L’AVENIR DU PROGRES

Le 7 février prochain, je participerai aux Entretiens de l’Institut Diderot consacrés à L’avenir du progrès. J’aimerais connaître votre sentiment avant de composer mon exposé et je vous propose comme trame pour la discussion un texte que vous connaissez peut-être déjà parce qu’il constitue l’épilogue de mon livre La crise (Fayard 2008 : 313-328).

Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres

Expliquer la nature en ses propres termes

On trouve sous la plume de Schelling cette pensée merveilleuse que l’Homme est le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même. Les manifestations de cette prise de conscience ont adopté des formes diverses selon les lieux et les époques, et au sein d’une culture particulière, telle la nôtre, révèlent un processus en constante évolution. Faut-il alors reconnaître l’ensemble de ces manifestations comme également valides, la nature ayant eu autant de manières de prendre conscience d’elle-même qu’il y eut d’opinions exprimées ?

Aux débuts historiques de notre culture occidentale (la Chine est différente), un trait des représentations que l’Homme se fait de la nature et de lui–même en son sein, est que les explications produites ne parviennent pas à rester confinées dans le cadre qu’offre la nature elle–même, elles ne peuvent s’empêcher de s’en échapper constamment et invoquent un au–delà de son contexte : une mythologie d’agents inobservables et proprement « sur–naturels » La plupart des systèmes de croyance traditionnels sont de ce type, qui doivent couronner leurs chaînes explicatives par un « primus movens », un dieu introduit à un niveau arbitraire de la chaîne et censé rendre compte en dernière instance d’une famille de phénomènes liés entre eux pour des raisons essentiellement affectives.

C’est là qu’il convient de situer le critère de qualité minimum que doit présenter une conscience de la nature par elle–même : qu’elle trouve à se déployer entièrement au sein de son propre cadre, sans aucun débordement. La distinction est simple et permet d’écarter une multitude de tentatives ne présentant sur le plan conceptuel qu’un intérêt « documentaire » – même si elles jouèrent un rôle primordial dramatique dans l’histoire de la race humaine.

La pensée chinoise traditionnelle (essentiellement athée) a accompli cette tâche et, au sein de notre tradition, Aristote est le premier qui réussit cette gageure en proposant un système complet, composé d’une part d’observations empiriques de la nature, et d’autre part de « raisonnements » fondés sur celles–ci. Avec la philosophie d’abord, puis avec la « philosophie naturelle » qu’offre la science ensuite, des représentations de la nature sont produites qui ne requièrent rien d’autre comme termes d’un raisonnement, que sa décomposition en ses éléments et la description de l’interaction de ceux–ci à différents niveaux d’agrégation.

Le raisonnement, c’est évidemment pour Aristote, la faculté d’engendrer le syllogisme, c’est-à-dire, la possibilité d’associer deux concepts par le truchement d’un troisième – le moyen terme – auquel chacun d’eux est lié. La Raison s’assimile à la puissance du syllogisme d’étendre par ce moyen la « sphère d’influence conceptuelle » de chaque terme de proche en proche, de syllogisme en syllogisme, de manière potentiellement infinie. Ce pouvoir, c’est celui d’exporter une certitude acquise au–delà de son cercle immédiat. C’est dans la prise de conscience de la puissance du syllogisme par Socrate, Platon et Aristote mais aussi par leurs adversaires sophistes, Protagoras et Gorgias, que réside le miracle grec : la capacité d’expliquer la nature en ses propres termes.

Le moyen que la nature s’est offerte pour se surpasser

Notre espèce est, il faut bien le dire, mauvaise et agressive. Mal protégée dans son corps, elle n’a dû qu’à sa prédisposition à la rage de survivre aux affronts de la nature dont elle est une part mais qui aussi, l’entoure, et comme pour toute autre espèce, l’assiège. Les débuts de notre prise de conscience de la place qui est la nôtre au sein de ce monde, furent caractérisés par notre déni de cette hostilité de la nature envers nous. Les agents surnaturels que nous avons invoqués au fil des âges, dans nos religions et dans nos superstitions communes, nous permirent de construire l’image d’une nature beaucoup plus aimable à notre égard qu’elle ne l’est en réalité. En faisant intervenir dans nos explications des dieux créateurs du monde et des anges secourables, nous avons transformé les éléments qui provoquaient à juste titre notre frayeur en innocents trompe–l’oeils masquant un réel bienveillant existant au–delà des apparences. Ainsi, l’activité invisible de divers esprits signifie que la mortalité n’est qu’une illusion derrière laquelle se cache l’immortalité véritable, l’injustice mondaine cache la réalité de la justice divine, et ainsi de suite.

Ceci dit, il y eut à toutes les époques et en tous lieux, des esprits forts qui ne mirent pas tous leurs oeufs dans le même panier épistémologique et ne se contentèrent pas de consolations méta–physiques obtenues dans un univers parallèle et cherchèrent à éliminer notre inquiétude en s’attaquant de manière directe aux causes de nos frayeurs, à savoir en améliorant le monde tel qu’il nous a été offert. Et si ce monde est aujourd’hui vivable, tolérable, c’est bien parce que nous l’avons rendu tel par nos propres moyens et par eux seuls. Qu’un résultat partiel ait pu être obtenu est d’autant plus surprenant que notre hostilité à l’égard de nos congénères a toujours été extrême et que, comme l’avait déjà bien perçu l’anthropologue Johann Friedrich Blumenbach (1752–1840), nous avons été forcés, à l’instar de ce que nous avons imposé à de nombreuses espèces animales et à de nombreux végétaux, de nous domestiquer nous–mêmes à l’échelle de l’espèce tout entière.

Quelques milliers d’années plus tard, l’Homme assume aujourd’hui la place de ces agents surnaturels qu’il avait d’abord fantasmés : il s’est petit à petit, et avec une vitesse sans cesse croissante, glissé à la place où il avait d’abord situé ces esprits sans qui il s’était imaginé être incapable de vivre. Est–ce à dire qu’il est devenu par là démiurge lui–même ? Non, parce que la nature de ce dieu créateur était d’être un esprit, c’est–à–dire une fiction. Mais l’Homme est advenu lui–même à la place où il avait situé ces agents surnaturels. Or les actes secourables que ceux–ci produisaient sur le mode du miracle, il les produit aujourd’hui lui–même en guidant la nature vers la solution de ses propres problèmes. Ce faisant, il force par son industrie la nature à se dépasser. L’Homme n’est pas tellement, comme le voulait Schelling, le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même que celui qu’elle s’est donnée pour se surpasser.

Le dessein intelligent

L’Homme permet à la nature de se surpasser de multiples manières. Il ne s’agit pas pour lui d’infléchir les lois naturelles mais de subvertir les conditions dans lesquelles elles opèrent lorsqu’elles sont laissées à elles–mêmes, en l’absence de sa propre interférence.

L’Homme a d’abord transcendé sa propre essence en échappant à l’emprise de l’attraction terrestre. Non pas comme l’oiseau qui découvre par le vol un autre continent et qui, malgré le caractère exceptionnel de cet exploit, reste fidèle à sa propre essence, mais en échappant à l’inéluctabilité de son environnement qui veut que tout corps est attiré vers le bas sur la planète où il est né. L’Homme a découvert par le calcul qu’une vitesse supérieure à 11,2 kilomètres par seconde permet de neutraliser la gravitation universelle telle qu’elle s’exerce sur la Terre ; il a ensuite construit la machine qui lui permet de réaliser cet exploit. L’Homme est désormais prêt à coloniser d’autres planètes, voire d’autres systèmes stellaires.

Un thème qui fut à la mode il y a quelques années fut celui de notre capacité nouvellement acquise à détruire un astéroïde mortel se dirigeant vers nous. Lorsque ces armes auront trouvé ainsi leur authentique destination, l’ironie apparaîtra en pleine lumière du fait que nous les avions conçues d’abord pour nos guerres intestines. C’est notre méchanceté à l’égard de nous–mêmes qui en avait constitué le motif initial. Quoi qu’il en soi, nous avons cessé désormais d’être une simple moisissure à la surface d’une planète pour être l’agent qui fait échapper celle-ci à son propre destin naturel.

De même, l’Homme a découvert par l’expérimentation que les êtres vivants sont déterminés dans leur anatomie et leur physiologie par un code inscrit au coeur de la cellule ; il a ensuite mis au point les techniques qui lui permettent de manipuler le génome et de redéfinir ce qui caractérise une espèce, assignant ainsi aux individus comme au phylum tout entier, une nouvelle destinée. Ces techniques lui ouvrent la voie vers son immortalité potentielle. L’animal, en raison de sa prudence, pourrait vivre indéfiniment, et c’est pourquoi sa mort – au contraire de celle de l’arbre – est inscrite dans son génome. L’Homme mourra toujours, bien entendu, mais comme l’arbre dont la mort n’est pas programmée : à l’instar d’une planète, sa vie est celle d’un compromis entre les influences qu’il subit et il finit par mourir accidentellement lorsque l’action d’autres corps sur lui supprime les conditions de sa perpétuation. L’Homme sera comme l’arbre qui meurt pour avoir été frappé par la foudre ou en s’effondrant sous son propre poids. Comme l’avait déjà compris Hegel, l’intelligence de la nature est de trois ordres :

  1. mécanique : le mouvement de corps indifférents les uns aux autres et qui se fracassent l’un contre l’autre s’il arrive à leur trajectoire de se croiser,
  2. chimique : les corps sont attirés ou repoussés les uns par les autres et leur combinaison débouche sur des composés aux propriétés originales,
  3. biologique : des corps organisés qui ne sont pas indifférents les uns aux autres anticipent leurs comportements mutuels. L’animal connaît lui aussi l’attirance et la répulsion, mais celle-ci n’est plus fondée comme pour la molécule sur une réactivité immédiate mais sur une anticipation de ce qui se passerait si l’attirance conduisait au contact qui pourrait s’avérer maléfique, ou au contraire si la répulsion interdisait un contact qui pourrait s’avérer bénéfique. Comme l’anticipation modifie le comportement et que cette modification est d’abord perçue puis anticipée par les autres créatures en interaction, les rapports entre animaux ne cessent de se complexifier avec le temps. Ainsi, l’escalade entre espèces qui se livrent la guerre et perfectionnent les moyens d’attaque et de défense, au fil des générations. (Hegel [1817/1830] 1987 : § 192 – § 298)

A cela, l’Homme a ajouté un quatrième niveau : le dessein intelligent, absent de la nature, et qui tire parti de l’analogie. Ce qui caractérise l’intelligence humaine, c’est sa capacité à l’analogie, son talent à reconnaître des formes semblables dans des phénomènes distincts, et ceci en dépit de la nécessité d’opérer souvent cette reconnaissance à un niveau d’abstraction très élevé. La nature, avant qu’elle ne prenne la forme de l’Homme, s’est révélée incapable de tirer parti de l’analogie : elle a dû se contenter de progresser en creusant des chenaux divergeant en différents branchements mais qui demeurent irrévocablement indépendants, privés de la capacité de se féconder mutuellement. Elle est obligée dans chaque cas de réinventer entièrement la solution du problème, de la forme la plus simple jusqu’à son expression la plus complexe, quitte à retomber alors, par la convergence, sur une solution unique et déjà découverte par ailleurs. Ainsi, l’oeil du poulpe, un mollusque céphalopode, est proche de celui des mammifères les plus évolués mais sans qu’il y ait eu emprunt d’une lignée vers l’autre : les phylogenèses qui conduisent à l’un et à l’autre ne se sont jamais rejointes. Chacune de ces évolutions résulte de ses propres contraintes, le résultat seulement d’une sélection naturelle due aux interactions des individus appartenant à l’espèce avec leur environnement et non à une dynamique interne – si ce n’est celle de l’ordre du ratage que constitue la mutation.

L’Homme, au contraire, fertilise des inventions parallèles en croisant leurs destins : il recycle les bonnes idées dans un produit qui en opère la synthèse ; ainsi, dans l’invention du saxophone à partir de la clarinette : divers inventeurs s’engagèrent dans des voies divergentes mais n’hésitèrent jamais à emprunter pour leurs perfectionnements ultérieurs des bouts de solution découverts par des rivaux ; dans la forme finale que prit l’instrument, diverses approches furent combinées, réconciliées. Si l’Homme permet à la nature de se surpasser, c’est qu’il est seul capable de ce dessein intelligent. L’Homme est aujourd’hui démiurgique, créature créatrice mais au sein–même de la nature, non dans son extériorité comme le serait au contraire un agent sur–naturel. Les apparences nous suggèrent qu’il est seul à disposer de cette capacité : d’autres créatures en disposent peut-être ailleurs ou au sein de ces univers parallèles dont nous parlent les physiciens, mais de cela nous n’en savons rien. Aussi, quand je dis l’Homme, je pense également à toutes les espèces qui auraient pu atteindre ce niveau de surpassement de la nature telle qu’elle leur était offerte.

Le dépassement de la nature par l’Homme n’a pas encore eu lieu dans la sphère économique

L’Homme est la conscience de la nature. Par la technologie et par le dessein intelligent qui le caractérisent et où il fait se rejoindre et se féconder réciproquement des lignées d’inventions indépendantes, l’Homme surpasse les lois de la nature telles qu’elles lui ont été offertes au moment où il apparaît dans l’histoire du monde. C’est par sa propre industrie qu’il a aidé la nature à se surpasser en forçant ses lois à se subvertir au sein d’un environnement localisé où il les a convoquées. La médecine a surpassé la nature livrée à elle–même quand elle pénètre au sein de la cellule et subvertit l’essence des espèces et du coup, leur destin. La rationalité engendre dans la technologie le dessein intelligent – absent de la nature dans sa créativité spontanée telle qu’en elle–même.

De ce point de vue, et parmi les institutions humaines, l’économie est une exception anachronique parce que son mécanisme, celui du système aujourd’hui quasi–hégémonique du capitalisme, existe sous la forme primitive, brute, de la nature non surpassée par l’Homme, à savoir, celle de la sélection par la concurrence absolue des espèces comme des individus et leur tri par l’élimination des plus faibles. Le prix qui établit l’étalon des rapports marchands se constitue à la frontière que détermine le rapport de forces, non pas, comme on l’imagine le plus souvent aujourd’hui, entre des quantités abstraites, mais entre les groupes concrets des acheteurs et des vendeurs, tous également situés au sein d’une hiérarchie cautionnée par un système politique. Ceci, Aristote le savait déjà. En finance, le statut d’acheteur ou de vendeur peut s’inverser rapidement pour un agent particulier sans que ceci ne remette en question la détermination sociale du prix par un rapport de forces.

Au sein de l’économie donc, l’empreinte de l’Homme n’est pas encore visible et la nature y agit sous sa forme brute et brutale : au sein de cette sphère, l’Homme n’a pas surpassé jusqu’ici la nature telle qu’il y est soumis simplement en tant qu’être naturel.

L’Homme a sans doute progressé sur le plan politique, comme en témoigne la croissance dans la taille des groupes au sein desquels il a vécu au fil des âges. Les sociétés de chasseurs–cueilleurs étaient constituées de bandes, les « hordes » des anciens auteurs, comptant une cinquantaine d’individus. Aujourd’hui les États réunissent plusieurs centaines de millions de nationaux mais dans un climat qui encourage et continue d’entretenir l’agressivité de l’homme envers l’homme, contre quoi les sociétés ont dû lutter pour arriver à constituer des ensembles de la taille qu’on leur connaît aujourd’hui.

Contrairement à ce qui s’observe pour l’organisation politique, ou avec les techniques qui permettent à l’Homme aussi bien d’échapper à sa planète, qu’à toucher du doigt l’immortalité de son corps, l’économie reste encore entièrement à domestiquer. C’est pourquoi, vouloir situer le marché au centre de la société, et prôner qu’elle s’organise à son exemple, revient en réalité à proposer que les sociétés humaines fonctionnent sur le modèle de la nature à l’exception de l’Homme, en faisant fi de ce qu’il a introduit au sein de la nature comme les moyens pour elle de se surpasser. Autrement dit, c’est retourner d’intention délibérée à l’« état de nature » où, comme l’a observé Hobbes, l’Homme est un loup pour l’Homme. C’est en réponse à Hobbes que Rousseau imagine une époque, qu’il appelle « l’âge des cabanes », âge d’un Homme naturel miraculeusement abstrait des rigueurs des lois naturelles, époque qui précède la guerre de tous contre tous parce que la source de l’agressivité y est encore absente, parce que le marché n’y est pas encore au centre des institutions, parce qu’en ces temps édéniques, nul n’a encore prononcé les paroles qui suffiront à faire d’un agneau, un loup : « Ceci est à moi ! »

Le modèle capitaliste de l’économie – contenu par des rambardes que l’État construit autour de lui – n’est donc autre que celui, darwinien, de la sélection par la concurrence, celui qui règne dans la nature livrée à elle–même. À l’instar des espèces, qui sont toutes par nature opportunistes et colonisatrices dans les limites que leur impose leur environnement, les entreprises n’ont d’autre rationalité que leur tendance à enfler indéfiniment. Des équilibres provisoires et partiels s’établissent cependant, dont le seul ressort est l’agression, comme au sein de la nature en général, tel celui du système prédateur–proie. Les tentatives d’imposer à l’économie un autre ordre que l’ordre naturel se sont limitées jusqu’ici à vouloir y transposer le modèle étatique ; ces tentatives ont été au mieux peu convaincantes et au pire désastreuses. Un nouveau modèle, non inscrit dans la nature avant l’Homme, devra cependant être découvert car, même si l’on était disposé à tolérer la manière dont il régit les individus, générant d’une part la richesse excessive et de l’autre, plus tragiquement, la misère et la mort, le sort qu’il impose à la planète tout entière est en tout cas lui intolérable, l’absence de freins qui caractérise sa dynamique ayant aujourd’hui mis en péril l’existence–même de celle-ci en tant que source de vie.

Conclusion

L’Homme est non seulement le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même mais aussi celui qu’elle a découvert pour se surpasser grâce au dessein intelligent qui, à notre connaissance, caractérise notre espèce seule au sein de l’univers. La sphère de l’économie demeure elle encore réglée par la nature laissée à elle–même, à savoir par une sélection fondée sur le rapport de forces où le plus puissant écrase le plus faible, principe agressif dont l’emprise déteint alors sur l’ensemble des rapports humains.

De manière tendancielle, les inquiétudes touchent à leur fin, les frayeurs qui avaient conduit l’Homme à croire aux dieux ont perdu petit à petit de leur urgence et finiront par s’effacer. Bien que les injonctions de ces dieux fussent, sinon totalement absentes, tout au moins, sibyllines, nous demeurions convaincus qu’une mission nous avait été confiée par eux. Notre foi dans l’existence de celle–ci s’évanouit avec le crépuscule des dieux. Il nous est néanmoins loisible de constater quel a été le destin objectif de notre espèce jusqu’ici et de tirer de ces observations une ligne de conduite pour la suite, autrement dit, de définir quelles sont, au temps où nous vivons, les tâches qui nous attendent et les responsabilités qui sont les nôtres. Il s’avère que notre responsabilité essentielle est précisément d’assumer sans états d’âme ces tâches où le sort a voulu nous appeler [1].

Constatant quelle fut notre destinée, nous ne pouvons nous empêcher de comparer le pouvoir qui est devenu le nôtre à celui que nous avions attribué autrefois aux êtres surnaturels que nous avions imaginés. Ces dieux créateurs situés à l’origine, nous apparaissent maintenant n’avoir été rien d’autre qu’une image de nous–mêmes projetée dans l’avenir, un avenir qui ne nous apparaît plus désormais aussi lointain. Il reste cependant à éliminer de nos sociétés le règne de la nature non–domestiquée en son sein telle qu’il s’exerce encore dans la sphère économique et celles autour d’elle qu’elle parvient à contaminer. Du moyen d’y parvenir, nous ne savons presque rien. Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut.

Références :

G. W. F. Hegel, Précis de l’encyclopédie des sciences philosophiques, trad. J. Gibelin (1817/1830). Paris : Vrin 1987

[1] « Gémir, pleurer prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » (Alfred de Vigny, La mort du loup).

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403 réponses à “L’AVENIR DU PROGRES

  1. Avatar de strategix
    strategix

    Avant que de revenir à l’âge des cavernes, rappelons de l’allégorie éponyme.

    Les grecs, comme les romains, associaient davantage les divintés aux caprices (de la nature) qu’à la sagesse. L’Histoire conforte cette idée qu’il ne seraient qu’une projection de nous même. Si l’on pense que dieu veille sur le monde, on ne comprend rien. Si l’on pense que le diable gouverne, alors tout s’éclaire.

    Pourquoi vouloir imaginer un Dieu, qui soit paix, ordre, sagesse et volupté, différent de celui qui semble en place actuellement. Souhaitez-vous la révolution jusque dans les Champs Elysées de nos chers grecs?

    Plûtot que de chercher à éradiquer l’état de nature de nos sociétés, et risquer ainsi de désorganiser davantage encore la nature, ne faut-il pas accepter l’ordre du monde tel qu’il semble être.

    Votre remarquable texte correspond à celui d’un incorrigible optimiste, qui souhaiterait dominer la nature et son ordre, pour imposer un nouvel ordre naturel. Ce penchant pour la dictature éclairée est assez dans l’air du temps. Je combattrais à vos côtés pour imposer cette juste vision de la paix, sitôt que j’en aurais terminé avec l’Afghanistan.

    1. Avatar de Paul Jorion

      C’est trop tard : nous avons déjà surpassé la nature. Et même s’il était possible de faire marche arrière, nous n’accepterons jamais de retourner au stade avant que ce n’ait été le cas. Ceci dit, votre objection fait certainement partie des objections valides.

    2. Avatar de epapel
      epapel

      Plûtot que de chercher à éradiquer l’état de nature de nos sociétés, et risquer ainsi de désorganiser davantage encore la nature, ne faut-il pas accepter l’ordre du monde tel qu’il semble être.

      Je pense au contraire que c’est l’état de nature de l’économie qui représente un danger pour la nature et que par exemple les tentatives d’introduction dans l’économie de la problématique écologique sont quelque part une solution pour limiter par l’extérieur, donc de façon inefficace, les débordements délétères de la sphère économique.

      Il est nécessaire de domestiquer l’économie, non pas parce qu’un système à l’état de nature est mauvais en soi, mais parce que la sphère économique a atteint une puissance telle que la seule limite à la quelle est soumise est la finitude des ressources et lorsque qu’elle l’aura atteinte – d’ici 50 ans – l’effondrement deviendra inéluctable.

      Ce qu’il faut bien voir c’est que dans la nature un état d’équilibre fluctuant est la plupart du temps atteint sans avoir pour effet l’épuisement des ressources car celles-ci sont renouvelables. Au contraire l’économie – et donc l’humanité – fonctionne avec des moyens non naturels selon « un état de nature » mais sans jamais atteindre l’état d’équilibre et en le refusant d’ailleurs, c’est donc globalement un faux état de nature.

    3. Avatar de sentier198
      sentier198

      c’est marrant cette façon de percevoir les choses :

      « nous avons déjà surpassé la nature… »,dit Paul , »c’est donc globalement un faux état de nature » , dit epapel…

      en fait , l’homme et ses productions font intégralement partie de la nature (même le plutonium… , dont les lois de la physiques permettant de le produire sont inscrites parmi les « règles » de la nature…et ne sont pâs une invention humaine..) , tout autant que notre « psychologie » qui nous amène à produire des comportements , ignobles , pétris d’égoïsme pour certains ,ainsi que des inventions extraordinaire (créations artistiques , découvertes scientifiques)………

      tout ceci est totalement « naturel »..

      c’est donc sur les caractéristiques « négatives » des lois naturelles , qui conduisent à de pareilles tragédies qu’il s’agit de se pencher , sauf à nous embourber des contingences moralisatrices contre-productives qui nous conduisent parfois a des jugements désespérés..

      alors , loin de moi aussi l’idée de « revenir » en arrière…je ne sais même pas s’il existe « un arrière »….

      accepter la nature n’est pas mon idées aussi , la connaitre , oui , pour mieux en utiliser les possibilités qu’offres (développement de meilleures relations sociales, de meilleures « gestion » des ressources,..la liste est longue..) et aussi comprendre le quid de notre situation actuelle…

      j’arrête , j’ai une sacré migraine..

    4. Avatar de fujisan

      Paul Jorion dit « C’est trop tard : nous avons déjà surpassé la nature. Et même s’il était possible de faire marche arrière, nous n’accepterons jamais de retourner au stade avant que ce n’ait été le cas. »

      Pour paraphraser Jean Rostand, je dirais « Il faut – disent-ils – choisir entre le progès et la régression. J’attendrai que la réalité m’offre quelque chose de choisissable. »

      Je refuse de me laisser enfermer dans cette opposition primaire qui voudrait que ceux qui remettent en question les dieux Progrès, Croissance, Innovation, Modernité et autres Développement Durable, seraient forcément rétrogrades, adeptes du retour en arrière. Et si on commencait par se débarrasser de ce qui est nuisible voire criminel ?

    5. Avatar de alainloreal

      Comme le disent quelques commentaires ci-dessous la faillite du « progrès » qui a été le moteur philosophique des gauches (les progressistes) des 2 derniers siècles laisse nos contemporains devant un gouffre sans fond visible : l’existence n’a plus de sens.
      L’économie, ce retour à « la nature sauvage », et sa prédominance absolue sur la pluspart des sphères qui y échappaient jusqu’alors (santé, culture, savoirs, protections, politique,…) ne comble en rien la soif d’absolu, l’espèrance en « au-delà » meilleur, que distillaient les religions « révélées » depuis des millénaires.
      Qu’est ce qui peut bien animer un trader qui vient d’apprendre que son bonus de fin d’année de 800 000 euros ne sera perçu qu’à 60% ?
      Alors si « l’espérance humaniste du progrès » et  » l’espoir religieux du paradis » nexistent plus qu’est ce qui peut motiver nos contemporains à continuer à lutter pour un avenir sans avenir ?
      Quels sont « les lendemains qui chantent » que nous promettent nos « politiques-pro » occidentaux ?

    6. Avatar de mike
      mike

      Pas d’accord avec Paul. Nous n’avons pas dépassé la nature. Nous sommes une de ses péripéties… peut-être une « patrouille perdue » comme disait Romain Gary.
      Nous ne l’avons pas dépassée et ne faisons que nous mettre en danger nous-mêmes. Telle est la plaque tectonique sur laquelle s’appuye le quasi la totalité des pensées de ce blog.

      Race humaine : j’aime cette représentation d’une « émergence » très primaire, qui tâtonne avec ses moyens limités… Nous n’avons pas même une logique qui soit indépendante de son propre langage… ne savons pas nous maitriser, etc… .

    7. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      L’espèce humaine a désormais la capacité de vivre en relative harmonie avec la nature,
      comme de la détruire.
      Mais pour pouvoir choisir, elle doit s’arracher de la dictature de l’accumulation du capital.
      C’est le sens de l’ecosocialisme, dont voici une expression récente,
      la déclaration de Belem (2009) :
      http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article13522

      Petit extrait

      Le besoin de croissance du capitalisme existe à chaque niveau, de l’entreprise individuelle au système dans son ensemble. La faim insatiable des entreprises est facilitée par l’expansion impérialiste à la recherche d’un accès toujours plus grand aux ressources naturelles, à la main d’œuvre à prix réduit et aux marchés. Le capitalisme a toujours été écologiquement destructeur, mais de nos jours, ses assauts contre la terre se sont multipliés. Un changement quantitatif qui mène à une transformation qualitative, conduit le monde à un point de non-retour, au bord du désastre.

    8. Avatar de fujisan

      « L’Homme a d’abord transcendé sa propre essence en échappant à l’emprise de l’attraction terrestre. Non pas comme l’oiseau qui découvre par le vol un autre continent et qui, malgré le caractère exceptionnel de cet exploit, reste fidèle à sa propre essence, mais en échappant à l’inéluctabilité de son environnement qui veut que tout corps est attiré vers le bas sur la planète où il est né. L’Homme a découvert par le calcul qu’une vitesse supérieure à 11,2 kilomètres par seconde permet de neutraliser la gravitation universelle telle qu’elle s’exerce sur la Terre ; il a ensuite construit la machine qui lui permet de réaliser cet exploit. L’Homme est désormais prêt à coloniser d’autres planètes, voire d’autres systèmes stellaires. »

      Jean Giono, Les terrasses de l’île d’Elbe, Gallimard, 1976

      L’orgueil

      « Une grande marque de l’orgueil et de la vanité de l’homme est l’admiration sans mélange qu’il a pour tout ce qu’il invente. Alors qu’il est très fier de son sens critique (jusqu’à s’en servir à contresens), dès qu’il s’agit d’une invention sortie de ce qu’il appelle sa science, il ne discute plus, il admire. Tout ce qu’il invente, il le regarde comme excellent. Or on peut facilement imaginer que ce n’est pas forcément vrai. Le moins qu’on puisse dire est que les inventions se font au hasard, il serait bien extraordinaire que ce hasard conduise toujours à de bonnes inventions. D’ailleurs, bonnes à quoi ou par rapport à quoi? On dit que toutes ces inventions nous font progresser. La notion de progrès est une vue de l’esprit, elle n’existe pas dans la nature. Au surplus, que signifie progresser, si c’est progresser uniquement pour progresser, et s’il n’y a pas quelque part dans ce progrès un palier, un sommet, un arrêt (qui serait par exemple le bonheur), au-delà duquel il serait inutile – ou impossible – de progresser.

      Jamais le mot humanité n’a été aussi vide de sens qu’au moment même où nous proclamons notre intention d’unifier la planète. Nous sommes divisés en mille partis antagonistes, et le goût du racisme passe du blanc au noir avec une rapidité sans égale. C’est à qui sera la race ou le parti élu; personne ne songe à fraterniser, mais à maîtriser, surtout celui qui se considérait esclave hier. A quoi servirait la liberté si ce n’est à dominer qui dominait? Être égal ne suffit pas. D’où un jeu de saute-mouton et de « tu me domines, je te domine » dans lequel ce qu’on appelle bêtement l’ « humanité » se brise en mille gouttelettes d’acide. Cette parenthèse ouverte et fermée pour convenir qu’il est difficile de rejeter la « mauvaise invention » : elle serait immédiatement ramassée dans le fossé pour servir « à qui de droit ». Je pense par exemple à ce qu’on appelle communément la « bombe atomique ». Il est de fait que celui qui aurait repoussé son invention comme mauvaise aurait été le dindon de la farce. Mais je ne me mêle pas de la marche du monde, j’essaie simplement de voir s’il est impossible de nous débarrasser de notre orgueil.

      L’homme est minuscule. Il l’oublie. Le roseau pensant, c’est encore trop; minuscule est le mot qui convient. Sa science est à sa mesure. Rien de plus naturel que les distances cosmiques, par exemple; pour en avoir, non pas une idée, mais une simple représentation graphique, on est obligé d’aligner des centaines de zéros après l’unité. C’est que la notion de mesure, ou plus exactement d’échelle humaine ne convient pas. Nous avons, me direz-vous, des sciences qui nous délivrent de cette échelle. Dans quelle proportion? C’est ce qu’on ne sait pas. On a envoyé un ballon de football dans la lune. On crie au miracle. On fait tourner des malheureux autour de la terre : on imagine aussitôt que nous allons sauter dans l’univers. Regardons de plus près.

      Si on en croit la nouvelle quand elle s’étale à la première page des journaux, entre une femme coupée en morceaux et une révolte de paysans, nous avons « bondi dans les étoiles », et à partir de ce bond on commence tout de suite à bondir d’étoile en étoile. Vu par les astronomes, c’est une autre paire de manches.

      « C’est minuscule, me disait l’un d’eux, reprenant mon mot de tout à l’heure. Je ne veux pas parler de la prouesse technique qui, étant donné ce que nous sommes en réalité, est remarquable. Je veux parler du résultat. Voilà l’échelle cosmique » : et il dessina deux fragments de courbes concentriques à très grand rayon, presque confondues tellement elles étaient près l’une de l’autre. Celle du dessous, me dit-il, était la surface de la terre, celle du dessus l’orbite du soi-disant « satellite artificiel ». Il avait à peine décollé.

      Vous me direz qu’il n’y a pas si longtemps les avions faisaient péniblement des sauts de quinze mètres de longueur à trois mètres de hauteur. Nous allons parler des avions, mais je veux finir de rapporter les paroles de l’astronome, pour répondre par avance à ceux qui se gavent de nourriture empoisonnée à base d’astronaute, d’astronavigation, de vitesse de la lumière, de Vénusiens, de Martiens, de soucoupes volantes et de voyages extra-galactiques.

      « Toutes choses égales, me dit l’homme de science, les performances actuelles, qui dispersent en fumée des milliards d’hôpitaux et de bibliothèques, sont semblables à celles que réussissent au trapèze volant les gymnasiarques très entraînés. Leurs numéros ne signifient pas que l’humanité va se mettre un jour prochain à voltiger à travers les cintres, ni surtout qu’elle en fera ses choux gras. »

      Venons à l’avion, puisqu’on ne va pas manquer de me rétorquer que là aussi nous avons commencé par faire du rase-mottes. Et où en sommes-nous?

      Je me souviens de l’époque de ma jeunesse. « L’homme vole », les journaux étaient tous barrés de ces gros titres. Est-ce qu’on vole aujourd’hui? Non. On traverse l’air, de plus en plus vite, de plus en plus à la façon d’un projectile, mais on ne vole pas. Si vous voulez savoir ce que c’est que voler, regardez la mouche. Non pas l’oiseau, mais la mouche; non pas l’aigle, mais la mouche ou la piéride du chou (mais je préfère la mouche).

      J’en regardais trois ou quatre tout à l’heure. C’est un jour de grand mistral; le vent est si brutal qu’il fait plier les cyprès. Mes trois ou quatre mouches ne s’en souciaient pas. Elles étaient en suspension dans l’air, immobiles malgré le vent contre lequel même elles remontaient quand elles en avaient envie. Pour mettre le cataclysme dans lequel ces mouches évoluaient à leur aise (je dis mieux : avec indifférence) à la proportion des forces emportant nos avions supersoniques, il faut imaginer des millions de cyclones conjugués, dans lesquels nous savons bien que notre avion sera broyé comme fétu de paille.

      Mais il y a mieux, la mouche vole en avant, en arrière, s’arrête en plein vol, repart, se pose sur une pointe d’épingle ou la tête en bas au plafond, tourne autour des objets, s’y pose, en décolle; elle ne peut pas ne pas voler. Après l’avoir observée, pouvons-nous dire que nous volons? Non, nous projetons à travers l’air des projectiles, soutenus ensuite dans leur trajectoire par des ailerons rigides, un mélange d’obus et de cerfs-volants. Ces projectiles doivent être, sous peine de mort, dirigés vers des points fixes soigneusement préparés, élaborés avec minutie, surveillés par des milliers d’intelligences en alerte tant que la trajectoire n’a pas abouti sur l’aire d’atterrissage. Cela ne peut même pas se comparer à l’oiseau; quant à la mouche, nous pouvons toujours nous aligner; je la regarde : elle est en train de danser allègrement dans l’intérieur d’un verre à boire.

      J’ai dit que le progrès n’existe pas dans la nature, par contre le bonheur existe. Nous avons inventé le premier qui nous oblige neuf fois sur dix à perdre le second pour des raisons d’orgueil. Il nous est facile de voir des animaux heureux : des chats, des chiens, des oiseaux, des moutons, des truites dans des eaux claires. Vous me direz qu’on tue les moutons, qu’on pêche les truites, qu’on tire les oiseaux, sans compter les loups, les brochets, les rapaces, mais là, c’est que nous sommes tous dans la main de Dieu, et nous ne manquons pas nous-mêmes de ministres de la guerre. Ce qu’il y a de certain, c’est que la plupart des animaux (et à la réflexion on peut même dire tous les animaux) sont très souvent heureux, d’un bonheur dont nous avons perdu le goût et la saveur. Croyez-vous que l’astronaute, ficelé dans sa combinaison, coiffé de son scaphandre, soit sur le chemin de ce bonheur-là? Et s’il ne va pas vers le bonheur, vers quoi va-t-il? A quoi servira de relever de plus en plus sa trajectoire au-dessus du niveau de la terre, d’atteindre la lune, Vénus, Mars, telle nébuleuse d’Andromède ou les fins fonds du monde, si c’est pour y aller à l’état de larve emberlificotée dans son cocon? A voir encore ici la complexité des calculs, le trapèze volant des manœuvres, la sujétion à un ordre de choses sans rapport avec l’ordre naturel des choses, il semble bien que si nous allons jamais quelque part dans ce sens, ce ne sera qu’en perdant notre qualité d’homme, notre état : ce pourquoi nous avons été créés et mis au monde. On oublie que, comme pour le chien, le chat, le mouton, l’hirondelle ou la truite, notre état, c’est le bonheur. Nous avons même, semble-t-il, l’avantage de pouvoir accéder à un bonheur d’esprit destiné (à mon avis) à embellir notre bonheur animal. Tout le monde s’accorde à dire, avec orgueil précisément, que le XXe siècle est le siècle du progrès. Est-il pour cela le siècle du bonheur? Non. Alors? »

  2. Avatar de epapel
    epapel

    Il va être très difficile de domestiquer ou plutôt de re-domestiquer l’économie car le capitalisme et le libéralisme sont l’exact contraire d’un processus de domestication.

    Dans les temps anciens, l’économie était subordonnée au religieux (dévalorisation de l’argent, interdiction de l’intérêt, jours chômés), au politique (souveraineté monétaire, barrières douanières, régulations) et au social (corporations, syndicalisme, solidarités). La destruction de toutes ces régulations a eu pour conséquence que presque tout est désormais subordonné à l’économie et que celle-ci a pris de plus en plus d’autonomie et de puissance.

    Loin de moi l’idée que le monde ancien était meilleur et peut constituer une cible désirable, mais ce qui est dramatique c’est que les moyens de contrôle qui existaient n’ont été remplacés par rien et qu’on doit maintenant subir presque à l’état pur la sauvagerie du marché.

    C’est pourquoi je pense que l’affirmation « La sphère de l’économie demeure elle encore réglée par la nature laissée à elle–même« , est inexacte et qu’il serait plus approprié de dire : « La sphère de l’économie a été volontairement et consciemment rendue à l’état de nature« .

    Ce retour a été concomitant et favorisé par le mouvement général d’accroissement des libertés dans les sociétés démocratiques et le libéralisme économique a illégitimement profité de cette vague porteuse pour imposer en dehors de tout contrôle démocratique un système au final contraire aux libertés. En effet les libertés individuelles et le libéralisme économique diffèrent fondamentalement en ceci :
    – les premières tendent à s’exercer nominalement en excluant les rapport de forces et où les conflits résiduels doivent se traiter dans un cadre juridique commun à tous
    – le second tend à s’exercer nominalement dans le rapport de force et les conflits indésirables non solubles tendent à se négocier dans un cadre contractuel particulier à chaque cas

    Force est constater qu’il existe encore des obstacles que l’économie libérale cherche à faire tomber (introduction de la flexibilité, privatisation du social et du politique), le processus de retour à l’état de nature de l’économie n’est donc pas terminé du moins dans le monde occidental. L’Occident ne pourra que très difficilement sortir de cette ornière conceptuelle tant il en est imprégné et le salut viendra peut-être et paradoxalement de sociétés moins libres et donc plus critiques vis à vis de concepts qui leur sont finalement consubstanciellement étrangers.

    1. Avatar de meeusen joseph
      meeusen joseph

      La croissance infinie n’a jamais été qu’un mythe pour les gogos. Comme la « nouvelle économie »,bulle gonflée comme une baudruche pour plumer des milliers de pigeons. Les vrais tenants de l’économies savent depuis longtemps que les ressources ne sont pas inépuisables. Pour eux  » la fin de l’histoire  » n’est que la pérénisation de leur domination par le partage de plus en plus inégalitaire des richesses. La rareté fera jouer la loi de l’offre et de la demande pour leur plus grand profit.
      Par la marchandisation totale de la nature, l’économie à réussi à changer le rapport de l’homme à celle-çi en rendant l’existence humaine complètement artificielle. Même la reproduction des être vivants ne peut échapper aux lois du marché. Une plante ne peut pousser que si elle à dûment étée brevetée et stérilisée. Les ressources maritimes que l’on disait encore inépuisables , il y a à peine 50 ans sont remplacées par l’industrie piscicole bien plus rentable car controlée de A à Z par de puissants interêts .
      Dans un monde fini ou le progrès ne doit surtout pas amener à la liberté de tous; il est impératif pour le pouvoir économique de figer la nature de l’homme dans un rapport de maître à esclave comme au temps ou l’on n’exploitait que très peu la nature et ou l’on vivait encore en « accord » avec elle. Le système récupère tout même ce qui le conteste. L’écologie pour faire accepter aux plus pauvres l’idée qu’ils doivent accepter leur sort et aux moins pauvres l’idée d’une décroissance violente.
      Investir dans l’idée de progrès pour tous et dans le respect de la nature ne rapporte rien à court terme.
      Je ne pense pas que la sphère de l’économie ait quoi que ce soit de commun avec l’état de nature, elle exige simplement la soumission totale à ses lois. Et dans un sytème globalisé ou le contrôle des productions et du commerce est hyper concentré, le marché représenté par les plus pauvres dans l’assouvissement de leurs besoins les plus élémentaires est un enjeu colossal. Nos désirs consuméristes d’occidentaux comptent peu dans la balance, on ne donnera pas la possibilité à chaque humain de se payer une bagnole. Très pauvre ou moyennement, celà à peu d’importance; c’est la totale dépendance qui compte.
       » Les petits ruisseaux font les grandes rivières de diamants »

  3. Avatar de francois
    francois

    article brillant bravo

    Je suis entierement d accord avec vous, l economie est encore la seule representation humaine ou la nature fait force de loi.Ce qui est totalement paradoxal par rapport à la nature même de l être humain qui tente justement de maitriser cette nature.

    il n y a qu un point sur lequel je ne suis pas d accord,  » crépuscules des dieux « .

    Je pense que l homme ne cessera jamais de croire en dieu.
    Dieu représente l omniscience par rapport à nous autres êtres humains emplis de limites que nous tentons sans cesse de dépasser ainsi que vous l avez montré dans votre article.

    Les limites aujourd’hui hui terrestres deviendront demain extra terrestres au sens propre ( c est à dire extérieur à la Terre ) , la seule référence commune à ces deux entités sera la croyance en une force supérieure.

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Dieu est l’Illusion qui contient toutes les illusions, y compris la main invisible.

       » Pour parler clairement est sans parabole,
      Nous sommes les pièces du jeu que joue le Ciel ;
      On s’amuse avec nous sur l’échiquier de l’être,
      Et puis nous retournons, un par un, dans la boîte du Néant. »
      Omar Khayyam. Les quatrains.

  4. Avatar de francois
    francois

    c est pour ca qu on peut affirmer sans se tromper parce que nous sommes limites en matieres premieres, par la demographie, limites par notre habitat terrestre que l avenir c est l economie planifiée

    1. Avatar de Alain.Goethe
      Alain.Goethe

      Comme vient de l’écrire François (CMT N°4), la race humaine va devoir aussi résoudre le problème du couple « Ressources- Démographie ».
      Ma migraine m’empêche de développer ce soir.

      Juste un extrait de l’article de Manicore sur le théorème de KAYA :

       » L’équation de Kaya
      dernière version : décembre 2007
      site de l’auteur : http://www.manicore.com – contacter l’auteur : jean-marc@manicore.com

      Emissions de gaz à effet de serre, économie, intensité énergétique, population… Il y aurait un lien entre ces diverses grandeurs, que chacun – physiciens, économistes ou politiques, ingénieurs, démographes – aime à utiliser dans son coin ? Une équation, géniale parce que si simple (et, comme on va le voir, si terrible !), et que la rumeur attribue à un professeur japonais dénommé Kaya (ce qui est sûr, c’est que le Professeur Kaya en question est un chercheur connu pour les questions de politique énergétique), permet de relier entre elles ces notions, même si pour la majorité de mes concitoyens « on ne voit pas le rapport avec la choucroute ».
      Cet auteur a modifié une équation simple, en plusieurs étapes..

      A la fin de l’article, on reste pantois ..

      Comme l’indique la conclusion du livre de Paul JORION, la race humaine a intérêt à  » mieux domestiquer l’ECONOMIE » etc..
      A+

  5. Avatar de Lulu
    Lulu

    La modernité, au sens strict, commence avec l’abandon du divin et de la conception cyclique du temps. Le temps devenu irréversible conduit l’humanité vers une finalité que dieu seul est en mesure d’en fixer l’échéance.

    Mais avec la mort du divin se perd la notion de Fin des Temps, d’ascension et de rédemption finales. Le temps se déroule alors implacablement vide, devenant synonyme de mort puisque dénué de toute finalité. L’absurde du temps vide remplit l’homme d’une frayeur insoutenable. Ce dernier emprunte alors dans une attitude parfaitement mimétique la démarche du sacré qu’il vient d’abolir et s’invente une cosmogonie au beau milieu de laquelle il trône en maître absolu.

    L’homme blanc n’est plus à l’image de dieu, il est dieu. En soumettant le reste des créatures à sa volonté, il dote l’histoire d’une finalité qu’il nomme « le progrès ». Il se précipite alors tête baissée dans une frénésie productiviste rimant avec une boulimie consumériste inassouvissable. En réalité, cette idéologie du progrès n’est en fait qu’une pseudo-sécularisation de la pensée chrétienne.

    La contradiction de la gauche est d’avoir cru au ’mythe du progrès’ qui est le fondement même de l’idéologie capitaliste. C’est ce mythe qui situe les sociétés humaines sur une linéarité prétendument historique et qui procède à une hiérarchisation épistémique et ethnique favorisant toutes les formes d’exploitation et de spoliation.

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Je pense que l’idée, la réalité possible, de la fin des temps est revenue au grand galop avec la Bombe, dès qu’elle a été utilisée et que ce moment là marque la tranformation du temps irréversible en temps insoutenable.
      Pour le reste je suis en sympathie avec ce que vous dites et comme disait Marx :  » l’homme n’est rien, il est la carcasse du Temps. » (citation de mémoire.).

  6. Avatar de Michel MARTIN

    L’écologie me semble être une chance pour le progrès pour plusieurs raisons. Une raison économiques parce que l’écologie apporte des outils pour l’étude des systèmes et que ces outils peuvent être utilisés pour faire évoluer notre manière de compter qui est trop locale. La plupart de nos gains de productivité reconnus commes tels par notre compta localiste se font en contractant des dettes de toutes sortes: écologiques, sanitaires, sociales…Bref, on déshabille Pierre (global) pour habiller Paul (local).
    Une raison idéologique, la possibilité de nous conforter à « entrer dans la sphère du nous », que nous sommes en interaction.
    Une raison poétique, une écoute un peu plus attentive de ce qui n’est pas humain.
    Pour résumer, des raisons raisonnables associées à des raisons oniriques

    1. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      La notion la plus importante en écologie est celle d’un équilibre non figé (potentiel en fait), en perpétuelle évolution avec des espèces dont les populations croissent et décroissent en fonction du milieu, avoir un regard écologique en économie c’est perpétuellement tendre à un équilibre sans jamais l’atteindre, mais maintenir son potentiel.

  7. Avatar de lestrate

    Population
    Il y a trente à quarante mille ans la population a franchi le seuil d’un million d’habitants.
    Un milliard d’hommes vers 1800
    6 914 368 989 fin 2010
    L’augmentation de la population a été favorisée par les rois qui ainsi garnissaient leur armées
    Par les chefs religieux qui voyaient grandir leur influence.

    La pollution
    La pollution argumente en fonction de cet accroissement de consommateurs

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      La pollution, y compris celle des esprits,nous le savons maintenant, est la principale production du capitalisme industriel-marchand.
      La revendication de plus de croissance, pour continuer à faire vivre la dette, est malgré le délirant oxymore « développement durable », est donc une revendication pour plus de pollution.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      La pollution, y compris celle des esprits,nous le savons maintenant, est la principale production du capitalisme industriel-marchand.

      Deux siècles de « capitalisme industriel-marchand » en France :
      Espérance de vie en France début XIXè : un peu plus de trente ans;
      Aujourd’hui : 81 ans.

      C’est p’têt pas juste la pollution « la principale production du capitalisme industriel-marchand« ..
      « Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin là … »

      Remarquez ce serait bien si c’était le cas, ya longtemps qu’on s’en serait débarrassé. Mais bon…

    3. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      à vigneron,

      Libre à vous de présenter n’importe quel chiffre à propos de l’espérance de vie, de nos jours ou il y a deux siècles.
      Je vous signale par ailleurs que la France n’est pas le Monde.
      Et de quelle vie parlons nous ?
      Vous semblez beaucoup penser à la survie assistée par les techniques médicales.
      Il est vrai que la pollution ne tue pas vite : on peut vivre quelques années voire plus avec un cancer, mais on peut mourir très vite aussi, et avant 30 ans.
      Le point que je vous accorde volontiers est que le vin, il y a deux siècles, ne contenait pas encore les pesticides et autres poisons qui n’avaient pas encore été inventés.

    4. Avatar de alainloreal

      Mon cher Eddie,

      Vivre jusqu’à 90 ans pour en finir 15 comme un légume dans un « mouroir » privatisé, est-ce vraiment un progrès ?
      Les personnes que nous avons aimées sont mortes à 20 ans…

    5. Avatar de michel lambotte

      @ Vigneron
      Vous supprimez le pétrole, vous retombez à 40 et je suis optimiste.
      Mais bon, je ne suis pas malthusien comme PO

      @ Marlowe

      Vigneron veut dire qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
      Il y a une rémanence industrielle gigantesque qu’il faudra utiliser.
      La seule manière de l’utiliser sera d’utiliser le pouvoir du savoir au lieu de celui de l’argent.

    6. Avatar de vigneron
      vigneron

      @marlowe

      Tout le monde peut dire une bêtise, mais tout le monde peut éviter d’ajouter la faute à l’erreur. Vous me prouvez que c’est assez difficile en fait. Pour rester dans un domaine qui m’est familier :

      Le point que je vous accorde volontiers est que le vin, il y a deux siècles, ne contenait pas encore les pesticides et autres poisons qui n’avaient pas encore été inventés.

      Là mon chou, détrompez vous. Difficile aujourd’hui d’imaginer les infâmes saloperies vineuses que le bon peuple pouvait s’ingurgiter à ses risques et périls à l’époque dont nous parlons. Poisons d’origine aussi bien « naturelle », biologique, plus ou moins corrompus, que d’origine frelatée, chimique. Le soufre, les terribles sulfites sur l’étiquette, a tué incommensurablement moins de monde (s’il en a jamais tué ! ) que l’acide acétique des piquettes de nos aïeux. Désolé, c’est comme ça. Idem pour toute l’alimentation. Ne parlons même pas de l’eau…
      Arrêtons le délire, please.

      @buddy

      Les personnes que nous avons aimées sont mortes à 20 ans…

      Pas toutes. Dont j’en aime encore certaines. Et nous mêmes ne sommes pas morts à 20 ans. Devrions-nous ne plus nous aimer pour autant ?

      Rappel : Espérance de vie en bonne santé, soit le nombre d’années que l’on peut espérer vivre en bonne santé ou sans incapacité au sein de l’espérance de vie. (calculée par l’UE, indicateur HLY Eurostat) :
      France : hommes = 62,4 ans, femmes = 64.2 ans

    7. Avatar de alainloreal

      Si j’en crois tes chiffres, je suis déja entré dans la phase à hauts risques…

      Mais tu as totalement raison sur la capacité d’aimer au delà de 20 ans, voire d’ailleurs, mieux..
      Note que si la créativité pure et capacité de révolte diminuent avec l’âge, les haines restent tenaces (malheureusement comme les idées préconcues, les croyances stupides, les préjugés, les délires obsessionnels, la connerie quoi !)

    8. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Une remarque en passant. Pourquoi si peu, sinon pas du tout, de réactions de médecins ou autres professionnels du corps médical sur le blog sur le thème de l’espérance de vie, et même simplement de la santé ? Que signifie ce silence ?

      Une hypothèse : le tropisme libéral de la médecine. La médecine n’a pas été capable de prendre son autonomie par rapport à une sphère économique toujours à l’état de nature.

    9. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      Difficile aujourd’hui d’imaginer les infâmes saloperies vineuses que le bon peuple pouvait s’ingurgiter à ses risques et périls à l’époque dont nous parlons. Poisons d’origine aussi bien « naturelle », biologique, plus ou moins corrompus, que d’origine frelatée, chimique. Le soufre, les terribles sulfites sur l’étiquette, a tué incommensurablement moins de monde (s’il en a jamais tué ! ) que l’acide acétique des piquettes de nos aïeux.
      (Vigneron)

      Sauf que l’on occulte ici le fait qu’aujourd’hui quelques vignerons réussissent à produire du vin naturel « sans sulfites ajoutés«  d’excellente qualité que j’ai grand plaisir à déguster exceptionnellement et que mon foie d’ancien alcoolique parvient parfaitement à digérer.
      Oups !
      😉

  8. Avatar de claire
    claire

    Depuis plus de deux ans, j’ai plaisir à vous lire et ainsi à humer votre nature et vous en remercie.

    Aussi, cette lecture fraîche de ce matin, en partage :

    « … . Car nous en sommes très exactement là, devant une infinité de portes qui donnent sur une éternité grotesque. Mort ou vif, on monte ou on descend le même escalier. L’important est qu’il y ait un escalier. L’ivresse des solutions erronées s’accompagne d’un parfum de dompteur. Faute de faune, la rhétorique étend ses plaines d’intimidation. Certains crient à la vérité jouant la carte forcée de l’objectivité, d’autres vont en tous sens avec les lourdes carcasses de la sentimentalité sur les épaules, tandis que la grande roue du cynisme continue de remettre les choses en place. …..  »
    et plus loin, l’auteur de citer Hegel :

    …  » L’homme est cette nuit, ce néant vide qui contient tout dans la simplicité de cette nuit, une richesse de représentations, images infiniment multiples dont aucune précisément ne lui vient à l’esprit ou qui ne sont pas en tant que présentes. C’est la nuit, l’intérieur de la nature qui existe ici – pur soi – dans les représentations fantasmagoriques ; c’est la nuit tout autour ; ici surgit alors subitement une tête ensanglantée, là, une autre silhouette blanche, et elles disparaissent de même. C’est cette nuit qu’on découvre lorsqu’on regarde un homme dans les yeux – on plonge son regard dans une nuit qui devient effroyable, c’est la nuit du monde qui s’avance ici à la rencontre de chacun  » ( La Philosophie de l’esprit de la « Realphilosophie, 1805, PUF, 2002, p. 13.)
    et en cette compagnie évoquer …  » l’acte d’intuitionner, consistant à substituer l’image à l’objet, autrement dit à nier ce dernier en tant que tel, afin que l’esprit se l’approprie.
    Sans cette négation, l’image ne pourrait être  » conservée dans le trésor de l’esprit, dans la nuit de l’esprit « ….

    et, pour en terminer avec ces zagousky, citer encore l’auteur :

    …  » C’est pourquoi il ne suffit pas de déplorer comment Hegel, faute de se dégager véritablement de la perspective théologique, lui substitue celle du Progrès. Il importe plutôt de discerner ce que redoute tant son génie logique pour se laisser ainsi infléchir. « ….

    Ne suis qu’à la page 80 du livre d’Annie LE BRUN, Si rien avait une forme, ce serait cela, Gallimard, 2010, et m’éloigne ainsi de la « sidération » vers les trous noirs….

    Sans doute trop bref, pour l’entretien de février, mais comme Annie LE BRUN nous y incite, par la biais de Victor Hugo :

     » Allez au-delà, extravaguez »

    Merci encore pour votre partage et que 2011 vous soit extravagante!!!

  9. Avatar de tortue 111
    tortue 111

    Bonjour,
    voici comment j’entends le terme de progrès et ce qui le sous-tend.
    dépasser l’état de nature est-il possible dans la mesure où c’est dans l’état de nature que se trouve le germe du progrès. C’est ce que j’ai compris du livre de Paul Diel qui s’appelle la peur et l’angoisse où (rapidement) il est expliqué que le premier stress ressenti par la première cellule vivante jusqu’à la sensation de faim (ou n’importe quel autre stress biologique puis – ce site étant fait par des hommes et pour des hommes – psychique) procède de la même essence.
    C’est à l’aide de ce « gas-oil » là que toutes les espèces ont alimenté leur perdurer dans l’être.
    Je constate (en fait je me pose la question de savoir si…) que l’homme à l’aide de la même « essence » a une tendance à bouter le feu un peu partout.
    La conscience EST le progrès, la conscience du danger est le progrès quant aux moyens que l’on se donne il est normal qu’ils ne soient pas les mêmes qu’à l’age des cavernes mais le jour où, pour avoir ignoré les signes annonciateurs de destruction (de quelque ordre et de quelque ampleur qu’elle soit : par exemple on ne met plus d’amiante dans les habitations) alors les outils des âges reculés peuvent être reconsidérés et si l’on repasse deux fois par la case pierre taillée (par nécessité et/ou par choix), j’espère que cela ne veut pas dire que l’on va devoir repasser FORCEMENT par une catastrophe écologique (nucléaire, fin de la biodiversité, assassinats de masse, …).
    Je ne suis pas du tout objecteur de croissance ou autre mais je crois que les connaissances mises au jour par les savoirs traditionnels (mythologies nord américaines étudiées par Levi Strauss par exemple) étaient pertinentes car elles résultaient d’efforts aussi sincères qu’un esprit scientifique de prendre en compte les FAITS avant le prestige l’idéologie et autres errements de la conscience.
    Après Diel, il y a aussi cela d’Albert Einstein, ils se connaissaient d’ailleurs :
    « La possession de merveilleux moyens de production n’a pas apporté la liberté, mais le souci et la famine ».
    Je ne suis pas sûr d’abonder entièrement à cette citation mais quand même, des fois…

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      A propos de Einstein, passionant de lire son engagement clairvoyant, et d’une actualité brûlante en faveur du socialisme:

      http://www.socialisme.be/marxismeorg/1949einstein.html

  10. Avatar de Karluss
    Karluss

    c’est marrant votre idée de Nietzsche lorsque vous dîtes que c’est un farceur, car vous êtes « nietzschéen », contre vents et marée. Et vous laissez la farce aux dindes !

    1. Avatar de francois
      francois

      exact vous etes tout a fait nietzchéen, c est bien la votre principal défaut.

    2. Avatar de Karluss
      Karluss

      certes les qualités d’un grand nietzschéen et panthéiste en prime ! Le surhomme dans sa nature.

  11. Avatar de Christophe
    Christophe

    Imaginons une courbe où le progrès est quantifié.
    Cette courbe devrait logiquement ressembler à un truc du genre f(x) = x+1
    Nous tendons donc à être de plus en plus « parfait ». Aujourd’hui en 2010, on voit apparaître de nouveaux domaines de recherches, les nanotechnologie, les neurosciences, des nouveautés dans les moyens de communication, la sociologie etc…
    Bref tous ça pour dire, que l’humanité se dirige inéluctablement vers la perfection aux travers des « modes » qu’elle traverse.

    Les lois régissant la sphère économique attendent leur tour…… peut-être à x = 2011

    1. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      Il faut définir la notion de progrès de votre équation et c’est là que cella devient compliqué, car la technique ne nous sauve pas de nous (tu as du lire Fahrenheit 451, les murs écrans …) à partir de là on intègre le progrès humain avec la technique et cela devient une équation avec quelques milliards de variables (mais quelques constantes) qui ne ce validera jamais pour l’ensemble des variables.

    2. Avatar de Christophe
      Christophe

      La notion de progrès est certes difficile à définir mais nous pouvons dire sans trop nous tromper que pour que cet « axe progrès » existe, il faut que les gens le veuillent c’est-à-dire que, quand tous les individus s’appliqueront à progresser, alors, l’humanité sera en progrès.
      Les murs écrans dans Fahrenheit 451 traduisent bien cet axe de progrès. Le bonheur par l’abrutissement de la population au travers des murs écrans. Les gens n’ont plus envie de réfléchir, ils n’ont plus le temps, ni la volonté. Mais heureusement, il y a des « sauveurs » qui montrent le vrai axe du progrès. (Montag dans Fahrenheit 451)
      Aujourd’hui les gens regardent ces « murs écrans » symbolisé par les fluctuations boursières du Nasdaq, du cac40… mais tous le monde ne s’applique pas à progresser, il y a des tricheurs, des vilains, des gens qui fabriquent ce « faux progrès » , qui n’ont pas pour but la pays ! (parce que je pense que le progrès doit avoir pour but la paix).
      Maintenant, espérons qu’il y aura des sauveurs.

    3. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      Ce qui va être compliqué pour le ressenti du progrès, c’est justement l’avenir, un progrès pour moi serait la gestion de nos ressources finis, afin d’en faire profiter à la génération suivante, le pétrole qui n’est pas brulé aujourd’hui c’est le plastique de demain, on imagine pas la complexité qu’on aura à gainer des fils électrique sans plastique et sans cela pas de réseau, pareil pour l’écoulement et la distribution d’eau, le plastique est devenu la clef de notre confort de base, or limiter ces déplacements est un régression, c’est pour cela que la notion de progrès aura beaucoup de variable qui ne valide pas l’équation global.

    4. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      Au niveau de la paix, il y a un exemple que j’utilise facilement c’est le conflit passé en Irlande du Nord (c’est pratique des blancs civilisés ayant deux variantes de la même religion, comme ça on empêche le cerveau du locuteur de classé les opposants dans des cases différentes), au plus fort des attentats 80% de chômage chez les catholiques et 20% chez les protestants, tant que l’économie n’a pas pour objectif d’augmenter le niveau de vie mondial, en minimisant les écarts entre les populations (et on retrouve cela dans tous les pays), la paix n’est qu’utopie.
      Et pour moi ce n’est pas pour rien que la Belgique ou l’Italie voient des divisions géographique, au moment ou le libéralisme (et justifie même par la compétitivité alors qu’il n’est question que de misère exploiter) accentue l’écart des richesses, les zones historiquement plus riches s’individualisent de leurs états pour conserver leurs richesses.

  12. Avatar de francois2
    francois2

    Bonjour Monsieur Jorion.

    Les mots que vous utilisez me pose grande interrogation. Que signifie pour vous nature?

    De même une phrase m’a frappé: « Notre espèce est, il faut bien le dire, mauvaise et agressive » Ne croyez vous pas que vous poussez un peu loin le bouchon. Si tel était le cas comment diable pourriez vous dire que l’espèce est mauvaise. Il vous faut bien connaitre le bien pour dire que vous êtes mal. Un peu bizarre n’est ce pas?
    Je crois plutôt que l’être humain n’est pas idéalement bien ou mal mais un composé des deux.

    Comment imaginer une nature qui se transcende ou qui se dépasse? Pas très logique? Cela me rappelle Goedel… Auusi faut-il admettre qu’une partie de l’être humain est hors nature sinon comment pourrait-il définir ce mot.

    Par ailleurs je ne crois pas que le bouddha, confusius soient athée. Ce n’est pas parce qu’ils n’en parlent pas qu’ils n’y croient pas? Mystère des réincarnations ou du Tao. Je ne crois pas que la tradition ne soit que des mots mais plutôt un apprentissage de rites, d’une méthode afin de suivre une bonne voie (x)

    Pour terminer je ne crois pas que la nature soit bien ou mal. Elle est matière porteuse de lumière. Sans elle comment pourrions nous (re) prendre conscience de la lumière???

    1. Avatar de Paul Jorion

      Sur le bouddhisme comme religion athée, voyez ce qu’en dit Kojève (L’athéisme, 1998).

      L’homme surpasse la nature (telle qu’elle existe avant l’homme) : je donne – vous avez dû le voir – l’exemple de l’invention analogique, que la nature (telle qu’elle existe avant l’homme) ne connaît pas.

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Comment notre espèce aurait-elle pu survivre sans aggressivité ?

    3. Avatar de francois
      francois

      @francois2

      le boudhisme et plus largement les religions asiatiques sont des religions athées.
      Nous devrions davantage employer le terme agnostique.

      le boudha ne reconnait pas l existence d une force exterieure, il dit je ne sais pas, c est tres different.

      Plus generalement la modernité du boudhisme est de dire plutot que de se concentrer sur des forces exterieures à nous, tentons de se concenter sur nous memes.
      C est la principale difference entre les religions monotheistes traditionnelles pour qui dieu est un tout ( exterieur à nous meme et nous meme ) et le boudhisme qui ne s interesse pas a la metaphysique.

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      je ne crois pas que la nature soit bien ou mal. Elle est matière porteuse de lumière.

      Pour votre première croyance, je pense que vous enfoncez une porte ouverte, mais soit ! Pour la deuxième, que vous présentez bizarrement sous forme d’assertion (en omettant de préciser qu’il ne s’agit encore que d’une de vos croyances), d’une identitification essentielle et raccourcie, permettez moi de sursauter et de sursoir charitablement à l’expression de mon jugement d’icelle, mais mon intime conviction n’en est pas moins manifeste…

    5. Avatar de Le grec

      Et la Géométrie fractale?

    6. Avatar de francois2
      francois2

      oui il existe des athées qui ne voient dans le mot dieu que le mot. Dès lors que l’on suit une morale ou une règle de vie, il faut bien avouer que cette morale alors conmmande nos actions. Si ensuite celle morale est conforme à celle d’un livre alors il est possède de dire que le livre dicte nos actions.

      Mais est ce la matière livre? est ce la nature du livre, est ce les mots écrits noirs sur blanc.?

      Un principe est un dieu? ou faut-il aller derrière le principe. Il est des athée très croyant dans les principes… Un fils doit-il expérimenter les principes de son père…

      Mais qu’est ce donc que la nature? Qu’appellez vous « nature »… La matière, les choses sensuelles?

    7. Avatar de francois2
      francois2

      @ vigneron

      la principe de la vision est l’absorption de la lumière par la matière. Mais peut être avez vous une autre théorie que je serai très heureux d’apprendre.

    8. Avatar de vigneron
      vigneron

      @françois2

      la principe de la vision est l’absorption de la lumière par la matière

      Pour ça on est d’accord évidemment, mais ce n’est pas du tout ce que je vous reproche d’avoir dit ni ce que vous avez dit. Mais bien d’avoir résumé, identifié, la nature à la « matière porteuse de lumière ». Et de l’avoir fait sans présenter cette affirmation sous la forme de votre opinion.
      Et je vous reproche maintenant de persister dans la confusion avec votre répartie qui porte plus d’obscurité que de lumière.
      J’arrête là, le débat est clos.

    9. Avatar de Mianne
      Mianne

      @ François 1 et 2

      Comment peut-on croire en une force extérieure à la Nature elle-même, que l’on nomme dieu ou dieux, si ce n’est par un conditionnement depuis la petite enfance à cette hypothèse ?
      Les enfants qui n’ont pas été élevés dans cette idée d’une force extérieure à celles de la Nature n’en ressentent pas la nécessité tout au long de leur vie.

    10. Avatar de francois
      francois

      @mianne

      Comme le boudha je dis  » je ne sais pas ».
      Si on s interroge deux secondes sur le sens de notre vie dans l univers, peut legitimement croire en une force supreme.

      Dire que tout ca n est que foutaise est de la meme imbecilite que de proclamer le regne de dieu partout.
      La plupart des tres grands de l humanité ( philosophes, physiciens, économsites ) étaient soit croyant soit agnostique.Je pense que le scientisme a fait énormément de mal en europe aux croyances communes et parmi elles les croyances metaphysiques, placant l individu et sa connaisance au dessu de tout.

      Mais nous croyons tous en quelque chose me semble t il, sans cette croyance nos vies seraient misereuses non?

  13. Avatar de JT Gio
    JT Gio

    Excellent article dans le NY Times intitulé « How Superstars’ Pay Stifles Everyone Else » : en reprenant certains points du livre de Eduardo Porter intitulé “The Price of Everything: Solving the Mystery of Why We Pay What We Do », l’auteur essaie de montrer que l’inégale répartition des revenus représente un danger pour le capitalisme.
    A quand un article de la même veine dans Le Figaro?

  14. Avatar de Johannes Finckh
    Johannes Finckh

    C’est vrai, qu’en économie, la confusion et le refus de penser domine.
    Tant que l’on se contente d’une monnaie dérivée de la « nature » de l’or, à la fois moyen d’échange et objet d’accumulation, la « science » économique ne sera pas.
    On pourrait construire une économie qui fonctionne dès que l’on acceptera une monnaie qui fonctionne.
    Ce sera la fin de la perversité capitaliste, à distinguer radicalement des mécanismes du marché et des échanges.

    1. Avatar de michel lambotte

      Il faut créer une monnaie créatrice!

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Je propse le sel qui sera aussi très utile en ces temps de neige.

    3. Avatar de michel lambotte

      Tout à fait d’accord, et il va en falloir avec -20°c àBordeaux
      Surtout que déjà il en manque en Belgique.
      Effectivement, la monnaie est rare.
      Ou comme le dit Johannes, elle ne circule pas.

  15. Avatar de mike
    mike

    Première réaction, au débotté…
    Vous écrivez « Du moyen d’y parvenir, nous ne savons presque rien »…
    Si ce n’est que nous reconnaissons un manque total de self controle chez l’humain, une fois qu’il est confronté au pouvoir (ou à l’argent, ce qui revient au même)… et comme disait Bobby Fischer « la stratégie vient toujours d’une position supérieure »… donc dès que notre lascar humain est en cette position il devient très difficile à déloger. Pensons un seconde à Gbagbo ! Idem pour toutes les élites.. on le voit aujourd’hui avec les Heges Funds

    Sauf votre respect je pense que votre papier, intéressant, reste trop humano centré… Il y a moyen de prendre plus de recul pour trouver des inspirations, peut-être en s’affranchissant mieux des grands penseurs sur les épaules desquels vous êtes juché. Certes l’homme a su utiliser l’analogie pour progresser de manière plus complexe que les autres animaux.. mais était-ce vraiment pour un « mieux » ? Première question.

    Et puis je renverse… : si on renvient à la notion d’analogie nous avons aujourd’hui l’exemple de l’ADN, et par là même des tas de mécanismes démontrés dont nous pouvons nous inspirer. Savez-vous, par exemple, comment l’ADN du requin – forme parfaite dans son biotope – a travaillé pour maintenir pareil morphotype inchangé sur des dizaines et des dizaines de millions d’années. La réponse donnée à ce jour est vraiment intéressante…

    Voilà, comme ça, en vrac ne lâchez pas le morceau

  16. Avatar de Filou
    Filou

    « We the people….. » please remember, everything’s in it. Read it again.Promote democracy and tolerance and be strong enough to fight for it.

  17. Avatar de argeles39
    argeles39

    « L’Homme est un loup pour l’Homme. »…

    Oui, car chez l’homme, entre son instinct et sa raison, c’est très souvent l’instinct qui prend le dessus. Très souvent ces sont les instincts les plus bas qui dictent la survie.
    Partout sur le terre l’homme est resté un loup pour l’homme, même en Chine où il a su faire une « belle » synthèse entre ce qu’il y a de pire dans le capitalisme et dans le communisme.
    Pour que la raison l’emporte (prendre les bonnes bifurcations comme vous disiez il y a quelques temps dans un autre article, et remonter à la source de ces bifurcations lorsque l’on a emprunté une impasse) il faut informer et éduquer, ce que vous faites très bien.

    1. Avatar de lisztfr
      lisztfr

      Je pense que l’homme n’est pas réformable, même si je me regarde moi-même, tout ce que j’ai accumulé de rancœurs, de dépit et de déceptions au cours des années. Et puis la vie est une épreuve pour tout le monde, comment ne pas devenir forcément « mauvais » à un moment ou un autre ???

      Je suis mauvais, force est de le constater.. Et il n’y a pas de rédemption, elle n’arrive jamais.

      C’est pourquoi, je ne vois pas d’autre solution que de confier le sort politique de l’espèce aux femmes. Peut être qu’elles ont une conscience, et qu’elles en tiennent compte.

      Le « matériel humain » est mauvais, c’est pourquoi je suis plutôt découragé. Même Dostoievski est un sombre tzariste arrièré. Que faire.

      Si le matériel est mauvais il convient d’en changer.

  18. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    L’idée de progrès est apparue dans l’histoire comme une idée économique dissimulée derrière le paravent humaniste et éclairée par les lumières.
    L’idée de progrès n’ a pas envisagé l’avenir mais constaté l’aboutissement du passé marchand à un moment donné, la transformation du temps cyclique en un temps irréverssible qui transforme la société.
    Avec le développement irrésistible de la société industrielle-marchande, la survie de l’humanité qui, sous le règne du temps cyclique, attendait la fin des temps et la vie éternelle dans les cieux, le temps devient celui de la survie augmentée et la vie se présente sous l’air d’un temps pseudo-cyclique où s’alternent les moments de production et de consommation.
    La dégradation de cette économie en folie spéculative dans laquelle ce n’est plus seulement l’exploitation de l’homme qui créé la richesse de la classe possédante et de ses alliés, mais le simple fait de « faire travailler l’argent » qui créé la richesse illusoire, marque l’apparition du temps spectaculaire-mafieux dans lequel « rien n’est vrai, tout est permis. »
    Le règne de la « survie augmentée » arrive à sa fin : l’idée de progrès perd toute vraisemblance.
    La survie comme représentation de la « vraie vie » était le seul avenir possible et même cet avenir perd toutes ses illusions : la croissance ne peut pas être infinie dans un monde fini, le retour en arrière semble impossible, l’apocalypse redevient possible, les comportements et les idéologies survivalistes se développent.
    Le progrès a perdu tout avenir sans le nécessaire renversement de perspective qui ouvre la voie royale à l’homme enfin devenu le « dieu vivant. »
    Rien n’est prévisible mais tout est possible.

    1. Avatar de Michel MARTIN

      Un brin de déprime, Marlowe? Y’a de quoi en cette période de Noël qui n’a guère que des cadeaux empoisonnés à nous offrir. De mon point de vue, le progrès va continuer en s’associant à l’écologie si on réussit à désarmer la finance parce qu’il est porteur de rêves. De rêves de mieux être dont certains se réalisent, de rêves d’émancipation dont certains se réalisent (c’est la première fois de l’histoire que les femmes ne vont peut-être plus subir la domination masculine), de rêves de connaissance dont le 19ème et le 20ème ont apporté plus de concrètisations que pendant tout le reste de l’humanité et qui ont permis l’explosion démographique qui va peut-être nous entraîner tous à un effondrement, de rêves d’expériences de voyages dont le vol est le meilleur exemple. Nous avons les connaissances et un début de technologies pour réguler notre activité avec les exigences de notre écosystème. Le capitalisme financier est sur la route de ce rêve et il perdra sa place dominante parce qu’il ne représente plus de rêve mais seulement l’intérêt de quelques uns adeptes du « après moi le déluge », qui s’accrochent. Il est probable que le progrès passe par des phases difficiles, mais quoi d’autre que le progrès?

      Y’a déjà de très bons vins bio ou presque et pas nécessairement plus coûteux à produire, mais certaines régions sont mieux loties que d’autres pour y parvenir, en particulier du point de vue de l’humidité et du soleil. Elles possèdent un avantage comparatif certain qui ne fera que s’accroître au fur et à mesure que les externalités réelles(écologiques et sanitaires entre autres) seront intégrées au coût. Essayez le Gard par exemple, des conditions presque idéales.

  19. Avatar de Le grec

    Des chercheurs créent une souris qui gazouille comme un oiseau!Des chercheurs japonais ont récemment donné naissance à une souris un peu particulière : elle gazouille comme un oiseau. Une «évolution» génétique qui pourrait éclairer les origines du langage humain.

    Ce sont des chercheurs de l’Université d’Osaka, dans l’ouest du pays, qui ont donné le jour à la souris mutante. «Nous avons croisé des souris génétiquement modifiées sur plusieurs générations afin de voir ce qui allait se passer», a expliqué à l’AFP Arikuni Uchimura, chef de l’équipe.

    Résultat: une véritable surprise pour le scientifique qui s’attendait surtout à des modifications de «l’aspect physique» des souris: «Nous avons examiné les bébés souris l’un après l’autre (..) Et un jour, nous en avons découvert un qui chantait comme un oiseau».

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Le jour où ils nous en sortiront une de souris pouvant vivre aussi longtemps, perroqueter aussi bien qu’un gris du Gabon (jusqu’à 800 mots, soit plus que [censuré], et susceptible de gagner les présidentielles de 2012, on en reparle. Pour le moment, bof.

      PS : Charlie était le perroquet de Winston Churchill ; son illustre propriétaire lui avait appris des insultes anti-nazis telles que, par exemple, Fuck the Nazis ! Il a fêté ses 105 ans en 2005.

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Un peu en retard, ces japonnais, l’oiseau qui chante comme une souris a déjà été découvert par Tsarko….

    3. Avatar de vigneron
      vigneron

      (jusqu’à 800 mots, soit plus que[censuré]

      C’est ignoble on m’a censiré parce que j’avais écrit (soit plus que le modérateur) !
      Révulsant ! 😉

  20. Avatar de hydrome
    hydrome

    Je me demande, si l’agressivité peut-être réellement domestiquée et réduite, au sein d’un système fini où l’espace et l’énergie seraient limitées ?

    En l’occurrence, l’agressivité est largement tournée vers la Nature, ce qui l’a rend d’autant moins visible, pour nous, mais jusqu’à un certain point… Ces conquêtes permettent à l’homme de largement canaliser son agressivité envers lui-même.

    L’économie est la jungle des Hommes, et à moins de faire des choix démographiques, des choix sur nos besoins réels d’espace et d’énergie. L’agressivité au sein de l’économie sera déterminée essentiellement par les ressources disponibles, la manière dont elles sont reparties entres les agents, ainsi que la stabilité ou l’instabilité de cet équilibre dans la durée.

    Les progrès de la science pourront agir, avec certitude, sur l’énergie et l’espace disponible pour l’humanité. Mais le temps nous manquera peut-être…

    Les autres sont politiques et plus aléatoires (plus naturelle…), la répartition des ressources finies, la stabilité de cet équilibre, la maitrise de la démographie, car on ne pourra pas inflater à l’infini…

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      L’homme, contrairement à ce que beaucoup croient, n’est pas en dehors de la nature, ni contre elle. Il en est une composante unique mais cette composante a raison perdue.
      L’ économie toute artificielle se découvre inhumaine et se révèle le plus sûr ennemi de la Nature.
      « Le progrès de la Science » est un mauvais rêve.
      Pensez vous reconstituer en laboratoire tout ce qui a déjà été perdu ? et aussi conquérir de nouvelles planêtes (et y détruire leurs habitants comme cela s’est fait en Amérique) ?

    2. Avatar de michel lambotte

      Le progrès de la science est un outil pour le progrès de l’homme.

    3. Avatar de michel lambotte

      La répartition des ressources finies n’est qu’illusion, c’est leur utilisation intelligente qui prévaut

  21. Avatar de fujisan

    « Quand ne claironnera plus personne,
    Au nom du bien, du mal, du roi ou de Dieu,
    Qu’on pourra faire
    Un tour de terre
    Sans pleurer, sans vomir, sans se fermer les yeux.

    Je veux quitter ce monde en regrettant un peu.
    Je veux quitter ce monde, heureux. »

    Maxime Le Forestier, Je veux quitter ce monde, heureux


    Je veux quitter ce monde heureux par Le Forestier & Sanson
    envoyé par beige51. – Clip, interview et concert.

    Et j’ajouterais « Au nom du Progrès, de la Croissance, de la Raison ou de l’Être Suprême »

  22. Avatar de vigneron
    vigneron

    « Nous comprenons la Nature en lui résistant. »

    Gaston Bachelard

  23. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Je suis un peu en interrogation sur les deux premières et deux dernières lignes de votre conclusion , dont je trouve les résonnances un peu trop anthropomorphiques

    Je reçois par contre comme une issue attendue et nécessaire le  » dépassement de la nature par l’homme dans la sphère économique » , sans bien savoir s’il s’agit bien d’une sphère , ce mot étrange que l’on retrouve en philosophie pour désigner ce qu’on ne sait pas bien définir et  » cerner » . J’associe cette sphère à un outil devenu trop obsolète , mais encore porteur de sens indus par commodité et manque de clarté d’esprit . Ce dépassement passe peut être par des tentatives comme celle en parturition chez PSDJ et ses associés .

    C’est en réponse dans le billet correspondant que j’indiquais d’ailleurs combien capitalisme et/ou économie démocratisée me laissaient en interrogation de ce mystère de l’identité humaine qui nous pousse à sans cesse rechercher à échapper à la contingence . Notre désir a-t-il un sens ?

    Avenir du progrès …. Avenir , c’est ce qui n’a pas encore  » eu lieu » …..Progrès , c’est l’outil , le moyen et l’économie démocratisée est sans doute le seul qui nous laisse un peu d’espérance opérationnelle .

    Reste le désir qui pousse au mouvement cher à Minck , au changement cher aux Républicains.

    Ma référence pour mesurer le  » progrés  » est plutôt la relation homme/femme , aussi extraordinaire que la relation homme /nature .

    C’est pourquoi je n’imagine pas d’avenir , de progrès , de sens et de transcendance sans ce couple .

    Je me souviens aussi de la réflexion d’un ingénieur marocain que j’avais rencontré en Algérie . Nous parlions de progrès . Il m’a fait alors le cadeau de me dire  » nous autres faisons chaque jour des progrès qui nous permettent de vivre moins misérablement , mais cela ne vaudra rien tant que nos femmesdevront se voiler ou se cacher chaque fois que nous invitons un étranger chez nous . »

    Au delà du symbôle particulier du voile , propre à sa tradition , il m’a pour longtemps ancré dans l’âme que la transcendance de l’espèce humaine sinon de la nature passe par cette « civilisation  » du rapport homme /femme , marque charnelle de la difficulté du rapport homme /autrui …homme/nature .

  24. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    Bonjour,

    notre hostilité à l’égard de nos congénères a toujours été extrême et […] nous avons été forcés, à l’instar de ce que nous avons imposé à de nombreuses espèces animales et à de nombreux végétaux, de nous domestiquer nous–mêmes à l’échelle de l’espèce tout entière.

    Oui, la vie en société s’apprend, s’invente, se perfectionne. Elle ne nous a pas été donnée, bien au contraire. Vous rejoignez ici bien malgré vous votre arch-ennemi Hayek 😉

    « we must realize that man has been civilized very much against his wishes. »
    F. A. Hayek, interview avec A. Leijonhufvud à l’UCLA (1978)

    Mais comment l’homme a-t-il été civilisé, ou comment s’est-il civilisé ? Il y a sur le sujet deux écoles. La première est celle des lumières écossaises, du sens moral, reposant sur un modèle de l’homme partiellement ignorant et perfectible :

    « nations stumble upon establishments, which are indeed the result of human action but not the result of human design »
    Adam Ferguson, An Essay on the History of Civil Society (1767)

    L’autre est celle du rationalisme des lumières françaises, reposant sur le modèle d’un homme rationnel, bénévolent, et infiniment perfectible :

    « Les peuples qui, ayant été autrefois demi-sauvages, et ne s’étant civilisés que peu à peu, n’ont fait leurs lois qu’à mesure que l’incommodité des crimes et des querelles les y a contraints, ne sauraient être si bien policés que ceux qui, dès le commencement qu’ils se sont assemblés, ont observé les constitutions de quelque prudent législateur.
    […] Si Sparte a été autrefois très florissante, ce n’a pas été à cause de la bonté de chacune de
    ses lois en particulier, vu que plusieurs étaient fort étranges, et même contraires aux bonnes moeurs, mais à cause que, n’ayant été inventées que par un seul, elles tendaient toutes à même fin. »
    René Descartes, Discours de la méthode (1637)

    L’opposition que vous faites entre dessein intelligent et évolution par la sélection naturelle est classique, mais votre défense du dessein intelligent est insuffisante.

    Croire que nos institutions sont « conçues » par des autorités éclairées revient à surestimer leur bienveillance, mais aussi leur omniscience, et enfin leur capacité à perfectionner les individus. Parallèlement, cela conduit à sous-estimer notre capacité à tous à faire des erreurs, expérimenter des solutions, rejeter celles qui ne nous conviennent pas, et à apprendre au cours de ce processus.

    Nous avons déjà beaucoup appris, dans tous les domaines : en technique, en politique ET en économie. Cette affirmation est intenable et trop biaisée :

    Contrairement à ce qui s’observe pour l’organisation politique, ou avec les techniques […], l’économie reste encore entièrement à domestiquer.

    Mais ce que nous avons appris, dans tous les domaines, a souvent été appris par la première méthode, celle de Ferguson, et pas seulement par la méthode de Descartes. Il faut intégrer une dose de modestie, et être conscient de notre ignorance, pour voir que le dessein intelligent n’est pas toujours très… intelligent ! Bien souvent, on peut même s’en passer.

    En biologie, il n’y a pas besoin d’un Créateur pour que la vie existe ; Darwin nous a débarrassés de cette croyance (enfin presque). De même, la société n’a pas besoin d’un Organisateur ; c’est à l’économie politique que nous devons de l’avoir compris.

    En biologie, nous pouvons jouer au créateur et perfectionner ou inventer certaines espèces, comme nous le faisons pour les animaux domestiques. Mais si nous devions compter uniquement là-dessus, si nous sollicitions l’intelligence réunie de tous nos meilleurs biologistes pour créer la vie sur Terre, on n’irait pas bien loin. De plus, on frémit en pensant aux conséquences que pourrait avoir la moindre erreur de leur part.

    En économie politique, nous pouvons jouer au créateur et perfectionner ou inventer les institutions, les règles, comme nous le faisons sans cesse dans la société civile, la vie politique, ou les entreprises. Mais si nous devions compter seulement sur l’intelligence réunie de nos meilleurs représentants, on n’irait pas bien loin. Ils ne font pas le poids face à des millions d’individus qui cherchent et qui expérimentent. Et quand un individu fait une erreur sous sa responsabilité, les conséquences ne sont pas bien graves. En revanche lorsque l’Organisateur se trompe, les conséquences peuvent être terribles.

    C’est en tous cas un thème de discussion tout à fait approprié pour l’Institut Diderot !

    Bonnes fêtes,
    GSF

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ces quelques fleurs, Gusifang, avec de belles images de vos amis, et le calendrier qui va bien pour vous souvenir des dates anniversaires de vos glorieux prédécesseurs dans votre lutte héroïque pour la Liberté.

      Et pour célébrer votre servitude enthousiaste aux pieds de la somme bienveillante des milliards de libertés individuelles éparpillées dans la spontanéité de l’ordre naturel hayekien qui vous déférait, pensez-vous, de la servitude volontaire au tyran étatique, ceci. Je suis sûr que vous le recyclerai conformément aux préceptes qui vous animent en toute liberté.

    2. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      GU Sifang

      J’ai la curieuse impression que nous n’avons pas lu le même billet. Et votre tentative de rapprochement de la pensée Hayek de celle de Jorion me paraît tout à fait hasardeuse, car l’assertion qui ferait le lien entre les deux est tellement générale qu’elle ne caractérise spécialement ni Jorion ni Hayek.

      Vous dites :

      Croire que nos institutions sont « conçues » par des autorités éclairées revient à surestimer leur bienveillance, mais aussi leur omniscience, et enfin leur capacité à perfectionner les individus. Parallèlement, cela conduit à sous-estimer notre capacité à tous à faire des erreurs, expérimenter des solutions, rejeter celles qui ne nous conviennent pas, et à apprendre au cours de ce processus.

      Où avez vous lu que Paul évoque l’omniscience ainsi que des autorités éclairées ?
      Il ne s’agit pas dans le billet de trouver une méthode infaillible pour domestiquer l’économie comme vous le donnez à penser. Le dessein intelligent ce n’est pas l’application zélée d’une méthode mais l’attestation d’un capacité intellectuelle à divers moments de l’histoire, à faire du divers observable de nouvelles synthèses propres à modifier les conditions d’existence et de co-existence des êtres humains en société.
      Il ne s’agit donc pas non plus de perfectionner des individus, mais de perfectionner les modalités des rapports qu’ont les individus ont dans la société humaine.

      Les millions d’individus qui cherchent et expérimentent ne peuvent le faire éternellement dans un même cadre, celui de l’ordre spontané du marché du monde selon Von Hayek. Il arrive toujours un moment dans l’évolution des sociétés, de l’humanité, où la re-cherche, c’est à dire la reprise de l’observation de l’existant sous un nouveau jour — par l’invention de nouveaux syllogismes, débouche sur la production d’un nouveau cadre conceptuel pour penser la société, et pour ce qui nous préoccupe ici, pour penser le rapport de l’homme à la nature. Le dessin intelligent c’est donc ce saut qualitatif que l’esprit humain réalise dans son histoire pour dépasser les conditions initiales de l’existence matérielle de l’espèce humaine. Les interactions individuelles chères à Hayek ne se produisent que dans le marché. En l’occurrence c’est de toute évidence l’épistémologie hayekienne qui atteste une prétendue infaillibilité de la sphère économique, et non pas les constructivistes. La vision hayekienne des millions d’interactions individuelles produisant la société cache en réalité la défense de l’ordre établi.

      La seule autorité dont se réclame le billet est celle de la pensée capable de se penser dans la nature.

    3. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Sur les ordres sociaux émergents, émission intéressante sur le vote chez les primates (Continent Sciences) :
      http://www.franceculture.com/emission-continent-sciences-le-vote-chez-les-primates-2010-12-27.html

  25. Avatar de Le grec

    Platon a écrit à un moment que tout dans la nature est vivant (έμβιον)! Comment on définit le vivant…

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      Excellente question ! Pour moi, tout ce qui peut naître, se développer et mourir, appartient au monde vivant, en particulier les étoiles.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @crapaud

      Pour moi, tout ce qui peut naître, se développer et mourir, appartient au monde vivant

      Je viens justement d’avoir une p’tite discussion à ce sujet avec une cigarette quand que je la roulai, l’allumai, la fumai et l’enterrai dans le cendrier, et elle a fini par m’apostropher avant d’expirer : « Dieu ! Je te hais ! J’aurai ta peau ! »

      Incroyable ! S’croient tout permis ces misérables créatures !
      La prochaine, je la roule muette… ou respectueuse de son créateur.

    3. Avatar de Le grec

      Crapaud Rouge… Poincaré a dit quelque chose très importante … sur le T bill cosmique.

    4. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      En biologie, le vivant est ce qui peut ce réguler, ce nourrir ce reproduire, les virus sont à la limite du vivant (voir en dehors), car ils ne le sont qu’à partir du moment qu’ils colonisent un être vivant.
      Entre l’architecture d’un cristal ou d’un flocon de neige et une bactérie, il y a un univers, ça m’amuse toujours qu’en j’entends qu’il suffit d’un peu d’eau sur une planète pour qu’il y est de la vie, mettez des fragments d’ADN et une membrane hydrophile/lipophobe et tout ce qu’il faut pour créer un bactérie secouer le tout si vous obtenez une cellule vivante chapeau, maintenant essayer dans un milieu vide de vie et la probabilité qu’une molécule d’ADN ce créer naturellement et soit protéger d’une membrane (l’ADN est assez fragile) et est en plus le potentiel codant pour vivre et vous avez un miracle, qu’elle ce nourrisse un deuxième qu’elle ce reproduise un troisième.
      Et dire que ce miracle est capable de franchir l’espace, car il y a de la vie sur la lune elle est terrestre on y a apporté des spores de bactéries qui n’attendent (bon elles attendront longtemps) qu’un meilleur milieu pour ce développer.
      On ne peut résumer un caillou à une simple cellule et moins qu’une cellule (un vrius) n’est qu’une évolution stérile dans un milieu sans vie (et pourtant en comparaison d’une matière minéral c’est déjà exceptionnel).
      En fait comme disait mon prof de philo, il est plus difficile de ne pas croire en Dieu, car rien ne justifie notre univers (et par exemple, le déséquilibre de matière/antimatière le permettant), rien ne justifie la vie et rien ne justifie l’homme (aucune autre espèce n’a besoin d’un tel cerveau qui va au-delà d’un potentiel sélectif pour une évolution nécessaire à notre milieu), après cela ne créer pas non plus de lien avec une culture religieuse, mais ça précise le vivant comme une exception au delà de la formation de notre univers et en dessous de la notre.

    5. Avatar de anne-bis
      anne-bis

      non ,Crapaud Rouge, les étoiles ne sont pas vivantes, elles n’engendrent pas de descendance transmettant son patrimoine héréditaire qui pourrait à son tour transmettre etc …

    6. Avatar de Crapaud Rouge

      Eh si, anne-bis, les étoiles ont une descendance ! Elles achèvent leur vie dans une explosion, leur matière s’en trouve dispersée et rejoint celle des autres étoiles mortes. Mais cette matière, qui forme des nuages interstellaires, se condense à son tour en formant des étoiles « jeunes ». Le cycle est infini, comme celui des générations d’êtres vivants.

    7. Avatar de Jck
      Jck

      Seulement certaines étoiles terminent en explosion. Mais bon tous les hommes n’ont pas de descendance non plus…
      Un point interessant, tous les atomes plus lourd que l’hydrogene et l’helium ont été créés lors de ces explosions. Il n’existe en effet pas d’autres moyens dans l’univers de les synthétiser, par exemple les atomes de carbone qui nous constituent. D’ailleurs les anti-nucleaires devraient y penser, nous sommes tous le produit d’une explosion thermonucleaire.

    8. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      Le vivant, c »est à dire Tout ce qui Vit.

      Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le verbe.
      Tout, comme toi, gémit, ou chante comme moi.
      Tout parle.
      Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi Tout parle ?
      Écoute bien.
      C’est que vents, onde, flammes, arbres, roseaux, rochers, Tout Vit !
      Tout est plein d’âmes.
      (Victor Hugo – Les contemplations, « ce que dit la bouche d’ombre »)

    9. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      @Crapaux Rouge, Jck la maitière minéral subit son état issu du milieu, elle ne s’y adapte pas comme le vivant, un cailloux pris dans une avalanche subit la descente, l’oiseau qui est à coté peut s’envoler.
      Une étoile ne répond qu’à la physique, le vivant peut transmettre de l’information soit par la génétique (qui peut porter des réponses à des stress qu’on subit des générations passés, c’est pourquoi par exemple les arabes sont mois dépendants que nous au tabac mais plus à l’alcool ou les indiens moins au pavot), soit par l’apprentissage, à l’opposerune étoile n’apprend rien et ne transmettra rien à ces particules.

    10. Avatar de Karluss rouge
      Karluss rouge

      ode @ Crapaud (un peu plus haut)
      voulez-vous signifier que nous sommes de la poussière d’étoiles, et les nains du résidu de naine blanche ? Si nous sommes de la poussière, le Grand aspirateur cosmique va nous fossiliser dans son sac troué noir, faire le ménage.

    11. Avatar de Crapaud Rouge

      @Génissel Samuel : loin d’être inertes, les étoiles sont le siège de moult phénomènes très complexes qui, du reste, varient avec leur âge. Cela suffit à mes yeux à en faire des « êtres vivants ». On peut en rester à la définition conventionnelle du vivant, mais ce n’est pas drôle.

      @Karluss rouge : méfiez-vous de cette couleur, vous allez devenir soupe au lait comme moi… Ou daltonien, peut-être ? Ou communiste ? Ou finir réincarné dans un feu rouge place de la Concorde ?

  26. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Si la nature s’est offert l’homme pour mieux se contempler elle-même c’est qu’elle souffre du syndrôme de Narcisse.
    Si de plus elle a donné à l’homme ce qu’il croit être son apanage :le libre arbitre elle s’est encore fourré le doigt dans l’oeil quand on voit ce qu’il en a fait.
    Pourquoi l’homme terrestre serait-il le seul être chargé de décrire le réel?
    Il a été doté de fort peu de capteurs pour ce faire, il doit bien y avoir des millions de créatures plus douées que lui dans les millions de milliards de galaxies que compte l’univers infini et éternel.
    Quant à l’économie et ses règles dignes du Monopoly laissez nous rire.

  27. Avatar de la Tao est le Tao
    la Tao est le Tao

    quand j’entends le mot « nature » je sors mon revolver !

    CO2 ou pas , Peak OIL ou pas , dollar ou pas

    si l’histoire Humaine se repete jamais mais bégaie souvent , l’histoire Naturelle ne repasse jamais les plats :

    si la conscience et les hominidés sont des obstacles à la Vie , la Vie s’organisera d’une autre façon !

    point barre .

    1. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      La vie oui, mais pour être riche et donc adaptative) elle a besoin de maintenir sont potentiels évolutifs donc de laisser du temps entre chaque modification du milieu, or nous allons trop vite pour maintenir ce potentiel.
      En fait c’est la richesse issu du fruit de millions d’années d’évolutions qui est en jeu dans la nature, plus que la notion de vivant.

  28. Avatar de Tatsuya
    Tatsuya

    J’ai comme une impression bizarre en lisant ce texte, ceci dit très intéressant, comme si on me présentait une humanité qui regarderait sa propre évolution à travers le temps et son destin commun.
    L’impression qui est la mienne sur notre réalité est plus celle d’une multitude de destins individuels obsédés par leur propre finitude et réagissant de façon très différente face à cette mort annoncée et constatée sur soi avec le temps d’une vie qui s’écoule.
    Les avancées des sciences et technologies par exemple ne finissent pas entre les mains d’une humanité au sens large et riche de la sagesse que porte son parcours des siècles. Au contraire il s’agit toujours d’individus, de groupes, porteurs de leur propre urgence d’agir dans un temps donné.
    Je ne sais pas trop comment exprimer ce décalage que je ressens en lisant ce texte, peut-être en essayant d’imaginer comment les hommes agiraient s’ils vivaient en moyenne 200 ans, libérés au passage d’une urgence d’agir ou de brûler leur existence.

  29. Avatar de Paul Stieglitz

    Prêter à la nature une intention, une volonté « de se donner » les moyens de, etc. me parait hardi et fallacieux. La nature « est », point à la ligne. Darwin avait bien compris qu’elle se développe et évolue SANS FINALITE. Elle obéit à quelques lois physiques simples d’origine actuellement inconnue et peut-être inconnaissables qui ont engendré des situations complexes.
    Penser le contraire revient à retomber dans les mythes de la transcendance.

    1. Avatar de Paul Jorion

      1) Je cite Schelling ; je ne suppose pas une volonté à la nature.

      2) Aristote a raison de dire que le passé est nécessaire (il n’est pas contingent : sa contingence apparente avant sa réalisation résultait de notre ignorance de ce qu’il serait), et il n’est certainement pas impossible (puisqu’il a eu lieu).

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Comme l’homme est indissociable de la nature, il faut comprendre que l’homme n’a aucun but en dehors de la survie et que son caractère insatisfait lui fait désirer ce qu’il n’ a pas, sauf en ce qui concerne les cinglés qui ont beaucoup d’argent et qui en veulent toujours plus.
      Les temps industriels et marchands ont utilisé l’insatisfaction comme trait de caractère dominant chez l’homme en lui proposant des leurres.
      Ces leurres, qui en eux contiennent l’insatisfaction, sont une suite historique aux religions qui promettaient un paradis après la mort, particulièrement le christianisme et le « socialisme » des dictatures.
      C’est à la lumière née de la compréhension de la vie fausse que l’homme peut rêver d’une vraie vie et comprendre la vie sur terre comme un voyage qui ne tire sa justification que de lui même.
      Comme disait le poète : « le vin de la vie est tiré et seule la lie de ces caves s’en fait gloire. »

    3. Avatar de Le grec

      2) Aristote a raison de dire que le passé est nécessaire (il n’est pas contingent : sa contingence apparente avant sa réalisation résultait de notre ignorance de ce qu’il serait), et il n’est certainement pas impossible (puisqu’il a eu lieu).
      … Je vois clairement pourquoi Paul estime les scholastiques, et moi aussi !

    4. Avatar de mike
      mike

      L’ange ne diffère du démon que par une réflexion qui ne s’est jamais présentée à lui. Gainsbarre, je crois

  30. Avatar de Claude Animo
    Claude Animo

    Tout programme s’assignant comme dessein celui de définir « les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres » se fracassera irrémédiablement s’il persiste à prendre pour axiome que « notre espèce est mauvaise et agressive ». Pas plus notre espèce que d’autres, soit dit en passant.

    L’ idéal que nous devrions tendanciellement viser est celui de l’égalité.

    Il est impossible d’y prétendre en axiomatisant notre espèce comme mauvaise et agressive. Non qu’elle ne le fut point. Mais cette formulation malheureuse, véritable boulet sémantique, ne permettra jamais d’ouvrir la moindre porte nouvelle. Ainsi le progrès serait définitivement aliéné au seul passé.

    Rechercher les moyens de formuler ces caractéristiques, celle de malignité et d’agressivité, à l’aide d’une sémantique laïque, qui seule permettra de mieux capturer la notion de progrès.

    Privilégier les règles d’inférences et les formes sur lesquelles elles s’appuient, à un fond protéiforme qui ne fera que nous engluer dans le présent.

    Bien cordialement.

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