L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?, par Sébastien Bano

Billet invité : SPAIN: A WEAK LINK, OR A VICTIM OF DEBT TRANSFER AND OUTRAGEOUS CONDUCT ON THE MARKETS, par Sébastien Bano

Une longue réflexion sur la « crise espagnole », sur le blog en anglais : ses causes et ses responsables.

« L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?

(Merci aux traducteurs bénévoles !)

Contacté par un ami Néo-Zélandais, préoccupé par les mauvaises nouvelles qui touchent l’Europe et en particulier l’Espagne où je me trouve actuellement, j’ai répondu à deux questions qu’il m’avait posées, en essayant de lui décrire ce qui me semble être le principal problème de cette nation (et de bien d’autres, mais l’Espagne est un exemple flagrant), loin des références faciles aux fameux pays « Club Med » et autres nauséabondes rumeurs. Lecteur régulier du blog, j’ai demandé à Paul Jorion s’il aurait la gentillesse de le lire et de me donner un avis. M’ayant invité à le publier, voici le contenu de cet échange.

Première question : « Il serait très intéressant d’entendre votre point de vue sur la situation économique en Espagne. »

Réponse : Et bien, en réalité, il s’agit de faire le tri dans ce qui nous est présenté dans les médias. Pour parler directement du sujet le plus médiatisé, l’emploi, on doit prendre en compte qu’il y a toujours eu beaucoup de travail « au noir » dans les pays de l’Europe du Sud, mais ce n’est pas ceci qui peut conduire le déficit public à un niveau critique. Bien entendu, cela réduit les revenus fiscaux, mais ça n’a pas empêché l’Espagne d’avoir un budget positif avant la crise, à savoir aucun déficit! Bien au contraire, ce marché noir signifie que les autorités ont encore un peu de marge de manoeuvre. Malgré ce dernier point, beaucoup d’analystes critiquent cette situation, sous le prétexte qu’un taux de 20 % de chômage est insupportable. Devrais-je leur rappeler que le taux de chômage aux USA est officiellement supérieur à 9%, mais que si l’ on y ajoute les emplois à temps partiel, de quelques heures par mois, alors le taux atteint… 20% La seule différence est qu’en Espagne ces emplois à temps partiel sont souvent non-déclarés. C’est une telle « tradition » dans les pays méditerranéens que, si les discours des medias étaient vrais, alors l’Espagne et ses voisins auraient du déjà s’écrouler au moins dix fois au cours des 50 dernières années!

Non: le problème principal n’est pas le sous-emploi. Le vrai problème, qui menace les finances publiques, c’est qu’il y a une monstrueuse spéculation et que des spéculateurs, qui n’investissent dans aucune dette espagnole ni dans celle d’aucun état du sud, font de l’argent sur le risque de défaut (CDS) [Credit Default Swaps]. D’ailleurs (et c’est lié), les taux d’intérêts grimpent et explosent, il devient donc horriblement cher pour ces gouvernements d’emprunter de l’argent. Et les chanceux (les banques et les spéculateurs) qui prêtent cet argent ont trouvé ainsi le moyen d’obtenir un des rendements (rémunération, retour sur investissement) les plus élevés en ces périodes de crise. Voici le véritable boulet pour l’Espagne. Auquel il faudrait ajouter le choc causé par l’effondrement soudain, colossal et insolite de la construction (BTP) et du marché immobilier, qui sont parmi les principaux piliers de l’économie du pays. Ceci est la conséquence d’années de croissance aberrante de ce marché, causée par un investissement au delà du raisonnable. C’est la définition même d’une bulle, et non des moindres ! Depuis ces dernières années, la finance a en effet acquis ce pouvoir d’exacerber les tendances vers des seuils critiques.

Je ne sous-entends pas que le chômage n’est pas un problème, nous sommes en présence d’une crise très sérieuse et c’est un moment très dur pour les personnes sans emploi. Mais l’Espagne a déjà traversé de telles crises de l’emploi par le passé et eut la capacité de le traiter sur le long terme.. D’autre part, il faut admettre qu’il existe un problème concernant la dette des ménages et des entreprises, qui ont atteint des niveaux particulièrement élevés (respectivement 130 et 90 % du PIB en 2007) et cela limite la consommation. Cet endettement est à peu près le double de ce qui existe en France, mais heureusement, ces chiffres ont baissé de façon significative durant ces quatre dernières années. Les entreprises et les ménages espagnols sont un bon exemple du risque que fait courir un recours excessif au crédit et que celui-ci peut rapidement devenir trop risqué. Et dire qu’il y a seulement quelques années, (en fait pas plus tard qu’en 2007) nombreux étaient nos dirigeants qui étaient d’avis que nous n’empruntions pas assez, que nous ne devrions pas être aussi timorés vis à vis du crédit, car il nous aiderait à stimuler notre économie !

Bien évidemment, nous constatons maintenant où nous a menés cette approche, en Espagne particulièrement. (N.B. : et que dire des USA et GB?)

Quoi qu’il en soit, ce que firent les spéculateurs (la bulle) et ce qu’ils font maintenant (le croche-pied) est tout simplement honteux et répugnant. En fait, l’Espage possédait une dette publique très faible avant que la crise ne l’atteigne (35 % de son PIB!) et même désormais, elle est bien plus faible que celle de n’importe quel autre grand pays européen, 62% contre les 90 % de la France ou de l’Allemagne, sans mentionner l’Italie, ni la Grande Bretagne où s’ajoute à la dette l’écroulement de la livre sterling.

Certains analystes tirent à vue contre ce qu’ils appellent « les imprudentes politiques keynésiennes » qui ont conduit la dette publique là où elle est. Ils tentent probablement de se décharger de leur responsabilité dans cette pagaille, qui en fait provient de leur théories de dérégulation (voir ci-après pour démonstration). Alors que, malheureusement, les dépenses publiques ne furent pas guidées par les principes keynésiens. C’est dommage, car, L’Espagne (pour ne parler que ce cet important secteur) aurait pu être ainsi en position d’améliorer sa balance commerciale. Par conséquent, quel est donc l’élément clé dans le déséquilibre actuel de la comptabilité nationale ? Eh bien, c’est simple. L’Espagne est un exemple typique d’un vaste transfer de la dette privée vers la dette publique. Les prudents et les économes devront payer pour les dépensiers et les joueurs. Pour quel résultat ?

Et maintenant, l’Espagne est en fait en train de se démener face à une incroyable augmentation des taux d’intérêts (de la part des créanciers qui ont bénéficié de ce transfert qui a garanti leur dette privée!). L’attaque de la première semaine d’août contre l’Italie et l’Espagne en est une nouvelle démonstration. Maintenant que la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont quasiment hors d’atteinte (parce que désormais ils ont directement affaire avec le FMI et le font de la zone Euro), les spéculateurs se rabattent sur ces appétissants steaks saignants. Ils sont insatiables. La surenchère est leur voie, leur credo. Bien entendu, je suis conscient du fait que les marchés financiers ont de tous temps été passablement frénétiques, mais jamais jusqu’ici ils n’avaient pu exacerber les tendances économiques (à la hausse ou à la baisse) à ce point, et tout ceci a pris des proportions bien trop dangereuses. Les dommages occasionnés sont sans bornes. Je ne parviens pas à croire que nos dirigeants soient à ce point naïfs au sujet des millions, des milliards, des milliers de milliards de $, de £ et d’€ qu’ils ont dépensés pour tenter de « sauver » ceci ou de « sauver » cela (et je ne sais -hum- pas ce que « ceci » ou « cela » signifie, mais ce ne sont pas des emplois!), alors que la spéculation ne va pas s’en contenter et s’arrêter là. Pauvre Espagne… Voici ce dont elle souffre, en premier lieu, actuellement.

Deuxième question : « Et au sujet des manifestations d’ampleur qui ont paralysé le pays? »

Réponse : Et bien le pays n’a pas du tout été paralysé, nous n’étions pas sur le point de vivre une révolution. Mais des émeutes peuvent se produire n’importe quand, n’importe où, comme c’est arrivé au Royaume-Uni… Cependant, nous étions très content de voir que les « indignados », les grévistes espagnols, parlaient juste et avaient des revendications justifiées. Ils n’ont pas seulement attaqué le gouvernement, mais ils ont relevé que l’opposition était tout autant discréditée et qu’il ne fallait pas attendre d’amélioration avec elle. Par-dessus tout, ils ont régulièrement mentionné la responsabilité du secteur bancaire et de leurs alliés (les hypermarchés, la grande distribution, les grandes marques, qui paient de moins en moins les paysans et les producteurs, et facturent de plus en plus aux consommateurs). Mais il est à déplorer que le PP (le parti de droite de l’opposition, et quand je dis de façon déplorable, ce n’est pas tant parce qu’ils soient de droite, mais c’est l’attitude opportuniste que je dénonce) a réussi à se réapproprier une part de la grogne pour leur propre compte, et maintenant que les élections régionales et municipales sont passées (et ont été gagnées par les PP), une part importante de l’énergie (des « Indignados ») a été perdue… Alors qu’en réalité aucun des projets proposés par le PP ne répondent aux demandes formulées.
Cependant, ce fut un grand mouvement, bien meilleur que les manifestations françaises de l’année passée, où les gens (N.B.: surtout les syndicats et partis en tête de défilé) s’étaient limités à attaquer Sarkozy et donnaient l’impression que la gauche française représentait le salut, alors qu’en fait les socialistes français ont toujours été les meilleurs amis de la grande distribution, des multinationales, des banques et, bien sûr, du FMI contrôlé depuis des décennies par les économistes de « l’école de Washington ». J’espère que la philosophie et l’énergie lucide derrière les « Indignados » espagnols ne s’évanouira pas.

J’espère fortement que les Européens vont diminuer (ou interdire?) les spéculations et proposer un système plus durable, au sein de l’UE (ce qui impliquera des changements du traité de Maastricht) mais aussi hors UE, ce qui requiert qu’autant de dirigeants que possible acceptent de suivre un autre système (N.B.: voire les propositions de Paul et bien d’autres sur le blog, il n’y a rien de délirant dans tout cela, simplement un peu d’ordre et de justice, dans le cadre d’un accord type Bretton Woods) assez radical mais salutaire, et arrêter de perdre du temps (et de l’argent) à essayer de trouver un impossible compromis. Mais ce qu’il s’est passé durant le week-end des 6 et 7 Août montre que beaucoup de nos dirigeants n’ont encore rien appris. Durant ce moment critique, le Groupe des 7 (G7) disait qu’ils étaient « prêt à faire une action pour assurer la stabilité et les liquidités des marchés financiers ».

Ils jettent en pâture aux pyromanes tout le bois avec lequel la maison est construite, petit à petit… Pensant éviter qu’ils ne mettent le feu à la maison elle même alors qu’il ne s’agit en fait que d’un différé, le résultat sera le même au final. Des centaines de millions et des milliards et milliards. Est-ce le prix à payer pour un insignifiant répit ? Et maintenant que la BCE a entamé des rachats directs de dette publique italienne et espagnole, nous avons, à l’instar des USA, atteint la dernière limite, le geste désespéré. Le serpent se mord la queue. Ça ne va pas durer, nous jouons avec le feu. Trichet a résisté autant qu’il le pouvait (alors que depuis longtemps de déraisonnables dirigeants tels que Barroso, lui mettaient la pression), mais les politiciens ont été tellement incapables de prendre les décisions qui s’imposaient que Trichet n’a pas eu le choix lors de ce mois d’août noir. Pauvre Barroso. Il a même demandé, récemment, un élargissement du Fond Social Européen. Comment peut-il être aussi incompétent?

Je me fais aussi du souci parce que je ne suis pas certain de pouvoir faire confiance à Mario Draghi, qui a été élu prochain Président de la Banque centrale européenne (BCE). Je suis inquiet parce que Draghi a travaillé pour Goldman Sachs en tant que vice-président et directeur général, responsable des « deals » financiers pour les états européens. Ce n’est pas un CV idéal pour une tel poste, je crois… De plus, il y eut quelques soupçons à savoir si Draghi fut impliqué dans une sale affaire : GS prêta un somme énorme à la Grèce avant la crise !

Il plaida qu’il n’en savait rien, disant qu’il était arrivé juste après cela se soit passé. Devons-nous le croire? Ce qui est sûr, c’est que GS et ses amis ont vigoureusement encouragé Athènes à emprunter une somme colossale, se souciant peu de vérifier si elle pourrait la rembourser. Ceci est criminel. Mais ce qui est peut-être pire, c’est qu’une des plus grandes banques du monde (laquelle ?) a clairement aidé le gouvernement grec à tricher dans sa comptabilité nationale. Et, par conséquent, le chaos arriva en Grèce, parce que d’une part sa dette apparaissait plus forte que prévue, mais surtout parce que la Grèce ne semblait plus digne de confiance, car ses comptes avaient été trafiqués. L’avalanche s’est alors déclenchée. L’Espagne et ses voisins étant juste en dessous… bon boulot !

L’autre côté intéressant de cette histoire réside dans le fait que, en attaquant si sauvagement la zone Euro, certains des spéculateurs et de leurs bons alliés, les agences de notations (spécialement les trois suivantes: S&P, Fitch et Moody’s, dont il est majoritairement question dans les médias), semblent avoir quelque chose derrière la tête :

1) Soit obtenir de l’argent facile, à l’aide de l’effet de « falaise » (impliquant des CDS profitables et des rumeurs!). Le fait que les intérêts puissent grimper de manière excessive et créer une instabilité mondiale ne semble pas les inquiéter autant que cela.

2) Ou alors tenter de limiter la casse sur le dollars US et les obligations américaines. En d’autres termes, sauvegarder le système actuel centré sur le dollars US (qui prend sa source dans les années 70). Ce n’est certainement pas une question de nationalisme ou de chauvinisme étant donné que non seulement les Américains, mais également bon nombre de Français, d’Allemands, d’Asiatiques, de Moyen-Orientaux et d’autres du monde entier y prennent part. De plus, nous sommes dans un monde globalisé désormais : les considérations de ce type font désormais partie d’un passé révolu. Il s’agit, comme je l’ai dit, bien plus une question de maintenir le système (instable) actuel. S’ils n’avaient pas frappé si fort sur la zone Euro, le dollars US aurait probalement chuté en dessous de 0,60€ depuis déjà un moment et aurait de facto perdu son statut de monnaie de d’échange et de référence mondiale. Tout leur système aurait pu se briser (mais il est vraisemblablement en train de se casser de toute manière). De plus, si les obligations de la zone Euro perdent leur valeur, alors les obligations US paraissent automatiquement plus intéressantes. Cela pourrait même compenser en partie, voire de manière plus forte si l’attaque est sévère, la perte de la note AAA de la dette américaine. Je ne suis pas spécialement pour l’Euro (ni contre l’Euro d’ailleurs, l’argent c’est de l’argent), il s’agit simplement d’un fait. Ils préfèrent entrainer la zone Euro dans leur chute, plutôt que de monter au monde entier la faillite totale de leur chère idéologie du laissez-faire et d’un système monétaire mondial centré sur le dollars US.

La meilleure manière de le voir clairement est d’observer les notations d’une agence moins célèbre, mais souvent plus efficace, parce que les agences mentionnées plus haut se sont tellement trompées alors que la crise de 2007/2008 approchait, qu’il est révoltant de voir à quel point les médias ont mis en avant leurs avis peu judicieux et ont fait d’elles les institutions parmi les plus puissantes du monde. Mais, encore une fois, il doit y avoir une raison à cela. Cette agence moins connue est l’agence chinoise « Dagong ». Lors de la première semaine d’août, alors que seule Standard & Poor’s a daigné baisser la note des USA de AAA à AA+, Dagong, qui avait déjà baissé la note des USA dans le passé, l’a baissé à nouveau, passant de A+ à A. S&P devait faire quelque chose à ce moment-là, parce que conserver le AAA alors que le pays était sur le point de faire défaut (!!!) commençait à sembler bizarre, même pour le téléspectateur moyen; et ça faisait déjà pas mal de temps que quelques journalistes sérieux trouvaient cela manifestement erroné. Ou alors était-ce parce que S&P’s s’était résignée à admettre la nécessité d’un changement du système monétaire?

Le temps est un élément central dans cette bataille. Si l’économie au Etats-Unis n’arrive pas à se remettre en route toute seule au cours des prochains mois, nous pourrions tous être confrontés à un problème insoluble, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier, par effet domino. Alors que le gouvernement américain a demandé de permettre à la dette fédérale d’excéder sa limite officielle, ce qui devrait avoir donné un coup de poignard douloureux au $ et aux obligations américains, les « investisseurs » et les agences de notation ont à nouveau attaqué les PIIGS ( nom usuel du Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne !) pour le compenser. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, cela a plutôt bien marché. Il est tellement plus confortable de désigner une victime tels que les PIIGS que vous pouvez montrer du doigt lorsque tous les regards sont portés sur vous. Une fois encore, cette considération n’a rien à voir avec une position « pro-Européenne » ( et certainement pas non plus avec de l’anti-américanisme)). Je pourrais être Hawaïen, Coréen, ou Argentin, ce serait exactement pareil pour moi. C’est simplement mathématique… et sans merci, je dois dire.

Les titres provocants des journaux nous demandent régulièrement si « les PIIGS pourraient faire exploser l’Eurozone? » Mais, les PIIGS sont-ils vraiment responsables de tout ce désordre? A mon avis, nous devrions regarder ailleurs. Même si la zone Euro n’était pas correctement finalisée, il est incroyable de voir comment certain ont profité de la moindre faille pour y concentrer leurs attaques (insérer leur coin) et ainsi spéculer. Nous ne devrions jamais oublier ce qui se passe sous nos yeux en Europe : le transfert massif de la dette du secteur privé dans le budget public et les attaques spéculatives brutales.

La spéculation est les attitudes irresponsables ont gangrené les marchés financiers depuis que la dérégulation s’est développée durant les 40 dernières années. Ils sont maintenant en mesure de provoquer une crise systémique et la ruine. L’économie a bien fonctionné depuis 1945 jusqu’au début des années 70. Après cette période, la crise du pétrole a néanmoins rapidement imposé une limite abrupte à ce nouveau système qui était basé sur une utilisation excessive du crédit. Cependant, l’économie était encore suffisamment robuste à ce moment pour encaisser le choc, et depuis, ce système bancal penche chaque fois un peu plus et nous avons désormais atteint le point de rupture. Personne ne devrait prétendre que la croissance qui a débuté en 1945 a eu lieu grâce à la guerre. La Première Guerre Mondiale a aussi été synonyme de progrès technologiques considérables, mais n’a pas pour autant produit trois décennies de croissance constante. Bien au contraire. Seuls des accords sensés, tels que ceux signés à Bretton Woods en juillet 1944, ont pu réaliser cela. Et au sujet de la compétition inégale (souvent citée et considérée comme « déloyale » par de nombreuses personnes), un protectionnisme borné ne serait pas la bonne réponse.

Nous devons établir des règles équitables. Nous avons à repenser les problèmes et le contrôle de nos monnaies, que nous avons perdu depuis 1913 aux USA et depuis 1973 en France (mais cela ne signifie pas que la France ou n’importe quel autre État membre devrait quitter ses partenaires européens, l’idéal serait que tous décident le même changement raisonné). Et nous devons urgemment éviter l’anarchie actuelle causée par la dérégulation.
Je précise que je préfère de loin la liberté à un étatisme excessif et que je ne suis pas du tout favorable à un système de type soviétique. Cependant, je ne crois pas que l’absence de lois et le désordre soient non plus ce dont le monde ait besoin. La dérégulation, acclamée par tant de think-tanks aveuglés et de personnes influentes peut se comparer à un réseau routier pour lequel n’existerait aucun code de la route. Peut-on imaginer un tel réseau sans stops, sans lignes blanches, sans feux rouges ni limites de vitesse ? Et bien, c’est à peu près de cette façon que fonctionne le système financier mondial aujourd’hui.

Si nous ne prenons pas des décisions concrètes à l’échelle mondiale très rapidement, et que nous laissons tous ces flux d’argent dans les mains des spéculateurs, nous réaliserons probablement trop tard qu’ils ne changeront pas leurs habitudes et pourraient bien provoquer un chaos mondial. Chaque fluctuation est sur-exagérée désormais, et ils ne se moraliseront pas. Imposer des limites, des interdictions, bref un cadre légal international strict est une nécessité. Pour le bien de tous.

Après le crash de 2008, nos dirigeants ne sont pas parvenus à un accord sur l’idée d’un nouveau Bretton Woods, ni furent capables d’établir une base commune pour séparer les banques commerciales (les dépôts) des banques d’investissement (la spéculation). A propos de ce qui a suivi, j’aimerais citer un paragraphe de François Leclerc, traduit à partir de sa contribution sur le blog de Paul Jorion, le 11 août : « L’actualité de la crise : Les marchés ne s’en laissent pas compter » : « Il s’agissait de donner du temps aux établissements financiers pour se refaire, en espérant qu’ils contribueraient ensuite à la relance économique. Quitte à leur laisser la bride sur le cou et à fermer les yeux sur leurs bilans, puis à parallèlement s’engager dans une véritable opération de diversion à propos de la dette publique, empruntant le discours de la rigueur pour les uns tout en en exonérant les autres. Précipitant, au bout du compte, l’économie vers une récession généralisée à tout le monde occidental, qui se précise, détruisant par là même toute perspective réaliste de réduire les déficits comme prévu. Le plan A a vécu. Empiler les plans de rigueur est une aventure dont on voit en Grande-Bretagne ce qu’elle peut susciter. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne doit pas être tentée, faute d’alternative. »
[copié-collé du texte de François Leclerc]
Depuis, la confusion et la division ont conduit la planète dans une fuite en avant désespérée [en français dans le texte] (une expression difficile à traduire pour les anglophones […]). Il est facile de critiquer, bien sûr. Je comprends que nos dirigeants ne pouvaient pas prendre des décisions globales séparément… Ils ont besoin d’un large consensus, et manifestement certains n’y sont pas prêts. Mais désormais nous avons joué nos dernières cartes et il ne reste plus de place pour l’hésitation, alors que nous sommes témoins d’une offensive dangereuse contre ce qui n’est pas un simple mur de bois, mais bien la coque du bateau qui, dois-je le rappeler, nous transporte tous. (en français, on dirait plutôt « les spéculateurs ont eux-même coupé la branche sur laquelle ils étaient assis, le problème, c’est que nous sommes tous sur cette même branche).

Pour démontrer que nous parlons d’une réelle guerre (économique), voici comment le système économique a essayé d’étouffer son rôle, en menaçant de chaos le pays ou la zone qui mettraient officiellement en cause sa responsabilité dans ce cataclysme. Vous remarquerez que personne n’a voulu prendre le risque de tomber le premier. En effet, tandis que beaucoup de députés européens commençaient à parler haut et fort des vices de la finance et de ses responsabilités, en pointant beaucoup de banques (Goldman Sachs étant un nom récurrent), et tandis qu’ils ont inclus la possibilité que ces entités financières puissent avoir à répondre aux énormes conséquences de leurs « jeux », quelques figures influentes ont mis en place une réelle riposte, remarquablement couverte par les médias, en menaçant concrètement (tandis que les européens ont seulement parlé, comme d’habitude), d’agir légalement contre les responsabilités de la Deutsche Bank dans toute ce bourbier. C’était une douche froide avec effet immédiat. Seul le fait de démarrer une procédure judiciaire contre la DB aurait été suffisant pour la faire tomber. Les marchés boursiers sont ainsi, impitoyables.

Bien sûr, je n’ai jamais voulu insinuer que les banques américaines, tel que GS, étaient exclusivement responsables. Je n’ai pas voulu dire non plus que Deutsche Bank était « sympa » et gentille (et européenne, comme moi) et que ce qui est arrivé là serait déloyal. Je suis certain que vous comprenez. Les banques du monde entier ont pris part au jeu, et la Deutsche Bank bien qu’elle n’ait qu’un tiers du volume de responsabilité de GS, reste toujours un poids lourd. Elles me choquent toutes, même si j’ai bien peur que chacun d’entre-nous puisse devenir un « golden boy », spéculant tout au long de la journée, si nous en avions l’opportunité. C’est pourquoi une régulation à l’échelle mondiale et des garde-fous doivent être introduit le plus rapidement possible. Tout ce grabuge entre de grandes « régions » du monde est lamentable. Encore une fois : nous sommes tous sur le même bateau.

De plus, la Chine et beaucoup d’autres partenaires majeurs n’accepteront pas d’être tournés en bourrique ainsi encore très longtemps. Le fait qu’ils soient piégés par nos dettes peut permettre au système de continuer un moment. Mais cette machinerie malade ne peut pas durer et la maintenir, telle quelle, rendra l’issue de plus en plus explosive. Le temps est venu pour un changement d’ampleur qui, je le répète, pourrait être inspiré par les accords de Bretton Woods. Mais cette fois, pas centré sur l’or et/ou une unique monnaie nationale comme devise mondiale. Alors que la deuxième moitié du 20e siècle était bipolaire et que nous ayons ensuite expérimenté une situation avec une unique superpuissance, les USA, les prochaines décennies confirmeront de manière définitive que nous sommes dans un monde multipolaire. La création d’une monnaie internationale est certainement une décision difficile à prendre pour les USA, mais entre les deux solutions qui s’offrent à nous, je souhaite que les Américains choisissent la moins malencontreuse, et c’est celle-ci. Ceci ne veut pas dire que nos monnaies nationales disparaîtront et je suis certain que si nous pouvons éviter un crash généralisé en garantissant un nouveau système viable, alors les USA (et l’Europe) se redresseront et auront un futur prometteur.

Lorsque je mentionne Bretton Woods, je ne veux pas dire que nous devrions simplement faire un copier-coller. De plus, même si la Banque Centrale et le Fonds Monétaire International ont survécu (quoi que profondément réformés, pour ne pas dire dénaturés), les meilleurs parties du système de Bretton Woods ont été perdues entre le « le choc Nixon » de 1971 et les « accords de la Jamaïque » de 1976. Seul un nouveau mécanisme, impliquant toutes les économies majeures et non centré vers une seule (ne mettons pas tous les œufs dans le même panier), pourrait permettre au monde de démarrer sur une base nouvelle et durable. Nous devons arrêter ce système basé sur la dette. Nous parlons simplement de bon sens.

Pendant ce temps, la population doit payer pour les « erreurs » : lorsque les spéculateurs gagnent à leur « jeu de casino », l’argent leur revient, à eux seuls. Aucune taxe minable, aucune interférence de la puissance publique, et tout va dans un compte bancaire dans un paradis fiscal. Mais, punaise, s’ils perdent, alors là, c’est trop déloyal… (Devons nous pleurer?) Ce n’est pas possible qu’ils puissent perdre autant… Aussi, ils peuvent toujours faire porter le coût gigantesque de leurs dégâts sur le dos des populations (américaines, européennes, mais aussi chinoises via la dette que détient la Chine) si indulgentes et mal-informées. Et s’ils peuvent bénéficier d’argent frais de la part du gouvernement, grâce aux injections des fonds (vous savez, pour « sauver » « ceci » et « cela »), alors ils peuvent l’utiliser pour spéculer sur la crise et faire beaucoup de profits! Et les Espagnols (et les Italiens, etc) sont en ce moment sous cette pression spéciale et sans scrupule.

Vous vouliez mon opinion? Vous l’avez.

NB : Je n’ai pas évoqué la dette des collectivités locales, souvent mentionnée comme l’un des critères justifiant l’abaissement de notre note nationale espagnole. Pourquoi ? me demanderez-vous, puisque les conséquences sont apparemment si importantes pour la capacité de financement de cette nation. Probablement parce que c’est encore la même chanson. Durant les élections municipales et régionales du printemps dernier en Espagne (qui on vu la débâcle du parti socialiste au pouvoir), il y eut d’innombrables articles se référant à d’hypothétiques factures au noir, qui pourraient doubler le montant de la dette locale; dette des collectivités locales qui pourrait même être plus importante encore si les nouvelles autorités devaient découvrir que les bilans ont été truqués! Il semble que certains ont trouver un moyen de tirer un avantage maximum du cas grec, pour distiller partout une panique par leurs tactiques d’insinuations vagues et de buzz sans fondements, qui produisent les plus beaux profits pour les spéculateurs. De plus, ces allégations distraient les européens du Nord, qui se plaignent alors de la « paresse et de la magouille des peuples méditerranéen ». Ne pourrait-on réfléchir autrement et plus profondément que sur ces rumeurs ?
Même si je ne dénie pas l’existence d’un travail au noir et n’irai jamais prétendre que les autorités locales, en Espagne, ont été gérées d’une manière exemplaire, ces rumeurs et ces extrapolations semblent plutôt suspectes. Particulièrement quand on réalise que les écueils auxquels sont confrontés les communes et les régions autonomes sont toujours les mêmes : des projets d’investissement et de financement illusoires (mais qui les a promu et si mal organisé ?) et, encore et toujours, des taux d’intérêt galopants à cause de l’abaissement de la note des crédits régionaux (les agences de notations n’y sont pas allées de main morte!), en prévision de nouvelles difficultés de financement… dues à des taux d’intérêt toujours plus élevés, conséquence de l’abaissement de la note ! »

Partager :

119 réponses à “L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?, par Sébastien Bano”

  1. Avatar de edith
    edith

    Et bien …. mon côté cartésien se trouve satisfait par l’analyse de monsieur Bano :

    L’autre côté intéressant de cette histoire, c’est qu’en attaquant si sauvagement la zone euro, certains spéculateurs et leurs bons alliés, les agences de notation (en particulier le groupe de trois, S & P, Fitch et Moody, qui est largement couvert par les médias) semblait avoir quelque chose en tête …..

    La suite est fort intéressante.

    1. Avatar de regoris
      regoris

      edith tu restes un exemple cartésien ,manque juste la confiture,essaye encore une fois ?
      demande au barbichu pourquoi c’est des voleurs qui impriment du papier monnaie et pourquoi c’est les gens souffrent ?,blablablabla.
      ici ,ils vont vous faire rêver chère EDITH

      1. Avatar de edith
        edith

        pour ne pas mourir idiote, je veux bien demander au barbichu, mais je ne sais pas de qui tu parles, pas plus d’ailleurs ce que tu veux dire.

        C’est le problème des cartésiens sans doute … manque de poésie et de confiture 🙂

    2. Avatar de regoris
      regoris

      EDITH,j’ai pas chercher,pardonnez moi svp,l’épouse de dans ,oui,me rappelle plus celle ???
      il y a des +++ et c’est vous …EDITH oui un sentiment de perte..
      bisous
      le jaja vas supprimer pour vivre sans exister autrement.

      1. Avatar de regoris
        regoris

        rapport _ EDITH plus trouver ,désoler ,éclairez moi svp c’est quand même important .
        merci
        JAJA vas faire son taf ,t’inquiète pas edith ,tant qu’on parle pas pourquoi ils empruntent ?

        suis avec toi .
        l’idiotie est partis planquer l’Or qu’il a voler.
        me reste assez pour le détester .
        la Grèce avec Edith sera trainspotting..
        bisous à vous tous
        vous avez de la chance que je me drogue pas..
        vas y barbichu ,montre que passer à la TV c’est pas se vendre?

  2. Avatar de regoris
    regoris

    ouais comme si naitre est une dette?

    1. Avatar de torduducarafon
      torduducarafon

      @regoris

      C’est quoi l’idée générale de ton baratin. T’as fumé la moquette, ok, mais à part cela, on comprend rien à ce que tu racontes. Souviens toi de ce que l’on t’a appris : un sujet, un verbe, un complément… La confiture, ça vient après, avec un peu de maitrise !!!

  3. Avatar de Cécile
    Cécile

    c’est juste en attendant, pour les cancres en anglais ….
    http://www.courriel-languefrancaise.org/FDA.php
    « langue unique, culture unique, débat public …. »

    1. Avatar de nico_38
      nico_38

      Allez, pour les vrais cancres en anglais :

      http://translate.google.fr/translate?js=n&prev=_t&hl=fr&ie=UTF-8&layout=2&eotf=1&sl=en&tl=fr&u=http%3A%2F%2Fwww.pauljorion.com%2Fblog_en%2F%3Fp%3D388

      C’est n’est pas un français académique, mais c’est très compréhensible…

      1. Avatar de auguste
        auguste

        nico , les cancres vous remercient ))

    2. Avatar de regoris
      regoris

      une culture de surface?
      s’exprimer devient codifier.Voir TF1 sans dégueuler est déjà un exploit.
      Mais si Jaja devient Humain c’est la preuve qu’il nous aime .
      jveut dire moi non plus.
      Merci Cécile vous êtes UNIQUE et MERVEILLEUSE..
      un peut comme blanche neige..

    3. Avatar de lars
      lars

      ça me rappelle quand nous défendions le catalan, langue désuète, nous disait-on, inutile,minoritaire….ara es la vostra vegada! (à votre tour)

  4. Avatar de Paul-Alain

    Victims of debt transfer , and outrageous conduct on the markets ! Ah oui alors !
    Ce sont des experts , ils ont la téte froide .
    Heureusement il ne faut pas surestimer les experts , par exemple on ne sait toujours pas refaire une cathédrale , ou le Parthénon , un sabre de Samourai ou un Trois-Mats .
    Les nombres de Reynaulds ? la loi de Bode sur l’éloignement des planétes ? l’évolution des éspéces ? Les positions des électrons autour du noyau ? …J’en passe ….
    Malheureusement l’Espagne a fait confiance aux experts , vous savez ces gens qui viennent à 4 ou 5 pour vous expliquer la rentabilité d’un placement ou d’un emprunt , à vous pauvre néophyte .
    Maintenant que faire avec les Espagnols ? La Santander elle a des problemes avec Londres qui a maintenant ses problems , les banques Françaises leurs problémes c’est les politiques Allemands . C’est que la Bundesbank , c’est pas comme la BDF , c’est controlé par les Landers controlés par des élus et des syndicats , tout çà c’est pas des experts çà a la téte prés du bonnet !

  5. Avatar de bertrand
    bertrand

    Tiens la voilà la faille d’écroulement.
    Pologne,Hongrie,Croatie 70 milliards de crédits immo libellés en francs suisses qui passe de 150 à 240 , soit 112 milliards , dont les mensualités sont irrecouvrables.
    112 milliards = 1/2 grêce : personne pour intervenir , crédit particulier en plein dans la figure des banques européennes.Dexia,Kbc,Kbc,Kbc….ouie,ouie,ouie.

    112 MILLIARDS , si la zone euro se borde , contiens .la rien , personne……………pas de vanrompy ni de zorro.

    1. Avatar de loire42
      loire42

      il y a aussi des villes Françaises.
      Il y a 6 ans les interets Suisse étaient moins importants que ceux en Europe de l est donc interessant de contracter des emprunts en CHF.
      Aujourd hui les villes et menages pleurent.
      Desole je ne retrouve pas le lien.

  6. Avatar de José
    José

    Puisque nous sommes en Espagne, connaissez-vous le site Les Indignés constructifs que je viens de découvrir et dont l’idée est séduisante. Pas plus d’infos là-dessus; Google Brother nous en dit qu’ils ont reçu le soutien des économistes atterrés dont on entend beaucoup parler en ce moment. Peut-être quelqu’un en sait-il plus?
    A tester.
    Première impression: je n’ai pas vu de synthèse. Comment éviter de devenir un site défouloir?

    1. Avatar de Raymond COVES

      Bonjour,

      Merci d’avoir parlé de http://www.indignez-vous.fr, initiative de l’Association des Indignés Constructifs dont je suis le président.

      Site défouloir ? Rien de cela ! Les contributions sont soumises à un comité de lecture avant publication et nombre d’entre elles, peu argumentées, injurieuses ou sans fond, sont écartées.

      Le parti pris est certes séduisant (Transformez ses indignations en propositions concrètes !) mais
      de la coupe aux lévres il y a un précipice : il s’agissait d’établir que l’indignation n’est pas aux antipodes de la réflexion. Qu’il existe une vie des idées au-delà de l’émotion. Que les indignés proposent autant qu’ils s’opposent.

      Loin s’en faut. Les contributions sont peu nombreuses, 60 à tout casser depuis 9 mois…

      Dans l’attente de vous lire.

      Raymond Covès

  7. Avatar de RED
    RED

    A propos de l’ Espagne et des indignés puisque je vois qu’ il y est fait allusion dans l’ article, cette excellente intervention d’ une auditrice (RNE) suite à celle de politiques des deux grands partis ; rafraîchissant (et qui donne de l’ espoir).

    http://www.youtube.com/watch?v=feDUUlfwf8U

    1. Avatar de Thomas

      Le ton touche autant que le texte.

    2. Avatar de Louise M.
      Louise M.

      Ça fait chaud au cœur !

    3. Avatar de Un Belge
      Un Belge

      Impeccable! Merci!

    4. Avatar de Sam's

      Poignant.
      Tellement réel et autentique, merci !

  8. Avatar de Merl mokeur
    Merl mokeur

    Je ne pense pas que le système va s’écrouler tout seul. Il faut savoir qu’il y a dans les cartons des « bloqueurs » de crise possibles: on ferme les bourses une fois bien grugés les petits épargnants; on laisse tomber les hedge funds. On bloque le commerce des paradis fiscaux qui sont de petites iles qui ne peuvent pas durer plus de trois jours en général. On ouvre grand la création monétaire et l’inflation ce qui permet d’alléger les dettes. On distingue dettes légitimes et dettes illégitimes…

    Mais le scénario de l’oligarchie financière sur le modèle gréco-portugais est de faire payer les dettes au taux le plus proche de l’usure possible, jusqu’au dernier centime et en dégradant progressivement la note de tous les pays occidentaux, ce qui aboutit à la séquence suivante: baisse de cinq points du déficit budgétaire, d’où baisse de trois pour cent du PIB, d’où hausse mécanique de six points environ du déficit budgétaire, d’où diminution- suppression du salaire différé ou indirect ouest-européen, en moyenne 30 à 40% du salaire direct, privatisation de la santé, de l’éducation, des retaites etc.; ruine des classes populaires puis moyennes qui n’ont que les prestations sociales comme salaire indirect, émeutes , media anti-émeutes et montée de la Droite ultra aux élections.

    A moins d’une réaction logique de défense de leurs acquis sociaux des 95% qui vivent de leur travail. La réaction normale est : aucun sacrifice social tant que la méga-spéculation financière n’est pas jugulée.

    1. Avatar de romain
      romain

      le scenario est coherent, excepte le « ruine des classes populaires puis moyennes ». Il y a d’abord ruine de la classe moyenne puis populaire (plusieurs articles en ont parle, notamment aux US). Si l’inverse se produit, c’est l’emeute instantannee (du fait de leur grand nombre et de leur deja très faibles ressources). Sont pas fous en haut. Cons peut-être, mais pas fous.

      Cela étant dit, je suis bien d’accord avec vous sur le fait que le système économique en place ne s’écroulera pas de lui-même. Il a deja survécu a plusieurs grandes crises …. pour la simple et bonne raison qu’aucun système alternatif n’existe. Si nous pouvons un jour le modère, se serait deja extraordinaire !

  9. Avatar de henry38
    henry38

    As I already mentioned in this blog, as a retired individual from France, I do not pay any income tax because I am renting my flat ! I am considered as a poor person because I am not the owner of the place I am living in.
    A few months ago I met a 27-years old woman who is living in a suburb of Santa Cruz de Tenerife in her own 2-bedroom flat. She will pay to her bank the mortgage (hypotheca immobiliaria) until she is 69-years old because she signed for a 45 years loan 3 years ago when she got a stable job (according to her feeling).
    This is the way middle class spanish people own the place they live !!!

    1. Avatar de Lorimier André
      Lorimier André

      @ henry38 Vous êtes un pensionné français et vous écrivez en anglais? Peut-être que cela préfigure la fin du français comme langue internationale et langue de culture. Quelle fin indigne pour la France, le pays de mes ancêtres!
      Deux-Montagnes Québec

      1. Avatar de edith
        edith

        @ Lorimier André

        le commentaire d’henry 38 est incompréhensible.

        Les retraites en France sont imposables comme n’importe quel revenu.
        Il importe peu que le retraité soit locataire ou propriétaire.

    2. Avatar de Pascal
      Pascal

      Hola Edith

      (je ne vois pas ce qu’il y a d’incompréhensible dans le commentaire de henry38 ?!)

      Ce que Henrey38 a très justement fait remarqué c’est que la culture du logement en Espagne est bien différente de celle de la France : les Espagnols achètent leur logement plutôt que de le louer. Les loueurs sont considérés comme les « pauvres » au niveau social et au niveau fiscal. Les Espagnols chérissent leur « casa » (maison en Français) et s’en orgueillisent après de leurs amis et familles.

      Le problème ce que presque personne ne pouvait mettre sur la table des sommes comme 300K pour un appart de 3 hab. comme je vois dans mon petit quartier « populaire » barcelonais, encore aujourd’hui. Donc la solution a été jusqu’à très récemment de signer des hypothèques immobiliaires sur 30, 40 voire 50 ans. Et avec des taux variables indexés sur EURIBOR en plus !!

      Le niveau d’endettement des familles est très souvent élevé (>60% il y a deux ans). Je n’ai malheureusement pas le temps de rentrer dans les détails mais la crise économique a mis dans l’embarra beaucoup de familles.

      La « bonne nouvelle » de cette crise c’est que les banques ne signes plus ce type de prêt et exigent des garanties beaucoup plus sérieuses. La tendance s’inverse et les Espagnols se mettent à louer leur logement…

      Cordialement
      Pascal

      1. Avatar de edith
        edith

        A Pascal

        Bon, bien j’ai mal compris cette phrase alors :

        as a retired individual from France, I do not pay any income tax because I am renting my flat

        (j’ai juste pensé qu’il était imposé en France alors qu’il doit l’être en Espagne )

      2. Avatar de Philippe MEONI
        Philippe MEONI

        @ Pascal – L’Espagne, c’est la grenouillle qui a voulu se faire aussi grosse que le boeuf… Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou, chantait Brel avec une certaine raison…
        A moi aussi, on a proposé une finca a 280 k€, à l’Ametlla de Mar, sur 40 ans, 950 €/mois… Eh bien, j’ai simplement refusé et je loue, pauvre que je suis, mon attico 370 €/mois à Zaragoza…
        L’orgueil déplacé des Espagnols, nouveaux riches du fric européen, qui ont voulu se prendre pour des Monégasques, a causé leur propre perte…
        Et aujourd’hui, ils pleurent en cherchant tous les boucs émissaires possibles, n’arrivant pas à intégrer qu’à force de vivre à crédit, ça finit par casser…
        Et le pire, c’est que les gouvernements autonomes eux même continuent sur la même voie, claquant autant de pognon qu’ils n’ont pas, dans toutes opérations « m’as tu vu » qui donnerait encore l’illusion d’une Espagne « riche »…
        Bref, personne ne semble vouloir comprendre la leçon et beaucoup vont tomber de haut dans les prochains mois…
        Dommage, l’Espagne que j’ai connue dans les années 80 me paraissait paradisiaque dans son humilité… Aujourd’hui, c’est l’enfer de d’un orgueil démérité…

      3. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Philippe Meoni

        Tout à fait d’accord avec vous. Regardez plus bas d’autres exemples que je donne du peu de sérieux des Espagnols.

  10. Avatar de iGor milhit

    Pour ceux qu’un effort de traduction intéresserait, il est possible de le faire en collaboration sur le lien suivant : http://framapad.org/NmpJVpda5Z
    Il s’agit d’un éditeur de texte en ligne sur lequel on peut travailler à plusieurs.
    J’y ai copié-collé le texte anglais. Le plus simple c’est de taper le texte en français, directement dans l’éditeur en ligne, sous le paragraphe que l’on traduit.
    A la fin, quand c’est fini et corrigé, on peut enlever le texte en anglais.

    Si le coeur vous en dit… J’essaie d’avancer un peu.

  11. Avatar de Harpagon

    Dominique Philon du conseil scientifique d’Attac vient de recommander sur BFM de vendre
    2500 t d’or de la BDF . Notez bien les corrompus ou les grands malades : Dominique Philon .
    Un homme qui va monter .

  12. Avatar de Un Belge
    Un Belge

    Résumons:

    Aux USA, « X » endette les ménages insolvables qui rêvent d’un domicile…
    En Europe, « X » endette les pays et les régions à domicile…

    « Donne-moi ta montre, je te vendrai l’heure ».

    Ai-je bien compris ?

  13. Avatar de Sébastien
    Sébastien

    Bonjour à tous,
    Comme le texte était initialement prévu pour la Nouvelle-Zélande, il est en anglais. Je n’avais pas prévu le problème de la langue sous l’angle du français balayé par l’anglais. J’en suis désolé. Je ne peux malheureusement vous promettre une traduction en français faute de temps. Néanmoins, si j’arrive à me libérer un peu, je le ferai avec plaisir.

    1. Avatar de edith
      edith

      Bonsoir Sébastien,
      en ce qui me concerne, je me suis débrouillée avec le traducteur et j’ai lu votre analyse avec beaucoup de plaisir, parce qu’elle est franche et directe. Merci

      1. Avatar de iGor milhit

        La traduction annoncée un peu plus haut avance son petit bonhomme de chemin (c’est là: http://framapad.org/NmpJVpda5Z)
        Toute bonne volonté est bienvenue. 🙂

      2. Avatar de Dominique
        Dominique

        Un grand merci à l’auteur de cette initiative et à ceux qui l’on rejoint dans cette tâche !

      3. Avatar de edith
        edith

        A iGor milhit

        J’ai essayé avec ton lien, mais je ne suis pas arrivée à l’ouvrir jusqu’au bout.

        En revanche, je viens de terminer une traduction du billet, il y a quelques phrases contre lesquelles je bute (je crains les contresens).

        Ca prend 11 pages de world, aussi j’aimerais savoir comment te les faire passer pour vérification avant de les mettre en commentaire.

      4. Avatar de iGor milhit

        Je pense que la traduction est désormais terminée. Elle vaut ce qu’elle vaut… Je copie-colle ci-dessous le texte tel que le groupe l’a éditée. Il est toujours possible de l’éditer là : http://framapad.org/NmpJVpda5Z (dans la mesure où le serveur de framasoft arrive à suivre).

        « L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?, par Sébastien Bano

        Contacté par un ami Néo-Zélandais, préoccupé par les mauvaises nouvelles qui touchent l’Europe et en particulier l’Espagne où je me trouve actuellement, j’ai répondu à deux questions qu’il m’avait posées, en essayant de lui décrire ce qui me semble être le principal problème de cette nation (et de bien d’autres, mais l’Espagne est un exemple flagrant), loin des références faciles aux fameux pays « Club Med » et autres nauséabondes rumeurs. Lecteur régulier du blog, j’ai demandé à Paul Jorion s’il aurait la gentillesse de le lire et de me donner un avis. M’ayant invité à le publier, voici le contenu de cet échange.
        Première question : « Il serait très intéressant d’entendre votre point de vue sur la situation économique en Espagne. »
        Réponse : Et bien, en réalité, il s’agit de faire le tri dans ce qui nous est présenté dans les médias. Pour parler directement du sujet le plus médiatisé, l’emploi, on doit prendre en compte qu’il y a toujours eu beaucoup de travail « au noir » dans les pays de l’Europe du Sud, mais ce n’est pas ceci qui peut conduire le déficit public à un niveau critique. Bien entendu, cela réduit les revenus fiscaux, mais ça n’a pas empêché l’Espagne d’avoir un budget positif avant la crise, à savoir aucun déficit! Bien au contraire, ce marché noir signifie que les autorités ont encore un peu de marge de manoeuvre. Malgré ce dernier point, beaucoup d’analystes critiquent cette situation, sous le prétexte qu’un taux de 20 % de chômage est insupportable. Devrais-je leur rappeler que le taux de chômage aux USA est officiellement supérieur à 9%, mais que si l’ on y ajoute les emplois à temps partiel, de quelques heures par mois, alors le taux atteint… 20% La seule différence est qu’en Espagne ces emplois à temps partiel sont souvent non-déclarés. C’est une telle « tradition » dans les pays méditerranéens que, si les discours des medias étaient vrais, alors l’Espagne et ses voisins auraient du déjà s’écrouler au moins dix fois au cours des 50 dernières années!
        Non: le problème principal n’est pas le sous-emploi. Le vrai problème, qui menace les finances publiques, c’est qu’il y a une monstrueuse spéculation et que des spéculateurs, qui n’investissent dans aucune dette espagnole ni dans celle d’aucun état du sud, font de l’argent sur le risque de défaut (CDS) [Credit Default Swaps]. D’ailleurs (et c’est lié), les taux d’intérêts grimpent et explosent, il devient donc horriblement cher pour ces gouvernements d’emprunter de l’argent. Et les chanceux (les banques et les spéculateurs) qui prêtent cet argent ont trouvé ainsi le moyen d’obtenir un des rendements (rémunération, retour sur investissement) les plus élevés en ces périodes de crise. Voici le véritable boulet pour l’Espagne. Auquel il faudrait ajouter le choc causé par l’effondrement soudain, colossal et insolite de la construction (BTP) et du marché immobilier, qui sont parmi les principaux piliers de l’économie du pays. Ceci est la conséquence d’années de croissance aberrante de ce marché, causée par un investissement au delà du raisonnable. C’est la définition même d’une bulle, et non des moindres ! Depuis ces dernières années, la finance a en effet acquis ce pouvoir d’exacerber les tendances vers des seuils critiques.
        Je ne sous-entends pas que le chômage n’est pas un problème, nous sommes en présence d’une crise très sérieuse et c’est un moment très dur pour les personnes sans emploi. Mais l’Espagne a déjà traversé de telles crises de l’emploi par le passé et eut la capacité de le traiter sur le long terme.. D’autre part, il faut admettre qu’il existe un problème concernant la dette des ménages et des entreprises, qui ont atteint des niveaux particulièrement élevés (respectivement 130 et 90 % du PIB en 2007) et cela limite la consommation. Cet endettement est à peu près le double de ce qui existe en France, mais heureusement, ces chiffres ont baissé de façon significative durant ces quatre dernières années. Les entreprises et les ménages espagnols sont un bon exemple du risque que fait courir un recours excessif au crédit et que celui-ci peut rapidement devenir trop risqué. Et dire qu’il y a seulement quelques années, (en fait pas plus tard qu’en 2007) nombreux étaient nos dirigeants qui étaient d’avis que nous n’empruntions pas assez, que nous ne devrions pas être aussi timorés vis à vis du crédit, car il nous aiderait à stimuler notre économie !
        Bien évidemment, nous constatons maintenant où nous a menés cette approche, en Espagne particulièrement. (N.B. : et que dire des USA et GB?)
        Quoi qu’il en soit, ce que firent les spéculateurs (la bulle) et ce qu’ils font maintenant (le croche-pied) est tout simplement honteux et répugnant. En fait, l’Espage possédait une dette publique très faible avant que la crise ne l’atteigne (35 % de son PIB!) et même désormais, elle est bien plus faible que celle de n’importe quel autre grand pays européen, 62% contre les 90 % de la France ou de l’Allemagne, sans mentionner l’Italie, ni la Grande Bretagne où s’ajoute à la dette l’écroulement de la livre sterling.
        Certains analystes tirent à vue contre ce qu’ils appellent « les imprudentes politiques keynésiennes » qui ont conduit la dette publique là où elle est. Ils tentent probablement de se décharger de leur responsabilité dans cette pagaille, qui en fait provient de leur théories de dérégulation (voir ci-après pour démonstration). Alors que, malheureusement, les dépenses publiques ne furent pas guidées par les principes keynésiens. C’est dommage, car, L’Espagne (pour ne parler que ce cet important secteur) aurait pu être ainsi en position d’améliorer sa balance commerciale. Par conséquent, quel est donc l’élément clé dans le déséquilibre actuel de la comptabilité nationale ? Eh bien, c’est simple. L’Espagne est un exemple typique d’un vaste transfer de la dette privée vers la dette publique. Les prudents et les économes devront payer pour les dépensiers et les joueurs. Pour quel résultat ?
        Et maintenant, l’Espagne est en fait en train de se démener face à une incroyable augmentation des taux d’intérêts (de la part des créanciers qui ont bénéficié de ce transfert qui a garanti leur dette privée!). L’attaque de la première semaine d’août contre l’Italie et l’Espagne en est une nouvelle démonstration. Maintenant que la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont quasiment hors d’atteinte (parce que désormais ils ont directement affaire avec le FMI et le font de la zone Euro), les spéculateurs se rabattent sur ces appétissants steaks saignants. Ils sont insatiables. La surenchère est leur voie, leur credo. Bien entendu, je suis conscient du fait que les marchés financiers ont de tous temps été passablement frénétiques, mais jamais jusqu’ici ils n’avaient pu exacerber les tendances économiques (à la hausse ou à la baisse) à ce point, et tout ceci a pris des proportions bien trop dangereuses. Les dommages occasionnés sont sans bornes. Je ne parviens pas à croire que nos dirigeants soient à ce point naïfs au sujet des millions, des milliards, des milliers de milliards de $, de £ et d’€ qu’ils ont dépensés pour tenter de « sauver » ceci ou de « sauver » cela (et je ne sais -hum- pas ce que « ceci » ou « cela » signifie, mais ce ne sont pas des emplois!), alors que la spéculation ne va pas s’en contenter et s’arrêter là. Pauvre Espagne… Voici ce dont elle souffre, en premier lieu, actuellement.
        Deuxième question : « Et au sujet des manifestations d’ampleur qui ont paralysé le pays? »
        Réponse : Et bien le pays n’a pas du tout été paralysé, nous n’étions pas sur le point de vivre une révolution. Mais des émeutes peuvent se produire n’importe quand, n’importe où, comme c’est arrivé au Royaume-Uni… Cependant, nous étions très content de voir que les « indignados », les grévistes espagnols, parlaient juste et avaient des revendications justifiées. Ils n’ont pas seulement attaqué le gouvernement, mais ils ont relevé que l’opposition était tout autant discréditée et qu’il ne fallait pas attendre d’amélioration avec elle. Par-dessus tout, ils ont régulièrement mentionné la responsabilité du secteur bancaire et de leurs alliés (les hypermarchés, la grande distribution, les grandes marques, qui paient de moins en moins les paysans et les producteurs, et facturent de plus en plus aux consommateurs). Mais il est à déplorer que le PP (le parti de droite de l’opposition, et quand je dis de façon déplorable, ce n’est pas tant parce qu’ils soient de droite, mais c’est l’attitude opportuniste que je dénonce) a réussi à se réapproprier une part de la grogne pour leur propre compte, et maintenant que les élections régionales et municipales sont passées (et ont été gagnées par les PP), une part importante de l’énergie (des « Indignados ») a été perdue… Alors qu’en réalité aucun des projets proposés par le PP ne répondent aux demandes formulées.
        Cependant, ce fut un grand mouvement, bien meilleur que les manifestations françaises de l’année passée, où les gens (N.B.: surtout les syndicats et partis en tête de défilé) s’étaient limités à attaquer Sarkozy et donnaient l’impression que la gauche française représentait le salut, alors qu’en fait les socialistes français ont toujours été les meilleurs amis de la grande distribution, des multinationales, des banques et, bien sûr, du FMI contrôlé depuis des décennies par les économistes de « l’école de Washington ». J’espère que la philosophie et l’énergie lucide derrière les « Indignados » espagnols ne s’évanouira pas.
        J’espère fortement que les Européens vont diminuer (ou interdire?) les spéculations et proposer un système plus durable, au sein de l’UE (ce qui impliquera des changements du traité de Maastricht) mais aussi hors UE, ce qui requiert qu’autant de dirigeants que possible acceptent de suivre un autre système (N.B.: voire les propositions de Paul et bien d’autres sur le blog, il n’y a rien de délirant dans tout cela, simplement un peu d’ordre et de justice, dans le cadre d’un accord type Bretton Woods) assez radical mais salutaire, et arrêter de perdre du temps (et de l’argent) à essayer de trouver un impossible compromis. Mais ce qu’il s’est passé durant le week-end des 6 et 7 Août montre que beaucoup de nos dirigeants n’ont encore rien appris. Durant ce moment critique, le Groupe des 7 (G7) disait qu’ils étaient « prêt à faire une action pour assurer la stabilité et les liquidités des marchés financiers ».
        Ils jettent en pâture aux pyromanes tout le bois avec lequel la maison est construite, petit à petit… Pensant éviter qu’ils ne mettent le feu à la maison elle même alors qu’il ne s’agit en fait que d’un différé, le résultat sera le même au final. Des centaines de millions et des milliards et milliards. Est-ce le prix à payer pour un insignifiant répit ? Et maintenant que la BCE a entamé des rachats directs de dette publique italienne et espagnole, nous avons, à l’instar des USA, atteint la dernière limite, le geste désespéré. Le serpent se mord la queue. Ça ne va pas durer, nous jouons avec le feu. Trichet a résisté autant qu’il le pouvait (alors que depuis longtemps de déraisonnables dirigeants tels que Barroso, lui mettaient la pression), mais les politiciens ont été tellement incapables de prendre les décisions qui s’imposaient que Trichet n’a pas eu le choix lors de ce mois d’août noir. Pauvre Barroso. Il a même demandé, récemment, un élargissement du Fond Social Européen. Comment peut-il être aussi incompétent?
        Je me fais aussi du souci parce que je ne suis pas certain de pouvoir faire confiance à Mario Draghi, qui a été élu prochain Président de la Banque centrale européenne (BCE). Je suis inquiet parce que Draghi a travaillé pour Goldman Sachs en tant que vice-président et directeur général, responsable des « deals » financiers pour les états européens. Ce n’est pas un CV idéal pour une tel poste, je crois… De plus, il y eut quelques soupçons à savoir si Draghi fut impliqué dans une sale affaire : GS prêta un somme énorme à la Grèce avant la crise !
        Il plaida qu’il n’en savait rien, disant qu’il était arrivé juste après cela se soit passé. Devons-nous le croire? Ce qui est sûr, c’est que GS et ses amis ont vigoureusement encouragé Athènes à emprunter une somme colossale, se souciant peu de vérifier si elle pourrait la rembourser. Ceci est criminel. Mais ce qui est peut-être pire, c’est qu’une des plus grandes banques du monde (laquelle ?) a clairement aidé le gouvernement grec à tricher dans sa comptabilité nationale. Et, par conséquent, le chaos arriva en Grèce, parce que d’une part sa dette apparaissait plus forte que prévue, mais surtout parce que la Grèce ne semblait plus digne de confiance, car ses comptes avaient été trafiqués. L’avalanche s’est alors déclenchée. L’Espagne et ses voisins étant juste en dessous… bon boulot !
        L’autre côté intéressant de cette histoire réside dans le fait que, en attaquant si sauvagement la zone Euro, certains des spéculateurs et de leurs bons alliés, les agences de notations (spécialement les trois suivantes: S&P, Fitch et Moody’s, dont il est majoritairement question dans les médias), semblent avoir quelque chose derrière la tête :
        1) Soit obtenir de l’argent facile, à l’aide de l’effet de « falaise » (impliquant des CDS profitables et des rumeurs!). Le fait que les intérêts puissent grimper de manière excessive et créer une instabilité mondiale ne semble pas les inquiéter autant que cela.
        2) Ou alors tenter de limiter la casse sur le dollars US et les obligations américaines. En d’autres termes, sauvegarder le système actuel centré sur le dollars US (qui prend sa source dans les années 70). Ce n’est certainement pas une question de nationalisme ou de chauvinisme étant donné que non seulement les Américains, mais également bon nombre de Français, d’Allemands, d’Asiatiques, de Moyen-Orientaux et d’autres du monde entier y prennent part. De plus, nous sommes dans un monde globalisé désormais : les considérations de ce type font désormais partie d’un passé révolu. Il s’agit, comme je l’ai dit, bien plus une question de maintenir le système (instable) actuel. S’ils n’avaient pas frappé si fort sur la zone Euro, le dollars US aurait probalement chuté en dessous de 0,60€ depuis déjà un moment et aurait de facto perdu son statut de monnaie de d’échange et de référence mondiale. Tout leur système aurait pu se briser (mais il est vraisemblablement en train de se casser de toute manière). De plus, si les obligations de la zone Euro perdent leur valeur, alors les obligations US paraissent automatiquement plus intéressantes. Cela pourrait même compenser en partie, voire de manière plus forte si l’attaque est sévère, la perte de la note AAA de la dette américaine. Je ne suis pas spécialement pour l’Euro (ni contre l’Euro d’ailleurs, l’argent c’est de l’argent), il s’agit simplement d’un fait. Ils préfèrent entrainer la zone Euro dans leur chute, plutôt que de monter au monde entier la faillite totale de leur chère idéologie du laissez-faire et d’un système monétaire mondial centré sur le dollars US.
        La meilleure manière de le voir clairement est d’observer les notations d’une agence moins célèbre, mais souvent plus efficace, parce que les agences mentionnées plus haut se sont tellement trompées alors que la crise de 2007/2008 approchait, qu’il est révoltant de voir à quel point les médias ont mis en avant leurs avis peu judicieux et ont fait d’elles les institutions parmi les plus puissantes du monde. Mais, encore une fois, il doit y avoir une raison à cela. Cette agence moins connue est l’agence chinoise « Dagong ». Lors de la première semaine d’août, alors que seule Standard & Poor’s a daigné baisser la note des USA de AAA à AA+, Dagong, qui avait déjà baissé la note des USA dans le passé, l’a baissé à nouveau, passant de A+ à A. S&P devait faire quelque chose à ce moment-là, parce que conserver le AAA alors que le pays était sur le point de faire défaut (!!!) commençait à sembler bizarre, même pour le téléspectateur moyen; et ça faisait déjà pas mal de temps que quelques journalistes sérieux trouvaient cela manifestement erroné. Ou alors était-ce parce que S&P’s s’était résignée à admettre la nécessité d’un changement du système monétaire?
        Le temps est un élément central dans cette bataille. Si l’économie au Etats-Unis n’arrive pas à se remettre en route toute seule au cours des prochains mois, nous pourrions tous être confrontés à un problème insoluble, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier, par effet domino. Alors que le gouvernement américain a demandé de permettre à la dette fédérale d’excéder sa limite officielle, ce qui devrait avoir donné un coup de poignard douloureux au $ et aux obligations américains, les « investisseurs » et les agences de notation ont à nouveau attaqué les PIIGS ( nom usuel du Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne !) pour le compenser. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, cela a plutôt bien marché. Il est tellement plus confortable de désigner une victime tels que les PIIGS que vous pouvez montrer du doigt lorsque tous les regards sont portés sur vous. Une fois encore, cette considération n’a rien à voir avec une position « pro-Européenne » ( et certainement pas non plus avec de l’anti-américanisme)). Je pourrais être Hawaïen, Coréen, ou Argentin, ce serait exactement pareil pour moi. C’est simplement mathématique… et sans merci, je dois dire.
        Les titres provoquants des journaux nous demandent régulièrement si « les PIIGS pourraient faire exploser l’eurozone? » Mais, les PIIGS sont-ils vraiment responsables de tout ce désordre? A mon avis, nous devrions regarder ailleurs. Même si la zone Euro n’était pas correctement finalisée, il est incroyable de voir comment certain ont tiré avantage de la moindre faille pour y insérer leur coin et ainsi y spéculer. Nous ne devrions jamais oublier ce qui est en train de se renverser (en train de basculer ?) en Europe : le transfert massif de la dette du secteur privé dans le budget public et les attaques spéculatives brutales.
        La spéculation est les attitudes irresponsables ont gangrené les marchés financiers depuis que la dérégulation s’est développée durant les 40 dernières années. Ils sont maintenant en mesure de provoquer une crise systémique et la ruine. L’économie a bien fonctionné depuis 1945 jusqu’au début des années 70. Après cette période, la crise du pétrole a rapidement imposé une limite abrupte sur le nouveau système qui était basé sur une utilisation excessive du crédit, et pourtant l’économie était encore suffisamment robuste à ce moment pour permettre la survie et le progrès. Personne ne devrait prétendre que la croissance qui a débuté en 1945 a eu lieu grâce à la guerre. La Première Guerre Mondiale a aussi été synonyme de progrès technologiques considérables, mais n’a pas pour autant produit trois décennies de croissance constante. Bien au contraire. Seulement des accords sensés, tels que ceux signés à Bretton Woods en juillet 1944 ont pu réaliser cela.
        Et face à cette compétition inégale, un protectionnisme borné ne serait pas la bonne réponse.
        Nous devons établir des règles équitables. Nous avons à repenser les problèmes et le contrôle de nos monnaies, que nous avons perdu depuis 1913 aux USA et depuis 1973 en France (mais cela ne signifie pas que la France ou n’importe quel autre pays devrait quitter ses partenaires européens, l’idéal serait que tous décident le même changement raisonné) Et nous devons urgemment éviter l’anarchie actuelle causée par la dérégulation.
        Je précise que je préfère de loin la liberté à un étatisme excessif et que je ne suis pas favorable du tout à un système de type soviétique. Cependant, je ne crois pas que l’absence de lois et le désordre soient non plus ce dont le monde a besoin.La dérégulation, acclamée par tant de think-tanks aveuglés et de personnes influentes peut se comparer à un réseau routier pour lequel n’existerait aucun code de la route. Peut-on imaginer un tel réseau sans stops, sans lignes jaunes, sans feux rouges ni limites de vitesse ? Et bien, c’est à peu près de cette façon que fonctionne le système financier mondial aujourd’hui.
        Si nous ne prenons pas des décisions concrètes à l’échelle mondiale très rapidement, et que nous laissons tous ces flux d’argent dans les mains des spéculateurs, nous réaliserons probablement trop tard qu’ils ne changeront pas leurs habitudes et pourraient bien provoquer un chaos mondial. Chaque fluctuation est sur-exagérée désormais, et ils ne se moraliseront pas. Imposer des limites, des interdictions, bref un cadre légal international strict est une nécessité. Pour le bien de tous.
        Après le crash de 2008, nos dirigeants ne sont pas parvenus à un accord sur l’idée d’un nouveau Bretton Woods, ni furent capables d’établir une base commune pour séparer les banques commerciales (les dépôts) des banques d’investissement (la spéculation). A propos de ce qui a suivi, j’aimerais citer un paragraphe par François Leclerc, traduit à partir de sa contribution sur le blog de Paul Jorion, le 11 août : « L’actualité de la crise : Les marchés ne s’en laissent pas compter » : « Il s’agissait de donner du temps aux établissements financiers pour se refaire, en espérant qu’ils contribueraient ensuite à la relance économique. Quitte à leur laisser la bride sur le cou et à fermer les yeux sur leurs bilans, puis à parallèlement s’engager dans une véritable opération de diversion à propos de la dette publique, empruntant le discours de la rigueur pour les uns tout en en exonérant les autres. Précipitant, au bout du compte, l’économie vers une récession généralisée à tout le monde occidental, qui se précise, détruisant par là même toute perspective réaliste de réduire les déficits comme prévu. Le plan A a vécu. Empiler les plans de rigueur est une aventure dont on voit en Grande-Bretagne ce qu’elle peut susciter. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne doit pas être tentée, faute d’alternative. » [copié-collé du texte de François Leclerc]
        Depuis, la confusion et la division ont conduit la planète dans une fuite en avant désespérée [en français dans le texte] (une expression difficile à traduire […]) Il est facile de critiquer, bien sûr. Je comprends que nos dirigeants ne peuvent pas prendre des décisions globales séparément… Ils ont besoin d’un large consensus, et manifestement certains n’y sont pas prêts. Mais désormais nous avons joué nos dernières cartes et il ne reste plus de place pour l’hésitation, alors que nous sommes témoins d’une offensive dangereuse contre ce qui n’est pas un simple mur de bois, mais bien la coque du bateau qui, dois-je le rappeler, nous transporte tous.
        Pour démontrer que nous parlons d’une réelle guerre (économique), voici comment le système économique a essayé d’étouffer son rôle, en menaçant du chaos le pays ou la zone qui mettraient officiellement en cause sa responsabilité dans ce désordre). Vous remarquerez que personne n’a voulu prendre le risque de tomber le premier. En effet, tandis que beaucoup de députés européens ont commencé à parler haut et fort au sujet de ce système vicieux et de ses responsabilités, pointant beaucoup de banques (Goldman Sachs étant un nom récurrent), et tandis qu’ils ont inclu la possibilité que ces entités financières puissent avoir à répondre aux énormes conséquences de leurs « jeux », quelques figures influentes ont mis en place une réelle riposte, remarquablement couverte par les médias, en menaçant concrètement (tandis que les européens ont seulement parlé, comme d’habitude), d’agir légalement contre les responsabilités de la Deutsche Bank dans toute cette merde. C’était une douche froide avec effet immédiat. Seul le fait de démarrer une procédure judiciaire contre la DB aurait été suffisant pour la faire tomber. Les marchés boursiers sont impitoyables.
        Bien sûr, je n’ai jamais voulu dire que les banques américaines, tel que GS, étaient exclusivement responsables. je n’ai pas voulu dire non plus que l’une ou l’autre Deutsche Bank était agréable ou amicale (et européenne, comme moi) et que ce qui est arrivé là est déloyal. Je suis certain que vous comprenez. Les banques du monde entier ont pris part au jeu, et la Deutsche Bank bien qu’elle n’ait qu’un tiers du volume de responsabilité de GS, est toujours un poids lourd. Elles me choquent toutes, même si j’ai bien peur que chacun d’entre-nous puisse devenir un « golden boy », spéculant tout au long de la journée, si nous en avions l’opportunité. C’est pourquoi une régulation à l’échelle mondiale et des garde-fous doivent être introduit le plus rapidement possible. Toutes ces grèves « régionales » sont lamentables. Encore une fois : nous sommes tous sur le même bateau.
        De plus, la Chine et beaucoup d’autres partenaires majeurs n’accepteront pas d’être tournés en bourrique ainsi encore très longtemps. Le fait qu’ils sont piégés par nos dettes peut permettre au système de continuer un moment. Mais cette machinerie malade ne peut pas durer et la maintenir telle quelle va en rendre les effets de plus en plus explosifs. Le temps est venu pour un changement d’ampleur, qui pourrait être inspiré par les accords de Bretton Woods. Mais cette fois pas en direction de l’or et/ou d’une unique monnaie mondiale. Alors que la deuxième moitié du 20e siècle était bipolaire et que nous ayons ensuite expérimenté une situation avec un unique superpouvoir, les USA, les prochaines décennies confirmeront de manière définitive que nous sommes dans un monde multipolaire. La création d’une monnaie internationale est certainement une décision difficile à prendre pour les USA mais entre ces deux solutions, je souhaite que les Américains choisissent la moins malencontreuse, et c’est celle-ci. Ceci ne veut pas dire que nos monnaies nationales disparaitront et je suis certain que si nous pouvons éviter un crash généralisé en garantissant un nouveau système viable, alors les USA (et l’Europe) se redresseront et auront un futur intéressant.
        Lorsque je mentionne Bretton Woods, je ne veux pas dire que nous devrions simplement faire un copier-coller. De plus, même si la Banque Centrale et le fonds monétaire international ont survécu (et ont été profondément réformés), les meilleurs parties du système de Bretton Woods ont été perdues entre 1971 « le choc Nixon » et 1976 « accords de la Jamaïque ». Seul un nouveau mécanisme complet, impliquant toutes les économies majeures et non centré vers une seule (ne mettons pas tous les oeufs dans le même panier), pourrait permettre au monde de démarrer sur une base nouvelle et durable. Nous devons arrêter ce système basé sur la dette. Nous parlons juste de bon sens.
        Pendant ce temps, la population doit payer pour les « erreurs » : lorsque les spéculateurs gagnent à leur « jeu de casino », l’argent leur revient à eux seuls. Aucune taxe minable, aucune interférence de la puissance publique, et tout va dans un compte bancaire dans un paradis fiscal. Mais, punaise, s’ils perdent, alors c’est trop déloyal… (Devons nous pleurer?) Ce n’est pas possible qu’ils puissent perdre autant… Aussi, ils peuvent toujours mettre le coût gigantesque de leurs dégâts sur le dos des populations (américaines, européennes, mais aussi chinoises via la dette que détient la Chine) si indulgentes et mal-informées. Et s’ils peuvent bénéficier d’argent frais de la part du gouvernement, grâce aux injections des fonds (vous savez, pour « sauver » « ceci » et « cela »), alors ils peuvent l’utiliser pour spéculer sur la crise et faire beaucoup de profits! Les Espagnols et les Italiens sont en ce moment sous une pression spéciale et sans scrupule.
        Vous vouliez mon opinion? Vous l’avez.
        NB : je n’ai pas mentionné la dette des collectivités locales, souvent mentionnée comme l’un des critères justifiant l’abaissement de notre note nationale. Pourquoi ? me demanderez-vous, puisque les conséquences sont apparemment si importantes pour la capacité de financement de notre nation. Probablement parce que encore la même histoire. Durant les élections municipales et régionales du printemps dernier en Espagne (dans lesquelles le parti de gauche au pouvoir a été étrillé à tous les niveaux) il y eut d’innombrables articles se référrant à d’hypothétiques affaires au noir, qui pourraient doubler le montant de la dette locale; dette des collectivités locales qui pourrait même être supérieure si les nouvelles autorités devaient découvrir que les bilans ont été truqués! Ce sont ceux qui apparemment recherchent un avantage maximum du problème grec,pour distiller partout une panique par leurs tactiques d’insinuations vagues et de buzz sans fondements qui produisent les plus beaux profits pour les spéculateurs. De plus, ces allégations distraient les européens du Nord, qui se plaignent de la « paresse et de la magouille des peuples méditerranéen ». Pourrait on réfléchir autrement et plus profondément que sur ces rumeurs ?
        Même si je ne dénie pas l’existence d’un travail au noir et n’irai jamais prétendre que les autorités locales, en Espagne, ont été gérées d’une manière exemplaire, ces rumeurs et ces extrapolations semblent plutôt suspectes. Particulièrement si l’on réalise que les écueils auxquels sont confrontés les assemblées communales et des régions autonomes sont toujours les mêmes : des projets d’investissement et de financement illusoires (mais qui les organise si mal ?) et, encore et toujours, des taux d’intérêt galopants à cause de l’abaissement de la note des crédits régionaux (les agences de notations n’ont certainement pas retenu leurs coups!), ce qui présage de nouvelles difficultés de financement… dûes aux taux d’intérêt plus élevés, conséquence de l’abaissement de la note ! »

      5. Avatar de edith
        edith

        Igor

        We should never forget what is really just about to overturn Europe: the massive transfer of private investor debt to the public budget and brutal speculative attacks.

        Il me semble que le sens de la phrase serait :

        « Nous ne devrions jamais oublier ce qui doit vraiment renverser l’Europe ….. »

        J’aimerais bien savoir, car cette traduction étant plus forte que celle du texte en billet, l’opinion de Sébastien serait beaucoup plus pessimiste.

      6. Avatar de iGor milhit

        @ edith : je crois bien que vous avez raison…

      7. Avatar de brusyl
        brusyl

        @ IGor et Edith
        Moi je ne le pense pas… cela veut dire à mon avis que ces nouvelles règles « chambouleront » non l’Europe en elle -même mais les règles et le consensus sur lesquels elle fut édifiée : en bref, elles mettent en oeuvre une compétition entre les états et non une collaboration et encore moins une fédération…

    2. Avatar de diego
      diego

      Bonjour, Monsieur Bano. Très bonne synthèse, une bonne contribution à l’auto-éducation du mouvement du 15M, mais dites-moi si ce texte a été traduit à l’espagnol, et le cas échéant où puis-je le trouver. Merci et bonne continuation. Diego Carretero

  14. Avatar de Paul-Alain

    Une idée comme çà , cas d’école . L’Euro disparait dans quelques mois .
    Le Bancor çà se présente comment ? Méme chose mais à beaucoup plus . Nos banques çà
    devient un détail .

    1. Avatar de kohaagen
      kohaagen

      @ Paul-Alain
      La disparition de l’Euro n’est pas une condition à l’introduction du Bancor, celui-ci étant un instrument d’échange au niveau international. Les deux peuvent coexister (cf. la tonne de littérature présente à ce sujet sur ce site et ailleurs). Le Bancor est surtout une alternative au statut de monnaie de réserve du Dollar moribond.

    1. Avatar de d0d01
      d0d01

      Une brève épopée des conquistadores bétonneurs et autres matamores,
      suivie d’un habituel fiasco aux dépens des sites naturels
      et sur le dos des sociétés humaines.
      … comme ailleurs et comme partout : les affaires, c’est les affaires

  15. Avatar de rodj
    rodj

    hors sujet :
    http://fr.news.yahoo.com/op%C3%A9rateurs-t%C3%A9l%C3%A9com-r%C3%A9fl%C3%A9chissent-%C3%A0-fin-linternet-illimit%C3%A9-150254335.html

    moins de web = moins de conscience collective !

    haaaa ouiiiiiiii, dd’accorrrd

    vu l’arbre en boule ?

  16. Avatar de bertrand
    bertrand

    Tellement facile de faire des dettes , ce n’est pas interdit , au contraire , c’est encouragé.
    Il en est autrement des bénéfices qui sont totalement encadrés.
    Il faut mettre en place une réglementation identique sur la dette comme sur les bénéfices.
    Exemples : Un impôt sur toute perte au bilan supérieur aux taux fixé pour les bénéfices.
    Un encadrement de l’administration des impôts sur la délivrance d’un crédit , sa garantie , son remboursement.
    Une extension du pouvoir des hypothèques , non seulement dépositaire du contrat d’engagement , mais actif sur le recouvrement et controleur du recouvrement.
    Il est totalement anormal de laisser manipuler des populations sur de l’endettement long terme ou court terme à des taux d’usure , avec des évolutions de marché non encadrées , avec des monnaies différentes , avec des amortissements impossibles et de la spéculation ou déspéculation sur le prix emprunté.
    La culture du crédit long terme et de ses variables doit être enseigné dans les écoles.
    il doit être impossible d’annuler une dette si les conditions de sa délivrance ont été bien encadrées.
    Vous allez assister prochainement à la chute vertigineuse des prix immobilier rendant les remboursements impossibles.
    Les dettes des entreprises doivent faire l’objet de controles par les hypothèques mensuellement et dans l’entreprise.
    Les dettes interentreprises de l’ordre de 1600 milliards en france doivent faire l’objet d’un controle mensuel , les interpaiements doivent revenir à l’équilibre de 2 jours.
    Aucune facture ne peut être laissée impayée plus de 2 jours.
    Par dérive on assiste aujourd’hui au fait que le banquier gagne plus que l’entreprise en assurant le financement de la trésorerie , c’est inadmissible.
    Le banquier doit être éjecté de la trésorerie court terme des entreprises.
    Et encore , et encore………..
    Il faut établir des tribunaux de la déspéculation.
    Vous n’avez jamais de bénéfice qui circule , chacun garde son bénéfice , alors que les dettes chacun veux se les refiler , pourtant une dette c’est de l’argent , çà vaut autant qu’un bénéfice , çà vaut même plus qu’un bénéfice , puisque vous pouvez faire ce que vous voulez avec celui qui ne la paie pas.
    Il faut vraiment introduire une culture de la dette et un encadrement très serré.
    De là viennent tous les problèmes du monde.
    En effet la dette est sans limites.
    J’ajouterais que les salaires devraient être payés chaque jour et que les commissions sur chiffre d’affaire des commerçants par carte bancaire devraient être interdites.

    1. Avatar de bertrand
      bertrand

      Encore une couche ………
      Plus qu’un bénéfice qui lui est appréhendable et physiquement visible , une dette doit faire l’objet d’un soin comptable particulier qui n’existe actuellement pas.
      Chaque dépense doit faire l’objet d’une attribution dans la dette globale de l’entreprise , attribution entre délai , investissement , fonctionnement , remboursement , une dette devant pouvoir être gagée , elle représente un capital investi pour la transformation en bénéfice , faire l’objet d’une publicité entre tous les opérateurs de l’entreprise et les banquiers devraient y être formés , ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui.
      il suffit de voir leurs réactions idiotes aux encours , découverts etc…….
      Les notations des entreprises ne devraient pas se limiter aux incidents de paiement , mais savoir pourquoi il y à incident de paiement , l’expliquer etc………..etc……

      1. Avatar de bertrand
        bertrand

        Encore une couche……
        La dette est un instrument formidable bien supérieur au capital.
        La dette est un instrument de vie , d’avenir , elle est pour la jeunesse et fait le pont entre générations.
        Les jeunes empruntent aux vieux.
        Le capital est un instrument de mort.
        La dette doit être saisonnalisée , annualisée et surveillée selon les saisons et années jusque son terme de remboursement.
        Bien géré un investissement long terme à 7% de revenu ne coute rien , zéro, nada , mais bien géré.
        La dette dit on est un instrument de confiance…….NON.NON………NON si la dette est parfaitement circonscrite elle n’a nul besoin de la confiance , la confiance est la religion des imbéciles.
        Une dette vaut bien plus qu’un capital puisque les intérêts se décumulent alors que les intérêts d’un capital se cumulent.
        Formez des professeurs de la dette.
        Transmettez des dettes en héritage , organisez l’héritage de la dette et vous pourrez conquérir le monde , sans limiter dans le temps , c’est ce qu’on fait les états unis en vendant leurs dettes au monde , ils ont conquis le monde , gratuitement.
        ALORS LA DETTE …..OUI….OUI… MILLE FOIS OUI….MAIS BIEN GEREE. ATTRIBUEE.

  17. Avatar de baillergeau
    baillergeau

    @ bertrand
    Bel inventaire !
    Que peuvent répondre un banquier, un assureur, un juriste, un informaticien, un fonctionnaire ou un chef d’entreprise ?
    Quelle est la faisabilité technique de ces propositions ?
    Certains européens sont-ils en avance sur nous, en ces domaines ?

  18. Avatar de lisztfr
    lisztfr

    « I wish to emphasize that I prefer liberty to excessive statism and am certainly not in favour of a Soviet-type system. »

    (…)

    « This is why planetary regulation and limitations must be introduced, as soon as possible. »

    Oui, oui…

  19. Avatar de Harpagon

    L’idée demande des précisions . Actuellement les choses sont extrémement simple faites de la pub sur la dette d’une entreprise , vous la coulez , irrémédiablement .

  20. Avatar de Man
    Man

    on devrait tout simplement éviter que tout système virtuel ne puisse plus être connecté avec l’économie réelle et le problème est réglé…

    1. Avatar de hakim

      @man
      Votre phrase ne veut strictement rien dire, comme toute utilisation imbécile du terme virtuel actuellement d’ailleurs. Le viol niaiseux de ce terme a vraiment fait des ravages …

  21. Avatar de modeledesaions

    La dette Espagnole est imposante c’est sûr. Mais regardez dans les faits sur les marchés boursiers ce qu’il se passe réellement depuis le début de l’année : Cours des indices boursiers internationaux sur Boursorama

  22. Avatar de Paul-Alain

    Ces histoires de dettes m’évoquent la fin de l’ancien régime .
    On a une situation ce me semble similaire . Pour maintenir quelque chose d’intenable : endettement public et endettement des couches sociales associées au secteur public ( noblesse)
    Au moment de l’addition , personne ne veut d’impots , ni régler la dette .
    A l’époque il y avait ‘heureusement’ quelque chose à saisir : les biens du clergé . C’étaient de vrais biens . La terre çà permet de produire . Aujourd’hui ? Que faire avec des lots de pavillons en parpains , ou de résidences en bétons , sinon récuperer les terrains pour des zones industrielles .
    Troisiéme vague ? Economie du savoir ? Mais savoir de quoi?
    Reste aprés la ruine à se draper dans son manteau rapiécé comme un Hidalgo désoeuvré pour rassembler sa dignité ? C’est çà l’avenir ?
    Dans une période de crise sociale comme celle-ci , j’entends par sociale , non pas banal pb de redistribution , mais de production . La solution antédiluvienne est permettre aux chomeurs et improductifs l’accés à la terre en friche et aux ressources locales tombées en désuétude .
    Le risque est alors pour le systéme réformé de réintégrer la population ‘exédentaire’ .
    Ce qui s’est fait est parfaitement réactionnaire , par l’immo , on barre la route à cela et par la finance on fuit en avant . Le résultat sera une désertification , une Castille nue habitée de moutons . Mais soulagement social , plus de ‘shérifs’ élus en Castille , ni de peuple tapageur !

  23. Avatar de Hououji Fuu

    Quelques commentaires sur des extraits, parce que même si je comprends la plupart des éléments développés dans l’article, certains m’interpellent, et me font me poser quelques questions de cohérence :

    there’ve always been a lot of “under the table” jobs in Southern European states, but this is not what can drive the public deficit to a critical point. Of course, tax inflows are reduced that way, but this didn’t prevent Spain from having a positive balance before the crisis, i.e. no deficit! On the contrary, this black market means the authorities still have some room to manoeuvre.

    Donc, résumons, le marché noir et la fraude sociale ne sont pas un vrai problème, et en plus c’est chouette, parce que ça veut dire que le gouvernement a encore de la marge de manoeuvre. On dirait que l’auteur n’a pas bien regardé du côté d’autres pays gangrénés par ce genre de phénomène, et ce qui leur arrive. La marge de manoeuvre n’est jamais utilisée, on ne régularise jamais les situations – c’est l’inverse : on donne de plus en plus dans l’économie souterraine, c’est un fuite en avant (lorgnez du côté de la Grèce, proche de chez nous, et faites-moi le portrait de la sublime marge de manoeuvre du gouvernement grec)

    D’un point de vue purement théorique qui ne se préoccupe pas des conditions de travail, et tant que la bulle immobilière existait, peut-être peut-on se dire que cette proportion d’économie souterraine n’est pas problématique. Mais voilà, elle a explosé, cette bulle. Et donc je ne comprends pas comment l’auteur peut extrapoler qu’une situation passée, dans des circonstances qui ne sont plus du tout vraie actuellement, ne poserait pas de problème au jour d’aujourd’hui. En outre, le marché noir des travailleurs clandestins et autres non déclarés en Espagne – comme dans les états du Sud des USA (lire l’excellent article du Guardian de ce jour : Montée de tension dans le Sud profond des USA alors que les Latinos se sentent assiégés, en anglais dans le texte) – n’a jamais servi qu’un seul type d’intérêts : celui des producteurs agricoles industriels, ou des promoteurs immobiliers. Pour ce qui est des travailleurs en eux-mêmes, ça n’a jamais servi qu’un seul objectif : celui de tirer les salaires et les conditions de travail vers le bas, pousser la flexibilité toujours plus en avant, fragiliser, etc.

    No: the main problem is not underemployment. The real problem, which jeopardized public funding, is that there is tremendous speculation and that speculators, who do not even carry any debt from Spain, or any other Southern State, make money on default risk (CDS). Besides (and it’s all related), the interest rates rise and rise, so it becomes awfully expensive for these governments to borrow money.

    Ah, youpi ! Voilà qui est dit : le problème principal n’est pas le sous-emploi ! Mais bien entendu… Bon, l’auteur dit, un ou deux paragraphes plus loin que c’est tout de même un problème pour les gens concernés. Comme c’est gentil de sa part. Mais, outre la considération pour le bien-être de la population, pour sa capacité à être autonome, pas à la merci du moindre accident de la vie que cet avis de l’auteur traduit, ça veut dire quoi ? Hé bien ça veut dire que l’auteur est axé uniquement sur la dette du point de vue : « que faut-il faire pour que la dette continue à pouvoir exister telle quelle ». Ça veut dire que l’auteur ignore l’aspect : « si les gens ont des revenus corrects, s’ils sont déclarés, s’ils sont employés à temps plein, les cotisations sociales et l’impôt sont correctement payées, les caisses de l’état et de la sécu sont alimentées de manière plus saine, et la population vit de manière mieux sécurisée, et les comptes s’améliorent ». Personnellement, j’ai tendance à penser que cet aspect est TRES important. Je ne remets en aucun cas en cause les nécessités de régulation mentionnées, mais je refuse de les voir utilisées pour minimiser les problèmes de sous-emploi et autres mécanismes d’appauvrissement et de fragilisation des gens.

    However, we were very happy to see that the “Indignados”, the Spanish strikers, had the right words and demands. They not only attacked the government, but said that the opposition was equally bad and that it won’t be any better with them. They above all mentioned frequently the responsibility of the banking system and their allies (hypermarkets, volume retailing, major outlets, which pay less and less to the farmers and other producers, and charge more and more from the consumers). But deplorably, the PP (right wing opposition party, and when I say deplorably, it is not so much because they are right-wing, this is the opportunist attitude I denounce) succeeded to re-appropriate part of this strike for their own benefit, and now that the regional and municipal elections passed (and were won by the PP), a big part of the energy was lost… While in reality, none of the projects proposed by the PP echoed the demand.

    Ben oui… C’est ce qui arrive quand on veut jouer à « je refuse toute politisation parce que les politiques c’est du caca, la gauche, la droite, tout ça, c’est la même chose. » Sans oublier, mais ce n’est pas rappelé ici, que pas mal de messages appelant à ne pas voter ont émané des indignés de la Puerta des Sol, et que ce qui en émanait était fort peu clair, construit ou consolidé. Le PP a gagné les élections régionales, et il est idéalement placé pour balayer la gauche espagnole dans les législatives anticipées convoquées par Zapatero, au bout du bout de son rouleau – et preuve vivante une fois que plus que le Blairisme et autres « social-démocratie tendant la main au centre » sont vouées à l’échec après avoir suscité l’espoir et l’avoir trahi de bout en bout.

    Et puis lire l’auteur vilipender la gauche dans le paragraphe suivant en faisant le gentil raccourci « la gauche française a toujours été proche des milieux financiers, du FMI, etc. » Euh, oui… S’il veut parler du PS français, qu’il le fasse, mais assimiler « la gauche » au PS, c’est plus que réducteur. Ce n’est pas parce que l’offre politique du côté gauche en France (et ailleurs) est dominée par le PS, que cela traduit réellement ce qu’est le sentiment de gauche ! Affirmer que le mouvement des indignés espagnols est bien meilleur que les protestations sociales en France me laisse personnellement rêveuse, quand j’essaie de faire un bilan de ce qu’ont amené ces indignés espagnols en Espagne – à part la victoire du PP aux régionales (qu’ils n’ont pas voulue directement, mais à laquelle ils ont indirectement participé en jouant au rejet de toute politisation et toute direction de leur mouvement et en appelant à ne pas voter), je ne vois pas d’éléments concrets…

    Besides, China and many other major partners won’t accept to be taken for fools much longer. The fact that they are trapped by our debt may allow the system to carry on for a while. But this sick machinery can’t last and maintaining it, as it is, will make the outcome more and more explosive.

    Mais si, ça va encore durer. Joe Biden vient d’aller faire un chtit coucou à Pékin, et le premier ministre chinois a dit plein de gentilles choses : que la Chine est à présent rassurée que les USA ne feront jamais défaut, et qu’on va continuer comme en 40 ! Sérieusement, quel choix a la Chine ? A part se lancer dans une troisième guerre mondiale, envahir les USA et mettre la population américaine au travail forcé pendant une ou deux générations… Et, une fois cet acte hautement improbable réalisé, pour vendre les produits à qui ? A moins que l’Inde et la Chine ne décident de faire monter le niveau de vie, les droits sociaux et économiques de toutes leurs couches de populations, faire monter les salaires, etc – avec alors risque que leur arrive ce qui nous est arrivé, le déplacement de l’activité là où la main d’oeuvre est moins chère et peut être le plus exploitée… Bref, sans changement de système, on ne peut pas y arriver, on ne fait que refiler la patate chaude au suivant. Et l’agence Dagong ne fait que faire ce que S&P, Moodys et Fitch font, si ce n’est qu’elle est inféodée à la Chine et les 3 autres aux USA. Si la situation de 2007-2008 s’était produite en Chine, je parie tout ce qu’on veut que Dagong n’aurait pas plus dégradée la note de « banques et sociétés d’assurance chinoises » que les agences américaines ne l’ont fait du côté US.

    Sinon, pour le reste, évidemment, de plus en plus d’opinions se rejoignent dans les constats et l’analyse. Mais au sommet, au niveau de la gouvernance, comme déjà expliqué, rien ne bouge, ni ne bougera avant qu’on ne tombe vraiment dans le vide.

  24. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Mettons un peu les pieds dans le plat… L’Espagne a été un casino pendant au moins une décennie. Dans les casinos, tout le monde le sait, ce sont toujours les propriétaires qui gagnent et les joueurs qui sont plumés. Mais personne est obligé d’y entrer. En Espagne tout le monde a voulu gagner au casino. Résultat: plus de 3 000 Mds € de dette privée.

    D’autre part, les gouvernements, central et régionaux, de gauche comme de droite, non seulement ils ont laissé faire, mais ils ont dilapidé l’argent de l’Etat de façon ahurissante et leurs membres volé tout ce qu’ils on pu. Résultat: plus de 1 000 Mds de dette publique (personne sait combien exactement, tellement il y a de factures cachées sous les tapis).

    Donc, le Marché peut faire ce qu’il est en train de faire en Espagne D’ABORD parce que les Espagnols, tout simplement, ne sont pas des gens sérieux. Le problème de fond en Espagne c’est celui-là. Et si on l’oublie, comme on le fait souvent, y compris sur ce blog pourtant si sérieux, on ne comprend rien à ce qui s’y passe.

    1. Avatar de Isabelle
      Isabelle

      Le terme « pas sérieux » est peut-être un peu radical, mais je crois comprendre ce que vous voulez exprimer. Je connais assez bien le Portugal, que je fréquente depuis 20 ans pour cause de belle-famille, et j’ai toujours été estomaquée par le recours massif des ménages au crédit, phénomène qui (me semble-t-il) s’est amplifié au cours des 10 dernières années.
      Je n’ai jamais osé en discuter trop ouvertement avec elles, mais les personnes que je connais ne travaillent pas au noir, et j’ai une assez bonne idée de leur niveau de salaire pour constater une inadéquation avec ce qu’elles ont pu acquérir, même en tenant compte d’un moindre cout de la vie par rapport à a France.
      Maintenant, ces personnes ne sont pas plus sottes que moi, et je me dis donc qu’elles n’ont pu être que très fortement incitées à recourir aux crédits en tout genre, au point de faire taire les plus élémentaires notions de prudence en ce qui concerne la gestion d’un budget.

    2. Avatar de Paul-Alain

      çà résonne chez moi , il me souvient d’Espagols qui avaient des projets immobiliers complétement fous , de mon point de vue . N’ayant , ni expérience des affaires , ni expérience du batiment et démunis financiérement . Il n’empéche que dans ce contexte de fiévre de l’immo ils auraient pu trouver un financement bancaire .
      J’y vois une véritable misére culturelle , économique et sociale . Pour ceux dont je parle d’autres possibilités sociales existaient
      mais n’avaient pas le relais médiatique . Il y a da la part du systéme un abus sur l’aspiration à la socialisation d’étres frustres.
      Mais cette rusticité appartient aussi aux médias et aux dirigeants . Le calcul en valeur-travail par ex est un panneau directeur
      repoussoir , le conditionnement est si profond que le simple énoncé provoque une mise en alerte des défenses du moi .
      La personne croit assurer sa sécurité par là et creuse sa tombe .

    3. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      La preuve que les Espagnols ne sont pas sérieux: malgré la crise et les déficits, on continue à jeter l’argent par les fenêtres. Il y a, par exemple, en Espagne 340 000 téléphones portables, utilisés par des fonctionnaires et des politiques, payés avec de l’argent public. Et plus de voitures officielles qu’aux États-Unis (35.000).
      http://www.expansion.com/2011/08/18/empresas/tmt/1313694394.html
      http://www.abc.es/20110821/espana/abcp-retrato-despilfarro-publico-20110821.html

      Les 4 000 entreprises publiques (dont une bonne partie a été crée dans les régions pour y employer la famille et les amis des politiciens en place) ont 52 Mds € de dettes (5 % du PIB). Elles ne sont pas soumises au contrôle ni du Tribunal de Cuentas ni de celui des parlements régionaux. En 10 ans leur nombre a augmenté de 78 %.

      Les télévisions régionales, que personne ne regarde, ont presque 1,5 Mds € de dette (elles emploient 10 000 personnes et coûtent 140 € par an à chaque espagnol).
      http://www.abc.es/20110821/espana/abcp-retrato-despilfarro-publico-20110821.html

      Les « diputaciones provinciales », des administrations situées entre les nationales et les régionales qui sont devenues totalement inutiles depuis la création des Autonomies il y a 30 ans, ont plus de 7 Mds € de dettes (+ 25 % en un an).
      http://www.eleconomista.es/economia/noticias/3315932/08/11/Las-diputaciones-suben-su-deuda-el-131-en-solo-tres-meses.html

  25. Avatar de Man
    Man

    j’ai l’impression que les peuples ne savent plus vivre entre eux.

    il n’y a aucune faute des états sauf celle toujours plus criant de s’enrichir au profit de la minorité

    tant que la démocratie sera mis en arrière par l’ambition de certains on ne pourra pas avancer

    pourquoi ne pas installer un tirage au sort pour tous ceux qui veulent siéger au gouvernement ?

  26. Avatar de d0d01
    d0d01

    Après tout et tout compte fait, cette planète (de la marque Terre),
    est-elle autre chose qu’un mega-hypermaket ?
    http://www.legrandsoir.info/pillages-en-plein-jour-the-guardian.html#.Tk_JzaFiboI.twitter

    1. Avatar de RED
      RED

      Toujours très pertinente Naomi Klein.

  27. Avatar de idle : ma note : (o!o)---0000000000
    idle : ma note : (o!o)—0000000000

    Hippi Hipp HIPPI..OURAL..(°!°)
    http://www.youtube.com/watch?v=ZI6MUbq9ASA

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. On risquerait d’écrire une boulette (keftedes d’Egée ou de Thessalie , köfte de Thrace orientale, de Lydie ou d’Anatolie, voire…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta