LES GROSSES FICELLES DU G20, par François Leclerc

Billet invité

Attendu comme l’annonce de Philea se posant sur sa comète, ou presque, le communiqué du G20 de Brisbane est enfin tombé. Vladimir Poutine a loué son « atmosphère constructive » après avoir failli en claquer la porte et s’être contenté de le quitter un peu avant la fin, car il avait besoin de dormir a-t-il déclaré. Mais le pompon revient aux 2,1 % de croissance que le monde va assurément connaître d’ici 2018, d’après le communiqué final, et à la manne de 2.000 milliards de dollars américains qui va nous inonder ainsi qu’aux millions d’emplois qui vont être créés : 2 %, c’était du doigt mouillé, 2,1 % ne peut que résulter d’un savant calcul crédibilisant la promesse.

Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, ne s’est pas contenté de reconnaître que l’économie mondiale était « collée dans l’atelier de réparation » et que les marges de manœuvre fiscales et monétaires étaient « très limitées », il a aussi affirmé que les « réformes structurelles » étaient en conséquences « la seule manière d’avancer », le communiqué proscrivant le protectionnisme et les dévaluations compétitives… Vite, une autre bouteille à la mer !

Au chapitre de la lutte contre le changement climatique, les membres du G20 sont moins diserts : ils réaffirment leur soutien à « une action forte et efficace » et « à des moyens financiers (…) destinés à aider les pays pauvres les plus exposés » sans les chiffrer. Ils travailleront à un « protocole » ou un « cadre juridiquement contraignant » qui pourrait être adopté à la conférence de Paris de 2015. D’après les agences de presse, il a fallu beaucoup discuter pour arriver à ce résultat.

Jean-Claude Juncker a été mieux servi sur le terrain de la lutte contre l’optimisation fiscale des entreprises transnationales, notamment en raison de ses talents de polyglotte, qui ont permis d’apprendre la traduction française de « tax ruling » : rescrit fiscal. Se défendant d’avoir été l’architecte de la fiscalité luxembourgeoise, mais ne s’étendant pas sur le fait qu’il n’a jamais rien fait contre, il s’est tourné vers l’avenir en assurant vouloir que l’Europe pratique l’échange automatique d’information fiscale à ce propos. Sans toutefois préciser si ces informations seront ou non publiques, afin que la transparence revendiquée soit effective… Pierre Moscovici étant en charge du dossier, tous les espoirs sont permis.

Les « progrès significatifs » enregistrés sur le chantier engagé par l’OCDE, et à ce titre salués, vont devoir aboutir en 2015 à la transparence sur les rescrits fiscaux, est-il promis. Autre objectif fixé par le G20 : l’encadrement des « niches à brevet », ce mécanisme permettant de localiser les profits là où ils sont les moins imposés. Ne chicanons pas et saluons à notre tour ces gouvernements soucieux de préserver leur base fiscale en ces temps de dégrèvements des entreprises. Nous les jugerons au résultat.

Lors de sa conférence de presse, François Hollande a déclaré à propos de la livraison des navires de guerre Mistral à la Russie : « Je prendrai ma décision en dehors de toute pression, d’où qu’elle vienne et en fonction de deux critères, les intérêts de la France et l’appréciation que j’ai de la situation ». À bas la royauté, vive la République !

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