, c’est les modalités des contre-réactions encore peu visibles qu’il convient d’explorer. Pour les contre-réactions « simples » (moins de SUV, d’avions), on en verra les limites ou plutôt les angles morts (ce pour quoi l’approche un peu holistique des esclaves jancoviciens a quand même du bon).

  6. Avatar de Chabian
    Chabian

    Remarque de béotien. Par rapport à un système qui se désorganise, l »humanité ne se désorganise pas d’elle-même mais désorganise le système de vie dont elle a besoin. Elle peut continuer longtemps.
    Sur l’énergie : Jusqu’au début XIX, l’humanité se chauffe au bois et utilise le charbon de bois pour les usages industriels, ainsi que la force hydraulique. Elle exploite massivement le « charbon de terre » (connu depuis des siècles) par la suite au XIXe. D’autant que la surexploitation des forêts pose problème (création de l’Administration des Forêts au temps de Napolélon, sauf erreur). On cherche donc des substituts au bois par la chimie, notamment pour les installations électriques. Car on a aussi recours à l’hydroélectricité depuis 1990. Arrive le pétrole et la pétrochimie. Puis est inventé le nucléaire…
    Sur la population : il faudrait aussi noter les progrès en hygiène (le savon et la soude avec avec Lavoisier et Solvay…), en médications, en médecine de la natalité. Cela allonge la vie, fait reculer les décès, et la population croit soudain beaucoup mieux. Les mères meurent moins « en couches ». Cela donc amène à ralentir les naissances (méthodes naturelles) et à les réguler (pilule). Mais avec un effet-retard. Ce n’est donc pas une question de « richesse » mais d’accès à la santé et à la médecine. Ce que nos colonisateurs n’ont pas trouvé urgent à appliquer là-bas… Mais ce qu’a fait la Chine avec sa politique de l’enfant unique, encore dans un pays avec une grande pauvreté générale.
    Donc je n’escompte pas vraiment une « rétroaction négative » s’appliquant uniquement à l’humanité, à sa démographie. C’est tout le système vivant qui va être gravement modifié, altéré. Et cela semble annoncer un clash accéléré et soudain, aussi pour les humains mais pas seulement pour eux.
    En attendant ce jour… (je m’ennuie quelquefois, chante J. Brel), nous pouvons encore faire la guerre pour l’énergie et pour le sous-développement imposé aux pauvres… Pour le contrôle de l’extraction des ressources, etc. Et pour une exploitation du travail humain à moindre coût.
    Bref des moments palpitants pour notre moralité, avant les joies de l’effondrement et du chaos, du clash.
    (Je signale aussi l’article sur mediapart, indiqué sous le billet d’Ilicitano).

  7. Avatar de Jean-Luc Mercier
    Jean-Luc Mercier

    Ça me fait penser à la « Thermodynamique de l’évolution » de François Roddier (Éditions Parole, 2012) dont on a déjà parlé à quelques reprises sur ce blog [( https://www.pauljorion.com/blog/2014/06/10/la-survie-de-lespece-selon-francois-roddier/ ), ( https://www.pauljorion.com/blog/wp-content/uploads/Shift-Roddier.pdf ), etc.] et que je vais devoir relire pour une septième fois, car je n’ai pas tout compris, en même temps que j’ai l’intuition que c’est fondamental…

  8. Avatar de quelartpierre
    quelartpierre

    Chères toutes, chers tous,
    Que dois je entendre dans la possible baisse de la population ?
    Que dois je comprendre ?
    La planète est un système fini et nous vivons au temps de l’illimité.
    Pour paraphraser Jacques Dutronc : « Tout est illimité dans notre vie ».
    Advienne que pourras tu grandiras et tu consommeras et tu croitras.
    Cette injonction est celle du monde néolibéral.
    Bien sur il y a les niveau méta ( géopolitique, économique etc).
    Et puis il y a mon niveau ou je peux choisir de me limiter.
    Je peux choisir de ne plus prendre l’avion parce que je le vaux bien, n’est ce pas la récompense le susucre pour les cadres bien pensants ?
    Je peux choisir de me limiter et de ne plus partir au ski parce que je l’ai bien mérité.
    Je préfère parlé de limitation au niveau individuel plus que de décroissance.
    Et puis par imitation qui sait comme quand j’ai choisi de devenir abstinent en chair de poisson et d’animaux j’ai vu autour de moi sur 10 ans c’est vrai une véritable limitation de mon cercle familial et amical dans leur consolation de chair de poisson et d’animaux.
    Je sais que ce n’est qu’une partie du problème mais cela offre la possibilité d’éviter la bonne conscience et la dissonance cognitive à toute une partie de mes relations qui croient dur comme fer que parce qu’ils compris la question du dérèglement climatique et qu’ils ne sont pas climatosceptiques ils seraient du bon coté de la barrières et peuvent en toutes impunités aller qui pour la 5ieme fois en Egypte en avion, qui passer ses vacances sur des iles en prenant l’avion qui ne pas pouvoir se passer de ses deux à trois semaines de ski, qui ne pas faire l’impasse sur le barbeuque du week end.
    Alors pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait mettez vous en accord avec vos idées et ne pas seulement agité vos neurones de bien pensant.
    Tenez combien parmi vous qui ont un jardin ont des toilettes sèches pour économiser l’eau ?
    Allez la bise et à mon prochain coup de gueule sur le’s beaux discours.

  9. Avatar de gaston
    gaston

    Cher hôte,

    Merci d’avoir ressorti cet article paru dans « Word » le 11/08 que j’avais posté à la fin de mon commentaire du 22/08 à 23 h 49 (969092) à la suite de votre vidéo « la grenouille » (19/08 15 h 20). Ce lien noyé au milieu des 92 commentaires qui ont suivi la vidéo, et passé inaperçu, méritait bien que vous en fassiez un billet.

  10. Avatar de l'arsène
    l’arsène

    « une importante « correction de population » est inévitable »
    Raisonnement typique de type nazi qui sous-entend qu’il faudrait un certain espace vital pour ceux qui sont  » élus », ceux qui n’entrant pas dans un certain cadre devant être éliminés.
    Juste une citation de Gandhi pour remettre les choses en place : » Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire les besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir l’avidité de certains. »

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @l’arsène

      je ne pense pas que l’on puisse faire une analogie avec le nazisme.

  11. Avatar de Arnould
    Arnould

    Là tout de suite, je n’ai pas le temps d’aller lire l’article complet en anglais, même si j’en ai envie.

    A ceux qui l’ont lu, et qui ont certainement aussi lu « The limits to growth » publié en 1972 qui prévoyait une décroissance de la population humaine à partir des années 2030 en cas de scénario « business as usual », qu’y a-t-il de plus ? En peu de mots, SVP.

    1. Avatar de Paul Jorion

      La différence : « On mourra dans moins de 15 ans » vs « On mourra dans ½ siècle ».

    2. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Arnould
      le rapport Meadows était une alerte .
      cette étude est une conclusion suite à 50 ans d’atermoiements

      en quelques mots ? ne faites plus de gosses, espérons une nouvelle pandémie XXXL ou bien un cataclysme nucléaire .

      sinon en réponse à @Pascal j’ai donné quelques extraits . et je vous assure que la lecture vaut le sacrifice du temps .

      1. Avatar de Arnould
        Arnould

        @Paul Jorion : Merci !

        @Khanard : Pas du tout, le rapport Meadows (surtout par Madame apparemment) n’était pas une alerte, c’etait un beau travail scientifique. Il est basé sur la résolution numérique avec des ordinateurs d’équations différentielles, les mêmes qui font voler les avions, fusées, plonger les sous-marins, fonctionner les centrales électriques en particulier nucléaires, ordinateurs etc… Techniques un peu trop innovantes pour les « prix Nobel » d’économie des années 1970 qui se sont moqués sans rien comprendre (ou qui ont été payés pour se moquer, bien sûr).

        Quand à faire des gosses : mon fils 35 ans n’en veut pas exactement pour les raisons données dans ces travaux. Mon grand père paternel aura fait deux gosses, moi un seul, mon fils zéro. Si ça pouvait être ça la réduction de la population, ce serait bien…

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Arnould Pendant de temps là au Niger …
          Ne serait-ce pas là les prémices de la nouvelle vague de conquête à venir de l’Eurasie par l’Homo d’Afrique devenu migrant.

        2. Avatar de Khanard
          Khanard

          @Arnould
          Le fait de qualifier un rapport d’alerte ne signifie en rien que celui ci ne soit pas un « beau travail scientifique ».
          Alerte doit être compris comme une petite lumière qui s’allume et qui dit que quelque chose est en dysfonctionnement .

  12. Avatar de ilicitano
    ilicitano

    Un petit rappel :

    Veille effondrement #28 – Les limites à la croissance – une exploration en langage Python, par Charles Vanwynsberghe

    https://www.pauljorion.com/blog/?s=charles+vanwynsberghe

    La simulation de la courbe animée donne pour la population , dans un scénario business as usual:
    * un maxi de 9 milliards vers 2050 puis
    * une descente progressive jusqu’à 4 milliards en 2100 soit -1 milliard tous les 10 ans

    La simulation prend en compte 5 variables:
    * la population
    * la consommation d’énergie fossile
    * l’agriculture/nourriture
    * l’industrie
    * la pollution ( émissions CO2 comprises)

    1. Avatar de Arnould
      Arnould

      Quel dommage que ces travaux aient été tués dans l’oeuf au milieu des années 1970. S’ils avaient été poursuivis, il y aurait peut-être des pistes pour éviter la grande catastrophe. Merci les économistes de l’époque, en particulier le « premier » d’entre eux, Hayek.

      1. Avatar de Hadrien
        Hadrien

        Non Arnould, ces travaux n’ont nullement été « tués ». Cela fait bien longtemps (Malthus and co) que l’intelligence humaine sait ce qu’il faut faire: limiter la population, cad briser le tabou du croissez et multipliez, et limiter la consommation matérielle, celle du tabou du pouvoir d’achat, du PIB. Quel peuple accepterait des politiques qui s’attaqueraient à ces deux tabous ??? C’est l’espèce le problème.

        1. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          https://ourworldindata.org/grapher/kaya-identity-co2?time=earliest..2021

          CO2= POP x PIB/POP x E/PIB x CO2/E

          CO2 : émissions anthropiques mondiales de CO2 ;
          POP : population mondiale ;
          PIB : PIB mondial ;
          E : consommation mondiale d’énergie primaire

          PIB / POP : PIB par habitant, une mesure du niveau de vie moyen ;
          E / PIB : intensité énergétique du PIB, la quantité d’énergie utilisée pour produire un euro de biens ou services ;
          CO2 / E : intensité carbone de l’énergie, la quantité de CO2 émise pour disposer d’une quantité d’énergie donnée. Le ratio dépend de la part des diverses sources d’énergie dans la consommation mondiale.

          Chacun des termes peut être relié à un levier d’action mobilisable pour réduire les émissions de CO2 :
          * politique démographique,
          * sobriété économique
          * efficacité énergétique
          * transition vers des énergies moins carbonées.

      2. Avatar de écodouble
        écodouble

        Arnould,
        Le rapport Meadows, de 1972, est ignoré par nos dirigeants mais sûrement pas oublié : il a reçu le Japan Price en 2009 (il me semble). Or, d’ordinaire, ce prix est toujours décerné à une étude scientifique de l’année juste écoulée.
        De plus, les résultats du modèle sont chaque année comparés avec la courbe réelle ; et chaque année ça colle.

        C’est con qu’il n’y ait pas un modèle aussi fiable pour donner les numéros du loto. On serait toutes et tous millionnaires.

  13. Avatar de konrad
    konrad

    Nous venons de rentrer de vacances, ma femme et moi, 15 jours d’un périple de Singapour aux Maldives, en passant par les Seychelles et Dubaï pour les emplettes, et retour dans le cottage de Saint-Cloud.
    A peine les valises défaites, ma femme me voit plié en deux à me tordre le ventre. Croyant une rechute suite à une dégustation d’un « Cheval Blanc » de 57 sur un lit de caviar – ce qui est une ineptie, un Château Margaux, à la rigueur – elle me demanda
    – Que se passe-t-il chéri, La gouvernante n’a pas mis la clim dans ta chambre ?
    – Non, je viens d’ouvrir le blog de Paul Jorion et lu quelques commentaires.
    – M’enfin chéri, tu es inconscient ou quoi ?
    – Je sais, je n’aurais du, aussi tôt et aussi vite et voilà que je suis contrarié. Nous sommes foutus, ils sont très clairs !
    – Tu ne vas pas prendre ces « gauchos-écolos » au sérieux, il te faut être résilient comme tu sais si bien le faire. Et je sais ce qu’il te faut, de l’air, de la hauteur. Alors repartons, justement les Lewis, Jannet et Tim ont leur yatch aux Bermudes et ils peuvent nous accueillir.
    – Tu as raison chérie, rien de tel pour retrouver notre résilience.
    – C’est pour ta résilience que je t’aime, mon amour.
    – Ha bon, et pas pour mon argent ?
    Et nous avons éclaté de rire avant que notre chauffeur nous conduise à l’aéroport.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @konrad

      j’aime bien ces petits voyages en Absurdistan.
      je plussoie

      1. Avatar de konrad
        konrad

        @Khanard,

        J’ai ris plaisir à l’écrire ; mais savez-vous combien de divisions en Absurdistan ?
        Donnez-moi 10 millions et j’y émigre.

        A la fois je suis « conscient » des périls écologiques qui nous encerclent, à la fois j’ai encore envie de « jouir ».
        Je ne sais pas comment résoudre ce paradoxe, à niveau personnel, sinon que je suis peu « pollueur ».

        Au niveau national, j’aimerais un « chef » qui nous promette du « sang et des larmes » pour un projet et un avenir commun !
        Pas des demi-mesures annoncées par des affairistes ou des opportunistes. C’est pourquoi ce mélange des genres m’irrite parce qu’ils nous conduisent à se la jouer « personnel », chacun pour soi. Là, vu les enjeux, on est foutus.

        Que nous reste-t-il ? Je ne sais pas. Ce qui parait souhaitable c’est un gouvernement « fort » qui ait une vision à long terme et pas à 5 ans. L’inconvénient, qui n’est pas moindre, c’est la surveillance de tout le monde.

        Je n’attends pas grand chose de l’IA. Que reste-t-il ?
        Le miracle – étymologie – la merveille, l’éveil de la conscience !
        L’étonnement d’Être !
        Ce que « je suis » ne se réduit pas à pouvoir d’achat, consommer et faire caca partout !

        Un seul juste dans une ville et celle-ci est sauvée. 😉

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          « A la fois je suis « conscient » des périls écologiques qui nous encerclent, à la fois j’ai encore envie de « jouir ». »
          Tout est là, bien évidemment.
          Suis-je capable de jouir par moi-même, en conscience d’Être ou bien ai-je besoin de m’entourer d’artifices tels que : Netflix, un SUV électrique, une plage à l’autre bout du monde, un costard, une Rolex, m’exploser les oreilles au milieux de 100 000 personnes au stade de France, un Mc Do, le dernier iPhone… ?
          Pourquoi n’arrive t on pas à jouir de ce que l’on a et de ce que l’on est ? Narcisse, nous attachons plus d’importance à notre image qu’à ce que nous sommes réellement et nous souffrons d’une éternelle insatisfaction.

          1. Avatar de konrad
            konrad

            @Pascal,
            Pour moi, fondamentalement, jouir, c’est avant tout de la liberté !
            Pas de la liberté infantile de faire ce que je veux où je veux comme je veux, mais la liberté d’Être en conscience.

            1. Avatar de Pascal
              Pascal

              👏👏👏😄🙏

        2. Avatar de Khanard
          Khanard

          @konrad

          dites vous bien que nous en sommes tous là ! cette balance entre le Bien et le Mal. Faire en sorte que le fléau ne s’oriente trop dans le sens du Mal . Si on pouvait au moins l’infléchir vers le vertical.

          et pour reprendre le terme de lucidité je pense qu’il faudrait l’accompagner du terme futilité .

          A t’on intrinsèquement un besoin irrépressible d’aller faire le guignol sur la muraille de Chine, de faire trempette dans les eaux des Maldives etc…

          Tant de choses futiles qui nous sont proposées , à portée de main , à portée de « clic » dorénavant . Nous sommes passés à un stade suprême de la consommation, nous faisons de la consommation de consommation .

          Puisque nous sommes tous les deux à discuter et que personne d’autre ne nous lira , sachez que je n’ai jamais pris l’avion . Suis je pour autant un attardé mental ? Peut être . Je ne sais pas .
          Ce par contre dont je suis certain c’est que je suis profondément heureux d’avoir cette vie . Je suis LIBRE !!!!!!!!!!

          1. Avatar de konrad
            konrad

            @Khanard,
            Je suis totalement d’accord avec votre propos.
            C’est pourquoi la question existentielle qui se pose à nous en tant qu’humanité, ne se pose pas simplement en terme « d’IA » mais de « spiritualité » de « qui sui-je ? ».
            Question insupportable car elle bouscule toutes nos représentations. C’est d’ailleurs pourquoi nous refusons de nous y confronter.
            C’est mon point de vue, hein, pas la vérité absolue. 🙂

          2. Avatar de Pascal
            Pascal

            Rendez les gens dépressifs, plongez les dans l’incertitude, faite leur miroiter un avenir meilleur et vous en ferez des larbins consommateurs.
            Apprenez aux gens que la Vie est jouissance de l’instant, qu’ils n’ont pas à justifier de qui ils sont, que la seule relation valable au monde, c’est l’amour (pas le sexe, on est bien d’accord, ni l’attachement qui aliène)…
            Mais quel gouvernement voudrait d’une telle population ?😄

            1. Avatar de Khanard
              Khanard

              @Pascal
              en fait je me demande si on ne devrait pas analyser cette dichotomie sous le prisme de la pensée de Hegel .
              Que voyons nous ? des convaincus d’un changement climatique d’un côté et des climato-sceptiques de l’autre . D’un côté des personnes sensibles à un besoin de décroissance et de l’autre des adeptes de la surconsommation .
              Mais alors si on veut veut une unité il faut qu’il y ait des contraires c’est à dire au final la réunion des contraires .
              D’un autre côté j’ai l’impression que les uns (changement climatique) font de la philosophie alors que les autres (climato ) font de la politique.

              Et sachant que la philosophie n’est que de la mathématique logique j’ai l’impression qu’on n’est pas sorti de l’auberge.🤔🤔🤔🤔🤔🤔

              1. Avatar de Pascal
                Pascal

                Comme toujours, diviser l’humanité en deux catégories est une simplification.
                A travers le monde, une grande partie de la population (peut être majoritaire ?) n’est ni climatosceptique, ni climatophile mais principalement préoccupée par sa survie. Quand on est sûr d’avoir quelque chose à manger au prochain repas, alors on peut se poser la question de où va l’humanité.
                Au sein de cette humanité infiniment complexe, les rapports de domination, les intérêts particuliers, les croyances religieuses, les pressions identitaires et symboliques participent de ce formidable bazar.
                Même en France, à notre petite échelle, tout cela joue.
                Si je crois en Dieu, ce qui nous guette est sa volonté, il met notre foi à l’épreuve ou nous punit…
                Si je suis milliardaire, je crois en la croissance infinie qui est la doctrine sur laquelle j’ai fondé ma fortune et ma gloire. Comment y renoncer ?
                Si j’ai pour métier la politique, j’ai construit ma représentation de la société sur des modèles qu’il faut mettre en oeuvre et faire carrière… And son on.
                Mais si je suis climatophile, je peux aussi être religieux, milliardaire, professionnel de la politique…and so on
                Alors, qu’est ce qui nous sépare ? Qu’est ce qui nous rassemble ?
                Ce qui fait la force du Vivant, c’est sa diversité et nous en sommes les héritiers.
                Avons nous créé l’anthropocène par volonté ou par hasard ? .
                Bien difficile de savoir ce qui relève de notre volonté et ce qui relève de nos déterminismes. La balance est peut-être là ?

          3. Avatar de écodouble
            écodouble

            Bon sang Khanard, vous n’avez jamais volé et vous faites des zincs !
            Vous êtes donc pire que mon pater qui a fait Concorde. Il aurait pu voler des dizaines de fois en essai mais il se faisait « remplacer » par ces « collaborateurs ».
            Cependant, en 1973, il a fait un Toulouse-Casablanca et retour, en essai, et un Toulouse-Paris et retour, en Caravelle cette fois, en 1966, mais avec Gagarine dans l’avion.
            En tout cas, chapeau à vous. De là-haut, c’est tellement beau !
            Perso, je me suis promis de ne plus jamais voler ; sauf si l’occasion m’étais donner de repartir à Kerguelen.

            1. Avatar de Khanard
              Khanard

              @écodouble

              excusez mon ignorance mais que veut dire faire des zincs ?

              Je n’ai aucun mérite . Je suis simplement fidèle à mes convictions .

              Il y a des comportements humains qui sont d’une hypocrisie absolue, on s’approche de la bêtise humaine .
              Je ne sais qui parmi les commentateurs (@Guy Leboutte?) a parlé de manque de philosophie dans l’enseignement .
              Cela paraîtra certainement « has been » , cucul la praline mais je m’en moque et j’ose dire que tout cela manque d’éthique .

              1. Avatar de écodouble
                écodouble

                Zinc = Avion.
                Il me semble avoir compris que vous travaillez dans l’aéronautique.

                Plus d’avion pour moi désormais : Les images d’en haut gravées dans ma mémoire me suffisent jusqu’à ma fin.
                Et la chance que j’ai eu de voir des albatros voler me fait penser que même avec nos avions, en fait, nous ne volons pas.
                Ce n’est donc plus la peine de bruler du pétrole avec ces ersatz : dans nos zincs, nous sommes des charlots !

                1. Avatar de Khanard
                  Khanard

                  @écodouble
                  je m’en doutais .

                  non je n’ai pas ce talent . Mon cursus a été un DUT Génie Civil puis un diplôme d’université en Techniques du vide et cryogénie . Et en dilettante un Dut de Mesures physiques mais là j’ai abandonné car je n’avais plus de thunes .

                  Pour finir j’ai refusé de travailler pour le BTP et pour le nucléaire .

                  ah là là ces convictions

            2. Avatar de ilicitano
              ilicitano

              @ecodouble

              Vous m’aviez posé une question concernant une personne à la Poste de la base Dumont D’Urville.
              J’ai posé la question à mon fils : il se rappelle de la Poste mais pas des noms de personnes.

              En fait il a fait une mission courte : un aller-retour Hobart(Tasmanie)-Dumont D’Urville à bord de l’Astrolabe pour récupérer en plein océan des infos enregistrées, sur une longue période, dans les fonds marins sur des capteurs acoustiques.
              En gros analyser les passages des cétacés, entre autres.

              1. Avatar de écodouble
                écodouble

                Merci pour votre réponse ilicitano.
                Votre fils fait des choses vraiment très intéressantes. J’espère qu’il pourra faire ainsi toute sa vie.
                Que la Force soit avec les vrais scientifiques.

                1. Avatar de konrad
                  konrad

                  Merci, écodouble, bien que je ne sois ni le fils d’ilicitano ni scientifique et pas même du lycée Dumont d’Urville de Villetaneuse, je reçois vos propos comme un encouragement à poursuivre… !?
                  Mais quand je lis tous les scientifiques, ingénieurs, bac+7 de ce forum, honnêtement je ne peux me résoudre à la fin de l’humanité. Ce n’est pas possible. Toute cette intelligence, tout ce savoir, tous ces engagements et cette implication dans le bien humain à tenter de sauvegarder ce que nous sommes, ne peut pas disparaitre comme ça sous le tapis de quelques employés négligents.
                  Vous, écodouble, et les autres, je vois bien que vous êtes aussi humain ! C’est ma conviction à lire ce blog.
                  Donc, tout n’est pas perdu !
                  Je ne compte pas « que » sur vous, mais grandement tout de même.

        3. Avatar de Chabian
          Chabian

          @ Konrad qui écrit : « A la fois je suis « conscient » des périls écologiques qui nous encerclent, à la fois j’ai encore envie de « jouir ».
          Je ne sais pas comment résoudre ce paradoxe, à niveau personnel, sinon que je suis peu « pollueur ». »

          Comment encore « jouir » au temps de l’effondrement ? That is the question !
          Jouir, c’est dépenser, gaspiller, en pure perte ! Oui mais comment, au temps de la sobriété ?
          Il nous faut revenir à notre état d’enfance. (Bataille en parle bien à propos de Kafka). Jouer c’est pratiquer le contact au réel pour être dans ses émotions, ses passions et ses rêves. Absolument pas dans l’utile, le rationnel, le monde des adultes où tout est devenu « chose », objet mort d’une jouissance sans partage, inhumaine. Etat animal luttant pour sa survie et pourtant en symbiose avec ce qui l’entoure, dont les enfants représentent un état presque équivalent, la passion et la rêverie en plus. Etat sans l’écart, le surplomb qui nous épuise en nous tenant « au balcon ».

  14. Avatar de Paul Jorion

    Le texte complet de l’article :

    The Human Ecology of Overshoot: Why a Major ‘Population Correction’ Is Inevitable

    by William E. Rees

    https://www.mdpi.com/2673-4060/4/3/32

    Résumé

    Homo sapiens a évolué pour se reproduire de manière exponentielle, s’étendre géographiquement et consommer toutes les ressources disponibles. Pendant la majeure partie de l’histoire évolutive de l’humanité, ces tendances expansionnistes ont été contrebalancées par des rétroactions négatives. Cependant, la révolution scientifique et l’utilisation des combustibles fossiles ont réduit de nombreuses formes de rétroaction négative, nous permettant de réaliser notre plein potentiel de croissance exponentielle. Cette capacité naturelle est renforcée par l’économie néolibérale orientée vers la croissance – la nature complète la nature. Problème : l’entreprise humaine est une ‘structure dissipative’ et un sous-système de l’écosphère – elle ne peut croître et se maintenir qu’en consommant et dissipant l’énergie et les ressources disponibles extraites de son système hôte, l’écosphère, et en rejetant des déchets dans son hôte. L’augmentation de la population de un à huit milliards, et l’expansion de plus de 100 fois du PIB réel en seulement deux siècles sur une planète finie, a ainsi propulsé la société techno-industrielle moderne dans un état d’excès avancé. Nous consommons et polluons la base biophysique de notre propre existence. Le changement climatique est le symptôme le plus connu de l’excès, mais les ‘solutions’ traditionnelles accéléreront en fait la perturbation climatique et aggraveront l’excès. L’humanité présente les dynamiques caractéristiques d’un cycle de boom-bust de population unique. L’économie mondiale se contractera inévitablement et l’humanité subira une ‘correction’ majeure de la population au cours de ce siècle.

    1. Introduction et Objectif

    Cet article examine la question de la population humaine à travers le prisme de l’écologie évolutive humaine et le rôle de l’énergie disponible. Mes prémisses de départ sont les suivantes : (1) La société moderne techno-industrielle (MTI) est dans un état de dépassement écologique avancé (pour une excellente introduction au dépassement, voir le classique de William Catton, Overshoot [1]). Le dépassement signifie que même aux normes matérielles mondiales moyennes actuelles (inadéquates), la population humaine consomme même des ressources renouvelables et auto-productrices plus rapidement que les écosystèmes peuvent se régénérer et produit des déchets entropiques en excès de la capacité d’assimilation de l’écosphère [2,3]. En bref, l’humanité a déjà dépassé la capacité de charge humaine à long terme de la terre. (2) L’augmentation de huit fois de la population humaine alimentée par les combustibles fossiles et l’expansion de plus de 100 fois du produit brut mondial réel au cours des deux derniers siècles sont des anomalies ; elles constituent également les phénomènes écologiques les plus globalement significatifs de 250 000 ans d’histoire évolutive humaine, avec des implications majeures pour la vie sur Terre. (3) H. sapiens est une espèce en évolution, un produit de la sélection naturelle et toujours soumise aux mêmes lois et forces naturelles affectant l’évolution de tous les organismes vivants [4,5]. (4) Les efforts pour aborder l’anomalie démographique humaine et l’éco-crise résultante sans tenter de remplacer les comportements humains innés devenus inadaptés sont lamentablement incomplets et voués à l’échec.

    Dans ce cadre, l’objectif global de l’article est de faire valoir que, sur sa trajectoire actuelle et indépendamment des transitions tant vantées démographiques et dites renouvelables en matière d’énergie, le nombre pur d’humains et l’échelle de l’activité économique sapent l’intégrité fonctionnelle de l’écosphère et compromettent les fonctions essentielles de soutien à la vie. Non traitées, ces tendances peuvent bien précipiter à la fois une contraction économique mondiale et une ‘correction’ significative de la population humaine, c’est-à-dire un effondrement de la civilisation, plus tard dans ce siècle.

    2. La Nature et la culture du dépassement

    La nature et la culture contribuent à la crise du dépassement, mais la composante naturelle est largement ignorée. En effet, la plupart des habitants de la société MTI ne se considèrent pas comme des produits de l’évolution, c’est-à-dire de la sélection naturelle darwinienne. Beaucoup ressentent même du ressentiment à être rappelés qu’ils sont des animaux.

    Ironiquement, une partie de la raison de ce déni réside dans le succès évolutif extraordinaire de l’humanité – nous sommes l’espèce de mammifères dominante et certainement la plus nombreuse sur Terre. Comme une grande partie de ce succès est attribuable à l’abondance des ressources rendues disponibles par l’amélioration de la technologie, l’évolution culturelle reçoit tout le crédit. Cependant, la biologie de base sous-tend toutes les cultures humaines – même la capacité d’organisation socio-culturelle est elle-même un trait évolué.

    D’une pertinence particulière dans le contexte actuel sont trois capacités/prédispositions innées que les humains partagent avec toutes les autres espèces. À moins d’être contraintes par une rétroaction négative, les populations de H. sapiens (1) sont capables de croissance exponentielle (géométrique), (2) ont tendance à consommer toutes les ressources disponibles (un trait hautement adaptatif en l’absence de réfrigération ou d’autres techniques de conservation, ou en présence d’une concurrence intense de tribus voisines), et (3) vont s’étendre pour occuper tous les habitats appropriés accessibles. De manière significative, dans le cas des humains, tant la ‘disponibilité’ (des ressources) que la ‘convenance’ (de l’habitat) sont constamment affinées à la hausse par la technologie, amplifiant ainsi les prédispositions génétiques sous-jacentes.

    Nous reviendrons sur la dynamique des populations dans une section ultérieure. Considérons d’abord la demande insatiable caractéristique de l’humanité industrielle pour les ressources et les habitats. Favorisée par l’amélioration des technologies d’exploitation, H. sapiens épuise les mers et les forêts, a autrement diminué la nature sauvage, a détruit un tiers des sols arables et des paysages de la Terre, a extrait les gisements les plus riches de nombreux minerais et métaux, et, en seulement quelques siècles, a épuisé la moitié de haute qualité des stocks massifs d’énergie fossile qui ont mis des dizaines de millions d’années à s’accumuler. La dépendance de la société aux combustibles fossiles est une raison pour laquelle le courant dominant de la MTI voit un océan Arctique sans glace non pas tant comme une catastrophe climatique, mais comme l’ouverture de nouvelles routes commerciales et l’exposition du bassin arctique à l’exploitation pétrolière et gazière. Pendant ce temps, ayant épuisé les sources les plus riches en ressources minérales terrestres, certaines industries/pays se préparent à exploiter les fonds marins – nous allons racler le fond de notre baril terrestre ! [6]. En regardant vers l’avenir, d’autres encore ont jeté leur dévolu sur la richesse minérale présumée des astéroïdes ou de la lune comme les prochains trésors de ressources à exploiter [7].

    Ce dernier point fait également allusion au troisième trait crucial noté ci-dessus, l’expansionnisme spatial de l’humanité. Pouvez-vous penser à une espèce écologiquement comparable avec une aire de répartition géographique même vaguement aussi grande que celle de H. sapiens ? Indice : il n’y en a pas – poussés par notre impératif expansionniste naturel, les humains ont colonisé toute la planète – il n’y a pas de parcelle significative de paysage habitable par l’homme sur Terre que nous n’ayons pas déjà revendiquée comme nôtre. Nous occupons même certains ‘habitats’ qui sont fondamentalement hostiles à l’existence humaine (pensez aux ‘stations de terrain antarctiques’). Pendant ce temps, divers entrepreneurs et rêveurs humanistes voudraient que nous colonisions la Lune ou Mars, non seulement pour leur potentiel en ressources, mais aussi pour assurer contre l’extinction de H. sapiens si les systèmes de soutien à la vie terrestre échouent sous le poids des demandes humaines.

    On pourrait s’attendre à ce qu’une espèce sociale intelligente élabore des contournements culturels pour maîtriser les tendances expansionnistes potentiellement dangereuses sur une planète finie. De manière plutôt remarquable, c’est le contraire qui est vrai. L’une des racines les plus importantes du dépassement est la croyance de la société MTI en l’exceptionnalisme humain, l’idée que H. sapiens est fondamentalement différent des autres espèces. Les exceptionnalistes soutiennent que les comportements individuels et sociaux humains sont déterminés culturellement plutôt que génétiquement ; que l’ingéniosité humaine peut surmonter les pénuries de ressources ; que nous ne sommes pas autrement liés par les lois et les limites de la nature. Le paradigme économique correspondant, l’économie néolibérale – qui sous-tend actuellement le ‘développement’ mondial – suppose implicitement que l’économie et l’ ‘environnement’ sont des systèmes séparés, de sorte que le premier, propulsé par des avancées technologiques continues, peut croître indéfiniment, sans contrainte par le second. L’éducation « hubristique » renforce sans vergogne la nature expansionniste.

    Les preuves sont convaincantes que l’exceptionnalisme humain est une construction profondément erronée – une grande illusion culturelle – qui a conduit les sociétés MTI dans un piège écologique potentiellement fatal. Bien que la culture apporte des dimensions uniques à la trajectoire évolutive de l’humanité, cela n’exempte pas les humains des mêmes principes fondamentaux régissant l’évolution des formes de vie non humaines. Le conflit entre l’illusion de masse et la réalité biophysique est de plus en plus évident dans la déstabilisation de l’écosphère induite par l’échelle excessive de l’entreprise humaine. Personne ne devrait être surpris – comme l’a constamment soutenu l’économiste écologique, Herman Daly, loin de flotter dans un isolement splendide, « l’économie humaine est un sous-système en croissance totalement contenu et totalement dépendant de l’écosphère non croissante » [8,9].

    Considérez l’implication de l’aperçu de Daly pour la perte de biodiversité, l’un des symptômes les plus urgents du dépassement. H. sapiens n’est qu’une des 8,7 millions d’espèces estimées d’animaux et de plantes et de millions d’espèces supplémentaires de bactéries, de champignons et d’autres microbes. La plupart de ces formes de vie dépendent d’une infime fraction de l’énergie solaire ‘fixée’ sous forme de biomasse par la photosynthèse des plantes vertes. Les plantes nécessitent jusqu’à la moitié de cette ‘production primaire brute’ pour leur propre croissance et reproduction, de sorte que seul le reste – appelé ‘production primaire nette’ – est disponible pour d’autres formes de vie. Ce résidu soutient toute la vie animale, y compris les humains, ce qui signifie que nous sommes en concurrence avec des millions d’autres espèces pour une part d’un flux continu, mais limité, de biomasse à travers l’écosphère.

    Les humains, bien sûr, ont un avantage technologique dans la compétition. Notre grande intelligence, nos techniques de récolte assistées par la technologie et notre capacité alimentée par les combustibles fossiles à transformer des paysages entiers pour répondre aux besoins humains, signifient que, depuis des siècles, les humains augmentent leurs prélèvements sur le flux annuel mondial d’énergie de biomasse [10]. Fowler et Hobbs se demandent même si, en termes d’éco-variables communes, l’H. sapiens contemporain est encore ‘écologiquement normal’ [11]. Leurs données montrent qu’en termes de consommation d’énergie (et donc d’émissions de dioxyde de carbone), de consommation de biomasse et de divers autres indicateurs écologiquement significatifs, les demandes humaines sur les écosystèmes de soutien éclipsent celles d’espèces similaires de plusieurs ordres de grandeur. Par exemple, la consommation humaine de biomasse dépasse de 100 fois la limite supérieure de confiance à 95 % pour l’ingestion de biomasse par 95 autres espèces de mammifères non humains ; comme nous l’avons déjà noté, l’aire de répartition géographique de l’humanité est inégalée, dépassant de dix fois la limite supérieure de confiance à 95 % pour les aires de répartition de 523 autres espèces de mammifères. En fin de compte : Comme d’autres organismes vivants, H. sapiens a évolué biologiquement pour s’auto-maximiser. Cependant, combinée à notre prouesse culturelle unique, l’humanité « … les capacités de croissance surpassent de loin celles de toutes les autres espèces, comme en témoigne notre domination de la biosphère… » [12].

    Les conséquences pour les espèces animales non humaines sont catastrophiques, pour des raisons qui devraient être évidentes. Non seulement nous exploitons généralement de manière excessive les espèces « ressources » ciblées, mais toute biomasse que la tribu humaine prend pour ses propres besoins est irréversiblement indisponible pour les organismes concurrents. La supériorité de l’humanité en matière de recherche de nourriture signifie la « substitution compétitive » d’autres espèces de leurs sources de nourriture et habitats. Les « autres espèces » déclinent en conséquence ou disparaissent. Alors que H. sapiens ne représente que 0,01 % de la biomasse totale de la Terre, l’expansion de l’entreprise humaine a éliminé 83 % de la biomasse animale sauvage et 50 % de la biomasse végétale naturelle. D’une fraction de 1 % il y a 10 000 ans, l’humanité représente maintenant 32 %, et notre bétail domestique 64 %, de la biomasse mammalienne beaucoup plus étendue de la planète ; toutes les espèces sauvages combinées ne représentent que 4 % [13]. De même, la volaille domestique représente maintenant 70 % de la biomasse aviaire restante de la Terre [13,14] et la pêche commerciale épuise les océans au détriment des mammifères marins et des oiseaux dépendants des poissons en déclin rapide. Les oiseaux de mer sont le groupe d’oiseaux le plus menacé, avec un déclin de la population au niveau de la communauté de 70 % entre 1950 et 2010 [15]. Les populations restantes d’espèces de vertébrés surveillées ont également diminué d’environ 70 % au cours du demi-siècle dernier [16].

    Ces données et d’autres données connexes suggèrent que notre espèce est devenue, directement ou indirectement, le macro-consommateur dominant dans tous les principaux écosystèmes terrestres et marins accessibles de la planète. En effet, H. sapiens pourrait bien être le vertébré carnivore et herbivore le plus voracement réussi à avoir jamais marché sur Terre – mais au détriment de milliers d’autres espèces. La croissance de l’entreprise humaine (population et économie) sur une planète finie est le plus grand facteur contribuant à la chute de la biodiversité [17]. Des populations humaines réduites presque partout sont nécessaires pour préserver les parcelles restantes de vie non humaine sur Terre [18].

    Bien sûr, la perte de biodiversité n’est qu’un des principaux symptômes du dépassement. Le dépassement est un méta-problème, la cause du changement climatique (y compris la désertification, la circulation océanique vacillante, etc.), de la dégradation des terres/sols, de la déforestation tropicale, de l’acidification des océans, de l’effondrement des pêcheries, de la baisse des nappes phréatiques, des pénuries alimentaires imminentes, de la contamination plastique et chimique des chaînes alimentaires, de la baisse du taux de spermatozoïdes, de l’augmentation des taux de cancer, des pandémies, de la pollution de tout, etc. Pratiquement tous les soi-disant problèmes environnementaux sont des co-symptômes du dépassement. Nous, les humains, épuisons et contaminons la base biophysique de notre propre existence.

    Dans le processus, l’entreprise humaine est également devenue la plus significative des forces géologiques contemporaines – les gens déplacent jusqu’à 24 fois plus de matériel que tous les processus géologiques naturels combinés [19,20]. Il n’est donc pas étonnant que le poids total des objets fabriqués par l’homme dépasse désormais la biomasse vivante sur Terre (~1,1 terratonnes) [21]. Bienvenue dans l’Anthropocène [22,23].

    Il y a plus qu’une touche d’ironie derrière ces réalités biophysiques. Les économistes et les techno-optimistes hallucinent que l’économie est en train de se « dématérialiser » ou de se « découpler » davantage du monde matériel sur des bases aussi simplistes que le ratio des émissions de carbone ou de l’utilisation des ressources par unité de PIB est en baisse [24]. Les données ci-dessus éclairent le fait contraire que, en termes de ce qui compte vraiment pour la nature – la niche écologique humaine en expansion – les humains deviennent en réalité une composante toujours plus grande et plus destructive de l’écosphère [25]. En effet, l’entreprise humaine subsume effectivement l’écosphère.

    Néanmoins, le mythe bizarrement absurde du découplage persiste. Les politiciens s’appuient sur la technologie – l’efficacité et la « dématérialisation » – pour soutenir qu’il n’y a pas de conflit inhérent entre la croissance continue de l’économie et « l’environnement ». Ils parlent par naïveté ou ignorance, mais cette affirmation encourage le public trop disposé à partager l’une des illusions les plus toxiques de l’humanité.

    Pourquoi personne n’écoute-t-il ? À la lumière des preuves accablantes, il semble juste de se demander pourquoi les médias grand public ne rendent pas compte, et pourquoi la plupart des gens ordinaires n’ont jamais entendu parler du dépassement. Une grande partie de la raison peut être le simple déni, mais une partie du problème peut résider dans l’incompétence cognitive. H. sapiens a évolué dans des temps plus simples et plus lentement changeants qui posaient des défis relativement limités au système nerveux central en évolution. Nous fonctionnons avec ce qui sont encore essentiellement des cerveaux paléolithiques : les humains modernes sont douloureusement myopes [26], ont tendance à penser en termes de relations de cause à effet immédiates et à répondre aux problèmes de manière simpliste et réductionniste (pensez à la « dématérialisation »). Ce mode cognitif était adéquat à l’époque pré-agricole. Cependant, au cours des siècles récents, l’évolution culturelle (par exemple, l’émergence de cultures multicouches, d’institutions mondiales et de technologies presque magiques) a dépassé la bio-évolution [27,28]. Nos cerveaux sont sans doute mal adaptés au rythme du changement et aux complexités croissantes de l’Anthropocène créé par l’homme – nous nous sommes rendus cognitivement obsolètes [29].

    Peut-être l’exemple le plus évident est la fixation mondiale sur le changement climatique comme la menace existentielle pour la civilisation. Les médias peuvent être temporairement détournés par la pandémie récente, les famines régionales, la crise croissante des réfugiés ou la guerre Russo-Ukrainienne, mais l’accent est toujours mis sur un seul problème à la fois. Rarement les médias, même les analystes sérieux, et certainement pas la plupart des politiciens, relient les points pour voir ces problèmes comme découlant d’une racine commune dans le dépassement. Même le terme de poly-crise (de nombreux problèmes parallèles et liés) ne suffit pas. Les peuples MTI ne comprennent tout simplement pas la complexité ; ni ne comprennent-ils les retards, les seuils et les comportements discontinus imprévisibles de systèmes complexes se chevauchant sous le stress du dépassement [30]. Cela est crucialement important si seulement parce que, bien qu’aucun symptôme majeur de dépassement ne puisse être abordé de manière adéquate isolément des autres, aborder directement le dépassement réduirait tous les symptômes importants simultanément.

    3. Le lien avec la population

    « L’esprit humain sert le succès évolutif, pas la vérité. Penser autrement, c’est ressusciter l’erreur pré-darwinienne selon laquelle les humains sont différents de tous les autres animaux » (John Gray, [31]).

    Cela nous ramène au casse-tête de la population. En termes simples, le dépassement résulte de trop nombreuses personnes consommant et polluant trop. La cause physique immédiate est l’excès de flux économique (c’est-à-dire, la consommation de ressources et la production de déchets), mais le flux est lui-même alimenté par l’augmentation des revenus et la croissance de la population. La plupart des gens ont tendance à dépenser/consommer jusqu’à la limite imposée par leurs revenus discrétionnaires (et, depuis l’introduction du crédit facile, souvent bien au-delà). Les pays et les populations à revenu élevé sont donc responsables des trois quarts de la consommation de matériaux excédentaires et de la pollution à ce jour [32]. Même en 2021, « les 10 % d’émetteurs les plus importants étaient responsables de près de la moitié des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie… contre seulement 0,2 % pour les 10 % les moins émetteurs » [33]. Pendant plusieurs décennies, cependant, les augmentations incrémentielles de l’empreinte écologique (EF) et des émissions de carbone de l’humanité ont été plus influencées par la croissance démographique que par l’augmentation des revenus/consommation dans tous les quartiles de revenus. En effet, la croissance démographique a représenté environ 80 % de l’augmentation de l’EF humaine totale au-dessus de ce qui aurait été accumulé si les populations étaient restées constantes même si les revenus augmentaient [34,35].

    Dans ce contexte, il est important de noter qu’en 2023, environ quatre milliards de personnes (la moitié de la famille humaine) résident dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et à faible revenu, soit les pays ayant les taux de croissance démographique les plus élevés et dont les habitants n’ont pas encore satisfait leurs besoins matériels. La combinaison de la croissance démographique, d’une demande latente massive et d’une augmentation du PIB par habitant – cette dernière étant pleinement justifiée – représente une énorme augmentation potentielle de la consommation/pollution mondiale future, pose un double défi à l’intégrité de l’écosphère sur une planète déjà en dépassement, et – plutôt tardivement – souligne la nécessité d’une plus grande équité dans l’accès aux ressources pour les peuples du monde.

    Il devrait également être évident, à partir de ces données et tendances, que toute approche mondiale visant à harmoniser l’entreprise humaine avec l’écosphère doit inclure la planification de la population. Néanmoins, jusqu’à récemment, la question de la population était taboue, même dans le milieu universitaire, principalement pour des raisons religieuses/culturelles/humanistes ou souvent des accusations infondées selon lesquelles les analystes étaient implicitement racistes [36,37]. À mesure que les coûts croissants des intempéries extrêmes, de la perte de biodiversité, de la dégradation des terres/sols, des incendies de forêt, des famines régionales, des pénuries d’énergie, de la pollution, etc., touchent de plus en plus de personnes, les avantages évidents d’un nombre d’humains plus réduit [38] dissolvent enfin le tabou de la population.

    Alors qu’il devient de plus en plus important que les analystes politiques et les politiciens comprennent pleinement ce qu’est la « population », ils ne recevront pas une image complète de la part de la plupart des démographes traditionnels. Étrangement, malgré leur concentration sur la dynamique de la population, les démographes font peu référence aux éléments clés de la biologie de la population ou aux influences environnementales. La plupart des projections de population humaine sont basées sur des facteurs purement démographiques – population de base, répartition par âge/sexe, taux de fécondité spécifiques à l’âge et taux de mortalité et migration (le cas échéant), c’est-à-dire qu’elles sont menées dans un vide contextuel. De plus, des entrées défectueuses peuvent fausser le résultat. L’analyste de la population, Jane O’Sullivan, soutient que les hypothèses erronées du modèle de population de l’ONU [39,40] et même celui du consortium Earth4All [41], placent leurs projections « fermement dans le domaine du conte de fées » [42,43]. L’ONU s’attend à ce que la population humaine atteigne son pic à environ 10,4 milliards à la fin du siècle. Le pic de la projection « Too Little Too Late » d’Earth4All est d’environ 8,7 milliards au début des années 2050 ; son estimation « Giant Leap » culmine à environ 8,4 milliards au début des années 2040. Même avec des hypothèses démographiques raisonnables, les résultats du modèle seront valides uniquement si tous les facteurs exogènes cruciaux pour la santé et la sécurité de la population peuvent être maintenus tout au long de la période de projection. Cette hypothèse est simplistement irréaliste – la population est dans un état de dépassement avancé qui érode dangereusement la capacité de charge humaine. Les climatologues, les écologistes, les environnementalistes et même certains démographes [44] tirent maintenant la sonnette d’alarme sur les pressions démographiques croissantes, affirmant même que nous serions tous mieux lotis s’il y avait moins d’entre nous [38].

    Les racines évolutives du « problème de la population. » Chaque citoyen concerné devrait comprendre les bases de la dynamique de la population humaine. Tout d’abord, comme mentionné au début, les populations humaines, comme celles de toutes les autres espèces, sont capables de croissance exponentielle (ou « géométrique ») dans des conditions environnementales favorables. Une population croissant exponentiellement à un taux fixe aura un temps de doublement constant. Par exemple, la population humaine a atteint son taux de croissance maximal de 2,2 % par an au début des années 1960, lorsque la population mondiale était d’environ 3,2 milliards ; si ce taux avait été maintenu, la population aurait continué à doubler tous les 32 ans. En l’état, le taux de fécondité moyen a diminué, donc la population n’a augmenté que de 2,5 fois en 60 ans.

    La croissance exponentielle est une forme de rétroaction positive où chaque augmentation de la population ajoute à la base reproductive, tout comme les intérêts annuels s’ajoutent au capital d’un compte bancaire. Cependant, dans des conditions naturelles, la plupart des espèces (y compris les humains) réalisent rarement leur plein potentiel reproductif. La croissance à rétroaction positive est contrebalancée par diverses formes de rétroaction négative – maladies, pénuries alimentaires, concurrents hostiles, etc. – de sorte que les populations naturelles fluctuent généralement autour d’une moyenne à long terme. Les chiffres augmentent lorsque les conditions sont favorables et diminuent lorsque les conditions se détériorent, souvent à cause de la population pléthorique elle-même – les maladies se propagent facilement et la famine peut être causée par des densités de population excessives.

    Les biologistes de l’évolution reconnaissent que différentes espèces ont évolué avec différentes stratégies de reproduction. Les humains sont des archétypes de stratèges ‘K’ : les espèces stratégiques ‘K’ sont généralement de grands organismes à longue durée de vie, avec des taux de reproduction relativement faibles, des périodes de gestation longues, des soins parentaux intensifs et des taux de mortalité infantile faibles. À l’autre extrémité du spectre se trouvent les stratèges ‘r’, généralement des organismes plus petits, à durée de vie courte, avec des cycles de vie courts, une fécondité très élevée (‘r’), peu d’investissement parental et des taux de mortalité des progénitures élevés. La continuité des espèces dépend de la survie d’un pourcentage infime d’un très grand nombre de descendants. Les stratèges K sont le plus souvent adaptés à des habitats relativement stables où, en raison de taux de survie élevés, ils ont tendance à se rapprocher de la capacité de charge locale (‘K’) [45]. La capacité de charge est la population maximale durable moyenne pour un habitat particulier ; ainsi, ‘K’ représente l’équilibre fluctuant établi entre le potentiel de croissance géométrique de l’espèce et les diverses rétroactions négatives (par exemple, pénuries d’eau et de nourriture et limitations spatiales) qui interviennent lorsque les conditions se détériorent ou que des nombres excessifs stressent l’habitat. Ces dynamiques étaient à la base des préoccupations de Malthus, selon lesquelles le potentiel de croissance de la population dépasserait toujours l’offre alimentaire.

    Pourquoi cela est-il à nouveau important aujourd’hui ? Comme mentionné au début, les humains anatomiquement modernes existent depuis environ 250 000 ans. Pendant la majeure partie de cette période, la courbe de croissance de la population était essentiellement plate. Il y a eu une augmentation à peine perceptible au niveau mondial à mesure qu’Homo sapiens se répandait de l’Afrique au reste de la planète au cours des 50 derniers millénaires, et une légère augmentation avec l’adoption de l’agriculture il y a 10 millénaires, mais dans l’ensemble, les populations humaines largement dispersées ont historiquement fluctué près de leurs capacités de charge locales. Réprimée par la rétroaction négative, il a fallu 99,9 % de l’histoire humaine pour que la population mondiale atteigne un milliard au début des années 1800.

    Avec les révolutions scientifiques et industrielles, tout a changé. En particulier, l’amélioration de la santé publique a considérablement réduit les taux de mortalité et l’augmentation de l’utilisation de technologies alimentées par les énergies fossiles a à la fois augmenté régulièrement la disponibilité de la nourriture [46] et fourni les moyens d’accéder à toutes les autres ressources nécessaires à la croissance de l’entreprise humaine. En seulement 200 ans (1/1250e du temps qu’il a fallu pour atteindre le premier milliard), la population humaine a explosé pour atteindre sept milliards en 2011 et huit milliards seulement 11 ans plus tard, en novembre 2022. Pendant ce temps, les demandes matérielles humaines sur l’écosphère ont augmenté de plus de deux ordres de grandeur avec une augmentation de plus de 100 fois du produit brut mondial réel (GWP) [47]. Ironiquement, seules environ huit des 10 000 générations d’humains ont vécu cette période la plus courte de l’histoire évolutive humaine, mais la société MTI d’aujourd’hui considère cette poussée de croissance complètement anormale comme la norme – et fait tout ce qui est concevable pour la maintenir (Figure 1).

    4. Sur les gradients énergétiques : homo sapiens en tant que ‘structure dissipative’

    « … nous utilisons 30 % de toute l’énergie, aux États-Unis. Ce n’est pas mal ; c’est bien. Cela signifie que nous sommes le peuple le plus riche et le plus fort du monde et que nous avons le niveau de vie le plus élevé du monde. C’est pourquoi nous avons besoin de tant d’énergie, et que cela soit toujours ainsi » (Président des États-Unis Richard Nixon, novembre 1973 [48]).

    L’histoire de la croissance de la population humaine souligne un facteur clé pour comprendre l’éco-crise, généralement ignoré par les économistes et les démographes : la bombe démographique a été assemblée pendant la révolution industrielle et a explosé au 19e siècle avec l’utilisation croissante de matière organique fossilisée qui a pris des centaines de millions d’années à s’accumuler. La création de richesse et les technologies permises par les combustibles fossiles (FF) – y compris les engrais et les pesticides – ont réduit ou éliminé diverses formes historiquement importantes de rétroaction négative, libérant la population humaine mondiale pour croître exponentiellement pour la toute première fois. L’explosion alimentée par les fossiles de l’entreprise humaine a déclenché la période de dégradation écologique mondiale la plus importante de 250 000 ans d’histoire évolutive humaine.

    Comprendre le rôle de l’énergie aide également à éclairer les perspectives d’avenir de l’humanité. Suite à l’observation du mathématicien Ludwig Boltzmann selon laquelle la lutte darwinienne pour l’existence est essentiellement une compétition pour l’énergie utile disponible, l’écologue mathématique Alfred Lotka a proposé dans les années 1920 que les systèmes réussis (individus, espèces et écosystèmes) étaient ceux qui maximisaient leurs appropriations et l’utilisation efficace de l’énergie disponible (exergie) de leur environnement [49]. Plus tard, l’écologiste Howard Odum a affiné et formalisé le concept de base en tant que ‘principe de puissance maximale’ : en essence, la sélection naturelle favorise les systèmes qui évoluent (s’auto-organisent) de manière à maximiser leur apport énergétique et leur production de puissance au service de l’auto-maintenance, de la croissance et de la reproduction [50,51]. Les systèmes qui échouent notablement à maximiser leur production de puissance utile seraient éliminés.

    H. sapiens sont sans doute la démonstration archétypale de la puissance maximale. Alors que d’autres espèces animales dépendent de l’énergie corporelle (endosomatique) obtenue à partir de la biomasse ingérée, les humains sont uniquement capables d’utiliser de l’énergie supplémentaire hors du corps (exosomatique) pour la croissance et la reproduction des systèmes. L’histoire de la civilisation retrace une séquence de sources d’énergie externes, commençant par le feu, l’eau courante et le vent, évoluant à travers les FF, l’hydroélectricité et d’autres soi-disant énergies renouvelables modernes, jusqu’à l’énergie nucléaire. La comparaison des sociétés de chasseurs-cueilleurs aux agriculteurs à la culture MTI montre un modèle d’utilisation de l’énergie exosomatique, augmentant de 20 Gjoules/personne par an à 60 Gjoules/personne par an à 300 Gjoules/personne par an, respectivement [52]. Les cultures, sociétés et nations les plus riches, les plus puissantes et donc les plus réussies (selon les critères contemporains) ont toujours été celles qui maximisaient leurs appropriations et l’utilisation efficace de l’énergie disponible. Comme mentionné précédemment, l’augmentation explosive du PIB mondial à partir du 19e siècle a été alimentée par les FF. Ce n’est pas par hasard que le PIB des nations modernes reste étroitement corrélé à la consommation de pétrole (Figure 2) et que la moitié la plus pauvre de l’humanité représente moins de 20 % de la consommation mondiale d’énergie [53].

    Figure 2. Le PIB est proportionnel à la consommation de pétrole (échelles logarithmiques). Graphique gracieuseté d’Arthur Berman.

    En l’état actuel des choses, le monde moderne reste largement dépendant de la densité énergétique inégalée des FF. Malgré l’hyperbole entourant le développement rapide des sources d’énergie renouvelables alternatives prétendument renouvelables [54], 82 % de l’énergie primaire mondiale était fournie par le charbon, le pétrole et le gaz naturel en 2021. Les énergies renouvelables non hydrauliques, principalement les éoliennes et les panneaux solaires (les bénéficiaires de la plupart des nouveaux investissements), représentaient moins de 7,0 %. En effet, les combustibles fossiles ont alimenté l’économie mondiale pendant 290 des 365 jours de 2021, contre 24 jours pour toutes les énergies renouvelables non hydrauliques (éolien, solaire, biomasse et géothermie) combinées.

    La dépendance continue aux combustibles fossiles est extrêmement problématique et pas seulement à cause du changement climatique. De nombreux composants de la civilisation MTI, des individus et des industries aux villes et aux États-nations – en effet, l’ensemble de l’entreprise humaine – partagent les caractéristiques des ‘structures dissipatives’, terme inventé par Ilya Prigogine pour décrire les processus d’auto-organisation hors équilibre dans les systèmes vivants [55,56]. Les structures dissipatives se développent/évoluent en réponse aux gradients énergétiques, qu’elles ‘dissipent’ ensuite (c’est-à-dire consomment et dégradent) pour s’auto-produire et se maintenir. En effet, l’auto-organisation dans les systèmes ouverts (systèmes capables d’échanger de l’énergie et des matériaux avec leur environnement) nécessite la dissipation de l’énergie.

    L’entreprise humaine est un complexe de sous-systèmes ouverts, fortement structurés, non linéaires et chevauchants, fonctionnant chacun loin de l’équilibre thermodynamique. ‘L’équilibre thermodynamique’ décrit l’état d’un système dans lequel il n’y a pas de structure ou de gradients et donc pas de flux internes de matière ou d’énergie. L’équilibre thermodynamique peut également exister entre un système et son environnement. Dans les deux cas, aucun changement mesurable ne peut se produire. En revanche, les systèmes non équilibrés auto-producteurs – par exemple, les cellules vivantes individuelles, le corps humain, les processus économiques – sont capables de changements dynamiques, y compris des flux nets entre les systèmes et leur environnement et la dissipation permanente de l’énergie et de la matière. Ces systèmes sont donc dits fonctionner ‘loin de l’équilibre’.

    Comme mentionné, l’entreprise humaine moderne a évolué sous sa forme actuelle principalement en réponse au gradient énergétique abrupt représenté par les combustibles fossiles, qu’elle a dissipé sur une courbe accélérée, en particulier au cours des deux derniers siècles (la moitié des combustibles fossiles jamais consommés ont été brûlés en seulement 30 à 35 ans). Ce ne sont pas seulement les combustibles fossiles. L’industrialisation alimentée par les combustibles fossiles a augmenté la consommation mondiale de nombreux minéraux et métaux de plusieurs ordres de grandeur, de sorte que les meilleurs gisements de nombreuses ressources non renouvelables finies et non renouvelables ont également été largement épuisés et dissipés. La pénurie de ressources pourrait bien accélérer la descente de la civilisation industrielle depuis le dépassement. La croissance continue – ou même le fonctionnement à l’état stable – de l’entreprise humaine dépend donc entièrement de la continuité de ce flux énergétique, c’est-à-dire du maintien d’un gradient énergétique comparativement abrupt (et cela suppose que d’autres ressources seront également disponibles) [57].

    Cependant, il y a un problème. Il devient de plus en plus évident qu’une transition énergétique quantitativement équivalente des FF vers les soi-disant sources d’électricité vertes sur un calendrier favorable au climat/au dépassement n’est probablement pas susceptible de se produire [58,59,60]. Il est vrai qu’il y a eu une expansion impressionnante de la production d’électricité par les installations éoliennes et solaires dans certains pays ces dernières années. Cependant, comme mentionné, les FF fournissaient encore 82 % de l’énergie primaire mondiale et même 61 % de l’électricité mondiale en 2021. Les éoliennes et les installations solaires ont fourni 10 % de l’énergie électrique mondiale (jusqu’à 12 % en 2023), mais comme l’électricité ne représente que ~19 % de la consommation finale d’énergie, l’électricité éolienne et solaire ne représente que ~2,3 % de l’approvisionnement énergétique total des consommateurs, après plusieurs décennies de déploiement croissant (données de [61]).

    L’énergie verte renouvelable a clairement encore un long chemin à parcourir – certaines années, les ajouts à la capacité renouvelable ne suivent même pas la croissance de la demande totale d’énergie. Alors que nous éliminons progressivement (ou épuisons) les FF, certains analystes suggèrent que la communauté mondiale devrait se préparer à une descente énergétique abrupte, un avenir avec des approvisionnements en énergie nettement inférieurs – jusqu’à 50 % de moins – et de plus en plus peu fiables [62]. Le corollaire évident, mais souvent non dit, est que l’affaiblissement de notre gradient énergétique s’accompagnera d’une simplification massive de cette plus grande structure dissipative – l’entreprise humaine. Certes, il y aura une chute correspondante du PIB mondial (voir Figure 2) ; nous devrions également anticiper des pénuries mondiales de nourriture et de toutes les autres ressources matérielles dépendantes des FF nécessaires au fonctionnement de la civilisation moderne – et nous n’avons pas encore pris en compte les conséquences simultanées du réchauffement climatique accéléré. Si la

    culture MTI maintient son cap actuel, une correction majeure de la population semble inévitable.

    5. La réponse du monde au dépassement

    « Le dépassement est un dépassement. Une fois que votre civilisation commence à consommer plus que ce qui est naturellement régénéré dans sa folie à poursuivre une croissance infinie sur une planète finie, l’effondrement n’est qu’une question de temps » (B [63]).

    La trajectoire évolutive de l’humanité et notre récente période d’expansion industrielle ont évidemment généré un éco-problème vraiment unique pour l’humanité : les humains sont innés expansionnistes, et la culture MIT est accro à la croissance, mais la croissance matérielle sur une planète finie doit finalement cesser. Le signe le plus encourageant d’un réveil face à cette contradiction est qu’un mouvement international planifié de ‘décroissance’ prend de l’ampleur, particulièrement en Europe [64]. Même des membres du Parlement européen sont ouvertement préoccupés par les risques associés à la croissance économique continue [65]. De telles préoccupations sont stimulées par un nombre croissant d’analyses basées sur la science et de rapports populaires qui, même sans mentionner le dépassement, abordent la possibilité que les sociétés MTI soient confrontées à un effondrement économique et démographique [66,67,68].

    L’effondrement sociétal est un sujet complexe et controversé. Il n’y a pas de définition cohérente. Cependant, il y a consensus sur le fait que l’effondrement peut être rapide ou prendre des décennies, mais implique invariablement une perte significative de complexité socio-politique et économique, y compris la dissolution/remplacement des gouvernements formels [69]. Un déclin significatif de la population est possible même avec des effondrements régionaux – il y a une histoire considérable d’association de l’effondrement avec la surpopulation et la concurrence pour des ressources rares [70].

    Ceux qui doutent que l’effondrement soit une réelle possibilité devraient se rappeler que de nombreuses sociétés humaines régionales se sont effondrées par le passé et que les sociétés MTI sont maintenant si étroitement imbriquées que la prochaine contraction pourrait bien être mondiale. Dans un monde rationnel, la communauté internationale agirait de manière coopérative et décisive en réponse aux preuves de dépassement et s’organiserait pour éliminer ses impacts corrosifs. Malheureusement, rien de tel ne se produit. La société MTI ne reconnaît même pas le dépassement. Au contraire, la plupart des pays industrialisés et même le mouvement environnementaliste mainstream conservent leur focalisation simpliste sur le changement climatique et semblent tous deux déterminés à trouver des moyens de maintenir la trajectoire de croissance perpétuelle.

    Certains environnementalistes exhortent à un désinvestissement rapide et à l’abandon du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Cependant, des mesures agressives pour réduire l’utilisation des FF, même de 45 % d’ici 2030 selon l’accord de Paris, constitueraient un suicide politique (sinon sociétal) en l’absence d’alternatives énergétiques viables et d’un plan de restructuration socio-économique complet soutenu par le public. Tout dans le monde moderne dépend de la continuité de l’approvisionnement en énergie. Ainsi, des réductions rapides des FF entraîneraient un chaos économique – réduction de la production de biens, chômage massif, chaînes d’approvisionnement rompues, PIB en baisse, revenus personnels en déclin, services sociaux débordés, etc. La production alimentaire chuterait ; le transport interurbain essentiel à moteur diesel et maritime serait perturbé ; il y aurait des famines locales, des migrations massives et une pénurie alimentaire mondiale, exacerbée par le changement climatique continu, le désordre civil et le chaos géopolitique. Même si les concentrations atmosphériques de GES se stabilisaient, il y a déjà un réchauffement supplémentaire de 0,6 °C ‘dans les tuyaux’ en raison de rétroactions à court terme telles que l’inertie thermique des océans. Cela seul amènera le monde à dépasser la limite de réchauffement de 1,5 °C et à déstabiliser davantage le climat [71].

    Tout cela aide à expliquer pourquoi la plupart des gouvernements seniors de la MTI, les administrations urbaines, les organisations internationales, de nombreux analystes universitaires et même les organisations environnementales ont adopté une stratégie alternative à deux voies orientée vers le maintien du statu quo comme suit :

    Voie 1 : Plutôt que d’abandonner les FF, les gouvernements maintiennent les subventions au développement des FF : en effet, les subventions en 2022 étaient le double de celles de l’année précédente [72]. En conséquence, même l’Agence internationale de l’énergie s’attend à ce que la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique mondial reste supérieure à 60 %, même en 2050 [73]. Cela maintiendra notre Titanic industriel à flot jusqu’à ce que la voie 2 puisse être pleinement réalisée ou jusqu’à ce que les FF économiquement extractibles soient épuisés.

    Voie 2 (parallèle à la voie 1) : Pendant ce temps, séduits par la promesse d’une énergie renouvelable bon marché à 100 % [54], le monde a également adhéré à un nouveau mythe, la soi-disant transition énergétique renouvelable. Sous des bannières telles que le ‘Green New Deal’, l’économie circulaire et le concept oxymorique de ‘croissance verte’, les sociétés MTI s’efforcent d’électrifier tout et d’orienter les investissements vers les soi-disant sources d’énergie verte renouvelable, en particulier les éoliennes, les panneaux solaires et, plus récemment, l’hydrogène (aucun d’entre eux n’est vraiment vert), ainsi que les infrastructures et applications correspondantes (c’est-à-dire les véhicules électriques). Toutes ces technologies ‘approuvées’, y compris les technologies de capture et de stockage du carbone encore non prouvées, impliquent des investissements massifs en capital, la création d’emplois significatifs et d’excellentes opportunités de profit, c’est-à-dire tout ce qui est nécessaire pour maintenir une croissance orientée ‘business-as-usual-by-alternative-means’.

    On peut soutenir que l’approche MTI mainstream est conçue pour faire apparaître le capitalisme industriel comme la solution, plutôt que la cause, du problème [74].

    Malheureusement, la stratégie globale de la MTI est aveugle à l’écologie, à l’énergie, aux matériaux et à la technologie – équivalente à ‘Électrifier le Titanic’, comme si cela ferait fondre les icebergs [75]. Comme déjà noté, la très vantée transition énergétique verte a à peine commencé et est enlisée dans la controverse. Voir les réfutations à Seibert et Rees [76] disponibles sur : https://doi.org/10.3390/en14154508 (consulté le 8 août 2023). Ses partisans les plus enthousiastes ignorent les problèmes techniques importants, les impacts écologiques et sociaux, et les problèmes découlant de l’ampleur massive de l’exercice, c’est-à-dire qu’ils ignorent le dépassement. En un mot, les technologies éoliennes et solaires ne sont en réalité pas renouvelables (simplement remplaçables) ; leur production, de la mine à la fabrication en passant par l’installation, est elle-même intensive en énergie fossile ; donc, la transition, dans le meilleur des cas, générera au moins une augmentation à court terme des émissions de carbone ; elles ne peuvent pas fournir la même quantité et qualité d’énergie que les FF, et leurs cycles de vie, y compris des augmentations d’ordres de grandeur des activités minières et de raffinage pour certains minéraux rares cruciaux, entraînent une dégradation écologique massive et (jusqu’à présent) une injustice sociale flagrante [76]. Plusieurs autorités ont calculé qu’il n’y a tout simplement pas assez de dépôts de matériaux économiques ou de temps suffisant pour remplacer le système actuel alimenté par les combustibles fossiles par des technologies renouvelables selon le calendrier fixé par les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et avancé par les accords de Paris et climatiques ultérieurs [77,78]. Divers climatologues qualifient de ‘net zéro d’ici 2050’ une autre collection de ‘solutions techniques magiques mais irréalisables’ au casse-tête climatique [79] ou de ‘non seulement un objectif, mais une stratégie pour la COP-26 visant à verrouiller de nombreuses décennies d’utilisation inutile des combustibles fossiles bien après 2050… [et créant] des risques inacceptables de réchauffement climatique incontrôlable’ [80]. N’oublions pas que la voie 1 renforce l’addiction aux FF. En effet, 50 ans après la publication de Limits to Growth, plusieurs ‘avertissements formels des scientifiques à l’humanité’, 27 réunions de l’ONU sur le climat et plusieurs accords sur la réduction des émissions, l’approche mainstream n’a jusqu’à présent rien fait de significatif pour réduire l’utilisation mondiale des FF et les émissions associées. Au contraire, les taux de réchauffement climatique d’origine humaine sont à leur plus haut niveau historique, et le monde peut s’attendre à atteindre et dépasser le réchauffement global de 1,5 °C au cours des 10 prochaines années [81,82].

    Dans cette optique, la voie 1 de la stratégie MTI est potentiellement catastrophique. L’utilisation continue des FF signifie qu’il y a pratiquement aucune possibilité que le monde atteigne l’objectif de l’accord de Paris de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030 et pratiquement aucune que le monde atteigne la neutralité carbone d’ici 2050. En effet, l’ONU rapporte que les engagements nationaux actuels augmenteront en fait les émissions de 10,6 % d’ici 2030 [83]. Non seulement nous dépasserons la limite de réchauffement de 1,5 °C de l’accord de Paris [84], mais nous dépasserons probablement même la limite moins stricte de 2,0 °C d’ici 2050. Nous sommes en fait sur la bonne voie pour un réchauffement de 2,4 à 2,8 degrés d’ici la fin du siècle [85] – les gaz à effet de serre atmosphériques, y compris le dioxyde de carbone, augmentent toujours [86]. Pendant ce temps, le changement climatique a déjà mis environ 9 % de la population (>600 millions) en dehors de la niche climatique humaine historiquement sûre et un réchauffement global de 2,7 °C pourrait pousser environ un tiers de l’humanité en dehors de la niche [87]. Cela ne tient pas compte des effets de seuil – même un réchauffement de 2 °C pourrait bien déclencher des conditions irréversibles de ‘terre-chaude’ [88], mettant fin aux perspectives de civilisation mondiale. Les écosystèmes locaux et peut-être l’écosphère dans son ensemble sont également sujets à des changements abrupts, imprévisibles et irréversibles, potentiellement hostiles à la vie humaine (et autre), si l’on dépasse des points de basculement inconnus [89].

    Même dans le meilleur des cas, la voie 1 conduit le monde à des vagues de chaleur et des sécheresses plus longues et plus intenses, à des tempêtes tropicales plus violentes, à des saisons d’incendies de forêt prolongées, à une désertification accélérée et à des pénuries d’eau. À bien des égards, 2023 s’avère être une démonstration archétypale de ce que l’avenir nous réserve. De nombreuses régions sur plusieurs continents subissent des vagues de chaleur et des sécheresses record ou des précipitations et des inondations sans précédent ; et, au moment de l’écriture, plus de 900 incendies de forêt font rage, la plupart hors de contrôle, dans les forêts boréales du Canada et beaucoup plus dans les forêts de Sibérie. À mesure que certaines parties de la planète deviennent inhabitables, nous devons nous attendre à une agriculture vacillante, à des pénuries alimentaires et peut-être à des famines prolongées [90]. La montée du niveau de la mer au cours du prochain siècle inondera de nombreuses villes côtières ; avec la dégradation des réseaux nationaux de transport routier et maritime, d’autres villes risquent d’être coupées des terres agricoles, de l’énergie et d’autres ressources essentielles. Certaines grandes agglomérations urbaines ne survivront pas au siècle [91]. Même en 2021, au moins 414 villes comptant plus de 1,4 milliard d’habitants étaient considérées comme étant à haut risque ou à risque extrême en raison d’une combinaison de pollution, de pénurie d’eau, de stress thermique extrême et d’autres vulnérabilités au changement climatique seul [92].

    Cela nous ramène à la voie 2 vacillante et au dépassement. À moins d’un holocauste nucléaire total, on pourrait soutenir que la seule chose pire que l’échec de la transition énergétique verte renouvelable de la voie 2 serait son succès. Développer une autre source d’énergie abondante et bon marché garantirait simplement l’extension de la croissance basée sur le ‘business-as-usual-by-alternative-means’, augmentant la déplétion/dissipation du monde naturel et aggravant le dépassement :

    Il est dans la nature humaine de ‘…intensifier notre exploitation des combustibles fossiles, des métaux et des minéraux non métalliques afin de perpétuer notre paradigme de mode de vie industriel aussi longtemps que possible… Paradoxalement, plus nous nous efforçons vigoureusement de perpétuer notre mode de vie industrialisé non durable… plus nous épuiserons rapidement et complètement les réserves renouvelables et non renouvelables de la Terre, accélérant et exacerbant ainsi notre effondrement sociétal mondial’ ([93], souligné).

    Ironiquement, alors, avec le succès de la mission de la voie 2, l’écosphère succomberait en quelques décennies à une dégradation, un désordre et une dissipation irréversibles, emportant avec elle l’entreprise humaine mondiale. On peut soutenir qu’une contraction plus petite plus tôt est préférable à une contraction massive plus tard.

    Ce ne serait pas la première fois. La perspective d’un effondrement sociétal, aussi horrifique soit-elle pour les oreilles de la MTI, est parfaitement cohérente avec l’histoire et la dynamique des systèmes caractérisant l’ascension et la chute des civilisations humaines précédentes [94,95]. En particulier, de nombreux pays de la MTI présentent les rendements décroissants et les pathologies socio-politiques – inégalités flagrantes et croissantes, incompétence et corruption du gouvernement et des institutions, dévaluation de la monnaie, perte de confiance populaire dans l’État, augmentation des troubles civils, etc. – d’une société trop complexe au bord de l’effondrement [96] ainsi que les symptômes potentiellement évitables – destruction écologique, changement climatique, rupture des échanges commerciaux et des relations internationales, incapacité ou refus de s’adapter aux circonstances changeantes – d’une société apparemment ‘choisissant’ d’échouer [97].

    Plus généralement, les étapes du développement et de la décadence civilisationnelle cataloguées par Toynbee [94] (genèse, croissance, période de troubles, État universel et désintégration) sont remarquablement similaires aux phases des cycles répétitifs communs aux systèmes vivants (initiation et exploitation, maturation et conservation, rigidification et libération (c’est-à-dire effondrement)). Gunderson et Holling avancent la théorie de la ‘panarchie’ pour explorer ce changement cyclique comme un mécanisme d’évolution dans les systèmes socio-écologiques [98]. Dans ce contexte, l’effondrement est un processus naturel et nécessaire pour libérer les ressources et l’énergie emprisonnées dans les structures rigides et obsolètes d’un système vieillissant et pour créer l’espace pour l’innovation et la renaissance. Les systèmes qui ne peuvent pas s’effondrer ne peuvent pas évoluer. En d’autres termes, l’effondrement est un mécanisme de régénération et de renouvellement. Il est à noter que la panarchie est une théorie de la dynamique des systèmes et non une théorie de la gestion des systèmes. En d’autres termes, elle décrit comment les systèmes évoluent naturellement, mais ne prescrit pas comment les gérer. Cependant, elle suggère que la gestion des systèmes pour éviter l’effondrement est contre-productive à long terme. En d’autres termes, l’effondrement est inévitable et nécessaire pour la régénération et le renouvellement des systèmes socio-écologiques.

    6. Résumé et conclusions : C’est vraiment très simple

    « Sans une biosphère en bon état, il n’y a pas de vie sur la planète. C’est très simple. C’est tout ce que vous devez savoir. Les économistes vous diront que nous pouvons découpler la croissance de la consommation de matières, mais c’est un non-sens total… Si vous ne gérez pas le déclin, alors vous y succombez et vous disparaissez » (Vaclav Smil, [102]).

    H. sapiens, comme toutes les autres espèces, sont naturellement prédisposés à croître, se reproduire et s’étendre dans tous les habitats accessibles et adaptés. La croissance physique est naturelle, mais n’est qu’une phase précoce du développement des organismes individuels ; la croissance en échelle pure, y compris la croissance de la population, est caractéristique des phases précoces des systèmes vivants complexes, y compris les sociétés humaines. Cependant, la croissance matérielle et démographique dans des habitats finis est finalement limitée par la disponibilité des ‘intrants’ essentiels, par la capacité de l’environnement du système à assimiler les sorties (souvent toxiques), ou par diverses formes de rétroaction négative précédemment énumérées. La croissance cessera, soit par « conception ou par désastre » [103].

    Pendant la majeure partie de l’histoire évolutive de H. sapiens, la croissance de la population locale a, en fait, été contrainte par une rétroaction négative. Cependant, l’amélioration de la santé de la population (taux de mortalité plus faibles) et l’utilisation des combustibles fossiles, en particulier depuis le début du 19e siècle, ont permis une période d’abondance alimentaire et de ressources sans précédent. Dans la nature, toute population d’espèces ‘K’-stratégiques bénéficiant de conditions aussi favorables s’étendra de manière exponentielle. La croissance se poursuivra généralement jusqu’à ce que la consommation excessive et la dégradation de l’habitat entraînent à nouveau des pénuries alimentaires et la famine, ou que les maladies et les prédateurs fassent leur part. La population retombe alors en dessous de la capacité de charge à long terme de l’habitat et la rétroaction négative se relâche. Certaines espèces montrent régulièrement ce cycle de boom et de buste de la population.

    L’humanité n’est qu’une exception partielle. L’abondance générée par les combustibles fossiles a permis à H. sapiens, pour la première fois, de connaître un cycle mondial unique de boom et de buste de la population (Figure 1). C’est un cycle ‘unique’ car il a été rendu possible par d’énormes stocks de ressources à la fois potentiellement renouvelables et auto-productrices, et de ressources non renouvelables, y compris les combustibles fossiles, qui ont été grandement épuisées. Aucune répétition n’est possible. Comme le soutient Clugston, en choisissant de s’industrialiser, Homo sapiens a inconsciemment fait le choix de l’impermanence [77]. Nous avons adopté un mode de vie auto-terminant, dans lequel les ressources finies qui permettent notre existence industrielle deviendraient inévitablement insuffisantes pour le faire.

    Les mécanismes physiques sont simples. Les systèmes vivants, des cellules individuelles aux organismes entiers en passant par les populations et les écosystèmes, existent dans des hiérarchies imbriquées et fonctionnent comme des structures dissipatives loin de l’équilibre [104]. Chaque niveau de la hiérarchie dépend du niveau supérieur à la fois comme source de ressources utiles (négentropie) et comme puits pour les déchets dégradés (entropie). Comme le rappelle Daly [8,9], l’entreprise humaine est un sous-système totalement dépendant de l’écosphère ; elle se produit et se maintient en extrayant des ressources négentropiques de son système hôte, l’écosphère, et en rejetant des déchets entropiques dégradés dans son hôte. Il s’ensuit que l’augmentation de la complexité structurelle et fonctionnelle du sous-système humain en tant que structure dissipative loin de l’équilibre (un nœud de négentropie) ne peut se produire qu’au détriment de l’accélération du désordre (augmentation de l’entropie) de l’écosphère non croissante. En effet, l’humanité est en dépassement – le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, la dégradation des sols/terres, la déforestation tropicale, l’acidification des océans, l’épuisement des combustibles fossiles et des minéraux, la pollution de tout, etc., sont autant d’indicateurs du désordre croissant de la biosphère/écosphère. Nous risquons une rupture chaotique des fonctions vitales essentielles [105].

    Peu de cela se ref

    1. Avatar de gaston
      gaston

      Merci d’avoir retranscrit le texte de l’article dans son intégralité en français

      Sauf que pour l’intégralité… il manque les 6 derniers paragraphes. 😉

      Personnellement j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises pour que mon traducteur fasse le travail jusqu’au bout sur le site original de MDPI. (trop long pour cette IA ?)

    2. Avatar de ilicitano
      ilicitano

      La fin de la traduction faite par Bing:

      Peu de choses de tout cela se reflète dans les débats contemporains sur le développement ou dans les discussions sur l’énigme de la population. La réponse de la communauté internationale à l’effondrement biosphérique naissant est doublement désastreuse. L’engagement de la culture MTI envers la croissance matérielle, y compris l’utilisation continue des FF (Track 1), condamne l’humanité aux impacts dangereux prévisibles de l’accélération du changement climatique; dans le même temps, notre recherche de sources d’énergie alternatives (elles-mêmes dépendantes des FF) afin de maintenir le statu quo basé sur la croissance (Track 2) assurerait, en cas de succès, l’épuisement et la dissipation continus des ressources autoproductrices et non renouvelables essentielles à l’existence de la civilisation.

      La vision dominante de la population affirme que le taux de croissance est en baisse, alors « ne vous inquiétez pas » – ou craignez que le déclin de la population soit mauvais pour l’économie! Même l’affirmation de base est controversée. Jane O’Sullivan souligne que le taux de déclin a lui-même diminué au cours de ce siècle. Elle soutient que les démographes de l’ONU ont donc « constamment sous-estimé la population mondiale récente, en raison de leur anticipation excessive des baisses de fécondité dans les pays à forte fécondité » [106]. La population humaine continue de croître à environ 80 millions par an – O’Sullivan soutient que le nombre est plus proche de 90 millions – et son pic ultime est très incertain. Une nouvelle rétroaction négative pourrait bien mettre fin à la croissance bien avant que la population n’atteigne les 10,4 milliards attendus de l’ONU à la fin des années 2080.

      Il est crucial de se rappeler que, à tort ou à raison, les projections conventionnelles ignorent le fait que l’écosphère ne « soutient » même pas les huit milliards de personnes actuelles. L’entreprise humaine se développe et se maintient en liquidant et en polluant les écosystèmes essentiels et les biens matériels. En bref, même le niveau de vie matériel moyen est corrosivement excessif, pourtant, en 2019, « près d’un quart de la population mondiale … vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 3,65 dollars par jour, et près de la moitié, soit 47 pour cent, vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 6,85 dollars » [107] et le monde considère la croissance matérielle pure comme le moyen de résoudre ce problème. En suivant cette voie, l’écodestruction s’intensifiera, augmentant la probabilité d’une simplification et d’une contraction auto-induites de l’entreprise humaine.

      À moins d’un holocauste nucléaire, il est peu probable que H. sapiens disparaisse. Les pays riches et technologiquement avancés ont potentiellement plus de résilience et peuvent être isolés, au moins temporairement, des pires conséquences de la simplification mondiale [108]. Cela dit, le rebond des rétroactions négatives – chaos climatique, pénuries de nourriture et d’autres ressources, désordre civil, guerres pour les ressources, etc. – pourrait bien éliminer les perspectives d’une civilisation mondiale avancée. Dans le cas d’une « correction » apparemment inévitable de la population mondiale, le nombre d’humains chutera au point où les survivants pourront à nouveau espérer prospérer dans la capacité de charge (très réduite) de la Terre. Selon des estimations éclairées, la capacité de charge à long terme ne serait que de 100 millions [109] pour atteindre trois milliards de personnes [110].

      Il n’est pas certain qu’une grande partie ou une partie de la haute technologie industrielle puisse persister en l’absence d’une énergie abondante et bon marché et de riches réserves de ressources, dont la plupart auront été extraites, utilisées et dissipées. Il se pourrait bien que le meilleur avenir soit, en fait, alimenté par des énergies renouvelables, mais sous la forme de muscles humains, de chevaux de trait, de mulets et de bœufs complétés par des roues hydrauliques mécaniques et des moulins à vent. Dans le pire des cas, le milliard (?) de survivants environ sera confronté à un retour aux modes de vie de l’âge de pierre. Si tel est l’avenir de l’humanité, ce ne sont pas les villes sophistiquées qui survivront, mais plutôt les pauvres ruraux préadaptés et les poches restantes des peuples autochtones.

      Conclusion : Toute interprétation raisonnable des histoires antérieures, des tendances actuelles et de la dynamique complexe des systèmes soutiendrait que la culture mondiale de l’ITM commence à s’effriter et que le boom ponctuel de la population humaine est destiné à s’effondrer. Les tendances expansionnistes innées de H. sapiens sont devenues inadaptées. Cependant, loin de reconnaître et de passer outre nos prédispositions naturelles désavantageuses, les normes culturelles contemporaines les renforcent. On peut soutenir que, dans ces circonstances, l’effondrement sociétal généralisé ne peut être évité – l’effondrement n’est pas un problème à résoudre, mais plutôt la dernière étape d’un cycle à endurer. L’effondrement de la civilisation mondiale s’accompagnera presque certainement d’une « correction » majeure de la population humaine. Dans le meilleur des mondes possibles, toute la transition pourrait en fait être gérée de manière à éviter des souffrances inutiles à des millions (milliards ?) de personnes, mais cela ne se produit pas – et ne peut pas se produire – dans un monde aveugle à sa propre situation.

      1. Avatar de ilicitano
        ilicitano

        Il y a une fonction sur Edge/Bing de traduire tout texte d’une page web en quelques secondes et ce quelque soit la langue

        1. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          La traduction a été faite par le module translator de Edge et non de Bing

          Pour Bing/Chat il peut aussi répondre en langue étrangère.
          Il suffit alors de lui demander de répondre en français , et il reformule sa réponse.

      2. Avatar de ilicitano
        ilicitano

        Pour info
        Si vous avez Microsoft/Edge

        Pour activer la traduction de pages web dans Microsoft Edge, vous pouvez suivre les étapes suivantes:
        Dans le coin supérieur du navigateur, sélectionnez Paramètres et d’autres > Paramètres. Sélectionnez Langues. Activez ou désactivez l’offre pour traduire des pages qui ne sont pas dans une langue que j’ai lue.
        Cliquez sur l’icône Paramètres (les pointillés) dans l’angle supérieur droit de la fenêtre de Microsoft Edge puis cliquez sur Extensions : La liste des extensions s’affiche dans le volet droit. Cliquez sur Translator pour Microsoft Edge : Basculez l’interrupteur Translator pour Microsoft Edge sur Activé, puis cliquez sur Activer.

        https://support.microsoft.com/fr-fr/topic/utiliser-traducteur-microsoft-dans-microsoft-edge-navigateur-4ad1c6cb-01a4-4227-be9d-a81e127fcb0b

        1. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          En ce qui me concerne , l’icone de traduction s’est affichée dans la barre lors d’une mise à jour automatique

        2. Avatar de Khanard
          Khanard

          @ilicitano

          merci

        3. Avatar de Chabian
          Chabian

          perso, rien dans Firefox et rien dans Brave en matière de traduction. Donc je recours encore à Deepl.
          Je ne compte pas passer en produit de google ou de microsoft !

      3. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
        PIerre-Yves Dambrine

        L’usage de la roue hydraulique comme moteur est attesté dans l’antiquité, et il se développe en Europe au Moyen-Age, mais à l’âge de pierre était-ce le cas comme l’affirme l’auteur de l’article ? Idem pour les moulins à vent.
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_hydraulique https://fr.wikipedia.org/wiki/Moulin_à_vent

  15. Avatar de Khanard
    Khanard

    deux fois que j’essaie de mettre la traduction de la fin de l’étude en vain . Tant pis .

    1. Avatar de gaston
      gaston

      « Patience et longueur de temps valent mieux que force et que rage » (La Fontaine) 😉

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @gaston

        si vous avez Word vous faites un copié-collé du texte de l’étude , et hop traduction par word instantanée .
        j’ai aussi front office en logiciel libre mais je ne sais pas s’il a cette fonctionnalité . 😉😉

        vous pensez que je dois insister pour le publier ?

        1. Avatar de gaston
          gaston

          @ Khanard

          Merci de vous reporter aux conseils de @ ilicitano qui est beaucoup plus compétent que moi. J’utilise Edge et n’ai jamais de soucis pour les traductions. Pour le cas présent il semblerait que la traduction soit arrivée avec un petit temps de retard (peut-être un problème avec mon vieil hache-pets ?).

  16. Avatar de arkao

    Je suggère de remplacer la bannière « Le seul Blog optimiste du monde occidental » par « NO FUTURE »
    https://ds.static.rtbf.be/article/image/1920xAuto/a/8/a/6f5b1e16781f0835f781d3c4d062e1e5-1481291776.jpg

  17. Avatar de Chabian
    Chabian

    Je voudrais redire (après mon premier commentaire) que cette « correction sévère de population » est un peu un arbre qui cache la forêt. Finalement, oui, il y aura beaucoup de morts selon ce modèle. Comment ?
    Mais dans les faits, il y aura d’abord beaucoup de réfugiés climatiques, quittant la sécheresse et la chaleur. C’est déja commencé… aux frontières du monde riche (qui dissuade en laissant tuer… ailleurs — songez au Mexique, en Tunisie, etc.). Cela donne des noyades, des morts en chemin, et aussi du racisme.
    Ensuite, il y aura beaucoup de déstabilisation des états, et donc des renversements et des guerres dans les pays chauds. C’est en cours. Ce qui donnera beaucoup de réfugiés dans les pays voisins.
    Ensuite, il y aura des guerres impériales pour la possession de ressources et d’énergies. Avec beaucoup de morts et de réfugiés « exotiques ».
    Par ailleurs, avec la perturbation du climat, il y aura des morts des incendies (un peu), des morts de la chaleur (peu comptés), des morts des inondations (beaucoup mais localement), des morts des tornades, tempêtes et ouragans.
    Là ce sont les morts directes : cela ne fait pas une correction importante.
    Mais on peut s’attendre à de la perte de biodiversité, de pollinisation, de production alimentaire, avec des boucles de rétroaction de la chaleur, sécheresse, etc. Et donc à des morts indirectes… et plus lentes à venir.

  18. Avatar de Chabian
    Chabian

    A propos de Google et Microsoft (suite à mon message pas encore paru), voici une comparaison :
    https://www.mozilla.org/fr/firefox/browsers/compare/

  19. Avatar de Dimitri78
    Dimitri78

    La plus grande espèce invasive de l’histoire géologique de toutes ères de la planète est l’espèce humaine, qui détruit progressivement les milieux naturels animales et végétales désormais le climat vers l’extinction des êtres vivants et de la vie.

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  1. Magnifique interprétation ! Et magnifique texte qui nous rappelle combien l’idée de dieu est avant tout dans la tête des…

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