
Illustration par ChatGPT
Quand je dis : « Trump a peut-être trouvé véritable adversaire à sa taille », je ne pense pas à la Gauche radicale incarnée par Zohran Mamdani élu maire de New York la nuit dernière, mais à la US Chamber of Commerce : une Droite contre une autre Droite.
Ce qui se joue aujourd’hui devant la Cour suprême des États-Unis pourrait marquer un véritable tournant : pour la première fois depuis le début de son second mandat, Donald Trump n’affronte pas la Gauche, mais une autre Droite que celle qu’il incarne lui, celle de l’autoritarisme et du suprémacisme blanc, à savoir celle du monde des affaires, incarnée elle par la Chambre de commerce. L’objet officiel du débat : la légitimité des tarifs douaniers imposés unilatéralement par le président, ne serait qu’un leurre technique, elle révèlerait en réalité la fracture profonde opposant deux clans au sein même du camp conservateur américain.
D’un côté, le trumpisme : un autoritarisme nationaliste et fascisant qui fait de l’économie un instrument de pouvoir personnel. Les tarifs s’assimilent ici à des armes de pression politique, utilisées pour punir, intimider ou extorquer des concessions. Dans cette logique, le droit international et les conventions commerciales ne sont que des entraves à la volonté du caudillo MAGA.
En face, le capitalisme institutionnel, représenté par la Chambre de commerce, pour qui la stabilité juridique, la prévisibilité et la fluidité des échanges constituent les conditions mêmes de la prospérité américaine. Ce courant n’est pas moins conservateur, mais il repose sur un autre principe : la règle du droit commercial plutôt que la loi du plus fort dans son expression la plus grossière.
Le conflit qui se déroule devant la Cour suprême US n’oppose donc pas la Droite à la Gauche, mais deux variétés irréconciliables de la Droite : celle du marché globalisé, héritée de l’après-guerre, conçue par les membres de la Société du Mont Pèlerin dans le rôle du ventriloque et par le Prix Nobel d’Économie dans le rôle de la poupée faisant semblant de parler, et celle du pouvoir autoritaire, qui prétend rétablir la souveraineté nationale par la contrainte et le désordre engendré par les sautes d’humeur de Donald Trump, dont la seule dynamique est celle de son orgueil plus ou moins blessé selon les hasards du moment.
Si la Cour, pourtant largement dominée par des juges conservateurs, se prononce en faveur de la Chambre de commerce, cela signifiera que même la Droite la plus idéologiquement acquise à Trump reconnaît les limites structurelles de son projet : quelle que soit sa formidable puissance, le capitalisme américain ne pourrait pas survivre à la destruction des règles qui l’ont rendu possible.
Ce moment marque peut-être le véritable tournant du trumpisme : non plus l’opposition à ses ennemis naturels, comme la Gauche, mais la résistance de ses alliés historiques. La Droite américaine se découvre divisée entre ceux qui veulent conduire le monde selon leur bon vouloir et ceux qui préfèrent le voir poursuivre son cours selon la logique des droits acquis et de la combinazione éprouvée par le temps.
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